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Tag: Caroline Gennez
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Quel front progressiste contre la N-VA et le patronat ?
Fin octobre, la FGTB a lancé une campagne pour la solidarité et contre le nationalisme. En soi, c’est une bonne chose, les syndicats doivent aussi prendre position sur des projets politiques. Mais la façon dont Rudy De Leeuw (président de la FGTB) a mis en avant cette campagne n’est pas un pas en avant dans la lutte pour défendre la sécurité sociale.
Par Bart Vandersteene
De Leeuw a appelé à la formation d’un front progressiste du PS, du SP.a et des verts pour contrer la N-VA. Le SP.a et Groen se sont empressés de rejeter cette proposition. Ils veulent rejoindre un gouvernement dirigé par la N-VA et ont trouvé que la note de De Wever était une bonne base pour poursuivre les négociations.
Le PSL n’est pas non plus pour le projet de la FGTB, mais pour des raisons nettement différentes. Pour nous, il s’agit d’une nouvelle tentative de consolider le statu quo politique limitant le choix et la discussion politique aux partis traditionnels existants.
On a pu lire dans l’éditorial du magazine flamand Knack du 27 octobre quelques raisons de se méfier de ce soi-disant front progressiste. ‘‘Au congrès du syndicat chrétien, le président Cortebeeck se demandait : ‘Estce qu’on doit accepter que la Flandre devienne un paradis patronal sur base d’un cimetière social ?’ Cortebeeck et De Leeuw n’étaient probablement pas au pays pendant une longue période… Ils auraient sinon constaté ce que le président de la FEB Leysen a écrit dans une brochure de la Chambre du Commerce belgo-Japonaise. Leysen y décrit la Belgique comme le pays où le taux de taxation réel des entreprises est le plus bas au monde – grâce à la déduction des intérêts notionnels -, et comme un pays très favorable pour les entrepreneurs en termes d’embauches et de licenciements. En bref, le paradis des employeurs existe déjà et s’appelle Belgique.’’
Et d’après la direction de la FGTB, nous devons compter sur ceux-là même qui ont créé ce paradis des employeurs pour stopper la création d’un paradis encore plus intéressant pour les employeurs en Flandre ? Le PS et le SP.a sont les seuls partis qui ont participé à presque chaque gouvernement sur le plan national et régional depuis plus de 20 ans et sont responsables de la politique menée.
Certains pensent qu’une défaite électorale de la social-démocratie peut les conduire à un virage à gauche. Ils ont tort. Le SP.a a déjà connu plusieurs défaites mais, même avec la crise économique, il n’est pas question de virage à gauche. A la question : ‘‘Votre parti se tourne résolument vers les électeurs du centre. Mais est-ce qu’un parti socialiste ne doit pas se concentrer sur les couches les plus défavorisées de la société ?’’, Caroline Gennez, la présidente du parti, a répondu : ‘‘Nous ne devons pas aller encore plus à gauche, ces dernières années nous avons déjà tourné à gauche.’’ Que celui qui l’a remarqué se fasse connaître…
Dans le quotidien De Morgen, le journaliste Walter Pauli se demandait: ‘‘Supposons qu’il y ait un compromis et que le SP.a et Groen se mettent d’accord sur la régionalisation partielle de l’impôt sur le revenu. Qu’est ce que Rudy De Leeuw dira alors aux travailleurs ? Que le SP.a et Groen ont montré leur faillite ?’’ Il a raison. En tant que président de la FGTB, Rudy De Leeuw devrait dénoncer que la social- démocratie et les verts n’offrent aucune alternative. En termes de dénonciation de la N-VA, De Leeuw est d’ailleurs mal placé… En tant président du SP.a à Denderleeuw, il fait partie d’une coalition locale avec le CD&V et… la N-VA !
Les syndicats jouent un rôle important au niveau politique, mais tant que leurs directions continuent de soutenir les ‘‘amis’’ des partis traditionnels, les élections sont limitées au choix entre la peste et le choléra. Contre la politique néolibérale agressive du patronat et de la N-VA, il faut clairement dire que nous n’accepterons pas que les travailleurs et leurs familles payent la crise capitaliste. Seule une gauche combative peut défendre ce message de façon crédible.
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Y-a-t-il encore quelqu’un pour engager le débat idéologique ?
