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  • Les Dolomies – Marche Les Dames : Norme salariale de 0,3 % explosée !

    Alors que nous sommes au tout début d’une longue lutte contre les mesures d’austérité du gouvernement papillon, il est intéressant de repenser aux enseignements que l’on a tirés des négociations sur l’AIP de 2011-2012 et de la lutte qui s’en est suivi.

    Par Alain (Namur)

    Cette période est riche de leçons : refus de la base syndicale face à l’accord, arrogance du patronat, complicité des partis traditionnels, manque d’organisation de la lutte,… avec pour résultat une norme salariale de 0,3%. Malgré tout ça, dans certains secteurs, cette norme a été brisée grâce à l’activité de délégations syndicales combatives. C’est le cas des carrières de Marche-les-Dames (Namur), où nous avons pu rencontrer et discuter avec Pedro Pereira, délégué FGTB.

    L’histoire des carrières

    Aux environ de l’année 1900, la famille Dumont et la famille Lhoist s’unissent et commencent à exploiter 3 carrières : Jemelle, Dumont-Wauthier et Marche-les-Dames. Dans les années ‘80, l’entreprise était au bord de la faillite, deux cousins ont racheté les parts et relancé l’entreprise. Ces carrières fournissent de la chaux pour différents secteurs : sidérurgie, environnement, verrerie, chimie et génie civil.

    En 2001, l’entreprise aux capitaux belges employait 8.000 personnes de part le monde. Aujourd’hui, elle en emploie 6.700, dont 3.500 en Europe et 800 en Belgique, répartis sur différents sites : Lhoist Jemelle, Les Dolomies à Marches-les-Dames, Dumont-Wauthier et Merlemont (qui fait de la pierre concassée de décoration). Le chiffre d’affaire de l’entreprise était de 110 millions d’euros pour 2011 au niveau mondial.

    La situation syndicale dans les carrières

    Il y a pour les carrières de grosses et de petites entreprises avec des délégations syndicales dans tous les gros groupes. Dans ce secteur (commission paritaire 102.09), les délégués négocient directement avec le patronat. Lors de la négociation pour l’accord interprofessionnel (AIP) de 2011-2012, les carriers étaient persuadés de pouvoir briser la norme salariale fixée à 0,3% d’augmentation salariale. Les petits patrons ont bien tenté de résister, mais le secteur entier a pu obtenir une augmentation de 1,2%.

    Après cette négociation sectorielle, les délégués ont négocié entreprise par entreprise, en sachant que dans les gros sites, le rapport de force était plus favorable. Pour le groupe Lhoist, si l’on compte les différents avantages acquis (assurance groupe par ex.), ils ont pu obtenir une augmentation de 4,22% ! Cela nous place évidemment bien loin des 0,3% de la norme salariale nationale, quatorze fois plus loin…

    Certains rétorqueront que ce n’est possible que dans est un secteur où la délocalisation est plus difficile, ce qui rend le rapport de force plus à l’avantage des salariés. C’est vrai, évidemment, mais le patronat fut particulièrement intraitable durant les négociations et fut appuyé par tous les partis politiques traditionnels.

    La construction d’une délégation de combat

    La délégation syndicale s’est implantée dans le groupe Lhoist en 1993. A partir de 1995, ils ont élaboré avec les travailleurs un cahier de revendications. Grâce à la lutte, celles-ci ont étés adoptées, mais pas pour l’ensemble des sites. Ce n’est qu’entre 1999 et 2001 qu’ils ont pu commencer à se battre pour une harmonisation des statuts dans les 3 usines du groupe. Ils ont obtenu les 35 heures pour les 3 usines du groupes et, jusqu’à 2010, ils se sont battus pour que les 3 usines du groupe connaissent des salaires équivalents.

    On le voit, les différentes situations des sites ont pu être harmonisées grâce à la solidarité des travailleurs. Pedro Perreira nous a ainsi expliqué que les travailleurs sentent que la délégation travaille pour eux. La confiance s’est construite au fil du temps, au fur-et-à-mesure d’explications et de discussions non seulement au sujet des victoires syndicales, mais aussi vis-à-vis des défaites, afin de pouvoir en tirer tous les enseignements.

    La délégation du site de Marche-les-Dames s’est battue pour préserver et développer l’emploi. Alors qu’en 1993 le site comptait 220 emplois, ce nombre est tombé à 137 CDI en 2000. La délégation s’est battue pour partager le temps de travail, ce qui leur a permis de remonter jusqu’à 157 personnes en 2008 (soit en pleine crise !). En 2011, le site comptait 167 CDI. Les luttes ont notamment concerné le passage des intérimaires en contrats stables afin de ne pas permettre le développement du recours aux sous-contrats, ce qui mine la force de frappe collective.

    L’austérité : une politique qui s’attaque à tous

    Les plans d’austérité du gouvernement Di Rupo 1er vont nous entraîner dans une profonde récession économique, et la misère va s’étendre et menacer de plus en plus de gens. De cela, la délégation syndicale des carrières à Marche en est bien consciente. Pour Pedro Perreira, il est scandaleux de s’attaquer aux plus faibles comme les chômeurs et les pensionnés alors qu’on continue à donner des cadeaux par milliards aux plus riches (déduction des intérêts notionnels par ex.). Le risque de destruction du tissu social est réel si on laisse ces mesures attaquer encore plus nos outils de solidarité, déjà dans un piteux état.

    Pour la délégation, il est temps de réagir. Il faut organiser le mouvement, le recréer, expliquer à nos proches, à notre entourage, à nos collègues, comment ils vont être touchés par ces mesures. Cela passe par un grand plan d’information et de sensibilisation. Il est à regretter que les Maisons du Peuple aient disparu. On en aurait bien besoin à l’heure actuelle, à nous de recréer un mouvement ouvrier puissant.

    La délégation de Marche-les-Dames a expliqué que nous avions besoin d’organiser la lutte pour que celle-ci soit efficace. C’est pour cela qu’elle a interpellé la direction de la FGTB sur le sens d’organiser une manifestation le 2 décembre (jour de la Saint-Barbe). Il n’est plus temps d’organiser des marches, il faut passer à l’action. C’est pour cela que les carrières ont participé, avec d’autres entreprises privées où se trouvent des délégations de la centrale générale, à la grève du 22 décembre qui ne devait pourtant initialement toucher que les services publics.

    Organisons la riposte contre la casse sociale

    Alors qu’aujourd’hui, on nous répète que la marge de manœuvre du gouvernement est faible pour nous décourager d’entrer en lutte, il faut commencer à reconstruire un mouvement ouvrier combatif autour d’un plan d’action se basant sur la volonté de lutte des travailleurs, la seule à même d’arrêter la casse sociale organisée par les capitalistes.

  • La plate-forme jeune en lutte pour l’emploi-Namur est lancée

    Ce mercredi 29 mars, a eu lieu la première action de la plate-forme jeune en lutte pour l’emploi Namur. Composée de trois organisations : la FGTB-jeune, la JOC et le PSL, les militants de ces trois organisations ainsi que des camarades de la FGTB-jeune de Charleroi et des camarades du PSL de Mons, Bruxelles et Liège ont été crié leurs revendications devant les portes du Forem et de L’ONEM.

    Par Alain, Namur

    Le rendez-vous avait été fixé à 10 heures devant le Forem, c’est là que ce sont retrouvés une petite vingtaine de militants bien décidés à se faire entendre. Alors que le chômage des jeunes atteint presque les 30% pour les jeunes de 20 à 24 ans dans toute la Wallonie, alors que les bénéficiaires du droit d’intégration sociale (DIS) sont pour un tiers des jeunes de moins de 24 ans, alors que face à cela les dirigeants politiques au service du capital et leurs institutions continuent à donner des millions d’euros au patronat pour que celui-ci veuillent bien nous engager, il était temps que la colère qui montait face à cette situation soit organisé.

    Afin d’instaurer un rapport de force dans la rue qui permette d’obtenir des améliorations dans les conditions de vie des jeunes et des travailleurs, la plate-forme s’est lancée à Namur avec comme première action une distribution de tract avec nos revendications principales : partage du temps de travail-32 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire, refinancement à hauteur de 7% du PIB, un CDI pour tous.

