Tag: Carlos Brito

  • Bonus et profits éclatants pour les 1% – Austérité pour les 99%

    Comment briser cette logique ?

    La bête sauvage de l’austérité a saisi la Belgique entre ses griffes. Mais les gouvernements cherchent à donner l’impression que ses morsures ne sont pas si graves et à peine perceptibles. Fin de l’an dernier pourtant, 153 mesures ont permis de trouver 11,3 milliards d’euros, dont 2,3 milliards d’euros dans les soins de santé uniquement, et de nombreux autres millions proviennent de nos pensions et allocations sociales. Le récent conclave budgétaire a encore trouvé 2,5 milliards avec 119 mesures. Aux dires des ministres, il semblerait que la seule question à se poser soit de comprendre comment ces 2,5 milliards n’ont pas été économisés plus tôt.

    Par Bart Vandersteene, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Mais derrière ces milliards et ces millions – des sommes finalement très abstraites pour la population – se cachent des réalités bien concrètes. En Flandre, les transports en commun vont subir une saignée de 60 millions d’euros, avec un impact majeur au niveau de la prestation de services. Des bus seront supprimés partout. A la SNCB et à Bpost, des centaines de millions vont également être économisés.

    Pendant ce temps, le Fonds Monétaire International (FMI) et différents lobbys libéraux assurent que la Belgique devra encore économiser cette année, de façon ‘‘structurelle’’ de préférence, c’est-à-dire par la suppression de l’indexation automatique de nos salaires. Ainsi, la pression est maintenue sur le gouvernement pendant que l’opinion publique est patiemment préparée pour de nouvelles saignées.

    Mais cette fameuse opinion publique est de moins en moins disposée à se laisser faire et à accepter qu’il n’existe pas d’autre alternative que de se faire grignoter. Un récent sondage a ainsi mis en avant que 52% des sondés trouvent que les entreprises payent trop peu d’impôts. La population devient de fait constamment plus sceptique quant à l’utilité des baisses de charges patronales, au rythme des scandales qui révèlent comment les grandes entreprises bénéficient des politiques libérales de ces dernières décennies. La tolérance de la population à l’égard de cette politique est en train de disparaître à jamais.

    La multinationale brassicole Inbev a réalisé un profit de 6,45 milliards d’euros en 2011, soit un milliard de plus qu’en 2010. En 2009, il s’agissait ‘‘seulement’’ de 2,8 milliards. Le travail des managers consiste à voir comment maintenir les salaires au plus bas, licencier les délégués syndicaux les plus irritants (comme au Brésil) et faire payer de plus en plus cher au client. Ce travail, ils le font si bien qu’un groupe de 40 managers de haut niveau a été remercié par un cadeau d’un milliard d’euros. Le patron de la multinationale, Carlos Brito, a ainsi reçu un bonus de 135 millions d’euros en plus de son salaire annuel de 2,46 millions d’euros. Un travailleur gagnant un salaire annuel brut de 40.000 euros devrait donc travailler 60 ans pour obtenir l’équivalent de son salaire. Quant au bonus, selon la CSC, un travailleur gagnant 2.000 euros nets par mois devrait bosser… 5.625 ans !

    Il est impossible de comprendre et de justifier de tels écarts, surtout lorsque de tels bonus faramineux et de tels profits gigantesques ont court en pleine période de crise, au moment même où l’on entend partout que nous devons ‘‘tous’’ faire des sacrifices.

    Mais tout cela est parfaitement logique, ce ne sont pas des ‘‘excès’’. L’économie capitaliste repose sur un seul principe : la maximalisation des profits. C’est dans la nature même de cette bête. Et si on peut apprivoiser un lion – dans une certaine mesure – il est plus difficile d’en faire un végétarien… De la même manière, l’organisation et la lutte peuvent forcer le capitalisme à faire des concessions, mais ce n’est que par un changement fondamental de société qu’il est possible de parvenir à un système dont la priorité est la satisfaction des besoins de tous.


    Abonnez-vous à Lutte Socialiste ! Cet article est tiré de l’édition d’avril de notre journal, Lutte Socialiste. Si vous désirez recevoir Lutte Socialiste dans votre boîte aux lettres, prennez vite un abonnement. Vous pouvez verser 20 euros (pour 12 n°) ou 30 euros (abonnement de soutien) au n° 001-3907596-27 de "socialist press" avec la mention "abonnement". Pour plus d’infos, des remarques, propositions d’articles,… : prennez contact avec nous via redaction@socialisme.be

  • Ils organisent notre misère, organisons notre lutte!

