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  • USA : les électeurs ont rejeté le programme de la droite

    Le 9 novembre, un soupir de soulagement a parcouru le monde à l’annonce de la réélection d’Obama. Mitt Romney n’allait pas devenir le nouveau président américain. Les républicains avaient réussi à terrifier le monde avec leur rage d’ultra-droite. Mais l’enthousiasme pour ce nouveau mandat d’Obama est considérablement plus faible qu’en 2008. Ces 4 dernières années, Barack Obama a été vu tel qu’il est : une marionnette de Wall Street et de l’élite américaine, avec un agenda simplement plus doux que celui des républicains.

    Par Bart Vandersteene

    De ‘l’espoir’ de ‘changement’ au ‘moindre mal’

    Par rapport aux élections de 2008, il y a eu 12 millions d’électeurs en moins. Cela déjà en dit long sur le déclin de l’enthousiasme de la population américaine. En 2008, on considérait Obama tel un sauveur qui apportait ‘‘espoir’’ et ‘‘changement’’. Bien des choses se sont passées depuis lors, et il ne représente plus aujourd’hui que le ‘‘moindre mal’’. Il a finalement remporté ces élections malgré son propre bilan présidentiel. Les banques se sont vu offrir des centaines de milliards de dollars, les services sociaux ont été amputés et des millions de familles ont perdu leurs maisons. De nombreux militants anti-guerre avaient voté pour Obama, même s’il a poursuivi l’œuvre guerrière de Bush, et la prison de Guantanamo n’est toujours pas fermée, en dépit de toutes ses promesses.

    Près de la moitié de la population (146 millions d’Américains) vit sous le seuil de pauvreté, ou se situe à peine au-dessus. Ce nombre était moindre avant l’arrivée d’Obama. Les riches, par contre, sont devenus encore plus riches. En 2010, 93% de l’augmentation du revenu a été empochée par les 1% les plus riches.

    Austérité

    La crise a déjà fait de sérieux ravages aux États-Unis, mais le pire est encore à venir. De dramatiques programmes d’assainissement ont jeté à la rue des centaines de milliers de travailleurs des services publics et de l’enseignement en particulier. Mais malgré tous ces efforts budgétaires, le déficit pour 2012 représente environ 7% du PIB du pays. Le gouvernement fédéral a donné toutes sortes de cadeaux fiscaux aux riches, mais n’a pas encore osé présenter toute la facture à la population. Chaque année, les dépenses excèdent les recettes à hauteur de plus de 1.000 milliards de dollars. Obama ne sera plus en mesure de continuer à jouer à cache-cache, il devra appliquer l’austérité et l’agenda de Wall Street, et essayera de faire passer la pilule avec quelques mesures contre les riches, essentiellement de l’ordre de la symbolique. Cela ne suffira toutefois pas pour éviter des manifestations, de larges mouvements sociaux et la radicalisation.

    Obama était-il le meilleur à élire ?

    Le large soutien dont Obama a encore pu bénéficier est dans une large mesure comparable à celui sur lequel les sociaux-démocrates européens peuvent encore compter, encore et encore, mais avec un succès de moins en moins éclatant. Leur argument principal est la peur de la brutalité de la droite dure. Cette logique a été poussée à son paroxysme aux USA, où l’establishment laisse le choix entre voter pour Pepsi ou pour Coca-Cola, deux variantes d’une seule et même politique. Accepter cette logique aurait signifié à Anvers de mener campagne pour Patrick Janssens afin d’éviter l’élection de Bart De Wever. L’argument porte constamment moins loin.

    Tout comme chez nous, il existe aux USA des positions politiques qui pourraient rassembler un très large soutien, mais qui ne sont défendues par aucun grand parti. Il suffit de penser à la défense des soins de santé, de l’augmentation des taxes sur les riches, de la réduction des dépenses en matière de défense ou d’un véritable programme de création d’emplois. Pas moins de 72% des Américains ont déclaré qu’ils envisageraient de voter pour un troisième parti si ce parti reprenait ces questions à son compte, 22% se sont déclarés certains de voter pour lui. Les syndicats ont dépensé environ 500 millions de dollars pour la campagne d’Obama. Ce montant rendrait capable de réaliser une campagne gigantesque pour un candidat qui défendrait réellement le programme des syndicats. Les Démocrates, fossoyeurs du mouvement social

    Toutes les réformes majeures obtenues dans l’Histoire américaine n’ont pas été le fruit de l’activité des Démocrates, mais bien le résultat de mouvements de masse. Le Parti Démocrate est devenu un obstacle pour les réformes progressistes de grande envergure et, concrètement, il tente de faire taire les protestations sociales à la première occasion.

    Il suffit de comparer le bilan des gouvernements du républicain Richard Nixon et du démocrate Bill Clinton. La politique appliquée par le premier serait considérée comme une politique de gauche aujourd’hui. Il a pris des mesures de protection de l’environnement (création de l’Environmental Protection Agency) et de la sécurité au travail, a mis un terme à l’intervention américaine au Vietnam, a étendu la sécurité sociale et a mis fin à la ségrégation raciale dans les écoles publiques du sud. Le second, quant à lui, s’est attaqué à la sécurité sociale, a laissé carte blanche au secteur financier, a signé une loi défavorable aux homosexuels, a refusé de ratifier de Protocole de Kyoto,…

    Ce n’est pas que Richard ‘‘Watergate’’ Nixon était un bon gars comparativement à Clinton. La différence est entièrement due au climat politique et social du moment. Nixon était sous la pression constante et gigantesque d’un mouvement de masse. Clinton, par contre, est devenu président dans les années 90, à l’époque du règne incontesté et sans partage du néolibéralisme. Les conséquences de ses politiques et la déception qui en a résulté constituent la raison par excellence qui explique l’élection de Bush en 2000 et sa réélection par la suite. La logique de soutien au candidat du ‘‘moindre mal’’ entraîne souvent de devoir taire ses critiques, chaque opposition étant de nature à affaiblir la position du ‘‘moindre mal’’ pour ouvrir la voie au ‘‘plus grand mal’’. Cette logique musèle tous les mouvements sociaux. Par conséquent, notre organisation-sœur aux USA, Socialist Alternative, défend le rassemblement de toutes les forces de gauche afin de bâtir un instrument politique indépendant de Wall Street et défendant les intérêts des travailleurs et de leurs familles.


    29% pour un candidat marxiste à Seattle !

    Kshama Sawant était la candidate de Socialist Alternative dans l’État de Washington. Elle a atteint un résultat réellement historique aux USA en étant capable de regrouper sous son programme 29% des voix de son district au cours d’une âpre lutte électorale pour un siège au parlement de l’Etat.

