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Frontière Bélarus / Pologne : Les réfugiés traités comme des animaux sur fond d’accroissement des tensions impérialistes

Foto: Flickr/premierrp Déclaration commune de membres d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) de Pologne, du Bélarus, de Syrie et de Russie concernant la crise à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, alors que des milliers de réfugiés sont pris dans un no man’s land entre les deux pays, aux portes de l’Union européenne.
Depuis des semaines, une crise se développe à la frontière entre le Belarus et la Pologne, où des milliers de réfugiés fuyant la guerre et les conflits en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Yémen et ailleurs sont pris dans un no man’s land entre les deux pays, à la frontière de l’Union européenne. Le 16 novembre, des affrontements ont éclaté lorsque la police polonaise a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et peut-être même des grenades assourdissantes contre les réfugiés.
Des milliers de gardes-frontières du Bélarus poussent les réfugiés à avancer. Deux avions à capacité nucléaire et des parachutistes russes ont été déplacés dans le pays. Du côté polonais, l’état d’urgence a été décrété dans les régions frontalières, où 15.000 soldats assurent le maintien de l’ordre avec le soutien technique de l’armée britannique. La présence britannique est perçue comme un camouflet pour l’UE, le gouvernement polonais ayant refusé l’aide de la force frontalière “Frontex” de cette dernière. La Lettonie et la Lituanie ont également envoyé respectivement 3.000 et 5.000 soldats à leurs frontières avec le Belarus et ont commencé à construire des centaines de kilomètres de clôtures en fil de fer barbelé de trois mètres de haut le long de celles-ci.
Des conditions infernales
Les conditions sont infernales. De nombreux réfugiés vivent dans la forêt par des températures inférieures à zéro. Ils disent ne pas avoir de nourriture et devoir boire l’eau des rivières. Les gardes-frontières bélarusses tentent de forcer des milliers de personnes à entrer dans une zone d’exclusion de 3 kilomètres de large, derrière une clôture en fil de fer barbelé établie par la police polonaise, les laissant dans les limbes du XXIe siècle. Un réfugié kurde a décrit comment les gardes biélorusses « nous frappaient avec des bâtons de bois, ils nous donnaient des coups de pied et des coups de poing, pas seulement moi mais aussi des femmes et des enfants » pour les empêcher de rentrer au Bélarus.
Dans cette zone d’exclusion, la loi martiale est en vigueur. Les travailleurs humanitaires et le personnel de soin sont empêchés d’apporter de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des couvertures, etc. aux réfugiés. Les journalistes ne peuvent pas non plus pénétrer dans la zone pour rendre compte de la situation, ce que le gouvernement justifie par la garantie de leur sécurité. Jaroslaw Kaczyński, chef du parti polonais “Droit et Justice”, affirme que cela est dû au fait qu’une grande partie des médias ne font que répéter la propagande de Loukachenko, alors qu’en réalité ils ne font que dénoncer la brutalité et l’illégalité des actions de l’État polonais. Bien que la zone constitue une grave violation des libertés civiles, avec des restrictions de mouvement imposées aux citoyens polonais, les autorités autorisent la chasse à l’arme à feu près de la frontière ! Cette mesure est interprétée du côté bélarusse comme un feu vert accordé à la chasse aux réfugiés.
Un réfugié syrien qui buvait de l’eau sale et mangeait des restes d’arbres a tenté à trois reprises de repasser au Bélarus, mais il a été battu par les gardes-frontières. Il a fini par être tellement malade que la police polonaise a dû l’envoyer à l’hôpital, où il craint maintenant de revenir, car ils le renverraient dans la zone d’exclusion. D’autres rapports indiquent que les gardes-frontières polonais ont utilisé des électrochocs contre les réfugiés. Lorsque les premiers réfugiés sont morts dans les bois polonais, leurs corps ont été traînés par les gardes polonais de l’autre côté de la frontière, au Bélarus.
Le nombre de réfugiés décédés a déjà atteint deux chiffres, et comme le temps se refroidit rapidement, il risque encore d’augmenter. Parmi eux, un nombre inconnu d’enfants. Ces enfants et leurs mères sont confrontés à des conditions particulièrement difficiles. Selon un secouriste : « La première fois que nous avons vu des enfants dans les bois, nous avons été choqués. Nous avons vu une femme accroupie en train d’allaiter un petit bébé au milieu de la nuit, et un autre enfant de trois ans debout à côté d’elle. Nous n’arrivions pas à nous sortir cette image de la tête : une femme perdue, abandonnée, allaitant son bébé avec deux enfants dans une forêt froide au milieu de nulle part. » Selon certains rapports, les femmes et les enfants sont poussés au front afin de servir de bouclier humain.
Une crise causée par l’impérialisme
Comme pour la crise de 2015, cette vague de réfugiés résulte de la dévastation et de la violence causées par les interventions impérialistes en Syrie, en Irak et au Yémen. Le récent retrait humiliant de l’impérialisme américain après ses vingt ans d’occupation de l’Afghanistan a laissé encore plus de personnes tentant d’échapper à l’aggravation des conditions de répression et à la menace de famine.
La situation réelle en Syrie, par exemple, est mise en évidence par la conférence de deux jours soutenue par la Russie qui s’est tenue à Damas la semaine dernière dans le but de « faciliter le retour de millions de réfugiés syriens » dans le pays. De nombreux pays ont refusé d’y participer tandis que l’Union européenne a déclaré que « la situation en Syrie n’était pas encore sûre pour les retours ». L’intervention russe à Idlib a créé une crise des réfugiés dans cette ville, tandis que la Turquie a créé des problèmes dans d’autres régions du nord de la Syrie. L’impérialisme occidental et le gouvernement Assad ont réussi à créer des réfugiés dans tout le pays.
Là où il y a la guerre, il y aura toujours des réfugiés, en particulier ceux qui tentent d’éviter les combats. Certaines oppositions syriennes qui se rangent aujourd’hui du côté de la contre-révolution affirment que les réfugiés actuellement bloqués à la frontière ne devraient pas être aidés car ils n’ont pas participé à la lutte contre Assad. Nous rejetons l’argument selon lequel les réfugiés ne méritent pas d’être aidés parce qu’ils n’ont pas rejoint l’opposition à Assad. Beaucoup de ceux qui ne l’ont pas fait étaient motivés par leur méfiance à l’égard des islamistes de droite et des autres forces réactionnaires de l’opposition. Il s’agit d’une crise humanitaire qui exige une solution reposant sur l’unité des travailleurs et des pauvres.
L’impérialisme et l’UE en particulier n’ont pas cherché à résoudre la catastrophe humanitaire, mais à empêcher les réfugiés d’atteindre l’Union européenne. En essayant de s’échapper, les réfugiés ont été victimes de l’exploitation pure et simple du système capitaliste lui-même. Des profiteurs sans scrupule ont vu le jour et proposent des visas et des voyages à des prix exorbitants.
Un groupe de Syriens a remis 5.000 dollars chacun à un “intermédiaire” de Damas pour un voyage organisé censé inclure un séjour de dix jours dans un hôtel de Minsk. Une fois au Bélarus, leur contact a coupé toute communication avec eux. “Ce salaud nous a menti”, a commenté l’un d’eux. “Il avait promis un hôtel pour dix jours, mais dix d’entre nous se sont retrouvés entassés dans une minuscule chambre à côté d’un bordel pour seulement trois nuits. Et maintenant, il ne répond plus au téléphone.” Les hôtels font payer des milliers de dollars pour rester – comme l’a commenté un administrateur d’hôtel : “C’était très calme pendant la pandémie. Les touristes ne venaient plus, mais maintenant c’est occupé tous les jours. C’est bon pour les affaires”. Les taxis facturent des centaines de dollars pour les trajets vers la frontière.
Mais d’autres ne voient pas cette crise humanitaire comme une source de profit. Du côté polonais de la frontière, des familles sont prêtes à nourrir et à réchauffer des réfugiés désespérés. Ces derniers mois, des villes et des régions allemandes, comme Munich, ont déclaré qu’elles étaient prêtes à accueillir des réfugiés d’Afghanistan. Loukachenko en profite pour dire qu’il peut organiser un vol direct pour les réfugiés vers Munich. Ceux qui sont arrivés en Allemagne après la crise précédente n’ont cependant pas trouvé la vie facile. Seule la moitié d’entre eux ont obtenu un emploi, une situation aggravée par la pandémie, tandis que beaucoup ont été victimes d’attaques xénophobes.
L’Europe forteresse
Néanmoins, ces tentatives d’aide contrastent fortement avec l’approche des responsables européens, qui se concentrent sur le renforcement de la “forteresse Europe”. Lorsqu’en 2015, le Hongrois Viktor Orban a construit un mur pour empêcher les réfugiés d’entrer en Hongrie, la sympathie massive du public pour les réfugiés a obligé l’UE à le critiquer. Aujourd’hui, les gouvernements européens soutiennent ouvertement le financement commun des murs et clôtures extérieurs. La longueur des murs frontaliers prévus en Europe de l’Est a déjà atteint 1200 kilomètres, soit huit fois la longueur du célèbre mur de Berlin !
Les réfugiés se retrouvent au milieu du conflit entre les puissances impérialistes. À un certain niveau, il s’agit d’une guerre des mots. Le président bélarusse Loukachenko accuse l’Occident de mener une “guerre hybride” contre son pays, une affirmation reprise par le gouvernement polonais à son encontre, tandis que les dirigeants européens l’accusent de “militariser” la crise. Voilà qui agace les réfugiés : ils nient être des “armes”, ils sont, disent-ils, des êtres humains “ici pour vivre, pas pour se battre.” Les régimes des deux côtés de la barrière traitent les réfugiés comme s’ils n’avaient aucun droit, comme un problème à résoudre. Mais les réfugiés eux-mêmes doivent avoir leur mot à dire sur leur propre avenir.
Cette crise reflète les contradictions qui se développent au sein même de l’Union européenne. Le gouvernement polonais de droite populiste et anti-immigrés a récemment fait adopter par sa Cour constitutionnelle une décision déclarant que les lois polonaises l’emportent sur celles de l’Union européenne.
Mais en ce qui concerne le différend frontalier, l’UE soutient pleinement la position anti-immigration du gouvernement polonais et les tentatives de la police polonaise de repousser les migrants vers le Belarus. Cette attitude est en contradiction directe avec le droit international et avec la politique d’asile récemment modifiée de l’UE, qui promet une décision rapide sur le statut de réfugié et un processus d’examen préalable à l’entrée. Cela ne devrait pas être une surprise car l’UE a déjà soutenu le refoulement des réfugiés qui tentent de traverser la Méditerranée ainsi que dans ses négociations avec le président turc Erdogan. L’UE n’est pas gouvernée, comme elle le prétend, par des “valeurs humanitaires”, mais utilise les réfugiés comme des pions dans sa lutte de pouvoir avec Lukashenko et Poutine. Elle est également tout à fait consciente de la nature antidémocratique et de plus en plus autoritaire du gouvernement polonais, mais est tout à fait heureuse de fermer les yeux sur ce fait, car le régime fait son “sale boulot”.
Le chantage de Loukachenko
Il ne fait cependant guère de doute que le président autoritaire du Belarus, Alexandre Loukachenko, a alimenté la crise. Les “agences touristiques” qui ont encouragé les réfugiés à se rendre au Bélarus bénéficient d’un soutien officiel et utilisent même une procédure de demande de visa simplifiée. Nombre d’entre eux se sont rendus à Minsk sur des vols de la compagnie aérienne publique Belavia, bien que celle-ci ait annoncé qu’elle ne transporterait pas de passagers en provenance d’Irak, de Syrie et du Yémen. Une fois à Minsk, les réfugiés ont été aidés à se rendre à la frontière et les troupes bélarusses auraient utilisé des lasers et des stroboscopes pour distraire les gardes polonais lorsque les réfugiés tentaient de passer.
La crise sert en partie de diversion aux problèmes réels de la société bélarusse après le soulèvement de l’année dernière contre Loukachenko. Après l’échec du mouvement visant à le destituer, une répression massive s’est abattue sur le Belarus. Des milliers de militants de l’opposition ont été arrêtés, d’autres ont été licenciés et beaucoup ont fui à l’étranger, dans des pays comme la Pologne et la Lituanie. Le caractère de Loukachenko est tel qu’il voit clairement dans cette situation une occasion de se venger de la Pologne et de l’UE pour leur soutien à l’opposition bourgeoise libérale qui était à la tête des manifestations de l’année dernière. Mais il s’en sert également pour faire pression sur l’UE afin qu’elle lève les sanctions qu’elle a imposées, avec l’argument que si l’UE prend de nouvelles mesures, il déclenchera une vague de réfugiés. Ses actions actuelles ont l’avantage supplémentaire de rendre les frontières du Belarus plus difficiles à franchir pour les opposants qui tentent d’échapper à sa colère.
Le soutien de la Russie
Si derrière la Pologne se tient l’UE, derrière le Belarus se trouve la Russie. Les tensions entre les puissances impérialistes ont augmenté de façon spectaculaire ces derniers mois. En juillet, un avion russe a même largué quatre bombes pour faire dévier un navire britannique de sa route en mer Noire. Les disputes se poursuivent au sujet de l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe, et l’Allemagne a de nouveau refusé de certifier le gazoduc NordStream 2. L’OTAN, le chef de la CIA et de hauts responsables britanniques, ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, se livrent à des manœuvres au sujet de la menace que représente la Russie pour l’Ukraine, des déclarations que le Kremlin utilise pour attiser le sentiment anti-occidental dans le pays.
Le Kremlin a démontré à plusieurs reprises qu’il était prêt à lancer des attaques militaires pour détourner l’attention des problèmes intérieurs. Ceux-ci sont actuellement nombreux. Le pays a connu une quatrième vague dévastatrice de la pandémie avec l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde, tandis que l’économie et le niveau de vie stagnent. Toutefois, à l’heure actuelle, les coûts militaires, économiques et sociaux d’une attaque contre l’Ukraine seraient trop importants pour que le Kremlin prenne un risque inutile. Il préférerait plutôt utiliser son renforcement militaire actuel à la frontière ukrainienne et son soutien à Loukachenko pour faire pression sur l’Occident dans l’espoir de l’empêcher de prendre de nouvelles mesures.