    Cette première action, bien que limitée en termes de personnes, a permis de rencontrer différentes personnes, la plupart témoignant de la sympathie vis-à-vis de notre action. Un débat sur l’avenir de l’emploi en Wallonie sera organisé le 20 mai par la plate-forme.

    Si toi aussi tu as envie de nous rejoindre pour lutter contre l’avenir de chômage et de misère qu’on nous prépare, rendez-vous le 20 mai, à 19h, au bâtiment de la FGTB !


    Voici ci-dessous le reportage de la télévision locale namuroise et un article de la Dernière Heure à ce sujet.

  • Pour la démocratie syndicale: Interview de Martin Willems

    Depuis septembre 2010, le secteur industrie de la section BHV du SETCa est privé de ses 5 permanents, licenciés brutalement pour « faute grave ». C’est le résultat de l’obstination des dirigeants du SETCa fédéral à vouloir se débarrasser d’éléments jugés gênants, gênants parce que combatifs. Martin Willems, l’un de ces cinq permanents licenciés, revient pour nous sur ces évènements et ses conséquences.

    Interview réalisée par Nico M. (Bruxelles), pour le mensuel Lutte Socialiste

    Nico : Quelles sont les enjeux importants derrière ces licenciements ? Quelles sont les derniers développements de la campagne pour votre réintégration ?

    Martin W. : Tout d’abord, ce qui est spécifique à notre syndicat et qui est essentiel dans cette affaire, c’est que les permanents syndicaux sont élus par la base réunie en assemblées puis en Congrès ; cette élection est remise en question au moins tous les 4 ans. Le contrat de travail découle « automatiquement » de cette élection. Ce n’est donc pas du tout les dirigeants qui décident si je suis permanent ou si je ne le suis pas, c’est la base, à laquelle nous devons rendre des comptes et répondre de nos éventuelles fautes.

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    Martin Willems sera présent au Week-end "Socialisme 2011" et animera une commission "Pour des syndicats démocratiques et combatifs", le dimanche 13 mars, de 13h à 15h30.

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    Ce licenciement est donc illégitime car décrété par des dirigeants seuls, qui ont à dessein évité de consulter la base à ce sujet. Suite à notre «licenciement », toutes les assemblées et le Congrès qui étaient justement prévus ont été annulés, nous privant de ce fait de la possibilité de nous justifier et nous défendre devant la base. L’assemblée générale est l’échelon de base de la démocratie syndicale. C’est le seul endroit où tous les militants peuvent s’exprimer. Le Congrès est l’organe souverain de notre section.

    Mais en ce début 2011, de nouvelles assemblées de secteur étaient prévues, notamment pour préparer les cahiers de revendication et les congrès sectoriels : une assemblée générale « services » le 26 janvier et une assemblée « industrie » le 8 février. Il faut savoir que l’assemblée « services » représente presque la moitié de toutes les entreprises de la section, dont 70 du secteur industrie.

    Lors de l’assemblée du 26 janvier, les militants ont exigé que la question de notre licenciement soit rajoutée à l’ordre du jour. Les dirigeants à la tribune, dont le président fédéral, se sont opposés à cette demande. Sous la pression de la salle, Bernadette et moi, qui étions dehors à distribuer des tracts, avons été invités à entrer ; les présidents de séance sont descendus de la tribune tout en restant dans la salle. Les travailleurs ont repris en main l’ordre du jour. On s’est exprimés, on a répondu à des questions, d’autres permanents ont voulu défendre la position des dirigeants fédéraux et finalement une motion a été votée à l’unanimité. En substance celle-ci demande notre réintégration en appuyant que c’est une revendication syndicale et que le syndicat ferait bien de montrer l’exemple de ce qu’il revendique dans les entreprises. Suite à cela la direction n’a pas bougé, et certains ont même avancé l’idée que l’assemblée n’avait aucune validité parce que nous étions invités.

    La deuxième assemblée a donné lieu à des manœuvres. La « direction » n’a par exemple invité les militants que d’une partie des entreprises du secteur et, quelques jours avant, a tout simplement annulé l’assemblée. Ils ont eu des craintes au vu de ce qui s’est passé le 26 janvier et parce que les militants attendaient cette réunion pour enfin que l’assemblée puisse s’exprimer sur le licenciement des 5 permanents. Cela démontre l’état d’esprit des dirigeants du SETCa et de notre section. Leur objectif d’éliminer les 5 permanents se fait au mépris du fonctionnement des instances démocratiques de la section et ils n’hésitent pas à mettre en difficulté les délégués dans cette bataille ridicule.

    Malgré l’annulation de l’assemblée et des congés syndicaux par la direction, L’assemblée s’est quand même tenue avec un nombre significatif de délégués et entreprises représentées. Après discussion et débat, la même motion à été votée à l’unanimité. De plus les militants présents ont émis l’idée que des actions plus conséquentes étaient nécessaires après cette longue période depuis notre licenciement où nous avons fait plus un travail d’explication et de conscientisation. Une délégation d’une trentaine de militants s’est donc dirigé vers les locaux place Rouppe pour rencontrer la direction fédérale. Une fois sur place celle-ci n’a pas daigné recevoir les militants mais a par contre appelé la police pour faire vider les locaux. Paradoxalement, la police a dû expliquer au SETCa qu’ils n’interviennent pas dans les conflits sociaux contre des militants pacifiques.

    Nico : Quelles sont les perspectives pour la suite de la campagne réintégration ?

    Martin W . : Nous sommes des syndicalistes donc nous croyons fermement à la conscientisation et à l’action collective de masse. On ne demande pas la pitié des militants ni des dirigeants mais bien de s’interroger sur la démocratie syndicale et le fonctionnement syndical aujourd’hui.

    On se bat pour notre réintégration mais aussi pour défendre les principes de notre organisation et de la démocratie syndicale.

    Notre combat s’inscrit dans la vie de l’organisation syndicale et on veut promouvoir dans notre combat une certaine conception du syndicalisme. Nous devons donc aussi intervenir sur les enjeux actuels que traverse le syndicalisme. Et l’AIP est un énorme enjeu. Pas seulement au niveau des chiffres qu’il contient mais aussi au niveau de principes extrêmement graves. Par exemple la norme salariale qui est devenue contraignante et plus ou moins de 0%. Autrement dit c’est purement et simplement une interdiction d’augmentation salariale. Ou encore accentuer les transferts d’argent public pour aider le patronat au niveau des indemnités ou des salaires minimums. On va où là ? Un jour ils n’auront même plus à payer les salaires. C’est l’argent public qui s’en chargera ? On est en train de violer des principes fondamentaux de notre conception des relations de travail. On peut aussi parler de la question des statuts ouvrier/employé. D’abord ce dossier n’avait rien à faire dans un AIP. Le patronat surcharge l’AIP pour pouvoir présenter certains dossiers où il ne pouvait pas ne pas reculer comme des concessions justifiant qu’il n’y ait pas d’avancée sur des points essentiels pour un AIP, comme la norme salariale.

    Dans le secteur industrie, nous connaissons bien le problème des différences de statut entre ouvriers et employés. Au quotidien on travaille en front commun avec les ouvriers. On a souvent la chance d’avoir une de confiance avec les centrales ouvrières suite à des luttes communes, par exemple avec les métallos chez IAC-FIAT. Aujourd’hui il est temps de réellement lutter contre ces discriminations entre employés et ouvriers, notamment sur les conditions de licenciement ; il faut s’aligner sur les meilleures conditions des employés. Et surtout ne jamais accepter une solution « entre les deux », au nom d’une vision patronale de la « solidarité » qui n’est que partager la misère. Le progrès social ne va que dans un sens. Sinon demain alors on peut trouver une aussi une solution d’ »entre-deux » pour niveler les pensions des fonctionnaires sur celles des travailleurs du secteur privé, ou encore dire que le CDI c’est injuste vis-à-vis des intérimaires. Avec une telle logique on va se faire baiser partout. On ne doit pas résoudre les problèmes en coupant la poire en deux. Ca veut dire qu’il faut faire quelque chose pour les ouvriers et c’est justement les employés, le SETCA, qui doivent mener le plus activement une telle lutte. Tant qu’il y aura des conditions moins favorables alors les meilleures seront toujours menacées.