    Sawant a défendu un programme explicitement socialiste, et s’est attiré plus de 20.000 voix. Aux USA, il s’agit du meilleur résultat obtenu depuis de très nombreuses années par un candidat de gauche indépendant. Son résultat constitue une base sur laquelle construire. Après les élections, Socialist Alternative a lancé un appel à tous les militants de gauche (militants du mouvement Occupy, des syndicats, des mouvements sociaux,…) afin de se regrouper sur une liste unitaire dans le cadre des élections municipales de 2013.

    Le résultat de Sawant est aussi une réponse fantastique face à l’argument selon lequel les Américains seraient tous de droite et allergiques au socialisme. Nos camarades américains ont réussi à concrétiser les idées du socialisme démocratique et à les populariser en défendant un programme de lutte contre les coupes budgétaires et contre les cadeaux fiscaux pour les riches, la revendication de la nationalisation de Boeing, Microsoft et Amazon (dont les sièges sont à Seattle), etc.

    Le journal local The North Star a déclaré le 11/8/12. “Ne nous trompons pas: Sawant et Socialist Alternative ont écrit l’Histoire à Seattle.”

    Les autres candidats à ces élections n’ont pas fait le poids face à la machine à fric électorale des Démocrates et des Républicains. Jill Stein du Parti Vert a obtenu 400.000 voix. Le populiste de droite Gary Johnson, candidat du Parti libertarien, a reçu un million de voix. Tout comme les victoires du Tea Party en 2010, ce dernier résultat illustre le potentiel également présent pour les idées populistes de droite.

    La polarisation est croissante dans la société. Les contradictions entre classes sociales sont de plus en plus ouvertes et le désespoir est explosif parmi des dizaines de millions de familles de travailleurs. En l’absence d’alternative, il est à craindre que l’extrême droite ne puisse obtenir plus de soutien au cours de la prochaine période. Mais si une initiative de gauche conséquente se développe, alors la polarisation peut aussi conduire à un plus grand soutien pour les solutions réellement socialistes.

    www.socialistalternative.org

  • USA : Les électeurs rejettent le programme de la droite

    Il faut se préparer à lutter contre la politique des deux partis de Wall Street

    Des dizaines de millions de personnes ont soupiré de soulagement en entendant que Mitt Romney et Paul Ryan n’entreraient pas à la Maison Blanche. Les syndicalistes, les femmes, les afro-américains, les latinos et les LGBT ont considéré avec raison le programme des Républicains comme une véritable menace.

    Bryan Koulouris et Ty Moore, Socialist Alternative (Partisans du CIO aux USA)

    La droite a essayé de voler ces élections en intimidant les électeurs, en prenant une posture économique faussement populiste dans les dernières semaines, en injectant environ un milliard de dollars dans la campagne,… afin de tenter de convaincre les pauvres, les jeunes et les personnes de couleur de renoncer à leurs droits. Mais le soutien électoral d’Obama n’était en rien semblable à celui qui avait couronné la campagne énergique et enthousiaste de 2008. Cette année, la participation a baissé de 12 millions d’électeurs comparé à 2008. La plupart des gens ont voté Obama en le voyant comme le ”moindre mal” plutôt que comme le sauveur qui apporterait ”l’espoir et le changement” d’il y a 4 ans.

    Le mouvement Occupy Wall Street a eu un impact sur l’élection en mettant en avant une discussion sur les inégalités économiques entre ”les 99% et les 1%”. Des millions de gens ont été indignés de voir que 6 milliards de dollars ont été dépensés dans les élections fédérales. Le message d’Occupy contre la domination des grandes entreprises a aussi alimenté une saine haine contre Mitt ”Milliards” Romney.

    Obama a remporté cette élection malgré son bilan politique favorable aux grandes entreprises. Les banques ont reçu des milliers de milliards de subventions alors que les services sociaux ont subi des coupes budgétaires et que des millions de familles ont perdu leurs maisons. Beaucoup d’électeurs anti-guerre ont soutenu Obama, malgré les bombardements continuels de civils dans plusieurs pays, malgré la continuité du modèle de Bush d’une présidence impérialiste qui n’a de comptes à rendre à personne, malgré la guerre en Libye, malgré le fait que les attaques de drones, partout dans le monde, ne fassent l’objet d’aucune discussion au Congrès.

    Beaucoup d’électeurs d’Obama ont été profondément déçus de sa performance pendant ces quatre dernières années, le voyant – très justement – comme une marionnette de Wall Street et des 1% de super-riches. L’administration Obama a commencé son deuxième terme sans réel mandat. La ”base” du Parti Démocrate parmi les syndicalistes, les personnes de couleur, les femmes et les LGBT a ravalé sa colère contre Obama pendant l’élection et a voté pour le ”moindre mal”. Maintenant, après les élections, toute la colère refoulée est prête à bouillir.

    La demande d’emplois, d’investissements dans l’énergie, de fonds pour l’éducation, du droit au logement, et de solutions à une liste sans fin d’injustices va revenir à la surface. Et Obama va recommencer à faire passer les intérêts de Wall Street et du grand capital en premier, provocant à nouveau l’indignation et l’opposition. Le temps est mûr pour construire de nouveaux mouvements des travailleurs et des opprimés, politiquement indépendants des deux partis des grandes entreprises.

    Une situation en changement

    Pour la première fois au niveau national, les électeurs de Washington, du Minnesota, du Maine et du Maryland ont voté en faveur du droit au mariage entre personnes de même sexe, un tournant historique dans la lutte pour l’égalité pour les LGBT. Beaucoup d’autres questions progressistes ont gagné dans le pays, depuis des augmentations du salaire minimum à la défense des droits syndicaux et des mesures contre la très raciste ”guerre contre la drogue”. Les électeurs du Minnesota ont rejeté une tentative d’inscrire dans leur constitution des restrictions électorales parmi les plus dures du pays. Cela montre un changement dans la démographie et un changement dans les attitudes parmi les travailleurs et les jeunes. Si on ajoute à cela la colère massive de la classe ouvrière, tout cela constitue une base pour des mouvements explosifs dans les prochaines années.

    Romney a largement basé sa stratégie sur le vote des hommes blancs (surtout dans le Sud) et l’espoir qu’il y aurait une forte abstention (quitte à truquer le scrutin pour que ce soit le cas). Depuis les années 1960, la tactique des Républicains a toujours été de gagner les élections en attisant la peur et la haine chez les électeurs blancs. Cette stratégie va être de plus en plus difficile à appliquer dans les élections nationales, ce qui va devenir encore plus clair dans les prochaines élections avec la nouvelle génération qui atteint l’âge de voter. Cette défaite électorale va approfondir cette crise qui fermente dans le Parti Républicain, qui va être forcé de redéfinir son identité ou risquer d’être réduit à un parti minoritaire permanent.

