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Tag: Catastrophes naturelles
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USA. L’horreur de l’ouragan Harvey aggravée par le capitalisme

Photo : Flickr.com/myfwcmedia L’ouragan Harvey est une tragédie historique affectant des millions de personnes. Socialist Alternative (qui regroupe les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux Etats-Unis) souhaite exprimer sa plus profonde solidarité envers tous ceux qui ont perdu des êtres chers ou leur maison et qui seront confrontés à de nombreuses difficultés lors des semaines à venir.
Par Brian Harrison, Ramy Khalil et Patrick Ayers, Socialist Alternative (CIO-USA)
Houston, la quatrième plus grande ville des États-Unis, dont la population dépasse les six millions de personnes, a été dévastée par les averses inédites. Selon Democracy Now, Harvey est la plus grande tempête de l’histoire des États-Unis. Au moment où nous écrivons cet article, le décès d’au moins 47 personnes a été confirmé, et beaucoup d’autres craignaient de périr noyées dans leur voiture ou leur maison submergée par les eaux. Au moins 100.000 foyers ont été détruits, selon le conseiller de la Sécurité intérieure Tom Bossert. Des dizaines de milliers de personnes ont cherché des abris temporaires et beaucoup d’autres cherchent encore un refuge.
Un demi-million de voitures sont considérées comme totalement perdues. Les écoles ont repoussé la date de début des cours de plusieurs semaines et certaines écoles n’ouvriront même pas du tout. Dans la région, seuls 20% des gens disposent d’une assurance contre les inondations et même ce programme est gravement sous-financé et devra être renouvelé par le Congrès en septembre.
L’ouragan Harvey et ses inondations constituent une catastrophe naturelle considérablement empirée par le capitalisme. Deux réservoirs âgés de 80 ans, chroniquement sous-entretenus par les gouvernements, débordent complètement, inondant de nombreuses maisons qui auraient autrement été épargnées par la pluie. Les investissements n’ont pas non plus suivi dans les usines chimiques avec pour conséquences la fuite de produits chimiques dangereux dans l’eau qui provoquent explosions et incendies. Dans la ville de Crosby, les inondations ont provoqué l’explosion d’une usine de peroxyde et le PDG a jusqu’ici refusé de fournir la moindre d’information. Les résidents de quartiers proches de raffineries de pétrole et d’usine chimiques ont signalé des odeurs étranges. Un toxicologue du Fonds de défense de l’environnement ‘‘s’attend à ce qu’un million de kilos de produits chimiques toxiques soient déversés autour de Houston, à la suite de la tempête et des inondations. Beaucoup d’entre eux sont cancérigènes’’ (National Public Radio, 30 août 2017).
La réponse inadéquate du gouvernement
Lorsque les eaux ont piégé les gens dans leurs maisons, il est devenu évident que les efforts de sauvetage des organismes gouvernementaux et à but non lucratif étaient terriblement insuffisants. Toute la garde nationale du Texas n’a été appelée que plusieurs jours après le début de la catastrophe. Les autorités ont même échoué à fournir suffisamment de lits pour les évacués, en s’appuyant plutôt sur la générosité des Houstoniens ordinaires moins touchés par la tempête.
Des milliers de travailleurs sont spontanément allé aider leurs voisins à sortir de la crue des eaux. L’effusion massive de solidarité a vraiment été impressionnante. Le New York Times a ainsi signalé que ‘‘les bateaux à moteur, les jet-skis et les bateaux de pêche se sont précipités à l’aide des personnes piégées dans leurs maisons. Il s’agissait de soudeurs, de couvreurs, de mécaniciens et de pêcheurs avec shorts et ponchos. La classe ouvrière, en grande partie, a été sauvée par la classe ouvrière.’’
Au fur et à mesure que l’ampleur de la crise se révèle au grand jour, l’envie d’entrer en action risque bien de croître. La première préoccupation sera de s’assurer que les personnes de la côte du Golfe – toutes les personnes, en particulier les plus vulnérables – obtiennent l’aide dont elles ont besoin pour survivre et reconstruire leur vie. C’est la classe ouvrière, les personnes de couleur et les personnes âgées – qui n’ont souvent pas les moyens immédiats d’évacuer ou de reconstruire leur vie – qui souffrent le plus.
Tous les survivants méritent une dignité et un soutien adéquat pour réussir les prochains jours et mois. Le souvenir de Katrina, du Superdome, de l’occupation raciste de la Nouvelle-Orléans et des camps de la FEMA (Agence fédérale de gestion des urgences) est encore dans la conscience de notre pays. Nous ne pouvons pas autoriser un autre effort injuste de reconstruction comme après Katrina.
