Your cart is currently empty!
Tag: Brexit
-
Brexit : un accord sans gagnant

Quatre ans et demi après le vote de départ de l’Union européenne, un accord commercial a finalement été conclu à la onzième heure avant l’échéance du 31 décembre 2020 fixée par Boris Johnson. Le Parlement n’a eu que quelques jours pour examiner l’accord avant de le ratifier, une parodie de la narration des conservateurs de droite pour lesquels le Brexit visait à “reprendre le contrôle”.Par Sarah Wrack, Socialist Alternative (ASI en Angleterre, Pays de Galles et Écosse)
Les sondages de YouGov ont montré que la majorité des sondés désirait que l’accord soit adopté indépendamment de la façon dont ils ont voté lors du référendum ou des élections générales. Et ce en dépit du fait que très peu (17%) estimaient qu’il s’agissait d’un bon accord pour la Grande-Bretagne. Le Premier ministre Boris Johnson semble avoir espéré qu’attendre la dernière minute pour faire des concessions sur la pêche le ferait apparaître comme un héros remportant l’accord sur le fil. Si c’est effectivement le cas, la déception l’attend. On ne trouve aucune euphorie ni chez les grandes entreprises ni chez les travailleurs. Les sentiments qui dominent sont plutôt d’une part celui du soulagement que le long et fastidieux processus soit terminé et d’autre part, en raison également de la crise sanitaire, que l’incompétence des Conservateurs n’a pas de limite.
Tout cela peut se transformer en colère lorsqu’il deviendra plus clair pour un plus grand nombre de personnes que le processus est en fait loin d’être terminé ! L’accord qui a été conclu est incroyablement mince, il manque de précisions sur un vaste nombre de questions. Les négociations vont probablement se poursuivre pendant des années encore. Alors que certains ont voté pour quitter l’UE en espérant moins de bureaucratie et de “paperasserie”, l’accord a donné naissance à tout un réseau de groupes de travail et de comités mettre au point une multitude de détails.
Les gagnants et les perdants
Cette manière de laisser nombre d’aspects ouverts a permis de conclure l’accord. Ce dernier est suffisamment vague pour que les deux parties puisse revendiquer la victoire. Par exemple, l’une des grandes questions des négociations concernait la garantie qu’aucune partie ne puisse obtenir un avantage “injuste” en modifiant sa législation sur le travail, l’environnement ou les aides d’État. L’accord prévoit le maintien des normes existantes, mais avec le droit de diverger à l’avenir si le gouvernement britannique le souhaite (et de risquer alors de se voir imposer des droits de douane si ces divergences sont considérées comme une menace pour le marché unique de l’UE). L’UE peut donc se prévaloir d’un succès parce que la Grande-Bretagne n’a pas été autorisée à accéder au marché unique avec le droit de fixer les règles qu’elle souhaite. Mais le gouvernement Johnson peut prétendre au succès parce qu’il a obtenu le “droit” pour le Royaume-Uni de prendre ses propres décisions sur ces questions, ce qui était considéré comme politiquement vital pour apaiser de quelque manière que ce soit la base de soutien des conservateurs autour de la “souveraineté”.
La réalité est à l’opposé : aucun des deux camps n’est vainqueur. L’UE est convaincue que le résultat n’a pas fait de cette sortie une perspective attrayante pour les autres États membres, mais elle est très certainement affaiblie par la perte de l’une de ses plus grandes économies et d’environ un quart des dépenses de défense de l’UE.
Du point de vue du capitalisme britannique, si la catastrophe d’une situation sans issue a été évitée, il y aura de nouvelles barrières commerciales contrairement aux déclarations de Boris Johnson. De nouveaux contrôles douaniers seront introduits et des restrictions imposées sur certains produits, tout particulièrement concernant l’alimentation. L’inévitable surcroît de bureaucratie que cela implique risque d’entraîner des problèmes logistiques, des retards, etc. mais aussi une augmentation des coûts et du temps consacrés à la paperasserie.
Toute tentative de répercuter ces coûts sur les travailleurs par des hausses de prix, des suppressions d’emplois ou des réductions de salaires doit être combattue avec acharnement par les syndicats. Il n’y a pas non plus de reconnaissance automatique des qualifications professionnelles et des restrictions seront imposées aux entreprises britanniques qui vendent des services en Europe, surtout pour les services financiers de la classe capitaliste (en valeur, les services représentent 50 % des exportations britanniques).
