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Tag: Cheminots
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France : Solidarité avec les cheminots en grève !
Face à la grève des cheminots le gouvernement Valls-Hollande est pire que la droite
Le face à face entre les cheminots et le gouvernement est porteur de nombreux enjeux. Après 2 ans de politique au service des riches, de plans d’austérité et de poursuite de la même politique que Sarkozy, la résistance contre la réforme actuelle de la SNCF, qui vise autant les usagers que les cheminots, est un encouragement pour tous ceux qui en ont assez de la politique d’Hollande-Valls.
Par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Une partie considérable des travailleurs de la SNCF a fait grève, de manière largement majoritaire chez les conducteurs, les agents du triage, des ateliers et techno-centres… qui sont les secteurs qui subissent le plus le démantèlement du service public du transport ferroviaire. Le pourcentage « officiel » de grévistes inclut les cadres, les directeurs etc. qui sont en surnombre dans une SNCF devenue entreprise commerciale et donc ne représente pas la réalité.
Les raisons de la grève sont entièrement justifiées
Le gouvernement PS et ses amis écologistes, les médias et politiciens qui le soutiennent ne sont pas à un mensonge près. Ils présentent cette réforme comme « indispensable ». Ce serait pour faire face à l’ouverture à la concurrence et à la libéralisation du Rail européen et parce que la SNCF serait « fragilisée ». Mais qui a créé une telle situation ?
La libéralisation du Rail (comme celle de la distribution postale, du Ciel, de l’eau, de la Santé et demain l’Education) a été voulue et organisée par les différents gouvernements. Ne réussissant pas à démanteler et privatiser les services publics ferroviaires dans un face à face national, les gouvernements européens ont créé une contrainte en établissant une libéralisation à l’échelle de l’Europe. Le transport ferroviaire devient un marché dans lequel des grands groupes se partagent le gâteau des lignes rentables pendant que les usagers payent de plus en plus cher et doublement : par le prix du billet et par leurs impôts puisque les transport régionaux sont subventionnés par les Régions. Et les syndicats cheminots ont largement raison de pointer la question de la dette de la SNCF (plus de 40 milliards d’euros) que l’Etat refuse de prendre en charge alors que c’est lui qui l’a contracté en faisant sa politique de ligne à grande vitesse partout au détriment de la rénovation des lignes régionales. Cette dette sera évidemment payée par les usagers et les cheminots, les uns avec une hausse continue du prix du billet, les autres par une dégradation de leurs conditions de travail.
La réforme vise à créer 3 entités dite publiques mais qui seront de droit privé (des EPIC). Il accède ainsi en partie à l’exigence des cheminots de ne plus être divisés entre RFF et SNCF mais dans la réalité, il restera une différence entre SNCF infrastructure et SNCF voyages, ce qui sera toujours source de complications administratives. Et l’entité qui chapeautera le tout sera une entreprise purement commerciale, donc aisément transformable en entreprise à but exclusivement financier et facilement privatisable. Derrière le baratin du gouvernement, c’est donc bien un pas de plus vers la disparition du service public. C’est déjà ce qui avait été fait, avec les réformes successives qui ont abouti à la séparation en deux pôles, RFF et SNCF, à l’époque de Jospin et confirmé par les gouvernements à sa suite. Le gouvernement Hollande aujourd’hui ne fait que poursuivre une politique qui en 15 ans et a transformé l’entreprise en profondeur diminuant les acquis des salariés et des usagers. Très peu d’embauches de vrais cheminots et cheminotes, une transformation de la SNCF voyageurs en entreprise privée en terme de fonctionnement, des prix exorbitants, des casses à répétition et des accidents réguliers et parfois dramatiques faute d’investissement !
Avec cette réforme, la SNCF de demain sera dirigée pour des groupes d’actionnaires pour qui ne compteront que les dividendes sur actions. Déjà la SNCF possède des centaines de filiales (Keolis, Geodis…) et des lignes à l’étranger dans lesquelles les salariés sont sur exploités et n’ont pas le statut de cheminot. Le gouvernement prétend qu’il ne sera pas touché au statut de cheminot mais il a multiplié ces dernières années via l’ANI et autres, des attaques sur les droits mêmes les plus basiques des travailleurs…C’est la même chanson que pour les libéralisations et privatisations précédentes (Telecom, Poste, Santé…). Résultat : disparition des statuts, embauche de précaires et de personnels sous payés… et pour quel gain ? Dans les telecom, on est passé d’un service public à un monopole occupé par quelques opérateurs qui pratiquent des tarifs exorbitants.
C’est pour toutes ces raisons que les cheminots ont largement raison de faire grève et qu’il faut continuer jusqu’au retrait de la « réforme » et son remplacement par un retour à un statut de service public.
- Pour la victoire de la grève des cheminots !
- Non à la casse de la SNCF, retrait de la « réforme » en cours !