Dans le même temps, le processus visant à résoudre le conflit gelé dans l’est de l’Ukraine n’a pas progressé. Le président ukrainien populiste Volodymyr Zelinskiy a vu sa cote de popularité tomber à des niveaux records et son soutien au sein de l’élite dirigeante s’effriter. Il a promis de résoudre le conflit avec les deux républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk d’ici la prochaine élection présidentielle, en 2024, et les faucons ukrainiens le poussent à provoquer la Russie dans une confrontation militaire. L’instabilité de la région est démontrée une fois de plus par une nouvelle série de combats autour du Haut-Karabakh cette semaine.
De la même manière, la Russie ne veut pas que Loukachenko aille trop loin dans son conflit avec l’Occident, surtout si cela affecte l’économie russe. Lorsque Loukachenko a menacé de couper l’approvisionnement en gaz de l’Europe, le Kremlin a rapidement dénoncé cette menace. La crainte du Kremlin est que Loukachenko se soit créé un problème, qu’il ne puisse faire marche arrière dans cette confrontation sans perdre la face. Comme l’a dit Lukashenko lors d’une réunion du gouvernement : “Ils nous font peur avec les sanctions. Bien, voyons voir. Ils pensent que je plaisante, que j’agite ma langue. Il n’en est rien. Nous allons nous défendre. C’est tout, nous n’avons nulle part où nous retirer”.
Si Loukachenko perdait la confrontation et que l’opposition libérale se renforçait, la Russie pourrait même être contrainte d’intervenir au Belarus même.
Nos revendications
Comme la plupart des crises qui frappent actuellement le monde, celle-ci est complexe, intensément internationale et, à la base, causée par le capitalisme et les conflits impérialistes. Pour mettre fin à la crise actuelle, nous avons besoin de solidarité et d’organisation pour exiger
- La fourniture immédiate de nourriture, de vêtements, d’abris et de services médicaux pour toutes les personnes actuellement piégées à la frontière ;
- La liberté pour les journalistes de faire des reportages dans la région, y compris dans la zone frontalière et avec la réintégration de tous les journalistes licenciés par le régime bélarusse ;
- Le retrait des gardes-frontières, des troupes et de la police des deux côtés de la frontière et la levée de la zone d’exclusion, afin de permettre aux organisations humanitaires d’aider les réfugiés et de gérer leur passage en toute sécurité vers un abri et un endroit chaud ;
- Un soutien international organisé et contrôlé par les syndicats, les organisations de réfugiés et de défense des droits de l’homme, ainsi que par les réfugiés eux-mêmes et la population locale pour organiser et contrôler le processus de démilitarisation de la région frontalière et gérer l’aide aux réfugiés ;
- L’acceptation immédiate de ces réfugiés dans l’Union européenne, avec l’examen rapide de toutes les demandes d’asile et l’octroi du statut de réfugié ou d’autres statuts légaux, permettant de voyager sans entrave vers le pays de leur choix ;
- La fourniture de logements et d’emplois stables, l’accès à l’éducation et aux soins de santé pour tous.
Il s’agit toutefois de revendications qui répondent aux problèmes immédiats de ceux qui souffrent à la frontière bélarusse/polonaise.
Nous rejetons toute tentative de dresser les réfugiés contre la population locale. L’argent utilisé pour l’appareil militaire et policier afin de “sécuriser” les frontières devrait plutôt être utilisé pour assurer la sécurité des réfugiés. Les profits réalisés par les compagnies pétrolières et les fabricants d’armes grâce aux conflits au Moyen-Orient devraient être récupérés et utilisés pour reconstruire les économies de cette région.
La richesse des riches en Europe et dans le monde, générée par l’exploitation des pays plus pauvres et de la classe ouvrière dans le monde, devrait être utilisée au profit de tous. Nous comprenons que ce n’est pas une solution “facile” – mais c’est la seule vraie solution car, sans une transformation économique et sociale radicale de ces pays, aucune frontière, aucune police, aucun fil barbelé ne suffira à empêcher les réfugiés désespérés de tenter de s’enfuir.
Les sanctions actuellement utilisées par l’impérialisme américain et européen contre les régimes autoritaires du Bélarus, de Russie, de Syrie et d’Irak sont inefficaces, nuisent au niveau de vie des travailleurs et des jeunes, tout en affectant à peine l’élite dirigeante. Elles permettent aux régimes de dépeindre le pays comme étant politiquement “assiégé” par les gouvernements occidentaux, tout en rejetant les difficultés économiques sur les sanctions elles-mêmes. Des sanctions efficaces commenceraient par l’ouverture des comptes des riches et de l’élite dirigeante de ces pays pour révéler qui sont leurs amis et collaborateurs dans d’autres pays, avec l’expropriation de leurs richesses. Cela ne sera possible que par l’action indépendante du mouvement ouvrier mondial.
En effet, une lutte plus large de la classe ouvrière basée sur la solidarité internationale est nécessaire contre les causes profondes de cette crise – contre le régime autoritaire d’Aleksander Lukashenko au Bélarus et le gouvernement réactionnaire “Droit et Justice” en Pologne, ainsi que contre les politiques impérialistes des États-Unis, de l’UE, de la Russie et d’autres pays qui ont provoqué la catastrophe dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et le Yémen – en d’autres termes, une lutte contre le capitalisme mondial et pour une société socialiste internationale et démocratique.
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Appel à la solidarité d’un comité de grève de mineurs au Bélarus
L’une des grèves les plus efficaces du Bélarus a eu lieu à Belaruskali, où les mineurs produisent un cinquième de l’approvisionnement mondial en potasse. Suite à cela, cinq membres du comité de grève ont été arrêtés et sont depuis lors en prison. Le comité de grève a envoyé un appel à la solidarité.Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) a parlé avec Petr Pechkurov, du comité de grève de Belaruskali
Depuis le début du mois d’août, et la proclamation du résultat frauduleux des élections qui a vu Alexandre Loukachenko revendiquer la victoire, les protestations de masse ont secoué le Bélarus. Les manifestants ont fait face à la violence, à la répression et aux arrestations. Lorsque les travailleurs de plus d’une centaine d’usines ont mis en place des comités de grève et sont partis en grève, ce fut un tournant dans les protestations. Le régime policier a alors été contraint d’adoucir sa violente répression. L’une des grèves les plus efficaces a eu lieu à Belaruskali, dans la ville de Soligorsk, où les mineurs produisent un cinquième de l’offre mondiale de potasse. Suite à cela, cinq membres du comité de grève : Anatoly Bokun, Yuri Korzun, Sergey Cherkasov, Sergey Taras et Pavel Puchenya ont été arrêtés et sont depuis lors en prison.
Le 14 août, les travailleurs de la mine numéro un de l’entreprise se sont réunis et ont établi un cahier de revendications. Plus tard dans la soirée, des travailleurs de toute l’entreprise et des habitants de la région se sont rassemblés devant le siège de Belaruskali pour présenter nos revendications au directeur général, en l’avertissant que si elles n’étaient pas satisfaites d’ici le 17 août, nous déclarerions la grève. À cette date, des comités de grève avaient été formés sur chacun des sites de l’entreprise, Anatoly Bokun a été élu président du comité de grève de la mine n°1 et co-président de l’ensemble du comité de grève. Il est devenu le visage public de la grève.
Extraits du tract produit par le comité de grève
Gorbaty (le directeur général) et sa clique font tout ce qu’ils peuvent pour tirer le plus de profit possible de nous pour eux et leurs proches. Il ne vous reste plus que l’argent pour acheter des médicaments.
La liste des maladies dont souffrent les mineurs est longue, et si auparavant elles étaient considérées comme des maladies professionnelles, il est maintenant impossible de le prouver. Cela vaut-il la peine de se battre à ce sujet, car beaucoup d’entre vous ne vivront pas jusqu’à leur retraite, alors que l’espérance de vie moyenne d’un mineur est de 46,5 ans ?
L’État nous enlève ce qu’il peut et nous met au rebut. Ils n’auront même pas à payer cette misérable pension. Mais alors les gratte-papiers auront leurs maisons et chalets de luxe, et le moustachu (le président) aura à lui seul 18 résidences !
Mais “qu’est-ce que je peux changer”, demandez-vous ? Tout ! Mais seulement si vous arrêtez de vous tenir tranquille ou si vous vous plaignez à vos copains en fumant. Ce n’est possible que si nous commençons à défendre nos droits, comme nous l’avons fait les 17 et 18 août.
Rappelez-vous comment tous les bureaucrates et les cinglés ont commencé à courir partout. Rappelez-vous comment le roi moustachu a eu peur !
Ils nous font peur en disant que si nous ne retournons pas au travail, nous serons comme en Ukraine. Mais pendant Maidan en 2015, il n’y a pas eu une seule grève. Résultat : en 2019, le salaire moyen d’un mineur est de 15 000 grivna (600 dollars). Aujourd’hui, les mineurs doivent se mettre en grève parce qu’ils n’ont pas assez pour se nourrir – depuis cinq mois, ils ne sont pas payés. Ils se sont tus à l’époque, mais maintenant ils doivent se battre.
Si vous pensez que cela n’arrivera pas ici – une nouvelle loi permettant le paiement tardif des salaires vient d’être adoptée. Il vaut mieux agir maintenant. Ou nous finirons par aller au bout du chemin avec ce régime – nous ne devrons pas attendre longtemps avant de nous joindre à la Fédération de Russie – le moustachu n’a pas d’autre issue. Pensez-vous que ce sera une bonne chose ? En 2019, un travailleur d’une compagnie minière de la région gagnait entre 43 et 45 000 roubles (562 dollars).
Si nous ne nous impliquons pas dans la politique maintenant, alors la politique s’occupera de nous !
… Rejoignez la lutte. Ne laissez pas ce pays être vendu ! Personne ne dit que nous devrions nous lever et embrasser Tikhanovskaya, nous ne savons même pas ce qu’elle veut vraiment. Mais si nous restons ensemble, pacifiquement, nous saurons quoi faire si cette dame décide soudainement de faire autre chose que d’organiser de nouvelles élections libres et équitables !
Les revendications du comité de grève sont :
- L’arrêt immédiat des violences policières ;
- La démission de Loukachenko ;
- La punition de ceux qui ont falsifié les résultats des élections ;
- La libération de tous les prisonniers politiques et leur pleine réhabilitation ;
- La punition de ceux qui ont attaqué des manifestants pacifiques dans la rue et dans les prisons, et des juges qui ont accepté de formuler des accusations.
Dès le début de la grève, les niveaux de production sont tombés à 10 %. Immédiatement, la direction a commencé à menacer les grévistes de licenciement, de perte de primes, d’accusations criminelles et de poursuites pour les pertes causées par la grève. Ils ont essayé de persuader d’autres personnes de ne pas se joindre à la grève, mais le 18, nous avions recueilli plus de 6.000 signatures. Le 20, la véritable répression a commencé.
Dmitri Kudelevich, membre du comité de grève, a cessé de répondre aux appels. Il a expliqué plus tard qu’il avait été arrêté par le KGB, dont le nom n’a pas changé depuis l’époque soviétique, mais qu’il avait réussi à s’échapper et à s’enfuir en Ukraine. Des partisans belarusses vivant à Oslo ont manifesté au siège de YARA International, le plus gros client de Belaruskali. Au même moment, le syndicat mondial IndustriALL et le syndicat indépendant de Bélarus ont demandé à leurs membres en Norvège d’intervenir, en demandant à Yara d’inviter leurs partenaires commerciaux au Bélarus pour des négociations.
Le lendemain, Alesya et Vladimir Loginov, membres du comité de grève, ont disparu. Ils ont été retrouvés après avoir été arrêtés par la police de Soligorsk. Anatoliya Bokun, qui traversait la ville en voiture, a vu sa voiture bloquée par la police et a été arrêté sous de fausses accusations. Les pressions exercées par la police sur un autre membre du comité de grève, Pavel Sechko, l’ont forcé à se retirer du comité. Le 23, Roman Leonchika a été arrêté devant son domicile.
La majorité des travailleurs qui sont retournés au travail ont constaté que les promesses de la direction n’avaient pas été tenues – leurs primes annuelles ont cessé et plusieurs ont été licenciés. Le 24 août, le comité de grève a demandé à ceux qui avaient repris le travail de “travailler selon les règles”, en respectant toutes les consignes de sécurité et d’hygiène. Nous avons reçu des informations selon lesquelles 20 grévistes allaient être licenciés. Parmi eux figuraient de nombreux membres du comité de grève.
Le 31 août, Anatoly Bokun a à nouveau été arrêté et cette fois-ci envoyé en prison pour 15 jours. Au tribunal, il a informé le juge qu’il souffrait d’une maladie pulmonaire chronique, mais il a été envoyé en prison sans chaussures sur un sol froid en béton. Il a été licencié pour s’être absenté du travail.
Ces actions sont typiques de celles qui se sont poursuivies jusqu’à la mi-septembre, puis elles ont pris une tournure plus grave. Les 9 et 10 septembre, les dirigeants des travailleurs ont été “invités” au “Département pour la lutte contre le crime organisé et la corruption” pour une “discussion”. Au cours de leur visite, ils ont été mis en garde contre la loi contre le terrorisme et le renversement violent du gouvernement. Les autorités assimilent désormais une grève pacifique au “terrorisme”.
Malgré toutes ces menaces, les travailleurs continuent de protester. Le 10 septembre, Yuri Korzuna est entré dans la mine et, à la marque des 305 mètres, s’est menotté à l’équipement minier. Il a rajouté ses propres revendications à celles ci-dessus, notamment la libération de tous les membres du comité de grève arrêtés et la fin de la répression des mineurs en grève. Il a été menacé et a été emmené de force hors de la mine dans une ambulance. Une colonne de véhicules de soutien l’a suivi jusqu’à l’hôpital.
Les personnes arrêtées ont commencé à recevoir des peines plus longues. L’auteur de cet article a obtenu sept jours pour avoir soutenu Yuri Korzuna. L’ancien président du syndicat indépendant des mineurs Sergey Cherkasov a été condamné à 15 jours de prison après avoir participé à une manifestation pacifique. Roman Leonchik l’a été aussi. Alekcandr Novik et Pavel Puchenya risquent un mois de prison pour avoir participé à des manifestations pacifiques. Un autre mineur, Oleg Kudyelka, a décidé de se menotter sous terre. Il a été libéré et emmené dans un hôpital psychiatrique “en observation”. 22 mineurs qui le soutenaient ont été arrêtés. Cette fois, Anatoly Bokun a été condamné à 25 jours de prison.
Le 3 octobre, des personnes qui participaient à une fête de “buveurs de thé” dans un des parcs de la ville ont été arrêtées en masse. Parmi eux, les membres du comité de grève Nina Tulaeva et Aleksey Kryzh ont reçu de lourdes amendes, Yuri Korzun, Sergey Cherkasov et Pavel Puchenya ont été condamnés à des peines allant de 7 à 15 jours de prison.
Les autorités n’ont aucun moyen de sortir de cette crise. Leur seule réponse est une répression brutale. Après les premiers jours et les attaques brutales de la police anti-émeute, ils ont été contraints de battre en retraite en raison des grèves. Ils ont alors commencé à poursuivre les gens en justice et à leur infliger des amendes pour avoir participé à des manifestations. Quand ils se sont rendu compte que les gens ne paieraient pas les amendes, ils ont commencé à les emprisonner. Chaque fois, ils utilisent les mêmes méthodes, les mêmes témoins, généralement la police et sans se soucier de savoir si les cas sont justifiés ou non.
Bien sûr, il y a encore une couche de gens éloignés de la politique. Et des attitudes différentes à l’égard de Svetlana Tikhanovskaya. Certains pensent qu’elle devrait être reconnue comme présidente. Mais la majorité des travailleurs ne lui font pas confiance. C’est pourquoi la grève était nécessaire, une grève qui s’est développée spontanément. À la suite de ces actions, les masses se sont politisées et beaucoup comprennent maintenant que Tikhanovskaya n’est qu’une marionnette. Si nous pouvons faire passer notre message maintenant, pour expliquer aux travailleurs pourquoi nous devons nous battre, je pense que nous pourrions voir davantage de grèves.
Nous avons maintenant besoin d’une grève dans toutes les usines et sur tous les lieux de travail, cela montrerait aux travailleurs une fois pour toutes que nous avons le pouvoir, que nous pouvons insister sur nos revendications et sur nos droits. Nous sommes convaincus que s’il y avait une telle grève nationale, la police et l’armée se rangeraient également du côté du peuple.
Nous exigeons la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées lors de manifestations pacifiques, la fin de la répression – nous ne sommes même pas autorisés à organiser des réunions avec les travailleurs pour expliquer notre position sans être arrêtés. Nous exigeons la libération immédiate de nos camarades Anatoly Bakun, Yuri Korzun, Sergey Cherkasov, Sergey Taras et Pavel Puchenya.
Alternative Socialiste Internationale (ASI) demande à tous ses partisans de soutenir le comité de grève
1 : En protestant auprès du directeur général M. Ivan Golovaty, en exigeant que Belaruskali réintègre tous les travailleurs licenciés, respecte les primes et cesse toute action discriminatoire à l’encontre des travailleurs qui protestent contre le régime autoritaire. Il peut être contacté à I.Golovaty@kali.by et Belaruskali.office@kali.by ou par téléphone au +375 17 426 01 11 ou +375 17 426 20 20
Des copies de ces protestations peuvent être envoyées à Cira Holm, Chief Ethics Compliance Officer de Yara International à Cira.Holm@yara.com ou directement sur la ligne d’assistance éthique de Yara International à la fin de la page https://www.yara.com/this-is-yara/ethics-and-compliance/contact-us/
2 : En protestant auprès de l’ambassade bélarusse dans votre pays pour exiger la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées, en particulier les membres du Comité de grève Anatoly Bakun, Yuri Korzun, Sergey Cherkasov, Sergey Taras et Pavel Puchenya. Les coordonnées de ces ambassades sont disponibles sur le site du ministère des affaires étrangères bélarusses à l’adresse suivante : https://mfa.gov.by/en/ministry/
3 : En envoyant des photos et des messages de solidarité au comité de grève à l’adresse stackombelaruskalij@gmail.com avec copie à rodkille@gmail.com -
Bélarus – Fin de partie en cours pour Loukachenko

Les grèves continuent de s’étendre. Loukachenko, s’exprimant dans une usine de Minsk, a déclaré : “Nous avons eu notre élection. Ce n’est que sur mon cadavre qu’une autre élection aura lieu”. Mais ce n’est plus à lui de prendre la décision – les jours à venir régleront la question d’une manière ou d’une autre.
Par Rob Jones, Alternative Socialiste Internationale = Russie
Avec le bel humour ironique qui accompagne généralement les soulèvements de masse et les révolutions, une vidéo est apparue, montrant Alexandr Loukachenko au volant d’une voiture de salon poursuivi par un énorme camion-benne de mine, clairement sur le point d’écraser la voiture, symbolisant la rapidité avec laquelle le mouvement de masse le rattrape pour l’écraser lui et son pouvoir. Les ouvriers de l’usine “Belaz” qui fabrique le camion à benne sont de ceux qui ont fait grève.
Au cours du week-end, l’équilibre des forces a été mesuré dans tout le pays. A Minsk, Loukachenko a rassemblé ses forces. Des convois d’autocars sont venus des différentes régions et pourtant, il n’a pu, selon les estimations les plus optimistes, réunir que 10.000 personnes. Même certains participants déclaraient qu’il était inimaginable qu’il ait remporté 80% des voix.
A titre comparatif, dans toutes les grandes villes du pays, des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées en opposition. Rien qu’à Minsk, jusqu’à 200.000 personnes se sont rassemblées dans le centre-ville.
Dans un grand nombre de villes, les administrations locales ont commencé à hisser le drapeau rouge et blanc de l’opposition. La foule a commencé par de la bonne humeur, avec des chants tels que “Continuez à frapper jusqu’au bout”, “Vous êtes le bourreau de votre propre peuple – démissionnez” ou “Grand-père – continuez à prendre des cachets”. La foule réclame un “Tribunal”, ce qui a donné lieu à un échange : “Je le tuerais tout de suite”, a dit une femme. “Non, non. Tirer, c’est trop facile. Seulement un tribunal”, a déclaré une autre. “Non, je suis plus humaine” répondit la première. “Je lui tirerais dessus”.
Des grèves locales vers une grève générale
Les protestations se sont intensifiées jeudi et vendredi, lorsque plus d’une centaine d’usines et de lieux de travail se sont mis en grève. Depuis les grands géants industriels qui emploient des milliers, et parfois des dizaines de milliers de travailleurs, jusqu’aux hôpitaux et au secteur informatique. Même la société de radiodiffusion d’État est maintenant passée du côté de l’opposition. Cela a fait suite à un discours de Loukachenko dans lequel ce dernier a accusé tous les manifestants d’être des “moutons” qui travaillent pour des puissances étrangères et “des individus avec un passé criminel qui sont maintenant au chômage”.
Ces déclarations ignorantes et provocatrices n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu. En réponse, les travailleurs de la gigantesque usine de tracteurs de Minsk ont dressé une banderole géante sur laquelle on pouvait lire : “Nous ne sommes ni des moutons, ni des bovins, ni des non-personnes. Nous sommes les travailleurs de la MTF. Nous ne sommes pas 20 mais 16.000”. Et, vendredi, une masse de gens a marché derrière cette banderole jusqu’au bâtiment du Parlement, au centre-ville. À l’arrivée, les policiers anti-émeute OMON qui entouraient le bâtiment ont baissé leurs boucliers.
Les travailleurs de la santé ont été parmi les premiers à manifester. Certains ont tenu des pancartes disant “Le patient n°1 est condamné !” Selon certaines informations, les premiers jours où la police s’est présentée aux hôpitaux pour se faire soigner, elle a reçu des diagnostics trop sévères afin de les empêcher de retourner dans la rue. Les médecins ont rejoint le nombre toujours plus important d’usines qui ont rejoint la grève. Cela a généralement pris la forme d’une assemblée de masse dans l’usine, au cours de laquelle on demandait aux travailleurs s’ils avaient voté pour Loukachenko : personne ne répondait, puis une vague de mains se levait lorsque l’alternative était proposée : un vote pour Tikhonovskaya. Les travailleurs de l’informatique, qui travaillent généralement dans de petites entreprises, se sont rassemblés dans la rue pour afficher leur solidarité.
La nature de ce soulèvement a changé au cours de la semaine. Au début, il y a eu des manifestations de masse dans tout le pays, qui ont généralement fini par être attaquées par la police anti-émeute. Plus de 6.000 personnes ont été arrêtées et celles qui ont été libérées depuis parlent d’une énorme surpopulation dans les prisons et, dans de nombreux cas, de tortures et de menaces de viols contre les femmes emprisonnées par la police. Lorsque la nouvelle de la violence d’État s’est répandue, du jour au lendemain dans les banlieues de Minsk, où la classe ouvrière a tendance à vivre, les chants se sont multipliés dans les appartements – “skhodi, skhodi” : “démissionne, démissionne”.
Une fois que les grèves se sont étendues, la police n’était plus sûre de pouvoir contrôler la situation et le chef national de la police a annoncé que toutes les personnes en détention devaient être libérées. À leur sortie, les prisonniers ont raconté ce qui s’était passé pendant leur détention, ce qui a encore alimenté la colère. Dimanche, des milliers de personnes se sont rendues aux funérailles d’Alexandre Taraïkovski, décédé plus tôt dans la semaine. La police a affirmé qu’un engin explosif qu’il s’apprêtait à leur lancer avait explosé – mais les preuves par vidéo démontrent qu’il ne tenait rien en mains.
L’absence de véritable direction
Un autre facteur qui a changé l’ambiance des manifestations a été la participation directe des femmes qui ont organisé des chaînes humaines dans tout le pays, souvent avec de jeunes enfants à leurs côtés pour exiger la fin de la violence. Un rôle important a été joué par Tikhonovskaya, qui s’est alliée à Veronika Tsepkalo et Maria Kolesnikova, respectivement épouse et chef de cabinet des autres candidats disqualifiés. Ce facteur a été mis en évidence dans la presse occidentale, mais le jour même où les femmes ont commencé à protester de manière organisée, c’est le jour où Tikhonovskaya a demandé aux gens de cesser de manifester.
Le vendredi, des protestations massives d’élèves se sont développées au cours desquelles ils ont refusé d’accepter leurs certificats scolaires, affichant des pancartes disant “vous avez tué des gens” et déclarant que les commissions d’examen “devraient être embarrassées de leurs actions”. Les enseignants sont souvent considérés comme des relais de la propagande de l’Etat. Mais les enseignants eux-mêmes ont maintenant commencé à se joindre aux protestations de manière organisée. L’évolution de la situation et les mouvements de masse dans tout le pays ont contraint l’État à se retenir de toute brutalité, de peur de provoquer une opposition encore plus déterminée.
Loukachenko et son régime attribuent tous les problèmes aux “agitateurs étrangers”. L’origine n’est pas toujours claire, mais il affirme parfois que des agitateurs sont arrivés d’Ukraine, de Pologne et de Russie, les trois grands pays qui bordent la Biélorussie. Tout en niant, bien sûr, l’implication de la Russie, le Kremlin rejette la faute sur les influences occidentales. L’un après l’autre, les groupes staliniens et les anciens groupes staliniens se sont précipités pour soutenir Loukachenko, qu’ils considèrent pour une raison quelconque comme un rempart du “régime soviétique”. Dimanche, il n’est pas surprenant que ceux qui sont venus manifester leur soutien à Loukachenko étaient notamment des personnes portant le drapeau du parti communiste et du parti communiste russe.
De la spontanéité à l’organisation
Mais la vérité est qu’il y a eu un très grand degré de spontanéité dans les protestations de l’opposition. Les partis qui s’étaient positionnés comme des partis d’opposition au cours des années précédentes – principalement d’une couleur sociale-démocrate de droite et légèrement nationaliste – ont pris la fuite dès que le Covid 19 a touché le pays. La présence accidentelle de Svetlana Tikhonskaya au début de la semaine a appelé à des négociations avec Loukachenko. Elle a été invitée à une réunion au bureau des commissions électorales dont elle n’est jamais revenue.
ll est évident qu’elle y a été menacée – elle est arrivée plus tard en Lituanie, disant que les choses étaient allées trop loin et qu’elle devait faire de ses enfants une priorité. Aujourd’hui, elle a annoncé qu’elle était prête à prendre la relève en tant que “leader national” jusqu’aux nouvelles élections.
En Bélarus, il n’y a pas non plus un niveau significatif d’organisation syndicale. Comme dans d’autres anciennes républiques soviétiques, dans de nombreuses usines, l’ancien syndicat d’État existe toujours, mais il est totalement fidèle à Loukachenko. Il met en garde contre les conséquences économiques pour les travailleurs si les protestations se poursuivent. Les petits syndicats indépendants qui ont été créés principalement dans les premières années après 1997-8 ont perdu de leur influence et leur déclaration officielle sur les événements appelle les travailleurs à organiser des pétitions. Des individus ou des groupes de militants de ce syndicat ont cependant participé à l’organisation des manifestations.
Si l’on peut voir quelqu’un les “organiser”, c’est bien la crise économique,le Covid-19 et la manipulation des élections, et bien sûr les déclarations provocatrices de Loukachenko lui-même. Hier encore, il affirmait que ceux qui s’étaient mis en grève avaient été payés et qu’ils devaient être licenciés.
Les revendications
La nature spontanée des manifestations explique pourquoi il n’y a pas de banderoles politiques et très peu de slogans portés par les manifestants. On utilise parfois le drapeau rouge et blanc qui était le symbole du Bélarus pendant la période 1991-94. Il a été interdit lorsque Loukachenko est arrivé au pouvoir et a restauré certains symboles de la période soviétique. On entend souvent le chant “Zhivi Belarus” – Vive le Bélarus.
