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Tag: Bruno Tobback
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[DOSSIER] Pour un relais politique des luttes des travailleurs!
27 avril. Meeting à Charleroi pour une alternative à la gauche du PS et dâEcolo
âConstruisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste.â Voilà le thème dâun important meeting à Charleroi ce 27 avril, à la suite du discours osé que fit Daniel Piron, secrétaire général de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, le premier mai dernier. Durant ce discours, il constatait que le PS et Ecolo ne représentent plus les intérêts de la population et lançait un appel à ââun rassemblement à gauche du PS et dâEcolo afin de redonner espoir et dignité au monde du travail.ââ Le meeting de Charleroi est une initiative commune de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, de la CNE Hainaut et de plus ou moins tous les partis et groupes conséquemment de gauche.
Par Eric Byl
Meeting pour une alternative à la gauche du PS et dâECOLO Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de lâAncre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie âexpoâ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à âCharleroi-Sudâ) Plus d’infos
Le discours de Daniel Piron nâétait pas le fruit dâune irritation personnelle irréfléchie mais au contraire le résultat dâune réflexion parvenue à maturité avec toutes les centrales de la régionale, sur base de discussions avec les militants. Parmi ces derniers, lâappel fut dâailleurs bien reçu. Mais il a donné des frissons aux appareils du PS et dâEcolo et probablement aussi à certaines parties des syndicats. Les medias, lesquels ignorent normalement de telles déclarations, ont bien été forcés de la commenter. Après tout, Piron représente une régionale de la FGTB forte de 110.000 membres et dâune grande tradition syndicale. Dans les milieux de droite et patronaux, où le dédain sâest mêlé à lâespoir quâil ne sâagisse que dâun phénomène passager, il serait surprenant quâaucun Ćil attentif nâait été rivé sur lâinitiative.
Les secrétaires de cette régionale de la FGTB auraient pu choisir une voie plus facile. Comme tellement dâautres, ils auraient pu hausser les épaules et attendre que quelquâun dâautre ose faire le pas. Il y a toujours une raison pour dire quâil est soit trop tôt, soit trop tard, ou encore que les gens ne sont pas encore prêts, que les autres régionales ne suivent pas, que ce sont les politiques qui doivent prendre lâinitiative, etc. Au lieu de cela, ils ont agi selon les habitudes de leurs meilleurs militants. Passer à lâaction, cela comporte toujours un risque. Le patron cherche-t-il la provocation ? La base suivra-t-elle ? Les autres syndicats seront-ils de la partie ? Ne court-on pas le risque de sâexposer et dâêtre vulnérable aux représailles? Ces considérations sont légitimes et ne doivent pas être traitées à la légère. Mais celui qui nâentreprend jamais rien a perdu dâavance.
Sâensuivit alors une période de plusieurs mois durant laquelle le terrain a été tâté, notamment en donnant des interviews et en participant à des débats. Finalement, à partir du mois de janvier, une réunion a rassemblé les représentants des partis réellement de gauche afin dâévaluer leurs réactions et de considérer leurs propositions. Dès le début, les secrétaires ont été clairs : ils ne voulaient rien précipiter, ils ne désiraient pas une répétition de Gauche Unie (3) ou mettre pression sur qui que ce soit, mais ils espéraient obtenir un consensus. Dâun autre côté, ils indiquèrent bien lâurgence du projet. Jouer gros jeu, ça, ils lâavaient déjà fait le premier mai 2012. Le prochain pas devait être posé en tenant compte des difficultés et des sensibilités diverses, tout en répondant à lâurgence.
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PSL et PTB+
Le PSL ne veut pas diminuer les mérites du PTB. Aux dernières élections communales, ce parti a obtenu 53 élus. Ce résultat a été préparé avec un engagement militant maintenu des années durant, une implantation importante dans les quartiers et les entreprises et une stratégie médiatique intelligente. Le PTB est la composante de la gauche conséquente la plus visible. Mais un facteur important dans la croissance du PTB, au niveau de ses membres et de son électorat, est constitué par le changement de cap de 2008, vers plus dâouverture. Câest pour cela que le PTB a pu toucher une fraction du public pour une formation de gauche conséquente.
De nombreux nouveaux membres et encore plus de nouveaux électeurs du PTB ont notamment déterminé leur choix grâce à ces signes visibles de plus dâouverture, non pas pour en finir avec, mais justement pour encourager ce développement et lâapprofondir. A côté du PTB, il existe de nombreux militants organisés et non-organisés qui disposent aussi dâune implantation importante. Le pas logique suivant est donc de les impliquer et dâutiliser leur potentiel de manière maximale. Le PSL comprend bien la prudence du PTB, sa peur de rentrer dans une aventure et sa volonté absolue de ne pas risquer son nom, mais laisser ce potentiel de côté pourrait bien avoir un effet contraire. Le PSL a déjà précédemment suggéré au PTB et aux autres partis et groupes de la gauche conséquente dâélaborer ensemble un projet pilote. Nous restons prêts à réfléchir ensemble à ce sujet.
Câest ainsi que nous en sommes finalement arrivés à ce meeting, où la question dâun relai politique sera présentée sans autres détours à plusieurs centaines de militants. Des militants dâautres syndicats et dâautres centrales et régionales qui ont peut-être encore des doutes pourront venir sentir lâatmosphère avant de risquer le plongeon. Les partis et groupes véritablement de gauche pourront non seulement y échanger leurs opinions mais avant tout venir évaluer comment la base syndicale réagit. Finalement, et câest le pourquoi de cette date du 27 avril, la base peut être posée afin que cette question cruciale soit clairement présente parmi les militants lors des innombrables activités du premier mai.
Le mouvement ouvrier belge a fortement souffert des innombrables mécanismes de âdiviser pour régnerâ que la bourgeoisie a intégrés dans notre système, surtout sur base linguistique et religieuse. Heureusement, chez les secrétaires de la régionale, aucune illusion régionaliste nâétait perceptible. Les militants flamands sont plus que bienvenus, non pas en tant que spectateurs mais comme des alliés indispensables. Si lâinitiative arrive à sâétendre dâavantage, ce sera une donnée à prendre en considération. De surcroit, le syndicat chrétien des employés (la CNE) prendra place à la tribune à côté de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut. Les déclarations de son secrétaire général Félipe van Keirsbilck connaissent un soutien considérable parmi sa base, bien que la CNE (170.000 membres) reconnaisse que la discussion nâest pas encore à un stade aussi avancé parmi ses membres quâau sein de la régionale FGTB.
