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Tag: Bank of America
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Obama sera-t-il à la hauteur ?
L’élection du premier président «afro-américain », dans un pays dont l’histoire est marquée par le racisme, la ségrégation et l’esclavage, a éveillé les espoirs d’une large couche de la communauté noire. Surfant sur une opinion publique massivement hostile à la guerre en Irak et sur une crise économique qui a jeté le discrédit sur les politiques néo-libérales menées durant les années Bush, les accents « progressistes » du discours d’Obama ont fait mouche.
Jalil (Etudiants de Gauche Actifs-ULB)
Obama arrive pourtant au pouvoir avec en toile de fond la plus profonde crise économique que le capitalisme ai traversé depuis 1929, ce qui l’a rapidement forcé à dilapider l’essentiel de ses promesses électorales : il a prévenu que le système d’assurance-santé pour tous ne serait pas pour cette année. Surtout, face à l’hécatombe qui frappe le marché du travail (2,6 millions d’emplois ont disparu en 2008), ces promesses en termes de création d’emplois paraissent bien dérisoires. Avant d’être élu, il parlait de créer 5 millions d’ emplois. Une fois au pouvoir, le chiffre était retombé à 3 millions . C’est de la « sauvegarde » de 3 millions d’emplois dont il s’agit à présent…alors que le nombre officiel de chômeurs avoisine déjà les 11 millions !
Sauver le capitalisme américain, sur le dos des travailleurs
Obama a décidé de plafonner la rémunération des banquiers à 500 000 dollars. Cette mesure ne s’applique pourtant pas à ceux qui ont bénéficié du plan de sauvetage de Bush, comme les dirigeants de Merryll Linch qui ne seront pas contraints de revenir sur la distribution des 4 milliards de dollars qu’ils s’étaient accordés avant que leur banque soit absorbée par la Bank of America. De plus, les limites imposées ne concerneront pas les dividendes et elles seront levées lorsque les prêts de l’Etat auront été remboursés. Il ne s’agit pas, a déclaré Obama, d’une « prise de contrôle par l’Etat. L’initiative privée suivra son cours mais il faudra rendre des comptes et se montrer responsable».
La notion de “sacrifice” est centrale dans les discours d’Obama : ce dernier se prépare à faire payer la crise sur le dos des travailleurs et des couches pauvres de la population. Le nouveau paquet de sauvetage de près de 800 milliards de dollars va tout au plus atténuer les effets de la crise, mais ne permettra pas d’enrayer la vague de fermetures d’entreprises et de licenciements de masse qui accompagnent la récession. Dans ce plan de relance, 40% des fonds seront destinés à de nouvelles baisses de taxes pour les entreprises et les classes moyennes. Au-delà de l’inefficacité avérée de telles mesures pour relancer l’économie, Obama montre par là sa volonté de tendre la main aux Républicains dans un objectif de réconciliation bipartisane ; le Washington News commentait récemment : “Le président élu propose des baisses de taxes qui pourraient faire rougir George W. Bush”…
Le plan de relance d’Obama est avant tout destiné à sauver le capitalisme américain de la faillite, et non un plan destiné à venir en aide aux travailleurs et à leurs familles. Le déficit budgétaire pour l’année 2009 est estimé à 1,2 trillions de dollars (8,3 % du PIB) avant même la mise en oeuvre du plan de relance. Il est clair que, d’une manière ou d’une autre, ces dettes gigantesques vont devoir être repayées par la collectivité à un stade ultérieur, tandis que les capitalistes et les gros actionnaires continueront de s’octroyer de généreux profits.
Obama : question de race ou question de classe ?
Obama se profile habilement comme un successeur de figures historiques du mouvement noir comme Martin Luther King. De nombreux commentateurs nous présentent aujourd’hui l’élection d’Obama comme la réalisation du « rêve américain » et annoncent l’avènement d’une société « postraciale ». Pourtant , la politique réactionnaire d’une Condoleeza Rice ou d’un Colin Powell dans l’ancienne administration Bush illustrent que le racisme et l’oppression des noirs ne diminueront pas par la simple arrivée au pouvoir d’un président de couleur. Sarkozy a utilisé la même technique en insérant trois ministres « d’ouverture » dans son cabinet (Rahcida Dati, Fadela Amara et Rama Yade). Ce gouvernement continue néanmoins ces politiques d’austérité contre les acquis sociaux, une répression accrue contre les jeunes des quartiers populaires, les sans-papiers et le droit de grève.