    Pour Brinck’s par exemple, il y aurait fallu idéalement une lutte dans tout le secteur du transport de fonds, avec G4S, pour passer tout le secteur sous le statut employés et éliminer la « concurrence » déloyale en alignant sur le haut. En plus avec seulement 2 entreprises on pouvait bloquer tout le secteur.

    On compte donc bien s’inscrire dans toutes les actions contre l’AIP et pour un combat significatif. Aujourd’hui les mots d’ordre semblent assez flous, avec le risque que le mouvement s’essouffle et qu’on en arrive à « atterrir » avec cet AIP. Il faut donner un signal clair sur la portée de ce qu’on veut faire. On ne doit pas passer d’un mot d’ordre de journée de grève nationale vers une journée d’action nationale où chacun fait un peu ce qu’il veut et où d’expérience il n’y a pas de mouvement d’ensemble très clair.

    Nico : Dans son attaque contre les permanents, la direction du SETCA ne semble pas intéressée par ces enjeux que tu viens de souligner. On a parlé de leur obstination à se débarrasser des éléments combatifs au mépris de tout ce qui devrait construire le syndicalisme : démocratie et combativité notamment.

    Martin W. : Ce qui est dramatique c’est qu’au travers de leur obstination ils participent avec le patronat à banaliser le concept de faute grave, très flou en Belgique. C’est d’autant plus dramatique que ça a lieu dans et par le syndicat.. Il faut souligner qu’une faute grave court-circuite toute forme de protection existante, préavis, prépension ou protection des délégués par exemple. Notre « faute grave » repose sur un délit d’opinion et de contestation. Et si aujourd’hui on nous taxe de faute grave alors demain c’est le syndicalisme qui est une faute grave.

    Récemment ING a menacé de licencier pour faute grave 2 délégués sous le concept flou d’harcèlement moral sur d’autres délégués. Comme par hasard il s’agit de 2 délégués combatifs. Ca pose tout de suite la question de la cohérence de notre combat : on ne peut pas cautionner chez nous les situations que l’on combat dans les entreprises. Ce ne sont pas des exemples isolés de tentative de purges dans les entreprises. On remet en cause la liberté de contester, liberté centrale pour le syndicalisme.

    Aujourd’hui dans les entreprises, les délégations continuent à nous faire confiance et nous donnent mandat pour les aider dans leurs combats quotidiens. Ce qui est fou c’est que dans ce cadre, depuis septembre jusqu’à encore aujourd’hui, la direction du SETCA prend contact avec les organisations patronales et les directions pour ne pas nous permettre d’entrer dans les entreprises et nous refuser d’exercer le mandat donné par les travailleurs tout en maintenant aussi une pression sur les délégués. Cette affaire a des répercussions très concrètes dans les entreprises même où l’ont met des bâtons dans les roues des délégations. Ils mettent un point d’honneur à nous empêcher de travailler, contre l’intérêt évident des travailleurs. Ca va jusqu’à un point où on se demande quels sont les arrangements avec les directions d’entreprise. On peut se demander quel est le prix à payer pour que les directions d’entreprise acceptent de relayer dans leur entreprise une querelle interne au SETCa. Si les dirigeants du SETCa obtiennent gain de cause pour qu’on ne soit pas admis dans l’entreprise alors est-ce que les mêmes directions qui ont fait cette faveur vont accepter qu’ensuite le SETCa se montre dur pendant les négociations ? C’est vraiment problématique parce qu’on parle parfois de situations où les travailleurs risquent de perdre leur emploi. On peut avoir des débats internes mais face à notre véritable ennemi de classe on doit montrer un front uni, en tout cas pas se déforcer.

  • Un parti par et pour les jeunes

    La crise économique mondiale est d’une ampleur inconnue depuis celle des années ’30: le capitalisme et sa logique de course aux profits a créé le chaos.

    Tract d’été du PSL

    Ce système plonge des millions de personnes à travers le monde dans une misère sans cesse plus sombre tout en perpétuant des guerres sans fin, provoquant ainsi des flots de réfugiés. Aux pertes d’emplois, à la misère et à la famine s’ajoutent encore la pollution, les dérèglements climatiques et la disparition d’espèces. Les effets les plus graves de la crise n’ont pas encore frappé la Belgique en termes de chômage, de pauvreté ou encore d’insécurité.

    Pour la première fois depuis longtemps, notre génération – celle qui est aux études ou sur le marché du travail depuis peu – éprouvera plus de difficultés à s’en sortir que la précédente. Une génération sacrifiée sur l’autel du profit, voilà le résultat de 30 années de néolibéralisme.

    On nous a fait miroité l’illusion que le néolibéralisme augmenterait le bien-être et la richesse de tous. Mais les finances publiques ont été pillées (les patrons ont reçu de nombreux cadeaux fiscaux). Les riches le sont encore plus tandis que la majorité de la population a connu une forte dégradation de ses conditions de vie. Bref, les capitalistes s’en sont mis plein les fouilles avant que le bateau coule. Aujourd’hui, le mythe néolibéral cher à tous les partis établis a coulé, mais ça ne les empêche pas de ne rien vouloir changer à leur politique, si ce n’est un léger assaisonnement vert.

    Les élections terminées, les gouvernements planifient des économies budgétaires drastiques aux frais des travailleurs et des jeunes, notamment pour payer les cadeaux accordés aux grands actionnaires des banques et aux autres spéculateurs. Il faut s’attendre à un plan d’austérité d’envergure inégalée concentré sur quelques années. Un bain de sang social se profile à l’horizon, même si les libéraux sont dans l’opposition. Pour défendre notre avenir, il n’y a pas plusieurs choix : nous devons nous organiser et lutter ensemble.

    Marx avait raison

    K a r l Marx a démontré que le capitalisme conduit inévitablement à des crises de surproduction et de taux de profits, l’ensemble des travailleurs étant incapable de racheter toutes les marchandises produites, tout comme les capitalistes d’ailleurs. Mais il a surtout posé les bases d’une alternative à ce système capitaliste: le socialisme. Contraitrement aux dictatures bureaucratiques soviétiques ou chinoises, une société réellement socialiste est basée sur une gestion démocratique de la production et des richesses par les travailleurs eux-mêmes. Les richesses produites seraient ainsi mises au service réel de la population et de l’environnement, garantissant un véritable épanouissement tant individuel que collectif. Mais il n’y a pas de crise finale du capitalisme, celuici trouvera toujours une manière de s’en sortir tant que la classe des travailleurs ne s’organise pas pour opérer une transformation socialiste de la société.

    Deviens actif!

    Le Parti Socialiste de Lutte, PSL(ex-MAS) est un parti de travailleurs et de jeunes. Chez nous, les jeunes ne font pas figure de spectateur mais joue un rôle important.

    Participe au lancement d’Etudiants de Gauche Actifs – Ecoles

    Dès la rentrée académique nous lançons une nouvelle organisation de gauche dans les écoles, EGA-Ecoles. Dans les écoles, nous avons déjà organisé des grèves contre la guerre, des actions et des manifestations avec notre campagne pour l’environnement « destroy capitalisme, before it destroy the planet » ou sur d’autre thèmes: contre le sexisme, contre l’interdiction du port du voile et contre le racisme… Avec EGA-écoles, nous franchissons une étape en lançant, partout dans le pays, une organisation politique d’élèves qui mène des actions et qui met en évidence une alternative socialiste contre la racine commune de tous ces maux, le capitalisme. Participe avec nous à la mise sur pied d’un comité EGA dans ton école.