Cela explique pourquoi une mobilisation interne de quelques centaines de militants a été décidée au lieu dâune large mobilisation publique avec dâinnombrables tracts dans les entreprises et en rue. Espérons que cela soit pour une autre fois. Bien entendu, les opposants à cet appel vont exagérer ses faiblesses. Sous le titre ââMenaces à gauche pour le PS et Ecoloââ, lâhebdomadaire Le Vif signala que ââPiron et les siens sont confrontés à un problème dâenvergure: leur isolement dans le syndicat socialiste.ââ Subtilement, on remarque que la CNE exclu de faire un appel direct pour une liste en 2014. Félipe van Keirsbilck est cité : ââNos règlements nous interdisent dâavoir des amis politiquesââ. Mais van Keirsbilck ajoute tout de même que les élus qui prochainement vont signer le pacte budgétaire européen âânâauront pas notre confiance en 2014. Dans lâisoloir, cela va déjà éliminer pas mal de candidats.ââ
Lâappel de Piron nâest pas le premier du genre. Lâattitude loyale de la social-démocratie et des verts face à la casse sociale ne date pas dâhier. La résistance contre le Plan Global en 1993 avait déjà conduit à Gauches Unies. En 1994, à Anvers, le Mouvement pour le Renouveau Social est né. Pour les élections européennes de 1999, Roberto DâOrazio (de la lutte de Clabecq) avait rassemblé la gauche radicale sur une liste européenne sous le nom de âDebout!â. Mais tout cela est arrivé après la chute du Mur de Berlin et du stalinisme, quâon présentait alors erronément comme étant du ââsocialismeââ, et dans une période de croissance économique dans les pays occidentaux. Lâillusion selon laquelle le capitalisme allait en fin de compte assurer la prospérité de tous existait encore. Nous savons ce quâil en est aujourdâhui.
Depuis, le PSL a participé à presque chaque tentative de parvenir à un nouveau rassemblement de gauche large, inclusif et pluraliste. Les plus récents ? Le Comité pour une Autre Politique (CAP, né après la lutte contre le Pacte des Générations), Rood avec lâancien candidat-président du SP.a Erik De Bruyn, le Front de Gauche à Charleroi et La Louvière, le Front des Gauches puis Gauches Communes à Bruxelles, ainsi que VEGA à Liège. Était-ce une faute ? Nous ne le pensons pas, nous avons appris énormément de ces expériences et nous nâavons jamais arrêté la construction du PSL en parallèle.
Mais une idée a beau être correcte, il faut des événements concrets pour quâelle soit reprise par des couches plus larges de la société. La conscience a de toute façon un retard sur les conditions matérielles pour alors, sur base dâévénements concrets, les rattraper par bonds. Pensons aux révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous pensons que ce nâest pas une coïncidence quelques années après le début de la plus grande crise du capitalisme depuis les années â30 une régionale importante de la FGTB et une centrale importante de la CSC mettent si explicitement la nécessité dâune nouvelle formation de gauche à lâagenda.
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Quâun long chemin soit encore devant nous, personne ne le nie, et certainement pas ceux qui ont pris lâinitiative. La question dâune liste commune en 2014 nâest dâailleurs pas à lâordre du jour. Mais il y a bien une raison qui explique pourquoi Le Vif sâest senti obligé dâécrire à ce sujet et pourquoi les autres medias ne peuvent eux non plus pas tout simplement ignorer lâinitiative: quâune régionale entière de la FGTB et quâune centrale de la CSC qui réunissent ensemble 280.000 membres sâexpriment explicitement pour une alternative de gauche, câest une première absolue. Ça ne va pas disparaitre comme ça, câest une expression de lâécart croissant entre la base syndicale et leurs partenaires politiques traditionnels, un écart qui ne va que sâagrandir dans les mois et années à venir.
Quatre questions auxquelles répondre :
Quâarrivera-t-il si aucune alternative large de gauche nâest lancée ?
Dans son discours du premier mai 2012, Daniel Piron remarquait que la formule magique ââce serait pire sans nousââ fait offense à lâintelligence des syndicalistes. Il citait Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) qui, durant le conflit Splintex, qualifiait les grévistes de ââtache noire sur la carte de la Wallonie.ââ Longtemps, le PS a su se dissimuler derrière une ââFlandre de droiteââ et se profiler comme opposition au sein du gouvernement. Câest bel et bien fini. En tant que Premier Ministre, Di Rupo a introduit le plan dâaustérité le plus dur jamais mis en Ćuvre en Belgique. Est-ce la fin du ââmoindre malââ ? Bien des travailleurs continueront de voter PS avec une pince à linge sur le nez faute dâune alternative suffisamment développée. Nous ne devons pas chercher bien loin pour nous faire une idée du scenario auquel la Wallonie et Bruxelles peuvent sâattendre si aucune alternative large de gauche nâarrive. Bien plus rapidement que son parti-frère francophone, le SPa flamand sâest défait de son passé âsocialisteâ et de sa base traditionnelle. De ses maisons du peuple, de sa riche vie associative, de ses meetings fortement fréquentés et de ses cellules jeunes critiques, il ne reste presque plus rien. Durant les conflits sociaux, les travailleurs aperçoivent généralement le SPa de lâautre côté des barricades.
Cependant, à chaque élection, lâappareil de lâABVV (lâaile flamande de la FGTB) envoie ses militants voter pour ce parti. La Ministre de lâEmploi SPa Monica De Coninck a remercié lâABVV en ces termes : ââAussitôt quâon négocie un accord interprofessionnel, il y a toujours quelque chose quâils ne peuvent accepter.ââ (4) Bruno Tobback, Président du SPa, a déclaré que : ââLâABVV nâa aucune culture pour expliquer les choses difficiles. Vous ne pouvez pas demander le maintien de lâIndex et en même temps vous attendre à ce quâil reste une marge pour une augmentation des salaires.ââ (5) ââAvec les autres, ce serait pireââ, câest un argument usé jusquâà la corde.
Faute dâune alternative sérieuse, les militants regardent de plus en plus vers lâopposition la plus visible, même si celle-ci est populiste et économiquement de droite comme lâest la N-VA. En 2010, seuls 32% des membres de lâABVV ont voté pour le SPa contre 22% pour la N-VA et 19% pour le Vlaams Belang! Pour lâACV (lâaile flamande de la CSC), ce nâest pas mieux: 27% ont voté CD&V, 31% N-VA et 13,5% Vlaams Belang. (6)
Un parti syndical ?
