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  • Thatcher : La mort d’une pionnière du néolibéralisme.

    Cela peut sembler bien étrange que la mort d’une politicienne britannique (premier ministre entre 1979 et 1990) conduise à des fêtes spontanées dans les rues et à ce que de très nombreuses personnes lui souhaitent ouvertement et publiquement l’enfer. Fait significatif : Margaret Thatcher a reçu les éloges de l’establishment tandis que les victimes de ses politiques n’ont exprimé que de la haine. Comment les marxistes analysent-ils l’héritage politique de Thatcher ?

    Par Michael B (Gand)

    Margaret Thatcher figure parmi les pionnières du néo-libéralisme. Cette politique, actuellement en crise profonde, était déjà une réponse face à la crise du capitalisme. Les crises de surproduction sont inhérentes au système de concurrence et de profit, et le précédent modèle économique du capitalisme – le keynésianisme basé sur de fortes interventions de l’Etat dans l’économie – avait échoué à trouver une voie de sortie. Mais la crise de surproduction n’était pas une conséquence de l’économie keynésienne d’après-guerre. La réponse de Thatcher se basait sur un démantèlement complet des services publics et la fin du pouvoir d’achat stimulé par l’activité des autorités. Privatisation et maximisation des profits étaient les maîtres mots de cette nouvelle politique. Cette idéologie et ce modèle économique devaient nécessairement conduire à une confrontation ouverte avec la classe des travailleurs et, par extension, avec le mouvement syndical. Tous les acquis sociaux, les services publics et le pouvoir d’achat de la population étaient en danger.

    La confrontation fut brutale. Après une réélection essentiellement obtenue par le biais d’une propagande nationaliste, Thatcher a réussi à briser la grève des mineurs de 1984-85 (grâce au soutien implicite du Parti Travailliste). L’attaque frontale contre la classe ouvrière anglaise a conduit à un mouvement de masse à l’occasion de l’instauration de la Poll Tax (une nouvelle taxe antisociale). La ‘‘Dame de Fer’’ a alors été tellement ébranlée qu’elle a dû quitter le pouvoir, poussée dehors par son propre parti. Cette campagne pour le boycott de cette taxe a largement été dirigée et co-organisée par la ‘‘Tendance Militant’’, une tendance marxiste alors organisée au sein du Parti Travailliste. Depuis lors, ces militants ont quitté Parti Travailliste et ont fondé le Socialist Party, notre parti-frère.

    Les séquelles du règne de Thatcher sont toujours profondes. La Grande-Bretagne était devenue un véritable champ de bataille social. En 1986, le taux de chômage avait grimpé jusqu’à atteindre les 3,6 millions de personnes tandis que les allocations avaient été sérieusement rabotées et que les services publics étaient privatisés et devenaient extrêmement chers pour la population. Toutes les structures de garderies et de crèches ont aussi fortement souffert, les subventions pour les garderies publiques se sont effondrées pour devenir les plus basses de toute l’Europe.

    Le capitalisme de casino a été privilégié au détriment d’une politique véritable d’emplois et de soutien à ‘‘l’économie réelle’’. La bulle financière qui a englobé la City de Londres a constitué une partie essentielle de l’héritage de Thatcher. Le néolibéralisme est devenu le modèle économique dominant durant toutes les années ’90, le mouvement syndical a été démoralisé. La dégradation des conditions de vie et les privatisations ont constitué la norme. Tous les partis politiques traditionnels sont devenus les héritiers de Thatcher.

    Ces dernières années, la crise économique a illustré la faillite totale du capitalisme-casino et de l’idéologie de Thatcher. Elle fut la personnification de l’agressivité d’un capitalisme en crise. Le néolibéralisme a porté des coups au mouvement syndical, mais il est aujourd’hui lui-même dans les cordes. Il est grand temps de défendre une réponse socialiste contre le capitalisme !

    [VIDEO] Thatcher’s Dead, Now Bury Her Policies!

    Les vidéos ci-dessous ont été réalisées lors d’une conférence où a parlé Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party en Angleterre et au Pays de Galles. Au-delà de l’annonce de sa mort, comment aujourd’hui en finir avec l’héritage politique de la Dame de Fer? Peter fut l’un des artisans de la chute de Thatcher lors du combat de masse contre la Poll Tax.

  • Angleterre : Après les émeutes, la répression… Que faire?

    L’Angleterre aura vécu au rythme des émeutes durant le début du mois d’août. Plusieurs grandes villes du pays ont connu des explosions de colère et de désespoir parmi les jeunes dans les quartiers populaires. Londres, Birmingham et Manchester ont été particulièrement touchés. A moins d’être aveugle ou de mauvaise foi, n’importe quel commentateur aura été capable de faire le parallèle entre ces évènements et la précarité de la situation sociale dans laquelle se trouve la jeunesse. Le chômage des jeunes atteint des sommets. Il est de 23% sur l’ensemble de Londres, et encore beaucoup plus élevé dans certains quartiers. Cette situation a conduit à parler d’une ‘‘génération perdue’’ pour toute une couche de jeunes peu qualifiés qui, faute d’avoir un emploi de qualité, se retrouvent mis au ban de la société.

    Par Baptiste (Wavre)

    Le reflet d’une situation sociale désastreuse…

    Les travailleurs du secteur social l’attestent : l’absence d’un véritable emploi avec un vrai salaire est la première cause de l’exclusion sociale. Les politiques néolibérales, qui ne cessent de s’attaquer aux salaires et à la qualité des contrats, ont fini par casser toute possibilité de se projeter dans l’avenir pour les nouvelles générations. Les discriminations parmi les étrangers ou personnes d’origine étrangère n’ont fait que rajouter de l’huile sur le feu. Les capitalistes ont toujours cherché à diviser la classe ouvrière pour mieux régner, et ont toujours utilisé toutes les différences à cette fin. Ces discriminations se retrouvent jusque dans la vie quotidienne dans les quartiers populaires avec des interpellations policières arbitraires.

    D’ailleurs, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres n’est rien d’autre que le mépris des responsables de police auquel ont fait face les proches de Mark Duggan, un jeune de Tottenham d’origine étrangère, après que celui-ci ait été abattu par la police. Le chômage de masse et le harcèlement de la police ont conduit à une situation explosive et à travers les émeutes, il ne s’agit de rien d’autre que de l’irruption du désespoir face à l’absence de perspective en l’avenir parmi des milliers de jeunes.

    …causée par les politiques néolibérales

    Les récentes coupes budgétaires réalisées par le gouvernement Cameron dans différents services publics et dans les services d’aide à la jeunesse sont autant de gouttes qui font déborder un peu plus le vase. Les bourses d’études, qui permettaient à beaucoup de jeunes des milieux ouvriers de poursuivre des études, ont été supprimées et les frais d’inscription ont été quant à eux revus à la hausse. Connexions, un service de conseil pour les jeunes vis-à-vis de l’emploi, a également été supprimé. Malgré tout cela, le gouvernement Cameron s’éntête à considérer que ces évènements sont le fruit d’une violence aveugle, sans la moindre cause sociale. Il compte d’ailleurs aller encore plus loin, puisqu’il propose de supprimer les allocations sociales pour les familles des jeunes qui auraient été impliqués dans les émeutes. Le gouvernement ConDem n’hésite d’ailleurs pas à encourager la délation pour cerner les jeunes en question.

