Tag: Bachar Al Assad

  • Syrie : La Russie fait une proposition concernant les armes chimiques

    La campagne anti-guerre doit se maintenir : NON à toute intervention impérialiste !

    Alors que le sommet du G20 qui se tenait en Russie prenait fin, les diverses puissances capitalistes internationales étaient divisées en deux camps opposés concernant l’opportunité de lancer une attaque militaire en Syrie. Pendant ce temps, la volonté guerrière d’Obama rencontrait une forte opposition au sein des deux principaux partis politiques américains.

    Judy Beishon, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Aux USA, les membres du Sénat et de la Chambre des représentants étaient sous la forte pression de l’opinion publique, largement opposée à une intervention militaire. Il était bien incertain qu’Obama puisse obtenir l’approbation qu’il souhaitait. Les dirigeants du parti Républicain étaient divisés entre un ‘‘réalisme prudent’’ à l’instar du sénateur Rand Paul et l’interventionnisme agressif de l’ancien candidat républicain à l’élection présidentielle John McCain.

    Les Démocrates, quant à eux, désirent éviter d’endommager la réputation d’Obama en votant contre lui, mais nombreux sont ceux qui craignent les conséquences qu’auraient un ‘‘oui’’. Pour Obama, perdre cette consultation constituerait un puissant coup porté à son prestige, à l’image de ce qu’a subi David Cameron face au refus du Parlement britannique. Voilà ce qui explique le changement d’attitude du gouvernement américain, vers d’éventuelles négociations concernant une supervision internationale des stocks d’armes chimiques syriens.

    Face à une défaite possible au Congrès américain, il semble bien qu’Obama ait reçu une bouée de sauvetage politique inattendue de la part de son homologue russe Vladimir Poutine. Poutine a proposé que le régime syrien place ses armes chimiques sous la supervision des Nations Unies afin d’éviter les frappes aériennes sous commandement américain contre les bases militaires du régime syrien.

    Une agression impérialiste n’est toutefois pas encore définitivement hors de vue. Tôt ou tard, en fonction des événements, il n’est pas exclu que David Cameron fasse par exemple son retour sur cette question en obtenant le soutien de dirigeant travailliste indécis Ed Miliband, dans l’opposition. La campagne anti-guerre doit être maintenue, avec l’implication de syndicalistes, de militants marxistes et autres. Il reste toujours d’actualité de clamer haut et fort : non à toute intervention impérialiste en Syrie ! Mais il faut aller plus loin.

    La machine de propagande est lancée

    Dans sa tentative de gagner un soutien aux Etats-Unis, la machine de propagande d’Obama a été utilisée à plein régime, notamment en utilisant des vidéos d’images de victimes d’attaques de gaz chimiques réunies par l’opposition syrienne et la CIA. Ces images sont horribles, mais la question de savoir qui est véritablement responsable de ces actes reste en suspend, qu’il s’agisse de Bachar Al-Assad, de commandants militaires agissant sans son approbation (comme le rapporte le journal allemand Bild, en affirmant se baser sur des écoutes de l’armée allemande) ou des forces d’opposition.

    De toute manière, la possibilité d’une attaque occidentale n’est pas fondamentalement basée sur l’emploi d’armes chimiques. Dans une lettre publiée par le Times le 5 septembre dernier, Lord Lamont (ancien ministre conservateur de Margareth Thatcher et de John Major) a rappelé qu’en 1988, l’Occident a fermé les yeux lorsque Saddam Hussein a utilisé du gaz moutarde et du gaz sarin contre les troupes iraniennes, tuant ainsi 20.000 personnes. Il a ajouté : ‘‘Un récent article paru dans le magazine US Foreign Policy a affirmé que les responsables américains qui ont donné connaissance à l’Irak des mouvements de troupes iraniennes savaient que des armes chimiques seraient utilisées contre eux.’’

    Aucun missile américain n’empêchera que de armes chimiques soient à nouveau utilisées, ne tombent dans les mains de terroristes ou soient cachées ailleurs. Une attaque américaine ne constituerait rien d’autre qu’un acte sanglant destiné à défendre le prestige de la classe dirigeante américaine aux Etats-Unis et dans le monde et à protéger ses intérêts au Moyen-Orient, après qu’Obama ait imprudemment déclaré que l’utilisation d’armes chimiques serait une ‘‘ligne rouge’’.