La population noire et immigrée traverse une situation sociale dramatique. Premières victimes de la crise, les noirs américains subissent de plein fouet le chômage de masse (l’an dernier, 20.000 noirs ont perdu leur emploi rien que dans le secteur automobile) et les expulsions de logement dues à la crise immobilière. Aujourd’hui, un adulte afro-américain sur quinze est en prison, et les discriminations contre les immigrés sont toujours aussi nombreuses que par le passé. Une enquête officielle provenant du FBI illustre même que les attaques et discriminations à caractère raciste ont tendance à augmenter dernièrement. La répression policière contre les jeunes afroaméricains nous a été rappelée par le récent meurtre d’un jeune afro-américain par un agent de la BART (la police des transports) à Oakland le soir du nouvel an.
La pauvreté énorme de nombreux quartiers aux Etats-Unis et les incessantes discriminations touchant la population noire et immigrée ne pourront être combattue que par une lutte commune des travailleurs et des jeunes de toutes les origines pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, et contre le capitalisme, qui se nourrit de la division et des problèmes sociaux. Telle est la principale leçon du mouvement pour les droits civiques. Cette leçon, Obama ne l’a pas faite sienne, enfermé qu’il est dans une logique capitaliste, et voulant transcender les divisions sociales au nom de « l’unité de la nation ».
Vers une ère de paix ?
Obama a été porté au pouvoir grâce notamment à son positionnement contre la guerre. La promesse de retrait des troupes du bourbier irakien dans les 16 mois a été un élément-clé pour remporter les primaires démocrates contre Hillary Clinton. La réalité est bien moins réjouissante, comme l’atteste la confirmation au secrétariat à la défense de Robert Gates, l’un des principaux va-t-en guerre de l’ancienne administration.
La situation irakienne ne demande plus un tel contingent militaire car les intérêts américains en Irak sont maintenant protégés par le gouvernement fantoche mis en place par les USA. Cependant, la « sécurité » en Irak reste extrêmement précaire, et le plan de retrait reste conditionné à une évolution sur le terrain qui laisse supposer que non seulement un retrait rapide et unilatéral est tout sauf probable (les 16 mois se sont déjà transformés en 23 mois), mais laisserait en outre derrière lui un pays dévasté et en proie à des tensions explosives. L’objectif de doubler les effectifs militaires en Afghanistan permet lui aussi de nuancer les volontés « pacifistes » d’Obama.
Le coup médiatique sur la fermeture de Guantanamo ne peut cacher les dizaines d’autres prisons sans droits éparpillées dans le monde comme Bagram en Afghanistan ou Diego Garcia, un territoire britannique situé dans l’océan Indien. Les ordres signés par Obama ne remettent pas en cause la procédure connue sous le nom d’« extradition extraordinaire », par laquelle les Etats-Unis ont, durant les années Bush, kidnappé des présumés terroristes et les ont envoyés dans des pays étrangers ou des prisons secrètes de la CIA pour les torturer. Le président ne s’est toujours pas expliqué non plus sur ce qu’il comptait faire avec le Patriot Act 1 et 2, qui limite les libertés individuelles au nom des lois anti-terroristes.
Quant au conflit israélopalestinien, les seules prises de position publiques qu’Obama a prises sur le sujet visait à assurer son soutien inébranlable à la sécurité d’Israël, tout en ne soufflant mot sur l’occupation et les bombardements à Gaza. On se souvient également de son plaidoyer devant une association de lobby pro-israélienne aux USA, pour que Jérusalem devienne la “capitale indivisible d’Israël”. Le Congrès -à majorité démocrate- a quant à lui renouvelé pour 10 ans l’aide annuelle de 3 milliards de dollars à l’Etat d’Israël…Tout ça porte à croire qu’à part une plus grande dose de concertation avec les autres grandes puissances, la politique étrangère d’Obama au Moyen-Orient ne va pas subir de changements fondamentaux.