- Maintien intégral du statut des cheminots, et extension à tous les secteurs travaillant dans le cadre de la SNCF !
- Pour un service 100% public du transport ferroviaire, sous contrôle et gestion démocratique des cheminots et de la population, fonctionnant pour satisfaire les besoins de transport et non le profit !
Un gouvernement qui a le même ton que la droite contre les grévistes
Hollande et Valls se sont vite exprimés pour condamner la grève : « irresponsable… inutile… pas tolérable », «Il faut savoir arrêter une grève ! » (pas très original) ou l’autre « il n’y aura pas de report du débat ». Le tout accompagné d’un ton extrêmement ferme, Valls prend de plus en plus goût à la méthode répressive : « je n’ai qu’une certitude: prendre un autre chemin nous conduirait à l’échec », a-t-il dit. « Il faut (…) de la fermeté, de l’autorité pour gouverner la France ». Cela va bien au delà d’une critique de la grève et Sarkozy ou autre aurait largement dit la même chose.
La volonté est claire, le gouvernement se doit de faire passer cette réforme car il se doit de faire passer toute sa politique contre les travailleurs et la population. D’ailleurs la droite UMP ne s’y trompe pas et apporte un soutien à peine voilé au gouvernement, largement alimenté par sa haine des cheminots et surtout des syndicats CGT et SUD. Ils détestent les cheminots et leur rôle emblématique depuis tant d’années notamment en 1995 contre Juppé qui avait du reculer sur son plan de casse de la sécurité sociale. Mais surtout le PS se veut un parti représentant les intérêts des grands patrons alors que l’UMP est dans une crise profonde. Ils veulent montrer qu’ils peuvent « réformer » dans le sens des intérêts des riches, des banques et des grands actionnaires, les grosses entreprises encore publiques comme la SNCF ou la Poste pour en tirer un maximum de bénéfices. L’enjeu c’est évidemment d’offrir le gâteau promis aux grands patrons et de refuser de reculer devant une lutte de travailleurs afin de continuer la politique d’austérité et de casse des services publics et du droit du travail.
Le plus affligeant c’est que Valls prétend que c’est cela où alors « la gauche va disparaitre ». Mais quelle gauche ? Si c’est celle de la politique de Valls alors tant mieux si elle disparait, car ce n’est pas une question d’étiquette. Cette gauche là n’est plus de notre camp, et ce ne sont pas les quelques gémissements d’EELV et des pseudo opposants internes au PS qui laissent penser autre chose : tous vont voter la réforme de la SNCF.
Il nous faut une riposte de l’ensemble des travailleurs
Ce que craint ce gouvernement, c’est l’établissement d’un véritable rapport de force de l’ensemble des travailleurs, des jeunes, des chômeurs, des précaires, des retraités… contre sa politique et son plan d’austérité. La lutte des cheminots peut aider à construire ce rapport de force. Les syndicats qui ont lancé cette lutte, les assemblées générales des cheminots sont autant de moyen de développer cela plus encore. Il faudrait un appel clair de tous les syndicats qui refusent le pacte d’austérité et les autres attaques du gouvernement à soutenir les cheminots et participer aux manifestations.
Tout les pas en avant que peuvent faire les cheminots, les intermittents et précaires en lutte sera un pas en avant pour l’ensemble des travailleurs.
Le gouvernement va continuer une série d’attaque pour mettre en place son pacte d’austérité, les salaires vont être encore gelés, les services publics dégradés, dans le privé il y aura encore plus de facilité pour baisser les salaires ou licencier. Il nous faut une journée de grève d’ensemble, contre la politique du gouvernement, les bas salaires, les mauvaises condition de travail… Une telle journée, avec un appel clair à bloquer l’économie par la grève et par des blocages de masse, des dizaines de milliers de travailleurs, de jeunes, de chômeurs pourraient s’en saisir et ce serait un pas en avant pour construire la lutte contre la politique de Hollande-Valls.
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Action du SACT : "obliger les conducteurs de train à rouler revolver sur la tempe si nécessaire" ?
Plus de moyens pour le personnel et des conditions de travail sécurisées
Le Syndicat autonome des conducteurs de trains (SACT) a fait grève début novembre contre l’augmentation de la charge de travail pour les conducteurs de trains, un point renforcé par les nouveaux horaires en application à partir de décembre. Le temps de changement du poste de conducteur pendant le trajet est parfois limité au strict minimum. Le syndicat s’est également plaint de suspensions de conducteurs sur base d’un examen réalisé par un service externe pour la prévention et la protection au travail, Corporate Prevention Services (CPS) dans lequel les conducteurs doivent répondre à des questions relatives à leurs problèmes de sommeil.
