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Tag: Berne
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[DOSSIER] Ce système est pourri… jusqu’à la moelle !
Il y a quinze ans, notre pays a été touché par une explosion massive de protestations et de colère. Après une semaine d’actions spontanées et de manifestations a suivi la Marche Blanche du 20 octobre 1996 à Bruxelles, avec 300.000 manifestants. Le “Mouvement blanc” a illustré la vitesse à laquelle un mouvement peut se développer. Quinze ans plus tard, il est utile de revenir sur ces actions, mais aussi sur le rôle de la Justice. Après quinze années, qu’est-ce qui a réellement changé ? Quelle est la position des marxistes concernant le système judiciaire ? Nous publions ici un dossier de Geert Cool, actif à l’époque dans le mouvement en tant que militant marxiste.
Le mouvement blanc : une explosion de colère dans les rues
Le Mouvement blanc, créé en 1996, est apparu à la suite de l’affaire Dutroux et a exprimé la profonde tristesse éprouvée face au destin des jeunes victimes de Dutroux & Co. Mais au fur et à mesure que les obstacles s’amoncelaient autour de l’enquête, la tristesse est devenue colère.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été le dessaisissement du dossier du juge d’instruction Connerotte après avoir commis le ‘‘crime’’ de manger une assiette de spaghetti lors d’une soirée de soutien aux familles des fillettes disparues… Il ne pouvait dès lors plus être considéré comme “impartial”. Connerotte était considéré comme un personnage dynamique écarté de l’affaire par les manœuvres bureaucratiques de l’establishment judiciaire sur le coup de cet “arrêté spaghetti”. Beaucoup de gens craignaient une nouvelle opération ‘‘sourde oreille’’.
Les actions ont largement démontré que les politiciens avaient perdu tout crédit auprès de la population, tout comme diverses institutions bourgeoises : Justice, police et médias. Les frustrations s’accumulaient et les travailleurs de Volkswagen-Forest ont lancé le mouvement en cessant le travail le 14 octobre. Très vite, ils ont été imités dans l’ensemble du pays, une semaine de manifestations spontanées et de protestations de masse a suivi.
L’establishment a en partie perdu le contrôle sur la situation, et s’est vu contraint de lancer de appels désespérés pour que les élèves retournent en classe et les travailleurs au boulot. L’establishment entier ne faisait qu’un, du gouvernement au Roi en passant par l’Église, dans leur frayeur face au mouvement. Il leur fallait absolument que la Marche blanche reste apolitique. De fait, les politiciens traditionnels n’avaient aucun contrôle sur les idées politiques en développement dans ce mouvement dont l’ampleur, la spontanéité et la rapidité ont surpris tout l’establishment.
Ce n’était pas seulement la Justice, mais l’ensemble de la société qui était remis en question. Nous avons accompagné ce sentiment avec notre slogan “Le système est pourri jusqu’à la moelle”. Là où nous avons su avoir un certain impact, comme à Gand, ce slogan a été repris de manière massive. Nous avons aussi dépensé beaucoup d’énergie pour organiser cette explosion de colère spontanée, avec la mobilisation d’une grande manifestation générale le vendredi 18 octobre 1996 à Gand. L’appel à cette manifestation est venu du Syndicat estudiantin (Studentenvakbond, SVB), dans lequel nos membres jouaient un rôle actif.
Nous nous sommes rendus aux entreprises, écoles et campus tout en intervenant dans les manifestations spontanées. Les journées étaient fort chargées. Le matin, il fallait se lever tôt, attraper un mégaphone et chercher la première manifestation spontanée qui nous tombait sous la main pour la renforcer et appeler la population à la rejoindre. Ce rituel s’est répété pendant plusieurs jours. La manifestation de Gand du 18 octobre 1996 a été massive : avec 25.000 participants, elle a été la plus grande manifestation du mouvement après la Marche blanche nationale.
À ce moment, le mouvement était de plus en plus poussé par les travailleurs et leurs familles, sans que cela n’aie toutefois été consciemment en tant que classe, mais plutôt en tant que parents ou enfants. Pourtant, il était possible d’éveiller leur conscience. Un simple mot d’ordre des directions syndicales aurait suffi à donner une orientation au mouvement et à lui permettre de se développer davantage. Nous défendions qu’il fallait un appel à la grève générale et à la formation de comités d’action pour la préparer, ce qui l’aurait placée sous le contrôle de la base. Mais les directions syndicales étaient aussi effrayées que les politiciens par l’idée d’une grève générale.
Cette attitude a offert à l’establishment l’opportunité de récupérer le mouvement. Faute d’une direction de la part du mouvement syndical, ce sont les parents des enfants disparus, bien souvent contre leur gré, qui ont été proclamés porte-paroles et dirigeants du mouvement. Ils étaient présents dans tous les médias et, tout à coup, toutes les portes – jusqu’à celles du Palais royal ! – leur étaient ouvertes. L’establishment a fait tout son possible pour transformer la Marche blanche en un cortège apolitique où toute critique de l’establishment était interdite. Cela a été couplé avec la répression ad hoc ; nos militants qui, toute la semaine, s’étaient tenus à l’avant des manifestations ont brusquement et impitoyablement été arrêtés pour la simple raison qu’ils avaient des tracts. La liberté d’expression n’était pas permise. Cette récupération a conduit le mouvement à l’impasse.