    Même s’il n’y a pas eu de grand changement dans la composition du Congrès selon les lignes des partis, les changements de législateurs Républicains valent le coup d’être remarqués. Les Républicains ”modérés” du Maine et le ”centriste” Dick Lugar ont perdu leurs sièges, tout comme plusieurs des plus fous du Tea Party. Malgré plusieurs défaites du Tea Party, l’équilibre des forces dans la délégation Républicaine au Congrès s’est déplacé encore plus vers la droite, préparant le terrain pour une nouvelle impasse du bipartisme.

    Mais dans le discours de victoire d’Obama, il a répété son engagement de ”franchir l’allée” vers les Républicains. En fait, le bipartisme d’Obama est élaboré cyniquement pour donner une couverture à ses politiques ouvertement en faveur des grandes entreprises, qui vont bientôt être exhibées. Les deux partis préparent des coupes historiques dans la Sécurité Sociale, Medicare et dans d’autres programmes vitaux, avant la fin de l’année 2012. Cela pourrait provoquer une radicalisation, des manifestations et davantage de luttes. Dans ce contexte, il y a des opportunités de construire une résistance unifiée de la classe ouvrière, des campagnes électorales contre le monde des affaires, et un parti politique des 99%.

    Construire le mouvement socialiste dans un nouvel environnement

    Le résultat historique obtenu par la candidate de Socialist Alternative (les partisans du CIO aux USA), Kshama Sawant, dans l’état de Washington, illustre le potentiel présent pour construire un mouvement contre le capitalisme. Se présentant ouvertement comme socialiste, Sawant a obtenu plus de voix que n’importe quel Républicain n’en a jamais obtenu contre Frank Chopp durant les 18 ans de carrière de ce puissant politicien Démocrate.

    En faisant campagne contre les coupes budgétaires et les évasions fiscales et en appelant à la propriété publique de Boeing, Microsoft et Amazon, le défi électoral de Socialist Alternative a permis de populariser les idées du socialisme démocratique, de gagner plus de 11 906 voix de la classe ouvrière qui pourraient atteindre les 20 000 une fois le décompte terminé. Ce résultat est le plus élevé au niveau local pour les candidats indépendants de gauche sur cette année 2012, dans tout le pays, et quelque chose doit être construit à parti de là.

    Pour tirer profit de cette situation, nous avons besoin d’appeler audacieusement à une résistance organisée contre les coupes budgétaires en impliquant les centaines de milliers de membres des syndicats, les militants du mouvement Occupy, les militants des collectivités locales et les jeunes. Ces coalitions auront besoin de préparer des grèves et des actions directes massives pour défendre le niveau de vie contre les attaques du capital. A partir de ces luttes, nous pouvons créer la base pour ce dont nous avons besoin – un parti massif de la classe ouvrière avec un programme socialiste démocratique.

    Parmi d’autres nouvelles, il y a la menace du populisme de droite. Gary Johnson, le candidat du Parti Libertaire à la Présidentielle, a reçu plus d’un million de voix, trois fois plus que la plus importante candidate de gauche, Jill Stein du Parti Vert. Comme les victoires du Tea Party en 2010, cela donne un aperçu du potentiel de croissance pour les idées populistes de droite si la gauche et le mouvement ouvrier échouent à construire une alternative politique massive à l’establishment capitaliste détesté.

    Ces élections, qui ont lieu lors de la cinquième année de la crise économique, ont montré l’approfondissement de la polarisation de la société américaine. Cette polarisation politique et sociale découle de l’affûtage des divisions de classe et de la montée du désespoir de dizaines de millions de travailleurs. Le manque d’une voie politique clairement pour la classe ouvrière dans les élections et la concurrence entre les politiciens capitalistes donnent une expression déformée à la colère de classe. Dans cette situation, les idées de droite pourraient récolter du soutien, et ces quatre dernières années nous avons vu une montée rapide des groupes haineux.

    D’un autre côté, là où une initiative audacieuse de la gauche est menée, la polarisation de classe peut aussi conduire les gens à considérer des solutions plus radicales. Il y a de plus en plus de recherche d’idées qui ouvrent une porte de sortie de la misère capitaliste supervisée par les deux partis du grand capital. Comme le montre la campagne de Socialist Alternative pour Kshama Sawant, la société américaine devient de plus en plus fertile pour les idées socialistes.

  • USA : Socialist Alternative remporte un score historique de 27% contre le Président de la Chambre des Représentants de l’Etat de Washington

    Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA) inspirée par le mouvement Occupy, a réalisé le score de 27% contre le Président de la Chambre sortant, le démocrate Frank Chopp. Ce résultat est le plus important score pour un candidat ouvertement socialiste dans l’Etat de Washington depuis des décennies, et représente la plus forte contestation de la place de Frank Chopp en 18 ans de carrière! Cela n’a pas été sans peine, il a fallu un procès pour forcer le Secrétaire d’Etat de Washington, le procureur général et le comté de King à imprimer le nom de ”Socialist Alternative” sur les bulletins de vote !

    Communiqué de presse de Socialist Alternative (Partisans du CIO aux USA)

    ”Nous avons obtenu ce score électoral par une campagne ouvertement socialiste qui a été largement ignorée par les médias capitalistes, qui n’a reçu aucun don d’entreprise, qui a été financé avec des bouts de ficelles”, a expliqué Kshama Sawant. ”Occupy a donné une voix à la rage de la classe ouvrière contre Wall Street, et notre campagne a donné une voix à la colère massive contre les politiciens capitalistes. Cela montre le potentiel qui existe pour la construction d’un puissant défi électoral de gauche aux deux partis capitalistes”.

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    "Sawant a quasiment réussi à elle seule à dépasser tous les votes combinés des candidats socialistes au niveau national, dans un seul district! Aucune couche de l’électorat américain n’a jamais autant soutenu un socialiste clairement anti-austérité et clairement révolutionnaire contre un Démocrate aussi puissant pour un résultat proche de ces 27%. Ne nous trompons pas, Sawant and Socialist Alternative ont fait l’Histoire à Seattle."