L’Irlande du Nord
L’un des changements les plus importants est la mise en œuvre du protocole sur l’Irlande du Nord. Pour éviter les implications politiques et sociales du durcissement de la frontière sur l’île d’Irlande, l’Irlande du Nord restera dans le marché unique des marchandises de l’UE, et il existe désormais une frontière réglementaire le long de la mer d’Irlande. L’assemblée d’Irlande du Nord se prononcera également tous les quatre ans sur le maintien de ces dispositions, ce qui signifiera une bataille sectaire régulière concernant la frontière irlandaise, mais aussi la perspective d’un durcissement de la frontière nord/sud à l’avenir.
Des contrôles seront effectués sur certaines marchandises circulant entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, et il est déjà signalé que certaines petites entreprises ont cessé d’approvisionner l’Irlande du Nord en raison de l’augmentation des coûts que cela représente. Si certaines industries d’Irlande du Nord peuvent bénéficier d’un accès aux deux marchés, dans d’autres, il subsiste un risque accru de suppressions d’emplois et de fermetures d’entreprises, auquel il faut résister.
Pour de nombreux travailleurs protestants d’Irlande du Nord, le nouvel arrangement ressemble à une “Irlande économique unie” et constitue une étape supplémentaire pour les pousser dans une Irlande unie dans laquelle ils seront une minorité marginalisée. La République d’Irlande a accepté de prendre en charge les coûts des étudiants d’Irlande du Nord pour maintenir l’accès au programme Erasmus et pour que les voyageurs aient accès aux services de santé européens. Bien que l’approche du DUP (Parti unioniste démocrate, en anglais Democratic Unionist Party) semble pour l’instant minimiser cet aspect, ils peuvent utiliser les nouvelles dispositions pour attiser davantage les tensions sectaires à l’avenir lorsque cela répondra à leurs besoins politiques. Une approche socialiste reposant sur la solidarité et l’unité de la classe ouvrière au-delà des clivages sectaires est essentielle.
Et maintenant ?
Le refrain commun des politiciens capitalistes par-delà les clivages politiques et nationaux est de mettre Brexit derrière eux. Ce processus qui a duré des années les a encore plus exposés, eux et leur système, comme incapables de résoudre les problèmes de la masse des gens ordinaires. Comme nous l’avons souligné, les facteurs qui ont contribué à ce que de nombreuses personnes votent pour quitter l’UE en 2016 – pauvreté, travail précaire, bas salaires, services publics décimés et sentiment d’aliénation par rapport à toutes les institutions politiques – n’ont pas disparu, bien au contraire.
L’abandon de l’UE était un vote contre l’establishment, et il a plongé la classe capitaliste dans la crise, notamment en faisant tomber deux premiers ministres conservateurs. Ce fut un coup dur pour le projet néolibéral de l’Union européenne. Mais nous avons également souligné que sur la base du capitalisme, le Brexit ne résoudrait aucun de ces problèmes sous-jacents. La situation aurait pu être différente si Jeremy Corbyn (alors qu’il était dirigeant du Parti travailliste) et les dirigeants syndicaux avaient pris la tête d’une campagne de gauche anti-austérité pour le « leave » mais, malheureusement, ils ne l’ont pas fait.
Aucun accord élaboré par les conservateurs et d’autres politiciens capitalistes européens n’aurait jamais pu satisfaire les besoins et les désirs de la classe ouvrière. Pour cela, nous ne pouvons compter que sur la force potentielle de la classe ouvrière organisée et des mouvements de masse en Grande-Bretagne et dans le monde pour apporter un véritable changement socialiste. Sur base de l’appropriation publique démocratique de l’économie et d’une planification démocratique visant à répondre aux besoins des gens, nous pouvons construire un avenir meilleur dans lequel les peuples d’Europe et du monde peuvent être unis sur une base libre, volontaire et égale.
-
Elections britanniques : Combattre pour un gouvernement travailliste dirigé par Corbyn !

Construire un mouvement de masse pour gagner et s’organiser pour lutter pour le socialisme
L’élection générale de décembre pourrait marquer un tournant historique. C’est l’occasion de construire un mouvement de masse pour exiger une société au bénéfices de millions de personnes. C’est l’occasion de virer les conservateurs et de mettre Jeremy Corbyn au numéro 10 (le 10 Downing Street est la résidence officielle et le lieu de travail du Premier ministre, NdT).