Justice de classe pour servir les intérêts des riches
L’appareil judiciaire suit des règles et des lois qui servent les intérêts de l’establishment. Indépendamment de la composition ou de la structure exacte des tribunaux, il est certain que toutes les décisions doivent être en accord avec les règles qui protègent les privilèges du Capital. L’État bourgeois tel que nous le connaissons aujourd’hui ne fait que protéger le système capitaliste, dont il est d’ailleurs issu, malgré toute la rhétorique sur l’indépendance et l’impartialité de la Justice.
Sous le capitalisme, le principe central du système législatif est la protection de la propriété privée des moyens de production. Cela vaut aussi bien sur le plan du droit bourgeois (les dettes, les contrats, etc.) que sur le plan du droit pénal. Nous ne défendons clairement pas le fait que les comportements asociaux (tels que la violence, les cambriolages…) ne doivent pas être punis. Mais nous constatons que le droit pénal est appliqué de façon différente en fonction du milieu familial ou de la position sociale. Un grand fraudeur du secteur diamantaire peut bien plus se permettre qu’un simple ouvrier.
La “neutralité” du droit n’est pas évidente. Les règles sont les mêmes pour tous : riches ou pauvres. Voler une pomme est interdit, quand bien même tu crèves de faim. Mais grâce à toute leur technologie légale très chèrement payée, les riches s’en sortent généralement bien – il suffit de voir comment une personnalité telle que DSK se dépêtre aussi facilement d’une affaire de viol. Les décisions sont prises par des juges habituellement eux-mêmes issus du petit monde de l’élite. Beaucoup de juges ont toute une carrière d’avocat derrière eux et peuvent compter sur un revenu fort confortable. Il n’est pas question d’un contrôle démocratique de la Justice par la population.
Les véritables socialistes appellent au démantèlement de l’appareil judiciaire existant. Nous sommes en faveur de la formation de nouveaux tribunaux, avec des juges élus de manière démocratique par la majorité de la population et révocables à tout moment par la base.
Dans une société socialiste, le nombre de conflits diminuera. Aujourd’hui, la plupart des débats sont liées à des conflits sur la propriété. Les cas de criminalité et de comportement asocial seront évidemment punis, mais en gardant un œil sur la prévention de ce genre de comportement, et avec compensation du tort causé à la société. Une approche purement répressive ne résout rien et ne conduit pas à la baisse de la criminalité, comme le prouve la situation aux Etats-Unis. Nulle part ailleurs dans le monde il n’existe un tel pourcentage de la population en prison, sans que le pays ne devienne plus sûr pour autant.
“Tous sont égaux devant la loi”. Certains plus que d’autres…
Exagérons-nous lorsque nous parlons de Justice de classe ? Penchons-nous seulement sur un cas récent.
Selon une estimation faite en Suisse, le secteur du diamant à Anvers a fraudé pour un montant d’au moins 700 millions d’euros. La chance que cela entraîne une condamnation est proche de zéro. Cette fraude est presqu’aussi grande que celles de Beaulieu (du patron du textile De Clerck) et de la KB-Lux prises ensemble – ces deux entreprises ayant chacune fraudé pour environ 400 millions d’euros, sans condamnation. Moralité : pas de soucis pour les gros profits. Faites bien attention à payer vos amendes de circulation, mais dormez tranquille si vous fraudez pour 700 millions d’euros.
Les fraudeurs diamantaires peuvent compter sur leurs soutiens politiques. À Anvers, ce secteur dispose de son propre échevin : Ludo Van Campenhout (N-VA, ex-VLD). Celui-ci a déclaré que l’affaire “a été exagérée par les médias” et que des mesures “très strictes” ont été prises. L’échevin des diamantaires fraudeurs veut empêcher toute possibilité d’enquête. Quant au secrétaire d’État à la lutte contre la fraude (Carl Devlies, CD&V) : ‘‘Il y a déjà beaucoup de mesures, et je pense qu’elles sont suffisantes’’. Pour le secteur du diamant et les autres fraudeurs, ces mesures paraissent effectivement suffisantes.
Le secteur diamantaire a lui-même engagé de coûteux avocats pour obtenir les dossiers du fisc via le Conseil d’État. Ainsi, le secteur veut savoir ce que le fisc sait, afin de pouvoir ensuite conclure un accord avec lui. Voilà comment les riches lavent leur linge sale en famille.
Quand les hauts magistrats d’Anvers déclarent au début de l’année judiciaire que la sécurité sociale est affaiblie par la forte augmentation du travail au noir, ils ne s’attaquent pas aux organisateurs de ces circuits illégaux. Ils se limitent à des appels pour s’en prendre à l’afflux de travailleurs immigrés, les victimes des circuits occultes : les petites victimes du travail au noir sont embarquées tandis que les grands fraudeurs sont libres.
Petite parenthèse ; pour rester dans le cas d’Anvers, les pénuries sont énormes. Des crèches aux écoles, en passant par les loisirs, l’emploi et les services publics, de plus en plus de choses font défaut. De grandes parties de la population perdent pied, et deviennent des proies faciles pour les criminels (tels que les trafiquants de drogue). La politique de droite a conduit au chaos et la réponse pour chaque proposition du type de créer de véritables emplois avec un salaire décent – ou investir dans de véritables logements de même que dans l’enseignement – est invariablement qu’il n’y a “pas de moyens”. Mais qui oserait encore le dire maintenant que l’on sait que les diamantaires peuvent tranquillement frauder pour 700 millions d’euros ?
Encore plus pourris
Notre niveau de vie est attaqué, l’establishment politique ne s’est fait remarquer ces dernières années que par ses chamailleries, la Justice ne s’occupe toujours que de défendre les intérêts des riches (qu’on pense seulement à l’affaire Fortis), et les médias inondent l’ensemble d’un flot de variétés abêtissantes.
Les politiciens se trouvent à des lieues des réalités quotidiennes. En tant que parlementaires, ils gagnent 10.000 euro par mois et reçoivent des dédommagements jusqu’à 300.000 euros en plus d’une pension bien garnie (après seulement 20 ans de travail). Ensuite, ils peuvent boucler leur fin de carrière avec les postes lucratifs que leur proposent les grandes entreprises dans leurs conseils d’administration. L’indignation face au montant de la prime de départ de Sven Gatz en tant que député (300.000 euros) a bien illustré que le mécontentement envers les politiciens traditionnels est aujourd’hui exceptionnellement élevé. Qui croit encore ces politiciens ?
La Justice a été réformée ici et là. Des éléments de la structure ont été supprimés, mais son mode de fonctionnement de base n’a pas été touché. Cela reste aussi un petit univers en-dehors du monde, composé de “gens qui se connaissent”. La manière dont le palais de Justice de la place Poelaert à Bruxelles se dresse au-dessus du centre-ville, symbolise bien la situation. En 2009, on a découvert un vaste système de chantage et de corruption impliquant des avocats, des magistrats et des dirigeants d’entreprise autour de la juge De Tandt à Bruxelles. L’enquête à ce sujet a été perturbée pendant des années par le parquet-général, qui craignait que l’image de la Justice n’en soit ternie. Ces pratiques avaient notamment été révélées quand la juge De Tandt avait rendu un jugement dans l’affaire Fortis qui était un copier/coller d’un projet de condamnation émanant des avocats qui représentaient le gouvernement dans le procès. C’est tout à fait courant. Les syndicalistes savent bien que la justice se laisse facilement atteler au carrosse du patronat pour littéralement prendre le relais des requêtes unilatérales des avocats patronaux pour briser les grèves. Qui croit encore ces juges ?
Entre-temps, la confiance envers les médias est elle aussi en berne. Nous n’avons pas encore eu chez nous de scandales tels que celui de Murdoch au Royaume-Uni (les journalistes mouchardaient les téléphones de particuliers pour obtenir des scoops bien juteux). Le journal de Murdoch, News of the World, a dû fermer boutique. Chez nous aussi, de plus en plus de gens se posent la question : comment pouvons-nous encore croire ces journalistes ?
Au sommet de la police, de la Justice, du monde des affaires et de la politique, tout le monde se connait, des alliances mutuelles existent et vont plus loin que ce que l’on s’imagine d’ordinaire. En vertu du maintien de ces alliances, on joue de manière “créative” avec la législation et la juridiction. Même les interventions policières peuvent être ordonnées de manière elles aussi très créatives. La soi-disant séparation des pouvoirs est une idée plus théorique qu’autre chose, destinée à donner un semblant d’impartialité. Dans la pratique, l’ensemble de l’establishment est absolument uni en un seul grand cercle d’amis cernant les différents pouvoirs.
Dans le contexte d’un système en crise, des divergences d’opinion peuvent se développer au sommet. Mais le développement le plus important est celui d’une défiance croissante envers l’ensemble de l’establishment. Dans leur lutte pour un niveau de vie décent, les travailleurs et leurs familles entrent en confrontation avec cet establishment. Comme ce système n’offre aucun avenir décent à la majorité de la population, tout ce que nous pouvons faire est d’expliquer que ce système est pourri jusqu’à la moelle.