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Irlande : occupation de Waterford Crystal
Des agents de sécurité avaient spécialement été engagés pour distribuer aux travailleurs de l’usine de cristal mondialement célèbre de Waterford des lettres individuelles annonçant qu’il n’était plus nécessaire de rejoindre son poste de travail, vu que l’usine allait fermer! Mais les travailleurs ont commencé à occuper l’usine…
Kevin McLoughlin, Socialist party (CIO-Irlande), article publié le 11 février sur www.socialistworld.net
Consternés, mais profondément mécontents de la cessation de la production, les ouvriers de Waterford Crystal se sont dirigés vers le centre des visiteurs. Là, un plus grand nombre d’agents de sécurité engagés à cet effet leur ont bloqué le chemin, certains réclamant même apparemment des battes de baseball. S’ils ont cru qu’une telle intimidation étoufferait la colère des travailleurs, ils se sont lourdement trompés. Des centaines d’ouvriers ont écarté les violents. Ainsi a commencé l’occupation de l’usine de cristal de Waterford le vendredi 30 janvier.
Les travailleurs n’avaient pas d’autre alternative que l’occupation. Plus de 700 travailleurs sont employés chez Waterford Crystal, dans approximativement 500 fabriques de produits en verre de cristal. Si la fermeture de l’installation était effective, leurs droits et leur futur auraient été démantelés d’un coup.
Sept cents postes sont directement en jeu, mais indirectement il y en a beaucoup plus. La fermeture aurait aussi signifié que les compagnies qui ont encerclé Waterford Crystal comme des vautours auraient été capables de plonger et de réduire substantiellement les salaires et les conditions de travail de n’importe quelle force ouvrière embauchée.
Avec les continuels problèmes financiers de la société, un nombre considérable de travailleurs avaient été préparés à accepter le licenciement. Dans les conditions envisagées, les travailleurs détenant beaucoup d’ancienneté auraient obtenu plus de 150.000 € en guise de licenciement. Maintenant, avec la faillite, tout ce qu’ils auraient pu obtenir aurait été un paiement basique légal. La défense des pensions a aussi été un moteur crucial pour l’action des travailleurs.
Les ouvriers de Waterford Crystal n’avaient donc pas d’autre choix que d’occuper l’usine et de prendre son contrôle effectif ainsi que celui de son matériel comme moyens de lutte pour la défense de leurs droits. Cette conclusion a été tirée extrêmement vite et a reflété ce qui était en jeu, mais aussi le fait que le militantisme et les traditions de gauche parmi les verriers ne s’étaient pas éteints.
Les faillites ont doublé l’année dernière en Irlande. Cette année s’annonce pire encore, avec des estimations d’après lesquelles plus d’un tiers de toutes les entreprises sont insolvables. Dans ce cadre, la lutte de Waterford Crystal est extrêmement importante et regardée avec attention par de nombreux travailleurs.
La verrerie Waterford a d’abord été fondée en 1783. Cette année, l’usine de Wedgwood aurait célébré son 250ème anniversaire si cette socité n’avait pas été rachetée par Waterford et avait fusionné avec elle en 1986 pour 323 millions d’euros (en monnaie actuelle).
En quelques années de collaboration, toutefois, la valeur de leur fusion équivalait au moins à ce que Waterford avait payé pour l’acquisition de Wedgwood. Des dettes remontant à cette époque avaient atteint un point tellement critique qu’elles avaient paralysé la compagnie. En dépit de ces dettes, le patron a continué à collectionner les trophées, enrichissant Waterford d’encore plus de marques de renom, comme Royal Doulton, la porcelaine Rosenthal en Allemagne et All-Clad Metalcrafters aux États-Unis.
Waterford Wedgwood employait plus de 8.000 personnes dans le monde. Ses dettes atteignaient le montant de 450 millions d’euros, à peu près la moitié de la valeur des ventes annuelles. Au commencement de cette année, Bank of America a nommé un receveur pour quelques compagnies, notamment pour l’usine de Waterford et celle de Wedgwood, mais d’autres secteurs de la société, employant 5.000 travailleurs, sont toujours en activité.
Les travailleurs de Waterford paient le prix de l’instabilité financière, de la crise économique et de la mauvaise gestion flagrante. Les données sont que, si le remboursement des dettes est supprimé, l’usine de Waterford serait rentable et sa part dans le marché américain augmenterait actuellement.
