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Tag: Charles Michel
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Le PS de Magnette accusé d’être de gauche… On aura tout vu !
La rentrée politique s’est bien passée, merci pour elle ! Tout était bien dans l’ordre, chaque parti traditionnel jouant bien son rôle. C’était musculation & Cie, aucun des partis traditionnels n’ayant intérêt à dire que tous font et vont continuer à faire la même politique. En bons comédiens, ils s’activent l’un contre l’autre sur scène pendant que, une nouvelle fois, les travailleurs et leurs familles n’ont qu’à regarder. Et payer, parce qu’en coulisse, soyez-en sûrs, tous sont unis pour faire quand même payer quelqu’un ; et ce ne sera pas la bourgeoisie.
Par Stéphane Delcros, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Niveau médiatique, le Mouvement Réformateur n’a pas loupé sa rentrée. Après avoir parlé de ‘‘berlusconisation de la Wallonie’’ concernant le Parti Socialiste et le dossier du rachat des Éditions de L’Avenir par Tecteo début septembre, Charles Michel lançait quelques jours plus tard un ‘‘Anne Demelenne, sors de ce corps !’’ à Paul Magnette qui défendrait des ‘‘idées bolchéviques’’. Pauvre MR qui, malgré sa volonté, ne réussit pas à se faire passer pour le ‘parti principal de la bourgeoisie’, rôle qui a été réquisitionné par le PS pour son propre compte. Alors à défaut de pouvoir réellement se distancer du PS au niveau programmatique, le MR se voit depuis longtemps obligé de lancer de grandes ‘phrases chocs’ qui ne pèsent pas lourd mais peuvent frapper beaucoup d’esprits. Bon, passons le dossier Tecteo : l’opacité et le manque de démocratie dont le PS fait preuve ne sont plus à démontrer. Le MR, d’ailleurs, fait rarement mieux. Le summum des manœuvres rhétoriques du chef de la droite francophone officielle réside évidemment dans la tentative d’assimilation de la secrétaire générale de la FGTB, Demelenne, à un élément de la gauche radicale dont Magnette s’inspirerait. C’est bien sûr ne rien comprendre aux dynamiques des rapports de force et des pressions exercées par la base syndicale sur les dirigeants syndicaux. Et, dans le cas présent, c’est même consciemment les nier.
Ce type de déclarations est bien sûr dans l’intérêt des deux parties : elles permettent au MR de rappeler qu’il est bien de droite et de continuer à essayer de faire croire que le PS est de gauche. Il tente ainsi de pérenniser un soi-disant affrontement gauche-droite et espère que les gens y croiront, malgré l’évidence de plus en plus forte que le PS ne joue plus un rôle progressiste depuis longtemps.
Ce n’est pas autre chose qui est mis en avant au niveau national, avec la N-VA cette fois. C’est dans l’intérêt des deux parties que la N-VA représente ‘la Flandre de droite’ et le PS ‘la Wallonie, la gauche et les syndicats’. Rien de tel que de tenter de rassembler ses troupes face à ‘l’ennemi ultime’. D’autant qu’à la N-VA, on commence à comprendre qu’il ne suffit pas seulement d’être anti-establishment pour attirer des électeurs.
Tout cela plaît évidemment du côté du PS. Tant d’énergie dépensée – et surtout par les autres! – pour faire oublier qu’il mène des politiques néolibérales avec le gouvernement fédéral depuis 1988, pour continuer à faire croire qu’il est de gauche, et est le relais syndical par excellence. Voilà qui plaira évidemment à Magnette qui se voit de plus en plus mis sous pression notamment par les scores plus élevés du PTB dans les sondages. Et ils ont raison de s’inquiéter car, comme l’appel de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut le démontre, la possibilité d’un premier pas vers un nouveau pôle de gauche, qui pourrait devenir majeur, est en train d’être discutée.
Car à la base des syndicats, ça grogne depuis un bout de temps. Une base qui est, de loin, bien plus à gauche que Demelenne, par ailleurs membre du PS, et dont beaucoup de militants syndicaux ont souvent le sentiment qu’elle est plus occupée à essayer de trouver un moyen d’adoucir la résistance syndicale là où ils voudraient surtout essayer de garantir les acquis sociaux.
Beaucoup de travailleurs savent que l’on devra passer par un affrontement gauche-droite, mais un vrai, avec un réel instrument politique dans leurs mains. Donc un instrument autre que ces partis – PS, SP.A, CD&V,… – qui se servent du lien privilégié historique avec le syndicat pour étouffer toute contestation et continuer ainsi la politique d’austérité au profit de la bourgeoisie.
Le processus lancé à Charleroi et la brochure qui le prolonge peuvent être un premier pas vers la reconstruction d’un relais politique pour notre classe, orpheline d’un tel outil dans et autour duquel organiser les luttes. Des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de chômeurs et de pensionnés n’attendent que ça, et des centaines de milliers d’autres attendent de voir avant de s’enthousiasmer.