Déclaration de Socialist Alternative, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majoritaire) en Angleterre et au Pays de Galles.
Corbyn peut remporter cette élection. Pour ce faire, il doit s’adresser directement à la classe des travailleurs et aux jeunes avec un programme clair qui peut changer leurs vies. Lorsque Corbyn a lancé sa campagne électorale, il a lancé un appel frappant en faveur d’un “véritable changement”. Le vrai changement dont nous avons besoin, c’est un changement socialiste.
L’austérité doit cesser. Dix ans de brutalité conservatrice nous ont poussés vers la banque alimentaire britannique. Près de quatre millions d’enfants vivent dans la pauvreté. Les travailleurs ont enduré une décennie de restrictions salariales. Les jeunes sont surendettés et confrontés à la crise du logement. Le fléau de la mauvaise santé mentale frappe chaque génération, le symptôme d’une société malade.
Pendant ce temps, le système national de soins de santé (NHS) est vendu – petit à petit – au plus offrant. Et la dégradation du climat menace l’avenir même de notre planète.
Pourtant, notre société est inondée de richesses. Des richesses qui sont concentrées dans les mains d’une élite richissime et minuscule. Ce sont ces quelques riches – la classe capitaliste – qui possèdent et contrôlent les énormes monopoles qui dominent notre économie, et par extension la vie de millions de personnes. Ils paient à peine leurs impôts. Ils polluent la terre. Et maintenant, ils veulent privatiser nos services publics.
Leur classe est actuellement bien représentée au Parlement. Leurs défenseurs n’occupent pas seulement les bancs conservateurs. Beaucoup de leurs représentants les plus fiables figurent parmi les libéraux-démocrates. Et d’autres encore s’assoient derrière Corbyn sur les bancs du Parti travailliste, en travaillant patiemment et avec persévérance pour ébranler ce dernier, l’étouffer, et finalement lui faire quitter de force la direction du parti.
Cette élection est l’occasion de porter un coup magistral à la classe capitaliste qui bénéficie de cette économie truquée. Le pouvoir des capitalistes doit être remis en question. C’est leur système – le capitalisme – qui endommage la terre, fait baisser les salaires, génère et perpétue les oppressions racistes, genrées, sexuelles et autres.
Faire dégager Boris
Boris Johnson – le multimillionnaire éduqué à Eton – veut nous faire croire qu’il est un personnage anti-establishment. Il prétend représenter le peuple dans un conflit qui oppose le “peuple au parlement”. Mais que peut bien savoir ce conservateur de ce qu’est la vie dans l’austérité ?
Le meilleur antidote à ces mensonges n’est pas la défense d’un parlement rempli de politiciens privilégiés et pro-capitalistes. Au lieu de cela, Corbyn doit faire de cette élection une élection qui oppose “le peuple au 0,1% “. Il doit mobiliser la classe des travailleurs, avec les jeunes, pour lutter pour une alternative à l’austérité et à la misère.
Pour cela, Corbyn doit défendre un programme capable d’unir les travailleurs de part et d’autre de la ligne de démarcation du Brexit. Les mois de querelles parlementaires et de jeu autour du Brexit ont à juste titre repoussé les gens ordinaires. La plupart d’entre eux comprennent instinctivement qu’il s’agit essentiellement d’une dispute entre deux ailes d’une élite privilégiée pour savoir quels accords commerciaux seront les plus favorables aux grandes entreprises.
La voix des travailleurs a été notablement absente. Mais Corbyn a la possibilité de changer cela. Il doit affirmer avec audace que cette élection n’est pas un autre référendum Brexit : il devrait s’agir d’un référendum sur l’austérité, sur la décennie de règne cruel et désastreux des conservateurs. Il doit lier son programme de lutte contre l’austérité à une approche pro-ouvrière, internationaliste et fermement antiraciste de la question du départ de l’UE.
Les lignes rouges européennes
Il devrait être clair qu’un gouvernement travailliste établirait de nouvelles lignes rouges concernant la réouverture des négociations avec l’UE pour défendre les intérêts des travailleurs. Qu’il refuserait d’accepter la myriade de traités néolibéraux anti-travailleurs actuellement institutionnalisés par l’UE. Ces traités sont utilisés pour miner les droits des travailleurs et générer une infernale course vers le bas. Nous pensons notamment à la directive sur le détachement des travailleurs, aux restrictions des aides d’État et aux lois sur la concurrence qui constituent des obstacles – qu’un gouvernement des travailleurs devrait affronter – à la renationalisation des services publics privatisés.