    Rejoins EGA

    Avec notre organisation étudiante, EGA, nous sommes actifs et organisés dans toutes les universités et dans de nombreuses hautes écoles. Nous défendons un enseignement gratuit et de qualité pour tous (ce pourquoi nous participons à Respact). Nous sommes solidaires des luttes de tous les travailleurs, avec ou sans-papiers. Nous nous opposons à la marchandisation du corps de la femme qui, au nom du profit, stimule les comportements sexistes. Le sexisme est fort présent dans les unifs et les écoles, c’est pourquoi nous menons chaque année des campagnes, ensemble avec la commission femmes du PSL. Rejoins EGA pour renforcer le courant d’idées anticapitaliste et socialiste face aux idées néolibérales véhiculées sur les campus.

    Participe à la campagne contre le travail précaire du PSL-Jeunes

    Les jeunes du PSL sont aussi actifs dans les quartiers et sur les lieux de travail. Nous sommes à l’initiative de la marche des jeunes pour l’emploi en 2005. Avec les jeunes travailleurs du PSL, nous lançons une campagne contre les contrats précaires, pour un emploi décent avec un revenu décent pour tous. Serrons-nous les coudes, pas la ceinture ! Participe à notre campagne !

    Participe à Résistance Internationale contre le racisme et le fascisme

    Résistance Internationale est la campagne du PSL contre le racisme et le fascisme. La manifestation combative contre le NSV (l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) est devenue l’événement national pour tous les antifascistes et les antiracistes. Un millier de jeunes ont manifesté à Louvain en mars dernier. Nous organisons aussi d’autres actions plus localespar exemple, la manifestation contre le meeting électoral du FN à Molenbeek s’est soldé par une victoire avec l’annulation de celui-ci. Aide-nous à faire de nos actions un succès !

    PAS QUESTIONS DE PA YER LEUR CRISE ! PLUS DE MOYENS PUBLICS POUR L’ENSEIGNEMENT !

    Une campagne des Etudiants de Gauche Actifs – écoles et supérieur

    Le budget consacré à l’enseignement est tombé à 5% du Produit Intérieur Brut (PIB) alors qu’il représentait 7% en 1980. La politique néolibérale de transfert des moyens collectifs vers le privé sous forme de cadeaux aux entreprises est évidemment la cause de cette baisse.

    Dès lors, dans l’enseignement secondaire, les classes sont surpeuplées suite aux milliers d’emplois supprimés, les bâtiments sont délabrés, de nombreux jeunes quittent l’école sans diplôme en poche,…

    Les directions des institutions d’enseignement supérieur sont mises sous pression pour d’économiser sur les budgets sociaux et l’emploi, privatiser (les restos, les kots,…) et rechercher un financement privé. La qualité de notre enseignement est attaquée.

    Dans la presse, on parle déjà d’assainissements dans l’enseignement pour plusieurs centaines de millions d’euros. Si nous ne réagissons pas, la situation dans l’enseignement va encore empirer. Pour défendre un enseignement de qualité pour tous et donc un financement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB, nous devons nous préparer à lutter comme les écoliers et les étudiants ont commencé à le faire dans plusieurs pays d’Europe (Italie, France, Espagne, Autriche,…). C’est en descendant dans la rue aux côtés des travailleurs que nous pourrons les empêcher de nous faire payer leur crise. Prépare la risposte avec nous, rejoins EGA !

    STOP au travail précaire, Un emploi décent pour tous = Un CDI pour tous !

    Une campagne de jeunes travailleurs du Parti Socialiste de Lutte

    Le taux de chômage officiel chez les jeunes en Belgique est déjà de 21%. Avec la crise économique, un terrible chômage de masse nous attend. En même temps, nos ainés peuvent de moins en moins partir à la pension à un âge où on peut encore profiter de la vie.

    Nous perdons nos emplois par milliers pour permettre aux actionnaires de sauvegarder leur profit. Que l’on soit embauché en intérim, en CDD ou via les chèques- services, nous subissons leur crise de plein fouet car ces types d’emplois sont les premiers à disparaître. On a voulu nous faire croire que ce type de contrat flexible nous ouvrirait la porte d’un emploi stable. Mais ce qui se cache derrière ces contrats précaires, c’est la possibilité de nous jeter plus facilement à la porte, et tant pis si cela ruine nos vies. Avec les restructurations et les fermetures, même avoir un CDI en poche n’est plus une garantie de sécurité.

    Pour stopper l’hémorragie, nous avons besoin d’un plan national d’action pour l’emploi élaboré démocratiquement à la base dans nos syndicats. Les entreprises qui licencient devraient être nationalisées pour sauver les emplois : un emploi stable avec un revenu décent pour tous doit redevenir la règle. La redistribution du temps de travail à hauteur de 32h par semaine sans pertes de salaires et avec embauches compensatoires est la seule manière de combattre effectivement le chômage.

    Des emplois, pas de Racisme ! Pas de marche de la haine à Anvers !

    Résistance Internationale, la campagne du PSL contre le racisme et le fascisme

    Le NSV (Nationalistische Studenten Vereniging) organise chaque année une marche d’intimidation dans une ville étudiante flamande. La prochaine se tiendra en mars prochain à Anvers. Le NSV est l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang.

    Le NSV et le VB sont contre tous les travailleurs – immigrés, wallons mais aussi flamands. Leur politique de «diviser pour régner» sert à affaiblir les travailleurs afin de pouvoir appliquer une politique encore plus antisociale. Ils veulent solder au privé les biens publics et sont solidaires avec ceux qui licencient et qui envoient les huissiers aux piquets de grève, pas avec ceux qui valsent à la porte. Ils veulent s’attaquer aux syndicats pour que les patrons puissent exploiter et licencier encore plus librement.

    compétition entre les travailleurs pour un emploi. Sans véritable alternative à gauche, une progression des idées racistes n’est pas à exclure ; ce scénario est le rêve des partis d’extrême-droite. Même si le Front National a perdu ses élus, le terreau pour le développement de forces racistes existe encore. Participer aux mobilisations antifascistes flamandes c’est se préparer pour de futures luttes antifascistes francophones.

    Le NSV sert de réservoir à mandataires et dirigeants pour le VB. Aucun espace ne doit être laissé pour cette marche fasciste du NSV (à laquelle participe des groupes néo-nazis comme Blood&Honour ou Nation). Manifester en nombre largement supérieur permet de les isoler et de briser leur confiance. Aidenous à réussir la Manif Anti-NSV et les autres actions de Résistance Internationale.

  • 13 jours de grève se terminent sur une belle victoire

    IKEA – Hognoul

    Jeudi matin, une nouvelle assemblée des travailleurs du siège de Hognoul de la multinationale suédoise de l’ameublement IKEA a approuvé le projet d’accord négocié par la délégation syndicale et a donc décidé la reprise du travail pour vendredi. Et cet accord représente une fameuse victoire dans le climat actuel.

    Par Jean PELTIER (PSL-Liège)

    C’est donc la fin d’une grève qui a duré 13 jours et a été une belle démonstration de la combativité et de l’unité des travailleurs d’Hognoul. Une grève qui trouve son origine dans le ras-le-bol de plus en plus fort des travailleurs devant la détérioration de leurs conditions de travail et les manoeuvres de la direction qui avait tendance à se croire tout permis et à ignorer la délégation syndicale. Comme nous le résumait un travailleur avant l’assemblée, « Depuis quelques semaines, on voyait que l’un après l’autre, les contrats à durée déterminée n’étaient plus remplacés. Cela créait de plus en plus de problèmes d’organisation du travail et de surcharge pour tout le personnel, surtout avec la perspective de l’agrandissement du magasin en été. Puis des caisses en self-scanning ont été installées. Tout cela sans que la direction donne la moindre explication. On était chaque fois mis devant le fait accompli. Et puis brusquement, la direction a annoncé un plan de crise destiné à faire face à une baisse de la fréquentation des magasins : fin des CDD, diminution du travail étudiant pendant l’été quand le personnel prend ses vacances. On s’est rendu compte que tout était planifié depuis des mois au niveau national. Et là, le ras-le-bol a explosé. On est parti en grève spontanément. Les syndicats ont tout de suite reconnu le mouvement. Et ça a duré 13 jours… »

    Anne-Marie Dierckx, la déléguée CNE, a ouvert l’assemblée en rappelant qu’après des jours de refus de discussion de la part de la direction, une première réunion a eu lieu mardi avec la direction mais que 13 heures de discussion n’avait pas permis d’arriver à un accord. Mercredi, une nouvelle réunion-marathon de 12 heures a, par contre, fini par aboutir sur un projet d’accord.