    The North Star

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    ”Ce vote envoie un message clair à Frank Chopp et à l’establishment politique : nous arrivons! Nous tendons la main à d’autres forces progressistes pour former une liste de candidats de la classe ouvrière indépendants pour mener une campagne vigoureuse aux élections municipales en 2013”, a déclaré Kshama Sawant. ”Wall Street a deux partis – les travailleurs ont besoin du leur”.

    Les Démocrates qui contrôlent le gouvernement de l’état vont probablement appliquer davantage de coupes budgétaires dans les services publics au cours des prochaines années alors qu’ils permettent aux grandes entreprises comme Boeing et Microsoft de s’en tirer sans payer quasiment aucune taxe. Kshama Sawant, professeur d’économie à Seattle Central Community College et syndicaliste, a commenté : ”A côté du défi électoral de la gauche, les syndicats des services publics comme le mien ont besoin de préparer une grève contre les coupes budgétaires. Les gens doivent être prêts à occuper l’Hôtel de Ville et le capitole d’état à Olympia contre les attaques contre nos conditions de vie.”

    Lors de la soirée électorale, des célébrations de masse ont éclaté dans les rues de Seattle après la victoire du ”oui” au Referendum 74 qui permet le mariage entre couples du même sexe. Du haut d’un camion-sono de fortune, Sawant s’est adressée à une foule de plus de 2000 personnes : ”si vous pensez que les politiciens du Parti Démocrate ont fait cela pour vous, laissez-moi vous dire que c’est nous qui avons gagné ça ! La lutte pour les droits des LGBT vient seulement de commencer, nous avons encore besoin de lutter contre la pauvreté, le problème des sans-abris et la discrimination au travail.”


    Vidéos de la soirée électorale à Seattle

  • USA : Un candidat marxiste défie la politique pro-capital dans l’Etat de Washington

    ”Dans cette élection dominée par les politiciens de carrière, loyaux aux grandes entreprises, je me présente en tant que candidat de Socialist Alternative pour assurer qu’il y ait au moins un candidat indépendant de gauche qui défende les travailleurs dans l’Etat de Washington, et pour lequel cela vaux la peine de voter.”

    Kshama Sawant, Socialist Alternative (partisans du CIO aux Etats-Unis)

    Je me présente contre le Président de la Chambre, Frank Chopp, du parti Démocrate, pour la Chambre des députés dans le 43eme district de Seattle, afin de construire un mouvement qui lutte pour les besoins des travailleurs et des pauvres. Les Partis Républicain et Démocrate représentent les intérêts des 1%, et je pense qu’il est essentiel que nous, les 99%, soyons représentés.

    Depuis que la crise a éclaté en 2008, le corps législatif de l’Etat de Washington a effectue 10,5 milliards de dollars de coupes dans des services essentiels tels que l’éducation, la santé, et les services a la personne, ainsi que dans les allocations et les emplois de fonctionnaires.

    Le programme de santé de l’Etat, Basic Health, a été décimé par une réduction de ses fonds de 1,7 milliard et la suppression de 60.000 postes. Les autres coupes incluent 2,7 milliards de dollars dans l’éducation, 1,7 milliards dans les indemnités des fonctionnaires et des employés de l’éducation primaire et secondaire, 1,3 milliards dans l’éducation supérieure, 551 millions dans les soins aux handicapés, aux malades chroniques et aux malades mentaux et 730 millions dans les autres services. A propos du budget de 2011, Adam Glickman, vice-président du service de soins de santé a Seattle, a déclaré a la presse que les politiciens ”devraient avoir honte”.

    Ces coupes brutales ont été appliquées dans une période de crise économique historique, alors que les travailleurs et les pauvres ont plus que jamais besoin de ces services.

    En tant que professeur d’économie au Seattle Central Community College et militant dans la American Federation of Teachers Local 1789, je ne sais que trop bien que l’éducation publique a été saccagée. Les initiatives pour financer des classes de peu d’effectif et augmenter le pouvoir d’achat des profs ont été annulées et les frais de scolarité ont énormément augmente. Depuis que le corps législatif a voté des coupes dévastatrices dans les aides financières et d’autres programmes, il est chaque année plus difficile d’aller a l’université.

    Ces coupes ont été effectuées alors que les grandes entreprises soutenues par Washington faisaient d’énormes profits, grâce aux renflouements et subventions payées par les contribuables de la classe ouvrière et de la classe moyenne.

    L’Etat de Washington est le berceau de plusieurs des entreprises les plus riches du pays, comme Boeing, Microsoft, Amazon et Starbucks. Dans les 30 dernières années, elles ont obtenu plus de 500 exonérations fiscales pour les grandes entreprises de la part du corps législatif. Cela représente un total incroyable de 6,5 milliards de dollars par an en argent public perdu – assez pour revenir sur toutes les coupes et améliorer les services publics de l’Etat.

    Ces mêmes partis politiques qui nous disent qu’il n’y a pas d’argent pour des services sociaux vitaux ont garanti à Boeing 3,2 milliards de subvention au cours de la dernière récession, en même temps qu’ils rendaient plus difficile pour les travailleurs saisonniers de toucher des indemnités chômage. En 2011, le corps législatif de l’Etat a complètement ignoré la volonté des travailleurs qui rejetaient le vote 1082 et a continué a réduire la somme que les entreprises doivent verser aux travailleurs blessés au travail.

    Mon adversaire, le démocrate Frank Chopp, va tenter de blâmer les républicains pour leur programme de subventions aux riches entreprises et de coupes pour nous autres. Mais cet argument ne tient pas la route. Le Parti Démocrate a détenu la gouvernance de l’Etat et la majorité dans les deux chambres pendant toute cette période.

    En fait, en tant que Président de la Chambre depuis 2002, Chopp est le plus puissant membre de la Chambre de l’Etat de Washington. Mais il a constamment utilisé sa position pour une législation au bénéfice des 1% les plus riches au détriment des 99%.

    Chopp, comme les politiciens du Parti Démocrate de tout le pays, a adopté le point-de-vue que les intérêts des grandes entreprises doivent être préservés et que les coupes dans les services publics sont la seule réponse réaliste au déficit budgétaire. Je pense qu’il est absolument nécessaire que nous contrions cette idée fasse et combattions les plans des grandes entreprises cupides que cette idée représente.

    Si je suis élu, j’exposerai publiquement et sans relâche les politiques corrompues du gouvernement d’État et proposerai a la place une voix politique pour les travailleurs, les jeunes, les pauvres et tous ceux opprimés par le capitalisme comme les femmes, les personnes de couleur et les LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels).

    En tant que militant du mouvement Occupy Wall Street, j’ai vu à quel point les gens sont prêts à combattre la domination de Corporate America sur notre société et a affronter les deux partis politiques de Wall Street.