Lorsque des revendciations sont formulées, elles consistent généralement en la nécessité de nouvelles élections, la fin des violences policières et la libération des prisonniers politiques. Pour la première fois, la demande de création d’un “tribunal” a été plus audible. Les revendications les plus avancées sont peut-être celles proposées par le comité de grève de l’usine de tracteurs de Minsk, qui réclament la réforme des structures policières et militaires et le licenciement de tous ceux qui ont participé aux violences contre les manifestants, un changement de gouvernement, la réforme de la commission électorale et la réhabilitation complète des prisonniers politiques. Maintenant que des comités de grève ont commencé à apparaître, des revendications telles que la fin du travail contractuel, l’abolition du décret №3 (la soi-disant “loi contre les parasites” pour taxer les chômeurs) et l’annulation des réformes des retraites sont entendues.
Celles-ci entrent en conflit avec celles proposées aujourd’hui par la troïka de l’opposition, et les puissances européennes qui recherchent clairement un compromis avec le régime. Les premiers proposent la création d’un comité de coordination pour assurer le transfert du pouvoir, tandis que Valery Tsepkalo, l’un des candidats rejetés, suggère même que Loukachenko bénéficie d’une immunité de poursuites et reste au pouvoir pendant six mois, le temps de tenir de nouvelles élections “honnêtes”, auxquelles Loukachenko lui-même pourrait se présenter à nouveau.
Maintenant que la protestation a pris la forme d’un soulèvement ouvrier, l’opposition libérale est en panique pour trouver un moyen de s’en sortir. L’UE, quant à elle, n’exige même pas la démission de Loukachenko, proposant plutôt la mise en place d’une “table ronde de l’unité nationale”.Le rôle de la Russie
En même temps, Loukachenko se tourne clairement vers Poutine pour obtenir son soutien. Suite à une conversation téléphonique, Loukachenko a déclaré que Poutine était prêt à apporter son soutien, ce qui implique clairement qu’il s’agit d’un soutien militaire. Il a averti les manifestants de ne pas se laisser devenir de la “chair à canon”, impliquant clairement qu’il recourrait à des mesures extrêmes.
Poutine a toutefois précisé que le seul soutien qu’il était prêt à offrir à ce stade était dans le cas d’une intervention militaire de la Pologne ou d’un autre pays de l’UE selon les termes de l’accord de sécurité collective. Cela rend les actions de Tsepkalo, qui a rencontré des sénateurs américains et des représentants de l’UE et tente d’initier une audition sur le Bélarus au Congrès américain particulièrement malvenues, car une telle ingérence des puissances impérialistes occidentales pourrait renforcer l’excuse de l’intervention de la Russie.
Alors que l’exemple du possible renversement de Loukachenko crée un dangereux précédent pour la Russie, une intervention ouverte pourrait être encore plus dangereuse car les troubles s’intensifient déjà en Russie après six semaines de manifestations de masse dans la ville de Khabarovsk en Extrême-Orient et maintenant de grandes manifestations dans la république ouralienne de Bachkirie pour des questions écologiques. Dans les deux cas, des banderoles apparaissent déjà, disant “De Khabarovsk à Brest, il n’y a pas de place pour la dictature” – ça rime en russe ! La presse russe parle non seulement de la politisation croissante de ces activités, mais aussi de leur “biélorussiarisation”. Aujourd’hui, on rapporte que des groupes de gardes nationaux russes s’approchent de la frontière avec le Bélarus, mais ils sont probablement là pour surveiller la frontière en cas de dérapage des événements plutôt que pour traverser la frontière elle-même.
Ce qu’il faut maintenant
Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP est la section belge, NdlR) se montre pleinement solidaire des manifestations et des grèves au Bélarus. Nous n’avons aucune confiance dans le fait que des banquiers et d’anciens diplomates, qui ont eux-mêmes fait partie du régime de Loukachenko pendant de nombreuses années, puissent déterminer le sort du pays. En ce qui concerne les puissances impérialistes occidentales et la Russie, elles devraient éviter de se mêler des affaires du pays.
Les grèves devraient être prolongées et gérées par des comités de grève élus jusqu’à ce que Loukachenko s’en aille et que tous les prisonniers politiques soient libérés. Les comités de grève devraient être reliés entre eux et inclure des représentants des étudiants et des habitants afin d’organiser une assemblée constituante révolutionnaire qui déciderait de la façon dont le pays devrait être dirigé dans l’intérêt de la classe ouvrière.
Ces derniers jours, la “troïka” de l’opposition rassemblée autour de Tikhonovskaya a proposé d’organiser un comité de coordination transitoire et d’inviter les travailleurs à envoyer des représentants pour superviser la transition du pouvoir. Mais ce n’est pas la même chose qu’une assemblée constituante. Changer qui dirige le système ne changera pas le système lui-même.
En luttant pour le changement politique, il faut changer la situation économique – le décret n° 3 et le système de contrats devraient être immédiatement abrogés et les réformes des retraites abrogée. Le budget de l’État doit être modifié pour financer l’éducation et les soins de santé plutôt que la police et la bureaucratie de l’État. Pour ce faire, il faut clairement un parti politique des travailleurs qui puisse former le gouvernement, qui soit en mesure de garantir que l’économie est gérée sous le contrôle démocratique des travailleurs et qui établisse un gouvernement socialiste dans le cadre d’une fédération socialiste d’États socialistes démocratiques.
Le dénouement approche
Au moment où nous écrivons ces lignes, l’équilibre des forces est mesuré dans tout le pays. Hier, rien qu’à Minsk, l’opposition a rassemblé dix fois plus que ce que Loukachenko pouvait rassembler – et il y a eu également d’énormes protestations dans d’autres villes.
Aujourd’hui, les grèves ont continué à s’étendre. L’internet est à nouveau fermé. Loukachenko lui-même a décidé de se rendre à l’usine “Volat” de Minsk en hélicoptère plutôt qu’en voiture. Les travailleurs des usines voisines ont défilé sur l’usine en scandant “démissionne, démissionne”. Notamment, Loukachenko a déclaré : “Nous avons eu notre élection. Ce n’est que sur mon cadavre qu’une autre élection aura lieu”. Il est clair cependant que la décision ne lui appartient plus – les prochains jours trancheront la question d’une manière ou d’une autre.
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Le Bélarus et la lutte pour la démocratie

Sotsialisticheskaya Alternativa sur le piquet à Kiev Au moment de la rédaction du présent rapport, les manifestations au Bélarus contre la manipulation évidente des résultats de l’élection présidentielle semblent se propager et se heurtent à une répression croissante.
Par Rob Jones, Sotsialisticheskaya Alternativa, section russe d’Alternative Socialiste Internationale. Article publié le 10 août sur internationalsocialist.net.
À Minsk, à Brest, à Grodno et dans une douzaine d’autres villes, des milliers de personnes sont sorties dans les rues et, dans de nombreux endroits, ont construit des barricades. En réponse, le régime utilise la police antiémeute, et maintenant même les troupes antiterroristes d’élite « Almaz ».