Le professeur Jan Blommaert (université de Gand) écrivait en mars : ââPourquoi pas un parti syndical ?ââ (7) ââUn parti de la Solidarité, de lâAction Sociale, ferait battre bien des cĆurs, y compris dans lâisoloir… Il mettrait les thèmes socioéconomiques à lâagenda, pas dans la marge des débats mais bien au centre. (…) Lâidée dâun parti syndical provient des milieux syndicaux eux-mêmes. (âŠ) Plus jây pense, plus logique et plus important cela me parait. Si les syndicats prennent leur rôle historique au sérieux, tout comme leurs origines, alors ils doivent poser ce pas en avant maintenant. Dans une crise aussi profonde et avec de telles répercussions, ils ne peuvent éviter la question du pouvoir.ââ
Pour lui, il va de soi que lâinitiative parte des syndicats. La place nous a manqué pour publier ici lâintégralité de lâappel pour le 27 avril (voir Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste) Ce texte répète le constat du 1er mai 2012 en confirmant son actualité et en affirmant également : ââIl nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de lâhistoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de lâaffirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif.ââ Sâil faut compter sur le sommet syndical pour ça, alors nous avons encore un long calvaire devant nous.
Anticapitaliste ?
Le PSL est dâaccord avec lâappel. Nous défendons une économie basée sur la solidarité et non sur la concurrence. Cela exige la nationalisation des secteurs clés de lâéconomie, du secteur financier, du transport, de lâénergie ainsi que lâenseignement et les soins de santé. Mais aussi des entreprises menacées de fermeture ou de restructuration comme Ford, ArcellorMittal, Caterpillar, MLMK, etc. Non pas avec des chefs dâentreprise comme Didier Bellens ou Johnny Thys, mais sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité. Il sera alors possible de planifier lâéconomie de manière véritablement démocratique en fonction de nos besoins et non plus des profits dâune poignée de capitalistes dont les fortunes disparaissent sous les tropiques.
Nous défendrons également notre programme dans un relai politique qui reste à concrétiser. Mais si, temporairement, nous ne pouvons pas convaincre tout le monde, cela ne nous arrêtera pas pour prendre part à une initiative moins explicitement ââanticapitalisteââ ou ââsocialiste révolutionnaireââ, pourvu quâune austérité au dépend des travailleurs et des allocataires sociaux ne soit tolérée et que le rétablissement complet de lâindex et la revalorisation des allocations fasse partie du programme, pourvu que lâon mette en avant une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire pour combattre le chômage, pourvu que la défense des services publics soit dans le programme.
Selon les politiciens actuels, les idées ne se réalisent quâen prenant part au gouvernement. Câest faux, historiquement et dans les faits. Tous nos grands acquis sociaux ont été le fruit de la construction dâun rapport de force à travers la lutte. Une véritable alternative de gauche ne chercherait pas dâalliés parmi des partenaires de coalition de droite qui lâentrainerait dans une politique dâaustérité, mais bien dans les entreprises et dans la rue. Nous devons rompre avec cette politique de coalitions dâaustérité et construire au contraire un parti de lutte.
Indépendance syndicale ?
Nous comprenons les militants syndicaux qui défendent lâindépendance syndicale. Aujourdâhui, nos dirigeants syndicaux sont généralement une courroie de transmission pour leurs ââamis politiquesââ. Mais ce sont bien des dirigeants syndicaux, surtout ceux de gauche, qui se retrouvent aujourdâhui dans une situation extraordinaire en offrant des facilités (organisationnellement, financièrement et surtout en engageant leurs délégués) pour donner forme à une telle initiative. Pourquoi ne pas sâengager en se mettant eux-mêmes au premier rang ?
Nous ne devons pas être dupes. Durant la formation syndicale de nos nouveaux militants, nous expliquons quâil y a trois choses qui nâexistent pas dans notre société de classe: lâobjectivité, la neutralité et lâindépendance. Lâindépendance de classe ne compte dâailleurs pas pour les chefs syndicaux de droite quand il sâagit de faire cause commune avec ceux qui sont au premier rang pour mener la casse sociale. Ne laissons pas notre indépendance syndicale être un obstacle pour mettre sur pied une réelle alternative à la gauche du PS et dâEcolo. Avec les délégués de gauche, les secrétaires et présidents de gauche dans nâimporte quelle centrale ou syndicat ont également à prendre leurs responsabilités.
Pour éviter quâune véritable alternative de gauche ne prenne le même chemin que les partenaires politiques traditionnels, nous avons avant tout besoin de démocratie, aussi bien au sein de cette alternative de gauche que dans les syndicats eux-mêmes. Cela signifie entre autres quâun élu doit prendre ses responsabilités et à la rigueur être révoqué et remplacé. Cela signifie aussi que cet élu, tout comme les milliers de délégués et militants dans les entreprises, ne puisse pas gagner dâavantage que la moyenne de ceux quâil ou elle représente. Comment peut-on après tout représenter des employés si on possède un niveau de vie qui ne ressemble en rien aux conditions dans lesquelles ils vivent et travaillent ?
Notes :
- http://jeunesfgtbcharleroi.wordpress.com/2012/05/03/discours-de-daniel-piron-secretaire-regional-de-la-fgtb-charleroi-1er-mai-2012/
- PTB-PVDA, Rood, Mouvement de Gauche, Front de Gauche Charleroi, Parti Communiste, Parti Humaniste, LCT, LCR-SAP, PSL-LSP
- Voir cadre .
- Humo 19 février 2013
- Het Nieuwblad 21 février 2013
- Sur base dâune étude électorale à la KUL en 2010
- https://jmeblommaert.wordpress.com/2013/03/19/waarom-geen-vakbondspartij/
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Une grève générale massivement suivie
Plus de transports publics, plus de trains et des routes fort calmes. Partout, ce lundi ressemblait à un dimanche, contraste criant avec la réalité d’une journée pourtant formidable. L’offensive anti-grève menée dans les médias les derniers jours avant la grève n’ont visiblement pas eu l’impact escompté par l’establishment. Depuis lors, les patrons tentent par tous les moyens de minimiser la grève générale, mais il suffisait de sortir et de regarder autour de soi pour constater que ces déclarations n’ont aucun sens.
Par Geert
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- Pourquoi faire grève est indispensable Tract du PSL distribué aux piquets
- Brisons tous les liens avec les partis de lâaustérité !
- Pourquoi il faut lutter et faire grève
- INFORMER, SENSIBILISER, MOBILISER⊠POUR ORGANISER LA LUTTE !