    Les luttes d’Occupy ont réussi à changer l’agenda politique national en quelques mois. Cela illustre le pouvoir potentiel des jeunes et des travailleurs lorsqu’ils commencent à s’organiser et a lutter ensemble pour nos intérêts communs. L’Histoire montre que nous avons le pouvoir de changer la société en construisant des mouvements massifs prépares a s’engager dans une lutte déterminée.

    Cette campagne électorale sera une plate-forme pour construire un soutien à tous les mouvements de la base des 99% et pour appeler les travailleurs et les jeunes a rejoindre ces campagnes. Mais nous ne pouvons pas atteindre nos buts uniquement par les luttes dans la rue. Nous devons aussi exposer l’agenda des entreprises et le défier dans toutes les arènes possibles, dont les élections.

    Par exemple, les luttes Occupy ont rencontré une réponse brutale par les polices municipales et d’état et les forces de sécurité. Cela a été ordonné par les politiciens élus qui devraient assurer la sécurité des citoyens plutôt que de faire le sale boulot des 1%. Je demanderai une investigation complète sur la façon dont l’Etat et le gouvernement local ont ordonné ces actions, et soumettrai au vote que les forces de sécurité ne puissent plus attaquer les luttes sociales, qu’elles soient organisées par les militants d’Occupy, du mouvement ouvrier, des communautés, ou par ceux qui défendent leurs maisons contre la fermeture.

    Nous avons aussi besoin de ne pas seulement nous opposer aux inégalités mais de dire ce pour quoi nous sommes, en mettant en avant une alternative claire aux politiques dominées par les grandes entreprises et le système économique. Le capitalisme a échoué pour les 99%. Les intérêts des travailleurs et des jeunes ne peuvent par être servis dans le cadre de ce système économique pourri.

    En tant que socialistes, nous pensons qu’un autre monde est possible – et nécessaire –un monde basé sur les besoins de l’humanité et de l’environnement. Soutenez notre campagne et rejoignez la lutte pour un socialisme démocratique !

    Ce pour quoi nous nous battons

    Nous avons besoin de programmes de créations d’emplois massives aux niveaux étatique et fédéral pour fournir des emplois avec des salaires décents pour tous ceux qui cherchent un travail, reconstruire notre économie avec les technologies vertes et étendre l’éducation, la sante et le logement publics. Créer une banque publique d’Etat pour investir dans les emplois en Washington.

    • Non aux coupes dans les services sociaux ! Non aux licenciements et aux attaques contre les travailleurs des services publics ! Revenir sur toutes les coupes budgétaires dans l’éducation, la santé et l’aide aux handicapés. Construisons un puissant mouvement contre les coupes pour obliger les législateurs a écouter nos besoins, et non ceux des grandes entreprises.
    • Taxons les riches et le grand capital ! Annulation des centaines d’exonérations d’impôts pour les grands capitalistes et établissons une taxe sur la richesse pour les super-riches. Utilisons ces revenus pour étendre les services publics pour les 99%.
    • Extension des fonds pour les écoles publiques et établissement d’une éducation supérieure publique et gratuite. Réduction de l’effectif par classe. Arrêt des attaques contre les professeurs et les syndicats. Non aux propositions des capitalistes pour l’école qui affaiblissent encore notre éducation.
    • Arrêt de toutes les coupes dans le Basic Health et extension de ce programme vers un système de sante complet a l’échelle de l’Etat.
    • Non a la brutalité de la police et au racisme institutionnel de la justice pénale. Investissement dans la réhabilitation, la formation professionnelle et dans des salaires décents, pas dans les prisons et les centres de détention ! Abolissement de la peine de mort.
    • Légalisation complète et droits égaux pour tous les sans-papiers. Non à l’E-verify.
    • Pour le droit des femmes à choisir quand et si elles veulent un enfant. Défense du droit a l’avortement. Droits complets a la reproduction, dont le contrôle des naissances gratuit, l’éducation sexuelle, congés maternel et paternel payés, et des crèches abordables de qualité.
    • Droits égaux pour les Lesbiennes, Gay, Bisexuels et Transgenres, dont le mariage entre personnes de même sexe.
    • Fin de la guerre en Afghanistan. Retrait de toutes les troupes maintenant !
    • Rompons avec les deux partis du grand business ! Pour un parti de masse des travailleurs qui rassemble les travailleurs, les jeunes et les militants du mouvement Occupy, des lieux de travail, des droits civil, des campagnes pour l’environnement et anti-guerre, pour fournir un programme politique combattif alternatif a celui des deux partis du grand business.
    • Les syndicats, Occupy et les autres organisations du mouvement social ne doivent pas soutenir ou financer les Partis Démocrates et Républicains mais présenter des candidats de gauche indépendants contre le capital.
    • Reprise des entreprises en faillite sous propriété publique sous la gestion démocratique de représentants élus des travailleurs et de la population. Compensation aux petits investisseurs, pas aux millionnaires, sur base des besoins prouvés.
  • Kadhafi: du ‘socialisme arabe’ au capitalisme

    Une région en révolte – ce qui a précédé… (4)

    Le dictateur libyen Kadhafi est une des figures parmi les plus étranges de la scène politique mondiale. Tout d’abord partisan de Nasser, il s’était retrouvé ces dernières années à mener une politique de privatisations et de concessions aux grandes multinationales. Il nous semble utile de revenir sur un certain nombre d’éléments historiques.

    La monarchie libyenne s’est effondrée en 1969 avec un coup d’Etat opéré par un groupe d’officiers, les ‘‘Officiers libres pour l’unité et le socialisme’’, dont était membre Kadhafi. Ce groupe était d’inspiration nassériste, du nom du leader égyptien Nasser. Nasser était lui-aussi parvenu au pouvoir après un coup d’Etat militaire, et avait lui-aussi renversé un roi corrompu. Nasser n’a pas mis fin au régime capitaliste dans son pays, mais utilisait par contre une rhétorique ‘‘socialiste’’ afin de disposer d’un soutien plus large parmi la population. Sa politique consistait essentiellement à louvoyer entre l’impérialisme occidental et le soutien de l’Union Soviétique. Il appelait cela le ‘‘socialisme arabe’’. Au vu de la période de croissance économique mondiale de l’époque, il lui a été possible d’améliorer le niveau de vie de la population sur base de réformes, entre autres en investissant dans l’enseignement, le développement d’un secteur public, en opérant des nationalisations,…

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    Quelques photos que certains aimeraient beaucoup oublier aujourd’hui…

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    Kadhafi était devenu membre des ‘‘Officiers libres pour l’unité et le socialisme’’ en 1963, alors qu’il était en formation à l’académie militaire de Benghazi. En 1969, cette organisation a commis un coup d’Etat contre le Roi Idris Ier, qui devait abdiquer en faveur de son fils. Les militaires proclament la ‘‘République arabe libyenne’’ et portent Kadhafi au pouvoir. Ce dernier mêlait des idées islamistes au panarabisme de Nasser. En 1972, il est même arrivé, purement officiellement, à une ‘‘Union des républiques arabes’’ dont étaient membres la Libye, l’Égypte et la Syrie, mais qui ne verra jamais véritablement le jour. Par la suite, en 1973-1974, il a tenté d’établir une union tuniso-libyenne qui, après un accord initial du président Habib Bourguiba, ne se concrétise pas non plus. Kadhafi a également soutenu des organisations telles que l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) avec des armes et des camps d’entraînement.