Plus de 100 milliards de dollars ont été consacrés à Katrina dans des secours en cas de catastrophe fédérale, et ce n’était pas suffisant. Les gens vivaient toujours dans les remorques de FEMA dix ans plus tard. Après des procès, plus de 40 milliards de dollars ont été versés à 55.000 personnes de Louisiane, du Texas, de l’Alabama et du Mississippi parce que ces remorques s’avéraient toxiques !
Nous ne devrions pas croire que Trump, les républicains, les démocrates ou les entreprises américaines répondront aux besoins des travailleurs, des personnes de couleur et de tous ceux qui sont affectés par cette tragédie. Sans aucun doute, le Congrès adoptera certaines mesures d’urgence. Mais les travailleurs devront exercer une pression massive sur le gouvernement pour exiger que toutes les personnes touchées reçoivent toute l’aide nécessaire.
Nous devons exiger chaque dollar nécessaire pour aider les travailleurs à revenir à la vie normale le plus rapidement possible. Nous devons également exiger un programme de travaux publics massifs payé par les taxes sur les riches pour reconstruire les barrages, les réservoirs, les routes, les ponts et d’autres parties importantes de l’infrastructure de la région détruites dans la tempête – et pour s’assurer que tout est construit pour résister aux futures intenses tempêtes.
À maintes reprises, lorsque des catastrophes frappent le monde entier, ce sont des gens qui ont ouvert leurs portefeuilles et leurs maisons tandis que les plus riches ne bougent pas. Pire encore, l’histoire montre également que nombreux sont ceux parmi les plus nantis qui exploitent les crises pour leur propre profit. Les rapports indiquent que les promoteurs immobiliers et les investisseurs regardent déjà la destruction de l’ouragan Harvey comme une immense opportunité, alléchés par les millions de dollars qui seront nécessaires à la reconstruction.
Le gouvernement américain dominé par les entreprises a des antécédents de faiblesses bureaucratiques grotesques face aux situations d’urgence. Pour ces raisons, il est nécessaire que les personnes touchées par cette tempête disposent de leur mot à dire dans la manière dont l’aide est allouée. Il nous faut créer des comités démocratiques dotés d’un véritable pouvoir décisionnel et de ressources suffisantes pour garantir que l’aide se dirige vers là où on en a besoin. L’histoire montre que la mobilisation active des travailleurs et des opprimés ainsi que les manifestations de masse sont les moyens les plus importants de garantir que la quantité totale d’aide nécessaire soit concrètement fournie.
Comment cela aurait-il pu être évité ?
Une discussion a également commencé sur la façon dont de telles catastrophes peuvent être évitées à l’avenir. De toute évidence, insuffisamment de moyen ont été prévus pour faire face à un tel ouragan, en dépit des nombreux avertissements des climatologues. L’absence de sérieuse réglementation concernant la pollution et les émissions de gaz à effet de serre – sous la pression des entreprises du secteur des énergies fossiles et de celui des automobiles – se trouve derrière la panne de notre climat. Bien que le changement climatique n’ait pas provoqué nécessairement cet ouragan spécifique, il a créé des océans plus chauds et une planète plus chaude entraine plus de vapeur d’eau dans l’air et des pluies plus intenses. Le changement climatique cause directement des ouragans plus puissants et destucteurs.
L’administration Trump et les républicains au Congrès se sont complètement opposés à la résolution du problème climatique. Trump a retiré les États-Unis de l’accord sur le climat de Paris et a effacé toute mention du changement climatique de nombreux sites Web du gouvernement. Quelques jours avant l’explosion de l’ouragan, Trump a abrogé les règlements sur les projets de construction conçus pour aider les villes à faire face aux inondations causées par les changements climatiques.
Les grandes entreprises pétrolières bloquent toute discussion ou action significative sur le climat. Les produits pétroliers représentent la plus grande part des exportations de Houston. Mais les retombées environnementales des dommages causés aux installations chimiques et aux raffineries dans la région pourraient être catastrophiques.
Nous pouvons bien entendu nous attendre à ce que les dirigeants d’entreprises résistent à toute tentative de leur faire payer la crise qu’ils ont créée, que ce soit par des taxes, des amendes ou des législations plus restrictives. Trop c’est trop. Nous devons mettre fin à leurs pratiques égoïstes.
Sérieusement changer la situation actuelle signifie d’exproprier et de nationaliser le secteur énergétique sous contrôle et gestion démocratiques afin que les moyens du secteur puissent être orientés vers la protection de l’environnement et la transition rapide de l’économie vers les énergies renouvelables, avec de justes compensations pour les travailleurs du secteur des énergies fossiles et leur reconversion avec de bons emplois.