- LEURS MÉDIAS CONTRE NOS ACTIONS
- Photos de Namur
- Rapport et photos de Mons
- Rapport et photos d’Ixelles
- Rapport et photos des piquets du sud de Bruxelles
- Photos des piquets du nord de Bruxelles
- Photos de Bruxelles, par François Roelandts et Karim Brikci-Nigassa
- Rapport et photos du piquet devant lâHôpital Brugmann
- Photos d’Alost
- Photos de Charleroi
- Photos du piquet à la fabrique d’ascenseurs Schindler Belgium à Bruxelles
- Rapport général et photos de Liège
- Photos de Liège
- Photos et rapport du piquet des cheminots à Liège
- Photos de Bruges
- Photos de la gare d’Anvers-Berchem
- Photos des piquets de Bayer et de BASF
- Photos du Limbourg
- Photos de piquets à Termonde
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L’appel à la grève a été massivement suivi et, y compris parmi les couches plus larges de la population, la propagande des patrons et des politiciens ne sont plus acceptés. Tant que la menace antisociale restait abstraite, les propos anti-grève pouvait avoir un certain effet. Mais celui qui calcule aujourd’hui combien de temps il ou elle aura à travailler plus longtemps et pour quel montant de pension, ou encore ce que constituerait un saut d’index, ne se laisse pas prendre aux mensonges patronaux. Qui veut travailler jusqu’à 65 ans pour s’occuper de classes de 30 élèves ? Qui pense que des pompiers en activité jusque 62 ans constituent un plus pour notre sécurité ?
Avant la grève, les médias ont annoncé que ”seulement” 20% de la population soutenait la grève et que 23% se disaient neutres face à cette question. Nous devons donc en conclure ces 43% n’ont aucune représentation parlementaire, puisque les politiciens des partis établis sont tous plus ou moins favorables aux mesures imposées. Certains veulent limiter le rythme des attaques, d’autres veulent l’augmenter. Mais cela semble être aujourd’hui l’unique divergence dans le ”débat politique”.
Même si ce sondage était correct, il convient de remarquer qu’il a été effectué quelques semaines avant que la campagne vers la journée de grève générale ne commence véritablement. Les directions syndicales, avec leurs hésitations, ont laissé l’espace pour que nos adversaires partent à l’offensive pendant que les militants ne savaient pas ce qu’ils allaient faire. Les patrons ont vu l’occasion de passer à la vitesse supérieure, et ont fait tout un tas de sorties dans les médias traditionnels, activement complices (heureusement qu’il existe des médias comme ce site et Lutte Socialiste!). Aujourd’hui, il semble bien que le bilan de la grève soit tout l’inverse. Cette propagande a conduit à une nette polarisation, avec une augmentation de la volonté de faire grève. Nous avons ainsi entendu un délégué syndical d’un grand hôpital expliquer que, pour la première fois, la direction n’avait pas trouvé de volontaire pour effectuer le service minimum. Avec des propositions comme un saut d’index, maintenant sur la table, cette situation ne peu que s’accroître plus encore.
Avant la grève, tous les politiciens ont pris leurs distance de cette protestation qu’ils estimaient irresponsables. De droite à ”gauche” (hum…), c’était le même son de cloche.Bruno Tobback s’était déclaré dans les pages du Soir contre l’utilisation d’une "bombe atomique" telle que la grève générale, Di Rupo disait que les syndicats conduisaient la population ”à l’abîme”, et De Wever disait de son côté que la grève ne disposait d’aucun soutien en Flandre. Pour ce dernier, elle n’avait que des partisans en Wallonie, à la FGTB, et avec le Premier ministre Di Rupo, a-t-il même réussi à dire. Mais sur les piquets d’Anvers où nous sommes passés, nous avons trouvé que les ”militants de la FGTB wallonne”, avec leurs vestes rouges et vertes, parlaient assez bien le néerlandais (et même plus précisément le dialecte anversois). Remarquablement même.
Un conducteur de tram à un dépôt quasiment à l’arrêt – seuls deux trams étaient partis â nous a déclaré de son piquet de grève que De Wever avait perdu beaucoup de voix avec ses déclarations. Beaucoup de conducteurs pensaient que De Wever était différent, anti-establishment. Mais dès qu’il s’agit de concret et non plus de belles paroles, De Wever et son parti font parties des plus chauds partisans d’assainissements, notamment dans le service de transports en communs De Lijn. Même ceux qui prétendent qu’il y a un conflit de générations à la base de la protestation contre les mesures – des aînés qui râleraient soi-disant de devoir travailler plus longtemps pour l’avenir des jeunes â devaient avoir beaucoup de peine pour trouver un exemple justifiant leurs propos: parmi les conducteurs de ce dépôt, aucun jeune ne s’était présenté au travail. La présence des jeunes aux piquets était effectivement frappante
C’est très facile pour les politiciens de nous dire qu’il faut travailler plus longtemps. Ils ont une pension complète (et élevée) après 20 ans de carrière ! Et ils peuvent maintenant gagner jusqu’à 20.000 euros bruts par mois. Avec un tel salaire, c’est à peine si l’on sent un saut d’index. Mais pour un travailleur normal, un saut d’index fait rapidement perdre 25.000 euros sur une carrière.
Maintenant, concernant le succès de la grève, les patrons poursuivent leurs mensonges. Ils se prennent les pieds dans leurs propres mensonges: l’impact de la grève serait limité, mais le port d’Anvers perdait tout de même 1 million d’euros par heure ! Cela contredit aussi la propagande qui affirme que la grève n’était vraiment massive que du côté francophone.
Après cette grève, une prochaine étape est nécessaire. Si le gouvernement ne veut rien entendre, et continue même son chantage, nous devons augmenter la pression et nos actions. Ce n’est pas une action ponctuelle suivie de semaines de doute sur la suite du mouvement qui fera reculer les patrons, leurs politiciens et leurs médias. La lutte contre l’avalanche d’austérité a bien commencé, elle doit se poursuivre, avec un bon plan d’action, et en allant crescendo.
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En Bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, de petites vidéos,… Aujourd’hui, petit retour, Bruno Tobback et la grève, ou encore le chômage des jeunes en Espagne, qui dépasse maintenant les 50%!