Quand on arrive au centre des visiteurs actuellement occupé, à la droite de l’entrée, on peut lire sur une banderole du syndicat UNITE «Nationalisons Waterford Crystal». Quand on entre à l’intérieur de l’usine, maintenant sous le contrôle des travailleurs, on peut voir que tout est très ordonné, les ouvriers accueillent chaleureusement tout soutien et vous êtes assailli de toutes parts par des propositions de thé, de café, de sandwiches ou même de crème glacée.
Vous avez un aperçu des profondes capacités et du pouvoir de la classe des travailleurs. Ce qu’ils font, d’après la loi, est illégal, mais, comme une autre banderole l’affiche : «Les travailleurs unis ne seront jamais vaincus». L’État serait incapable de les chasser tant sont grands leur détermination et leur soutien dans la communauté. Waterford démontre qu’avec une action bien organisée et le soutien de la classe des travailleurs, on peut écarter les lois dirigées contre les syndicats ainsi que l’État.
Les travailleurs montrent leur pouvoir
Avec les travailleurs en occupation, le syndicat UNITE aurait dû immédiatement lancer une campagne pour la nationalisation, que plusieurs travailleurs soutiennent clairement. Cependant, le fait que les dirigeants syndicaux se sont exclusivement concentrés sur la recherche d’un acheteur privé démontre qu’ils ne pensent pas que la nationalisation est une option.
Les travailleurs font confiance au syndicat et acceptent la focalisation sur la recherche d’un acheteur privé en espérant que le problème sera en quelque sorte résolu. Mais il y a clairement aussi du malaise et de la peur de ce que cette solution va obtenir. Comme un travailleur le faisait remarquer dans le Waterford News & Star, «Quelque choix que nous fassions, nous allons être battus, mais avec un bâton plus doux si Clarion (une entreprise japonaise, NDT) prend le contrôle de l’usine».
La décision est au capital privé de la compagnie d’actions Clarion, l’option favorite du syndicat. Mais même les prévisions les plus optimistes sont que si Clarion prend le contrôle avec une assistance financière considérable, seulement 300 emplois peuvent être sauvés et les salaires et les conditions seront diminués. N’importe quel privé va aussi tenter d’éviter toute responsabilité pour les pensions et les coûts des licenciements.
Il est possible que les conditions que les sociétés comme Clarion peuvent offrir en matière d’emploi, de licenciement ou de paiement des pensions ne seront pas acceptables pour les travailleurs. Toutes les tentatives tendant à diviser les travailleurs et à les contraindre à un accord doivent être rejetées.
Nationalisation : la seule solution
Mais il ne s’agit pas de choisir quelle défaite est la meilleure. La nationalisation n’est pas une pensée après coup sur laquelle méditer si on ne peut trouver aucun acheteur privé. Les arguments en faveur d’une nationalisation de Waterford Crystal sont très forts. La société est viable et c’est pourquoi aucun argument ne peut justifier pour quelle raison 400 emplois devraient être perdus.
Si Clarion était sur le point d’en prendre le contrôle et même de garantir le fonctionnement de l’usine pour deux ou trois ans, il est plus probable qu’ils se seraient retirés bientôt après en laissant éventuellement un centre pour visiteurs, un magasin et juste assez d’emplois dans la construction pour l’approvisionner.
On devrait se battre pour sauver les 700 emplois. Les travailleurs licenciés devraient être remplacés par de nouveaux travailleurs et on devrait défendre les salaires et les conditions de travail, résultat obtenu par des années de lutte. La nationalisation sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs est la seule voie pour garantir un véritable avenir à Waterford Crystal et à ses travailleurs.
L’idée que la nationalisation n’est pas possible est infirmée par les événements. Le gouvernement est actuellement occupé à finaliser ses 7 milliards de sauvetage de l’Allied Irish Bank et de Bank of Ireland. Ils viennent justement de nationaliser Anglo Irish Bank ! Une campagne pour demander que l’État intervienne et investisse pour défendre Waterford Crystal et l’économie du Sud-Est par une nationalisation recevrait une très large réponse publique.
Le syndicat UNITE devrait saisir cette opportunité. En menant une lutte pour la nationalisation, ils pourraient défendre la classe ouvrière de Waterford, mais aussi transformer le débat engagé sur la manière dont la crise économique devrait être traitée. Tout ce que nous entendons est une propagande pour un pacte de solidarité sociale, dans lequel la population tire d’affaire l’État et les riches.