Le Mouvement blanc, 15 ans après
Un large mouvement spontané qui fait trembler l’establishment jusqu’à ses fondations – il y a 15 ans, c’était là un événement absolument exceptionnel. Aujourd’hui, dans le contexte de la vague de révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cela nous parait naturellement un peu moins spectaculaire. Il est pourtant important d’expliquer que chez nous aussi, il est possible de voir apparaitre un véritable mouvement, et que même pour des faits divers en apparence insignifiants, une explosion peut se produire. La vitesse et l’ampleur du Mouvement blanc sont une réponse à tous ceux qui pensent que rien ne se passe jamais dans notre pays, ou que les mouvements n’y sont pas à l’ordre du jour en ce moment. Les conditions pour un mouvement tel que celui de 1996 sont aujourd’hui beaucoup plus présentes. Il y a clairement encore plus de mécontentement, de sorte que la moindre goutte pourrait aboutir à des protestations de rues.
L’absence d’implication active de la direction syndicale a assuré que le mouvement garde un caractère flou quant à sa nature de classe. D’autres couches de la société ont également participé au mouvement. Mais cela est une donnée statique. Le patronat avait déjà décroché à partir du moment où les actions de grève ont commencé. Les classes moyennes avaient auparavant joué un rôle actif dans la diffusion d’affiches des enfants disparus et avaient une sympathie envers les actions, mais n’en avaient pas la direction.
Parmi les intellectuels, il y avait une certaine condescendance envers le caractère “populaire” de ce mouvement. C’est après la grève de Volkswagen à Forest que le mouvement a acquis un caractère de masse, et qu’il a été de plus en plus porté par les travailleurs et leurs familles. Le Mouvement blanc a également montré la force potentielle des travailleurs. C’est pourquoi il est essentiel pour les forces de gauche d’éveiller la conscience et de donner des perspectives au mouvement à partir d’une position de classe.
Le Mouvement blanc n’a pu être récupéré que parce que le mouvement ouvrier n’y a pas donné une direction consciente. Il manquait de mots d’ordre et d’une organisation appropriée. Là où il y avait une direction au mouvement, surtout à Gand, il y a eu une grande manifestation de 25.000 personnes et des slogans clairs tels que “Le système est pourri jusqu’à la moelle”.
Cela montrait le potentiel qui aurait pu se réaliser si seulement les directions syndicales s’étaient impliquées de manière active dans ce mouvement. Voilà pourquoi il est extrêmement important d’organiser les syndicalistes et militants actifs, tant sur le plan syndical que politique. Nous devons refonder tout un nombre de traditions du mouvement ouvrier, de sorte que lors de nouveaux moments décisifs, l’initiative ne puisse pas forcément être abandonnée pour être récupérée par d’autres forces.
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En Bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
‘Regardez la Chine’
Le samedi 3 septembre, dans cette rubrique, nous avions parlé de Roland Duchatelet, propriétaire du Standard de Liège et ancien élu du VLD (‘‘Envoyez les chômeurs au café !’’). La semaine dernière, ce néolibéral convaincu en a encore sorti de belles… Cette fois-ci, il était question de la politique et du modèle que représente la Chine. "Je me demande si les partis politiques n’ont pas fait leur temps. On ne trouve plus beaucoup de différences idéologiques. Tous les partis sont sociaux, écologistes et pour le marché libre. Ne serait-ce pas mieux de présenter aux électeurs des équipes de management ? (…) Regardez la Chine. Depuis des années, elle connaît une croissance économique de dix pourcents. La Chine n’est pas une démocratie. Elle fonctionne avec des équipes de management. Ils ne sont pas gênés par tout ce qui se dit dans les journaux et par les petits jeux politiques." Traduction : sans démocratie et sans médias, il serait bien plus facile d’imposer des politiques néolibérales et d’organiser des élections pour sauver les apparences. Tiens, quelle est au juste la différence avec ce que nous connaissons aujourd’hui ?
Un jeune sur cinq est au chômage en Europe
Partout en Europe pleuvent les plans d’austérité. Pendant ce temps, l’emploi est en berne, et les perspectives d’avenir pour les jeunes sont bien maigres. En juin, l’Union Européenne comptait plus de 5 millions de chômeurs de moins de 25 ans (ce qui devrait d’ailleurs encore empirer dans les temps à venir). En Grèce, 36% des 18-24 ans sont sans emploi, en Espagne, ils sont 44%.
Les travailleurs belges sont les plus stressés
Au moins 55% des travailleurs belges souffrent de stress au travail. Notre pays arrive donc au-delà de la moyenne européenne, qui est de 44%. Près de 20% sont au point d’arriver en plein burn-out, c’est-à-dire au point de ressentir des désordres mentaux et physiques à cause du stress. Il y a quatre ans, une étude similaire avait été réalisée. A l’époque, la Suède et l’Allemagne étaient devant la Belgique, qui est maintenant passée en tête.