Depuis longtemps le PS n’est plus de gauche. Le processus est irréversible. Et depuis longtemps, la classe des travailleurs a besoin d’un nouvel outil politique, large et accessible à tous ceux qui veulent lutter, avec lequel elle pourrait se défendre, résister, et même passer à l’attaque contre un système économique qui, lui aussi, est irréversible.
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L’accord sur BHV ne mettra pas fin aux conflits communautaires
Après 460 jours de négociations, les huit présidents de partis ont réussi à se mettre d’accord sur la scission de l’arrondissement électoral Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). Bien que les partis communautaires N-VA et FDF crient à la trahison, nombreux sont ceux qui espèrent qu’il y aura enfin un gouvernement. Cet espoir est-il justifié? Et est-ce enfin la fin des querelles communautaires?
Après la rupture des liens entre le CD&V et la N-VA, le MR a maintenant largué le FDF. La pression a été énorme, entre autres avec l’annonce du départ de Leterme. Accorder plus de responsabilités au gouvernement en affaires courantes n’était plus à l’ordre du jour. Le président du MR, Charles Michel, s’est enfin déclaré favorable à la scission de BHV, même si cela coûte beaucoup de voix pour son parti dans la périphérie flamande autour de Bruxelles et même s’il a dû lâcher le FDF. Que Michel ait voulu payer un prix si élevé, démontre que son parti, ou ce qui en reste, se veut un partenaire fiable dans le prochain gouvernement.
La scission de BHV permet de voter pour des listes bruxelloises dans les six communes à facilités. Les autres communes seront jointes à l’arrondissement électoral de Leuven. Côté flamand, cette scission est perçue comme ‘pure’ et, côté francophone, on accentue le lien entre les six communes à facilités et Bruxelles. Ainsi est né un ‘compromis à la belge’ où restent présents tous les ingrédients pour de nouvelles éruptions communautaires. Cet accord conduira à de nouvelles contradictions.
Il semble que l’on tentera de former un nouveau gouvernement, mais ce ne sera pas facile. Le problème principal est qu’il n’existe pas de moyens financiers pour cimenter de nouveaux accords communautaires. Sans doute les partis communautaires misent-ils sur ce fait pour jouer la carte sociale face aux pénuries à Bruxelles (pour le FDF) et à l’opposition contre l’austérité en Flandre (pour la N-VA). Les discussions sur la loi de financement, les moyens financiers supplémentaires pour Bruxelles et le budget 2012 (avec les 7-8 milliards d’euros de coupes d’austérité) ne seront pas faciles.
Avec les austérités que le gouvernement fédéral imposera, des austérités sur le plan régional seront inévitables. Au sein du CD&V, par exemple, Kris Peeters s’oppose aux coupes d’austérité flamandes. Sans doute la N-VA s’y opposera au sein du gouvernement flamand avec l’argument que les flamands ont déjà assez payé. Ainsi, ce parti, qui réclame une austérité importante sur le plan fédéral, peut se profiler au niveau flamand contre une politique d’austérité imposée par les partis qui, face à la N-VA, ont revendiqué une politique d’austérité plus modérée.
Dans la périphérie, les problèmes ne sont pas réglés non plus. L’année prochaine, il y aura des élections communales et les partis communautaires gagneront. Les bourgmestres francophones seront-ils nommés? La scission de BHV ne signifiera pas qu’il n’y aura pas de listes francophones dans la périphérie. Lors des élections parlementaires prochaines, normalement prévues en 2014, le FDF peut se présenter dans la périphérie. Maintenant que le FDF ne doit plus rendre des comptes au MR, il n’est pas exclu que le FDF mette sur pied ses propres mobilisations. Les nationalistes flamands ont déjà organisé une manifestation à Linkebeek le 18 septembre avec quelques milliers de personnes. La circulaire-Peeters existe toujours, ce qui conduira à des conflits judiciaires. À Bruxelles il n’y aura pas les moyens de s’attaquer aux énormes pénuries (entre autres sur le plan de l’emploi, le logement, l’enseignement,…).
Les contradictions communautaires existeront aussi après l’accord sur BHV. La politique d’austérité qui s’imposera inévitablement augmentera le ressentiment face aux partis établis et offrira l’espace aux partis communautaires de se renforcer sur base d’un sentiment anti-establishment. Le FDF verra ainsi une possibilité de survie, peut-être aussi après les élections parlementaires de 2014 où le FDF défendra ses trois élus (et les moyens financiers qui en découlent).
Tant que les dirigeants syndicaux nous lient à la politique d’austérité des partis traditionnels ‘responsables’, les partis communautaires auront l’espace de se positionner face à la politique d’austérité. La discussion concernant le nécessaire prolongement politique des revendications et des besoins des syndicalistes continuera à être à l’ordre du jour. Le départ des politiciens issus de l’aile ouvrière du CD&V, Leterme et Vervotte, conduit déjà à une discussion au sein du mouvement ouvrier chrétien. Le nouveau président du SP.a, Tobback, a déjà mis en garde la FGTB flamande de ne pas lancer trop de critiques envers le parti… Probablement Di Rupo continuera-t-il à présenter le PS comme le ‘moindre mal’ face à la pression de la droite, mais combien de temps cette histoire du ‘moindre mal’ tiendra-t-elle encore dans un contexte de coupes d’austérité?