    Cameron compte faire de la répression un enjeu de prestige de son mandat. Il voudrait ainsi donner l’illusion que son gouvernement néolibéral est capable de résoudre les problèmes de la société. Dans ce sens, résumer les émeutiers à des voyous ou à des criminels de droit commun est un raccourci qui pourrait lui faciliter la tâche. Le New Labour a beau dénoncer cette stratégie et pointer du doigt les problèmes sociaux à résoudre, ils ne sont pourtant pas moins responsables des politiques néolibérales des 20 dernières années. Si les capitalistes ont pu tellement s’enrichir sur le dos des travailleurs durant toutes ces années, c’est aussi grâce aux politiques néolibérales que le New Labour a mené lorsqu’il était au pouvoir.

    Les émeutes ne sont pas ‘‘un pas vers la révolution’’

    Les conséquences dramatiques de ces évènements sont inquantifiables pour la classe ouvrière. Pour de nombreux travailleurs, il s’agit juste d’un cauchemar s’ils se retrouvent sans emploi suite au pillage des commerces, sans leur voiture pour se rendre au travail ou pire si c’est le logement qui a été détruit. A présent que le gouvernement Cameron utilise les émeutes pour justifier des mesures sécuritaires antisociales, cela ouvre également la porte à des attaques contre les organisations du mouvement ouvrier, et en défénitive à des attaques sur les conditions de vie et de travail. Finalement, les émeutes permettent au gouvernement d’adopter une attitude encore plus antisociale.

    Il est déplorable de voir certaines organisations de gauche comme le Socialist Workers Party déclarer que les émeutes et les pillages peuvent montrer la voie de la révolution. En Tunisie et en Egypte, ce ne sont pas ces types d’actions qui ont permis à la jeunesse de chasser les dictateurs. L’unité du mouvement ouvrier est indispensable pour arriver à de tels mouvements de masses capables de faire chuter des gouvernements. Or, la violence désordonnée, qui s’attaque d’ailleurs également aux conditions de vie des travailleurs, tendent au contraire à former des brèches dans cette unité. D’autant plus qu’à présent cela a permis à l’establishment de criminaliser encore plus la jeunesse et les minorités ethniques.

    Le gouvernement ne sera vaincu que si nous construisons un mouvement massif et uni de tous ceux qui sont touchés par les coupes budgétaires et les politiques néolibérales. En outre, la classe ouvrière organisée dans les syndicats doit jouer un rôle-clé. L’échec des dirigeants syndicaux à mener une telle lutte explique que la colère parmi la jeunesse précarisée n’ait pas été canalisée politiquement mais se soit exprimée par des explosions de désespoir. La campagne Youth Fight For Jobs (Jeunes en lutte pour l’emploi), initiée par le Socialist Party (section de notre Internationale en Angleterre et Pays de Galles) et soutenue par plusieurs syndicats, a pourtant illustré le potentiel pour une lutte commune des jeunes avec les syndicats. Cette situation de précarité dans la jeunesse n’est pas propre à l’Angleterre. En Belgique, la presse a évoqué que de tels événements pourraient également se produire, tout simplement parce que les mêmes symptômes du néolibéralisme sont présents dans les quartiers pauvres des grandes villes. En mettant sur pied la campagne ‘Jeunes en lutte pour l’emploi’ avec des sections jeunes des syndicats et d’organisations de gauche, nous sommes intervenus dans les quartiers, écoles, entreprises… pour organiser des couches de jeunes autour d’un programme politique pour défendre de réelles perspectives d’avenir. Des premiers pas concluants ont été réalisés dans plusieurs régions, avec l’organisation d’assemblées et de marches combatives, qui ont systématiquement obtenu un écho positif. Mais si cet écho positif a été en grande partie passif jusqu’à présent, la perspective du prochain gouvernement d’austérité risque de fort de faire passer de nombreuses personnes à l’action.

    Pour un parti politique de masse des jeunes et des travailleurs

    La responsabilité des dirigeants syndicaux est grande. Ces derniers mois ont eu lieu des protestations massives en Angleterre, comme le mouvement contre les coupes dans l’enseignement ou encore la grève du secteur public du mois de juin. Plutôt que d’éparpiller les différentes luttes chacune de leur côté, il s’agit à présent de contre-attaquer avec la mise en place d’un plan d’action contre les économies et pour un avenir pour les jeunes. C’est la condition pour ne pas laisser l’espace au gouvernement ConDem de renforcer son appareil répressif et sa persécution des jeunes et des minorités.

    En définitive, un tel mouvement aura besoin d’un relais politique : un parti de masse des jeunes et des travailleurs, qui défende la possibilité pour tous d’avoir accès à un emploi, à un logement, à un enseignement, à des soins de santé… de qualité. Nous pensons qu’un tel programme doit être lié à une perspective de société socialiste, où la production des richesses ne profite pas à une poignée de nantis de la City mais soit planifiée démocratiquement pour répondre aux besoins des jeunes et des travailleurs.

  • Les villes britanniques explosent – Un mouvement de masse des travailleurs est nécessaire pour vaincre le gouvernement

    “Les images de désespoir et d’explosions de colère, comme celles de 1981, seront de retour dans nos rues. Les zones défavorisées des grandes villes –si pas les quartiers centraux alors les banlieues comme en France – seront le terrain de nouveaux incendies.” C’est l’avertissement que le ‘Socialist Party’ (section du CIO en Angleterre et Pays de Galles) avait donné il y a quatre mois dans un article à l’occasion de l’anniversaire des émeutes de Brixton en 1981. Cette semaine, des milliers de personnes ont été confrontées à la dévastation de leur quartier.

    Dossier par Hannah Sell, Socialist Party. Photos de Paul Mattson

    C’est une tragédie pour les petits commerçants dont le magasin a été pillé ou incendié, pour les travailleurs dont la voiture a été brûlée et peut-être encore pire pour ceux qui ont vu leur maison partir en fumée. Les pompiers ont été confrontés à des difficultés terribles dans leur tentative d’éteindre les incendies alors qu’autour d’eux il y avait des émeutes. Ces explosions de colère dans la rue sont les plus fortes que la Grande-Bretagne ait connu depuis le milieu des années 80. Les ministres se sont dépêchés de quitter leurs lieux de vacances pour tenter de “rétablir l’ordre”. Le Parlement a été rappelé jeudi [hier]. Jusqu’à présent, la seule réponse des politiciens bourgeois a consisté en des déclarations tapageuses sur la “racaille”, les “criminels” et la “violence aveugle”.

    Les travailleurs qui habitent dans les quartiers touchés sont évidemment en colère contre les destructions qui ont eu lieu, mais ils seront également furieux des tentatives du gouvernement de se décharger de toute responsabilité par rapport à la situation. La réponse du “New Labour” est essentiellement la même que celle des conservateurs. Ed Miliband a simplement qualifié les émeutes de“comportement criminel scandaleux” et a exigé que David Cameron donne l’ordre “d’une intervention policière la plus forte possible.” Diane Abbot, députée du Hackney Nord et historiquement de l’aile gauche du Labour Party, a appelé à établir un couvre-feu. La direction du New Labour n’a à aucun moment mentionné les raisons pour lesquelles les jeunes ont pris part aux émeutes. Et ce n’est pas surprenant.

    Le chômage de masse, les coupures dans les services publics et la violence policière ont tous augmentés lorsque le New Labour était au pouvoir. Malgré toutes les tentatives des politiciens capitalistes d’ignorer la réalité, ce n’est pas par hasard que la Grande-Bretagne soit en feu en ce mois d’août 2011. Ceci est le résultat des circonstances sociales auxquelles est confrontée une génération de jeunes dans les villes.