    De – 10.000 à + 11.000 !

    Le point principal tient en deux chiffres. A travers son plan de crise, la direction voulait réduire le volume d’heures de travail prestées à Hognoul de plus de 10.000 heures par an. L’accord de mercredi soir prévoit au contraire une augmentation de 11.336 heures !

    Cela se fera essentiellement à travers des modifications aux avenants des contrats de travail (un avenant est un complément au contrat initialement conclu entre le travailleur et la directions ; il porte sur un complément d’horaire, celles-ci étant le plus souvent effectuées dans une formule moins stable et moins avantageuse). Beaucoup d’ouvriers et d’employés travaillant à temps partiel pourraient ainsi « gonfler » le nombre d’heures qu’ils prestent actuellement, et ce avec un contrat amélioré. Des heures en CDD devraient être transformées en CDI et de nouveaux engagements devraient avoir lieu dans les prochaines semaines. Fait important : ce chiffre de 11.336 heures ne sera pas lié à l’évolution du chiffre d’affaires. Même si celui-ci régresse, l’engagement devra être tenu. Le renfort en heures concernera tous les départements. Les CDD récemment non prolongés seront prioritaires pour les embauches futures. Le personnel en vacances sera remplacé comme avant par des étudiants en fonction des besoins des départements.

    La direction s’est aussi engagée à respecter les diverses conventions collectives qu’elle avait tendance à prendre un peu à la légère. L’application de l’accord devrait être mise en route immédiatement et être terminée pour le 21 juillet. La délégation syndicale devra être consultée sur l’établissement des nouveaux contrats CDD. La direction a aussi accepté une rencontre mensuelle avec la délégation syndicale pour évaluer l’application de l’accord. Quant au responsable des « relations humaines » à Hognoul qui avait braqué quasiment tout le personnel par son attitude, il devrait être « recadré » par la direction nationale (« On avait d’abord pensé à demander son déplacement dans un autre siège du groupe mais on s’est dit que ce ne serait pas sympa pour les collègues de là-bas » ajoutera avec malice Anne-Marie Dierckx).

    Unité et combativité

    Cet accord a été présenté comme « historique » par les délégués qui ont pris la parole. Car alors que partout dans le secteur du commerce – et bien au-delà – l’heure est aux compressions de personnel, à l’explosion du chômage technique et aux licenciements, obliger une direction patronale à augmenter le volume de l’emploi est un exploit. Et imposer à cette direction la reconnaissance effective des droits de la délégation syndicale n’est pas une mince victoire non plus. Ces deux points pourraient ouvrir une brèche dans le front patronal qui pourrait être utilisée par d’autres délégations au sein du groupe comme ailleurs.

    Il est clair – et tous ceux qui ont pris la parole l’ont souligné – que rien de tout cela n’aurait été possible sans la détermination et l’unité du personnel qui, sans même devoir faire un piquet de grève pour bloquer les portes du magasin, a tenu bon pendant 13 jours de grève, malgré les dégâts dans les portefeuilles de beaucoup d’entre eux. Comme nous l’a dit un délégué, « Cette grève a été plus qu’une affaire d’argent et même d’emploi, une vraie lutte pour la dignité des travailleurs ».

    Après une discussion parfois animée sur les diverses mesures et leurs conséquences, le projet d’accord a été mis au vote. Le résultat est clair : sur les 173 bulletins dépouillés, il y a eu 82,1% pour l’accord et 17,9% contre. Une nette majorité pense que l’accord représente le plus qu’on pouvait gagner. Quand à ceux qui on voté non, si personne ne remet en cause les avancées obtenues, il semble que le manque de précisions sur la manière dont seront affectées les heures gagnées a fait hésiter plus d’un. Et beaucoup ont aussi des doutes sur la bonne volonté que mettra la direction pour appliquer correctement cet accord.

    Après quelques interventions de remerciements et de félicitations – de la délégation au personnel et du personnel aux délégués – l’assemblée s’est terminée aux accents de « tous ensemble « et de « Motivés, motivés ». Avec un sentiment de victoire qui flottait dans l’air du parking.

  • Ikea Hognoul : Après 7 jours, la grève continue

    Samedi matin , l’immense parking d’Ikea à Hognoul, sur les hauteurs de Liège, est toujours quasiment désert. La grève entamée pour protester contre les réductions de personnel (alors que le groupe Ikea continue de dégager des profits énormes et qu’à Hognoul une extension du magasin va être ouverte cet été) est massivement suivie. Près du magasin, une grande tente blanche, des drapeaux rouges et verts, une sono et une quarantaine de travailleurs qui discutent. Visiblement, tout le monde est bien décidé à continuer l’action. Une impression que confirment Anne-Marie Dierckx, déléguée CNE, et Pascale Vleugels, permanente SETCa, avec qui nous avons discuté.

    Que s’est-il passé jeudi à la réunion nationale entre direction et syndicats ?

    Anne-Marie : Cette rencontre nationale entre s’est terminée sur un clash complet. La direction a voulu s’en tenir à un ordre du jour national et a refusé de discuter de la situation à Liège. Dans ces conditions, les représentants syndicaux sont sortis. Un préavis a été déposé en front commun syndical pour les six sièges belges avec une échéance de deux semaines. Dans l’heure, la direction d’Ikea qui jusque là refusait le moindre pas en avant a demandé un bureau de conciliation qui se tiendra mardi. Vendredi, nous avons tenu une assemblée du personnel sur le parking. Une grande majorité a décidé de poursuivre le mouvement jusqu’à mardi, y compris en durcissant le mouvement.

    Comment expliques-tu qu’Hognoul soit parti le premier à l’action ?

    Anne-Marie : D’abord, il y a une forte tradition syndicale combative et une bonne unité entre la CNE et le SETCa. Puis il y a la structure un peu particulière du personnel. A Hognoul, les contrats à durée déterminée représentent 20% de travailleurs alors que cette proportion est beaucoup plus faible à Bruxelles et en Flandre. Donc supprimer ces emplois fait beaucoup plus mal à Liège et a suscité une réponse plus rapide du personnel. Mais il est clair qu’ailleurs, le licenciement des CDD ouvrira rapidement la voie à celui de CDI. Le siège d’Arlon est parti en même temps que nous et a fait deux jours de grève. Mais la pression y est énorme : le direction a organisé elle-même des assemblées du personnel en affirmant que ce serait une grève sauvage, ce qui est faux puisqu’un préavis court depuis des mois et que les travailleurs qui partent en grève sont couverts par le syndicat. Maintenant, les choses se mettent à bouger avec le dépôt du préavis national. Une délégation de la LBC (CNE flamande) est venue apporter sa solidarité ce matin. Ils vont faire circuler un tract dès mardi et des actions pourraient avoir lieu rapidement.

    Comment réagissent les clients ?

    Anne-Marie : Les réactions des clients ont été très compréhensives. Encore aujourd’hui, il y a des gens qui ne savent pas qu’on est en grève et qui passent pour faire leurs courses mais ils sont très sympathiques avec nous parce qu’ils comprennent qu’avec moins de personnel, le service à la clientèle va immanquablement en souffrir.

    La direction a reconnu dans la presse que chaque jour de grève lui coûte 3.000 clients. Comment expliquer une telle obstination de sa part à ne pas discuter ?

    Anne-Marie : Depuis des mois, la direction écoute mais n’entend pas. Je pense qu’ils veulent casser l’organisation syndicale mais la force de la réponse en front commun les a contraint à une position de repli.

    Pascale : Samedi dernier, la journée de grève leur a coûté 500.000 EUR. Et pourtant, ils n’ont pas bougé les jours suivants. La direction rêve effectivement de casser le syndicat à Liège. Elle espérait que nous resterions isolés mais elle a obtenu l’effet contraire.

    Cette fois-ci, la direction n’a pas fait appel aux tribunaux pour obtenir des astreintes. Pourquoi?

    Pascale : Mais parce qu’il n’y a pas de piquet qui interdise l’entrée ! La porte d’entrée pour le personnel reste grande ouverte. Mais, à part les cadres, personne n’entre ! Les travailleurs sont massivement en faveur de la grève, ils le redisent à chaque assemblée. Il y a un tel ras-le-bol des conditions de travail que tout le monde veut que les choses changent. Bien qu’il a déjà beaucoup donné avec cette première semaine de grève, le personnel reste très déterminé.

    Comment se passe la grève ?

    Pascale : Passer une semaine sur un parking n’a rien d’évident. On s’organise pour tenir, la tente permet de se reposer un peu, de discuter à l’aise. La grève unit aussi les travailleurs. Vu la taille du magasin et les cloisonnements internes, il y a des tas de gens qui ne se connaissent pas. Avec la grève et le piquet ici, ils se rencontrent et se connaissent maintenant mieux. On reçoit pas mal de visites de délégations de notre secteur mais aussi d’autres secteurs. Là, pour le moment, il y a un délégué de Colruyt qui a pris une journée de grève pour venir nous soutenir.

    Qu’est-ce qui est prévu pour la suite ?

    Pascale : Nous tiendrons une nouvelle AG du personnel mercredi matin pour débattre des résultats du bureau de conciliation de mardi. Mais il est clair que cette grève se fera au finish et qu’on ne lâchera pas si on n’a pas de résultats satisfaisants. Là où on est arrivé après une semaine, on ne va pas reculer.

    Montrez votre solidarité avec les travailleurs d’Ikea :

    • Signez la pétition de soutien qui figure sur le site www.petition.be sous l’onglet IKEA
    • Faites signer cette pétition autour de vous (vous pouvez la télécharger mais aussi l’obtenir auprès des grévistes ou auprès des membres du PSL).
    • Venez rendre visite au piquet sur le parking d’Ikea à Hognoul (accueil chaleureux garanti 24 h sur 24).

  • No Future ? A nous de réagir !

    Réchauffement climatique, emplois précaires, …

    Le fait que le slogan « no future » ait été inventé et popularisé parmi la jeunesse à la fin des années ‘70 n’est pas du tout un hasard. La fin des « 30 glorieuses » – les années de croissance économique d’après-guerre – marque en effet le début de la période que nous connaissons aujourd’hui – celle du néo-libéralisme – et crée un sentiment d’absence d’avenir pour la jeunesse.

    Stéphane Ramquet

    Alors que durant certaines périodes, les luttes des travailleurs et des jeunes ont réussi a arracher aux classes dominantes des acquis importants (la sécurité sociale, la journée de 8h, l’enseignement obligatoire et quasi-gratuit,…), la période du néo-libéralisme est marquée par les attaques frontales menées par le patronat contre les travailleurs. Les premières victimes de cette offensive sont comme toujours les plus faibles, les moins expérimentés, les moins organisés: les jeunes. Ainsi, alors que le CDI (contrat à durée indéterminée) était la règle auparavant, il devient peu à peu l’exception. Alors qu’avant, la fin des études marquait le début d’une carrière stable, elle est aujourd’hui synonyme de stage d’attente, de formations et de jobs d’intérim.

    Mais la période que nous vivons est aussi marquée – et encore plus que les autres – par la recherche effrénée de profit pour les multinationales. Toute la logique de la société est tournée vers ce but: maximaliser immédiatement les bénéfices d’une minorité de capitalistes au détriment de l’immense majorité de la population (le slogan anti-G8 est plus que jamais d’actualité: « ils sont huit, nous sommes des milliards. »). Mais, outre la pauvreté grandissante que connaissent beaucoup de jeunes en Occident et plus encore dans le Tiers-Monde, cette politique a des coûts très lourds. Et le coût écologique est sûrement un des plus alarmants. Il est désormais un fait indéniable que le monde court droit à son auto-destruction. Mais à qui la faute? A ceux qui subissent cette politique? Non, la faute est à ceux qui profitent et mènent cette politique – les multinationales – et à leur politiciens. Quelle planète nous laisseront-ils? Rien à faire ! Profit, profit, profit, profit,…. est leur seule motivation.

    Face à ces situations de précarisation de l’emploi et de destruction de la planète, nous, étudiants inquiets de notre avenir, travailleurs précarisés et habitants de la planète de demain, nous devons réagir. L’histoire nous prouve que seule l’organisation et l’unité dans la lutte paient face aux pilleurs de la planète. De nombreuses luttes ont pu se terminer en victoire grâce à la mobilisation de la jeunesse comme récemment contre le CPE (Contrat Première Embauche) en France.

    Ceux qui s’opposent à cette lutte et à son unité (le patronat et ses alliés politiciens) tentent de nous diviser selon notre sexe, notre couleur de peau, notre orientation sexuelle,… Mais, résolus à laisser derrière nous tout préjugé raciste ou sexiste, nous avons décidé de lutter pour notre avenir, pour une planète saine, pour des emplois décents et un enseignement de qualité. Ensemble nous avons décidé de lutter contre le néo-libéralisme, forme actuelle du capitalisme. Rejoins-nous dans ce combat !

  • Le CAP est crucial pour les jeunes aussi…

    Le CAP a laissé une grande place aux jeunes sur ses listes. Sur la liste du CAP dans le Hainaut, Amin Brikci est le plus jeune candidat des élections du 10 juin. A 21 ans, Farid Rasoolzadeh, président d’EGA-Anvers (Etudiants de Gauche Actifs), est le plus jeune candidat de toutes les listes pour la Chambre dans sa province. Aïsha Paulis, étudiante infirmière à Bruxelles, est deuxième sur la liste du CAP pour le Sénat francophone. Elle a 24 ans et représente, avec d’autres encore sur les listes du CAP, la génération des jeunes travailleurs actifs ou en passe d’accéder au marché du travail. Pourquoi cet engagement ?

    Boris Malarme

    Notre génération n’a pas connu « l’ Etat providence » au contraire de la couche de travailleurs et de syndicalistes plus âgés. A l’époque, avoir un emploi stable, acheter assez vite une maison ou un appartement et construire sa vie était la norme. Depuis lors, les choses ont bien changé.

    Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un marché du travail saturé. A Bruxelles, un jeune sur quatre de l’âge d’Aïsha est laissé pour compte et est dépendant d’une allocation de chômage ou du CPAS. Pour accéder à un emploi, les patrons exigent de nous une flexibilité extrême pour de bas salaires. Pour en arriver là, ils ont pu compter sur leurs politiciens pour introduire toute une gamme de statuts précaires et instables.

    Le travail intérimaire s’est répandu comme la gangrène tant dans les entreprises que dans les services publics. Le patronat a recours au travail intérimaire pour adapter la production aux besoins momentanés du marché. Ces contrats à la semaine, voire au jour le jour, n’offrent aucune sécurité d’emploi et obligent les jeunes à se taire face aux exigences de la direction. Cela met les conditions de travail et les salaires de l’ensemble des travailleurs sous pression. Les agences d’intérim cherchent à créer l’illusion que celui-ci est un tremplin pour les jeunes en vue de décrocher un emploi stable, mais la réalité est toute autre. Seule une minorité accède finalement à un CDI. Cette absence de sécurité de revenu plonge la nouvelle génération dans une situation dramatique.

    Sans CDI, pas moyen d’acquérir un logement. De nombreux jeunes sont condamnés à vivre comme locataires ou à rester toujours plus longtemps chez leurs parents. Les diminutions de charges et autres cadeaux au patronat pillent les caisses destinées aux soins de santé, à l’enseignement, aux pensions,… Avec le plan Vandenbrouck, les droits d’inscription pour les master-après-masters (troisième cycle dans les universités) en Flandre s’élèvent maintenant à des milliers d’euros. Les partis traditionnels se préparent à étendre ces tarifs dès la première année d’étude. La grande majorité des enfants d’aujourd’hui auront financièrement de plus en plus dur à accéder à l’enseignement supérieur. Après le Pacte des Générations, l’idée de repousser l’âge de la pension flotte déjà dans l’air. Les patrons et leurs politiciens veulent faire de nous une génération qui meurt au travail.

