Tag: Beyrouth

  • Ariel Sharon : Mort de l’architecte brutal de crimes monstrueux

    Le boucher de Sabra et Chatila est mort. Ariel Sharon, connu autrefois comme le ‘‘père des colonies israéliennes’’, est décédé après avoir passé huit ans dans un semi-coma, à la suite d’une attaque cérébrale survenue alors qu’il était encore Premier ministre, en janvier 2006. A travers le monde, de nombreux dirigeants capitalistes – qu’ils soient toujours en fonction ou non – ont tenu à exprimer leur sympathie, leur chagrin et même leur admiration pour cet ancien général et homme politique israélien. Main dans la main avec les médias dominants à l’extérieur du monde arabe, ils tentent de réécrire l’histoire et de travestir ce criminel de guerre en un courageux combattant de la paix.

    Par Shahar Benhorin, Maavak Sozialisti (CIO-Israël/Palestine)

    Georges W. Bush a dit de lui qu’il était ‘‘un guerrier et partenaire de longue date pour assurer la sécurité de la Terre Sainte et pour un meilleur et pacifique Moyen-Orient’’. Le Premier ministre britannique David Cameron a quant à lui déclaré qu’en tant que Premier ministre, ‘‘il avait pris des décisions courageuses et controversées à la recherche de la paix, avant d’être si tragiquement incapacité’’.

    En partisan inconditionnel du thatchérisme et du néolibéralisme le plus dur, les gouvernements dirigés par Sharon ont instauré des mesures néolibérales agressives, ont réprimé des grèves et sont directement responsables de la forte augmentation de la pauvreté dans la société israélienne. Un tiers des enfants y vivent sous le seuil de pauvreté. D’autre part, l’histoire de la vie de Sharon comprend bon nombre de crimes parmi les plus horribles crimes par le régime israélien contre le peuple palestinien.

    Il a pris part à la guerre israélo-arabe de 1948 en tant que commandant de détachement. Des centaines d’habitants ont été tués et des dizaines de milliers déracinés dans le cadre de ce nettoyage ethnique depuis lors connu comme la Nakba palestinienne (la catastrophe). En 1953, plus de 60 Palestiniens ont été tués dans le village de Qibya, en Cisjordanie, alors que Sharon dirigeait l’Unité 101 de l’armée israélienne dans l’infâme objectif d’infliger des ‘‘dommages maximaux’’ contre les habitants de Cisjordanie. En tant que major-général (Aluf) à la veille de la guerre d’occupation de 1967, la guerre des Six Jours, il a proposé d’examiner la possibilité d’un coup d’Etat militaire pour pouvoir partir en guerre sans le consentement du gouvernement, qui tardait à lancer l’offensive. Après la guerre, à la tête du Commandement Sud, il a mené diverses attaques brutales contre les habitants de Gaza. Il fut ensuite parmi les fondateurs du parti de droite Likoud et se distingua comme l’un des plus ardents défenseurs des colonies israéliennes dans les nouveaux territoires occupés.

    Sabra et Chatila

    Le massacre probablement le plus étroitement lié à Sharon est celui de Sabra et Chatila, qui eut lieu à Beyrouth, au Liban, en 1982. Des centaines, sinon plus, de réfugiés palestiniens et de résidents chiites libanais ont été abattus en un jour et demi par les fanatiques des Phalanges chrétiennes. La zone était sous occupation israélienne et les forces de Tsahal, l’armée israélienne, ont autorisé l’entrée des Phalanges, ont éclairé la zone avec leurs fusées éclairantes et ont empêché les victimes de l’attaque de s’échapper.

    Les rapports concernant cet assassinat de masse pointent du doigt la responsabilité de Sharon, alors ministre de la sécurité, qui a permis aux Phalanges de laisser libre court à leur frénésie meurtrière. Sharon était le cerveau de cette guerre d’occupation visant à écraser les milices palestiniennes et à exploiter la guerre civile libanaise afin d’installer un régime fantoche chrétien destiné à respecter un ‘‘accord de paix’’ avec Israël. Il a même trompé le gouvernement israélien concernant l’ampleur de l’invasion.

    Le massacre de Sabra et Shatila a donné naissance au plus grand mouvement anti-guerre de l’histoire d’Israël. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour exiger une enquête condamnant les responsables ainsi que pour exiger le retrait des forces de Tsahal du Liban et la démission de Sharon et du Premier ministre Menahem Begin. Des soldats du front ont également convertis une chanson pour enfants en un chant de protestation contre leur utilisation en tant que chair à canon pour satisfaire les visées impérialistes de Sharon : ‘‘Des avions viennent jusqu’à nous, nous nous envolons pour le Liban, nous allons nous battre pour Sharon, et revenir dans un cercueil.’’

    Provocations

    En décembre 1987, dans les premiers jours de la première Intifada (un soulèvement palestinien de masse contre l’occupation), Sharon avait organisé une pendaison de crémaillère de provocation pour sa seconde résidence, installée en plein cœur du quartier musulman occupé de Jérusalem-Est. Treize ans plus tard, une autre provocation de sa part a déclenché la deuxième Intifada, une révolte contre l’imposture du ‘‘processus de paix’’ des accords d’Oslo.

    En 2001, Sharon a été propulsé Premier minister, en surfant sur une vague nationaliste réactionnaire qui avait été alimentée dans la société israélienne. Il fut alors chargé par l’élite dirigeante israélienne de mener deux guerres – une campagne militaire sanglante contre les Palestiniens et une guerre de classe contre la classe ouvrière israélienne. Dans les deux cas, il fut sans merci.