    Pendant les troubles des années 1980 le gouvernement conservateur de l’époque définissait les manifestants comme des "hooligans". Maintenant que ces émeutes appartiennent à un passé lointain, Edwina Currie et d’autres conservateurs admettent que les préoccupations des émeutiers, telles que le chômage de masse et les préjugés des policiers étaient légitimes. Bien entendu, ils ont immédiatement déclaré que la situation aujourd’hui est complètement différente. En réalité, rien n’a fondamentalement changé pour les jeunes dans les grandes villes. Les évènements actuels sont un cri de rage et de désespoir d’une génération qui est jetée au rebut. Ce ne sont pas des émeutes raciales, il s’agit de gens pauvres de toutes origines ethniques dans les grandes villes.

    En colère et défavorisés

    Les motivations des personnes impliquées varient, mais certains éléments reviennent souvent. Ils ont été résumés par une femme interviewée à la radio: "Je ne suis pas une voleuse, mais je suis en colère." D’autres ont pris part aux pillages des magasins. Les magasins d’électronique et de vêtements de sport ont été la cible principale, mais les supermarchés aussi y sont passés. À Tottenham, l’Aldi a été vidé et à Lewisham, ce fut le cas pour le supermarché Morrisons. Ce ne sont pas uniquement les produits de luxe qui ont été fauchés mais aussi les produits de première nécessité.

    Qu’est-ce que cela nous dit sur la Grande-Bretagne, un pays capitaliste «développé», si tant de gens sont suffisamment désespérés pour ne pas penser aux conséquences à prendre part aux pillages massifs de magasins ? Des jeunes ayant un travail décent et des perspectives d’avenir ne participeraient normalement pas à de telles actions. Mais en Grande-Bretagne, il y a aujourd’hui près d’un million de jeunes chômeurs qui s’entendent effectivement dire qu’ils n’ont aucune perspective pour l’avenir. Les bourses sont en chute libre dans le monde entier, et l’idée que le capitalisme n’a rien à offrir à cette «génération perdue» gagne du terrain. Le chômage des jeunes à Londres est de 23%, dans certains milieux, il est encore beaucoup plus élevé.

    Hackney et Tower Hamlets ont le taux de chômage des jeunes le plus élevé du pays, Tottenham suit pas très loin derrière. Ces jeunes vivent très près des millionnaires et des milliardaires de la ‘City de Londres’ (quartier financier), mais ils n’ont presque aucune chance d’avoir un salaire minimum, et encore moins de trouver un job décent. Les véritables pilleurs sont les requins de la finance qui font des milliards de bénéfices en spéculant sur les marchés boursiers et en pillant l’économie de pays entiers, conduisant parfois une population entière – comme en Grèce – à la pauvreté extrême.

    Est-il surprenant que dans une société qui encourage les entrepreneurs privés à utiliser tous les moyens possibles pour faire du profit, les jeunes chômeurs décident de se procurer un certain nombre de produits avec tous les moyens dont ils disposent ?

    Minorités ethniques

    Ces émeutes ne sont pas des «émeutes raciales» et incluent des jeunes de tous les groupes ethniques, mais il est vrai que beaucoup d’entre eux sont Noirs. Les politiciens capitalistes essaient de nous faire croire que le racisme n’existe plus en Grande-Bretagne, mais c’est faux.

    Toutes les minorités ethniques gagnent encore toujours moins que les Blancs en moyenne. La différence de revenu est de 10% inférieur pour les hommes Chinois et de 27% pour les hommes du Bangladais. Même les minorités ethniques avec un haut niveau de compétences et d’éducation ont généralement des salaires plus bas. Le taux de pauvreté est au-dessus de la moyenne parmi toutes les minorités ethniques. Il y a beaucoup de pauvreté particulièrement parmi les Bangladais (deux Bangladais sur trois sont pauvres), les Pakistanais et les personnes originaires d’Afrique sub-saharienne. De plus les minorités ethniques sont à peine représentées parmi les cadres des grandes entreprises. Aucun des 98 juges de la Cour suprême n’est originaire d’une minorité ethnique et parmi les 563 autres juges, il n’y en a que quatre. Moins de 1% de l’armée vient d’une minorité ethnique. Il n’y a que quelques députés Noirs ou Asiatiques. Le capitalisme britannique a été incapable d’améliorer les conditions de vie des Noirs et des Asiatiques, seule une petite minorité s’élève.

    La colère face à la brutalité policière est un facteur majeur dans l’explosion. À Tottenham, les émeutes ont commencé après que Mark Duggan ait été abattu par la police. L’IPCC, l’organisme des plaintes de la police, a déjà du admettre que la balle qui se trouvait dans la radio de la police et qui avait été attribuée à M. Duggan provenait en fait d’une arme de police. La population à Tottenham est en droit de ne pas avoir confiance en l’IPCC pour mener une enquête indépendante. Les syndicats doivent se battre pour obtenir une enquête véritablement indépendante dirigée par des représentants élus des syndicats locaux, des organisations de quartier et en particulier des jeunes.

    Une telle enquête est nécessaire pour les émeutes qui ont eu lieu et leurs causes. Beaucoup de jeunes qui ont été interviewés lors des émeutes expriment une colère contre la politique de la police de les arrêter et de les contrôler en permanence. Entre 2005 et 2009, le contrôle des Asiatiques a augmenté de 84% et celui des Noirs de 51%. L’Etat veut maintenant aller plus loin en utilisant la ‘Section 60’ pour étendre la possibilité d’arrêter et de fouiller les gens sans la moindre raison de les suspecter.

    Il y a eu plusieurs manifestations pacifiques contre cela, mais cela n’a rien donné. Cela a donné le sentiment qu’il fallait en faire «plus». À Tottenham, la famille et les amis de Mark Duggan ont défilé vers le poste de police où ils ont attendu en vain pendant des heures un porte-parole de la police. Ce n’était pas un événement isolé. Un jeune de Tottenham a déclaré dans les médias: "Vous ne voudriez pas me parler maintenant s’il n’y avait pas d’émeutes. Il y a deux mois, nous avons défilé vers Scotland Yard, nous étions plus de 2000, tous Noirs. C’était une manifestation pacifique et vous savez quoi ? Il n’y a pas eu un seul mot dans la presse. Hier soir, il y a eu quelques protestations et des pillages et regardez maintenant autour de vous."

    Coupes dans les services publics

    Le chômage de masse et le harcèlement de la police ont conduit à une situation explosive. Pour beaucoup, la décision de supprimer les dernières miettes du budget qui tentaient de diminuer l’effet du chômage massif des jeunes a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le gouvernement a décidé de supprimer les bourses d’études, malgré les protestations massives. C’était pour beaucoup de jeunes des milieux ouvriers la seule possibilité de continuer des études. On demande toujours aux jeunes de s’élever en suivant une formation. Mais c’est désormais beaucoup plus difficile. Par ailleurs, les frais d’inscription seront augmentés à 9 000 £ par an. L’accès à l’enseignement supérieur pour de nombreux jeunes d’origine modeste est donc devenu très limité.

    Cela s’ajoute aux coupes du gouvernement dans des services publics déjà saturés. Ces économies sont effectuées par les administrations communales des travaillistes, des conservateurs et des libéraux-démocrates. Au lieu de défendre leur communauté locale et de refuser les coupes budgétaires, comme le Socialist Party l’exige et comme l’a fait l’administration communale de Liverpool dans les années 80, chaque administration Labour procède aux coupes substantielles dans les services publics. Les services de la jeunesse à Tottenham se sont vus supprimés 75% de leurs ressources. Au niveau national, Connexions, un service pour conseiller les jeunes sur l’emploi et les allocations, a été supprimé. De nombreuses autorités locales n’offrent pas de conseils aux jeunes. Et ce n’est que la première année de l’austérité annoncée, les prochaines années iront encore beaucoup plus loin.