Les raisons de la crise
On pouvait lire cette semaine sur le site du quaotidien flamand Standaard: ââL’industrie allemande a au cours des dix dernières années considérablement réduit les coûts du travail, une initiative prise par le gouvernement Schröder en 2003. Les entreprises allemandes ont produit à bon marché au détriment du reste de la zone euro. ââLâamélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifié comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euroââ, déclare ainsi l’Organisation des Nations Unies à Genève. (…) LâOrganisation Internationale du Travail (OIT) a aussi des critiques, surtout parce que ce modèle de croissance économique ralentit. ââLes coûts salariaux allemands sont systématiquement sous ceux de ses concurrents, la croissance ralentit et cela réduit les recettes publiques. Pire encore, les pays en crise ne peuvent pas compter sur leurs exportations pour compenser leur faible demande intérieure, parce que leur industrie ne peut pas bénéficier de la demande intérieure plus élevée en Allemagne. "
Tobback contre la grève
Le président du SP.a Bruno Tobback est contre la grève générale de ce lundi. Cela n’est guère surprenant pour beaucoup de monde. Il a déclaré au Soir: "Je comprends les préoccupations des syndicats, mais une grève générale est quelque chose d’extraordinaire. Vous devez garder la bombe atomique pour une guerre mondiale, pour la bataille finale pour un gouvernement de droite prend des mesures de droite." Il nâa probablement pas encore remarqué que notre pays est déjà gouverné par un gouvernement de droiteâŠ
Wilders chute dans les sondages aux Pays-Bas, tandis que le SP se porte mieux
La situation politique aux Pays-Bas a longtemps été instable, avec des variations importantes entre chaque suffrage. Lors des dernières élections nationales, le Parti de la Liberté de Geert Wilders fut l’un des grands vainqueurs. Mais son soutien sâeffondre. Le parti de gauche SP (pour âParti Socialisteâ) ressort particulièrement victorieux des derniers sondages. Le SP obtiendrait 32 sièges si les élections prenaient place maintenant, soit 17 siège de plus quâactuellement ! Le PVV de Wilders descendrait par contre à 20 sièges, alors quâil en avait reçu 24 en 2010. Les trois partis traditionnels (CDA, VVD et PvdA) a continué à lutter. Le CDA tombe à 12 sièges (-9), le VVD à 30 sièges (-1) et PvdA (lâéquivalent de notre PS) à 17 (-13). Cela signifie que les trois principaux partis nâauraient que 59 des 150 sièges du Parlement. Lâinstitut de sondage Gallup affirme que la hausse du soutien du SP sâexplique en raison de la récession qui se profile, avec le chômage et les licenciements qui lâaccompagnent.
Le chômage des jeunes explose en Espagne
Le chômage en Espagne continue d’augmenter de façon spectaculaire. Lors du dernier trimestre de 2011, il y avait 5,3 millions de chômeurs dans le pays (soit 22,9% de la population), câétait environ 300.000 de plus quâau troisième trimestre de 2011. Lâaugmentation est particulièrement élevée parmi les jeunes. Fin septembre, le taux de chômage de la jeunesse était «seulement» de 45,8% contre 51,4% aujourdâhui : plus de la moitié !
Tourner autour du pot
Le site Express.be cette semaine a parlé dâune confrontation entre un journaliste irlandais et chef de la Banque centrale européenne. Sa question était : ââPouvez expliquer au peuple irlandais pourquoi il doit payer des milliards dâeuros aux banques européennes en compensation pour des obligations non garanties, alors que les Irlandais ordinaires nâont rien fait ?ââ La réponse est un exemple classique de lâexpression "tourner autour du pot" .
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DOSSIER: Capitalisme = barbarie. Pour une société socialiste !
Le capitalisme est plongé dans une profonde crise systémique. De temps à autre, certains essaient de sauver la face en annonçant que la fin du tunnel est proche, mais câest toujours pour ajouter très vite quâil faudra quand même faire de sérieux efforts et des assainissements drastiques. En clair, cela signifie démanteler lâEtat-providence au cours des 5 à 10 années à venir. A la population de régler la facture de la crise qui nous a déjà coûté une longue liste de concessions salariales et horaires, de flexibilisation, dâattaques contre la sécurité sociale, les fins de carrière, les services publics, les soins de santé,âŠ
Dossier par Bart Vandersteene
Remettre en cause le marché âlibreâ ou en éviter simplement les excès?
La chute du Mur en 1989 a inauguré le règne du dogme selon lequel le marché âlibreâ était le meilleur système de création de richesses. On considérait comme une critique marginale de dire que cette génération de richesse était basée sur des bulles de savon spéculatives. Quant à lâécart grandissant entre pauvres et riches, tant au niveau mondial quâen Occident, il ne devait sâagir que dâun grain de beauté destiné à disparaître avec le temps et la bonne gouvernance. La force soi-disant créatrice du marché âlibreâ a engendré beaucoup dâillusions. Dans la pratique, elle sâest surtout révélée être une force destructrice.
Pourtant, aujourdâhui, le marché âlibreâ nâest pas fondamentalement remis en question. Bien au contraire, on essaie même de le sauver en disant quâil faut seulement en éliminer les pires excès. Selon certains, il suffirait dâécrémer quelque peu les bonus des top-managers et de saupoudrer le marché dâun peu plus de régulation pour parvenir à dompter le capitalisme. Lâabsence dâune alternative socialiste suffisamment forte et clairement définie est aujourdâhui le plus grand obstacle au développement dâune lutte massive contre lâimpact de la crise. Avec la chute du Mur, a été prédite la fin du socialisme en tant que modèle de société. Mais ce qui a disparu nâétait toutefois quâune caricature dictatoriale et non pas des modèles dâEtats socialistes.
Le capitalisme conduit inévitablement à la crise. Avec leur salaire, les travailleurs sont incapables dâacheter la valeur quâils produisent collectivement, ce qui cause une tendance constante à la surproduction ou à la sous-consommation. Un tel problème peut être postposé un temps, en poussant grâce au crédit les travailleurs à déjà dépenser aujourdâhui leur salaire de demain. Mais un jour ou lâautre, la facture doit être payée.
La faillite du système de marché âlibreâ ne peut que stimuler la quête dâune alternative. Le marxisme va à nouveau trouver un soutien parmi les travailleurs et les jeunes à la recherche dâune solution à lâavenir sans issue quâoffre le capitalisme. Cela explique sans doute pourquoi lâouvrage de Marx Le Capital est republié en néerlandais (ce qui nâétait plus le cas depuis une trentaine dâannées) ou le fait quâun film (une comédie) se référant au révolutionnaire russe Léon Trotsky sorte au Canada. Dans de nombreux livres, textes et articles, on trouve à nouveau des références au socialisme et au marxisme.
PS et SP.a: le capitalisme pour seul horizon
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Cherchez lâerreur : le socialisme selon…
- Dictionnaire Van Dale: ordre socio-économique dans lequel il nây a plus de contradictions de classes.
- Woorden.org: système économique dans lequel les moyens de production nâappartiennent pas à des particuliers et où les revenus de ces moyens de production bénéficient autant que possible à toute la population.
- Larousse: Théorie visant à transformer lâorganisation sociale dans un but de justice entre les hommes sur le plan du travail, de la rétribution, de lâéducation, du logement, etc.
- Caroline Gennez (présidente du SP.a): le socialisme est une forme évoluée du libéralisme (mai 2009).
Les quatre premiers articles de la Charte de Quaregnon:
1. Les richesses, en général, et spécialement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail – manuel et cérébral – des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de lâhumanité.
2. Le droit à la jouissance de ce patrimoine, par des individus ou par des groupes, ne peut avoir dâautre fondement que lâutilité sociale, et dâautre but que dâassurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.
3. La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : lâune, qui peut jouir de la propriété, sans travail, lâautre, obligée dâabandonner une part de son produit à la classe possédante.
4.Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que de la suppression des classes et dâune transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à lâhumanité toute entière; néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, lâémancipation des travailleurs sera essentiellement lâĆuvre des travailleurs eux-mêmes.
Le fait nâest pas neuf, les sociaux-démocrates ne remettent plus en question le capitalisme, ils considèrent le marché âlibreâ et la propriété privée des moyens de production comme des lois naturelles, à lâinstar de la gravité. Bruno Tobback, le chef du groupe parlementaire du SP.a à la Chambre ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Il a ainsi répondu dans une interview que remettre en question le marché âlibreâ, câétait comme remettre en question le fait dâavoir des relations sexuellesâŠ
Commentant cette situation, le journaliste Franck Albers a écrit dans le Knack (du 17 février 2010): ââEvidement, le SP.a a dâautres accents que les capitalistes de Voka (une référence vers les extrémistes patronaux de la fédération patronale flamande, ndlr). Lâun veut un peu plus de redistribution par lâEtat, lâautre veut un peu plus de âlibre marchéâ. Le système en Europe fait yoyo entre ces deux pôles depuis déjà plus dâun demi-siècle. Mais peut-être faut-il des remèdes plus radicaux pour une solution fondamentale et orientée sur lâavenir.ââ
Même si le PS essaie de travailler son image à gauche, bien plus que le SP.a, et si Elio Di Rupo est fier de prétendre que le PS est le plus à gauche de tous les sociaux-démocrates en Europe, il se garde bien lui aussi de remettre en question le âlibreâ marché: ââles socialistes dâaujourdâhui acceptent le libre marché. Ils le voient comme un facteur dans les relations, les échanges, le progrès et le bien-être de lâindividu et du collectif. Ils le voient comme un moyen de satisfaire un grand nombre de besoins.ââ (Être Socialiste Aujourdâhui, 2009). Le PS peut bien se raccrocher de temps en temps à des slogans comme ââLe capitalisme nuit gravement à la santéââ (de la FGTB wallonne), ce nâest quâune question dâimage.
Nous pensons quâil nâest pas possible dâéliminer les pires conséquences du capitalisme en restant dans ce système. La maximalisation des profits est un élément central, véritablement au cĆur de la bête, auquel le reste nâest que subordonné. Nous assistons aujourdâhui à une spéculation contre la montagne de dettes grecques, les spéculateurs poussent la Grèce au bord de la faillite. De façon identique, la crise alimentaire de 2008 était une conséquence de la rétention de stocks de blé ou de riz par les spéculateurs, qui comptaient sur lâaugmentation conséquente des prix. Des multinationales exploitent aujourdâhui des maisons de repos et même des prisons et elles nâont aucune honte à expliquer, chiffres à lâappui, comment lâEtat peut servir de vache à lait, au mépris des conséquences sociales.
Tout se réduit à la notion de marchandise, tant les relations humaines que le corps humain ou encore la nature. La crise environnementale crée même de nouvelles ââopportunitésââ avec le commerce des droits dâémission et la commercialisation des labels ââécologiquesââ. Le sommet de Copenhague sâest ainsi déroulé sous les slogans hypocrites et opportunistes de Coca-Cola, Mc Donald, Carlsberg, Siemens,⊠De leur côté, la recherche scientifique et la justice sont ââinfluencéesââ pour aboutir à des conclusions ââcorrectesââ. Cette société dégouline de la pourriture du capitalisme par tous les pores.
Le marché âlibreâ nâest rien de plus et rien de moins que la dictature de la maximalisation des profits. On nâimpose pas de règles à ce système, on lâélimine.
Que signifie le socialisme?
ââLa tâche historique de notre époque consiste à remplacer le jeu déchaîné du marché par un plan raisonnable, à discipliner les forces productives, à les contraindre dâagir avec harmonie, en servant docilement les besoins de lâhomme. Câest seulement sur cette nouvelle base sociale que lâhomme pourra redresser son dos fatigué et â non seulement des élus â mais chacun et chacune, devenir un citoyen ayant plein pouvoir dans le domaine de la pensée.ââ (Leon Trotsky, En défense dâOctobre, 1932)
Nationalisation du secteur financier
Lâan dernier, plusieurs Etats ont été obligés de prendre le secteur bancaire dans leurs mains, partiellement ou entièrement. De là est née lâexpression de âsocialisme pour les richesâ: les profits éventuels sont réservés aux grands actionnaires tandis que les pertes sont prises en charge par le gouvernement (et donc la collectivité).
Dâanciens apôtres du marché âlibreâ en sont arrivés, avec une gêne sincère, à la conclusion que ce système nâest quand même peut-être pas lâidéal, comme Paul De Grauwe: ââLa théorie était que les banquiers savaient mieux que le gouvernement ce qui était bon pour eux et pour nous, et que le système avait assez de qualités autorégulatrices. Les faits nous ont démontré à quel point cette théorie était incorrecte.ââ (De Standaard, 26 janvier 2010)
On cherche actuellement de nouvelles règles pour le secteur bancaire, mais de nombreux commentateurs crient déjà depuis des mois que rien nâa changé depuis le début de la crise, que les produits et mécanismes responsables de la chute du secteur financier il y a deux ans sont à nouveau utilisés à plein régime. Ce nâest aucunement une surprise. Obama a par exemple nommé les top-managers de la banque Goldman Sachs à son cabinet des Finances. Goldman Sachs était dâailleurs un des plus grands bailleurs de fonds de la campagne électorale dâObama. Les politiciens traditionnels ne sont pas grand-chose dâautre que des marionnettes aux mains des décideurs économiques. Ils sont dâailleurs richement récompensés par la suite avec des postes lucratifs dans les conseils dâadministration: Dehaene chez Inbev et Dexia, Willy Claes chez Carrefour,âŠ
Le secteur financier doit être retiré des mains de ces charognards. Seul un secteur financier aux mains de la collectivité sous le contrôle des travailleurs et des usagers peut garantir que ce secteur remplisse ses tâches essentielles.
Pour une économie nationalisée et planifiée
Affiche du PSL pour les élections de 2009
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Ce qui vaut pour le secteur bancaire vaut également ailleurs. Tant que les différents secteurs de lâéconomie restent aux mains dâune petite minorité de grands capitalistes, ils resteront bloqués dans la logique du système selon laquelle les profits sont prioritaires sur toute autre considération.
ââLe marché libre est un grand mensonge. Il nâexiste dâailleurs pas. La confusion entre libre marché et liberté humaine est dangereuse. (âŠ) Cette crise confirme que le monde repose sur sa tête, les pieds en lâair et la tête en bas. Ce qui doit être puni est récompensé et vice versa. La spéculation est récompensée et le travail est puni. Aujourdâhui, le système est démasqué, câest un système basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes.ââ (Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009)
Dans une société socialiste, les usines, les machines et les terrains des secteurs clés seraient propriété publique afin quâils soient au service de la satisfaction des besoins de la population.
Pour une société démocratique et socialiste
Une économie socialiste doit être une économie planifiée. Câest la seule option permettant que la technologie, les forces de travail, la science et les matières premières soient utilisées de manière efficace et durable pour la satisfaction des besoins humains.
Toute la société doit être activement impliquée dans lâélaboration dâun tel plan et dans les décisions sur la façon de produire. Des réunions locales pourraient élire des représentants mandatés à participer aux discussions et décisions au niveau régional, national et même international. Ces élus devraient systématiquement rendre des comptes à leur base et être révocables à tout moment. La motivation dâun élu ne pouvant jamais être basée sur des privilèges, les représentants ne pourraient pas gagner plus que le salaire moyen dâun travailleur.
Pour permettre à chacun de participer à la gestion de la société, le temps de travail doit être drastiquement réduit, mais cela est parfaitement possible si on stoppe toute production inutile et si la production est orientée vers des produits durables et non des produits jetables propres à la société capitaliste. La répartition du temps de travail en impliquant les centaines de millions de chômeurs actuels aurait aussi un impact important pour diminuer le temps de travail de chacun.
Enfin, seule une économie socialiste où la richesse et les investissements sont gérés collectivement est apte à garantir le développement de méthodes de production qui préservent notre environnement. Pour notre avenir, le socialisme est la seule option.
Les 125 ans du Parti Ouvrier Belge – Les 120 ans du premier mai
Le 5 et le 6 avril, nous avons fêté le 125e anniversaire de la fondation du Parti Ouvrier Belge (le prédécesseur du PS et du SP.a). La mise sur pied dâun parti ouvrier en 1885 a constitué un important pas en avant pour le mouvement ouvrier de notre pays. Avant cela, les travailleurs comptaient sur les libéraux de gauche présents au Parlement. Mais une telle approche ne faisait notamment pas progresser la lutte pour le suffrage universel. Avec la mobilisation des masses et la constitution dâun parti ouvrier indépendant de la bourgeoisie, une arme plus forte a été forgée.
Le POB a été fondé par une centaine de personnes représentant pas moins de 59 associations, dont des mutuelles, des syndicats, des groupes politiques, des groupes de lecteurs et des coopératives. Dès le début, il y a eu beaucoup de confusion. Les coopératives ont toujours plus déterminé les positions politiques du parti et cela a plusieurs fois signifié dâéviter tout élargissement conséquent de la lutte.
La lutte pour le suffrage universel (pour les hommesâŠ) a été menée grâce à la grande pression de la base du parti et contre la grande peur quâéprouvait la bourgeoisie face à la croissance du POB. Dans ce contexte sâest tenu en 1894 un congrès idéologique qui a adopté la Charte de Quaregnon (voir ci-contre). En comparaison, et même si un certain nombre de faiblesses étaient présentes, les programmes actuels du PS et du SP.a font pâle figure.
Le POB ne remettait pas suffisamment conséquemment en cause le capitalisme, mais câétait là un outil de taille à disposition des travailleurs afin quâils puissent lutter pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Câest cette lutte qui a donné dâimportantes victoires, comme la journée des huit heures.
Ce combat pour la journée des huit heures est inséparablement lié au Premier mai. Il y a 120 ans, le premier mai était la première journée dâaction internationale pour les huit heures. Dès 1890, après des actions antérieures qui se sont déroulées aux Etats-Unis, des grèves ont eu lieu partout le premier mai, souvent réprimées. En Belgique aussi, des travailleurs ont été tués parce quâils militaient le Premier mai.
Aujourdâhui, il nây a plus de grand parti ouvrier – le PS et le SP.a sont devenus des partis vides où seule compte la politique gouvernementale néolibérale – et cela a dans beaucoup de cas vidé les commémorations du Premier mai de son essence combattive. Au même moment, le principe de la journée des huit heures subit des attaques de toutes parts.
En vue des attaques à venir contre nos salaires, nos pensions, les soins de santé, lâenseignement,⊠nous allons devoir renouer avec ces traditions établies il y a de cela 125 et 120 années. Nous avons besoin de notre propre parti des travailleurs de masse et nous allons devoir lutter, internationalement, pour défendre nos intérêts! Cela constitue une part de la lutte pour une alternative socialiste contre la barbarie capitaliste.
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LâEMANCIPATION DES FEMMES ENTRAVEE PAR 25 ANS DE NEOLIBERALISME
LE 11 MARS: LSP/MAS organise une journée de formation et de discussions à lâoccasion de la journée internationale des femmes
LE PACTE DES GÉNÉRATIONS a rendu la situation des femmes, du point de vue de leur droit à une retraite décente, encore plus difficile quâelle ne lâétait déjà auparavant. A lâheure actuelle, un très grand nombre de femmes pensionnées font parties des couches les plus pauvres de la société. Des politiciens, comme Bruno Tobback, le ministre des pensions, affi rment que cette situation est dûe aux choix âmalheureuxâ que font les femmes. Elles sont censées être âinforméesâ sur les conséquences de ces choix.
Une campagne dâinformation ne changera rien au fait que, dans pas mal de secteurs où sont employées surtout des femmes, on offre UNIQUEMENT du travail à temps partiel. Et ça ne changera rien non plus au fait que du travail à temps plein avec à des enfants à charge donne un salaire rarement suffi sant quand il faut payer la crèche (quand on peut en trouver une). Sur un marché du travail où la fl exibilité ne cesse dâaugmenter, il est presque impossible de combiner un travail à temps plein avec un ménage et des enfants. Si 43% des femmes travaillent à temps partiel (contre 7% des hommes), ce nâest certainement pas par âchoixâ!
Lâémancipation des femmes nâa pas de sens si elles ne peuvent choisir quâentre pauvreté ou dépendance à lâégard dâun partenaire: 80% des mères isolées vivent dans la pauvreté. Bien que les femmes aient la possibilité de travailler à temps partiel, le coût de la vie, lui, reste inchangé.
Lâémancipation des femmes nâest possible que dans leur totale indépendance. Cela ne peut se faire que par une lutte commune des travailleurs, femmes et hommes, contre lâabolition de la sécurité sociale (obtenue par une lutte qui a demandé beaucoup de sacrifi ces à nos parents et nos grands-parents et pour laquelle certains sont morts) et plus généralement, pour des salaires et des conditions de travail décentes pour tous.
Aujourdâhui, nous devons lutter pour la construction dâune opposition combattive au sein des syndicats et utiliser ces organes comme des instruments de lutte! Pour une scission de la FGTB et de la CSC avec les partis traditionnels qui mènent une politique dâattaques néo-libérales! Pour un nouveau parti ouvrier représentant les travailleurs et défendant leurs droits, sans tenir compte de leur origine nationale, de leur sexe ou de leur préférence sexuelle!
Câest ce que veut réaliser le LSP/MAS, câest ce que veut sa commission âFemmesâ qui regroupe les femmes membres du LSP/MAS pour mener la discussion sur les stratégies et les programmes à élaborer pour résoudre les problèmes auxquels les femmes sont confrontées.
Câest la raison pour laquelle nous organisons ce jour de formation et de discussion. Après la discussion principale sur les effets de la politique de droite sur les droits et les acquis des femmes, nous proposons aussi des groupes de discussion sur les sujets suivants:
Lâhistoire du mouvement des femmes en Belgique | La violence conjugale: quelles en sont les causes et comment la combattre? (avec une oratrice de la Campagne Ecossaise âCampaign against Domestic Violenceâ) | Comment lutter contre le sexisme et la violence dans les quartiers animés? | La position de la femme au Pakistan/Cachemire â un rapport de notre travail au Pakistan et au Cachemire et notamment notre campagne contre la violence envers les femmes au Pakistan et la campagne pour la reconstruction après le tremblement de terre au Cachemire | Nous clôturerons la journée avec un dernier meeting pour présenter notre travail femme (en Belgique et dans le monde).Tu en as ras le bol des bas salaires et des mauvaises conditions de travail? Tu veux lutter pour une vie décente et un avenir pour toi et tes enfants? Tu en as assez de la violence et des intimidations? Tu ne veux pas rester les bras croisés et attendre les conséquences des attaques de la politique antisociale? Alors, viens à notre journée femmes du 11 mars à lâULB. Tu y rencontreras des femmes et des hommes déterminés à organiser la lutte.
INFO PRATIQUE
Le meeting commence à 14h. (et dure jusque 20h.) au bâtiment H de lâULB, sur le Campus du Solboch, Avenue Franklin D. Roosevelt 50, B-1050 Bruxelles
Entrée: 5 euro pour les salariés; 3 euro pour les écoliers, les étudiants et les allocataires sociaux
Sandwiches et boissons prévus
Une crèche est organisée dans le bâtiment, mais veuillez vous inscrire à lâavance (femmes@lsp-mas.be ou 0472/41.62.78 pour plus dâinfos)
> Tract en version PDF -
âAdieu, la prospĂ©ritĂ©!â
C’EST LE titre dâun article de lâhebdomadaire Knack du 25 août sur lâAllemagne. Le plan dâaustérité de Schröder est un bain de sang social. Les chômeurs de longue durée vont par exemple se retrouver avec une allocation de moins de 350 euros par mois dès janvier!
Anja Deschoemacker
Et la Belgique va suivre la même voie. La bourgeoisie a mis toutes ses cartes sur la table: les patrons ont mis en avant une liste impressionnante de revendications afin que le gouvernement tente dâimposer des restructurations sociales très dures. Celles-ci nâont quâun but: accroître les profits, au détriment des travailleurs et de ceux qui vivent dâune allocation.
En Belgique si ceux qui siègent au gouvernement étaient dâauthentiques représentants des travailleurs ils auraient mis en avant un plan dâaction sérieux sur base des informations parues dans la presse au cours des dernières semaines. Ils sâapercevraient à juste titre que dans un des pays les plus riches du monde, plus de 2/3 des pensionnés (66,32%) vivent avec moins de 1.000 euros par mois, et 39,11% avec moins de 750 euros par mois. Et que la pension minimale est de 34% inférieure à la moyenne européenne. Il feraient tout pour résoudre ces problèmes, en commençant par mettre le holà à la politique de diminution des charges patronales qui vide les caisses de sécurité sociale.
Mais ce ne sont pas des représentants des travailleurs au gouvernement. Ce sont des arrivistes qui vivent dans un milieu «particulier». Bruno Tobback, par exemple, dit quâil nây a pas vraiment de problème concernant les pensions, mis à part le fait que «dans lâavenir» les pensionnés ne vont «plus» pouvoir passer de somptueuses vacances en Afrique. De quels pensionnés parletil? Ou plutôt: sur quelle planète vitil?
Il y a énormément de problèmes à résoudre. Cependant, si on suit les médias, le vrai problème en Belgique reste un problème communautaire. Il est donc probable que le gouvernement va en arriver à la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou de quelque chose dans ce goût-là. Par contre tous les partis des deux cotés de la frontière linguistique sâaccordent (même si certains parviennent à mieux lâemballer que dâautres) sur la nécessité dâune offensive contre la réglementation du travail, les services publics et la sécurité sociale. Quoiquâil advienne, une chose est sûre: si les travailleurs ne descendent pas dans la rue pour défendre leurs acquis dâaprès-guerre, ceux-ci vont disparaître.
Nous espérons que les travailleurs de notre pays ne se laisserons pas détourner par les querelles communautaires. Si Vandenbroucke affirme quâil ne pouvait aller plus loin dans ses mesures dâaustérité et ses attaques contre les chômeurs flamands, câest parce quâil espère gagner cette offensive en Flandre pour lâimposer plus tard sur le plan national. Cette politique de chantage aide les partis francophones à vendre leur politique dâaustérité, «parce quâils y sont contraints».
Et pendant que la question nationale est poussée à lâavant-plan par les médias, on peut retrouver derrière lâécran le patronat et leurs gouvernements main dans la main, en accord total sur le fait que lâétat providence est devenu ingérable et quâil doit donc être démantelé. Bref, si nous ne suivons pas lâexemple de résistance dont ont fait preuve les travailleurs français, espagnols, italiens et maintenant aussi allemands, les patrons lâemporteront!