    Après s’être essayé à différentes tactiques, il a finalement adopté une approche d’intensification de la guerre contre les Palestiniens au travers d’une ré-occupation complètes de tous les centres de population relevant de l’Autorité palestinienne, à la suite d’une série d’horribles attentats-suicides commis dans les villes israéliennes en 2002. Environ 500 Palestiniens et 29 soldats israéliens ont été tués au cours de cette ‘‘Opération Rempart’’.

    Peu de temps après, le gouvernement de Sharon a utilisé les attentats-suicides comme un prétexte pour construire une gigantesque barrière de séparation de béton et de barbelés s’étendant aujourd’hui sur des centaines de kilomètres à l’intérieur-même de la Cisjordanie.

    Vers la fin de la deuxième Intifada, le dirigeant palestinien Yasser Arafat est tombé malade et est décédé en 2004, probablement à la suite d’un assassinat commis par les services secrets israéliens du gouvernement Sharon, comme le suggèrent des preuves récentes.

    A cette époque, le ‘‘plan de désengagement’’ de Sharon était en plein essor, mais ce plan était bien loin d’être une ‘‘recherche de la paix’’. Derrière ce plan de démantèlement des colonies et des bases militaires dans la bande de Gaza se trouvait une combinaison de facteurs. Parmi eux, les soucis démographiques du régime israélien considérant que la croissance de la population palestinienne sous domination israélienne conduirait la population juive israélienne à devenir une minorité ainsi que la compréhension que les Palestiniens reprendraient inévitablement le chemin de la lutte contre l’occupation, encore et encore. Sharon a lui-même exprimé les craintes de l’élite dirigeante en déclarant en 2003 au sujet de l’occupation que : ‘‘Nous devons être libérés du contrôle de 3,5 millions de Palestiniens qui se reproduisent.’’

    Le mouvement des colons et l’idéologie d’un ‘‘Grand Israël’’ a subi un grand coup avec le retrait ‘‘unilatéral’’ de la bande de Gaza à partir de 2005. Au plus fort de la guerre de 2002, Sharon avait déclaré qu’il ne fallait pas évacuer les colonies et que ‘‘le sort de Netzarim (ancienne colonie israélienne au cœur de la bande de Gaza) est lié au sort de Tel-Aviv.’’ Le retrait n’était toutefois qu’une démarche stratégique de compromis destinée renforcée l’occupation israélienne et d’autres colonies tout en préparant le terrain pour un approfondissement des mesures brutales à l’encontre des Palestiniens de la bande de Gaza, transformé en véritable prison à ciel ouvert. Cela a été largement démontré par les politiques de siège et les horribles massacres commis lors de la guerre de Gaza de 2008-09 et de l’opération Pilier de Défense en 2012.

    Durant le temps où il était Premier ministre, quelques enquêtes de corruption ont été lancées contre lui, mais les grands médias israéliens ont consciemment travaillé à sa protection afin d’éviter les critiques publiques.

    Le ‘‘dirigeant de la nation’’

    Tout a été fait pour présenter Sharon comme un puissant dirigeant de la nation, une sorte de bonapartiste parlementaire, dont les efforts visaient à instaurer la paix. La scission qu’il a orchestrée au sein du Likoud et la création du parti Kadima a été considérée par une large partie de la classe dirigeante israélienne comme une tentative visant à permettre d’appliquer à la Cisjordanie un plan similaire à celui qui avait frappé la Bande de Gaza.

    Le parti Kadima a remporté les élections de 2006 autour d’une telle promesse, et a mené deux nouvelles guerres, au Liban puis à Gaza. Ce n’est que par crainte de voir la Cisjordanie contrôlée par le Hamas que cette stratégie ‘‘unilatérale’’ a été abandonnée.

    L’invocation de Sharon est utilisée par certains membres de l’establishment israélien ou international pour faire pression sur le gouvernement Netanyahu afin qu’il prenne ‘‘des décisions difficiles’’ lors des farces de négociation avec l’Autorité palestinienne.

    La classe dirigeante israélienne actuelle est particulièrement frustrée suite au processus de révolution et de contre-révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient, avec leurs problèmes démographiques en suspens sur fond de colère croissante parmi les Palestiniens ainsi qu’avec l’isolement grandissant d’Israël sur la scène internationale. Mais un boucher corrompu comme Ariel Sharon n’aurait résolu aucun problème.

    Les attaques continuelles à l’encontre des Palestiniens verront tôt ou tard une lutte massive des Palestiniens leur faire face.

    Les colonies israéliennes jouissent de moins en moins de soutien en Israël, et une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes israéliens a soif de justice sociale et de paix. Elle devra entrer en lutte contre l’occupation, contre l’oppression et contre la discrimination des Palestiniens.

    La seule manière d’en finir avec l’héritage venimeux de Sharon est de développer ces luttes, tout en construisant les forces du socialisme en Israël et dans les territoires occupés.

  • Syrie : Le massacre de Houla augmente la crainte d’une véritable guerre civile

    Le meurtre de 108 personnes près de la ville syrienne de Houla a interpelé et choqué dans le monde entier. Le meurtre de 49 enfants, dont beaucoup ont été tués à bout portant, est particulièrement odieux. Les tensions sectaires alimentées par cet acte barbare font planer la terrible menace d’un glissement vers un conflit plus large et d’une véritable guerre civile. Comme toujours, les travailleurs et les pauvres en souffriront le plus. En lutte contre le régime brutal de Bachar El Assad, la classe ouvrière doit s’opposer au sectarisme et à l’intervention impérialiste

    Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Depuis 15 mois maintenant, des manifestations massives ont lieu dans beaucoup d’endroits de Syrie contre le règne dictatorial de la famille Assad, qui dure depuis plus de 40 ans. A l’origine, ces protestations se sont déroulées dans le cadre des révolutions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Mais en l’absence d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière dirigeant la lutte et avec de plus en plus d’intervention dans la région de la part de régimes réactionnaires tels que ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite ainsi que l’ingérence impérialiste, le conflit syrien a de plus en plus adopté un caractère de guerre civile teinté de sectarisme.