    Le gouvernement fait tout pour nier la relation entre les coupes budgétaires et les émeutes. Mais il y a seulement quelques semaines, avant les dernières élections parlementaires, le leader du Lib-Dem, Nick Clegg, a déclaré que les économies des conservateurs conduiraient à des émeutes. N’est-ce la preuve de la vue à court terme d’un gouvernement qui encourage des économies dans des services qui formaient un certain élément de «contrôle social» sur la jeunesse ? Il faudra désormais plusieurs fois les sommes qui ont été économisées grâce aux coupes pour s’attaquer aux conséquences des émeutes.

    Dans la foulée des émeutes, des campagnes locales sont nécessaires pour la réouverture immédiate de tous les établissements pour jeunes qui ont été fermés et de Connexions. Le gouvernement doit prévoir les moyens pour cela.

    Les émeutes ne sont pas une solution

    Les émeutes ne sont pas la façon dont nous pouvons infliger une défaite au gouvernement. Au contraire, elles n’apportent que des dommages dans les quartiers où vivent les travailleurs. Cela donne de plus une excuse aux capitalistes pour renforcer l’appareil répressif de l’État. Le Socialist Party n’est pas d’accord avec ceux qui tolèrent les émeutes. Comme le ‘Socialist Workers Party’, qui distribue des affiches dans les quartiers touchés présentant les émeutes comme un pas vers la révolution (« des émeutes à la révolution »).

    Les troubles actuels sont une indication de la rage aveugle contre le système. Sans doute certains de ces jeunes ont été inspirés par les révolutions qui ont renversé les dictatures du Moyen-Orient et les mouvements sur les places en Grèce et en Espagne. Mais ces mouvements avaient un caractère différent de ces émeutes. La situation était évidemment différente dans chaque pays, mais toutes les occupations des places – de l’Espagne à l’Égypte – étaient des actions de masse relativement disciplinées qui réagissaient préventivement contre les actes de violence à l’encontre des commerces de proximité, etc. C’est la raison pour laquelle le mouvement qui avait commencé en grande partie parmi les jeunes a pu s’élargir et gagner le soutien de couches plus larges.

    Les émeutes ont reçu une large attention des médias, mais ont surtout été saisies par ces médias et le gouvernement pour continuer de diaboliser les jeunes et pour insérer un élément de division dans la lutte contre le gouvernement. Le gouvernement ne sera vaincu que si nous construisons un mouvement massif et uni de tous ceux qui sont touchés par les coupes budgétaires. La classe ouvrière organisée dans les syndicats devrait jouer un rôle clé.

    En Égypte, Moubarak a dû finalement démissionner quand la classe ouvrière a organisé une grève générale. En Grande-Bretagne, la ‘Poll Tax’ de Thatcher n’a pas été mise à bas par les émeutes de mars 1990, mais par les campagnes massives de ‘non-paiement’ organisées auxquelles ont participé 18 millions de personnes.

    Actions syndicales

    Cette année, le jour qui a effrayé le plus le gouvernement britannique était le 30 juin. 750 000 employés du secteur public se sont mis en grève. Malheureusement, cela représentait seulement un cinquième des membres du personnel du secteur public, les autres appartenaient à des syndicats qui n’avaient pas fait appel à la mobilisation. Les dirigeants des plus grands syndicats du secteur public étaient contre une participation, en dépit de la pression de la base. L’échec des dirigeants syndicaux britanniques pour mener une lutte sérieuse contre toutes les économies est l’une des raisons principales pour laquelle les émeutes ont éclaté.

    Brendan Barber, secrétaire général du TUC, la fédération syndicale, avait averti que les économies conduiraient à des émeutes. Mais il n’a rien fait à travers l’action collective pour les éviter. Si le TUC, comme nous l’avions demandé, avait organisé une lutte sérieuse contre le gouvernement et de surcroît, avait mobilisé ses sept millions de membres, le gouvernement aurait déjà été chassé du pouvoir. Si en octobre de l’année dernière, le TUC avait organisé une manifestation nationale contre les coupes, avait mobilisé pour des actions conjointes avec les étudiants en novembre, puis avait appelé à une grève générale de 24 heures dans le secteur public, il aurait pu compter sur un large soutien. Il aurait aussi exercé une force d’attraction sur les couches les plus opprimées de la jeunesse.

    Après que toutes les actions aient été reportées, le TUC doit maintenant agir rapidement. Un appel immédiat à une manifestation nationale contre toutes les économies et pour un avenir pour les jeunes doit venir tout de suite. Cela doit être une étape vers des actions de grèves coordonnées en automne, avec cette fois un appel aux quatre millions des travailleurs du secteur public, combinées à une grève des écoliers et des étudiants.

    Une manifestation syndicale doit indiquer clairement que les syndicats veulent, ensemble avec les jeunes, défendre une alternative. Le soutien très large des syndicats cet automne à la campagne ‘Youth Fight for Job’ (jeunes en lutte pour l’emploi) et à la ‘Jarrow Mars’ (Marche de Jarrow), protestations contre le chômage élevé des jeunes, a démontré le potentiel.

    Il est cependant important que la manifestation soit organisée autour de revendications claires. Parmi celles-ci, la réintroduction de la bourse d’étude doit être exigée, ainsi que la suppression des frais d’inscriptions dans les universités.

    Les syndicats doivent également résister à toute tentative du gouvernement de saisir les émeutes comme une occasion supplémentaire de persécuter les jeunes. Nous devrions au contraire nous lever pour que cessent les fouilles arbitraires des jeunes et nous opposer aux tentatives d’élargir l’appareil répressif de l’Etat. La Ministre Teresa May a déclaré précédemment qu’elle introduirait en Grande-Bretagne les canons à eau et des gaz lacrymogènes. L’utilisation immédiate de balles en caoutchouc est à l’étude. Si cela arrive réellement, ce sera utilisé à l’avenir contre les manifestations de travailleurs et d’étudiants. L’année dernière, nous avons vu comment la police a réagi avec violence aux manifestations d’étudiants. Les syndicats doivent exiger que le contrôle de la police soit dans les mains de comités locaux élus démocratiquement.

    L’éruption de colère dans les rues britanniques est une condamnation du capitalisme qui est incapable d’offrir à la prochaine génération ne serait-ce que le niveau de vie faible qu’ont connu les travailleurs au cours des vingt dernières années. Les syndicats doivent agir maintenant pour montrer qu’ils sont du côté des jeunes. Pour être pleinement efficace, ceci doit être couplé à la lutte pour la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs et des jeunes. Un tel parti devrait prôner une société socialiste.

    Rien qu’en passant sous une propriété publique et démocratique les grandes entreprises qui dominent l’économie britannique, il serait possible d’offrir aux jeunes un véritable avenir. Le capitalisme ne peut même pas offrir à la prochaine génération les besoins de base tels que l’emploi, le logement et l’éducation. Le socialisme démocratique signifierait que la production soit planifiée pour répondre aux besoins de chacun et pas au profit d’une petite minorité.