Un autre facteur clé a été la façon dont les politiciens établis à Houston des partis républicain et démocrate ont déréglementé le développement économique ces dernières décennies. Leur politique immobilière a coulé sous le béton d’énormes pans de terres, ne laissant la pluie aller nulle part ailleurs que dans les maisons. Le Dr Phil Bedient, professeur d’ingénierie civile et environnementale à l’Université de Rice, a expliqué que de nombreux développements ont été construits sans suffisamment de terrains ouverts ou de zones de détention pour absorber les eaux de crue. ‘‘Nous savons comment nous y prendre depuis des années, il ne manque que les moyens de le faire’’ (NY Times).
En 2015, le Houston Chronicle a examiné un échantillon de permis délivrés aux promoteurs immobiliers et a constaté que plus de la moitié de ces derniers n’avaient pas suivi les directives américaines concernant la destruction des zones humides (NY Times).
Le Dr Robert Bullard a expliqué à Democracy Now: « Eh bien, en réalité, Houston était une catastrophe en attente d’arriver, étant donné que vous avez face à vous un capitalisme sans limite qui passe outre les réglementations visant à contrôler les industries, même celles responsables de l’émission de gaz à effet de serre et d’autres pollutions industrielles. Cet impact a été négligé depuis de nombreuses années. C’est un désastre, mais c’est un désastre très prévisible.’’
En fin de compte, nous devons faire face à la réalité que le capitalisme impose en tant que système reposant sur des entreprises privées mises en concurrence. Ce système limite sévèrement notre capacité à faire face à aux modifications climatiques et à l’urbanisme.
L’alternative au chaos causé par le capitalisme et à la cupidité des milliardaires est la planification socialiste démocratique de l’économie afin de remplacer l’anarchie axée sur la course aux profits. Nous devons construire un rapport de force, par le biais d’un puissant mouvement socialiste des travailleurs autour de la revendication centrale de faire passer les 500 plus grandes entreprises du pays sous propriété collective, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs. Cela poserait enfin les bases pour l’instauration d’une société rationnelle et démocratiquement planifiée reposant sur la satisfaction des besoins des gens et le respect de la planète.
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[ARCHIVES] Retour sur la catastrophe de Katrina

Les conséquences du passage de Katrina, en 2005. Photo : Wikipédia En 2005, l’ouragan Katrina a causé de gigantesques destructions, notamment à la Nouvelle-Orléans. Cette catastrophe naturelle a été des plus terribles pour des milliers de victimes. L’administration Bush s’était distinguée par sa réaction très faible et très tardive. La catastrophe a par contre été utilisée pour lancer une offensive néolibérale brutale selon le principe qualifié de “stratégie du choc” par Naomi Klein : instrumentaliser les catastrophes pour imposer privatisations et libéralisations à grande échelle au profit de l’élite capitaliste.
Katrina, c’était il y a douze ans déjà. Les États-Unis sont aujourd’hui touchés par un autre ouragan. Harvey n’a peut être pas eu la même force que Katrina, mais les nombreux problèmes soulevés par cet ouragan sont identiques : le problème du réchauffement climatique est bien réel et entraîne son lot de conséquences en termes de catastrophes naturelles. Comment les victimes peuvent-elles disposer d’un abri, d’une aide et d’une politique de reconstruction sous le contrôle de la population plutôt que dans l’intérêt de la maximisation des profits ? Dans ce contexte, il nous a paru utile de jeter un oeil en arrière avec le dossier ci-dessous, publié à l’époque de Katrina.
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Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente
Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.
Dossier de Nicolas Croes (initialement publié en 2005)
“Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.
Pourtant, après le 11 septembre…
… Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.
La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…
Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour
Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?
Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.
C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…
Une économie dévastée
Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.
A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.
De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.
Bush sur la sellette
A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.
En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.
Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!
Derrière Bush, un système et une idéologie
Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.
Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.
Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.
Quelle Alternative?
Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.
Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.
Les sacrifiés de l’après-11 septembre
Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.
Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.
Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.
Voyage dans l’Amérique pauvre
Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.
Jean Peltier
La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !
Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.
La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !
Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…
A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.
L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR
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Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente
Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.
Dossier par Nicolas Croes
“Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.
Pourtant, après le 11 septembre…
… Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.
La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…
Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour
Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?
Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.
C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…
Une économie dévastée
Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.
A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.
De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.
Bush sur la sellette
A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.
En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.
Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!
Derrière Bush, un système et une idéologie
Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.
Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.
Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.
Quelle Alternative?
Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.
Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.
Les sacrifiés de l’après-11 septembre
Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.
Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.
Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.
Voyage dans l’Amérique pauvre
Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.
Jean Peltier
La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !
Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.
La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !
Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…
A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.
L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR