Tag: Burkini

  • Favoriser un climat raciste sert à dévier l’attention des nouvelles mesures antisociales

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    Il y a moins d’un an, s’exprimait en Belgique une grande solidarité spontanée envers les réfugiés fuyant la guerre. La N-VA était alors la première à vouloir contrarier cet élan d’entraide en semant la méfiance et la confusion.

    Par Els Deschoemacker, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Liesbeth Homans, notamment ministre (N-VA) du Logement au gouvernement flamand, avait suggéré : ‘‘Nous avons en Flandre 140.000 logements sociaux et une liste d’attente de 70.000 personnes (…) au sein de laquelle des gens aux situations financières difficiles se trouvent depuis déjà très longtemps. Je ne vais bien entendu pas leur [les réfugiés] donner la priorité.’’ (Deredactie.be, 10 septembre 2015). Le parti champion des politiques antisociales se présentait tout à coup comme le grand défenseur des défavorisés ! La liste d’attente en Flandre pour un logement social compte aujourd’hui 105.370 personnes, soit 13 % de plus qu’en 2013.

    L’objectif ? Monter les différents groupes de la population les uns contre les autres en espérant éviter ainsi qu’une lutte commune les réunisse afin de mettre un terme à des années d’austérité et d’arracher plus de moyens pour les logements sociaux et la politique sociale.

    Ce n’est pas un hasard si ces provocations perdurent, du ‘‘pushbacks des réfugiés en mer’’ (Francken) aux musulmans qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’ (Jambon), en passant par les propos désobligeants de De Wever qui a comparé le burkini à une tente. Le soi-disant ‘‘féministe’’ Bart De Wever se prononce prétendument pour l’émancipation des musulmanes : un cadeau empoisonné.

    Ce n’est pas de l’émancipation des musulmanes dont il est question. Si c’était le cas, les budgets de l’enseignement, des soins de santé, des crèches, de l’aide aux seniors,… ne seraient pas au régime. Davantage de moyens dans tous ces secteurs, voilà en quoi consisterait une politique réellement émancipatrice qui offrirait à chaque femme de pouvoir faire les choix de vie qui lui conviennent afin de prendre place dans cette société, qu’importe son origine ou sa religion.

    Partout à travers l’Europe, un discours islamophobe et raciste est utilisé pour détourner l’attention des politiques anti-sociales. L’establishment capitaliste veut affaiblir l’opposition face à sa politique d’austérité, pro-riches en semant la méfiance et la division parmi les travailleurs et la jeunesse. L’exemple le plus récent est l’interdiction du burkini sur certaines plages françaises. Il n’a pas fallu bien longtemps pour que ce débat traverse la frontière.

    Pas besoin d’être un partisan du burkini pour voir que cette politique vise à jouer sur les émotions pour repousser les tensions sociales. Dans un contexte d’expansion des guerres au Moyen-Orient – avec l’implication de diverses forces impérialistes occidentales qui défendent uniquement leurs propres intérêts au prix de millions de morts, de familles disloquées et de réfugiés – combiné ici à une politique d’exclusion sociale et de croissance de la pauvreté, il ne s’agit pas d’une recette pour moins, mais bien pour plus de radicalisme, de terrorisme et de désespoir. La droite saisira ensuite cela comme prétexte pour restreindre les libertés démocratiques et renforcé sa gestion musclée et répressive de la société.

    Cette rhétorique de diviser pour mieux régner n’est pas innocente et ne se limite pas en Belgique aux islamophobes et aux racistes. Le spectre communautaire menace lui aussi de mettre des bâtons dans les roues de la résistance sociale cet automne. Pour assurer l’unité des travailleurs, il nous faut un programme qui relie la défense des droits démocratiques les plus larges possible à la nécessité d’une transformation socialiste de la société afin de répondre aux besoins de la majorité de la population. Cette approche est cruciale dans la lutte contre le gouvernement et, par extension, contre le système capitaliste tout entier. Ce système ne nous offre que racisme, guerre, pauvreté et exploitation.

    Saisissons la manifestation nationale du front commun syndical du 29 septembre contre la politique gouvernementale comme moyen de construire cette unité. Le mécontentement et le manque de moyens croissant dans tous les domaines exigent une action résolue ainsi qu’une stratégie pour vaincre.

  • Stopper le racisme par la lutte active contre toutes les formes de division

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    Diviser pour régner. Bart De Wever le dit probablement plutôt en latin: «divide et impera». Son parti, la N-VA, applique constamment cette tactique éprouvée et séculaire. Jusqu’il y a peu, les problèmes de financement de la sécurité sociale s’expliquaient essentiellement par la faute des Wallons. Maintenant, ce sont surtout les réfugiés qui bénéficient de cet ‘‘honneur’’. C’est bien pratique pour passer sous silence la réduction des cotisations patronales à la sécurité sociale. La pénurie de logements sociaux? A cause des transferts financiers vers la Wallonie. Et de l’arrivée des réfugiés. A Anvers, où il y a peu de Wallons pour servir de boucs émissaires, ce sont les ‘‘Berbères’’ (les Amazighs) qui ont été accusés de tous les maux de la ville que dirige De Wever.

    Article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le racisme comme écran de fumée

    Partout où sévissent des pénuries, on cherche des boucs émissaires derrière lesquels masquer les véritables profiteurs et leurs représentants politiques. Dans une société qui plus que jamais subit les conséquences de la guerre, de la misère et de la pauvreté, dans une société où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de grandir, les néolibéraux ont besoin de beaucoup de boucs émissaires. L’objectif visé est de garder le silence sur les véritables raisons des problèmes sociaux.

    Le racisme, tout comme la question communautaire, sert aussi à diviser la classe des travailleurs afin d’affaiblir leur lutte contre les politiques antisociales. Le gouvernement de droite peut plus facilement éviter les conséquences de la colère populaire si les travailleurs ne voient pas qu’ils ont les mêmes intérêts que leurs collègues issus de l’immigration ou d’une autre religion. Au moment où le gouvernement préparait une nouvelle offensive contre nos conditions de vie, la discussion sur le burkini est arrivée à point nommé.

    La controverse sur le burkini n’a rien à voir avec les droits des femmes

    En France, des agents de police armés ont obligé une femme à se dévêtir sur la plage. Différentes municipalités françaises avaient imposé une interdiction du burkini contraires aux droits et libertés constitutionnels. Cette virulence contre le burkini a officiellement été présentée comme étant féministe et en faveur de la libération des musulmanes. Des agents armés qui surveillent la tenue vestimentaire des femmes sur la plage, cela fait plutôt penser à des régimes réactionnaires comme celui de l’Arabie Saoudite.

    Le PSL défend le droit des femmes de disposer de leur corps comme elles l’entendent. Cela implique que les femmes ont le droit de porter le voile ou un burkini de même que le droit de ne pas le porter. La polémique sur le burkini a pour but de viser les musulmans, c’est un exemple classique de la politique de diviser pour régner. Juste au moment où le débat a été relancé concernant le budget fédéral en Belgique, la N-VA a sauté sur l’occasion.

    Si les partis au pouvoir en France et en Belgique avaient vraiment les droits des femmes à cœur, ils ne sabreraient dans aucun budget des services publics tels que la petite enfance, l’enseignement,… tout en imposant une super-flexibilité et de plus bas salaires aux travailleurs.

    La politique de droite provoque des problèmes sociaux

    En Flandre, le président du SP.a, John Crombez, a fait son mea culpa: selon lui, la gauche s’est montrée ‘‘naïve’’ dans les domaines de la migration et de la sécurité. Voilà une parfaite illustration d’où en est cette ‘‘gauche officielle’’ qui a imposé la politique néolibérale des décennies durant et qui maintenant n’a rien à offrir en réponse aux conséquences de cette politique. Cela va de pair avec l’image d’une ‘‘gauche’’ responsable de l’arrivée des réfugiés, un cliché que la droite instrumentalise sans vergogne.

    La gauche conséquente, elle, ne s’est pas compromis en soutenant la guerre en Afghanistan, en Irak, en Syrie et ailleurs. Ce n’est pas par hasard si la plupart des réfugiés proviennent de ces pays. Ces guerres ont contribué à la croissance de groupes réactionnaires extrémistes comme les talibans et l’Etat Islamique. Toujours à gauche va à l’encontre de la rupture du tissu social de nos quartiers et les communautés en raison de l’austérité. La gauche conséquente s’est opposé à la casse sociale consécutive à la logique néolibérale dans nos quartiers et nos communautés. La gauche conséquente dispose d’un programme pour que chacun puisse vivre paisiblement, ensemble, dans le respect de l’individualité de l’autre: un programme basé sur l’emploi, les services publics, l’accès aux logements,… qui offre un bon avenir à tous, et pas seulement aux super-riches comme cela est le cas aujourd’hui. Nous défendons une transformation socialiste de la société et une rupture anticapitaliste.

    Les partis traditionnels ne vont pas aussi loin, pas même la social-démocratie. C’est même aller trop loin pour eux que de relier la crise des réfugiés aux guerres. La responsabilité des problèmes sociaux est donc individualisée: ce sont les jeunes musulmans le problème. Pas tous les musulmans, la plupart, selon Crombez, sont des ‘‘Flamands modernes’’. Il y a donc encore une petite différence entre lui et la N-VA.

    La social-démocratie est en effet en partie responsable de la montée des tensions actuelles dans les quartiers et les villes. Les ‘‘jeunes musulmans’’ dont parle Crombez, ont vu des années durant leurs frères et sœurs plus âgés, leurs amis et leurs famille évoluer sans emploi ou sans perspectives d’avenir stable. Où donc était la social-démocratie lorsqu’il fallait réagir avec un plan garantissant de bons emplois pour tous ? La politique de la social-démocratie, ce n’est pas la ‘‘gauche laxiste’’, c’est juste la droite.

    Lutter contre le racisme

    Un adolescent de Genk issu de l’immigration est décédé cet été au Maroc et des dizaines de racistes étaient immédiatement prêts à danser sur sa tombe de la manière la plus dégoûtante qui soit. Ils n’ont pas fait l’objet de la même attention médiatique que les musulmans imaginaires de Jan Jambon qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’. Deux poids, deux mesures.

    En Belgique, le racisme reste pour l’instant largement passif, au stade de commentaires engloutis par les médias sociaux. Mais les cas de racisme ‘‘dans la vraie vie’’ sont en augmentation: propos racistes tenus dans les lieux publics, regards en colère contre ceux qui semblent ‘‘différents’’ ou violence manifeste.

    De petits groupes racistes comme PEGIDA ou Nation du côté francophone ne parviennent pas à organiser activement des événements majeurs. Le Vlaams Belang et PEGIDA ont tenté de créer un mouvement au début de cette année, ce fut un échec. Les contre-actions étaient généralement bien plus grandes. Nous avons joué un rôle majeur pour l’assurer avec notre campagne antifasciste flamande Blokbuster. C’est ce qu’a reconnu Manuel Abramowicz de RésistanceS.be dans les pages du quotidien Le Soir au sujet de la manifestation annuelle du NSV (association étudiante officieuse du Vlaams Belang): ‘‘Cette manifestation regroupe entre 150 et 200 militants. La contre-manifestation, constituée de jeunes d’extrême gauche (…) rassemblent, eux, entre 500 et 1.000 manifestants. Ces chiffres résument bien l’état des forces en présence. L’extrême gauche n’est pas dans l’air du temps, contrairement à l’extrême droite. Mais sur le terrain, la gauche radicale est numériquement plus importante sur le terrain militant.’’ L’utilisation du terme ‘‘d’extrême gauche’’ est regrettable, mais la conclusion est correcte: l’extrême droite bénéficie d’un soutien, mais qui reste essentiellement passif.

