Tag: Colin Powell

  • 10 ans après le début de la guerre en Irak

    La moisson impérialiste de la mort et la destruction

    Il y a dix ans de cela, sous la dénomination, la coalition dirigée par les États-Unis attaquait l’Irak. Malgré une énorme opposition publique, symbolisée par dix millions de manifestants anti-guerre à travers le monde le 15 et 16 février 2003, la campagne ‘‘choc et effroi’’ de bombardement débuta le 20 mars suivie, quelques heures plus tard, de l’invasion territoriale.

    Par Niall Mulholland, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)

    L’énorme force militaire envahissait une population qui avait souffert de 35 ans de dictature sous Saddam Hussein, de la guerre du Golfe de 1991, et de 13 ans de sanctions cruelles des Nations Unies, qui ont détruit l’économie irakienne, réduit des millions de gens à la pauvreté et couté de un demi-million à un million de vies irakiennes.

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    ‘‘Ravager, massacrer, usurper sous de faux noms, ils appellent cela l’empire ; et, où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont donné la paix.’’ Caius Cornelius Tacitus (Tacite, 56-117), historien romain.

    La fiction des armes de destruction massive

    La guerre de 2003 fut « justifiée » par un torrent de propagande et de mensonges émanant de Washington et de Downing Street, relayé par la complicité de l’appareil médiatique de droite.

    Le président Bush accusait alors le dictateur irakien, Saddam Hussein, de tenter d’acquérir de l’uranium pour développer des « armes de destruction massive ». Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, annonça aux Nations Unies que l’Irak se munissait de capacité d’armes biologiques. Tony Blair, le premier ministre anglais du Labour Party, proclama que les armes de destruction massive irakiennes pouvaient être prêtes à être utilisées « dans les 45 minutes ». Saddam fut aussi accusé de soutien à Al-Qaida.

    Tout ceci n’était que mensonges. Très vite après l’invasion, les forces occupantes ne purent apporter les preuves d’existence des armes de destruction massive de Saddam ou des liens entre l’ancien régime de Saddam et le « terrorisme ». En fait, ce fut l’occupation qui causa le ressentiment qui permit à la terreur d’Al-Qaida de s’installer en Irak.

    A la veille du 10ème anniversaire de la guerre, l’ancien premier ministre déclarait encore à la BBC : « Quand vous me demandez si je pense aux pertes de vie depuis 2003, bien sûr. Je serais inhumain de ne pas le faire, mais pensez à ce qui serait arrivé si on avait laissé Saddam en place. »

    Les commentaires habituels de Blair ne s’attachent pas à l’énorme coût humain de la guerre. Selon plusieurs études ; de 2003 à 2011, de 150.000 à 400.000 irakiens ont violemment perdu la vie. The Lancet, journal médical réputé, a estimé un chiffre encore plus gros de 600.000 morts violentes entre 2003 et 2006 seulement. Ajouté à cela, il y a des milliers d’irakiens qui sont toujours portés disparus et des milliers d’américains, d’anglais et d’autres soldats de la coalition militaire qui ont péris ou ont été sévèrement blessés.

    La moisson de la mort en Irak a laissé 2 millions de veuves qui doivent, seules, rapporter le pain dans leur foyer et 4 à 5 millions d’orphelins (dont 600.000 qui vivent dans les rues). La guerre a poussé 4 millions de personnes à fuir, dont 1 million vers la Syrie. 1,3 millions d’irakiens ont dû fuir ailleurs en Irak. Depuis 2008, de ceux-ci, seule 1 personne sur 8 de a pu rentrer chez elle.

    L’aventure irakienne de Bush et Blair a également eu un énorme coût pour l’économie américaine. Selon l’économiste Joseph Stiglitz, ancien chef de la Banque Mondiale, cela a prélevé 3 trillions de dollars hors de l’économie américaine. Alors qu’il y a toujours des fonds pour mener des guerres à l’étranger pour le compte des profits et des intérêts commerciaux, les travailleurs anglais et américains voient leur niveau de vie tomber dramatiquement.