Durant 25 ans, le dogme du marché "libre" était intouchable. Proclamé meilleur système, le marché "libre" était soi-disant le plus favorable au développement de la prospérité. La critique selon laquelle cette prospérité n’était basée que sur des bulles de savon spéculatives était balayée d’un revers de la main. Il semblait pourtant aussi que le gouffre entre riches et pauvres s’approfondissait, tant au niveau mondial qu’en occident. Mais cette tache de beauté devait disparaître à l’aide de temps et de bonne gouvernance. En définitive, ce sont surtout des illusions qui sont nées de la prétendue force créatrice du marché "libre". Au cours des prochaines années, la force destructrice du marché "libre" et du capitalisme va pousser le niveau de vie de la majorité de la population sur une pente dangereuse.
Point de vue de Bart Vandersteene, porte-parole du PSL/LSP
Marché "libre" ou dictature du marché?
"Le marché libre est un grand mensonge. Cela n’existe pas. La confusion entre marché libre et liberté humaine est dangereuse. (…) Cette crise confirme que le monde se trouve sur sa tête, les pieds en haut et la tête vers le bas. Ce qui doit être sanctionné est récompensé, et vice versa. Spéculer est récompensé et travailler est puni. Nous voyons aujourd’hui la nature de ce système, basé sur la privatisation des bénéfices et la socialisation des pertes."Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009.
Le marché "libre" est un grand mensonge, comme le confirme aujourd’hui le système lui-même. Le gouvernement intervient de plus en plus dans ce marché qui n’est pas libre du tout : 80% de la production mondiale et du commerce sont dans les mains de 200 à 300 multinationales. Nous vivons dans un capitalisme de monopoles où les géants de chaque secteur enregistrent des profits absolumment gigantesques et imposent une dictature aux consommateurs et aux employés. Une chose n’est produite que si ces géants peuvent en tirer bénéfice. Notre emploi, notre environnement et notre avenir dépendent donc de la mesure dans laquelle les capitalistes peuvent s’enrichir. Ils nous demandent un jour d’être meilleurs marché par rapport à nos voisins, et demandent à ces derniers le jour suivant d’être encore meilleurs marché. De cette manière, il n’y a qu’un seul gagnant, celui qui détient le sceptre de la dictature néolibérale et pour qui la maximalisation des profits constitue le centre même de l’économie. Au besoin, les capitalistes peuvent encore faire appel à leurs marionnettes politiques pour défendre leurs intérêts.
Paul De Grauwe, un professeur d’économie, a écrit dans les pages du quotidien flamand De Morgen le 16 mai : "La politique appliquée vis-à-vis de la KBC depuis le mois d’octobre, dès le début de la crise, a comme fil rouge la protection des actionnaires de la KBC. La raison est très simple. Les actionnaires de la KBC sont des familles flamandes politiquement très puissantes chez nous, et elles utilisent leurs réseaux politiques avant tout pour préserver leurs intérêts."
Avec cette formule, De Grauwe affirme indirectement que les partis traditionnels sont des marionnettes qui défendent les intérêts de l’élite économique du pays. La crise illustre plus clairement que jamais ce rôle joué par les politiciens traditionnels. C’est d’ailleurs peut-être également bien pour cette raison que la fraude fiscale n’a jamais été résolue dans ce pays et qu’il existe deux formes de justice. Tandis que l’approche de la justice est sévère pour les conflits sociaux et la petite criminalité, la criminalité en col blanc et la grosse fraude fiscale ne rencontre que l’impunité.
Un politique de bac à sable
Les partis traditionnels dépensent des dizaines de millions d’euros pour leurs imprimés électoraux avec des slogans creux ou de vagues promesses, bien peu souvent réalisées par ailleurs. Des agences de publicité sont engagées pour trouver de bons jeux de mots et créer une certaine image. Les idées et le programme sont devenus des accessoires, des gadgets. C’est normal, tous les partis traditionnels défendent la même politique néolibérale, à quelques très petites nuances près. Malgré la faillite éclatante du libéralisme et du marché "libre", tous les partis classiques restent accrochés à leur propre variante du libéralisme, du marché "libre", pour le défendre ouvertement, réclamer une légère correction – ou une correction verte – ou encore mettre en avant une adaptation raciste.
Le débat est bien plus présent dans la société, beaucoup plus que ce que l’on peut soupçonner en examinant simplement cette campagne électorale. Les discussions officielles autour de ces élections ne sont pas représentatives de ce qui vit aujourd’hui parmi la population. Les guéguèrres de partis et les noms d’oiseaux servent surtout à cacher le fait que les partis traditionnels n’ont pas du tout de solutions pour cette crise.
Nous avons besoin d’une alternative au libéralisme
Le choc avec la réalité ve être très dur les années à venir. Les fonds de pensions tombent en faillite, les prêts hypothécaires sont impayables, un contrat à durée indéterminée devient un luxe, l’incertitude devient la règle, la sécurité sociale et les services publics doivent céder le pas sur le sauvetage des banques et de leurs actionnaires. Ceux qui veulent lutter contre cette logique regardent souvent impuissants la marche des évènements. Parfois, ils ne trouvent même pas de relais dans leur propre syndicat, qui parle une autre langue. Ils n’ont pas de voix à eux dans le débat politique actuel. C’est la dictature du capital qui décide de ce qui est produit, si nous pouvons travailler ou pas, et c’est encore elle qui décide de notre avenir. Nous avons besoin d’une alternative qui se base fondamentalement sur une autre logique, sur une société où les travailleurs et leurs familles peuvent avoir le contrôle sur la richesse produite. Alors, cette richesse pourra enfin être consacrée aux besoins véritables de la collectivité.
Selon l’idéologie dominante, la chute du mur a prouvé qu’aucune alternative au capitalisme n’est possible. Le libéralisme a lié à cette affirmation que le système nous apporterait à tous la prospérité pour autant que l’on laisse au privé un maximum de liberté.
La gauche s’est alors trouvée dans une position défensive. Le stalinisme a sombré. Tant pour ses partisans que pour les opposants libéraux, cela signifiait que le modèle socialiste était voué à l’échec. A travers le monde, toutes sortes de mouvements de gauche ont supprimé la référence à une société socialiste dans leur programme. Nous sommes maintenant 20 ans plus tard, c’est le 20ème anniversaire de la chute du mur. Pour l’écrasante majorité des habitants des anciens pays staliniens, le pays tant promis où le lait et le miel devait couler à flots n’est pas devenu une réalité. La crise actuelle confirmera une nouvelle fois que cet espoir était vain. Les Etats staliniens sont devenus des terrains de jeux pour les capitalistes occidentaux. Les piliers de l’économie planifiée ont été pillés à court terme, et la population a pu découvrir une version brutale et maffieuse du capitalisme du marché «libre». Différents sondages d’opinion ilustrent ce constat. En ex-Allemagne de l’Est, 73% des sondés approuvent les critiques de Marx sur le capitalisme et 66% pensent que le socialisme est une bonne idée qui a été incorrectement appliquée.
Nous avons un grand besoin de débat idéologique. Pour l’emporter dans cette lutte, la gauche a besoin d’une idéologie et d’un programme socialistes capables de répondre aux besoins concrêts de la population tout en expliquant pourquoi le socialisme a échoué au 20ème siècle.
Remettre le socialisme à l’agenda
«Durant vingt ans, nous avons essayé avec du contenu. Mais cela ne marche plus aujourd’hui.» Peter Mertens, dans le quotidien flamand De Standaard, le 28 mai 2009.
Nous souhaitons beaucoup de succès au Parti du Travail de Belgique (PTB) avec leur campagne électorale, mais nous ne partageons pas avec eux cette opinion selon laquelle le contenu serait subordonné à la forme. Nous pensons que la gauche a plus que jamais besoin de contenu pour pouvoir offrir une alternative face à la crise du libéralisme.
Un sondage d’opinion rendu public début avril a révélé que 53% des américains sont partisans du capitalisme, 20% affirment que le socialisme est un meilleur système et 27% disent ne pas être en mesure de répondre à cette question. Beaucoup d’observations peuvent être faites sur cette base. Mais le fait qu’une minorité importante d’Américains ne se dit pas partisane de ce système illustre que la recherche d’une alternative au capitalisme se développe.
La force destructrice du marché «libre» et du libéralisme est visible pour chacun. Ce n’est que l’intervention massive des autorités qui a évité un scénario «1929». Avec cette crise, le néolibéralisme prouve sa totale incapacité de tenir compte des besoins de la classe des travailleurs (soit ceux qui travaillent maintenant, sont sans emploi, retraité,…). A la recherche d’une alternative, de plus en plus de personnes voudront en savoir plus sur le socialisme. Nous ne pouvons que leur conseiller d’aller suffisamment loin dans leur recherche. Caroline Gennez, la dirigeante du SP.a, a défini son socialisme comme étant une «une forme évoluée du libéralisme». Dans les faits, les mesures proposées par le PS illustrent que Di Rupo et Compagnie ne pensent pas différemment. De son côté, le comité national républicains, aux Etats-Unis, a voté ce 20 mai une résolution dans laquelle ils demandent aux démocrates «d’arrêter de pousser le pays en direction du socialisme.»
La campagne électorale du Parti Socialiste de Lutte n’est peut-être pas assez attractive pour les médias selon les normes actuelles défendues par les médias classiques. Mais nous mettons en avant des idées, un programme et une idéologie. Les réactions et le soutien que nous avons obtenu dans la rue ont été très encourageants. Notre campagne idéologique et les listes auxquelles nous participons n’ont pas pu trouver une large entrée dans les médias. Pour l’instant, malheureusement, nos possibilités électorales sont très très réduites. Néanmoins, nous avons apporté de l’idéologie dans cette campagne, et nous avons aussi stimulé le débat sur la manière d’en finir avec l’avidité capitaliste. Pour cela, nous avons besoin d’une société socialiste.
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Le cartel flamand butte sur les frontières de leur propre politique
Ce qui avait déjà été prédit par beaucoup est maintenant arrivé avec environ un an de retard : le cartel CD&V – N-VA s’est scindé plus rapidement que BHV. Ce nouvel épisode du feuilleton politique est le résultat inévitable de la guerre de position communautaire qu’ont connu ces derniers mois et années.
Par Bart Vandersteene
Avec le cartel flamand, le CD&V est redevenu après les élections de 2007 la formation politique flamande la plus importante. La crise qui a suivi la défaite électorale de 1999, quand le CD&V avait obtenu seulement 20,54% au sénat, semblait définitivement du domaine du passé. Avec un score de 31,58% au sénat, le parti chrétien-démocrate flamand était le parti traditionnel le plus important et Yves Leterme, qui à ce moment là personnifiait encore la « bonne gouvernance », avait reçu 733.643 voix de préférence. Peu reste aujourd’hui encore debout de cette image, même si le cartel obtient encore dans les sondages presque 30%.
Le cartel avait déclaré qu’il allait rapidement remettre les francophones à leur place après les élections et réaliser une grande réforme d’Etat. La N-VA suit une stratégie de confrontation qui doit démontrer l’impossibilité du système belge de fonctionner correctement. Ce n’est pas neuf. Par contre, c’était nouveau de voir entrer à ce point dans cette logique le CD&V, le parti de la gestion par excellence pendant des années, afin qu’il redevienne incontournable.
La rupture a été préparée
Jusqu’à cet été, Leterme était le fer de lance du cartel flamand et il a lui aussi dû recevoir des coups pour les échecs consécutifs des négociations communautaires. Le nouveau projet de laisser les communautés « dialoguer », a laisser de côté Leterme pour que Kris Peeters puisse se mouiller. Le Premier ministre flamand a donc lui aussi perdu sa « virginité communautaire ».
Leterme a pu de cette manière pu rester à l’arrière-plan et transférer la crise du gouvernement fédéral au gouvernement flamand. Le SP.a, dans l’opposition au niveau fédéral, n’a pas eu de problème à marcher dans cette nouvelle voie. C’était beaucoup plus compliqué pour la N-VA, car pour tout le monde il était devenu plus que clair qu’arriver à une réelle réforme d’Etat pour juin 2009 via ce dialogue n’était pas possible. La question était donc de savoir si la N-VA allait continuer à participer encore longtemps au gouvernement fédéral et flamand. Le congrès de la N-VA du 21 septembre a sans surprise repoussé les propositions des trois intermédiaires. Les dominos sont alors tombés les uns après les autres : le retrait de la confiance au gouvernement fédéral (duquel la N-VA ne fait plus partie), la crise au gouvernement flamand et l’appel du SP.a et du VLD au retrait du ministre Bourgeois pour arriver à une rupture du cartel.
Après une année de mortification, le CD&V s’est enfin débarrassé de son partenaire radical. Cela va donner encore beaucoup de choses à discuter dans le CD&V. La N-VA se présentera comme les meilleurs Flamands chez les nationalistes. Et après ? Les partis francophones vont tout les quatre considérer la disparition de la N-VA du cartel comme une victoire et il n’est pas à exclure qu’ils accepteront plus facilement un compromis maintenant que ces séparatistes ont disparu de la table de négociations. Le CD&V argumentera que sa tactique par étape négociées produit des résultats en opposition à la politique de confrontation de la N-VA. Il ne doit pas être exclut qu’il y ait un accord-cadre pour une future réforme d’Etat pour les élections du 7 juin 2009. Il est cependant fortement douteux que BHV et le cas des 3 bourgmestres francophone de la périphérie y figurent.
Quid de la N-VA?
Au congrès de la N-VA, une grande euphorie était présente vis-à-vis de la fermeté au niveau des principes, mais elle disparaitra rapidement quand on commencera à réfléchir au sujet de l’avenir. Le parti exclut aujourd’hui de participer à un cartel dans lequel un partenaire au gouvernement fédéral ou régional et l’autre non. L’idée de participer indépendamment aux prochaines élections a la préférence d’une grande partie du cadre du parti, mais cela comporte beaucoup de dangers. Il ne faudra pas longtemps aux souvenirs des élections de juin 2003 de revenir à la surface. A ce moment, la N-VA n’avait dépassé le seuil électoral qu’en Flandre Occidentale pour obtenir un siège (4,85% pour toute la Flandre). Avec un seul parlementaire et aucun sénateur, une solution de rechange a été cherchée et trouvée avec un cartel avec le CD&V. L’importance de ce cartel avait été démontrée fin 2006, quant Jean-Marie Dedecker, après un flirt éphémère, a été mis de côté de la N-VA pour ne pas brusquer le partenaire de cartel.
Au sein des partis petits-bourgeois comme la LDD ou la N-VA, l’accent est beaucoup plus mis sur le rôle de l’individu. Les personnalités arrogantes et les comptes à régler pèsent par conséquent souvent plus lourdement qu’auprès des partis traditionnels. Même si la N-VA arrive à genoux chez la LDD, il semble improbable que Dedecker donne suite à une proposition de coopération. Sa position est fondamentalement différente de l’époque où la N-VA l’a rejeté au profit du cartel. Maintenant, le parti personnel de Dedecker se trouve au dessus des 10% dans les sondages tandis que la N-VA ne dépasse le seuil électoral dans aucun. La concurrence entre les formations de droite avec à côté de la N-VA la LDD et le Vlaams Belang n’est pas non plus à l’avantage de la N-VA, malgré ses nombreux militants et une base mieux organisée. Une nouvelle défaite électorale, en n’obtenant pas le seuil électoral, peut annoncer pour la N-VA la fin du parti. De Wever est-il préparé à aller discuter avec ses membres de cette perspective ?
Qu’arrivera-t-il dans les semaines et mois prochains ?
Sans les sièges de la N-VA, la famille démocrate-chrétienne possède encore 34 sièges, face à 41 pour les libéraux. En échange de la conservation de son poste de Premier ministre, Leterme va devoir payer un prix. Le gouvernement ne dispose même plus d’une majorité parmi les néerlandophones au sein du parlement fédéral. Avec un partenaire imprévisible tel que Didier Reynders, c’est un recette d’instabilité. Mais il sera tenté d’éviter de nouvelles élections avant celles de juin 2009.
La présidente du SP.a Caroline Gennez dit qu’elle n’est pas prête à dépanner le gouvernement fédéral en formant une tripartite, comme en Flandre. Dans la pratique pourtant, en participant au dialogue entre communautés, le SP.a permet à Leterme de commencer le boulot. L’opposition du SP.a va donc être constructive pour prouver d’être prêt à de nouveau participer à un prochain gouvernement. Il reste donc peu d’autre choix que de laisser Leterme I jusqu’en juin 2009 dans l’espoir d’arriver alors à un accord-cadre au sujet d’une réforme d’Etat.
Chaque perspective sur la politique doit toutefois tenir compte de la période turbulente sur le plan social qui se trouve devant nous. Les conséquences de la crise économique et de la politique budgétaire peuvent tout gâcher pour Leterme & Co. Une classe ouvrière en marche pour le pouvoir d’achat et le travail va pousser ses revendications au gouvernement alors que selon la logique néolibérale du gouvernement, des assainissement sont nécessaires. Une fois les thèmes sociaux à l’avant-plan, le caractère asocial et néolibéral des partis au gouvernement sera clair. Ils vont probablement tenter d’éviter cela autant que possible avant les élections.
Après les élections de 2009, on pourra alors démarrer avec une nouvelle composition – un gouvernement stable qui exigera probablement la participation des trois partis traditionnels – et commencer l’application du programme de la bourgeoisie belge. Une grande réforme d’Etat, dont il est possible d’avoir un cadre pour les élections, il est établi, peut alors rendre la politique néolibérale plus efficace en compliquant la résistance de la classe ouvrière. Nous ne pouvons accorder aucune confiance en ces partis néolibéraux. La classe ouvrière a besoin de son propre parti pour défendre ses revendications sur le terrain politique.
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Où est l’opposition à la politique néolibérale?
Face aux mesures musclées qui ont été proposées par les négociateurs de l’Orange bleue et aux empoignades lors des négociations pour la formation du gouvernement, le manque d’opposition digne de ce nom a été frappant. Les rares déclarations et critiques sont restées étonnament mesurées et prudentes.
Plusieurs partis espèrent sans doute encore être invités à la table des négociations pour la formation d’un gouvernement ou, au moins, pour la réforme de l’Etat. Le SP.a a déjà dit qu’il était prêt à faire l’appoint pour arriver à une majorité des deux-tiers pour une réforme de l’Etat tandis que le PS monterait volontiers dans un gouvernement.
Il n’était donc pas question de montrer une véritable opposition aux propositions qui ont déjà été lancées. Caroline Gennez, la nouvelle présidente du SP.a, a déclaré : « Vu que la majorité n’y croit pas elle-même, l’opposition n’a pas beaucoup de travail ». On pourrait penser que c’est l’occasion idéale d’avancer des alternatives, mais c’est évidemment là que le bât blesse.
La sortie de Gennez sur le « gouvernement pour le grand capital » que voulait mettre en place Leterme ne valait que pour la prolongation des centrales nucléaires. Pour le reste, la social-démocratie a repris à son compte la défense des intérêts patronaux. Luc Van Den Bossche (SP.a) a insisté sur la nécessité d’une formation rapide du gouvernement parce qu’une impasse « enterre la position concurrentielle de notre pays ». Pour sa part, le PS trouvait que le projet en matière de budget était insuffisant parce qu’on y tenait compte d’un déficit au lieu de couper davantage dans les dépenses. Avec de telles « critiques », on voit que l’option d’une tripartite reste donc bien ouverte.
Il y a bien eu des critiques verbales, notamment de la part de Groen, sur le fait que la note du formateur « n’était pas à la hauteur ». Groen et Ecolo sont prêts à négocier leur appui éventuel à une réforme de l’Etat. La réaction d’Isabelle Durant au flirt poussé de son parti avec des grosses pointures du MR a été de dire que si Ecolo n’était pas enthousiaste à propos de l’Orange bleue, il n’en reste pas moins que « nous sommes des gens de dialogue ».
Le Mouvement Ouvrier Chrétien a déclaré que « l’état des lieux concernant l’agenda social » ne les « rassurait pas ». Il a appelé les négociateurs à élaborer un programme « socialement juste ». La FGTB a déclaré qu’elle n’était « pas en faveur » des mesures proposées parce qu’elles sont taillées sur mesure pour le patronat.
Les mesures antisociales des partis pressentis pour former le gouvernement ont pourtant de quoi susciter une réplique plus cinglante sur les plans syndical et politique. Les réactions des soi-disant partis d’opposition démontrent clairement que les travailleurs n’ont plus aucune représentation politique. Rien d’étonnant à ce qu’ils tournent de plus en plus le dos aux politiciens traditionnels et parfois à « la politique » en général.
Si nous ne réagissons pas nous-mêmes aux attaques qui se préparent contre notre niveau de vie, les néolibéraux iront de plus en plus loin dans leur offensive. On a besoin d’une opposition active. C’est une tâche importante à laquelle doit s’atteler une initiative comme le CAP.