    Le racisme et d’autres formes de division doivent être activement combattus. Au bar ou sur les médias sociaux, les déclarations racistes font plus de dégâts si elles n’entrainent pas de réponse. Dans certains cas, la confiance des racistes les pousse vers des actes de violence en dehors des médias sociaux. En France et en Allemagne, des réfugiés ont été attaqués en rue, des centres de réfugiés ont été victimes de tentatives d’incendie,… A Dortmund, en Allemagne, les néo-nazis se sont sentis suffisamment forts pour passer à une tentative d’assassinat contre un antifasciste.

    La meilleure riposte est de s’organiser et de construire une alternative à l’austérité et aux problèmes sociaux, cela ne peut que renforcer la solidarité dans la lutte. Ce qu’il faut, c’est organiser les antiracistes sur base d’une perspective de lutte et d’une stratégie orientée contre le système capitaliste responsable des diverses formes de division.

  • France: L’interdiction du burkini alimente l’islamophobie

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    Pour l’unité des travailleurs contre le racisme, la division et l’austérité

    La décision d’une trentaine de maires du Sud de la France d’interdire des plages le port de maillots de bain ‘burkini’, au motif fallacieux «d’incitation au terrorisme» et de «menace sur la sécurité publique» a suscité l’indignation internationale. En dépit d’une décision judiciaire rejetant cette interdiction anticonstitutionnelle, les maires en question affirment vouloir poursuivre sur cette voie. La question est devenue le centre d’un jeu dégoûtant en contrecoup des récents attentats terroristes en France.

    Par Judy Beishon, article tire de The Socialist (hebdomadaire du Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    Le maire de Cannes, David Lisnard, a été le premier à émettre une interdiction temporaire du port du burkini sur la plage en août. Plus de 20 autres maires ont par la suite émis des interdictions semblables. Les décrets ont été formulés contre les «maillots de bain montrant l’appartenance religieuse» mais les burkinis – un maillot de bain couvrant la majeure partie du corps – étaient clairement ciblés. Pour David Lisnar, il s’agit d’un «symbole de l’extrémisme islamique» qui «risquerait de perturber l’ordre public tandis que la France a été la cible d’attaques terroristes.»

    Très peu de burkinis sont portés sur les plages françaises. Ces édits et les interventions policières ultérieures représentent une offensive propagandiste motivée de manière flagrante contre les musulmanes qui se rendent à la plage pour se détendre.

    Ces interdictions draconiennes sont venues de maires des deux principaux partis politiques pro-capitalistes français – Les Républicains (LR, droit officielle) et quelques-uns du Parti soi-disant «socialiste» du président François Hollande – et servent de moyen de diversion face à la complète absence de véritable solution de ces politiciens quant à la prévention du terrorisme ou à la manière de remettre sur ses rails l’économie française en déclin.

    Les ministres du gouvernement ont adoptés des positions divergentes sur les événements. Le Premier ministre Manuel Valls a été parmi les partisans des interdictions, exacerbant ainsi les divisions au sein de son parti, alors que la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem a sèchement souligné: « Rien n’établit de lien entre terrorisme, Daech, et tenue d’une femme sur une plage.”

    Le Conseil d’Etat, peut-être inquiété par l’incrédulité et les condamnations qui s’élevaient sur la scène internationale, s’est prononcé, vendredi 26 août, contre l’arrêté «anti-burkini» de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes). Un certain nombre de maires de droite ont promis de maintenir leurs interdictions en dépit de cette décision, et le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Luca (membre de l’Assemblée Nationale, LR) a clairement indiqué qu’il continuera d’utiliser la question, attisant ainsi le racisme et la division. Il a déclaré que la décision du Conseil d’Etat stimulerait «l’Islamisation rampante» et que «loin de calmer les choses, cette décision ne peut qu’accroître les passions et les tensions, avec le risque de problèmes que nous voulions éviter.»

    Ce sont les paroles et les actes de ces hommes politiques pro-capitalistes favorables à l’interdiction du burkini qui exacerbent les tensions. En stigmatisant tous les musulmans, ils créent un climat qui verra l’augmentation de l’aliénation des jeunes musulmans ainsi qu’un plus grand nombre d’agressions racistes, physiques et autres, sur les musulmans. Loin de réduire l’influence de la très petite minorité de djihadistes, ils leur donnent de cette manière une manière de se présenter comme les défenseurs des droits des musulmanes condamnées à une amende pour ce qu’elles portent.