    Les justifications de Blair continuent

    Les interviews de Blair n’arrivent pas à lui faire avouer les véritables raisons de l’invasion. A la place de la guerre d’agression impérialiste, c’est « l’intervention humaniste » et les tentatives de Blair et de Bush d’exporter la démocratie libérale de type occidentale au Moyen Orient qui est présentée.

    Les classes dirigeantes internationales étaient divisées quant à l’Irak. Les pouvoirs mondiaux et régionaux étaient craintifs quant aux conséquences de l’invasion et aux gains que les États-Unis allaient se faire sur leur dos. Les néo-conservateurs de Bush ont tout de même poussé à la guerre.

    Les impérialismes américain et britannique, qui avaient précédemment soutenu Saddam, ne sont pas partis en guerre pour arrêter l’oppression, introduire des droits démocratiques ou améliorer les niveaux de vie.

    Pendant des décennies, le régime sadique de Saddam a tué et terrorisé les irakiens tout en profitant du soutien occidental. Après le renversement d’un autre despote favori des occidentaux, le Shah d’Iran, l’occident encouragea Saddam à envahir son voisin. Des millions de personnes périrent ou souffrirent de terribles blessures à la suite de cette guerre qui dura 8 années.

    Mais Saddam, en envahissant le Koweït voisin en 1991, est allé à l’encontre des intérêts des impérialistes occidentaux. Le potentiel qu’avait Saddam de contrôler l’approvisionnement vital en pétrole a terrifié les pouvoirs occidentaux qui ont très rapidement constitué une force militaire massive.

    Lors de la première guerre du Golfe, la coalition menée par les États-Unis a vite repris le petit État riche en pétrole mais fut arrêtée aux frontières irakiennes. Peu d’intérêt fut porté à l’opposition à Saddam en 1991. Les forces militaires occidentales croisèrent les bras alors qu’un soulèvement des chiites et des kurdes fut brutalement réprimé par le dictateur.

    Exploitant cyniquement l’attaque terroriste atroce d’Al-Qaida du 11 septembre 2001, la Maison Blanche et Downing Street ont avidement sauté sur l’opportunité d’une intervention militaire directe pour renverser Saddam et pour imposer un régime docile pro-occidental.

    S’emparer du contrôle des réserves abondantes de pétrole irakien, estimé à 9% du total mondial, était un objectif clé pour l’impérialisme américain, en tant qu’intérêts géostratégiques vitaux dans le Moyen-Orient.

    Peut-être était-ce pour éviter que ces véritables intentions ne deviennent de notoriété publique que le Cabinet a insisté pour que le rapport Chilcot publié tardivement ne contienne aucune preuve évidente qui pourrait révéler de quoi discutaient Bush et Blair avant l’invasion.

    Appui aux dictateurs

    Avant la première guerre du Golfe et les années de sanction, le taux d’alphabétisation en Irak dépassait les 90%. 92% des irakiens avaient accès à l’eau potable et 93% bénéficiaient de soins de santé gratuits.

    En 2011, après l’occupation impérialiste, 78% des adultes sont instruits et 50% de la population vit dans des bidonvilles (17% en 2000).

    Plus d’un million d’irakiens sont exilés à travers l’Irak. Près de la moitié des 400.000 réfugiés dans la capitale (personnes déplacées victimes de la terreur sectaire) vivent dans la misère des bidonvilles.

    Selon la Banque Mondiale, un quart des familles irakiennes vit sous le seuil de pauvreté. Moins de 40% des adultes disposent d’un emploi. Des millions de personnes manquent d’électricité, d’eau potable et d’autres services essentiels.
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    Bush et Blair n’ont pas été confrontés à la justice pour leurs crimes de guerre irakiens. La Cour pénale internationale, tout comme les Nations Unies, est dominée par les intérêts des Etats-Nations les plus puissants. Seuls les anciens despotes et les seigneurs de guerre des Balkans et d’Afrique, qui s’étaient confrontés à l’impérialisme, ont été poussés devant la Cour à La Haye.

    Parmi toutes ses justifications pour ses massacres de guerre, Blair a demandé « Si nous n’avions pas retiré Saddam du pouvoir, pensez juste, par exemple, ce qui serait arrivé si les révolutions arabes s’étaient poursuivies à l’heure actuelle et que Saddam, qui est probablement 20 fois pire qu’Assad en Syrie, essayait d’écraser un soulèvement en Irak ?

    Il est incontestable que Saddam était un tyran brutal et que son régime a massacré de nombreuses personnes dont des communistes et des syndicalistes. Mais l’ancien premier ministre n’a aucun problème avec les dictateurs en-soi. Les associés de Tony Blair conseillent aujourd’hui le despote du Kazakhstan, Nazarbayev, le boucher des travailleurs du pétrole en grève. Et l’Irak « libérée » de Blair est actuellement dirigée par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, que même le journal de droite The Economist accuse de « tendances dictatoriales ».

    L’invasion de 2003 a considérablement augmenté parmi les arabes le sentiment d’humiliation et d’injustice vis-à-vis de l’impérialisme. Cela a été un facteur important qui a conduit aux révolutions de 2011 contre les dictateurs soutenus par l’occident dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Tout comme cela a semé la colère contre l’absence de droits démocratiques, le chômage de masse et la pauvreté dans ces sociétés.

    Le « Printemps arabe » ne justifie pas du tout l’aventure néocoloniale de Blair mais confirme en fait nos positions dans le déroulement de la guerre en Irak : que le renversement du tyrannique Saddam était la tâche de la classe ouvrière irakienne par un mouvement de masse unifié.

    Fin 2010 et début 2011, le renversement des proches alliés de l’occident, Ben Ali et Moubarak – qui étaient des dictateurs soi-disant « imprenables » tout comme Saddam – a montré que c’est aussi une voie d’action possible pour les masses irakiennes.

    « Résoudre le conflit israélo-palestinien ? »

    John Prescott, Vice-Premier ministre du Royaume-Uni (Labour) en 2003, aujourd’hui Lord Prescott, a admis récemment à la BBC que l’invasion de l’Irak en 2003 « ne pouvait être justifiée ». Il a déclaré avoir soutenu l’invasion parce qu’il croyait que George Bush avait un plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

    Bush et Blair ont proclamé que la défaite de Saddam Hussein pouvait être une impulsion pour un nouveau plan pour la paix en Israël et en Palestine. Mais comme nous l’avions prévu en 2003, l’oppression des palestiniens allait continuer sans relâche après l’invasion irakienne. Pour ses propres intérêts impérialistes géostratégiques, les États-Unis continuent de soutenir Israël, son plus proche allié dans la région, pendant que l’indépendance et l’auto-détermination palestiniennes sont plus éloignées que jamais.

    Dans une interview accordée à l’édition nocturne de la BBC, Blair a consenti que « la vie quotidienne en Irak aujourd’hui n’est pas ce qu’il souhaitait qu’elle soit » quand il a mené son invasion dix ans plus tôt. Il poursuivait en disant qu’il y avait des « améliorations significatives » mais que « c’était loin d’être ce que ça devait être ».

    C’est un euphémisme ! Nous nous sommes résolument opposé à l’intervention impérialiste en 2003 et prédisions très justement que cela mènerait à l’oppression et au chaos – ouvrant les portes à une conflit sectaire – et que l’impérialisme serait englué dans un long conflit.

    La politique impérialiste de dé-Baasification du régime de Saddam largement basé sur les sunnites et la dislocation de l’armée irakienne, a entraîné des purges sectaires des sunnites. Cela a enflammé la résistance de ceux-ci.

    L’occupation coloniale brutale, incluant la torture et l’abus systématique des civils dans les prisons comme celle d’Abu Ghraib, le siège de la ville de Falloujah et le massacre de combattants de la résistance et de beaucoup de civils dans des villes comme Haditha et Balad, ont provoqué une opposition de masse croissante – non exclusivement sunnite – contre l’occupation menée par les États-Unis. Le sentiment anti-guerre a grandi aux États-Unis, en Angleterre et partout dans le monde.

    En dépit de son impressionnante machine militaire et de son trésor de guerre, la coalition fut incapable d’écraser la résistance et a recouru à la technique de « diviser pour mieux régner ». Ils ont soutenu les chiites contre les sunnites, créant une orgie de sang.

    Conséquences

    En 2004, selon des enquêtes du Guardian et de la section arabe de la BBC, l’administration Bush s’est tournée vers « l’option salvadorienne » – nommée ainsi suite au rôle joué par les États-Unis dans la gestion des escadrons de la mort d’extrême droite au Salvador dans les années ‘80. Les milices chiites ont été armées et financées par les États-Unis. Des centaines de milliers d’irakiens ont été tués et des millions exilés par la suite. Les sunnites furent les grands perdants de la guerre civile sectaire.

    Une constitution imposée par les États-Unis a institutionnalisé les divisions sectaires et ethniques. Les élections en 2005 ont vu les partis chiites remporter la majorité au parlement et le poste de premier ministre.

    Une classe dirigeante corrompue et réactionnaire et des partis politiques sectaires se battent pour les ressources naturelles irakiennes pendant que la majorité de la population vit dans la pauvreté. Bien que l’Irak dispose de 100 milliards de dollars annuels en revenus pétroliers, très peu de cet argent est alloué à la population. L’Irak est le 8ème pays le plus corrompu au monde selon Transparency International.

    La Capitale Bagdad, qui héberge un cinquième des 33 millions d’irakiens, est toujours une ville en guerre, divisée par les postes de contrôle militaires et en proie aux attentats sectaires. Bagdad et le centre du pays souffrent quotidiennement de bombardements, d’assassinats et d’enlèvements.

    L’héritage de Bush et de Blair comprend un quintuplement des malformations congénitales et une multiplication par quatre du taux de cancer dans et autour de Falloujah. Ce sont des conséquences de l’utilisation par les forces de la coalition de munitions radioactives appauvries en uranium.

    Les politiciens occidentaux aiment différencier Bagdad à la paix relative qui règne dans la région kurde riche en pétrole et dans les provinces majoritairement chiites. Mais ce n’est qu’illusion.

    Les chiites dans le sud sont relativement protégés car une communauté domine largement. Le chômage y est cependant élevé et la plupart des chiites vivent encore dans une pauvreté effroyable.

    Les Kurdes

    Des tensions entre les Kurdes, les Arabes et d’autres minorités sont toujours présentes dans le gouvernement régional kurde semi-indépendant. Au grand dam du gouvernement central de Bagdad, le régime kurde a conclu 50 accords pétroliers et gaziers avec des compagnies étrangères et exporte directement du pétrole en Turquie.

    Après des décennies d’oppression brutale, beaucoup de Kurdes espèrent pouvoir obtenir une véritable auto-détermination. Mais le gouvernement régional kurde est entouré d’états qui ont une longue histoire dans l’oppression kurde. Les dirigeants réactionnaires kurdes se sont alliés aux États-Unis et à la Turquie, qui fut l’un des pires auteurs de leur oppression.

    Un élément indicateur du conflit grandissant autour du pétrole et des territoires entre le gouvernement régional turc et le régime central irakien est l’affrontement entre les combattants peshmerga kurdes et les troupes irakiennes.