Une lutte pour la nationalisation de Waterford Crystal pourrait être le départ d’un nouveau mouvement qui mettrait en évidence le besoin pour l’État de recourir à la richesse et aux ressources économiques pour défendre les emplois et le gagne-pain du peuple, plutôt que de tirer d’affaire les grosses entreprises et les riches.
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Occupation d’usine à Chicago
Un exemple militant de la voie à suivre pour le mouvement ouvrier
L’après-midi du vendredi 5 décembre, les 260 ouvriers de l’usine Chicago’s Republic Window and Door ont été mis au courant de la fermeture de l’usine et de leur licenciement. Les arriérés de retard en salaire et en vacance s’élèvent à approximativement 1.5 million de dollars. Il y a même des rumeurs selon lesquelles leurs chèques de paie les plus récents ont été refusés. Joyeux Noël.
Will Soto, Socalist Alternative (CIO-USA)
Il ne semble pas que la compagnie se soit totalement effondrée. Les travailleurs pensent plutôt que la compagnie essaye de déplacer la production vers un autre Etat où les salaires sont inférieurs.
L’entreprise pensait qu’elle avait juste à mettre tout le monde à la porte, sans prêter attention aux lois concernant les documents officiels ainsi qu’aux salaires et vacances en retard. Les travailleurs ont vu les choses différemment et ont occupé l’usine.
Un sit-in a commencé l’après-midi du vendredi 5 décembre. La police est arrivée, mais est ensuite repartie sans tenter de forcer le passage. Les travailleurs sont très bien organisés et l’occupation semble fort disciplinée et coordonnée. Ils occupent l’usine vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec trois équipes. Quelques travailleurs sont installés dans l’usine avec leurs familles.
Tous les visiteurs sur le terrain de l’usine sont escortés et les travailleurs gardent un œil sur tout. La compagnie a déjà emballé et emporté certaines machines, mais les travailleurs savent où elles sont et ils vérifient les machines toutes les quelques heures. Beaucoup d’habitants de Chicago aident en faisant des donations d’argent, de nourriture et de sacs de couchage. Ils ont eu un meeting de plusieurs centaines de personnes à l’extérieur du bâtiment le samedi 6 décembre.
Cette occupation d’usine est une cassure nette bienvenue dans la tendance aux fermetures et aux licenciements sans lutte. La compagnie déclare qu’elle ne peut pas se permettre de payer les travailleurs parce que la Bank of America ne prolongera pas le crédit. La Bank of América affirme que les dettes de la compagnie ne sont pas son problème. Les travailleurs éprouvent une colère justifiée contre la direction de l’usine et la banque. Cette même Bank of America fait partie des géants financiers qui ont fait la queue pour recevoir des milliards de dollars de renflouement de la part du gouvernement fédéral américain. Les travailleurs se demandent : où est notre renflouement ?
Une action qui montre le chemin à suivre
Il n’y a pas de question à avoir : cette étape courageusement franchie par ces travailleurs est un grand pas en avant. Ils méritent le soutien de tous les travailleurs et du mouvement ouvrier entier. Socialist Alternative (notre section-sœur aux Etats-Unis) salue ces travailleurs et soutient l’occupation. Ce pays n’a pas vu beaucoup d’occupations d’usines ce dernier demi-siècle. Il y a 70 ans, dans le Michigan, que l’United Auto Workers a lutté et remporté la grève de Flint de 1936-37. Après quarante jours de lutte amère, ils ont vaincu la compagnie et ont inspiré une vague d’occupation à travers le pays. Beaucoup de dirigeants de cette occupation connaissent certainement cette histoire et se préparent à la possibilité d’une longue occupation.
Il est important de noter l’histoire unique du syndicat auquel ces travailleurs sont affiliés. L’United Electrical Workers est un syndicat indépendant sorti de la fédération syndicale du CIO (Congress of Industrials Organisations) et des traditions radicales du syndicalisme industriel des années ‘30. À la différence de certaines directions syndicales corrompues, ses représentants n’obtiennent pas de salaires exorbitants. Pendant les années ‘90, ils ont soutenu la création d’un parti des travailleurs indépendant. La devise du syndicat est «les membres dirigent ce syndicat.» Les travailleurs ont voté démocratiquement pour occuper l’usine.
L’UE et le Conseil du Travail de Chicago doivent construire publiquement le soutien à cette grève de la part des travailleurs et des autres syndicats de la région de Chicago. Cette action héroïque par ces travailleurs pourrait être employée pour revitaliser le mouvement ouvrier à Chicago et pour établir une nouvelle tradition de militantisme parmi la classe ouvrière.
Cette lutte sera une inspiration pour d’autres travailleurs sur la nécessité de lutter contre les assainissements et les licenciements. Le mouvement ouvrier doit combattre chaque licenciement et assainissement en expliquant que si la propriété publique peut être utilisée pour protéger les riches investisseurs, alors les travailleurs doivent bénéficier de ces mêmes politiques.
Ces travailleurs sont unis et déterminés pour gagner tous ce qu’ils peuvent. La victoire est à peine garantie, mais les occupations d’usines sont une tactique éprouvée employée partout autour du monde par des travailleurs qui n’ont souvent aucun autre recours contre les licenciements et les fermetures. Mais de façon plus importante, les occupations d’usine affirment le droit des travailleurs à contrôler leur propre lieu de travail. Comme l’a dit un travailleur en plaisantant samedi : «nous avons beaucoup, nous avons le bâtiment entier.»
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Le scandale Parmalat menace Berlusconi
En janvier toute la direction de la multinationale italienne Parmalat a été arrêtée pour fraude. La direction semblait surtout s’être spécialisée en montages financiers obscurs qui ont permis d’escamoter 10 milliards de $. Une telle escroquerie n’a été rendue possible que par la mise en place de lois – par le gouvernement Berlusconi – rendant plus opaque le contrôle des comptes des sociétés,… et mettant par la même occasion Berlusconi à l’abri de poursuites éventuelles pour les malversations opérées par ses propres sociétés!
Clare Doyle
Dans le plus pur style des parrains de la maffia pris la main dans le sac, l’ex-directeur financier de Parmalat a déclaré aux journalistes qui l’attendaient devant le bureau de police de Parme: «Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, une mort lente et pénible!»
Entre-temps l’emploi de plus de 36.000 travailleurs et de 139 entreprises sont menacés dans le monde. Parmalat était devenu un des navires amiral du capitalisme italien. L’entreprise est active dans 30 pays où on emballe et vend du lait, de l’eau, des jus de fruits, des biscuits et d’autres produits alimentaires.
Des consommateurs et les petits investisseurs ont organisé le 21 janvier une manifestation devant les bureaux du Premier ministre et de la Banque nationale. Mais il faudra faire plus. Les travailleurs et leurs organisations doivent mener campagne pour la nationalisation immédiate (et sans indemnités) de Parmalat et mettre en avant un programme de lutte syndicale tant à l’échelle internationale que locale.
En Italie certaines actions de grève sont toujours en cours et il est nécessaire de lancer une offensive générale contre le gouvernement. La situation économique est problématique, même sans la crise de Parmalat. Le gouvernement Berlusconi risque de tomber car ses partenaires de la coalition soutiennent mollement le gouvernement. La crise actuelle peut être la dernière goutte qui fait déborder le vase. Une partie de la bourgeoisie qui a émis des réserves sur la façon dont l’aventurier Berlusconi a pris le contrôle de la machine gouvernementale, vont peut-être mettre à profit la crise de Parmalat pour tenter de le débarquer.
La Commission de la Sécurité et des Echanges (SEC), à New York, a déclaré que cette affaire est «un des plus grands exemples de fraude d’entreprise de toute l’histoire». Elle a d’ailleurs entamé sa propre enquête sur la façon dont l’entreprise avait fabriqué un faux (une lettre à entête de la Bank of America) pour faire croire qu’un prêt de 4 milliards $ avait été accordé à Parmalat. Une enquête est aussi en cours à propos de la vente fictive de poudre de lait à Cuba pour une somme de 620 milliards de $, vente fictive dans laquelle un nombre de banques «respectables» sont impliquées.
Il y a déjà eu d’autres scandales en Europe (Vivendi en France, Scania en Suède, Ahold aux Pays-Bas). La plus grande entreprise italienne, Fiat, lutte pour sa survie après qu’une partie de son patrimoine ait été soustrait par la famille Agnelli. Chez Parmalat la fraude porte sur des montants plus limités que dans le scandale américain d’Enron il y a quelques mois, mais l’affaire Parmalat risque de frapper le coeur de la finance internationale.