Des vidéos montrent la police frappant violemment les manifestants, tandis que des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes sont largement utilisés. Beaucoup ont été blessés par des balles en caoutchouc. Hier, selon les rapports, des milliers de personnes ont été arrêtées, dont au moins 17 journalistes, principalement russes. Dans une scène qui rappelle celles de la place Tiananmen en Chine, un manifestant a été frappé par un fourgon de police.
Les conducteurs de Minsk roulent à travers la ville en klaxonnant pour soutenir l’opposition et, dans de nombreux cas, en essayant de bloquer la circulation pour stopper le déplacement des véhicules de police. Dans d’autres endroits, les conducteurs tournent autour des véhicules de police pour arrêter leur mouvement. Ce soir, la police antiémeute utilise des taxis et des ambulances pour entrer dans la foule de manifestants.
Les travailleurs et les travailleuses sortent dans la rue

Travailleurs en grève chez BMZ Plus important encore, les travailleurs et les travailleuses de l’usine métallurgique bélarusse (BMZ) ont déclaré une grève en disant qu’ils veulent « vivre, pas seulement exister ». Dès que l’annonce a été faite, la police antiémeute a approché l’usine et il est rapporté qu’au moins soixante travailleuses et travailleurs ont été arrêtés. Un appel a été lancé pour que les grèves se propagent.
Pendant ce temps, il vient d’être rapporté que Svetlana Tikhanovskaya, la seule candidate de l’opposition autorisée à se présenter, n’a pas été vue pendant cinq heures après sa visite à la commission électorale.
Ces protestations ont été provoquées par l’annonce qu’Alexandr Loukachenko a « gagné » 80 % des voix aux élections. Ce chiffre clairement fabriqué contraste totalement avec l’humeur de la population, de plus en plus en colère contre Loukachenko, qui est au pouvoir depuis 1994. Non seulement une crise économique dévastatrice s’est développée dans le pays, mais il est également un négationniste du virus, affirmant qu’un verre de vodka par jour gardera le virus à distance. Par conséquent, les taux d’infection sont quatre fois plus élevés par habitant qu’en Ukraine, un pays voisin.
Le vide dans l’opposition
L’opposition traditionnelle n’a pas fourni d’alternative à cette élection, affirmant qu’elle était préoccupée par la sécurité des gens pendant la pandémie. Sentant l’opposition croissante dans la société, une partie de l’élite dirigeante – un ancien ambassadeur et un banquier – ont annoncé qu’ils se présenteraient. Cela a entraîné une participation massive de personnes désireuses de signer leur déclaration de candidature. Pour éviter que ce soutien ne se transforme en votes, l’un a été arrêté, l’autre contraint à l’exil. Un troisième candidat, un blogueur bien connu, a également été arrêté. C’est sa femme, Svetlana Tikhanovskaya, qui a ensuite annoncé sa candidature.
Cette opposition accidentelle a rapidement vu des milliers de personnes se mobiliser en soutien à sa campagne, dans laquelle elle a simplement promis que si elle était élue, elle libérerait tous les prisonniers politiques et organiserait de nouvelles élections démocratiques. Loukachenko croyait qu’en tant que femme, elle était incapable d’être présidente. Mais tout indique que la population n’était pas d’accord. Lorsque les chiffres des votes des différentes stations ont été révélés, ils montrent que ce n’est pas Loukachenko qui a gagné 80 % des voix, mais Tikhanovskaya.
Une alternative de gauche est nécessaire
Le fait que la seule candidate de l’opposition ait été accidentelle, et même ceux qui étaient initialement prêts à se présenter étaient issus de l’élite dirigeante, montre qu’il est urgent de construire une véritable alternative de gauche, de la classe ouvrière, avec des comités d’action démocratiquement élus pour intervenir dans de telles manifestations avec des revendications qui reflètent les intérêts concrets des travailleuses et des travailleurs, pour les droits démocratiques et la fin du régime dictatorial, pour des salaires décents et un soutien à la gratuité des soins de santé et de l’éducation, pour un Bélarus socialiste, démocratique et indépendant. Bien sûr, la grève commencée à BMZ devrait se transformer en grève nationale dirigée par des comités de travailleuses et de travailleurs démocratiquement élus.
Telle est la leçon des événements survenus en Ukraine voisine lorsque, pendant Euromaïdan (manifestations pro-européennes en Ukraine), faute d’alternative de gauche, les véritables préoccupations des gens ordinaires ont été exploitées par l’opposition bourgeoise et l’extrême droite.
L’hypocrisie impérialiste
Comme prévu, les puissances occidentales ont été promptes à critiquer publiquement le résultat des élections. Il y a quelques mois, bien sûr, l’UE (Union européenne) fermait les yeux sur l’autoritarisme de Loukachenko alors qu’elle tentait de l’éloigner de la Russie. Aujourd’hui, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appelle simplement Minsk à « veiller à ce que les votes soient comptés et publiés avec précision ». Cela ignore, bien sûr, que tout le processus électoral a été truqué dès le début et qu’il ne peut en être autrement dans un état autoritaire antidémocratique.
Les dirigeants autoritaires d’autres pays comme la Chine et le Kazakhstan n’ont pas tardé à féliciter Loukachenko. Et bien sûr, les salutations ont été rapidement envoyées de Russie. Cependant, la réponse de la Russie semble être plus nuancée. La dernière chose que la Russie veut, c’est une répétition à sa porte de l’Euromaïdan Ukrainien, lorsque le président prorusse à Kiev a été renversé en faveur d’un gouvernement pro-UE.
Le message du Kremlin à Loukachenko attendait avec impatience la coopération au sein de « l’État de l’Union » — une continuation de l’Union de la Russie et du Bélarus. Loukachenko, depuis EuromaÏdan, a suivi une voie de plus en plus indépendante de la Russie – qui se reflète dans une certaine mesure par le nombre de journalistes russes actuellement détenus et par le scandale dans la période préélectorale autour de l’arrestation au Bélarus d’un groupe de mercenaires russes. Dans le parlement russe, habituellement fidèle au Kremlin, des voix se sont également élevées pour critiquer la répression de Loukachenko. Ils donnent l’impression nette que le soutien à Loukachenko sera limité – s’il n’accepte pas de revenir complètement dans l’orbite russe, le Kremlin soutiendra un autre candidat si nécessaire – peut-être Viktor Babariko, l’ancien banquier proche de la compagnie Gasprom de Russie. Pour intensifier la pression, un comité quelque peu fallacieux est apparu dans l’une des régions du Bélarus prétendant vouloir rejoindre la Russie, de la même façon qu’en Ukraine en 2014.
Sotsialisticheskaya Alternativa en Russie et en Ukraine sont, bien sûr, en pleine solidarité avec la lutte des travailleuses, des travailleurs et des jeunes bélarusses contre le régime dictatorial de Loukachenko et ont organisé des manifestations aux ambassades bélarusses à Kiev et à Moscou avec la demande de « Loukachenko doit partir – pour la démocratie, pour les travailleuses, les travailleurs et tous les opprimés ».