    Le Socialist Party exige:

    • Une étude indépendante menée par les syndicats sur la mort de Mark Duggan, sur la façon dont les émeutes ont été abordées et sur les causes des émeutes. La suppression de l’IPCC. Nous avons besoin d’une responsabilisation de la police par un contrôle démocratique de comités locaux.
    • Stop aux fouilles. Non à la section 60.
    • Pour un contrôle démocratique de la police par des comités locaux élus comprenant des représentants des syndicats, des conseillés communaux, des associations de locataires et des comités de quartiers.
    • Le gouvernement doit prendre immédiatement en charge les pertes et les frais des petits commerçants et des propriétaires de logement encourus suite aux émeutes.
    • Les communes doivent offrir un nouveau logement à ceux qui ont perdu leur maison au cours des émeutes. Pour un investissement dans les logements sociaux et la rénovation, créant ainsi des emplois et une amélioration de la santé.
    • Pour un retour en arrière immédiat sur les décisions visant à supprimer les services locaux d’aide à la jeunesse et Connexions. Le gouvernement doit mettre les moyens en place.
    • Non à toutes les coupes sur le plan de l’emploi et des services publics. Enseignement gratuit et de qualité, une formation pour tous. Réintroduction des bourses d’études et suppression des droits d’inscription. Nous exigeons de gros investissements publics dans l’emploi et les services publics.
    • Pour une campagne massive qui défende ces exigences et qui prône aussi un changement socialiste de la gestion de la société. Pour une planification démocratique de la richesse et des moyens de la société et ce sous le contrôle et la gestion de la classe des travailleurs et non sous celui des millionnaires.
  • Stop à la guerre à Gaza

    Déclaration traduite de l’hébreu publiée le 30 décembre par le Mouvement Socialiste de Lutte (Tnu`at Maavak Sotzyalisti / Harakat Nidal Eshteraki – CIO – Israël), dans le contexte d’une vague réactionnaire très forte de militarisme et de nationalisme parmi les Juifs israéliens.

    Tnu`at Maavak Sotzyalist (CIO-Israël)

    Version PDF de cette déclaration

    Des centaines de morts, des milliers de blessés et toujours pas de réelle sécurité pour les Israéliens ou les Palestiniens.

    Les centaines de tués de ces derniers jours ne vont pas apporter la paix, mais plus de fureur et de morts. Tnu’at Maavak Sozialisti (Harakat Eshteraki Nidal) s’est toujours opposé aux tirs de roquettes Qassam ainsi qu’aux attentats contre les familles des travailleurs et des pauvres en Israël, dans les territoires palestiniens et dans le Moyen-Orient. L’offensive actuelle n’est nullement une action défensive et n’a pas pour objectif d’apporter la tranquillité aux résidents du sud d’Israël. Comme lors de la deuxième guerre du Liban, à laquelle nous nous sommes également opposés, nous ne parlons pas seulement d’une absence de solution, mais aussi d’une exacerbation des problèmes. Le gouvernement actuel est responsable de l’escalade actuelle et de ses conséquences. Cette offensive ne va pas apporter de solution et démontre une fois de plus que le principal danger pour la sécurité des habitants d’Israël et de la région provient de l’élite dirigeante israélienne.

    Avec plus de 365 Palestiniens tués, 1.600 blessés, et 4 Israéliens, juifs et arabes, tués, c’est la plus grande offensive aérienne de tous les temps dans les territoires palestiniens. Les dix premières heures de l’attaque ont vu des dizaines de milliers de tonnes d’explosifs s’abattre sur Gaza. Le gouvernement et l’armée savaient très bien que les tirs de projectiles – dont peu sont de véritables missiles – augmenteraient en réponse à l’attaque Ils avaient même estimé que le nombre de tirs atteindrait les 100 par jour durant l’opération. Comme c’était à prévoir, l’offensive sème la colère dans toute la région entière et exacerbe la polarisation nationale entre les Juifs et les Arabes.

    Le véritable but de l’offensive n’est pas de ramener le calme, tout comme ce n’était pas le but de l’opération "Hiver chaud" en février 2008 ou lors de la précédente guerre de Gaza (l’opération "Pluie d’été") menée parallèlement à la seconde guerre du Liban. Nous nous étions également opposés à ces attaques qui avaient fait 550 tués. Maintenant comme alors, la guerre n’est que la poursuite de la politique du gouvernement par des moyens militaires. Le but de l’attaque n’est pas de mettre fin aux tirs de projectiles, mais de déstabiliser le gouvernement Hamas de la bande de Gaza, tout en donnant l’impression que le gouvernement fait des efforts pour trouver une solution à ces tirs. Pour l’élite israélienne, les jeux de prestige vis-à-vis du Hamas sont plus importants que la sécurité des résidents du sud d’Israël, qu’ils utilisent comme otages. Tout cela s’effectue sous le couvert de la période électorale en Israël et de la période de transition entre les gouvernements aux USA. Il s’agit aussi d’effacer l’image de défaite qui colle au gouvernement depuis la deuxième guerre du Liban. En même temps, cela démontre la détermination de l’élite à engager une autre confrontation sanglante avec l’Iran et le Hezbollah.

    Une guerre avant les élections est une tactique classique employée par des gouvernements en faillite. Ce gouvernement a été impliqué dans des opérations militaires sanglantes et de grande ampleur. Il lance maintenant une autre opération militaire conçue pour sauver « Kadima » et « `Avodah » de leur effondrement dans les sondages en compromettant la sécurité des habitants de la bande de Gaza, de Sderot, d’Ashkelon, de Netivot, et des autres villes dans la région.

    Le millionnaire ministre de la Sécurité Barak a déjà annoncé qu’il arrêtait sa campagne électorale, ce qui n’est pas étonnant parce qu’il comprend parfaitement que la campagne militaire forge sa propre campagne électorale. Tous les partis de l’establishment profiteront à court terme du prestige de l’initiative militaire, exploitée également pour détourner l’attention de la crise économique mondiale. Aucun des partis de l’establishment, qui soutiennent tous le capitalisme, n’a de solution pour la sécurité d’emploi et les conditions de vie des travailleurs. Ils n’ont pas davantage de solution au conflit israélo-palestinien et aux problèmes qu’il entraine.

    L’opération militaire a reçu comme de coutume un nom cynique – « Plomb durci » qui provient d’une chanson de Hanukah – comme si des éléments de l’élite israélienne ne voyaient dans cette opération pas beaucoup plus qu’un jeu ou une aventure. Cette aventure militaire a déjà exigé un lourd tribut en vies humaines – dès les premières heures, le nombre de morts a dépassé celui des Israéliens tués par tous les projectiles lancés de la bande de Gaza jusqu’à maintenant.

    Malheureusement, cette aventure n’est pas finie, le gouvernement refuse tout cessez-le-feu et n’exclut pas d’ouvrir un autre front contre le Hezbollah au Liban. Des milliers de réservistes ont déjà été mobilisés par des décrets d’urgence. L’offensive va se heurter à des difficultés et ne fera qu’aggraver les problèmes dans le Moyen-Orient. Comme Barak l’a déclaré: "Ce ne sera pas facile, et ce ne sera pas court."

    Le gouvernement a saboté la « trêve »

    Le gouvernement israélien a refusé de renforcer la ‘trêve’ et de la transformer en cessez-le-feu véritable, ce qui aurait au moins amélioré la vie quotidienne des Israéliens et des Palestiniens, sans même parler de toute prise réelle d’une initiative pour en finir avec le conflit israélo-palestinien, ce que le gouvernement est incapable de faire. Bien au contraire, pendant les mois de ‘trêve’, le gouvernement a continué ses actions provocatrices – comme par exemple le 4 novembre, le jour des élections aux USA, où des bombardements aériens ont eu lieu. Comme Barak le dit maintenant, l’opération militaire a été prévue en détail pendant ces mêmes mois. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les opérations militaires ont continué. Le gouvernement a refusé de procéder à un échange complet de prisonniers, ce qui aurait pu aussi rendre le soldat captif Shalit à sa famille.