    L’interdiction des burkinis est en outre susceptible d’augmenter leur utilisation. Combien de personnes avaient d’ailleurs entendu parler d’un burkini ou en avait vu un seul avant que ces maires ne lancent leurs attaques? Aujourd’hui, les initiateurs australiens de ces burkinis déclarent que leurs ventes ont augmenté. Après l’imposition de l’interdiction du port du voile intégral sur les lieux publics en 2011 par l’ancien président Nicolas Sarkozy, diverses estimations ont indiqué une augmentation du nombre de femmes qui y avaient recours tandis qu’un nombre incalculable peut avoir cessé de quitter leurs maisons. Maintenant, nombreuses sont celles qui se voient interdire de se rendre à la plage.

    La position scandaleuse et polarisatrice de Lionnel Luca, député-maire LR de Villeneuve-Loubet, et d’autres qui ont pataugé dans cette question, a sans doute été motivée dans la perspective des élections présidentielles et législatives de 2017 afin d’instrumentaliser la peur de la mondialisation, de l’immigration et du terrorisme à des fins électorales. Le meilleur exemple est à ce titre celui de Nicolas Sarkozy qui veut être réélu président l’année prochaine et qui tente de prendre des voix au Front National de Marine Le Pen en soutenant pleinement les interdictions de burkinis.

    Sarkozy a fortement soutenu les interdictions, qualifiant le burkini de «provocation d’un islam politique qui teste la résistance de la démocratie.» Il s’est aussi déclaré désireux d’étendre les interdictions au niveau national et également d’élargir cette interdiction au port du voile «à l’école, à l’université, dans les services publics, les entreprises. »

    Les droits des femmes

    Mis à part les questions «d’ordre public» et de lutte contre le terrorisme (en passant par la fausse question de l’hygiène publique qui a même été soulevée!), le respect des droits des femmes et la promotion de la laïcité ont été des prétextes majeurs derrières ces interdictions du burkini. Certains partisans des interdictions – surtout à “gauche” – ont justifié leur position en raison de ces deux questions, en reconnaissant que les codes vestimentaires impliquant le recouvrement des corps des femmes peuvent constituer un symbole de contrôle des femmes par les hommes. Certes, aucune femme ne devrait être forcée à porter (ou non) un vêtement contre son gré, que ce soit pour des raisons religieuses ou morales, dans tous les pays du monde.

    Mais les lois destinées à les découvrir ou les couvrir ne vont pas aider la lutte pour l’obtention de ce droit fondamental; elles favorisent plutôt la division tout en limitant le droit de chaque femme de décider elle-même de ce qu’elle veut porter ou non. Le sécularisme des institutions publiques doit être défendu, tout comme le droit de tout individu de pratiquer une religion et de revêtir ce qu’il choisit aussi longtemps qu’il ne cherche pas à imposer ses croyances à quelqu’un d’autre.

    Les femmes ne portent pas le voile ou le burkini uniquement pour des raisons religieuses. Pour certaines, il s’agit de tradition, de culture ou d’identité ; pour éviter les regards sur leur corps ou tout simplement pour protéger leur peau du soleil. Pour d’autres, il s’agit de montrer leur opposition au racisme ou aux guerres impérialistes qui ont tué des centaines de milliers de musulmans.

    Le fait que les politiciens capitalistes favorables à l’interdiction du burkini ne puisent en réalité pas leurs motivations dans la défense des droits des femmes est illustré par leur soutien aux mesures d’austérité sauvages (contre les pensions, les emplois, les conditions de travail,…) qui frappent les femmes avec encore plus d’impact.

    L’axe central de l’amélioration considérable de la vie des musulmanes de même que de toutes les femmes de la classe des travailleurs et de la classe moyenne passe par le rejet de l’austérité et l’instauration d’un programme de création d’emplois décents avec égalité salariale, d’augmentation des allocations sociales, de construction de logements sociaux véritablement abordables ou encore de crèches gratuites.