    Les puissances occidentales, en particulier les USA, la Grande Bretagne et la France, ont été rapides à condamner les atrocités de Houla. Elles ont fait reporter tout le poids de la faute sur le régime syrien du président Bachar el-Assad, qui décline de son côté toute responsabilité. Il est certain que beaucoup de témoins et de survivants accusent les forces armées syriennes et les gangs de Shabiha (qui peut se traduire par ‘‘bandits’’), qui massacrent et enlèvent régulièrement les opposants. Les investigateurs de l’ONU ont dit qu’il y a des indices que les Shabiha aient accompli au moins une partie de la tuerie des 25 et 26 mai.

    Les accusations des puissances impérialistes sont toutefois profondément hypocrites et écœurantes. Des centaines de milliers de civils ont perdu la vie en Irak comme en Afghanistan du fait de l’invasion occidentale et de l’occupation. Dans le cadre de leur quête de pouvoir, d’influence et de contrôle des ressources, des attaques aériennes impérialistes de drones ont quotidiennement lieu au Pakistan, en Somalie et au Yémen. Le lendemain du massacre de Houla, une attaque de l’OTAN dans l’est de l’Afghanistan a déchiqueté les 8 membres d’une famille.

    Les puissances occidentales justifient l’utilisation de la force militaire en déclarant attaquer des cibles ‘‘terroristes’’, ce qui est une rhétorique similaire à celle de la dictature de Bachar el-Assad. Dans les deux cas, ces attaques au hasard, approuvées par l’Etat, équivalent à des exécutions sommaires et à de potentiels crimes de guerre.

    Environ 15.000 personnes sont mortes en Syrie, majoritairement des mains de l’armée Syrienne et des forces pro-Assad, depuis l’insurrection de mars 2011. Mais sous le mandat d’Obama, plus de 500 civils ont été tués par des attaques aériennes dans le seul Pakistan, dont 175 enfants.<p

    A couteaux tirés

    Les USA, appuyant l’opposition syrienne, et la Russie, soutenant le régime d’Assad, sont de plus en plus à couteaux tirés à mesure qu’empire la situation du pays. Cela se traduit par des conflits au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la manière de traiter la dossier syrien.

    La Russie et la Chine ont voté contre les résolutions anti-Assad soutenues par les USA, la Grande Bretagne et la France. Malgré cette rhétorique, les positions des USA et de la Russie n’ont rien à voir avec la situation critique du peuple Syrien. Elles sont liées aux intérêts de leurs classes dominantes respectives et à celles de leurs plus proches alliés.

    Les USA, la Grande Bretagne et la France ont clairement affirmé qu’ils veulent la fin du régime d’Assad. Depuis longtemps, ils le considèrent comme un obstacle à leurs intérêts impérialistes dans la région. Ils veulent à sa place un gouvernement docile et pro-occidental. Suite aux révolutions de l’année dernière qui ont renversé deux alliés cruciaux de l’occident dans la région – Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte – les puissances impérialistes sont déterminées à s’assurer que la révolte populaire en Syrie ne dépasse pas des barrières de ‘‘l’acceptables’’ (c’est-à-dire vers une position d’indépendance de classe) et qu’elle reste à l’avantage des impérialistes.

    Les USA instrumentalisent l’échec du ‘‘plan de paix’’ de Kofi Annan (émissaire conjoint de l’Organisation des Nations unies et la Ligue arabe sur la crise en Syrie ) pour menacer d’entrer en action ‘‘en dehors du plan Annan’’ et de l’autorité du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avec le soutien des plus proches alliés dans le conflit Syrien ; la Grande Bretagne et la France. Cela rappelle l’infâme coalition militaire menée par George Bush et Tony Blair qui a envahi l’Irak en toute illégalité.

    D’un autre côté, la Russie considère le régime d’Assad comme un allié crucial dans la région, un allié qui lui offre un accès à un port de Méditerranée. Le ministre russe des affaires étrangères a ainsi indiqué qu’il pourrait être préparé à mettre en œuvre ce qu’il appelle la ‘‘solution Yéménite’’, c’est-à-dire qu’Assad soit renversé alors que la plupart de la structure de son régime resterait en place. Cette solution est calquée sur un plan de la Ligue Arabe au Yémen, où le président Ali Abdullah Saleh a perdu le pouvoir en février 2012, après des mois de manifestations massives.

    Le Kremlin est cependant fermement opposé à toute intervention militaire occidentale, en particulier après l’expérience amère du conflit libyen l’an dernier. La Russie soutenait une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU basée sur la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, une ‘‘no-fly-zone’’. Mais les puissances occidentales ont utilisé cette résolution pour permettre une intervention armée de l’OTAN en Lybie, déviant la révolution de sa trajectoire, renversant le régime du Colonel Kadhafi et, selon leurs propres termes, installant un régime pro-occidental.