Cette grève a entraîné nombre de débats publics, y compris dans les médias, les réactions ont parfois été très vives contre les conducteurs en grève. Ainsi Hautekiet, sur la radio flamande Radio 1, a estimé que la résistance du SACT était égoïste et allait même à l’encontre de la sécurité à cause de son opposition à cette enquête concernant les conducteurs. A aucun moment la grève n’a été placée dans son contexte, elle a été tout simplement été décrétée inutile. Il n’est donc pas surprenant que les auditeurs de la radio se soient entièrement laissés embarquer dans une grande hostilité à l’égard des actions. Quelqu’un a même écrit sur la page web de Hautekiet que les conducteurs de train ‘‘doivent si nécessaire cessaire être obligé de conduire sous la menace d’un révolver sur leur tempe.’’ Ou encore, que le marché devrait être ouvert aux Européens de l’Est, parce qu’ils ont déjà prouvé ‘‘leur engagement et leur force de travail dans la navigation intérieure par exemple.’’ Les autres syndicats ont froidement réagi, laissant par là-même encore plus de d’espace à l’offensive médiatique. Jean- Pierre Goossens, secrétaire de la CGSP-Cheminots, a qualifié l’action de ‘ ‘frappante’’. Luc Piens, de la CSC transcom, a parlé d’une action ‘‘incompréhensible’’.
N’ont-ils pas tiré les leçons du temps où LOCO, le syndicat indépendant des conducteurs de train, a connu sa percée ? De nombreux conducteurs avaient quitté les syndicats pour construire leur propre syndicat et la seule réponse qu’ils ont reçue était la diabolisation. En condamnant la grève du SACT, alors que la grève repose sur des préoccupations légitimes, ils menacent d’isoler certains militants parmi les conducteurs des organisations reconnues. Cela rend plus difficile de mener des actions unitaires et ouvre la voie à une fragmentation syndicale dans des groupes professionnels spécifiques. Luc Pauwels, du SIC (Syndicat Indépendant des Cheminots) a été plus prudent. Il a déclaré comprendre les frustrations des conducteurs, mais a précisé qu’il considérait que les négociations en cours étaient prioritaires.
Les dirigeants de tous les syndicats reconnus trouvent tous que les négociations devraient être prioritaires et qu’il est trop tôt pour faire grève. Mais ce qui est sur la table est encore très flou. Les organisations reconnues semblent se concentrer sur la question de ‘‘l’apnée’’, tandis que les revendications du SACT couvrent bien plus que cela. Le système malhonnête des primes, le manque de pauses, les horaires lourds et les pertes de salaire en cas de suspension préventive sont des points repris par ce syndicat. C’est également triste de lire que les syndicats demandent aux conducteurs d’avoir une certaine compréhension pour la pénurie de personnel qui les frappe.
Le SACT s’oppose aux questionnaires de prévention externes et veut seulement une enquête si le conducteur le souhaite. Libre Parcours (feuille syndicale de cheminots combatifs) comprend cette opposition du SACT à cause de l’impact sur le conducteur. Mais l’apnée du sommeil est une condition médicale à ne pas sous-estimer et qui peut être traitée. Tant pour les conducteurs que pour les passagers, il serait mieux de défendre le paiement de la totalité du salaire et des primes pour le temps que le conducteur ne peut pas conduire. Pour beaucoup de conducteurs, les primes représentent après tout environ 30 % de leur salaire net, il ne faut donc pas sous-estimer la perte si le conducteur ne peut pas conduire pendant un mois et perd toute sa prime. En incluant les primes dans les barèmes ce problème serait réglé plus généralement.
Il serait également utile d’exiger une analyse à grande échelle sur les troubles du sommeil et ses causes. Cela pourrait être effectué en consultation avec d’autres secteurs où une plus grande flexibilité et des quarts de travail qui exigent de travailler des heures indues posent des problèmes similaires. Sur cette base, une adaptation de l’horaire de travail pourrait être revendiquée. Cela serait bénéfique pour les conditions de travail, pour la santé du personnel et donc aussi pour la sécurité du personnel et des voyageurs.
Parmi les cheminots, on discute du fait que le SACT a mis en place son propre travail syndical et commence à se construire maintenant du côté néerlandophone où au moins dans un dépôt un grand nombre de conducteurs l’a rejoint. Nous comprenons que certains conducteurs font ce pas, même si nous mettons l’accent sur les avantages d’un syndicat plus large afin d’unifier tout le personnel. C’est principalement parce que l’ensemble du personnel n’est pas impliqué dans une lutte unitaire du personnel et des voyageurs qu’il existe un espace pour de plus petites fédérations et des groupes professionnels spécifiques.
Selon Libre Parcours, nous serions plus forts en agissant ensemble, sur base d’un plan d’action construit par la base et axé sur une lutte unifiée de l’ensemble du personnel, au-delà des frontières syndicales et avec une orientation vers les voyageurs. Après tout, les voyageurs aussi souffrent des conséquences de la charge de travail accrue du personnel : moins de ponctualité, trains annulés, trains bondés,… De plus l’augmentation de l’insécurité du travail du conducteur a aussi un impact sur les voyageurs.