    La répression d’État

    Après le terrible massacre de 86 personnes à Nice le 14 juillet lorsqu’une personne à bord d’un camion est passée dans la foule, le gouvernement français a prolongé l’état d’urgence introduit après les attentats terroristes de Paris l’année dernière. Cela ne va pas empêcher que de nouvelles atrocités soient commises, comme l’a illustré une semaine plus tard l’assassinat brutal revendiqué par l’Etat Islamique d’un prêtre catholique dans une église près de Rouen. L’extension des pouvoirs de la police et le déploiement de milliers de soldats dans les rues ne sont qu’une manière pour le gouvernement de montrer qu’il fait quelque chose. La tentative est bien vaine comme en témoigne le très faible taux de popularité de François Hollande.

    Les mesures répressives exceptionnelles ont un but spécifique pour gouvernement : elles peuvent être utilisées – et l’ont été – contre les manifestants opposés aux politiques gouvernementales. Des protestations écologistes ont fait face à des restrictions, de même que certains participants aux mouvements de masse de cette année contre la «Loi Travail».

    Ce mouvement a impliqué des millions de travailleurs des secteurs public et privé dans un cycle d’actions et de manifestations contre une loi qui ouvre la porte à de plus longs horaires, à moins de sécurité d’emploi et à d’autres mesures qui équivalent à une charte pro-patronale au détriment des travailleurs. Ce mouvement comprenait les blocus des raffineries de pétrole; des grèves dans les chemins de fer, dans les centrales nucléaires et ailleurs ainsi que la participation de la jeunesse des écoles secondaires et des universités ou encore les débats des rassemblements “Nuit Debout” dans les centres villes. Parallèlement, des centaines de grèves ont éclaté sur d’autres questions: le salaire ou les conditions de travail chez les contrôleurs de la circulation aérienne, les pilotes et d’autres travailleurs.

    C’est par le développement de tels mouvements de masse unitaires des travailleurs, au côté d’une réelle représentation politique des travailleurs,  qu’il sera possible de combattre les partisans du terrorisme et les conditions qui leur ont permis de se développer que ce soit au Moyen-Orient, en France ou ailleurs.

    Les dévastations en Irak et en Afghanistan pendant et après les brutales occupations impérialistes occidentales ont créé le terreau de l’escalade terroriste. Ajoutons à cette image catastrophique – et à  la guerre en Syrie et aux interventions militaires françaises en Afrique – la discrimination et la pauvreté subie par de nombreux musulmans et d’autres sections de la classe ouvrière en France et alors prend forme le contexte sous-jacent aux atrocités terroristes en France. L’extrême droite et le terrorisme se nourrissent du mécontentement, de la colère, du désespoir, des inégalités, des discriminations et de la pauvreté.

    L’Islam politique de droite, qui prend la forme d’organisations telles que l’Etat Islamique, doit être fortement combattu, à la fois à cause des atrocités commises ainsi qu’en raison de leur idéologie réactionnaire profondément contraire aux intérêts de la classe ouvrière et de l’égalité des femmes.

    Une écrasante majorité des musulmans condamnent le terrorisme. Ils représentent d’ailleurs la majorité des victimes de celui-ci à travers le monde. Même à Nice, environ un tiers des personnes fauchées par le chauffeur de camion étaient musulmanes.

    Un dixième de la population active en France est au chômage, environ 17% de ceux issus de l’immigration et encore plus parmi la jeunesse. la croissance économique fut de zéro en France dans le trimestre avril-juin de cette année, ce qui illustre la maladie du capitalisme français – comme du système capitaliste à travers le monde.

    La réponse ne réside pas dans des mesures qui s’apparentent à des écrans de fumée de l’Etat aggravant le racisme et la division, mais chez les travailleurs unis dans l’action en posant jeter les bases de la construction du nouveau parti pour et par les travailleurs, authentiquement socialiste, propre à lutter contre le racisme, le sexisme et toute l’austérité.

  • Anvers. Action contre l’interdiction du burkini et la rhétorique de division

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    Charles Michel et sa bande se préparent à lancer une nouvelle offensive contre nos conditions de vie avec la sécurité sociale à nouveau dans le collimateur. Le moment est donc idéal pour dévier l’attention vers un thème complètement différent : celui du burkini.

    Le bourgmestre d’Anvers et premier ministre de l’ombre Bart De Wever essaye même de jouer au «féministe». Il a surtout démontré l’étendue de ses lacunes d’historien en réduisant le mouvement féministe au brûlage de soutien-gorge du groupe féministe néerlandophone Dolle Mina dans les années ‘70. Le féminisme signifie non seulement de se battre pour le droit de choisir et d’être maître de son propre corps et de sa manière de s’habiller mais aussi d’assurer que chacun bénéficie d’un niveau de vie décent. Les mesures austéritaires de ce gouvernement fédéral concernant la sécurité sociale et le reste ont eu l’effet exactement inverse et ont tout particulièrement frappé les femmes.

    Lorsque le député MR Richard Miller s’est déclaré favorable à une interdiction du burkini en Belgique (Matin Première, 26 août) en disant notamment : «Pourquoi les femmes devraient-elles porter une espèce de combinaison de cosmonaute pour aller sur une plage ? Je ne peux pas voir ça autrement que comme une forme de régression de la liberté de la femme», une femme a de suite remis les choses à leur place sur les réseaux sociaux en répondant : «Monsieur Richard Miller, je suis en 3/5 temps, je suis seule et j’ai 2 enfants, je n’ai plus droit à un complément chômage depuis que votre parti est au pouvoir…» Si l’establishment s’inquiétait réellement de la position des femmes dans la société, il ne soutiendrait pas les monstrueuses politiques d’austérité actuelles et leur impact.

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    Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs étaient également présents.

    La réalité est que cet intérêt soudain pour les femmes est motivé par la volonté de détourner l’attention de la politique antisociale tout en jouant sur le racisme. Voilà le contexte du débat sur l’interdiction du burkini, ou plutôt devrait-on dire «non-débat». Nous sommes quant à nous cohérents et défendons donc également le droit des religieuses à se balader sur les plages dans leur tenue. Nous défendons le droit des femmes à porter ce qu’elles veulent de même que leur droit de refuser de porter ce qu’elles ne veulent pas. Le droit de porter le voile comme celui de ne pas le porter. En France, les images des contrôles de police sur les plages font immédiatement penser à des pays comme l’Arabie Saoudite ou l’Iran. Seule diffère l’interprétation de ce que signifie un «vêtement conforme au régime».

    Ce samedi, l’action qui s’est tenue à Anvers était particulièrement l’initiative de femmes, certaines venues vêtues d’un burkini, d’autres en maillot de bain ou en habits de tous les jours. Le message principal était «mon corps, mon choix». Les médias ont parlé de 100 à 150 participants. Il s’agissait d’une action limitée en nombre, c’est vrai, mais pour une action se déroulant en plein été et sans l’implication de grandes organisations, ce n’est certainement pas négligeable. De son côté, le Vlaams Belang avait décidé de réagir et Filip Dewinter avait lancé un appel auquel n’ont répondu qu’une douzaine de militants d’extrême droite à peine.

    Il est important de manifester et de s’élever contre le racisme et la rhétorique de division. Tout ce qui nous divise dans notre lutte nous affaiblit contre les politiques antisociales. Voilà ce qui se cache réellement derrière la recherche perpétuelle de boucs émissaires de la part de la N-VA. Un coup les problèmes sociaux sont déviés vers les migrants, une autre fois contre les Wallons, la fois d’après contre les «berbères» (les Amazighs), les chômeurs, les syndicalistes, les femmes en burkini,… Pour riposter, nous avons besoins que les travailleurs et la jeunesse s’unissent dans l’action et considère qu’une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous. L’action de ce samedi à Anvers était un pas dans cette direction.

    Photos : Liesbeth.

    Protest tegen boerkini-verbod en verdeeldheid

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