    Cet échec dans ses tentatives d’instaurer une fédération régionale ont poussé Kadhafi à rechercher du soutien plus à l’extérieur. Cette nécessité avait particulièrement été inspirée par la crise économique internationale à partir de 1974. Le soutien qu’a alors trouvé Kadhafi auprès de l’Union Soviétique ne représentait pas un choix idéologique conscient. En 1971, Kadhafi avait encore envoyé à une mort certaine un grand nombre de communistes soudanais en les renvoyant de Libye vers le Soudan, où ils sont tombés aux mains du dictateur Jafaar Numeiri. L’Union Soviétique était de son côté fort intéressée par le pétrole libyen, certainement après que Kadhafi ait nationalisé les possessions de British Petroleum dans le pays. Une partie des militaires impliqués dans le coup d’Etat de 1969 ont eu des problèmes avec ce nouveau cours et ont tenté de démettre Kadhafi en 1975, sans succès. Un d’eux, Omar Mokhtar El-Hariri, est une des figures actuelles du Conseil National de Transition et dirigeant du gouvernement provisoire de Benghazi. Entre-temps, d’innombrables indications démontraient l’implication de la Libye dans des attentats terroristes, dont le plus connu est probablement celui de Lockerbie en 1988, où un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan American World Airways a explosé au-dessus du village de Lockerbie en Écosse et causa le décès de 270 personnes.

    Kadhafi a essayé d’idéologiquement étayer son virage et a publié son ‘‘Livre vert’’ à la moitié des années ’70. Il y décrivait sa vision de ce qu’il qualifiait de ‘‘socialisme’’, un mélange de rhétorique à consonance socialiste concernant des comités populaires et des congrès populaires jusqu’à la ‘‘suppression du travail salarié’’, en plus d’influences religieuses, sans toutefois les appeler ainsi. Mais après la chute du stalinisme, Kadhafi a à nouveau opéré un virage. Mais il est frappant de constater que des mesures anti-travailleurs décidées dès 1969 (comme l’interdiction de tout syndicat indépendant et les restrictions du droit de grève) n’ont jamais été remises en question, quelque soit le virage de Kadhafi…

    Dans le contexte de la nouvelle situation mondiale qui a suivi la chute du mur et l’effondrement de l’Union Soviétique, Kadhafi a dû rechercher de nouveaux alliés, ce qui impliquait un nouveau virage. Le régime libyen a donc recherché à se rapprocher de l’impérialisme occidental, et Kadhafi a donc été le premier dirigeant arabe à condamner les attentats du 11 septembre 2001. Il s’est aussi excusé pour l’attentat de Lockerbie, et lors de l’invasion de l’Irak, il a expliqué que le pays stoppait son programme de développement ‘‘d’armes de destruction massive’’,… Ces dix dernières années Kadhafi a pu installer ses tentes chez presque tous les dirigeants du monde à Bruxelles, à Paris, à Washington,… Très peu ont continué à le considérer comme un ‘‘anti-impérialiste’’, le président vénézuélien Hugo Chavez est l’un des derniers. Chavez se trompe lourdement d’ailleurs : soutenir un dictateur qui s’oppose aux intérêts des travailleurs et des pauvres ne signifie pas d’avancer dans la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme. Chavez se trouve en douteuse compagnie à cet égard, car Kadhafi a même reçu le soutien de l’extrême-droite européenne pour son ‘‘anti-impérialisme’’ bien particulier (il a été chuchoté ça et là que les contrats pétroliers entre la Libye et la province autrichienne de Carinthie à l’époque où le dirigeant d’extrême-droite Jörg Haider y était au pouvoir a été obtenu grâce aux très bons liens personnels entre Haider et Saïf Al-Islam Kadhafi, le fils de Kadhafi).

    Les revenus du pétrole ont donné durant plusieurs années la possibilité à la dictature de louvoyer entre les différentes classes sociales et les puissances internationales. Une certaine forme d’Etat-Providence a même pu être développée, qui a accordé au régime un relatif soutien. D’ailleurs, malgré la politique de privatisations de ces dernières années, il reste encore certaines mesures sociales.

    L’accès au pétrole libyen pour les multinationales occidentales a assuré que la Libye soit peu à peu retirée de la liste des ‘‘Etats voyous’’. Le premier dictateur tombé cette année en Afrique du Nord (Ben Ali en Tunisie), a toujours pu compter sur le soutien de Kadhafi. Berlusconi a aussi conclu un accord avec la Libye pour empêcher les immigrants africains de parvenir en Italie. D’autre part, des dirigeants internationaux tels que Tony Blair ou Condoleezza Rice se sont rendus en Libye pour discuter avec Kadhafi.

    Mais malgré ce nouveau virage de Kadhafi, il n’a jamais été considéré comme un allié véritablement fiable. La possibilité de le faire tomber sur base du mouvement initié à Benghazi a été saisie par l’impérialisme pour partir en guerre contre lui. Mais la victoire n’est pas venue rapidement. Les exemples des pays voisins comme l’Égypte et la Tunisie illustrent la meilleure manière de faire chuter un dictateur: par un mouvement de masse, initié par la base même de la société.

  • EADS/Airbus. Les profits s’envolent, l’emploi s’écrase!

    Nouvelle onde de choc dans le monde des travailleurs : EADS a décidé de supprimer 10.000 emplois en quatre ans sur les 55.000 que compte sa filiale Airbus. Une fois encore, ce n’est pas une entreprise en crise qui se sépare d’une partie de ceux qui ont forgé ses richesses : le chiffre d’affaire d’EADS s’élève à 39,4 milliards d’euros pour 2006, soit une hausse de 15% par rapport à 2005.