    Au cours de la période de ‘Trêve’, le siège économique et militaire de la bande de Gaza a continué, avec la collaboration des grandes puissances, de l’Egypte, du Fatah et du reste des régimes de la Ligue Arabe. La plupart protestent maintenant hypocritement contre le massacre. Abbas (Abou-Mazen) et le régime dictatorial de Moubarak en Egypte ont même surpassé les autres quand ils ont donné un appui implicite à l’attaque d’une manière bien plus prononcée que certains des régimes arabes l’avaient fait au début de la deuxième guerre du Liban. La ministre des affaires étrangères, Livni, a été invitée lors d’une visite spéciale au Caire deux jours avant la guerre.

    Cette collaboration a exaspéré les masses arabes au Moyen-Orient. Elle a augmenté la haine des régimes corrompus de la Ligue Arabe qui, comme le régime corrompu d’Israël, n’agissent pas pour servir les travailleurs et les pauvres, mais pour les exploiter et de les réprimer. La colère qui éclate maintenant pourrait précipiter la fin du régime affaibli de Moubarak en Egypte et affaiblir encore plus Abbas qui apparait comme une marionnette du gouvernement israélien. La nouvelle situation fait des pourparlers d’Annapolis une farce encore plus grotesque. Ces négociations de paix avaient été suspendues à cause de la guerre et n’ont jamais été prises au sérieux, que ce soit en Israël, dans les territoires palestiniens ou dans le reste du monde.

    Depuis le retrait des colonies et de l’armée de la bande de Gaza en 2005, l’élite israélienne a continué dans la pratique à dominer le territoire comme si c’était une gigantesque prison. Après la victoire du Hamas aux élections pour le Conseil Législatif Palestinien, l’élite israélienne avait augmenté ses attaques contre les habitants avec le soutien des grandes puissances. Le Hamas avait remporté les élections en raison de la colère qui vit contre les chefs corrompus du Fatah et dans la perspective de l’échec des organisations palestiniennes, qui se sont par le passé qualifiées de socialistes.

    Le Hamas est, naturellement, loin d’être un mouvement socialiste et est également une barrière dans la lutte des masses palestiniennes pour la libération nationale car il ne propose pas de stratégie pour une solution sérieuse aux problèmes qui se posent aux masses palestiniennes. Il est incapable de construire un soutien parmi les travailleurs et les pauvres israéliens à qui il nuit. Néanmoins, le Hamas est renforcé en raison de la corruption et de la trahison du Fatah ainsi que des actions du gouvernement israélien. La majorité des Palestiniens, comme des Israéliens, en a assez des grandes partis politiques existant actuellement et il y a un grand besoin d’une alternative.

    Juste avant la guerre, le gouvernement avait cyniquement pris la crise humanitaire sous sa responsabilité et temporairement ouvert le passage des frontières à l’arrivée de nourriture et de médicaments. Les généraux et les politiciens de tous les partis de l’establishment israéliens justifient la politique de punition collective contre les habitants de la bande de Gaza comme une réponse aux tirs de roquettes contre les habitants israéliens des villes proches de la bande de Gaza. C’est une autojustification hypocrite. Le même gouvernement et les mêmes militaires jouent cyniquement avec les peurs, les soucis et la détresse des résidants du Negev occidental, ils ne proposent qu’une détérioration du problème et un approfondissement du conflit.

    Le prix du conflit est finalement payé par la masse des familles des travailleurs et des pauvres israéliens et palestiniens, et pas par l’élite de décideurs qui tirent profit la plupart du temps du conflit national. Les tirs de roquettes sont juste le symptôme d’une situation dont le responsable en chef est l’élite israélienne, même si les fonctionnaires du ministère des Affaires Etrangères et les journalistes travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour brouiller ce fait. le nombre de victimes de chaque côté témoigne tous les ans du point auquel le conflit pour la terre est loin d’être symétrique.

    Durant des années, la politique gouvernementale avait imposé une occupation et une oppression systématique des masses palestiniennes par des moyens innombrables comprenant des démolitions, la famine et la tuerie. Au cours de ces derniers mois, le gouvernement a choisi de priver les habitants de la bande de Gaza de sorte que la grande majorité d’entre eux souffre de pauvreté extrême et manque de tout pour vivre, de nourriture comme de médicaments et d’électricité. Naturellement, cette situation entraîne l’opposition. Tant que il y aura une oppression nationale, le conflit national et le carnage continueront.

    Le conflit est en dernière instance un problème social

    Il y a des organismes palestiniens religieux de droite, tels que le Hamas, qui essayent de concurrencer Israël dans le massacre de civils, même si c’est à une échelle de beaucoup inférieure à ce dont est capable le gouvernement israélien, afin de donner l’impression qu’ils mènent une lutte contre ces attaques. En réalité, les tirs de roquette sont simplement une méthode de vengeance qui, à cause du désespoir et de la faim, obtient parfois un soutien parmi les Palestiniens. Les tirs de roquettes sont certainement incapables de casser la politique du siège (à la différence de l’évasion de masse de la frontière égyptienne) ou de nuire à l’oppression militaire. Cela nuit simplement à des civils autour des frontières de la bande de Gaza. C’est un cadeau politique fait à l’establishment capitaliste israélien qui emploie traditionnellement le conflit et la question de la sécurité afin d’augmenter son soutien. Le même soutien est chroniquement miné en raison de leurs attaques économiques continuelles sur les travailleurs et les pauvres en Israël ainsi qu’en raison des problèmes sociaux qui en résultent.

    C’est également la raison pour laquelle la propagande de l’establishment fait un effort en créant une séparation artificielle entre les problèmes sociaux et les problèmes de sécurité. Mais le conflit israélo-palestinien est également un problème social brûlant, et on ne doit pas se baser sur ces mêmes partis qui mènent ou soutiennent la guerre économique contre la majorité des Israéliens pour ne s’inquiéter des intérêts de la population que pour les questions de sécurité. Aucun des partis de l’establishment n’a de solution au conflit et aux problèmes qu’il crée.

    C’est également pourquoi les partis de l’establishment sont côte à côte en temps de guerre et ne proposent pas rien comme alternative. Les partis soi-disant en opposition participent à une coalition élargie, juste comme ils le font de façon plus cachée pour les sujets économiques. Ainsi, il était possible de voir Benjamin Netanyahu du Likoud et Haim Oron de Meretz parlant d’une même voix. La presse de l’establishment forme également un chœur pour féliciter l’attaque et souligne son rôle comme chien de garde de l’establishment capitaliste et de ses guerres.

    Meretz, qui se décrit en tant qu’élément du ‘Camp de la paix’, a réclamé une action à Gaza avant même la guerre, comme il avait à l’époque soutenu la deuxième guerre du Liban. Il a même reçu des notes préliminaires du gouvernement au sujet de l’attaque. Afin d’essayer de gagner des voix du Parti Travailliste, Meretz continue à remplir son rôle historique, en soutenant une politique gouvernementale destructive et nocive pour les Juifs et les Arabes.

    Une Alternative Socialiste

    La sécurité des Juifs israéliens ne pourra jamais être réalisée aux dépens de la sécurité des autres populations de la région. Les travailleurs et les pauvres, Juifs comme Palestiniens, partagent les mêmes intérêts et les mêmes aspirations à une réelle sécurité ainsi qu’à une paix durable. Afin d’arrêter les bombardements et toutes les méthodes d’oppression utilisées contre les masses palestiniennes, il faut un large mouvement social sur le terrain pour les combattre et pour mettre en avant une alternative à la guerre permanente et aux bains de sang interminables. Les organisations ouvrières, y compris Histadrut, doivent contribuer à la construction d’un tel mouvement, et cela dans l’intérêt général des travailleurs.