De plus, Corbyn devrait adopter une position internationaliste. Cette position doit rejeter l’ignoble cruauté qui conduit des travailleurs migrants à périr à l’arrière des camions. La véritable alternative à l’actuel club des patrons de l’UE n’est pas un fantasme autour de la petite Angleterre. C’est une Europe pour les travailleurs – une Europe socialiste. Nous vivons sur un continent qui a passé la dernière décennie à connaître des protestations de masse et à lutter contre l’austérité. Un gouvernement britannique mettant en œuvre un programme de lutte contre l’austérité, appelant les masses européennes à le soutenir, pourrait être le catalyseur d’une révolte et d’un soulèvement qui pourrait déferler sur le continent.
Donc Corbyn a du travail. Mais cette élection ne doit pas porter uniquement sur lui en tant qu’individu. Car quel que soit le résultat du 12 décembre, nous savons que le combat ne sera pas terminé à ce moment-là. Si Corbyn gagne, il sera immédiatement confronté à la colère d’une classe capitaliste désireuse de protéger ses profits et de défendre ses privilèges. Et si Corbyn ne compte que sur le Parlement pour le défendre contre de telles forces, il se trouvera particulièrement vulnérable.
Mobiliser les travailleurs
L’histoire ne s’écrit pas seulement dans les couloirs du parlement. Les travailleurs ont un énorme pouvoir potentiel. Après tout, ce sont les travailleurs qui transforment les ressources du monde en biens à utiliser, qui distribuent ces biens à travers la planète, qui fournissent tous les services qui permettent à la société de fonctionner. Si nous agissons collectivement, nous avons le pouvoir d’être acteurs de l’histoire – d’être les agents du changement.
Nous devons utiliser ces élections pour construire un mouvement qui peut durer plus longtemps que cette campagne. 2017 a donné un aperçu de ce qui est possible. Nous avons besoin de rassemblements de masse dans toutes les villes du pays. Des projections de masse devraient également être organisées.
Il est extrêmement positif que les travailleurs de Royal Mail, des universités et de toute une série de conflits locaux importants puissent être en grève pendant cette campagne. Il est essentiel qu’aucune tentative ne soit faite pour retenir ces actions. En fait, les syndicats devraient être au cœur de la construction de ce mouvement. Ces conflits pourraient être au centre des préoccupations pendant la campagne, ce qui renforcerait la confiance des travailleurs de toute la Grande-Bretagne et mettrait en lumière des revendications importantes. Il est particulièrement positif qu’au moment où les postiers sont confrontés à un patron brutal, Corbyn s’est engagé à renationaliser la poste, ainsi que le rail et l’eau, en ouvrant sa campagne électorale.
En fin de compte, nous devons construire un mouvement de masse qui peut pousser Corbyn à aller plus loin que ses esquisses positives de programme actuelles. L’histoire nous avertit que la classe capitaliste ne reculera devant rien pour protéger sa richesse et son pouvoir. Le sabotage économique – menaces de délocalisations, fuite des capitaux, etc. – sera sa réponse face à un plan de renationalisation à large échelle.
Se préparer au sabotage
Corbyn devrait prendre des mesures pour protéger la classe ouvrière contre cela. Pour cela, il faudrait être prêt à prendre des mesures qui vont au-delà des contraintes capitalistes. Cela signifie de nationaliser les banques pour prendre le contrôle des flux de capitaux. Cela signifie d’être prêt à défier le pouvoir le plus important que possède la classe capitaliste – son contrôle de l’économie. Pour ce faire, il faut aller au-delà de la renationalisation de quelques services privatisés et prendre collectivement en main, sous le contrôle et la gestion démocratiques de la classe ouvrière, les grands monopoles qui dominent actuellement notre économie. L’indemnisation ne peut être versée aux actionnaires qu’en fonction de besoins prouvés.
En fin de compte, tout cela nécessiterait que Corbyn s’appuie sur le pouvoir et l’autorité non pas du parlement, mais d’une classe ouvrière organisée, mobilisée et consciente, participant démocratiquement à l’orientation de l’avenir et capable de contrôler sa propre destinée.