    D’autres répercussions seraient inévitables, comme de possibles attaques contre des bases américaines dans la région, des tirs de roquettes contre Israël, des attentats terroristes aux États-Unis et dans ses pays alliés ou encore une perturbation de l’approvisionnement en pétrole. Les tirs de missiles américains renforceraient également la perspective d’une escalade du conflit syrien et de sa propagation dans les pays voisins. Il y aurait également plus de réfugiés, alors que leur nombre atteint déjà le total phénoménal de six millions de personnes, à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie.

    Toute l’ironie du sort est que la population syrienne pourrait bien plus courir le risque d’être victime d’armes chimiques dans le cas de frappes américaines. Il a ainsi été prouvé que les frappes aériennes américaines contre les usines d’armes chimiques de Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe de 1991 n’ont pas détruit le gaz sarin mortel qui était visé, mais l’ont simplement répandu jusqu’à 600 km des bases militaires détruites.

    Les masses voient à travers les projets des gouvernements

    Ce qui se cache réellement derrière ‘‘l’humanitarisme’’ affiché par les gouvernements occidentaux afin de s’assurer le soutien de leur opinion publique est visible aux yeux de la majorité de la population des divers pays. Le soutien indéfectible des impérialistes occidentaux aux élites dirigeantes arabes répressives et dictatoriales ; le massacre de civils irakiens ; le soutien aux assauts du régime israélien contre Gaza ; l’assassinat de civils par des drones américains au Pakistan, en Afghanistan et au Yémen ; leur acceptation de la répression de l’armée en Egypte et beaucoup d’autres exemples illustrent que ces puissances savent soutenir une infâme brutalité lorsque cela leur convient.

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    Simplement s’opposer à l’intervention impérialiste est insuffisant, cela laisse la porte ouverte à un soutien au dictateur Assad. Pire, certains vont jusqu’à défendre l’idée erronée selon laquelle ‘‘les ennemis de nos ennemis sont nos amis’’. Il n’est pas non plus possible de prendre parti pour le camp des rebelles, liés soit à l’islam politique réactionnaire, soit à d’anciens dirigeants du régime. Chacune de ces forces défend des intérêts liés à l’exploitation et à l’oppression des masses. Notre seul camp, c’est celui de notre classe, celle des travailleurs, des jeunes, des opprimés ! Nous devons encourager son auto-organisation !

    Cette tâche est immense, mais la Syrie n’est pas isolée du reste du monde : les processus révolutionnaires sont contagieux et avancent par vagues. Les luttes de masse en Tunisie et en Egypte s’orientent vers la chute du système lui-même et pas seulement vers celle d’un gouvernement capitaliste autoritaire qui sera remplacé par un autre. La construction d’un rapport de forces vers un régime basé sur la satisfaction des besoins des masses aura ses répercussions sur la Syrie et ailleurs. L’élément crucial sera la construction d’instruments de lutte (comités, syndicat et parti) afin d’unir et de défendre les travailleurs et les pauvres par-delà leur religion ou leur ethnie.

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    Pour éviter de subir des pertes humaines et de s’embourber dans une intervention prolongée, les éventuelles frappes américaines prendraient très probablement la forme de missiles tirés à distance plutôt que de bombardements aériens. Cela endommagerait inévitablement les forces armées d’Assad, mais la Russie peut toujours le ravitailler, et sa supériorité militaire sur l’opposition syrienne pourrait être maintenue. Bachar Al-Assad profiterait en outre du ‘‘statut de victime’’, en particulier parmi sa base de soutien syrienne, russe et chinoise.

    La guerre civile en Syrie a engendré une dynamique horrible de régulières atrocités, et ce des deux côtés. En laissant faire le régime vicieux d’Al-Assad et les capitalistes en herbe de l’opposition (et ses nombreuses nuances de division et de sectarisme), la guerre est susceptible de perdurer jusqu’à ce que les deux côtés aient utilisé jusqu’au bout leurs capacités militaires.

    Beaucoup de puissances capitalistes étrangères se sont mêlées de ce conflit avec leurs prétendues ‘‘solutions’’ qui, toutes, illustrent leur faillite à offrir une solution capable de mettre un terme au cauchemar des masses syriennes.

    Seule la construction d’organisations non-sectaires basées sur la force des travailleurs, démocratiquement gérées et coordonnées les unes les autres peut montrer une voie de sortie qui ne soit pas un cul-de-sac. Ces instruments de lutte auraient également besoin d’organiser une résistance armée des masses tant contre les forces du régime d’Al-Assad que contre toutes les milices dirigées par des forces réactionnaires motivées par le profit personnel, la division religieuse ou ethnique, et la vengeance.

    Cette unité des travailleurs pourrait se développer grâce à l’attraction d’un programme de rupture anticapitaliste et socialiste posant clairement la question de la propriété collective des secteurs-clés de l’économie, dans le cadre d’une planification économique démocratiquement élaborée et visant à éliminer l’exploitation et la pauvreté.

  • Violence fasciste mortelle à Paris

    Suite aux mobilisations organisées par les réactionnaires français contre le mariage homosexuel au cours de ces derniers mois, l’extrême-droite est passée à l’offensive, de façon violente. Un jeune antifasciste vient d’en être brutalement victime, jusqu’à en mourir. Ce 5 juin, Clement Meric, un militant étudiant antifasciste, a été assassiné en pleine rue par des skinheads néo-fascistes. Il faut riposter contre cette violence néofasciste de la manière la plus appropriée : par une mobilisation de masse qui instaure une pression sur chaque tentative de l’extrême-droite d’aller de l’avant.

    Réaction de Blokbuster et Résistance Internationale, les campagnes antifascistes du PSL. Photo ci-contre : action des meurtriers néonazis des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR)

    Ces derniers mois ont été marqués par quelques grandes manifestations opposées au mariage homosexuel. La droite réactionnaire a pu à cette occasion clairement démontrer qu’elle demeure toujours une force mobilisatrice tandis que l’ampleur de ces événements a renforcé la confiance de l’extrême-droite. Par ailleurs, le Front national de Marine Le Pen a pu jouer sur le mécontentement croissant éprouvé dans la population face aux politiques antisociales désastreuses de François Hollande au cours de toute l’année dernière, sur fond de perspectives économiques peu réjouissantes.

    Des groupes d’extrême-droite violents se sont sentis encouragés par ces développements, et certains militants néofascistes ont été plus audacieux. C’est ce qui a conduit à la mort du jeune antifasciste Clément Meric, battu à mort en pleine journée à Paris par un groupe de skinheads. Le principal accusé de ce crime est connu en tant que membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), une organisation dirigée par Serge Ayoub, individu qui est déjà venu à plusieurs reprises en Belgique dans le cadre des activités de groupuscules néonazis belges tels que Nation.

    Serge Ayoub a d’abord tenté de nier que les meurtriers étaient militants des JNR, pour ensuite adopter une approche différente en disant que les jeunes militants de gauche avaient commencé. Sur le site belge rechtsactueel.com, qui est animé par un employé du Vlaams Belang, on tente aussi de cadrer les choses dans "un autre contexte" en affirmant que les militants d’extrême-droite n’avaient rien provoqué et qu’ils n’en pouvaient rien si le jeune Clément avait fait une "chute accidentelle". Chez Nation, on dit aussi qu’il s’agissait d’une provocation de la part de militants de gauche tout en rajoutant que l’incident est une affaire purement personnelle, une "bagarre générale qui a mal tournée et non pas d’une agression préméditée d’un groupe contre un individu". La version de Serge Ayoub est donc défendue en Belgique tant par Nation que par rechtsactueel.com. Une nouvelle recrute de Nation, Kris Roman, a par contre déclaré hier sur Facebook: "Les antifas détournent les choses. (…) Si les antifas continuent à harceler les gens, d’autres "momies de gauche" suivront." La déclaration officielle de Nation sur les "provocations" de gauche s’accompagne donc de l’approbation officieuse de cette violence par ses militants.

    Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) de Serge Ayoub ne constituent pas un club innocent. Serge Ayoub a pour surnom "Batskin" parce qu’il apprécie utiliser une batte de baseball dans des affrontements avec ses opposants politiques. Ce groupe tente de combiner une violence d’extrême-droite avec une rhétorique "sociale". Tout comme pour les autres groupes qui se réclament du "solidarisme", cet aspect social reste toutefois limité à la rhétorique, contrairement aux actes de violence et au racisme. Le parti grec Aube Dorée ne dirige par exemple pas son activité contre les responsables de la crise – les grands armateurs et les autres capitalistes grecs – mais contre les victimes de la crise qui ont une autre couleur de peau ou une autre opinion politique.

    Cette année, les JNR ont été à l’initiative d’une manifestation "contre l’impérialisme", selon leurs propres termes, qui a rassemblé environ 800 participants. Cette mobilisation était soutenue dans notre pays par Nation et les Autonome Nationalisten (Nationalistes Autonomes, un groupuscule néerlandophone). Les manifestants y avaient notamment déclaré leur soutien au dictateur syrien Bachar al-Assad. A la fin de l’événement, outre Serge Ayoub, Hervé Van Laethem, de Nation, était orateur. Le 1er mai de cette année, Serge Ayoub est encore venu à Bruxelles pour participer à la manifestation de Nation.

    La mort du jeune antifasciste a conduit à la tenue d’actions de protestations et de manifestations. Ce jeudi, il y avait notamment une grande manifestation de deuil et de colère. Des politiciens ont fait valoir qu’ils sont en faveur de l’interdiction des groupes néo-nazis. Nous ne sommes évidemment pas en faveur de laisser aux néo-nazis les possibilités de se construire, mais une interdiction sera insuffisante pour les arrêter. Nous avons besoin d’une riposte active de la part du mouvement des travailleurs.

    Seule la mobilisation et la résistance antifasciste est de nature à briser la confiance des groupes néo-fascistes violents. Leur violence n’est pas soutenue par les couches larges de la population. En répondant à leurs mobilisations et à leurs réunions par des mobilisations plus grandes encore, on peut leur rendre particulièrement difficile de s’organiser, ce qui est nécessaire pour les empêcher de franchir des étapes suivantes dans leur offensive violente.

    Face aux mobilisations qui renforcent les divisions – comme les actions homophobes – et contre l’extrême droite qui instrumentalise la colère ressentie contre la politique d’austérité, nous avons également besoin d’une réponse politique qui prenne à cœur la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles. Les partis établis et leur politique de casse sociale assurent que le terrain soit fertile pour le racisme et la division, ce sur quoi se basent les groupes violents. Aucune véritable réponse à l’extrême droite n’est à attendre de leur part. Nous avons à construire nous-mêmes ce relais politique. Le potentiel de lutte contre les politiques d’austérité sur le plan syndical et le plan politique est bien présent, le saisir pleinement est tout l’enjeu actuel des antifascistes et du mouvement des travailleurs en général.

  • Tunisie : Le ministère de la femme couvre les atteintes aux droits des femmes !

    Dans l’article ci-dessous, Aïda, une sympathisante du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Tunisie, revient sur la situation des droits des femmes en Tunisie, dans le contexte particulier de révolution et de contre-révolution qui y prend place. La lutte pour les droits des femmes est intégralement liée à celle du mouvement des travailleurs et de la jeunesse pour la défense et la poursuite de la révolution, afin d’en finir avec le pouvoir actuel, ses visées intégristes et le capital qui le nourrit.

    Prêches et propagande Wahhabite

    La Tunisie du gouvernement Ennhadha accueille à bras ouverts les Imams et les Cheikhs wahhabites. Le prédicateur égyptien Wajdi Ghonim, défenseur de l’excision, a donné plusieurs conférences dans de nombreuses régions en Tunisie en février 2012. D’autres imams et prêcheurs wahhabites (tel que Amr Khaled, Safwet Hejazy, ou récemment Nabil Al Aouadhi) se relaient en Tunisie afin de propager leurs prêches. Interrogée sur l’accueil de Nabil Al Aouadhi à Zarzis par des petites filles à l’âge des fleurs, toutes en Hijab (portant le voile), la ministre des affaires de la femme et de la famille, Sihem Badi (du parti CPR, allié d’Ennahda dans le gouvernement de la Troïka tunisienne) répond : ‘‘Au lieu de le rapatrier, il faudrait laisser les idées s’affronter, c’est l’essence même de la démocratie que nous sommes en train d’instituer. L’invitation du prédicateur koweïti s’inscrit dans ce cadre.’’

    Pas un mot sur l’instrumentalisation de fillettes âgées de 4 à 7 ans, qui ont de plus eu droit à l’appellation de ‘‘princesses de Zarziz’’ par le site islamiste ‘Zitouna Tv’. Ce site est dirigé par Oussama Ben Salem, fils de Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement supérieur, cofondateur de l’association ‘‘Liberté et Equité’’, et actuel membre du comité de la Choura d’Ennahdha (le Conseil de direction du parti). Ce dernier point ne fait d’ailleurs que confirmer la relation étroite entre Ennahdha et le Wahhabisme, version ultraréactionnaire de l’Islam sunnite, et ossature idéologique du régime théocratique et capitaliste saoudien.

    Tandis que le gouvernement d’Ennahdha refuse d’octroyer le visa d’entrée en Tunisie à certains militants ou personnalités de gauche, on ne compte plus le nombre de prédicateurs wahhabites ayant visité le pays et prêché dans des mosquées et espaces culturels, propageant l’extrémisme religieux et servant de porte-paroles aux ennemis de la révolution, notamment aux fortunés du Golfe. La récente ‘‘tournée’’ fort médiatisée et chaleureusement accueillie par les dirigeants du mouvement Ennahdha du prédicateur Béchir Ben Hassen, met encore en évidence la nécessité de s’organiser partout dans le pays pour prévenir le danger de ces prêches.

    Jeunes filles envoyées en Syrie

    La ministre des Affaires de la femme Sihem Badi observe sa confortable posture de garder le silence face au nouveau phénomène de ‘‘Djihad du Nikah’’ : une vingtaine, peut-être plus, de jeunes filles se trouvent ainsi en Syrie afin d’assouvir les désirs sexuels des djihadistes combattant le régime de Bachar Al Assad. Face au désarroi des parents et des familles qui ont signalé la disparition de leurs jeunes filles adolescentes, après des suppositions qu’elles partiraient en Syrie, le ministère des affaires de la femme et de la famille appelle à l’encadrement familial et dénonce le manque d’éducation religieuse !

    Vague de viols sur tout le territoire

    Un nombre croissant et sans précédent d’agressions et de viols sont aussi constatées à travers plusieurs régions du territoire. Au mois de février, une femme enceinte accompagnée de son mari a été violée à Ben Arous par deux malfrats sous les yeux de son mari qui n’a rien pu faire. Le 23 mars 2013, une jeune fille handicapée âgée de 11 ans a été violée à Boumhel, dans la banlieue sud de Tunis. Le 26 mars deux adolescentes de 14 ans, sortant du domicile de leur professeur qui leur donnait des cours particuliers, ont été violées par deux délinquants au Kef. À Béjà au nord-ouest du pays, une jeune fille handicapée âgée de 20 ans a été kidnappée et violée par un groupe de personnes ; le viol a malheureusement provoqué la grossesse de la victime. Une autre femme a été violée à Kairouan par un policier et deux de ses amis sur la route, ainsi qu’une mère de famille et sa sœur, victime d’un cambriolage et d’un viol par deux énergumènes aux casiers judiciaires garnis, à l’intérieur même de leur maison. Il ne s’agit là que de cas déclarés et médiatisés, mais on ne compte plus les tentatives de viols, agressions physiques et viols non déclarés.

    Le viol de la petite fille de trois ans dans un jardin d’enfant à la Marsa a bouleversé le pays. La forte médiatisation autour de cette affaire a contribué à raviver la lutte des Tunisiennes pour leurs droits et leurs libertés. L’affaire de la jeune femme de 27 ans violée en septembre 2012 par trois policiers -qui ont également extorqué l’argent du fiancé de la victime- avait déjà suscité la colère et les mobilisations de rue, le ministère de la justice ayant même fait passer la victime de la barre des témoins au banc des accusés. Cette culpabilisation de la victime s’inscrit dans la banalisation du viol, une des conséquences d’un système capitaliste inégalitaire et expression ultime de la domination d’un être humain sur un autre.

    Réactions scandaleuses de la ministre Sihem Badi, à l’image d’un gouvernement de réactionnaires

    Les représentants des autorités et du gouvernement tunisien ont une manière bien particulière de répondre à l’indignation de la société face à ces crimes, ou à la peine et à la souffrance des victimes et de leurs familles, ou encore aux luttes et aux revendications de l’opposition et des militants féministes. Si Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l’intérieur, avait déclaré que la jeune fille violée par trois policiers en septembre 2012 était ‘ ‘‘dans une mauvaise posture avec son fiancé’’, Sihem Badi a implicitement pris la défense du violeur de la petite fille de trois ans en déclarant que celui-ci faisait partie de la famille de la victime -remettant ainsi en question les déclarations des parents et de l’enfant elle-même- et déresponsabilisant la direction du jardin d’enfants qui n’avait pas de licence, comme des milliers de jardins d’enfants clandestins en Tunisie.

    Face au viol de la femme enceinte en présence de son mari, même indifférence et aucune mesure d’encadrement ou de protection, surtout que la famille du mari qui logeait le couple a mis la victime et son mari à la porte après le « scandale » que cette affaire a provoqué à la famille.

    Sihem Badi n’a cependant pas hésité à descendre victorieusement et fièrement à l’Avenue Bourguiba (l’avenue centrale de la capitale) pour participer à la manifestation du 9 février 2013 en soutien au gouvernement Ennahdha et à la ‘‘légitimité des élus’’. Cette manifestation ne fut qu’une ‘‘démonstration de force’’ contre la vraie légitimité, celle du peuple et de la rue, et une réponse à la grève générale de l’UGTT et de l’enterrement du militant du Front Populaire, Cholri Belaid, le 8 février, lorsque des millions de gens ont répondu présents dans la capitale comme dans l’ensemble du pays. (voir notre article à ce sujet)

    Sous ce gouvernement, la lutte pour les droits des femmes est plus que jamais d’actualité

    La ministre des affaires de la femme n’est qu’une bonne élève du clan nahdhaoui et n’a qu’une réponse à la bouche : ‘‘Je ne démissionnerai pas’’. Face à un régime clairement contre-révolutionnaire et capitaliste, l’inquiétude sur la situation des femmes en Tunisie grandit.

    Les acquis des femmes marquent de ce fait plusieurs pas en arrière. D’un combat sous le régime de Ben Ali concentré sur les énormes sommes d’argents volées au pays afin de financer des associations féminines détenues par des corrompus du système, des responsables du RCD et la femme du président elle-même, ainsi que des questions fondamentales telles que l’égalité dans l’héritage ou le droit au mariage à un non musulman sans que celui-ci ne soit obligé de changer de religion, on passe à une étape où on doit se battre pour préserver les droits anciennement acquis et protéger l’intégrité physique de la femme.

    Tandis que la situation de la femme rurale, des ouvrières à l’usine et des femmes de ménage est des plus précaires, les députés nahdhaouis se préoccupent au sein même de l’Assemblée Constituante de retour à la polygamie et d’une constituante qui se base sur la loi islamique, la ‘‘Châria’’. Aucun progrès n’est exprimé en ce qui concerne le statut de la femme dans la société tunisienne, qui reste inférieur à celui de l’homme, en raison entre autres de l’inégalité salariale et d’embauche, et à la double tâche qui reste propre à la femme. Cette dernière restera tiraillée entre son exploitation matérielle et sociale, et la charge majoritairement féminine des tâches ménagères et de l’éducation des enfants, tant qu’il n’y aura pas de réponses collectives claires se substituant aux « solutions » individuelles prônées par le système capitaliste. Pour cela, il faut des revendications qui trouvent pleinement leur place dans la lutte du mouvement ouvrier et de la jeunesse pour la défense et la poursuite de la révolution, afin d’en finir avec ce pouvoir, avec ses visées intégristes et avec le capital qui le nourrit. Ces revendications doivent comprendre des emplois décents rémunérés sans aucune discrimination de sexe – à travail égal, salaire égal ; de bons services publics et sociaux, incluant des crèches publiques gratuites en nombre suffisant et bien encadrées en termes de personnel, le financement public de centres de soutien pour les femmes abusées, victimes de viol etc.

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