Les riches sont prêts à donner l’aumône pour préserver leur richesse
Dans une carte blanche publiée dans le quotidien flamand De Standaard, l’écrivain hollandais Geert Buelens a abordé la question de ces riches qui veulent payer plus d’impôts. Il a à ce sujet fait référence à ce qu’avait déclaré George Soros dans le quotidien français Le Monde: "Warren Buffett est un investisseur talentueux et intelligent. Il pense à long terme et il sait comment défendre les intérêts des super-riches. Il réalise que si les riches ne font rien aujourd’hui, ils peuvent se retrouver avec l’opinion publique contre eux dans les années à venir. En termes moins diplomatiques, la révolte des masses est vraiment proche, et si nous voulons sauver notre peau, nous devons donner quelques cents. Warren Buffet est d’ailleurs rejoint par des collègues français, italiens et, en Belgique, par le Vicomte Etienne Davignon. Une lecture cynique (et probablement également très réaliste) de cet appel à l’auto-flagellation financière modérée est que ces messieurs cherchent uniquement à préserver leurs privilèges. Ils sont prêts à donner une aumône, à condition que le système financier auquel ils doivent leur richesse d’un autre monde reste inchangé." Il n’ya pas beaucoup à ajouter.
Pas de nourriture, mais des ordinateurs portables
Dans l’état indien de Tamil Nadu, les promesses électorales se limitent généralement à la distribution de cadeaux. Après les dernières élections régionales, chaque famille a ainsi reçu une télévision. Résultat: certains ont des logements à peine décents, mais ont une antenne au dessus de leur taudis pour regarder la télévision. Cette année, des élections régionales se sont à nouveau déroulées, et un autre parti est arrivé pouvoir. Le Premier ministre de l’Etat Jayalalithaa avait promis des ordinateurs portables gratuits. Résultat: le gouvernement va distribuer 912.000 ordinateurs portables cette année, et près de six millions en 4 ans. Les ordinateurs portables ont coûté au gouvernement environ 155 euros chacun. En attendant, rien n’est fait contre l’extrême pauvreté et la faim qui frappe l’Etat de Tamil Nadu. Un cinquième de la population (72 millions d’habitants) vivent sous le seuil officiel de pauvreté. Le gouvernement prétend faire quelque chose en distribuant pour 21 millions d’euros de chèvres et de moutons. Cette année, 100.000 familles pourraient bénéficier de cette mesure. Mais c’est la corruption qui va déterminer où vont parvenir les bêtes. Les pauvres des pauvres, les Dalits (intouchables) ne doivent pas s’attendre à la moindre amélioration. Cette semaine, lors d’une manifestation de Dalits, la police a tiré sur eux, et il y a eu des morts. Voilà l’attitude du nouveau gouvernement aux plus pauvres.
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En bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
Impossible de vivre avec 3000 euros par mois…
Jean Michel Javaux, coprésident d’ECOLO et bourgmestre d’Amay notamment, a été légèrement attaqué au sujet du cumul, thème particulièrement cher à son parti. Il s’est défendu en disant sur Twitter : "c pas un cumul…Vous pouvez ergoter mais bourgmestre d’une commune de -de 15000 habitants (et aucun autre mandat electif) oblige tous les échevins et exécutifs à avoir un boulot." Ce qu’il faut savoir, c’est que le salaire brut des bourgmestres a été revalorisé en 2011. Actuellement, il s’agit de 3.000 euros bruts par mois. Pour une ville comme Mons, il s’agit de 6.000 euros. ce qu’affirme donc en substance Mr Javaux, c’est donc qu’il n’est pas possible de vivre avec 3.000 euros par mois. Sur quelle planète vit-il? Très nombreux sont les travailleurs qui ne disposent pas de cela, et de fort loin d’ailleurs… Peut-être que nous pourrons à l’avenir voir ECOLO participer activement aux luttes pour de meilleurs salaires avec l’objectif de permettre à chacun d’avoir plus de 3.000 euros ?
De gauche, ECOLO?
Ce n’est pas la semaine de Javaux… WikiLeaks a publié un document qui est un rapport d’une discussion “confidentielle” entre le chef de file des ‘‘verts’’ et l’ambassadeur des Etats-Unis. Ce texte est limpide quant aux efforts effectués par l’homme fort d’ECOLO pour plaire à l’establishment, une rhétorique tout autre que celle qu’il utilise vers ses électeurs ou la base du parti… Morceaux choisis : Javaux aurait précisé que son parti n’est pas de gauche (Ecolo ‘‘bousculant les frontières entre les classes.’’) et aurait aussi déclaré que des militants sont issus de riches familles notamment liées à RTL ou Umicore (‘‘Il a un nombre étonnant de supporters clés parmi les riches familles industrielles belges, a-t-il expliqué.’’ou encore ‘‘Il explique que certains des militants Ecolo les plus importants viennent des familles riches qui contrôlent de grandes compagnies en Belgique, notamment RTL (une chaîne de télévision privée) et Umicore (un groupe chimique)’’). Javaux aurait aussi positivement parlé de l’implication de la Belgique dans les opérations militaires en Afghanistan (tout en admettant que ce sujet est sensible, surtout parmi les immigrés qui votent pour ECOLO) et aurait déclaré qu’il est important de travailler avec l’OTAN et l’ONU. Les centrales nucléaires pourraient aussi rester ouvertes plus longtemps. L’ambassadeur fait aussi remarquer que Javaux slalome entre les partis traditionnels et qu’il ‘‘ est bien possible que les verts créent la surprise en Wallonie en poussant des réformes qui ne sont pas nécessairement appréciées à gauche ou au centre.’’