    Le manque d’un tel mouvement, un mouvement ouvrier solide, un grand mouvement socialiste composé des travailleurs juifs et arabes, en Israël comme dans les Territoires Palestiniens, fait en sorte que des tas de familles de travailleurs et de pauvres sont victimes d’événements sur lesquels elles n’ont pas le moindre contrôle. Actuellement, la classe ouvrière n’est pas réellement organisée. Si la population était organisée d’une telle manière, la majorité de l’opinion publique juive-israélienne ne serait pas désespérée au point d’accepter les prétendues propositions sécuritaires du gouvernement. Le fait que la majorité les soutient est dû au fait qu’elle n’a pas de réponses à la question : « Qu’est-il possible de faire dès maintenant afin d’améliorer la situation ? » Comme cela a été dit, le gouvernement aurait pu faire beaucoup d’autres choses, mais a finalement choisi l’attaque.

    S’il y avait un mouvement socialiste large et organisé, il aurait été possible de forcer le gouvernement à instaurer un réel cessez-le-feu, à faire cesser le siège et l’oppression de la population palestinienne, et à procéder à un échange complet de prisonniers. Un large mouvement socialiste devrait se mettre en place aussi bien dans les Territoires Palestiniens qu’en Israël, afin d’offrir une véritable alternative aux grands partis politiques existants et de mener une lutte pour cesser les bombardements ainsi que tous les actes d’agression contre les masses palestiniennes de la part du gouvernement israélien.

    En l’absence d’un mouvement socialiste large réunissant les Juifs et les Arabes en Israël et dans les Territoires Palestiniens, d’autres forces politiques qui n’ont rien d’autre à offrir qu’une intensification du conflit vont se renforcer, comme cela s’est déjà produit ces dernières années. Cependant, il y a des mesures urgentes qui peuvent et doivent être prises afin d’établir la base pour la construction d’un tel mouvement. Le mouvement anti-guerre doit être élargi autour de la revendication d’une solution alternative qui procurerait une paix et une sécurité réelles aussi bien aux Palestiniens qu’aux Israéliens. Les manifestations communes des Juifs et des Arabes contre la guerre doivent être renforcées, avec une opposition implacable à toute forme de répression des manifestations ou protestations contre la guerre, avec un soutien au droit à l’autodéfense des manifestants attaqués, et avec une opposition claire aux provocateurs et aux autres forces qui tentent de détourner la lutte contre les résidents eux-mêmes.

    Une autre mesure à prendre en vue de la construction d’un mouvement large est d’organiser une discussion sur l’offensive militaire israélienne et ses conséquences dans toutes les organisations ouvrières, les organisations étudiantes, les communautés de quartier et toutes les formations qui luttent pour un changement social et pour la défense des travailleurs et des pauvres – et cela inclut “City for all of us” à Tel Aviv et l’organisation “Power to the workers”. Il est important que dans ces réunions, une discussion soit tenue entre travailleurs et activistes juifs et arabes, dans le but d’arriver à une analyse commune de la situation actuelle, de trouver des solutions communes , d’organiser l’élargissement des protestations contre la guerre et, dans la mesure du possible, de diffuser une condamnation publique contre la guerre.

    Le groupe "Kol Akher" (L’Autre Voix), qui a été mis sur pied par des dizaines de résidents israéliens et palestiniens du Négev occidental et de la bande de Gaza, montre ce que les résidents peuvent faire, avant même qu’un mouvement social large ne soit établi et même dans le but de construire un tel mouvement. Ce groupe est maintenant en train de mener campagne pour un nouveau cessez-le-feu et contre la guerre, et des centaines de résidents du Sud de l’Israël ont déjà signé leur pétition. Le groupe organise des discussions directes entre Israéliens et Palestiniens, ce qui est particulièrement significatif vu le niveau d’incitation à la haine et à la division alimentées par les canaux d’information officiels.

    Le but des discussions directes est d’arriver à une compréhension des intérêts communs, et de trouver une solution saine. Le groupe des "Combattants pour la Paix" (qui regroupe d’anciens soldats et Palestiniens qui ont pris une part directe dans la lutte contre l’occupation), organise aussi des réunions et des dialogues similaires. Un mouvement socialiste large pourrait faire avancer la discussion à une échelle bien plus large, dans le cadre de comités de paix et de réconciliation, et pourrait ouvrir des discussions formelles sur les questions de sécurité et sur les « questions-clés » du conflit.

    Aussi bien en Israël que dans les Territoires Palestiniens, il y a un besoin urgent de larges partis socialistes pour la classe ouvrière et les pauvres qui pourraient diriger un tel mouvement, comme partie intégrante de la lutte pour renverser le capitalisme en Israël, dans les Territoires Palestiniens et au Moyen-Orient et pour établir un Israël socialiste côte-à-côte avec une Palestine socialiste indépendante, lesquels s’intègreraient dans une fédération démocratique et socialiste de la région.

    Les manifestations contre la guerre subissent une lourde répression

    Beaucoup de manifestations contre la guerre se sont déroulées dans beaucoup de villes en Israël, en Cisjordanie et dans le Moyen-Orient, certaines avec des participations massives. Dans la bande de Gaza, les manifestants sont parvenus à nouveau à ouvrir une brèche dans la frontière avec l’Egypte dans une tentative justifiée de briser le siège, mais ils ont rencontré le tir des gardes frontière égyptiens. Le Comité Suprême Arabe en Israël a déclaré une grève commerciale et une grève semblable a été déclarée en Cisjordanie. Des manifestations en Cisjordanie et à Jérusalem ont été férocement réprimées. Sous le couvert de la guerre, la police et les militaires augmentent leurs moyens de répression : au village Ni lin en Cisjordanie, par exemple, deux manifestants ont été tués par des tirs. A toutes les universités israéliennes, les manifestants ont été dispersés par la police anti-émeute.

    La répression des manifestations est accompagnée d’intensives incitations anti-arabe dans les médias de l’establishment, qui soutiennent la répression et décrivent les manifestations comme des troubles de l’ordre public. L’establishment entier est enrôlé afin de faire taire l’opposition et les protestations. L’extrême-droite relève la tête et avec elle les appels racistes pour attaquer les droits démocratiques des citoyens palestiniens en Israël.

    Dans le contexte de cette atmosphère super-militariste, une pression est également exercée sur les luttes des travailleurs. Le comité des travailleurs à l’Israeli Electric Corporation, par exemple, a suspendu la lutte des travailleurs contre les attaques qui suivent le début de la guerre.

    À Tel Aviv, le samedi soir, des centaines de militants juifs et arabes – comprenant des membres de Tnu’at Maavak Sotzyalisti – ont manifesté devant le ministère de la Sécurité. Nos camarades ont crié des slogans tels que le "Barak : ministre de la Sécurité, vous n’achèterez pas la loi avec du sang", " Juifs et Arabes refusent d’être ennemis", "On fait couler le sang pour le prestige des ministres", "Aucune paix, aucune sécurité, ne démantèlent la loi du Capital", "De l’argent pour l’enseignement et les emplois, pas pour la guerre et l’occupation", "Le gouvernement a créé un désastre à Gaza et à Ashkelon", "À Gaza et à Sderot, les enfants veulent vivre", "Plus de murs et d’abris – dialogues entre résidants", et d’autres encore.