    Le retrait de Saddam n’a pas transformé le monde en « un lieu sûr » comme l’avaient promis Bush et Blair. Dans les faits, le monde est devenu encore plus violent et instable. Saddam ne possédait pas d’armes de destruction massive mais, après l’invasion de 2003, les « Etats voyous », comme la Corée du Nord, ont conclu que le seul moyen d’arrêter les attaques menées par les États-Unis contre eux était d’acquérir ces armes.

    Malgré la déroute de l’impérialisme en Irak, les États-Unis et la Grande-Bretagne continuent de mener des conflits partout dans le monde pour servir leurs intérêts vitaux. Tentant de maintenir une distance avec la guerre de Blair, Ed Miliband a déclaré que la guerre en Irak avait été une erreur mais il continue à soutenir les troupes britanniques en Afghanistan et ne plaide pas pour la fin des frappes de drones américains.

    La guerre de 2003 et l’occupation ont eu des conséquences à long terme pour la région. Installer des forces occidentales en Irak visait à isoler et à encercler davantage l’Iran. Mais Téhéran a compris qu’elle avait une influence sur le gouvernement irakien dominé par les chiites et « l’arc chiites » a été renforcé.

    En partie pour contrer l’Iran, les États réactionnaires du Golf et l’impérialisme occidental sont intervenu en Syrie, exploitant l’opposition sunnite à Assad. Le conflit syrien se répercute au Liban et en Irak, ou un « Printemps sunnite » a vu des manifestions d’opposition de masse dans les zones sunnites.

    Révolution

    La majorité des irakiens ne veulent pas être replongés dans les horreurs de la guerre civile. Mais pour empêcher d’autres conflits, pour en finir avec l’interférence impérialiste et pour se débarrasser des élites dirigeantes réactionnaires et corrompues, les travailleurs ont besoin d’une alternative.

    L’Irak avait une gauche forte jusqu’à ce qu’elle soit écrasée par la CIA dans les années ‘60 et par le régime de Saddam par la suite.

    La plus importante leçon de cette tragédie et des horreurs de la dernière décennie est la nécessité pour les travailleurs d’avoir un parti de classe indépendant pour lutter pour leurs intérêts. Un tel parti revendiquerait la nationalisation des richesses pétrolières, sous la propriété publique démocratique au bénéfice de la population.

    Comme les révolutions de 2011 en Égypte et en Tunisie l’ont montré, des luttes de masse peuvent se développer contre les tyrans et, malgré les limites du mouvement, peuvent les démettre du pouvoir. Mais pour parvenir à un véritablement changement de société, les travailleurs ont besoin d’un programme socialiste dans chaque pays, régionalement et internationalement.

  • 8 mars : journée des femmes. Les inégalités persistent…

    Si le statut juridique des femmes a connu des améliorations, l’égalité entre hommes et femmes, mentionnée dans la Constitution belge, est loin d’être réalisée. Ce que l’on trouve sur papier est loin de correspondre à la réalité. Chômage, travail précaire, pauvreté, … ces maux sont de plus en plus répandus mais ne touchent pas hommes et femmes de la même manière.

    En Belgique, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes est de 24%. Même lorsqu’elles remplissent une fonction complètement équivalente, il subsiste encore un décalage salarial de 6%. Cet écart se creuse d’autant plus qu’augmente le niveau de formation. Autre constatation : plus la profession se féminise, plus le salaire diminue.

    Le risque de pauvreté est également plus grand pour les femmes que pour les hommes (27% contre 13% en Wallonie) de même que l’occupation de postes à temps partiel (40% des femmes en Belgique contre 7,1% des hommes). Et, en 2004, le taux de chômage féminin était de 14,5% pour 10,5% chez les hommes. Face à la pension, l’inégalité persiste, les femmes touchant moins souvent leur pension complète, notamment à cause des arrêts de carrière (principalement pour s’occuper des enfants).