    L’OTAN

    Bachar el-Assad ne semble pas prêt de perdre le pouvoir ou d’être placé devant le risque imminent d’un coup d’Etat. Alors que la Syrie est frappée par des sanctions économiques, une part significatrice de la population dont beaucoup d’hommes d’affaires sunnites, n’ont pas encore catégoriquement rompu leurs liens avec le régime. Damas parie aussi sur le fait que l’Ouest serait incapable de mener une intervention militaire directe du type libyen.

    Le ministre des affaire étrangères britannique, William Hague, a récemment menacé qu’aucune option ne puisse être écartée dans le traitement de Bachar el-Assad, laissant entendre la possibilité d’une action militaire occidentale. Mais l’attaque de l’OTAN contre la Lybie l’an dernier ne peut pas tout simplement être répétée en Syrie, un pays qui possède une population beaucoup plus élevée et dont les forces d’Etat sont, selon les experts militaires, plus puissantes, mieux entrainées et mieux équipées.

    Assad a à sa disposition une armée de 250.000 personnes, en plus de 300.000 réservistes actifs. L’an dernier, l’OTAN a été capable d’envoyer des milliers de missions aériennes et de missiles sur la Lybie sans rencontrer de réelle résistance. Mais la Syrie possède plus de 80 avions de chasse, 240 batteries anti-aériennes et plus de 4000 missiles sol-air dans leur système de défense aérien. Les stratèges militaires occidentaux admettent qu’une invasion du pays demanderait un effort monumental. Leurs troupes seraient irréductiblement embourbées dans de larges zones urbaines hostiles.

    Quant aux diverses propositions visant à aider la population et à affaiblir le régime Syrien sans offensive militaire directe (‘‘corridor humanitaire’’, ‘‘zone d’exclusion aérienne’’,…), elles exigent tout de même des opérations militaires offensives.

    Chaque ère protégée devraient très certainement être sécurisés avec des troupes au sol, qu’il faudrait ensuite défendre contre des attaques, ce qui exigerait l’envoi de forces aériennes. Les stratèges britanniques de la défense admettent qu’une action militaire quelconque contre la Syrie ‘‘conduirait presqu’inévitablement à une guerre civile encore plus aigüe et sanglante.’’

    De plus, la composition complexe de la Syrie (une majorité sunnite avec des minorités chrétienne, alaouite, druze, chiite, kurde et autres) entraîne le risque de voir l’intervention militaire occidentale déclencher une véritable explosion dans la région, sur bases de divisions ethniques et sectaires.

    Même sans une intervention occidentale directe, la Syrie continue de glisser vers une guerre civile ‘‘à la libanaise’’. L’implication directe des régimes locaux de droite et des puissances mondiales qui soutiennent soit l’opposition, soit le régime, encourage cela.

    Les puissances sunnites réactionnaires de la région, avec à leur tête l’Arabie Saoudite et le Qatar, utilisent la crise syrienne pour appuyer leur position contre les régimes chiites. Avec le soutien des USA et d’Israël, les régimes sunnites s’opposent à l’Iran, le plus important allié de la Syrie dans la région.

    Il apparait que la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres Etats du Golfe, chacun suivant son plan, acheminent des fonds et des armes à l’opposition Syrienne, avec le soutien tacite des USA. Une base de passage à la frontière existe même depuis la Turquie. Les forces d’opposition armée disent avoir tué 80 soldats syriens le weekend du début du mois de juin. En même temps, un commandant en chef des Gardiens de la Révolution en Iran a récemment admis que les forces iraniennes opèrent dans le pays pour soutenir Assad.

    Patrick Cockburn, le journaliste vétéran du Moyen-Orient, a écrit que les rebelles armés ‘‘pourraient probablement commencer une campagne de bombardement et d’assassinats sélectifs sur Damas’’ (Independent, dimanche 03/06/12). Le régime d’Assad riposterait en ayant recours à des ‘‘sanctions collectives’’ encore plus sauvages. Damas serait ‘‘ victime de la même sorte de haine, de peur et de destruction qui ont ébranlé Beyrouth, Bagdad et Belfast au cours de ces 50 dernières années.’’

    Le sectarisme s’approfondit. La minorité chrétienne craint de subir le même sort que les chrétiens d’Irak, ‘‘ethniquement purgés’’ après l’invasion américaine de 2003. Le régime d’Assad exploite et alimente cette peur pour se garder une base de soutien dans la minorité chrétienne, ainsi que chez les Alaouites, les Druzes et les Kurdes. Les USA, la Grande Bretagne, la France et l’Arabie Saoudite et leurs alliés sunnites dans la région ont utilisé sans scrupules la carte du sectarisme pour défendre un changement de régime à Damas et pour leur campagne contre l’Iran et ses alliés. Tout cela a des conséquences potentiellement très dangereuses pour les peuples des Etats frontaliers et dans toute la région.

    Le conflit Syrien s’est déjà déployé au Liban frontalier, où le régime d’Assad a le soutien du Hezbollah, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Le conflit entre les sunnites et les alaouites pro-Assad dans la ville de Tripoli au Nord du Liban a fait 15 morts en un weekend. Ces dernières semaines, le conflit s’est dangereusement exporté à Beyrouth, faisant craindre la ré-irruption d’un conflit sectaire généralisé au Liban.

    La classe ouvrière de Syrie et de la région doit fermement rejeter toute forme de sectarisme et toute intervention ou interférence impérialiste.

    Intervention

    L’insurrection de mars 2011 en Syrie a commencé par un mouvement authentiquement populaire contre la police d’Etat d’Assad, l’érosion des aides sociales, les degrés élevés de pauvreté et de chômages et le règne de l’élite riche et corrompue.