Ce système est littéralement malade
165 millions de personnes en Europe sont atteintes de troubles psychiatriques ou neurologiques plus ou moins graves. C’est le constat auquel est arrivé le Collège européen de neuropsychopharmacologie après une étude réalisée sur 500 millions de personnes issues des 27 pays de l’Union Européenne. Un expert en santé mentale due l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que ‘‘c’est bun indicateur du stress de notre société, pas forcément de troubles psychiatriques’’. L’Etat de la santé mentale dans notre pays est lui-aussi préoccupant. En 2009, 263 millions de doses journalières d’antidépresseurs ont été vendues. Cette année-là, on estime qu’un Belge sur dix a pris des antidépresseurs, soit 1,1 million de personnes. Environ 5% de la population du pays est aux prises avec une lourde dépression.
‘‘Le pire de la crise de l’euro est encore à venir’’
Wolfgang Munchau du journal Financial Times ne fait pas dans la dentelle. ‘‘Je m’attends de ce fait à ce que la récession frappe la zone euro de plein fouet, et sans défense. Lorsque cela arrivera, la crise de l’eurozone ne sera pas belle à voir.’’ Pourquoi ? Il explique que chaque pays de la zone euro oublie qu’il fait partie d’un ensemble, et que ses actions ont un impact sur cet ensemble. Il se comporte comme une petite économie ouverte. Or, les plans de sauvetage ont besoin de la croissance pour jouer à plein. Celui de la Grèce, qui était déjà problématique au moment de sa rédaction, est compromis par la récession du pays. La stratégie de recapitalisation des banques est en train de s’effondrer avec le ralentissement économique. Cet été, la croissance semble s’être figée dans les pays de l’eurozone. Cela fait deux mois que les prêts consentis au secteur privé sont en berne. Les prévisions pour l’activité manufacturière sont en recul. Il critique aussi sévèrement les plans d’austérité de la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Irlande, qui retentissent sur l’ensemble de la zone euro.
Les dirigeants britanniques du Parti travailliste veulent être bien clairs: ils n’aiment pas les grèves
Que faire en tant que dirigeant politique d’un parti d’opposition sensé être auprès des travailleurs lors d’une interview concernant une grève des fonctionnaires si quand on ne soutient pas du tout cette grève ? On répète la même chose à chaque question…
Entre amis
Fin juin 2011, Filip Dewinter, porte-parole du Vlaams Belang, a participé à une réunion de la Lega Nord à Pontida, près de Bergamo. Il y a notamment rencontré Francesco Speroni (à l’extrême droite de la photo). Un mois plus tard, ce même Speroni expliquait que Breivik n’avait fait que défendre la civilisation occidentale avec son massacre…
Rions un peu avec les riches (en anglais)
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Nouvelle campagne de la FGTB wallonne: “Où est passé l´argent?”
A la veille du Premier Mai, fête des travailleurs, la FGTB wallonne a présenté sa nouvelle campagne "Où est passé l’argent?". La réponse est claire et a donné le nom du site internet de la campagne (www.danslapochedesactionnaires.be), cette succédant à la campagne ‘‘le capitalisme nuit gravement à la santé’’ lancée en 2008.
Par Nicolas Croes
Le tract de la campagne commence par le titre ‘‘C’est pas la crise pour tout le monde!’’ et explique très justement : ‘‘Contrairement aux idées reçues, nous vivons dans un pays de plus en plus riche. Chaque année, les richesses produites (par les travailleurs !) ne font qu’augmenter. Pourtant, les travailleurs ne reçoivent pas leur juste part du gâteau. Depuis 30 ans, les actionnaires captent une proportion de plus en plus importante de ces richesses. Rien que pour 2010, ce sont 20 milliards € supplémentaires qui se sont retrouvés… dans la poche des actionnaires !’’ Par la suite, il dénonce le résultat en termes de ‘‘Chômage, austérité, pouvoir d’achat en berne, attaques contre la Sécurité sociale et les services publics, fiscalité injuste, hausse des prix des matières premières et de l’énergie…’’
Au-delà de la dénonciation, la FGTB wallonne plaide pour un meilleur pouvoir d’achat par le maintien de l’indexation automatique des salaires, l’augmentation des salaires bruts et du salaire minimum et la suppression des discriminations touchant les jeunes. Il est aussi question de renforcer la sécurité sociale (‘‘sans elle, un Belge sur trois serait pauvre’’) afin de notamment augmenter les allocations sociales (pension, invalidité, chômage…) et d’instaurer leur réelle liaison au bien-être. Troisièmement, afin de lutter contre le chômage qui frappe 750.000 personnes dans notre pays, la campagne défend les 32 heures de travail par semaine avec réduction collective du temps de travail, maintien du salaire et embauche compensatoire. Enfin, la FGTB wallonne veut renforcer les services publics en stoppant le processus de privatisation et en renationalisant des secteurs clés comme l’énergie, la Poste,…
La FGTB wallonne explique également comment financer ces mesures et met en avant la limitation des revenus des actionnaires, des grands patrons et des traders (‘‘taxation des plus-values boursières, plafonnement des revenus des actionnaires, instauration d’un salaire maximum,…’’), en luttant contre la fraude fiscale, en supprimant la déduction des intérêts notionnels, en instaurant une ‘‘juste perception de l’impôt des sociétés’’ (la FGTB wallonne rappelle que n’importe quel pensionné paye plus d’impôts qu’Electrabel ou Inbev aujourd’hui…) et en contrôlant le système financier et bancaire par la création d’une banque publique régionale, par l’instauration d’une taxe sur la spéculation, par la suppression des ‘‘paradis’’ fiscaux, etc.