    Si les femmes ont néanmoins gagné une certaine indépendance économique et sociale ces dernières décennies, les inégalités subsistent toujours en matière de tâches ménagères. De plus, la violence contre les femmes sévit toujours fortement et reste banalisée. En Belgique, une femme sur sept est victime de violences conjugales graves et, selon une étude de 1998, 68% des femmes interrogées ont déclaré avoir connu la violence physique et sexuelle. Même sur leur lieu de travail, les femmes sont encore trop souvent confrontées à différentes formes de harcèlement sexuel.

    Que faire face à cette situation ? Beaucoup pensent que le problème vient des hommes et qu’il faut favoriser l’accession au pouvoir de femmes dans les entreprises et les gouvernements. L’arrivée au pouvoir de Michelle Bachelet au Chili, la candidature de Ségolène Royal à la présidence française ou celle d’Hillary Clinton aux USA ont repopularisé ce genre d’idées.

    Aux USA, dans les années 60, un ensemble de mesures préférentielles dans les domaines de l’emploi, de l’admission dans les universités,… appelé « affirmative action » a été mis en place. Les résultats ont toutefois été décevants, l’affirmative action ayant avant tout profité aux moins défavorisé(e)s.

    Et force est de constater que le rôle important de Colin Powell dans l’équipe Bush n’a pas fait grand chose pour le sort des Noirs aux USA, si ce n’est les aider à aller se faire tuer en Irak. Dans le domaine des femmes, Margaret Thatcher a été pire que ses prédécesseurs masculins à la tête de la Grande-Bretagne en terme d’attaques anti-sociales qui ont plus durement touché les femmes. Et que dire alors de Condoleezza Rice, femme et noire, et donc représentante de deux groupes discriminés qui parcourt le monde pour défendre la politique de Bush… Plus proche de nous, combien de femmes se sont-elles retrouvées sans emploi à cause des « assainissements » de Laurette Onkelinx dans l’enseignement ?

    Quant aux entreprises, s’il est difficile de trouver des femmes aux hauts postes à reponsabilité, l’exemple de Laurence Parisot, à la tête du MEDEF, l’association des patrons français, est édifiant. Selon elle « La vie, la santé, l’amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ».

    Alors, hommes et femmes, tous pourris ? La question ne se situe pas à ce niveau. La contradiction principale dans notre société n’est pas une lutte entre le féminin et le masculin, mais bien une lutte entre riches et pauvres, entre ceux qui possèdent les entreprises, les richesses et les rênes du pouvoir et ceux qui subissent leur exploitation. L’oppression des femmes – encore souvent entretenue par les discours religieux et politiques – est, dans ce cadre, un moyen efficace pour obtenir un travail gratuit (le travail ménager), peser à la baisse sur l’ensemble des salaires et susciter des divisions qui freinent les possibilités de lutter en commun.

    Il y a presque un siècle, en 1910, la création d’une Journée internationale des Femmes a été proposée par la socialiste allemande Clara Zetkin à une conférence internationale des femmes socialistes afin de « militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le socialisme ». Ce lien entre la lutte pour l’émancipation des femmes et celles des travailleurs ne doit pas être oublié.

    La lutte pour en finir avec les discriminations et les violences envers les femmes est une lutte qui doit être menée quotidiennement. Mais une véritable égalité entre les hommes et les femmes ne sera possible que sous un système où ce ne seront plus les profits d’une minorité qui décideront de tout mais les intérêts de la majorité de la population.

  • Tsunami en Asie du Sud-Est. Comment pouvons-nous éviter une telle catastrophe?

    Tsunami en Asie du Sud-Est

    Le tremblement de terre dans l’Océan Indien et les inondations destructrices provoquées par celui-ci ont conduit à des visions d’horreur. Dans le monde entier, les travailleurs se sont demandés comment ils réagiraient dans une telle situation. Des enfants, des parents, des proches,… morts ou disparus. Tout ce que vous possédiez, emporté par l’eau. En Indonésie, qui est la zone la plus proche de l’épicentre, la violence du tsunami a balayé des villages côtiers entiers. Là où, un instant auparavant, il y avait encore la vie, ne restait que mort et désarroi.

    A l’heure actuelle, le nombre de morts est estimé à 150.000. Cependant, si on tient compte des risques d’épidémies comme le typhus et le choléra, ce chiffre peut encore doubler. La survie de 1,8 millions de personnes dépend de l’aide alimentaire.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) partage la tristesse des populations touchées et des familles des victimes et tient à leur exprimer toute sa solidarité face à cette terrible catastrophe. En tant que militants d’une organisation socialiste internationale, nous avons aussi suivi avec une angoisse particulière, pendant les premiers jours qui ont suivi la catastrophe, les nouvelles concernant de possibles morts et blessés parmi les membres de nos organisations-soeurs dans la région. Parmi les 30.000 morts estimés au Sri Lanka, il y a des proches et des amis de membres de l’United Socialist Party (USP). Heureusement la nouvelle nous est parvenue qu’aucun de nos membres n’a été emporté par le raz-de-marée. Mais plusieurs camarades ont perdu leur maison dans la catastrophe. Notre soutien va aussi aux membres de l’organisation Dudiyora Horaata en Inde et aux camarades que nous avons dans le Parti Socialiste en Malaisie. Nous pensons que c’est ce genre d’organisations – qui aspirent à mettre fin à la misère et à l’absence de perspectives d’avenir sous le capitalisme – qui pourront à terme améliorer fondamentalement la vie des populations dans la région.

    Sur qui pouvons-nous compter pour des changements ?

    Nous pensons également qu’il est clair que Bush et les autres dirigeants capitalistes dans le monde ne sont pas en mesure d’apporter ces changements. Aujourd’hui ceux qui détiennent le pouvoir dans les pays les plus riches se bousculent pour témoigner leur soutien aux régions sinistrées. Mais il a fallu pour cela qu’ils soient fortement poussés dans le dos par leur propre population. Celle-ci s’est montrée tout de suite beaucoup plus touchée par la souffrance des populations d’Asie et beaucoup plus généreuse que l’élite fortunée des politiciens occidentaux.

    Aux USA, Bush a commencé par promettre une aide gouvernementale de 15 millions de dollars, puis de 35 millions et ensuite de 350 millions de dollars – quand il s’est avéré clair que la population américaine avait fait des dons pour un montant à peu près équivalent à ce dernier chiffre. Autrement dit, quand il a remarqué à quel point son aide était limitée face à celle des Américains ordinaires, le riche Texan Bush a vite rajouté un petit zéro à la fin ! En comparaison, les USA dépensent chaque semaine entre 1 et 4 milliards de dollars (le montant varie) pour l’occupation militaire de Irak.

    L’ex-ministre des Affaires Etrangères, Colin Powell, a déclaré en Indonésie, le plus grand pays musulman, qu’il faut voir dans cette aide " les valeurs américaines et la générosité américaine en action". Apparemment, il y a de grandes différences entre les valeurs et la générosité de l’élite dominante et celles du reste de la population ! En outre, l’argent donné par le gouvernement provient des impôts qui sont essentiellement payés par la population laborieuse. Ce sont les travailleurs qui apportent, directement ou indirectement, la plus grande partie de l’aide financière et pas l’élite politique qui craint comme la peste tous les signes évidents de solidarité de classe entre les travailleurs.

    Nous devons exiger que cette aide – ici et là-bas – soit contrôlée par des organisations du mouvement ouvrier ou des comités démocratiquement élus de la population concernée. On ne peut accepter que des politiciens locaux corrompus en Inde, en Indonésie, au Sri Lanka,… répartissent l’aide de manière discriminatoire sur une base ethnique, politique ou religieuse. Nous devons également empêcher que des politiciens bourgeois ne canalisent l’aide vers les zones intéressantes pour le tourisme et pour les investisseurs capitalistes.

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