    En l’absence d’un mouvement ouvrier fort et unifié avec un programme de classe indépendant, les courageuses manifestations massives semblent avoir été occultées et dépassées par des groupes d’oppositions armés et hargneux. Alors que beaucoup de Syriens restent engagés pour un changement révolutionnaire et résistent à la provocation sectaire, de plus en plus de dirigeants de ces forces sont influencés par les régimes réactionnaires de la région et par l’impérialisme.

    Les combattants islamistes de la province irakienne d’Anbar, de Lybie et d’ailleurs ont rejoint l’opposition armée libyenne. Une attaque à la voiture piégée à Damas qui a tué un nombre de personnes record en mai dernier est largement reproché aux combattants de l’opposition liés à Al-Qaeda.

    Le Conseil National Syrien (CNS), un groupe d’opposition exilé, demande une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies autorisant l’usage de la force contre Assad, ce qui paverait la voie à une intervention armée, à l’instar de la Lybie.

    Alors qu’une grande partie du peuple libyen est dans une situation désespérée et que certains peuvent sincèrement espérer une intervention militaire extérieure, les évènements en Lybie illustrent que l’implication de l’OTAN ne conduit ni à la paix, ni à la stabilité. Le nombre de morts a connu une percée après que l’OTAN ait commencé ses attaques aériennes sur la Lybie, se multipliant par 10 ou 15 selon les estimations. Le pays, ruiné par la guerre, est maintenant dominé par des centaines de milices en concurrence qui dirigeants des fiefs.

    Environ 150 personnes sont mortes dans un conflit tribal dans le sud de la Lybie en mars, et le weekend dernier, une milice a temporairement pris le contrôle du principal aéroport du pays. La supposée administration centrale du pays (le Conseil National de Transition, non-élu et imposé par l’Occident) a sa propre milice, le Conseil Suprême de Sécurité, fort de 70.000 hommes. Les dirigeants de l’opposition bourgeoise et pro-impérialiste en Syrie cherchent sans doute à être mis au pouvoir d’une manière similaire par le pouvoir militaire occidental.

    Révolutions

    Cependant, la menace d’une intervention impérialiste en Syrie et l’implication de plus en plus forte des régimes réactionnaires Saoudiens et Qataris n’ont aucune raison de soutenir le régime d’Assad. Pour les socialistes, l’alternative a été clairement montrée lors des révolutions de l’année dernière en Tunisie et en Egypte, ainsi qu’aux débuts de la révolte syrienne en 2011.

    Elles ont illustré que c’est le mouvement massif et unifié des la classe ouvrière et des jeunes qui est capable de renverser les despotes et leurs régimes pour engager la lutte pour un changement réel aux niveaux politique et social. La reprise du mouvement révolutionnaire en Egypte, suite à l’issue injuste du procès de Moubarak et de ses sbires, souligne que ce n’est que par un approfondissement de l’action de masse du fait de la classe ouvrière et des jeunes qu’il peut y avoir un véritable changement.

    Les travailleurs de Syrie, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, ont le droit de se défendre eux-mêmes contre la machine d’Etat d’Assad et contre toutes les milices sectaires. Les véritables socialistes, basés sur les traditions du marxisme révolutionnaire, appellent à la constitution immédiate de comités de défense indépendants, démocratiquement élus et contrôlés par les travailleurs, pour défendre les manifestations, les quartiers et les lieux de travail.

    Cela doit être lié à une nouvelle initiative de la classe ouvrière en Syrie, construisant des comités d’action dans toutes les communautés et les lieux de travail, en tant que base pour un mouvement indépendant des travailleurs.

    L’une de ses tâches serait d’enquêter indépendamment sur les responsables de la tuerie de Houla et de tous les autres massacres et assassinats sectaires. Cela montrerait aussi le rôle du régime d’Assad et de ses milices, ainsi que celui des puissances voisines et impérialistes.

    Comme partout, les Nations Unies sont incapables, à cause de leur asservissement aux principales puissances mondiales, d’empêcher les atrocités contre les civils ou de résoudre les conflits armés dans l’intérêt de la classe ouvrière.

    Suite au massacre de Houla, les grèves de ‘‘deuil’’ ont éclaté dans certains endroits de la Syrie. Les manifestations contre Assad continuent dans certaines villes, dont à Damas. Il est crucial que de telles manifestations prennent un caractère anti-sectaire et pro-classe ouvrière. Un mouvement de la classe ouvrière en Syrie développerait les manifestations de travailleurs, les occupations de lieux de travail et les grèves, dont des grèves générales, pour rompre avec le sectarisme et lutter pour le renversement du régime d’Assad. Un appel de classe aux soldats pauvres du rang à s’organiser contre leurs généraux, à se syndiquer et à rejoindre les manifestants, pourrait diviser les forces d’Etat meurtrières et les neutraliser.

    Les travailleurs syriens de toutes religions et ethnies ont besoin d’un parti qui leur est propre, avec une politique socialiste indépendante. Un tel parti avec un soutien massif peut résister avec succès au sectarisme et aux politiques empoisonnées du diviser pour mieux régner d’Assad, des régimes sunnites et chiites de la région et de l’impérialisme hypocrite.

    Un programme socialiste – appelant à un contrôle et une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs pour transformer les conditions de vie, créer des emplois avec des salaires décents et une éducation, la santé et les logements gratuits et de qualités – inspirerait les travailleurs et les jeunes à rejoindre le camp de la révolution.

    Sous un drapeau authentiquement socialiste, en opposition aux forces prétendument ‘‘socialistes’’ qui soutiennent le régime dictatorial de Bachar el-Assad, la révolte populaire contre le régime syrien appellerait les travailleurs de la région à étendre la révolution.