    Le CAP doit organiser toutes les générations afin de lutter efficacement contre les politiques néo-libérales. Dans les entreprises, les nouvelles générations devront prendre la relève pour construire les syndicats. Les jeunes sont la couche de la société la plus dynamique, la moins marquée par les défaites du passé et par conséquent la plus ouverte aux idées socialistes. Le CAP a besoin d’une aile jeune et active. Par son dynamisme, elle permettra de renforcer énormément la présence et la visibilité du CAP aux piquets de grève, dans les campagnes menées dans les quartiers, dans les élections, ….

    Le capitalisme et sa course aux profits records pour les gros actionnaires offre comme avenir à notre génération et celles qui suivent les conditions de vie du monde néo-colonial. Ce système ne peut être adouci. Toi aussi, comme Aïsha et Farid, construis avec nous le CAP comme parti large de lutte… et rejoins aussi le MAS afin d’être ensemble capables d’envoyer le capitalisme dans les poubelles de l’Histoire et de bâtir une société débarrassée de l’exploitation pour les générations futures, une société réellement socialiste.

    4-8 juillet : viens au camp jeunes de résistance internationale !

    Après une année bien chargée en activités politiques du MAS, de Résistance Internationale ou du CAP, ce camp sera-t-il un lieu de repos ? Un peu, car un camp dans un cadre convivial avec barbecue, fiesta, détente, sport et cantus rouge, c’est tout de même un peu moins fatigant que de participer à la campagne du CAP tout en étudiant pour ses examens…

    Mais l’objectif est de profiter de ce camp pour discuter des actions que nos jeunes militants ont menées durant l’année écoulée et de préparer politiquement l’année à venir.

    Au programme, il y aura, entre autres, des discussions sur l’Amérique Latine, l’impérialisme au Moyen-Orient et ailleurs, l’écologie, la révolution cubaine, la montée du fascisme dans les années ’20 et ’30, l’anarchisme, la théorie de la décroissance, la prostitution, l’homophobie, l’exploitation capitaliste (avec l’exemple de VW-Forest),… Le seul regret est qu’il sera impossible d’assister à toutes les discussions ! Mais répartir les participants en petits groupes permettra d’aboutir à une discussion plus fouillée et laissera aussi plus d’espace aux plus timides pour intervenir.

    Camp Jeunes de Résistance Internationale et d’Etudiants de Gauche Actifs : 25 EUR pour les 4 jours (ce prix comprend le logement, l’infrastructure et les repas). Infos : 02/345.61.81 ou 0472/29.91.92

  • “Avec un CNE, tu as la pression en permanence”

    Inès, salariée de 23 ans en «Contrat Nouvelle Embauche»

    Interview recueillie par la Gauche Révolutionnaire, notre organisation-soeur en France

    Gauche Révolutionnaire : Comment ce contrat «nouvelle embauche» t’a-t-il été proposé ?

    Inès : On ne me l’a pas proposé, on m’a dit qu’après mon Contrat à Durée Déterminée, je serai embauchée en Contrat à Durée Indéterminée. Puis au moment de renouveler mon contrat fin novembre 2005, surprise…, le CDI était un CNE ! Ils ont fait la même chose avec l’autre jeune salariée qui avait fait son stage avec moi dans ce magasin. On ne nous a donné aucune explication. Nous avons constaté cela en lisant le contrat.

    GR: Pour toi, le CNE est-il différent d’un CDD ?

    I : Oui ! Au moins avec un CDD, on connaît la date de fin. Le CNE, t’es sur un siège éjectable. Tu as la pression en permanence. Par exemple, j’avais envisagé d’avoir un enfant après avoir eu mon CDI. Mais en CNE, impossible ! Le patron a d’ailleurs dit une fois «en CDI, les employés se laissent aller, ils sont moins efficaces. Avec le CNE, on a des moyens de pression.»

    GR : Plus de pression dans le travail, pour toi, ça se traduit comment concrètement ?

    I : On est stressé en permanence. En plus, dans mon travail, ça a été le stress depuis le début. Le fils du patron, qui est le patron de fait, m’a harcelée. Il m’a fait des avances, des propositions très indécentes. Ca me mettait mal à l’aise mais j’ai fait comme si je prenais ça à la rigolade, je voulais finir mon stage. J’essayais de calmer le jeu, mais au fond, ça m’a stressée et blessée. Il me rabaissait en permanence. Le soir je pleurais souvent … ça a nuit à mon couple. Après je l’ai envoyé bouler, il est devenu agressif, sec et il ne le faisait qu’avec moi. Depuis le CNE, je me sens plus vulnérable et plus fragile. Aujourd’hui, je déprime et il semble clair qu’il a sa part de responsabilités là-dedans.

    GR: Cette semaine, tu étais en congé maladie pour la première fois depuis deux ans et demi. Que s’est-il passé ?

    I : Une collègue m’a téléphoné pour me dire qu’il menaçait de me licencier. Après mon coup de fil pour signaler mon absence, il a râlé, il a dit haut et fort que mon arrêt maladie était injustifié. c’était aussi pour faire peur à l’autre collègue en CNE. La collègue m’a conseillé de l’appeler pour expliquer que je n’allais pas bien et que je ne serai pas opérationnelle pour vendre. Je l’ai fait, erreur ! Il en a su plus sur mes problèmes et il a dit que mes problèmes personnels ne le regardent pas, et que lui, quand ça ne va pas, il travaille quand même. Il m’a remis la pression pour que je vienne travailler malgré le certificat médical. Je n’y suis pas allée. Mais que va-t-il se passer? S’il m’arrive quelque chose au travail, que se passe t-il avec la Sécu qui me paie pendant l’arrêt? Mais si je n’y vais pas et qu’il me licencie, comment vais-je vivre, payer mes crédits…?

    GR : Face à cette pression, qu’as-tu fait ?

    I : Je me sens complètement démunie. Je suis certaine que le fait d’être jeune et fragile, ça joue sur leur comportement. Ils profitent de la situation, du manque de travail et de la crise économique pour mettre la pression. Comme ils disent «on reçoit des CV tous les jours», ils peuvent nous virer facilement. Ils veulent qu’on soit comme des moutons. Je suis jeune, c’est mon premier emploi et je ne m’étais jamais posée ce genre de questions avant. C’est pour cela que je me renseigne sur mes droits, que je vous ai contactés pour essayer de pouvoir me défendre et à mon tour leur mettre la pression.

  • France. Chômage, Précarité, Exclusion… la rue a dit NON

    Trois mois de lutte. Des milliers d’assemblées dans les universités et les lycées, des milliers de réunions d’information et de mobilisation dans les quartiers et les entreprises. Des centaines de manifestations locales. Trois millions de personnes dans les rues le 7 et le 14 mars. Et au bout de cela, une victoire incontestable : la capitulation du gouvernement Villepin, obligé d’enterrer son Contrat de Première Embauche, qu’il avait pourtant déjà fait voter en toute urgence à l’Assemblée Nationale.

    Jean Peltier

    Comment ne pas faire la comparaison avec ce qui s’est passé chez nous à l’automne 2005 quand le mouvement syndical s’est lancé dans la bataille contre le Pacte des Générations de Verhoofstadt. Une première journée de grève générale organisée par la FGTB le 7 octobre, une manifestation nationale de 100.000 travailleurs en front commun FGTB-CSC trois semaines plus tard,… puis des semaines de négociations et d’attente avant une autre journée de mobilisation FGTB fin novembre et un « atterrissage » sans gloire du mouvement. Ces mobilisations ont certes forcé le gouvernement à adoucir son projet mais n’ont pu empêcher ni le Parlement de voter le Pacte ni le gouvernement de le mettre en application.

    Comment expliquer que le mouvement syndical belge, beaucoup moins dispersé et plus massif (CSC et FGTB organisent à elles seules deux millions d’affiliés, soit près de 60% de l’ensemble des salariés actifs), n’a pas pu étouffer les mauvais coups de Verhofstadt dans l’oeuf alors qu’en France, où le mouvement syndical est éclaté en une dizaine de syndicats n’organisant plus que 7% des salariés, la mobilisation a conduit à une victoire impressionnante ?

    10 ans de résistance au néo-libéralisme

    Il existe parmi les travailleurs, et même au-delà dans la société, un fort sentiment d’opposition au néo-libéralisme, qui s’est marqué tout au long des dix dernières années. Il est apparu avec force lors de la grande grève des services publics contre le Plan Juppé de réformes des retraites (déjà !) en décembre 1995 et s’est traduit politiquement par la victoire surprise de la gauche en 1997, puis par le rejet de celle-ci en 2002 (l’échec de Jospin aux élections présidentielles et le second tour Chirac-Le Pen) après que le gouvernement de gauche ait privatisé plus que les gouvernements de droite avant lui. Il a repris lors des divers mouvements contre les mesures des gouvernements de droite – particulièrement les manifestations et les grèves contre le plan de réforme des pensions (encore !) en 2003,… – et s’est marqué à nouveau politiquement avec les défaites électorales de la droite en 2004 et surtout avec la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. L’ampleur du mouvement contre le CPE s’explique en grande partie par ce climat général de résistance contre le néo-libéralisme.

    Un gouvernement de droite agressif et arrogan

    Depuis la réélection de Chirac en 2002, la France est dirigée par des gouvernements de droite particulièrement conservateurs qui disposent, grâce à un système électoral renforçant le parti dominant, d’une majorité parlementaire écrasante. Raffarin d’abord, Villepin ensuite ont, avec obstination et arrogance, imposé les mesures et les lois réclamées par le patronat. Bien qu’ils aient rencontré plusieurs fois une forte résistance, leurs mesures ont toujours été votées et appliquées. Récemment, le Contrat Nouvelle Embauche (qui permet aux patrons de petites sociétés employant moins de 20 personnes d’engager des travailleurs avec un stage de deux ans au cours duquel lequel ils peuvent licencier ceux-ci sans devoir motiver leur décision) a été promulgué sans rencontrer de fortes réactions syndicales. Mais l’extension de cette mesure à tous les jeunes de moins de moins de 26 ans – le désormais célèbre Contrat Premier Embauche (CPE) – a été la provocation de trop.

    Le CPE, un enjeu énorme

    En créant le CPE dans la foulée du CNE, le gouvernement avait une stratégie claire : précariser au maximum les jeunes sortant des études afin de mettre la pression sur les autres salariés, avec comme objectif final de précariser l’ensemble des travailleurs en liquidant les Contrats à Durée Indéterminée (CDI). Ce plan était clair. Et, malheureusement pour Villlepin, il a été très vite compris par un grand nombre de jeunes et de travailleurs. Ce qui explique qu’une fois lancé, le mouvement a pu, beaucoup plus facilement que lors de luttes passées, unir étudiants et lycéens (se voyant comme futurs travailleurs précarisés) et adultes (en tant que parents inquiets de l’avenir de leurs enfants et en tant que travailleurs menacés dans leurs conditions de travail).

    La jeunesse en pointe

    Encore fallait-il que le mouvement démarre. Ce sont les étudiants qui l’ont lancé. Plusieurs raisons expliquent cela. Ils étaient les plus directement visés par le CPE dès la sortie de leurs études. Une partie d’entre eux s’étaient déjà radicalisés l’an dernier dans la lutte des lycéens contre le plan Fillon (qui visait à « réformer » l’enseignement secondaire). Ensuite, vu leur âge, les étudiants sont beaucoup moins marqués par le poids des échecs des luttes passées que les salariés. Et il est évidemment plus facile aujourd’hui de faire une grève des cours qu’une grève en entreprise.

    Cela ne suffit pourtant pas à expliquer complètement pourquoi cette mobilisation a été la plus forte depuis au moins vingt ans (les grandes luttes étudiantes de 1986) et peut-être même depuis Mai’68. La force du mouvement étudiant a été sa capacité de s’organiser de manière démocratique et massive : réunions d’information innombrables pour expliquer les enjeux du CPE et de la lutte et mobiliser le plus grand nombre ; assemblées générales quasi-quotidiennes pour débattre les plans du gouvernement, la situation du mouvement et les actions à mener ; refus que le mouvement soit contrôlé par le syndicalisme étudiant « classique » (ultraminoritaire et fortement lié au PS) ; constitution de multiples Coordinations locales et d’une Coordination nationale pour organiser démocratiquement la mobilisation ; blocage des universités pour assurer la réussite de la grève et occupation de bâtiments transformés en lieux permanents de débats et de préparation des actions ;…

    Tout cela a donné une force énorme au mouvement étudiant, a entraîné les lycéens dans l’action, suscité une sympathie générale dans l’opinion et poussé les syndicats de travailleurs a rejoindre le mouvement.

    Syndicats : mobiliser et contenir !

    Le CPE est une attaque directe contre tous les travailleurs. Le gouvernement l’a imposé sans la moindre concertation avec les syndicats. La généralisation de ce type de contrat rendrait impossible la syndicalisation des jeunes dans les entreprises. Les syndicats avaient donc toutes les raisons de se joindre au mouvement. Mais les directions syndicales ont tout fait pour limiter le mouvement à la lutte contre le seul CPE sans élargir celle-ci contre le CNE et l’ensemble du plan gouvernemental. Et s’ils ont mobilisé fortement pour les manifestations, ils ont quasiment tous refusé de mettre en avant la perspective d’une grève générale, par peur d’un débordement qui remettrait en cause leur contrôle sur le mouvement et la politique attentiste qu’ils ont depuis des années face au gouvernement.

    La gauche : voter est mieux que manifester !

    Le Parti Socialiste et les Verts ont soutenu le mouvement mais n’ont rien fait pour le renforcer. Les dirigeants de ces partis n’ont qu’un seul objectif en tête : profiter de l’impopularité du gouvernement pour remporter les prochaines élections. Dans ce cadre, la poursuite et l’élargissement du mouvement gênait autant la gauche que la droite, ce qui explique les appels incessants du PS au gouvernement pour « sortir de la crise ».

    Une première victoire et après ?

    Confrontée à un mouvement qui continuait à grandir – 3 millions de manifestants dans les rues les 28 mars et le 4 avril, de plus en plus de travailleurs dans les manifestations, des grèves qui touchaient non seulement les services publics mais aussi le privé – et minée par les divisions et les haines entre Chirac, Villepin et Sarkozy, la droite a fini par céder et retirer le CPE.

    Pour les jeunes et les travailleurs, c’est une victoire éclatante mais qui aurait pu être plus grande encore si les syndicats avaient jeté leur poids pour remettre en cause le reste de l’arsenal des mesures gouvernementales. Le gouvernement Villepin est fortement affaibli et il serait étonnant qu’il ose encore lancer des attaques importantes d’ici aux élections présidentielles de mai 2007. Mais la droite n’est pas encore morte. Sarkozy peut encore rétablir sa position, notamment en jouant à nouveau la carte de l’insécurité. La gauche sort renforcée du conflit mais sans pouvoir crier victoire : dans un récent sondage, 67% des personnes interrogées estimaient que le PS ne ferait « pas mieux » que la droite pour résorber les problèmes de chômage et de précarité !

    Deux grands faits émergent de la lutte contre la CPE. Le premier, c’est que toute une nouvelle génération – celle qu’on disait abrutie par la téléréalité et gagnée à l’individualisme – s’est mobilisée, politisée et radicalisée. La deuxième, c’est que le néo-libéralisme n’est pas tout-puissant et qu’une mobilisation de masse peut faire reculer patronat et gouvernement.

    Nous en tirons enfin une troisième leçon : c’est que pour donner une perspective d’avenir à ces jeunes et aux travailleurs et remporter de nouvelles victoires plus complètes, il faut que tous ceux qui veulent s’opposer au néo-libéralisme et au capitalisme – pas seulement en paroles mais surtout en actes – unissent leurs forces.

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