    La conférence Socialisme 2008, organisée par nous un jour avant l’attaque, a été suivie par des dizaines de participants, y compris des résidants du Negev occidental tout comme des dirigeants de premier plan de travailleurs récemment en lutte. Lors de ce meeting, nous avons averti des dangers de la politique sécuritaire des partis gouvernementaux et de l’establishment et avons aussi averti qu’on ne peut pas faire confiance aux partis qui ne fournissent pas de sécurité économique pour fournir sécurité en cas de guerre et de terreur. Les lois du capital n’apporteront pas une vraie paix ou une vraie sécurité. Lors de ce meeting, l’organisation a exprimé sa solidarité avec les familles juives et arabes qui subissent cette situation, à Sderot, à Ashkelon, dans la bande de Gaza et les autres villes à proximité.

    Les journaux rapportent déjà la colère croissante des gens dans le Negev occidental concernant les conditions de vies très basses. De façon comparable à l’atmosphère qui a accompagné la deuxième guerre du Liban, la vague nationaliste diminuera, au fur et à mesure où les gens se rendront compte qu’ils sont trompés. Mais sans un large mouvement socialiste capable de proposer une alternative politique, il y a également des chances que les populistes de droite tels que Lieberman réussissent à exploiter la colère contre l’élite et sortent renforcés. C’est, naturellement, un vrai danger, et c’est une autre raison pour laquelle le besoin de construire un mouvement est un besoin critique.

    Le Mouvement Socialiste de Lutte appelle à:

    • Une fin immédiate aux bombardements ainsi qu’au reste des opérations militaires dans la bande de Gaza, et une pleine compensation financière du gouvernement israélien aux familles des victimes des deux côtés de la barrière
    • Un cessez le feu immédiat et complet qui comprend la fin du siège économique et financier des habitants de la Bande de Gaza et la fin des opérations militaires dans les Territoire Palestiniens, Stop aux tirs de roquette contre les habitants du Sud de l’Israël
    • Continuer les manifestations communes de Juifs et Arabes contre la guerre à Gaza, contre la séparation nationale, contre le conflit et contre l’extrême-droite
    • La fin de la répression policière et militaire du droit de manifester et à la fin des incitations anti-Arabes institutionnalisées, nationalistes et racistes
    • La fin des jeux sur la peur des gens en Israël par l’establishment capitaliste, à la fin de l’instrumentalisation de la vie des habitants à des fins électorales et à la fin du recours aux soldats comme chair à canon.
    • La fin des aventures militaires de l’élite dirigeante et de ses tentatives de cacher les problèmes politiques et sociaux de cette manière
    • Un échange de prisonniers complet qui inclut la libération du soldat Gilad Shalit
    • Un dialogue direct entre habitants israéliens et palestiniens, à un renforcement des liens entre travailleurs et organisations sociales des deux côtés de la division nationale
    • La construction de larges partis socialistes composés des travailleurs, tant en Israël que dans les Territoires Palestiniens, qui puissent mener la lutte pour résoudre les problèmes sociaux, ce qui comprend le conflit israélo-palestinien
    • Retirer l’armée des Territoires Palestiniens et à retirer toutes les mesures d’oppression et d’occupation imposées aux masses palestiniennes comme les checkpoints, le mur de séparation ou les colonies. Non au annexions de terres, des échanges de terres uniquement sur base d’accord complet et démocratique entre travailleurs et pauvres israéliens et palestiniens.
    • Une véritable sécurité et une véritable paix, à la fin du conflit israélo-palestinien et à la fin aux interventions et dictats militaires, politiques et économiques menés par les grandes puissances sur les masses du Moyen Orient et menés par le gouvernement israélien dans les Territoires Palestiniens et les Etats voisins.
    • Une lutte pour un Israël socialiste à côté d’une Palestine socialiste indépendante aux frontières déterminées démocratiquement par des discussions directes entre représentants des habitants et avec des garanties de pleine liberté de mouvement, à une lutte pour que Jérusalem soit la capitale commune des deux Etats socialistes, avec des règles autonomes des deux côtés de la ville.
    • Une lutte unifiée des masses du Moyen-Orient pour de bonnes conditions de vie, pour la paix et pour le socialisme, pour un Moyen-Orient démocratique et socialiste avec des droits garantis pour tous les groupes et minorités.
  • Contre les patrons et le gouvernement, luttons pour l’emploi!

    19 mars, Bruxelles, 13 h gare du Midi

    Il y a un an nous avons lancé l’appel à un nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi. Blokbuster et Résistance Internationale, campagnes du MAS, ont invité les jeunesses syndicales FGTB et CSC à l’organiser pour l’automne 2004. Finalement un accord est intervenu pour une Marche des Jeunes le 19 mars 2005. Les jeunesses syndicales estimaient qu’il fallait prendre plus de temps pour mobiliser.

    Nikei De Pooter

    Nous avons lancé cet appel pour la Marche des Jeunes afin de mettre le doigt sur les problèmes concrets dans la société. Nous voulons montrer comment on peut résister à la montée du chômage des jeunes, au travail intérimaire, aux attaques contre les chômeurs, à la dégradation des conditions de travail.

    Le patronat et le gouvernement ont lancé une offensive de grande envergure contre les acquis des travailleurs et des jeunes. D’une part, une chasse aux chômeurs est organisée – surtout une chasse aux jeunes chômeurs – et les suspensions pleuvent. Le gouvernement veut forcer les chômeurs à accepter du travail flexible et/ou mal payé. D’autre part, les patrons veulent faire allonger le temps de travail et reculer l’âge de la pension pour faire encore plus de profits.

    Sur le terrain, les comités locaux pour la Marche des Jeunes, en collaboration avec les jeunesses syndicales et différentes organisations de gauche et de jeunes préparent activement la manifestation du 19 mars. Le MAS stimule aussi, là où c’est possible, la mise sur pied de comités pour la Marche: comités de chômeurs, de militants syndicaux, de lycéens,… Malheureusement le matériel national de mobilisation des syndicats n’est disponible que depuis peu. Les directions syndicales nationales ont surtout essayé d’éviter de donner un caractère radical à la Marche des Jeunes pour l’Emploi. Alors qu’au début, il y avait peu d’autres organisations pour soutenir la Marche, les directions syndicales ont tout d’un coup fait figurer sur l’affiche les mouvements de jeunes des partis gouvernementaux responsables de la politique antisociale.

    Dans les années 80, les Marches des Jeunes se sont appuyées sur une mobilisation de longue haleine des syndicats dans les entreprises, les écoles et les quartiers. Les comités locaux ont mobilisé à la base pendant une plus longue période.

    Nous vous appelons tous à venir manifester dans le groupe du MAS et d’assurer, ensemble avec nous, que cette Marche des Jeunes ne soit pas une City pa-rade récupérable par les partis traditionnels. Ça doit être une marche dynamique, animée par des revendications combatives:

    – Il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs !

    – Pas de statuts précaires, mais des emplois stables avec un bon salaire !

    -32 heures sans perte de salaire, avec embauche compensatoire !

    Ces questions resteront à l’ordre du jour après la Marche des Jeunes. La campagne a lancé une certaine dynamique de résistance à la politique antisociale du gouvernement et du patronat. Cette marche est un premier pas. Nous devons construire une opposition de gauche au sein des syndicats, un instrument politique pour les mouvements de lutte et un courant révolutionnaire dans les entreprises et la société.

    Voilà pourquoi nous vous appelons à construire, pas à pas, un rapport de forces et de rejoindre le MAS, l’alternative socialiste.

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