Le paysage politique du capitalisme belge d’après guerre ne fonctionne plus. Il doit être redessiné. Le mouvement ouvrier ne peut pas adopter une politique attentiste et laisser l’initiative aux aventuriers de toutes sortes. Il a besoin de son propre instrument politique, voilà la conclusion que devraient tirer le sommet de la CSC et ses collègues de la FGTB.
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La facture doit être payée par les responsables de la faillite néolibérale !
La crise du néolibéralisme entraîne le monde entier dans une crise économique et sociale destructrice. Les Belges aussi se préparent à des années difficiles. Seul Leterme fait semblant de garder le moral.
Pour établir son budget 2009 il y a quelques semaines, le gouvernement a osé se baser sur une prévision de croissance économique de 1,2%, alors même que toutes les institutions internationales affirmaient déjà alors que 2009 serait une année de récession pour l’Union Européenne et que notre pays se trouvait dans une situation particulièrement défavorable.
Mais ce point de départ fantaisiste n’est pas le seul problème de ce budget. Les revenus sont surestimés ou carrément inventés. A l’inverse, les dépenses sont sous-estimées. C’est ce qu’on appelle un budget électoral. C’est-à-dire mensonger. Les commentaires les plus réalistes disent à propos de la crise que « Nous nous trouvons juste au début, le plus terrible est encore à venir ». Il est donc clair qu’une facture de plusieurs milliards d’euros nous sera donc présentée après les péripéties de juin.
Pendant ce temps, au sein du gouvernement, c’est tous les jours fiesta et confetti, règlements de compte et coups sous la ceinture. Reynders dénonce la mainmise « soviétique » du PS sur la Wallonie. Di Rupo flingue Reynders qui « parle à l’oreille des riches » et son MR qui « rêve qu’il n’y ait plus de service public ». Karel De Gucht (VLD) s’oppose à l’opération Fortis-Paribas orchestrée par Reynders. En retour, le même De Gucht, pataugeant dans un possible délit d’initié concernant un confortable paquet d’actions Fortis, se voit invité à demi-mots par Reynders à faire ses valises du gouvernement…
La catastrophe qui se déroule au Congo donne une nouvelle occasion des’étriper aux libéraux du Nord et du Sud. Le ministre VLD des Affaires étrangères De Gucht (et oui, encore lui !) s’en prend une nouvelle fois à Kabila, met brutalement en cause la politique menée au Congo par son prédécesseur Louis Michel et dénonce les ingérences du ministre de la Coopération au développement Charles Michel (le fiston de l’autre) dans « sa » politique congolaise. Lequel répond en faisant remarquer benoîtement que les dirigeants du monde entier, sauf De Gucht, parlent à Kabila, avant de conclure, grand seigneur, que lui ne veut pas être « un homme qui crée polémique et problèmes ».
Mais l’un comme l’autre se gardent bien de reconnaître la responsabilité écrasante de la Belgique – et de quelques-uns de leurs amis en particulier – dans les drames que vit le Congo. Le pillage des richesses par les sociétés occidentales est à la base de la lutte entre les différents groupes locaux. Des dirigeants du VLD ont activement participé à ce pillage, comme Pierre Chevalier qui a dû démissionner de son poste de représentant spécial du gouvernement belge au Conseil de Sécurité des Nations unies en raison de ses liens avec l’industrie minière au Congo, et plus particulièrement avec le groupe belge Forrest, accusé de contrebande et de corruption en Afrique.
La crise du néolibéralisme va faire tomber les masques à grande vitesse. L’élite économique et politique et ses scribouillards des médias ont une responsabilité écrasante dans le grand mensonge qui consistait à faire croire que le néolibéralisme apporterait prospérité à chacun alors que seules les poches qui se sont remplies sont les leurs.
La facture du fiasco néolibéral doit être présentée à ses responsables. Cela ne pourra se faire qu’en en finissant avec leur système de profit dans le secteur bancaire, la santé publique et l’enseignement, la sécurité sociale et les retraites,…
Toutes les variantes politiques du néolibéralisme – bleue, rose, verte, orange… – partagent la responsabilité du chaos et ne présentent aucune alternative.
Le mouvement ouvrier ne peut pas marcher dans le piège selon lequel il existerait une forme acceptable de néolibéralisme « assagi » et de marché libre « régulé », comme le clament le PS et des parties importantes des directions syndicales. Nous devons construire notre propre parti, avec et autour de la base syndicale, pour défendre les revendications syndicales. Un tel parti sera un instrument essentiel dans le développement d’une alternative au capitalisme et à sa crise.