    En liant ensemble les mouvements révolutionnaires qui ont lieu en Syrie, en Tunisie, en Egypte et ailleurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sur base d’un programme d’orientation socialiste, où les secteurs clés de l’économie seraient aux mains des masses, la classe ouvrière pourrait dégager les tyrans et porter de puissants coups au capitalisme pourri et à l’ingérence impérialiste. Cela pourrait se transformer en une lutte pour une confédération socialiste volontaire et équitable du Moyen-Orient, dans laquelle les droits de toutes les minorités seraient garantis.

  • Afrique du Nord et Moyen-Orient: soutien les Révolutions avec EGA

    20/3 MANIF NATIONALE Bruxelles – 14h – Gare du Nord

    Le 20 mars, se tiendra une journée internationale d’action en soutien aux peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient avec une manifestation nationale à Bruxelles à l’initiative des organisations de paix. Participe à cette manifestation avec les Etudiants de Gauche Actifs secondaire & supérieur pour soutenir les révolutions dans la région et aux meetings d’EGA organisés dans plusieurs villes et universités.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Tract en PDF

    ==> Rubrique de ce site consacrée au Moyen-Orient et au Maghreb

    Les révolutions s’étendent à toute l’Afrique du Nord et au Moyen Orient…

    L’immense majorité des masses libyennes, qui fournissent des efforts titanesques, veulent la fin du régime dictatorial de Kadhafi. Oman, Koweït, Yémen, Jordanie, Algérie, Maroc,… l’autorité des dictateurs et des rois, des régimes fantoches à la solde des multinationales, sont défiés partout.

    Tout nos gouvernements ont soutenu et armé ces dictatures pour les profits des multinationales qui ont la main mise sur les marchés et l’accès aux matières premières, qui profitent des journées de 12 à 13h de travail, des bas salaires et de l’absence de droits démocratiques et syndicaux.

    Meetings d’EGA

    • Lundi 4 avril: UCL, à 19h, à l’auditoire Montesquieu 4
    • Mardi 5 avril: ULB, à 19h, bâtiment H
    • Mercredi 6 avril: Liège, à 19h, au café "L’île aux trésors", 28 place du XX août (en face de l’université)

    La monarchie semi-féodale d’Arabie Saoudite, alliée des Etats-Unis craint aussi la contagion et promet 36 milliards $ de réforme sociale. Jusqu’ici les moyens n’existaient soi-disant pas pour les travailleurs, les jeunes et les pauvres, confrontés au chômage de masse et à la misère. “Chiites, Sunnites nous sommes tous frères et soeurs” est scandé au Bahreïn, “Non au sectarisme” “les gens veulent changer de régime” à Beyrouth : comme en Egypte, l’action des masses pousse de côté les divisions nationales, communautaires et religieuses. L’héroïsme des jeunes et des travailleurs en Iran illustre toutes les formes de dictatures qui sont contestées qu’elles soient militaires, policières ou religieuses. Les victoires en Tunisie et en Egypte montrent que seuls les mouvements de masse peuvent renverser les dictatures. Et pas les interventions militaires des puissances impérialistes européennes et des Etats- Unis. “Le pétrole du peule pour le peuple, pas pour les voleurs”, “Non à la dictature de Saddam Hussein et non à la dictature des voleurs” scandent les Irakiens confrontés à la répression meurtrière des forces de sécurité. Comme en Irak et en Afghanistan, une intervention militaire des puissances impérialistes en Lybie n’aurait pas comme objectif réel l’aide aux populations mais servirait à s’assurer un scénario post-Kadhafi favorable aux multinationales et à leur contrôle sur les ressources pétrolières.

    Les prix de l’essence flambent à la pompe à cause des révolutions ? La réaction des marchés et l’augmentation du prix du pétrole illustre plutôt la complaisance des multinationales pour les dictatures et leurs craintes des révolutions. Ici, avec le retrait des produits pétroliers de l’indexation des salaires, ce sont les travailleurs qui en font les frais ; les spéculateurs, eux, en profitent.

    … et continuent en Tunisie et en Egypte

    Les vagues de grèves pour des meilleurs salaires et des conditions de travail, l’occupation de la Kasbah par les jeunes contre la confiscation de la révolution tunisienne, les sittings de masse en Egypte pour la dissolution de la police secrète, les manifestations de femmes place Tahrir contre leurs exclusions via les réformes constitutionnelles,… Ce sont autant d’expressions de la poursuite de la révolution face à la volonté des puissances impérialistes et des élites locales corrompues de confisquer la révolution et de mettre de nouveaux régimes en place à la solde des capitalistes.

    Les soulèvements de masse et l’arrivée de la classe des travailleurs dans la lutte, à travers une déferlante de grèves et d’occupations d’usines, ont dégagé les dictateurs Ben Ali et Moubarak, poussé de l’avant la révolution démocratique et posé immédiatement les tâches de la révolution sociale contre l’exploitation capitaliste. La lutte doit continuer afin de renforcer, étendre et coordonner les organes issus de la révolution tels que les syndicats indépendants, les comités de quartier ou d’entreprise gérés par les travailleurs et les pauvres. Ces derniers doivent être à la base de l’organisation immédiate d’élections libres pour une assemblée constituante révolutionnaire.

    C’est la seule issue pour construire une société démocratique capable de résoudre les immenses problèmes sociaux; une société socialiste démocratique où la production est organisée pour la satisfaction des besoins de tous et non pas pour les profits d’une minorité de capitalistes.