Que faire du secteur financier ?
Le PSL se retrouve pleinement dans différentes revendications portées par la FGTB wallonne dans cette campagne, tout comme dans la précédente, notamment concernant la question de la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, une revendication que nous avons eu l’occasion de défendre en plusieurs occasion ensemble avec les Jeunes-FGTB, comme dans les comités de ‘‘Jeunes en lutte pour l’emploi’’. Mais, tout comme à l’époque du lancement de la campagne ‘‘le capitalisme nuit gravement à la santé’’, nous regrettons que ne figure pas la revendication de la nationalisation d’un secteur aussi crucial que le secteur financier.
L’actualité récente (la catastrophe de BP dans le Golfe du Mexique l’an dernier ou encore celle de Fukushima en mars) a démontré de façon on ne peut plus limpide que laisser un secteur aussi important que celui de l’énergie dans les mains du privé est une aberration totale. Nous soutenons ainsi l’exigence portée par la FGTB de "la renationalisation de la production nucléaire" et plus encore celle de la FGTB wallonne d’aller carrément vers la nationalisation de tout le secteur de l’énergie.
Mais – lorsque nous regardons la dégradation sociale dans les quartiers pauvres de nos villes ou la pauvreté cachée à la campagne, lorsque nous constatons l’état dans lequel doivent vivre de très nombreux pensionnés, personnes handicapées, malades chroniques, jeunes et moins jeunes sans emplois,… – il nous semble que la crise économique, la pire crise du capitalisme depuis les années ’30, est elle aussi une catastrophe. Elle démontre, tout aussi clairement que celles de BP ou de Fukushima concernant le secteur de l’énergie, que le secteur financier doit être placé hors des mains du privé, dans celles de la collectivité.
La création d’une banque publique régionale ne résoudrait rien à la crise, et n’empêchera pas de nouveaux problèmes au secteur financier. Une petite île, régionale qui plus est, dans un océan où le marché dicte ses lois se ferait engloutir au bout d’un moment, comme ce fut le cas dans le passé avec la CGER. Les débuts de la nouvelle Caisse d’Investissements de Wallonnie (CIW) illustrent aussi cela. La CIW a accusé une perte de 1,26 million d’euros pour l’année 2010 et de 1,3 million en 2009. Il est vrai que l’Union Européenne a longtemps bloqué le projet, mais les souscriptions, qui avaient pour objectif d’atteindre les 300 millions d’euros, n’ont récolté que 81 millions. Entre autres problèmes, pour les entreprises, la CIW n’est pas concurrentielle avec d’autres aides, un problème qui reviendra systématiquement dès lors que l’on se base sur la logique du marché et sa soif de profits à court terme.
‘‘Le capitalisme n’est pas l’ordre naturel des choses’’
C’est ce qu’on pouvait à l’époque lire dans le tract de la campagne ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’. Mais nous avions déjà à ce moment l’impression que la FGTB n’y croyait pas vraiment. Dans la tête des dirigeants, il s’agissait plutôt d’un système capitaliste fortement régulé que d’une rupture avec le capitalisme, ce que Thierry Bodson, secrétaire général de l’interrégionale wallonne de la FGTB, disait en ces termes : "Je ne plaide pas pour l’instauration d’une économie planifiée. Mais il faut que la machine économique soit nettement plus régulée." (La Libre, 26 février 2009).
A l’époque, nous avions déjà écrit ”Nous ne sommes pas contre d’autres revendications portées par cette campagne comme la "traçabilité" des flux financiers internationaux, la mise sur pied d’autres indicateurs que le PIB pour mesurer la création de richesses ou encore le contrôle des publicités mensongères à propos des produits financiers. Mais ces mesures, en acceptant de laisser une part non négligeable du contrôle de la société dans les mains des capitalistes, cherchent à concilier des intérêts aussi diamétralement opposés que ceux des travailleurs et ceux de la bourgeoisie.” (Une campagne bienvenue de la FGTB wallonne, mais comment la faire aboutir ?)
Aujourd’hui, cette lacune, selon nous, reste présente, mais avec un ton que nous trouvons peut-être trop timide. Alors que l’on pouvait lire en 2008 ‘‘Aujourd’hui, libéralisme et capitalisme ont un genou à terre. C’est le moment ou jamais de contre-attaquer pour les empêcher de nuire à nouveau’’, on trouve maintenant dans ‘‘Où est passé l’argent’’ des attaques moins ambitieuses, contre le ‘‘dérapage actionnarial qui handicape la relance économique, freine les augmentations de salaire et la création d’emplois’’ (à lire dans la brochure de présentation de la campagne).
Instaurer un rapport de force
On peut aussi lire dans la brochure de la campagne que ‘‘Les luttes sociales ont permis une réduction progressive de la durée de travail : de 12h/jour, 7 jours sur 7 au début du XXe siècle, pour finalement arriver à 40h/semaine en 1974.’’ Il est fort utile de rappeler que nos acquis sociaux sont le fruit de luttes et de mobilisations, d’un rapport de force établit par l’organisation et l’action collectives des travailleurs. Aujourd’hui aussi, c’est en construisant ce rapport de force dans la rue et au travail que l’on pourra non seulement préserver nos acquis, mais aussi récupérer ce qui nous a été volé et même changer de société.
En 2008, le tract de la campagne de la FGTB wallonne disait ‘‘Partout en Europe et dans le monde, la crise ravive des mouvements de contestation de ce modèle qu’on pensait incontournable. Le vent tourne…’’ Il est regrettable de ne plus retrouver de références de ce type maintenant, surtout après le processus révolutionnaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et les mobilisations gigantesques que nous avons connu depuis 2008, souvent les plus importantes depuis des décennies (au Royaume-Uni, au Portugal, en Espagne, aux Etats-Unis,…).
Pour illustrer ses propos, la FGTB wallonne se réfère à la lutte récente contre l’Accord interprofessionnel : ‘‘Les travailleurs payent la crise de toutes parts ! Et aujourd’hui, on ose encore nous parler de « dérapage salarial » ? Dans le dernier projet d’accord interprofessionnel, rejeté par la FGTB, le patronat n’a pas voulu lâcher plus de 0,3% d’augmentation en 2012… soit 6€ pour un salaire de 2.000€ bruts ! Quel élan de générosité !’’ Mais il y a beaucoup à dire sur la manière dont la lutte syndicale a été organisée à l’occasion de cet AIP, rejeté par la majorité des syndicalistes des syndicats socialiste, chrétien et libéral, même si seuls la FGTB et la CGSLB ont respecté cette majorité.
Le rôle de la direction de la CSC a été scandaleux, il est vrai. Mais, à la FGTB aussi, certains de nos dirigeants ont été loin d’être à la hauteur de l’enjeu. Ainsi, face à la norme salariale scandaleuse de 0,3% pour 2012, les manifestations et actions régionales ont été désorganisées, sans mot d’ordre clair donné suffisamment longtemps à l’avance par les directions syndicales et sans véritable plan d’action, malgré la volonté de lutte très clairement présente à la base. Maintenant, le débat sur l’AIP a été renvoyé aux négociations sectorielles, où il faut dorénavant combattre pour dépasser la norme dans le plus de secteurs possibles.
Dans le cadre des protestations contre l’AIP, le SETCa et la Centrale Générale ont fait la tournée des partis traditionnels les 6 et 17 mars derniers : aucun parti n’a pris position pour les revendications syndicales, tous ont soutenu la proposition d’AIP. Pense-t-on que les revendications portées par la campagne ‘‘Où est passé l’argent ?’’ vont se réaliser en allant trouver ces partis ?
Dans le cadre de la campagne ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’, Thierry Bodson avait expliqué lors d’une émission de Matin Première que : "(…) Je pense que ce qu’il faut pour une organisation syndicale comme la FGTB, c’est réussir à peser de tout son poids sur les partis politiques qui existent aujourd’hui à gauche et, à ce niveau-là, on constate que, la crise aidant, on a parfois une oreille un peu plus attentive, en effet, de la part du Parti socialiste et même d’Ecolo, que ce qu’on a eu par le passé et notamment par rapport aux propositions qui sont faites ici…" Cette idée est largement répandue, mais nous pensons toutefois que ce qui s’est produit depuis – notamment dans le cadre de l’AIP – a largement démontré que cette ‘‘oreille attentive’’ est bouchée. Nous ne pouvons plus accorder la moindre confiance envers les partis établis pour satisfaire les revendications syndicales.
Les discours, c’est bon, passons au plan d’action !
Joignons les actes à la parole et organisons notre colère ! Tous les secteurs connaissent les dégâts de la ‘‘logique’’ de marché. Le patronat et leurs partis veulent nous faire payer la crise une troisième fois après les pertes d’emplois et le sauvetage des banques. Il est nécessaire de s’opposer à leurs plans de façon organisée, et les syndicats sont les meilleurs instruments pour ce faire.
Une large campagne d’information et de sensibilisation est un bon atout, un atout de poids, mais seule, elle n’est rien. Pour véritablement être une arme aux mains des travailleurs, elle doit être couplée à un plan d’action, à un agenda réfléchi d’actions allant crescendo.