    Selon la Banque Nationale, fin 2010, le Belge avait en moyenne 66.700 euros d’économies et de placements. Mais où sont mes 66.000 euros ? Et les vôtres ? En fait, ce chiffre reflète surtout le fossé gigantesque entre riches et pauvres dans un pays où, selon l’Union Européenne, il y a 2,2 millions de personnes sous le seuil de pauvreté et où le patron de Delhaize gagne en 3 jours plus que ce que gagne en un an une caissière avec une ancienneté de cinq ans…

    Nous avons derrière nous les mobilisations syndicales contre la proposition de norme salariale scandaleuse de 0,3% et, maintenant, l’indexation automatique des salaires, déjà vidée d’une bonne partie de sa substance, est dans le collimateur de l’Union Européenne. Mais pour nos patrons, il en va autrement. Ainsi, le patron le mieux payé du Bel20, Carlos Brito d’AB Inbev, a reçu l’an dernier pas moins de 4,4 millions d’euros. Le second est le patron de GDF Suez, propriétaire d’Electrabel : 3,1 millions d’euros en 2010. Ensuite arrive le patron de Belgacom (2,5 millions d’euros), celui de Dexia (1,8 millions d’euros) ou encore celui de Bpost (1,07 million d’euros). A tout cela, il faut encore rajouter les bonus, les stocks options, les primes de bienvenue et autres parachutes dorés.

    S’il existe une reprise économique très incertaine et fragile, elle profite aux spéculateurs et grands actionnaires, car le cauchemar continue pour la toute grande majorité de la population mondiale. Et même si nous ne subissons pas encore en Belgique des plans d’austérité de l’ampleur de ceux qui frappent le Royaume-Uni (plus de 100 milliards d’euros en moins dans les dépenses d’Etat en quatre ans…), la Grèce (qui en est à son quatrième plan d’austérité!), l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne, les effets de la hausse des prix, de la pénurie d’emplois, de la multiplication de l’emploi précaire et mal payé,… sur le niveau de vie des travailleurs sont tout de même dévastateurs.

    La colère qui découle de cette situation est immense, et on a pu la voir s’exprimer aux quatre coins du globe ces derniers temps : au Wisconsin (Etat-Unis) ou encore à Londres, avec une manifestation de 700.000 personnes, la plus grande manifestation depuis les années ’80. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le processus révolutionnaire a illustré de manière éclatante l’actualité et la puissance des mobilisations de masse ainsi que la force de la classe ouvrière quand elle entre en mouvement. De l’Amérique à l’Asie, de nombreux travailleurs entrent en lutte les yeux tournés vers ces régions.

    Mais en Belgique aussi, les actions syndicales de ces derniers mois ont pu démontrer que quelque chose se produisait sous la surface des choses. La colère est présente, l’envie d’en découdre également. Mais les militants syndicaux savent que pour transformer la colère et la rage en action efficace, il faut bien plus qu’une promenade à Bruxelles. Une large campagne de sensibilisation dans les entreprises ainsi qu’un plan d’action soigneusement planifiés et préparés avec la base sont nécessaires pour construire le puissant rapport de force dont nous avons besoin.

    En ce mois de mai qui débute par la Fête internationale des travailleurs, quelques semaines à peine après les commémorations de la grève générale de l’hiver 60-61 en Belgique, le passé nous rappelle que ce sont les mobilisations de masses et la pression des grèves et de la rue qui nous ont permis d’obtenir des acquis sociaux. Regardons ce passé et tirons-en les leçons nécessaires pour mieux lutter au présent et nous forger le meilleur avenir qui soit : un avenir dénué de l’exploitation capitaliste, un avenir socialiste.

  • La solidarité contre les inégalités. Rapport du meeting de la FGTB

    La semaine dernière, la FGTB a tenu son Congrès statutaire à Bruxelles, sous le titre de ‘‘La solidarité contre les inégalités’’. Le PSL-LSP était bien entendu présent pour mener campagne auprès des militants présents : nous avons besoin d’une alternative de gauche contre les partis traditionnels ! Voici un rapport du meeting de clôture ainsi qu’une vidéo de cette journée.

    Rapport par Jarmo

    La parole a été donnée à 9 délégations syndicales qui ont été victimes de restructurations ces dernières années. La première délégation était celle d’Opel-Anvers, avec Rudi Kennes qui a déclaré que la lutte à Opel a été menée de façon ‘‘non-traditionnelle’’. Ce qu’il voulait dire, c’est que malgré le projet de fermer une usine rentable, il n’y a pas eu d’actions de grève. D’autre part, il a expliqué que la loi-Renault est amplement insuffisante pour permettre aux délégations syndicales de lutter contre les plans du patronat pour organiser un carnage social, et que le Comité d’entreprise a en fait très peu à dire. Il a aussi expliqué qu’il avait choisi un syndicalisme de concertation plutôt que de passer à des actions de grève. Sa prise de parole s’est terminée par l’assurance qu’Opel-Anvers serait toujours ouvert en 2011, mais il n’a pas expliqué comment il pensait pouvoir atteindre cet objectif.

    La délégation combative d’AB InBev est ensuite venue expliquer comment ils avaient refusé de rester dans le cadre de la loi-Renault et d’organiser immédiatement des actions de blocage. Ils ont déclaré que ce n’avait pas été difficile d’avoir une telle détermination, étant donné qu’AB InBev avait empoché 4 milliards d’euros de bénéfice l’an dernier et que le grand patron Carlos Brito avait obtenu un bonus de 6 millions. Avec l’aide de mesures comme la déduction des intérêts notionnels, chaque licenciement était véritablement un scandale. A juste titre, la délégation a répondu : des emplois, des emplois, des emplois ! ”

    Les ouvriers de TechSpace Aéro, à Liège, ont apporté un récit similaire. Leur usine a réalisé 11 millions d’euros de bénéfices ces dernières années, et presque 9 le million d’euros ont pu être obtenus par l’application de la déduction des intérêts notionnels. Au cours de cette même période, les salaires des travailleurs ont baissé de 14% et on disait aux ouvriers qu’il était temps de serrer leur ceinture. Après 14 jours de grève, les ouvriers de Techspace Aéro ont réussi à arracher une trentaine de départ en prépension à 58 ans, avec le recrutement d’autant de jeunes à durée indéterminée. La délégation syndicale a souligné qu’une grande solidarité a existé entre les plus vieux et les plus jeunes, mais aussi avec d’autres délégations syndicales de la Belgique entière. De cette lutte, ils ont conclu que le défaitisme ne mène nulle part, et que seule la lutte paie. Ils l’ont amplement démontré, tout comme les travailleurs d’AB InBev.

    Un représentant de la centrale textile d’Anvers a attiré l’attention sur les milliers de plus petites sociétés qui ne font pas la une des journaux, mais où les travailleurs doivent aussi subir des attaques sévères. Il a déclaré que le nombre de personnes qui se retrouvent à la porte ressemble à un carnage social organisé dans une grande entreprise.

    Les militants du secteur non-marchand ont lancé un appel pour leur manifestation du 8 juin. Leur exigence centrale sera que les problèmes sociaux ne connaissent pas de frontière linguistique et que ces questions sont bien plus importantes que les débats communautaires. Depuis le début de la crise, la pauvreté a augmenté et nous avons besoin de plus de services sociaux. Le 8 juin, les travailleurs du non-marchand veulent clairement signifier qu’ils constituent un mouvement sans frontière linguistique qui joue un rôle crucial dans la société. Il a encore été question, avec d’autres orateurs, de la fraude fiscale, par un militant CGSP-Finances, et de la lutte des travailleurs de Cartomills.

    Un militant syndical grec a abordé les plans d’austérité énormes dont son pays est victime et la lutte contre ces attaques. Il a parlé de la question de la compétitivité et que, pour les patrons, c’est le tiers monde qui sert d’exemple, et nos conditions de travail devraient évoluer dans ce sens. En Grèce, on se retrouve aujourd’hui 50 ans en arrière, et d’autres pays sont sur la même voie, comme l’Espagne ou encore le Portugal. Ce sont les banques et les spéculateurs qui sont responsables de la crise, mais c’est à la population que les gouvernements la font payer.

    Le meeting a été clôturé par Anne Demelenne et Rudy De Leeuw, le sommet réélu de la FTGB. Ils ont promis de lutter contre la déduction des intérêts notionnels, mais ont tout de même appuyé le SP.a. Même si ce n’était pas aussi clair du côté francophone, la logique était la même. Il ne suffit pas de dire de ‘‘voter à gauche’’, nous avons aujourd’hui besoin d’un nouveau parti des travailleurs qui pourrait réellement prolonger les luttes syndicales sur le terrain politique. Mais plus fondamentalement, nous pensons que les restructurations et les crises économiques sont inhérentes à la société capitaliste, et que si nous voulons obtenir de véritables acquis permanents, c’est du renversement du capitalisme qu’il faut parler. Mais, dans l’intervalle, un parti des travailleurs est une donnée cruciale pour impliquer les couches larges de la population dans la lutte active et pour appuyer les luttes des travailleurs.

  • Même les libéraux l’avouent : « Cette façon de rémunérer est irresponsable »

    Il paraît que nos salaires sont trop élevés. Mais ceux qui nous vendent ce message ne se gênent pas pour toucher des sommes exorbitantes dans leurs entreprises. En 2006, les topmanagers des entreprises les plus importantes de notre pays ont reçu une augmentation salariale de pas moins de 22 %.

    Karel Mortier

    Salaires exorbitants au sommet, austérité pour les salariés

    En tant que topmanager du Groupe Bruxelles Lambert (GBL), Albert Frère a touché 5,54 millions d’euros. Jean-Paul Votron de Fortis a palpé 4,47 millions et Carlos Brito d’InBev 3,94 millions. Chez ING, le topman hollandais a reçu 4 millions d’euros, contre 1 million il y a quatre ans. Et toutes ces sommes ne comprennent même pas les bonus et les paquets d’actions qu’ils détiennent.

    Belgacom a réalisé 6,1 milliards d’euros de profits. Le topmanager Didier Bellens a touché 1,85 millions d’euros en 2006, plus 480.000 euros de dividendes de ses actions. Il a en plus réalisé un joli coup : après avoir acheté 300.000 actions Belgacom pour une valeur de 6 millions d’euros en 2004, il en a revendu 180.000 pour ce même prix en 2006. Quant aux 120.000 actions qu’il a conservées, elles lui rapporteront un profit net de 4 millions d’euros.

    Pour le personnel de Belgacom, les choses sont différentes. Début 1990, il y avait encore 26.500 salariés. Il n’en restait plus que 15.000 début 2007. De ces effectifs réduits, la direction aimerait encore en supprimer 1.500 de plus. Comme la CSC Transcom l’a fait remarquer : « L’année dernière, le coût du personnel a baissé de 3,3 %. Au niveau de la direction, les salaires ont augmenté de 6,4 %. Il est grand temps de passer à une augmentation de salaire pour les travailleurs aussi. »

    Chez Bayer/Lanxess, les syndicats ont diffusé un tract dénonçant le clivage entre sommet et base. « Dans un article de De Tijd, M. Ulrich Koemm, membre du comité de direction de Lanxess, a déclaré que les conditions salariales en Belgique ne sont plus concurrentielles au niveau mondial. Malgré cela, ce sont ces messieurs qui s’offrent des salaires exorbitants et gagnent toujours plus d’année en année. Ainsi, le salaire de base de M. Heitman (Lanxess) a augmenté de 13 % en 2006 par rapport à 2005 (de 592.000 à 670.000 euros) et il y a eu une hausse des salaires du Conseil d’Administration de Bayer de plus de 15 % ( de 7.064.828 à 8.143.822 euros). »

    Si même les libéraux mettent en cause le clivage salarial…

    Plusieurs politiciens libéraux ont prévenu que le clivage toujours croissant entre les salaires commençait à poser problème. Karel de Gucht (ministre des Affaires étrangères VLD) s’est déclaré partisan d’une modération salariale pour les salariés, mais « ce plaidoyer en faveur de la modération est difficile à vendre politiquement si, à l’arrière-plan, le sommet touche des salaires royaux et alors que la part des profits des entreprises dans le revenu total de l’économie n’a jamais été si importante. Les dernières années, les salaires réels ont augmenté moins que la productivité. »

    Son ancien collègue-parlementaire et économiste libéral Paul De Grauwe a ajouté que : « Les managers reçoivent des rémunérations élevées parce que l’économie tourne bien et que les Bourses font de bonnes affaires, alors qu’ils n’y sont pour rien. Cette façon de rémunérer est inacceptable ».

    En soi, les politiciens traditionnels ne s’opposent pas aux rémunérations élevées pour les topmanagers. Comme l’a déclaré Etienne Schouppe (CD&V): « Il va de soi que l’on paie bien les topmanagers. Si tu donnes des cacahuètes, tu reçois des singes. » Voilà qui reflète bien leur avis sur la majorité des travailleurs… S’ils souhaitent diminuer un tantinet le clivage entre les salaires des topmanagers et ceux des couches intermédiaires (les cadres et les employés les mieux payés), ce n’est que pour éviter que l’ensemble des travailleurs réclament une augmentation générale des salaires.

    Lâchez nos ceintures !

    Leurs belles déclarations sont d’autant plus hypocrites que les partis traditionnels n’ont rien fait pour stopper l’augmentation du clivage salarial et en sont même co-responsables. Lors des discussions sur la norme salariale de l’Accord Interprofessionnel, ils criaient haut et fort qu’il fallait nous serrer plus fort la ceinture.

    Aujourd’hui ils découvrent brusquement que nos salaires ne suivent pas le rythme et même que « Les augmentations extrêmes pour quelques-uns sont basées sur la modération pour beaucoup. Cela n’est pas juste » selon les paroles du même Etienne Schouppe (qui semble oublier son propre passé en tant que topmanager de SNCB…). Mais qui imagine qu’après les élections, on entendra encore ces belles paroles ?

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