    Le 20 Mars avec EGA:

    • Pour un monde débarrassé de la terreur, de la guerre, de la misère et de l’exploitation capitaliste!
    • Soutien aux révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient; soutien aux organes issus de la révolution-même (comités révolutionnaires, populaires, de défense des quartiers, d’entreprises, de ravitaillement et syndicats indépendants)!
    • Confiscation et restitution des biens spoliés par les dictatures aux organes de la révolution.
    • Pas d’intervention militaire en Libye sous couvert d’aide humanitaire, pas d’ingérence de l’impérialisme Européen et Américain
    • Pour la nationalisation et la reconversion totale de l’industrie de l’armement!
    • Rétablissement du pétrole dans l’index via un rétablissement de l’index complet ! Ce n’est pas aux travailleurs et aux jeunes de payer la crise du capitalisme!
  • Liban : l’arène perpétuelle des luttes inter-impérialistes

    Les derniers événements choquants au Liban, ont démontré inébranlablement le degré d’implication des puissances mondiales et régionales dans la scène politique libanaise, caractérisée, depuis sa création par un décret colonial français en août 1920, par des implosions et des guerres interminables.

    Sofiene C., sympathisante du CIO

    La récente invasion israélienne des territoires libanaises, commencée le 12 juillet dernier, montre, tout à la fois et simultanément, la fragilité du système politique au Liban et son aliénation et attachement envers les pays étrangers, ainsi que la complaisance des régimes de la « communauté internationale » avec Israël dans sa destruction systématique du « pays du Cèdre ».

    L’offensive israélienne au Liban n’est pas la première. On dénombre maintes reprises de déploiements de forces israéliennes dans ce pays. En 1978, pendant la guerre civile inter-confessionnelle, Israël occupût le sud de Liban, pour mettre en place une zone-tampon contrôlée par une milice libanaise armée par lui. C’était, lors, pour soutenir les milices de l’extrême droite, représentantes de la bourgeoisie chrétienne maronite, à travers le Parti des Phalangistes ; contre les troupes palestiniennes et musulmanes libanaises, guidées par les communistes libanais et le Parti Démocratique Progressiste de Kamel Joumblatt.

    Puis, en 1982, profitant de la faiblesse et la discorde entre les pays arabes, l’armée israélienne envahit tout le Liban et atteint les faubourgs de Beyrouth, chassant les milices palestiniennes et imposant le Chef des Phalangistes, Bechir Gemayl en tête du pouvoir, qui a été rapidement assassiné par ordre de la Syrie. Tout le monde se rappel, lors de son retrait, le massacre du camp palestinien du Sabra et Chatila en septembre 1982, sous l’ordre direct de Sharon.

    Cependant, les milices du Hezbollah, contrôlaient de plus en plus la région à majorité chiite au Sud Liban et à Bayrouth-Sud. Appuyé et financé par l’Iran et la Syrie, ce parti ultraconservateur, conservait une popularité grandissante, en menant une politique sociale et culturelle de solidarité et de gestion locale (constitution des mosquées et des écoles relieuses, création des hôpitaux et de services d’aides sociales…). Il a pu s’invétérer dans les couches populaires réclament le chiisme révolutionnaire (communément, le chiisme était, durant l’histoire des musulmans, dans la conscience imaginative, une source et propulseur des révoltes des opprimés contre l’ordre dominant. On illustre plusieurs révolutions des nègres et des esclaves à travers l’histoire de la région). C’est un Etat dans l’Etat.

    En Outre, le « PARTI DE DIEUX » se réclame de l’anti-communisme. Citons comme titre de preuve l’assassinat de l’intellectuelle progressiste Mehdi Amel, sous L’ordre Cheikh Nassrallah.

    En revanche, profitant des disputes entre les partis libanais, notamment entre la coalition dite de 14 Mars, qui rassemble les forces anti-syrienne ; d’un coté, et d’autre coté les pro-syrien, y inclus Hisbollah, l’armée israélienne ravagent le territoire au Liban. Sous l’effet des bombardements incessants par des tires d’aviations et d’artilleries israéliennes, l’infrastructure délicate au Liban a été, catégoriquement, détruite. On estime jusqu’à maintenant 2 milliards de dollar la somme de perte. Une vague de la diaspora massive vers les pays étrangers comptant environ 1 million de réfugiés sur 4 millions habitants. Parallèlement, on estime proximativement 1000 morts, de majorité civile. Les représailles israéliennes absurdes et odieuses, n’ont pas, le plus souvent, de limites.

    L’invasion, israélienne engendre, une autre fois, le désastre et la mort dans la zone, et cela, sous le silence et la compromission des puissances mondiales.

    Une communauté internationale à coté d’Israël

    Les Etats-Unis continue à soutenir la politique expansionniste d’Israël. En empêchant, la proclamation d’une résolution du conseil de sécurité pour un cessez de feu, et en fournissant, avant la date préalable, des armes ultra-modernes, les Etats-Unis approuve, incontestablement, sa relation organique avec Israël. A cet égard, le Chef du Hezbollah, a indiqué, vraisemblablement, en faisant référence à la visite de la Chef de la diplomatie américaine en région que les Etats-Unis essaye « d’imposer ses conditions au Liban pour servir son projet de nouveau Moyen Orient et servir Israël » Submergé dans le chaos irakien, les Etats-Unis n’a de force pour ouvrir un autre front militaire. Et pourtant, sa volonté d’ancrer sa mainmise dans le monde n’a jamais cessé. Elle se croit invincible.