    Nicolas Croes

    La société Airbus a été créée en 1970 et rassemble des entreprises aérospatiales nationales française, anglaise, allemande et espagnole. Nombreux étaient ceux qui voyaient dans ce consortium un des symboles les plus parlants de l’Union Européenne. Il y a deux ans à peine, le président français Chirac, le premier ministre britannique Blair, son collègue espagnol Zapatero et le chancelier fédéral allemand Schröder avaient eux-mêmes repris la métaphore à l’occasion de la sortie de l’A380. Finalement, le parallèle est effectivement très significatif, bien plus d’ailleurs que ne l’auraient souhaité ces chefs d’Etat…

    18% : une aumône…

    En 1999, le gouvernement français du « socialiste » Jospin a décidé de privatiser l’aérospatiale française. Rapidement, les intérêts du privé ont dominé au sein du nouveau groupe nommé EADS. Ce groupe est devenu n° 2 mondial dans l’aéronautique civile avec Airbus et n° 1 dans les hélicoptères militaires avec Eurocopter, le lancement de satellites avec Arianespace, le positionnement géosatellitaire avec Galileo et les missiles militaires avec MBDA.

    Pour les cinq années à venir, les carnets d’Aibus sont copieusement remplis : 2.357 appareils sont commandés, ce qui correspond à 258 milliards de dollars. Une situation qui ravit les actionnaires qui, depuis la privatisation de 1999, s’en mettent plein les fouilles: les actions rapportent en moyenne plus de 18% de bénéfices chaque année. Mais ce n’est pas encore suffisant. C’est même très loin de l’être pour étancher la soif de profit de la direction et des actionnaires.

    En conséquence, 4.300 travailleurs français seront jetés à la porte, au même titre que 3.700 allemands, 1.600 anglais et 400 espagnols. Ceux qui restent n’auront qu’à se réjouir, ils pourront même rester plus longtemps dans les usines… pour le même salaire! C’est ce que révèle le magazine allemand Focus : la direction d’Airbus envisagerait de faire passer les travailleurs de 35 heures de travail par semaine à 40, sans aucune compensation salariale.

    C’est exactement ce qu’avait fait le groupe américain Boeing quand Airbus était devenu n°1 mondial (place qu’il a perdue cette année). Boeing a pu se hisser à nouveau à la première place en escaladant les corps des travailleurs laissés sur le côté : 42% de l’effectif de 1998 ont été licenciés alors que ceux qui ont évité la trappe doivent subir des cadences infernales. C’est maintenant au tour d’Airbus, tandis que la Chine vient juste de décider de se lancer sur le marché aéronautique, menaçant l’hégémonie des deux compagnies occidentales.

    Sauver les meubles… pas les travailleurs

    Comment enrayer le cycle infernal des travailleurs sacrifiés sur l’autel de la concurrence? La décision du conseil d’administration d’EADS aura aussi des répercussions en Belgique. Depuis le début des années 1980, plusieurs sous-traitants d’Airbus sont des entreprises belges (la Sonaca, la Sabca, Asco et Eurair). Lors du dernier conseil extraordinaire des ministres à Louvain, le gouvernement belge a décidé de débloquer 150 millions d’EUR. C’est autant d’argent qui sortira de nos impôts pour compenser la rapacité d’un groupe infime de grands actionnaires.

    Cependant, pour beaucoup de politiciens placés devant ce drame humain – finalement si caractéristique de la société d’exploitation que nous connaissons – la solution se trouve là : faire intervenir l’Etat (et notre argent). Attention! Il n’est en aucun cas question de revenir sur les privatisations! Si l’Etat doit intervenir, c’est uniquement quand les choses vont mal. Pour le reste, les bénéfices peuvent continuer à alimenter la folie des grandeurs des capitalistes, et uniquement elle. En France, où Airbus s’est infiltré dans la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a par exemple déclaré qu’il soutiendrait Airbus comme il l’avait «fait avec Alstom» (l’Etat avait pris 20% du groupe quand celui-ci était en difficulté).

    Pour d’autres, le sort des travailleurs ne compte absolument pas. Le Premier ministre français Dominique de Villepin a ainsi précisé que s’il mesurait « pleinement l’inquiétude » des salariés, ce plan est pour lui « nécessaire pour sortir définitivement de la situation d’incertitude et préparer l’avenir »!

    Airbus – ou VW-Forest pour prendre un autre exemple récent – illustre combien les logiques de « nos » gouvernements sont incapables de résoudre les problèmes de l’économie de marché. Pour sauver les emplois d’Airbus, il faut renationaliser l’entreprise, sans achat ni indemnité. Les travailleurs doivent avoir accès aux comptes de l’entreprise et à toutes les informations sans restrictions pour prévenir les erreurs de gestion et les magouilles. Mais seule une transformation socialiste de la société pourra sauvegarder définitivement les emplois d’Airbus et d’ailleurs.

  • SONACA. 279 pertes d’emplois et une attaque brutale sur les conditions de travail.

    Un deuxième coup dur pour la région de Charleroi après les licenciements et le train de mesures de flexibilités qui ont touché l’usine Splintex à Fleurus. Cette fois-ci c’est une entreprise de pointe, dans l’aéronautique qui fait les frais de la logique du marché ; 279 emplois sur les 1.890 que compte l’entreprise risquent de passer à la trappe, ainsi qu’une attaque sur les salaires et les conditions de travail. L’entreprise est située à Gosselies, dans le Hainaut, rappelons que cette région de la Belgique affiche un taux de chômage de 24.10 % (chiffres de l’Onem pour 2004), soit le plus élevé de la Belgique.

    Vincent Devaux

    Dans son édition du 3 et 4 septembre La Libre annonçait le licenciement d’un travailleur sur six de l’entreprise. Celle-ci est spécialisée dans l’aviation civile et travaille pour Airbus, Dassault, Embraer, Boeing. Cette mesure de restructuration semble à première vue paradoxale puisque le carnet de commande est plein. Le plan de restructuration, appelé "Défi 2007" veut sur le dos des travailleurs, économiser 63 millions d’euros par an sur 4 ans. Ce jeudi, les informations sont plus précises : sur les 279 emplois qui vont être perdus pour 2008 (dont 149 rien que pour 2006), il y a 184 ouvriers, 69 employés et 26 cadres. 129 sont prépensionnables, le reste ferait l’objet de licenciements secs ou de chômage technique. Apparemment l’entreprise non contente de licencier, sort aussi de ses cartons une augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire et des révisions barémiques à la baisse (passage de 35 à 38 heures semaines et suppression de 3,5 jours de congés avec menace de diminution des salaires de 10% si les deux précédentes exigences n’étaient pas acceptées) ainsi que des attaques sur les avantages sociaux. C’est un véritable retour en arrière. Les prétextes donnés par le conseil d’administration pour ce plan d’austérité seraient que " la dépréciation du dollar par rapport à l’euro " et des " réductions de prix accordée à certains clients " affecteraient le chiffre d’affaire pour les mois à venir.

    Selon les informations qui nous sont actuellement disponible, l’entreprise qui s’est développée au Brésil et au Canada, veut délocaliser la production des pièces produites manuellement (pour Embraer) vers le Brésil. La stratégie de la direction serait donc de délocaliser la production qui peut l’être et qui demande beaucoup de main-d’œuvre et de réduire les salaires des travailleurs qui restent sur-place. Il faut savoir que la Sonaca appartient actuellement à 98 % à la Région wallonne. Mais une entreprise même si elle appartient à la collectivité reste néanmoins sous la pression du système capitaliste dans laquelle elle se trouve. La pression des actionnaires des entreprises – comme Airbus- qui sous-traitent à la SONACA la fabrication de pièces est donc grande pour que celle-ci s’attaque aux salaires de ses travailleurs afin de comprimer les coûts.

    D’autre part la SONACA rechercherait, notamment sous la pression d’Airbus, à fusionner avec une autre entreprise, possiblement un fonds de pension. La privatisation à terme nécessiterait de rendre l’entreprise " Belle à marier ", c’est à dire capable de rapporter de bonnes dividendes aux actionnaires ; cela sur le dos des travailleurs. De plus la SONACA a demandé une recapitalisation de 40 millions d’euros à la Région wallonne pour financer ses investissements dans la ‘Recherche & le Développement’. Si la SONACA s’achemine réellement vers une privatisation, va t’on utiliser l’argent de la collectivité pour " séduire " un partenaire privé ? Ce ne serait ni nouveau, ni étonnant, mais c’est faire payer la crise engendrée par le capitalisme à la collectivité.

    Lors de la restructuration de Splintex, Marcourt, ministre PS de l’économie avait cautionné les 259 pertes d’emplois à Splintex sous prétexte de préserver l’usine. Dans le journal Le Soir du 5/09, interviewé sur le licenciement à la Sonaca; il y dit que " Tout cela n’est guère facile à expliquer aux travailleurs " Il n’est en effet pas facile d’expliquer quand on se dit " socialiste ", que l’on va sacrifier des emplois et diminuer le bien-être de vie de ceux qui vont rester, tout cela afin de s’inscrire dans la logique du marché et des plus grands profits.

    Il met d’ailleurs déjà en garde en disant " De toute façon, quelle que soit la position adoptée par le conseil d’administration, le plan ne pourra réussir que si la concertation sociale se déroule positivement ". A qui s’adresse ce message ? Un appel aux syndicats à contrôler leurs bases ? Afin éviter un deuxième Splintex ? A resserrer les rangs alors qu’est déballé le plan Marshall ? Pour financer le très libéral Plan Marshall, Van Cau a ouvert le bal en revendant une partie des actions Arcelor que la Région possédait encore. L’argent de ce plan (notamment les 280 millions d’euros qui vont être insufflés dans " les pôles de compétitivité " – dont l’un est justement l’aéronautique) va t’il servir d’aide à la privatisation d’entreprises encore sous la tutelle de la Région wallonne? Jusqu’ici les syndicats n’ont pas encore lancé le mot d’ordre d’actions, sous prétexte que cela affecterait la production en aval, notamment chez Airbus (ceux-là justement qui font pression pour diminuer les coûts de production). Selon Antonio di Santo, c’est un " Non " catégorique de ce plan pour la FGTB où rien n’est négociable.

    Mais les travailleurs n’attendent pas des protestations verbales, ils attendent que tout soit mis en œuvre pour ne pas avaler les attaques des actionnaires. Jusqu’ici aucune action n’a encore été annoncée. L’échec de la lutte de Splintex est encore dans toutes les mémoires. Une deuxième défaite dans la région serait une gifle pour la classe ouvrière. Il faut mettre en place un plan d’action, avec la création d’un véritable comité de grève démocratique et des assemblées générales régulières. Une diminution de salaire est inacceptable. Il y a plusieurs jours , les travailleurs de la Sonaca ont protesté contre le coût de l’énergie, suivi par les travailleurs d’Arcelor (à Liège) et de Caterpillar ; non seulement le coût de la vie augmente d’une manière non négligeable, mais en plus les travailleurs devraient payer la crise en travaillant plus pour la même somme d’argent ? Les travailleurs doivent s’organiser afin de gagner la lutte, il ne faut pas que la classe ouvrière subisse à nouveau un échec après celles de Splintex et de la TEC.

    On voit encore une fois au travers de cet exemple que sous le capitalisme, dans une situation économique d’exacerbation de la concurrence et d’un rapport de force qui penche en faveur du Capital, que le simple fait pour le gouvernement régional d’avoir dans ses mains le contrôle de l’entreprise, n’est pas une garantie pour les travailleurs que celle-ci soit gérée en fonction de leurs besoins. Les mesures d’austérités sont effectuées avec le concours de la social-démocratie qui trahi depuis bien longtemps la classe ouvrière par son refus de transformer la société capitaliste. Il n’est pas suffisant d’avoir le contrôle d’une entreprise publique, si elle est isolée dans une société néo-libérale. Bien au contraire, par les liens qui sont tissés avec la FGTB, le PS joue un rôle de frein à l’émancipation de la classe ouvrière en tentant de cadenasser les luttes. La situation va s’aggraver par l’accélération des mesures néo-libérales qui vont être prises ces prochains mois. Les travailleurs vont de plus en plus ressentir la nécessité d’un nouveau parti qui défende leurs intérêts.

    Les ouvriers de la SONACA doivent revendiquer un véritable contrôle ouvrier de leur entreprise, qui passe par l’ouverture des livres de comptes et par un véritable pouvoir de décision démocratique, dans la gestion de l’entreprise. Afin d’éviter tout processus de privatisation ultérieure de l’entreprise mais également pour éviter les licenciements et autres attaques asociales, les ouvriers de la SONACA doivent aussi être conscients qu’une transformation de la société est nécessaire si on veut empêcher que chaque acquis ne soit chaque fois remis en question. Seul une société où la production est collectivisée sous la direction de la classe ouvrière peut permettre cela par une planification démocratique de l’économie afin d’éviter le chaos créé par le capitalisme.

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