Sur cette base, il serait possible de transformer complètement la vie de millions de personnes. Cela nous donnerait la possibilité de planifier démocratiquement une économie qui aurait comme priorité non pas les profits de quelques-uns, mais les besoins et les désirs de la majorité. Ce serait une société qui aurait le potentiel d’agir comme un phare pour l’Europe et le monde.
Dans son discours d’ouverture de campagne, Corbyn a souligné la nécessité d’une révolution industrielle verte. La crise à laquelle notre planète est confrontée signifie que nous n’avons pas de temps à perdre. Corbyn doit tenir compte du slogan qui est devenu synonyme des grèves climatique de masse dans les écoles : nous avons besoin d’un changement de système. Cela signifie que nous devons mettre fin à ce système capitaliste désastreux qui repose fondamentalement sur l’exploitation des gens et de la planète pour le remplacer par une société socialiste au bénéfice de millions de personnes.
Socialist Alternative participera à cette campagne électorale pour assister la lutte en faveur d’un gouvernement dirigé par Corbyn. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. Nous nous organiserons pour aider à construire un mouvement capable de lutter pour la transformation socialiste dont notre société a désespérément besoin. Ce mouvement devra se poursuivre au-delà du 12 décembre, qu’importe qui occupe alors Downing Street. Nous espérons que vous vous joindrez à nous.
- Les conservateurs dehors ! Pour un gouvernement travailliste dirigé par Corbyn qui mette fin à l’austérité !
- Construisons un mouvement de masse – Corbyn doit mobiliser la classe ouvrière pour qu’elle se batte afin d’expulser Johnson et de se préparer à la suite.
- Que les syndicats soient au cœur de la campagne ! Solidarité avec les travailleurs en grève de Royal Mail, des universités et des conflits locaux.
- Pas de concessions aux politiciens pro-capitalistes – Corbyn doit rester ferme et défendre des politiques socialistes !
- Pour l’union des travailleurs au-delà du Brexit – Remain et Leave – avec une approche pro-ouvrière et internationaliste de la question du Brexit !
- Luttons contre la crise climatique! Nous avons besoin d’un changement de système.
- Organisons nous pour lutter pour le socialisme et en finir avec la richesse des capitalistes en nationalisant les grands monopoles qui dominent notre économie !
-
Grande-Bretagne. Suspension du Parlement: Luttons pour des élections générales immédiates !
Non au putsch de Boris Johnson ! Pour des manifestations de masse réunissant les syndicats, le mouvement des grèves climatiques et tous ceux qui s’opposent à cette atteinte aux droits démocratiques !- Nous ne pouvons pas faire confiance aux députés capitalistes pour protéger les travailleurs et les jeunes d’un Brexit conservateur sans accord ! Luttons pour des élections générales et un gouvernement travailliste dirigé par Corbyn autour de politiques socialistes !
- Pour une sérieuse riposte syndicale contre toute menace de licenciement, de fermeture ou de coupe budgétaire !
- Non à un Brexit conservateur – qu’il y ait un accord ou non ! Opposons-nous à l’UE capitaliste ! Développons une véritable solidarité et une résistance coordonnée aux politiques capitalistes à travers l’Europe !
- Pour une Angleterre, un Pays de Galles et une Ecosse socialistes faisant partie d’une fédération socialiste d’Europe et d’un monde socialiste, où les ressources seraient détenues et planifiées démocratiquement !
La crise politique britannique a atteint un nouveau sommet lorsque Boris Johnson a annoncé que le Parlement sera suspendu pour cinq semaines, mesure désormais “approuvée” par la Reine. Lors de son premier acte en tant que premier ministre, Boris Johnson a accéléré l’attaque parlementaire en cours depuis longtemps au sujet de Brexit.
Par Becci Heagney (Socialist Alternative, CIO – Angleterre et Pays de Galles)
Johnson prétend que cette suspension s’explique en raison du ‘‘retard’’ d’un discours de la Reine, par le fait que cette session parlementaire est la plus longue depuis 400 ans ainsi qu’au vu de son intention de présenter une législation “audacieuse et ambitieuse”, comprenant notamment un meilleur financement du NHS (National Health Service, le système de soins de santé publics du Royaume-Uni). Cependant, il est évident que le véritable objectif de Johnson est de sauver sa peau en tentant d’éviter un vote de défiance et en empêchant les députés de voter contre un Brexit sans accord.
Le Parlement sera suspendu jusqu’au 14 octobre, quelques jours avant le sommet européen où Johnson espère obtenir un nouvel accord, les 17 et 18 octobre. Il ne resterait alors plus que deux semaines avant que la Grande-Bretagne ne quitte l’UE, le 31 octobre. Cela signifie en réalité que le Parlement ne pourra pas discuter du Brexit avant le sommet de l’UE, ce qui laisse peu de temps pour qu’un nouvel accord soit discuté et voté.
Johnson représente une petite partie du parti conservateur et de la population dans son ensemble. La majorité de la classe capitaliste est désespérée et opposée à l’approche de Johnson pour qui “pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord”. Quand Theresa May a été nommée chef de file et première ministre, c’était dans le but d’obtenir un accord pour un « Brexit mou ». Elle a été forcée de faire un pas de côté lorsqu’il s’est avéré impossible d’obtenir cela au Parlement.
La direction du Parti travailliste a hésité à appeler un vote de défiance à l’égard de Boris Johnson. Pas plus tard que ce 28 août, des pourparlers entre les partis de l’opposition ont rejeté l’idée d’un vote de défiance et ont plutôt opté pour des mesures “législatives” afin d’essayer d’empêcher l’arrivée d’un Brexit sans accord. Quand la suspension du Parlement a été annoncée, la chose a choqué de nombreux députés travaillistes qui ont réagi en demandant que le parlement soit occupé et que les gens descendent dans la rue pour “arrêter le putsch” et “défendre la démocratie”.
D’énormes protestations contre Johnson doivent prendre place et Jeremy Corbyn et le parti travailliste doivent y appeler, avec le soutien et la mobilisation des syndicats. Mais non pas autour du mot d’ordre de “pas de suspension du Parlement” : il faut exiger la chute de Johnson et des Conservateurs et l’organisation immédiate d’élections générales !
En vérité, de nombreux députés de tous les partis essaient de marcher sur une corde raide. Ils veulent d’un côté éviter un Brexit sans accord ou même revenir sur la décision obtenue par référendum et ainsi rester au sein de l’UE. De l’autre côté, ils ne veulent pas que de nouvelles élections générales soient organisée puisqu’il est fort probable qu’elles seraient remportée par Jeremy Corbyn et qu’il devienne Premier ministre. La perspective de la formation d’un gouvernement d’”unité nationale” pour mettre un terme au “no deal” est inhérente à cette situation. Ou alors, en dépit de sa rhétorique, Johnson pourrait conclure un accord qui pourrait être imposé au Parlement.
Tous les partis se préparent pour de probables élections générales en novembre. Boris Johnson soit un vote de défiance, soit à l’effondrement du gouvernement britannique suite à la sortie de l’UE sans un accord. Auparavant, plus de vingt députés conservateurs avaient averti qu’ils voteraient contre Johnson lors d’un vote de confiance. Sur cette base, il se présenterait au pays en présentant les choses comme étant un combat du “peuple contre le parlement”, en argumentant que les députés de Westminster essaient de stopper le Brexit. En concluant une sorte d’alliance électorale avec Nigel Farage (ancien fondateur de l’UKIP et fondateur du Parti Brexit) et le Parti Brexit, cela pourrait certainement trouver un écho. La situation pourrait s’aggraver si Jeremy Corbyn et le Parti travailliste ne disposent pas d’une position claire au sujet du Brexit.Les socialistes doivent se battre pour une élection où la classe ouvrière affronte l’establishment capitaliste. Nous devons nous battre pour défendre tous les emplois et services menacés par un Brexit désordonné, y compris par la nationalisation de toute entreprise qui menace de quitter le pays, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Étant donné que cette polarisation politique risque d’engendrer des tensions, nous devons également lutter contre le racisme et défendre les droits des migrants tout en faisant campagne contre les règlements et les directives anti-travailleurs de l’Union européenne.
Sur cette base, et avec un programme politique similaire à celui de 2017 (gratuité de l’enseignement, renationalisation d’entreprises privatisées,…), Jeremy Corbyn pourrait rentrer dans ces élections générales avec l’engagement de rouvrir les négociations avec l’UE pour négocier un Brexit dans l’intérêt des travailleurs.
Quoi qu’il ressorte des semaines à venir, il est clair que nous ne pouvons pas compter sur le Parlement. Le fait que le Parlement puisse être suspendu par la Reine, cheffe d’État non élue, expose la réalité antidémocratique de notre système politique. Quel que soit l’accord négocié ou non par Johnson sur le Brexit, les travailleurs devront s’organiser pour défendre les emplois et repousser l’austérité à la suite d’une crise économique provoquée par un Brexit désordonné. La suspension du Parlement représente un signe de faiblesse de ce gouvernement. Il ne tient qu’à un fil. Nous pouvons faire chuter ce gouvernement en commençant par des manifestations dans tout le pays et avec une mobilisation de masse à Manchester lors de la conférence du Parti conservateur du 29 septembre.
-
Le Brexit bloqué, les Conservateurs en pleine débâcle – Le mouvement ouvrier doit agir

Le compte à rebours du 29 mars, date initialement prévue pour le retrait de du Royaume Uni de l’Union européenne, a beau être terminé, le jeu n’est pas fini. Le gouvernement conservateur est en crise politique profonde. Au moment où nous écrivons ces lignes, la Première ministre Theresa May a été incapable d’obtenir une majorité parlementaire pour son projet d’accord de retrait. Le chaos est tel qu’une source européenne anonyme a comparé le Royaume-Uni à un ‘‘État en faillite’’(1).
Par Ciaran Mulholland, Socialist Party, Irlande du Nord, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste
L’accord de retrait avait déjà été rejeté à deux reprises par une large majorité des parlementaires. Dans des circonstances normales, la défaite du gouvernement sur sa priorité politique le ferait s’effondrer, mais nous ne sommes pas dans une période normale.
Theresa May espérait pouvoir encore une fois essayer de faire passer son accord au vote avant la date limite du 29 mars. En pariant sur le fait qu’un vote proche de l’échéance mettra une pression énorme sur les députés et qu’un nombre suffisant d’entre eux changeront de camp plutôt que de risquer une sortie sans accord. Certains députés conservateurs avaient en effet indiqué vouloir changer d’avis dans un tel scénario, tandis que, dans les coulisses, les pourparlers avec le DUP(2) se poursuivaient pour tenter de convaincre ses 10 députés.
May perd le contrôle
Theresa May marche sur une très fine couche de glace. Quoi qu’elle fasse, elle risque de déclencher une réaction en chaîne qui provoquerait sa chute. Ses adversaires au sein du Parti conservateur ressemblent à des vautours prêts à la pousser dans un précipice pour lui succéder. Pour les éloigner, elle pourrait envisager de passer par-dessus la tête des députés avec des élections anticipées, mais elle craint que cela aboutisse à la victoire du parti travailliste de Corbyn.
May est bloquée parce qu’elle ne peut pas obtenir la majorité parlementaire. Il y a plusieurs raisons à cela, mais la question critique est celle du ‘‘backstop’’ (‘‘filet de sécurité’’), un arrangement présenté comme nécessaire pour éviter le retour d’une frontière physique sur l’île d’Irlande. L’argument avancé est le fait que tout durcissement de la frontière irlandaise ‘‘mettrait en péril le processus de paix’’. L’UE insiste sur le fait qu’il doit y avoir une frontière ‘‘dure’’ (c’est-à-dire avec un contrôle du trafic de marchandises et des taxes d’importation) quelque part afin de protéger ses intérêts commerciaux. Si la frontière irlandaise reste ouverte, de nouveaux contrôles des marchandises traversant la mer d’Irlande devront être effectués, c’est-à-dire une frontière Est-Ouest, entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.
La majorité des protestants d’Irlande du Nord s’oppose à de nouveaux contrôles des marchandises traversant la mer d’Irlande. Une frontière Est-Ouest, aussi molle soit-elle, représente aujourd’hui une menace pour l’union entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne. Tout durcissement de la frontière Nord-Sud, aussi mineur soit-il, est considéré comme une menace pour les aspirations nationales des Catholiques irlandais. La seule façon de respecter les droits des deux communautés est de garder les deux frontières ouvertes, mais la logique de l’UE capitaliste n’en veut pas.
Quoi qu’il en soit, le conflit entre les aspirations des communautés protestantes et catholiques en Irlande du Nord aurait été problématique. Mais le fait accidentel que le DUP détienne l’équilibre du pouvoir au Parlement, pour la toute première fois, a précipité une crise majeure et a bloqué le retrait prévu du Royaume-Uni vis-à-vis de l’UE. Le DUP a froidement profité de sa position centrale pour s’aligner avec l’aile pro-Brexit du Parti conservateur contre toute menace perçue sur le statut de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Pour les pro-Brexit comme pour le DUP, c’est un mariage de convenance. Dans certaines circonstances, chacun abandonnerait l’autre pour en tirer un avantage tactique. Pour l’instant du moins, leurs intérêts continuent à coïncider.
Non à des frontières plus dures !
Le Socialist Party, parti-frère du PSL en Irlande, s’oppose à l’UE, une institution créée dans l’intérêt du capitalisme. L’UE n’est l’amie d’aucun travailleur d’Irlande, du Nord ou du Sud, ni d’aucun travailleur d’Angleterre, d’Écosse, du Pays de Galles ou du reste de l’Europe. Les travailleurs ne peuvent pas compter sur l’UE pour assurer un avenir meilleur, pas plus qu’ils ne peuvent compter sur les gouvernements de Leo Varadkar en République d’Irlande et de Theresa May au Royaume-Uni, ni sur la coalition DUP-Sinn Fein en Irlande du Nord, dans l’hypothèse où elle reviendrait un jour au pouvoir.
Le Socialist Party s’oppose au projet d’accord parce qu’il agit contre les intérêts économiques et sociaux de la classe ouvrière et appelle le mouvement ouvrier à faire de même. Il est essentiel que le mouvement ouvrier prenne également en compte l’impact potentiel de l’accord de retrait sur les divisions sectaires dans le Nord. Le mouvement ouvrier unit les travailleurs catholiques et protestants dans une lutte commune pour une vie meilleure – dans les luttes sur les lieux de travail et dans les campagnes parmi les communautés locales pour défendre nos services. Cette unité doit être défendue et ne peut être tenue pour acquise. Il est d’une importance vitale que les syndicats et les véritables partis de gauche, anti-sectaires, s’opposent à toute démarche qui affaiblit l’unité de la classe ouvrière.
Le projet d’accord décrit un scénario dans lequel surgirait une frontière Est-Ouest. Cela augmentera les tensions sectaires et affaiblira l’unité des travailleurs. Nous sommes opposés à l’accord sur cette base. Si le Royaume-Uni quitte l’UE sans accord, un durcissement de la frontière Nord-Sud deviendrait ‘‘inévitable’’. Si cela devait se produire, cela aussi augmenterait les tensions sectaires et affaiblirait l’unité des travailleurs. Nous sommes là aussi résolument opposés à ce scénario.
L’UE et le gouvernement britannique pourraient éviter d’avoir des frontières dures en prenant la décision politique de maintenir la frontière Nord-Sud ouverte et de ne pas laisser se développer une frontière Est-Ouest, quel que soit l’impact supposé sur le commerce et la circulation des personnes. Nous n’avons aucune confiance dans le fait qu’ils feront cela, à moins qu’ils ne soient soumis à d’immenses pressions venant d’en bas. Pour protéger les intérêts de la classe des travailleurs, il est essentiel que le mouvement ouvrier – les syndicats et les véritables forces politiques de gauche – intervienne dès maintenant armé d’un programme socialiste basé sur une indépendance de classe. Le mouvement ouvrier devrait tracer ses propres «lignes rouges» sur les questions-clés.
Le mouvement ouvrier doit maintenant agir
Le référendum de 2016 pour le retrait de l’UE était une manifestation de l’aliénation généralisée d’un establishment politique qui mène les politiques néolibérales depuis des décennies. La majorité de ceux qui ont voté pour le Brexit l’ont fait pour exprimer leur colère face aux années d’austérité. Ils étaient bien conscients du rôle central qu’ont joué les institutions de l’UE pour faire payer à des millions de personnes l’avidité des milliardaires.
Durant la campagne vers le référendum, il y avait une campagne de gauche qui a plaidé en faveur du retrait de l’UE. Le syndicat des cheminots RMT en Grande-Bretagne et le syndicat du secteur public NIPSA en Irlande du Nord ont pris des positions principielles d’opposition à l’UE et en faveur d’une alternative de gauche. Ces syndicats ont montré la voie à suivre. Si les syndicats apportaient leur poids à un mouvement pour une nouvelle Europe, organisée dans l’intérêt des 99%, des millions de personnes pourraient être mobilisées à travers les Iles britanniques et toute l’Europe, à la fois contre un Brexit qui favorise la classe capitaliste et contre l’UE.
(1) Financial Times, 21 mars 2019.
(2) Democratic Unionist Party, parti nord-irlandais soutenant le gouvernement minoritaire May.