    En fait, elle cherche à affaiblir les deux puissances de la région qui n’ont pas, jusqu’ à maintenant, étaient mises en place sous sa tutelle directe. Suite aux pressions politico-médiatiques et diplomatiques envers ces deux pays, une attaque contre leurs bras tendus au frontière nord israélienne, le Hezbollah ; est exigeante pour les anéantir. C’est à Israël de jouer le rôle de l’écrasement de la milice libanaise.

    Et alors ?

    Fondamentalement, aucun des pions politiques au Liban ne reflète, clairement les couches sociales opprimées qui subissent-elles seules les répercussions des guerres qui ne sont pas leurs siennes. Les conflits confessionnels et les terribles guerres entre les pays n’ont causé que, essentiellement, des bains de sang et, généralement, ont renforcé la haine entre les peuples et les déshérités. Ni Hezbollah, ni le parti Amel chiite, ni le front du Bristol (composé principalement par Walid Joumblatt et Saâd Al Hariri), qui soutient cyniquement la résistance islamique ne peuvent exprimer les vraies ambitions des libanais. Nul n’ignore la nécessité et l’importance de la lutte armée contre l’intrusion israélienne mais qu’elle doit, obligatoirement, sous l’égide d’un mouvement enraciné dans les classes populaire, dépassent toutes les divisions inter-religieuses et les survivances moyenâgeuses, et promettant une perspective et alternative socialiste pour toute la région.

  • Le Liban en ébullition

    L‘assassinat de l’ex-Premier ministre Raffic Hariri le 14 février a plongé le Liban dans une crise de régime qui couvait déjà depuis quelques mois. La classe dirigeante a étalé ses divisions tandis que des centaines de milliers de Libanais manifestaient tour à tour pour ou contre le gouvernement et la puissance tutélaire syrienne. La polarisation est telle dans ce pays de 3,5 millions d’habitants qu’une nouvelle guerre civile n’est pas à exclure.

    Thierry Pierret

    L’origine de la crise remonte à septembre 2004. Raffic Hariri, alors Premier ministre, démissionnait avec fracas pour protester contre la prolongation anti-constitutionnelle du mandat du président pro-syrien Emile Lahoud. Avant d’entrer en politique, Hariri avait amassé une fortune colossale en investissant dans la reconstruction d’un pays ravagé par 15 ans de guerre civile. L’énorme chantier de la reconstruction a fait affluer les capitaux de la diaspora libanaise et la main d’œuvre syrienne.

    Mais la reconstruction n’en a pas moins creusé les inégalités sociales. Si les grandes infrastructures et le centre commercial de Beyrouth ont connu une véritable résurrection, les quartiers populaires et les camps de réfugiés palestiniens n’ont pas fini de panser leurs plaies béantes. Le marché de la reconstruction a généré des fortunes colossales et une corruption galopante qui a arrosé les politiciens de tous les partis. Le Liban est également devenu la plaque tournante de toutes sortes de trafics illégaux avec la complicité des militaires et des services de renseignement libanais et syriens qui se sucrent au passage. Cette situation a nourri l’exaspération des nombreux laissés-pour-compte du " miracle libanais " envers le régime et l’occupant syrien. L’assassinat de Hariri est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.

    Quelle issue à la crise?

    Nombre de Libanais accusent la Syrie. A l’appel de l’opposition, des centaines de milliers de Libanais de toutes confessions sont descendus dans la rue à plusieurs reprises, provoquant la démission du Premier ministre pro-syrien. L’opposition se sent pousser des ailes dans le dos depuis le vote l’année passée de la résolution 1559 de l’ONU qui exige le retrait des troupes syriennes. La France espère bien reprendre pied au Liban tandis que les Etats-Unis y voient un levier pour renverser le régime ba’thiste syrien. En effet, un Liban libéré de la tutelle syrienne priverait Damas de tout moyen de pression sur Israël en mettant le Hezbollah au pas et expulserait sans doute tout ou partie du million d’immigrés syriens qui contribuent à maintenir l’économie syrienne à flot en envoyant une partie de leur salaire au pays.

    Mise sous pression, la Syrie a commencé le retrait de ses troupes. Mais elle n’hésitera pas à déstabiliser le Liban si l’opposition devait gagner les élections prévues en mai. Des attentats ont déjà eu lieu dans des quartiers chrétiens et ils vont sans doute se multiplier à l’approche des élections. La Syrie a commencé à allumer des contre-feux en mobilisant ses partisans libanais. A l’appel du Hezbollah, 500.000 Chiites manifestaient le 8 mars à Beyrouth en soutien à la Syrie. Si la capacité de mobilisation du Hezbollah repose davantage sur le clientélisme que sur l’adhésion, le risque de confrontation intercommunautaire n’en est pas moins réel. D’autant plus que certaines composantes de l’opposition attisent délibérément la haine contre les immigrés syriens et les 400.000 réfugiés palestiniens du Liban. Cette attitude ne peut que pousser ces communautés à faire bloc avec Damas. D’autres états, avec ou sans le soutien de l’impérialisme, chercheront alors des relais au sein de l’une ou l’autre communauté libanaise pour contrer la Syrie. Le Liban risque de redevenir ce champ de bataille où tous les protagonistes du Proche-Orient règlaient leurs comptes par Libanais interposés.

    L’absence d’une opposition ouvrière et socialiste crédible se fait cruellement sentir. Une opposition qui lie la lutte contre l’occupation syrienne à la lutte contre les capitalistes libanais et la classe politique corrompue. Une opposition qui défende l’égalité politique et sociale des travailleurs libanais, syriens et palestiniens pour forger l’unité de toute la classe ouvrière du pays.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop