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Tag: Armement
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Conflits dâintĂ©rĂȘts et dissimilation : la N-VA roule pour lâindustrie de lâarmement
Le moins que lâon puisse dire, câest que le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă©vite comme la peste le dĂ©bat public sur les questions importantes. Et câest un euphĂ©misme. Il est hallucinant que 15 milliards dâeuros soient mis Ă disposition pour lâachat dâavions F-35 capables de transporter et larguer des bombes nuclĂ©aires, et ce, en pleine pĂ©riode dâĂ©conomies budgĂ©taires.Par Sander (Dendermonde)
Pour une fois, le SP.a a jouĂ© un rĂ©el rĂŽle dâopposition lorsque les rapports de Lockheed Martin, le fabricant des F16, sont arrivĂ©s entre leurs mains. Ceux-ci dĂ©montrent que les avions de combat actuels pourraient facilement durer plus longtemps. Quand il sâagit des pensions ou dâinvestir dans les soins de santĂ© ou lâenseignement, les caisses sont vides. Mais il serait impossible de remettre en question les milliards investis dans lâarmement ?! Quels intĂ©rĂȘts servent ce gouvernement et le sommet de lâarmĂ©e ? Pas les nĂŽtres !
Ce scandale dĂ©montre que le gouvernement a fait un pas de cĂŽtĂ© en matiĂšre de dĂ©mocratie et quâil sây tient. Aucun dĂ©bat public nâa eu lieu quant Ă lâutilitĂ© dâinvestir ainsi des milliards dâeuros. Cela nâa du reste jamais Ă©tĂ© lâintention. Ce gouvernement devait et allait investir dans de nouvelles armes de guerre afin de convaincre ââla communautĂ© internationaleââ (lire: les intĂ©rĂȘts impĂ©rialistes des Ătats-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de lâAllemagne) quâil peut et veut se joindre Ă lâexpansion et, si nĂ©cessaire, Ă la dĂ©fense des sphĂšres dâinfluence et de profits occidentales Ă travers le monde. Et tant mieux pour le secteur de lâarmement. AprĂšs avoir dĂ©missionnĂ© en raison de contacts officieux entretenus avec Lockheed-Martin, lâancien chef de cabinet adjoint du ministre de la DĂ©fense Vandeput (N-VA) travaille dĂ©sormais comme consultant pour cette mĂȘme entreprise. Vous la sentez aussi, cette odeur de conflits dâintĂ©rĂȘts ? La N-VA a beau parler de ââchangementââ Ă tort et Ă travers, elle est, en fait, plongĂ©e jusquâau cou dans le mĂȘme genre de bourbier puant.
La N-VA nâa mĂ©nagĂ© aucun effort pour mettre son ministre hors dâatteinte. Une session parlementaire sur le dossier a Ă©tĂ© reportĂ©e de deux semaines, des audits internes (commandĂ©s par lâarmĂ©e elle-mĂȘme) ont Ă©tĂ© ordonnĂ©s pour influencer lâopinion publique et enfin, les militaires convaincus de la prolongation de la durĂ©e de vie des F16 actuels ont Ă©tĂ© suspendus. Lorsque, finalement, quelque chose devait ĂȘtre rendu public, les dĂ©putĂ©s ont eu le droit dâexaminer les audits internes et externes, mais sans pouvoir prendre des photos ou des notes et encore moins faire des copies. Vous la sentez aussi, cette odeur de dissimulation ?
Si la N-VA parvient Ă sâen sortir, elle devra remercier lâopposition. PS et SP.a ont aussi derriĂšre eux une longue histoire de fraude et de conflits dâintĂ©rĂȘts dans ce domaine : il suffit de penser au dossier des hĂ©licoptĂšres Agusta au dĂ©but des annĂ©es â90.
Au Parlement, les critiques correctement formulĂ©es contre Vandeput ne sont pas couplĂ©es Ă la construction dâun puissant mouvement anti-guerre dans la rue, Theo Francken, N-VA lui aussi, ne veut voir aucun rĂ©fugiĂ© dans notre pays, mais son parti fait pourtant tout son possible pour investir dans lâindustrie de lâarmement et dans des conflits dans lesquels la population nâa pas dâautre issue que la fuite. Les seuls gagnants sont lâindustrie de lâarmement et leurs marionnettes politiques.
Il nous faut construire un rapport de forces capable de dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des travailleurs et des jeunes et qui, par consĂ©quent, est Ă©galement responsable devant ceux-ci. Tant que lâĂ©conomie restera entre les mains dâune Ă©lite richissime, les intĂ©rĂȘts de la majoritĂ© de la population passeront toujours au second plan. Nous avons besoin dâun large mouvement des travailleurs et de la jeunesse contre la guerre et pour une autre sociĂ©tĂ©, une sociĂ©tĂ© socialiste dĂ©mocratique.
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Action contre l’achat de nouveaux avions de chasse : pas avec notre argent !

15 milliards. C’est le montant que le gouvernement veut investir dans de nouveaux avions de chasse, et ce, Ă un moment oĂč l’on nous dit constamment qu’il faut faire des Ă©conomies ! Il n’y a pas d’argent pour les pensions, les transports publics, le logement social ou la sĂ©curitĂ© sociale. Et il y en a pour le secteur de lâarmement ? Comme la FGTB le fait remarquer au sujet des pensions : « A ceux qui diront que c’est impayable, nous dirons juste que pour le coĂ»t des F-16, nous pourrions payer une pension de 1.500 euros pendant 10 ans Ă tous les pensionnĂ©s. »
Ce dimanche, une action avait Ă©tĂ© organisĂ©e par la plate-forme “Pas d’avions de chasse”, qui regroupe quelque 130 associations. Le gouvernement se cache derriĂšre l’argument que la dĂ©cision a dĂ©jĂ Ă©tĂ© prise et que la Belgique doit se conformer aux “obligations internationales”. Pour ce gouvernement, les obligations imposĂ©es par l’impĂ©rialisme et l’industrie de l’armement l’emportent effectivement sur les obligations envers son propre peuple !
Le gouvernement de droite, Francken en tĂȘte, s’oppose Ă l’arrivĂ©e de rĂ©fugiĂ©s, mais investit dans du matĂ©riel de guerre qui sert Ă participer aux guerres qui incitent les gens Ă fuir.
Lâhypocrisie ne manque pas dans ce dossier, et la discussion montre surtout comment fonctionne ce systĂšme capitaliste : les moyens existent pour la guerre, pas pour que nous puissions vivre ensemble pacifiquement. C’est une caractĂ©ristique du capitalisme, qui porte en lui la guerre comme la nuĂ©e porte lâorage, comme le disait Jean JaurĂšs.
Nous avons besoin dâun puissant mouvement anti-guerre. Cette dĂ©cision du gouvernement est trĂšs concrĂšte : un F35 coĂ»te autant que 12 maisons de repos, 156 parcs, 1 hĂŽpital, 47 Ă©coles ou 12.145 terrains de jeux. Poursuivons la dĂ©nonciation, particuliĂšrement face Ă la menace de conflits Ă plus grande Ă©chelle en Syrie. -
USA. Une approche socialiste du contrĂŽle des armes Ă feu

17 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es lors dâune fusillade dans une Ă©cole de Floride le 14 fĂ©vrier dernier. Lâincident est loin dâĂȘtre unique : il y en a presque un par jour aux Ătats-Unis comprenant plus de quatre dĂ©cĂšs et/ou blessĂ©s Ă la suite de la fusillade. En 2014, 33.954 dĂ©cĂšs ont Ă©tĂ© causĂ©s par des armes Ă feu aux Ătats-Unis, parmi lesquels un grand nombre de suicides. Le problĂšme des fusillades dans les Ă©coles a dĂ©jĂ Ă©tĂ© discutĂ© il y a des annĂ©es dans le documentaire ââBowling for Columbineââ de Michael Moore, en 2002.
LâĂ©lĂ©ment neuf, câest la riposte de la jeunesse qui sâorganise contre la violence contre la violence et les politiciens financĂ©s par lâindustrie de lâarmement et les lobbys qui lâaccompagnent. Le 21 fĂ©vrier, des manifestations locales ont eu lieu, suivies par dâautres actions : des manifestations Ă©tudiantes sont prĂ©vues le 14 mars et une marche nationale contre la violence Ă lâĂ©cole Ă Washington aura lieu le 24 mars. Lâeffet de la protestation de masse contre Trump nâa clairement pas disparu et Ă©tablit une tradition de protestation politique de la jeunesse.
Lâindustrie de lâarmement est importante aux Ătats-Unis. On estime Ă plus de 300 millions le nombre dâarmes en circulation dans ce pays pour une population de 320 millions dâhabitants. Au cours des derniĂšres annĂ©es, le secteur a connu une forte croissance : la production a augmentĂ© de 158% en dix ans et le nombre dâemplois dans le secteur a doublĂ© pour atteindre plus de 300.000 emplois.
Lâarticle suivant a Ă©tĂ© Ă©crit par Tom Crean, qui figure parmi nos camarades de Socialist Alternative. Ce texte avait initialement Ă©tĂ© rĂ©digĂ© Ă la suite de la tuerie de lâĂ©cole de Sandy Hook en dĂ©cembre 2012, lors de laquelle un jeune homme avait massacrĂ© 20 enfants et 6 de leurs maĂźtresses, aprĂšs avoir Ă©galement abattu sa propre mĂšre et avant de se suicider lui-mĂȘme. Cet article avait Ă©tĂ© rĂ©digĂ© pour servir de base de discussion pour un dĂ©bat au sein du ComitĂ© exĂ©cutif national de Socialist Alternative. AprĂšs discussion, le texte a Ă©tĂ© amendĂ© et publiĂ© ensuite en tant que position officielle de lâorganisation.
Les politiciens libĂ©raux appellent Ă plus de restrictions sur le port des armes. MĂȘme l’Association nationale des armes Ă feu (NRA), le tout-puissant lobby des fabricants et vendeurs d’armes (qui regroupe aussi de nombreux « usagers »), a rĂ©cemment acceptĂ© que des limitations soient placĂ©es sur la vente des chargeurs de mitrailleuses qui permettent Ă des meurtriers comme Stephen Paddock, l’auteur de la tuerie de Las Vegas, de transformer un simple fusil en une vĂ©ritable machine Ă tuer, capable de projeter plus d’un millier de balles sur une foule en Ă peine dix minutes.
Si les tueries de masse sont Ă©videmment le genre dâĂ©vĂ©nement qui attire le plus d’attention et suscite le plus d’horreur, ces actes, aussi terribles soient-ils, ne comptent toutefois que pour une infime fraction du nombre de morts par balles aux Ătats-Unis. Un rapport rĂ©cemment publiĂ© rĂ©vĂšle en effet que plus de citoyens des Ătats-Unis sont morts victimes des armes Ă feu dans leur propre pays au cours des 50 derniĂšres annĂ©es qu’au cours de toutes les guerres auxquelles ont participĂ© les Ătats-Unis partout dans le monde depuis leur indĂ©pendance !
La question que nous nous posons est donc de savoir si une telle situation, oĂč la sociĂ©tĂ© est virtuellement submergĂ©e par le nombre d’armes Ă feu en circulation, est intĂ©ressante pour la classe des travailleurs. Nous voulons Ă©galement dans cet article expliquer pourquoi nous nous opposons tant au « droit de se dĂ©fendre par les armes » dĂ©fendu par la droite qu’aux propositions de restreindre le port d’arme dĂ©fendues par les libĂ©raux.
Nous devons Ă©galement remarquer que malgrĂ© toutes ces horribles tueries de masse qui tendent Ă battre des records (celle de Las Vegas Ă©tait la plus meurtriĂšre tuerie commise par un homme seul de l’histoire des Ătats-Unis et celle de Sutherland Springs Ă©tait la plus meurtriĂšre perpĂ©trĂ©e dans un lieu de culte), on ne voit finalement que peu de gens dĂ©fendre les restrictions au port d’arme Ă feu. Un sondage menĂ© en octobre 2017 rĂ©vĂ©lait qu’Ă peine 64 % de la population Ă©tait pour plus de restrictions (une hausse d’Ă peine 3 % sur les derniĂšres annĂ©es). De plus, trĂšs peu de gens soutiennent une interdiction totale et parmi les 64 % de personnes qui se dĂ©clarent en faveur de plus de mesures, les avis divergent fortement sur les mesures Ă prendre ou non.
En fait, quand on regarde l’Ă©volution Ă long terme, au cours des 20 derniĂšres annĂ©es par exemple, on se rend compte que la tendance dans l’opinion publique va en sens inverse : selon un sondage rĂ©alisĂ© par Gallup, alors que seule 57 % de la population Ă©tait pour l’interdiction de la vente libre de fusils d’assaut en 1996, cette proportion a diminuĂ© Ă 46 % en 2012 et Ă 36 % en 2016.
Parmi les mesures de restriction qui sont toutefois soutenues par une grande partie de la population, on peut citer un examen du vĂ©cu de la personne (casier judiciaire, etc.) ; la plupart des gens s’accordent aussi Ă dire que les personnes souffrant de maladies mentales et certaines personnes inscrites sur des listes noires gouvernementales ne devraient pas y avoir accĂšs ; enfin, la majoritĂ© de la population convient aussi de la nĂ©cessitĂ© de mettre en place une base de donnĂ©es des ventes d’armes centralisĂ©e au niveau nationale.
Alors que la polarisation politique ne cesse de s’intensifier aux Ătats-Unis, le « droit Ă une arme » est aujourd’hui devenu un vĂ©ritable enjeu politique. Il est Ă©galement clair que les arguments des libĂ©raux, qui se prononcent en faveur de mesures de restriction beaucoup plus strictes pour le port d’arme, Ă©chouent Ă convaincre une grande partie de la population. C’est sans doute malheureux, mais il faut bien reconnaĂźtre que l’argument de la NRA, selon lequel « la meilleure maniĂšre d’empĂȘcher les criminels et les fous de tuer les simples citoyens, est d’armer les simples citoyens » a clairement eu bien plus de succĂšs parmi toute une couche de la population (un argument d’ailleurs repris par Donald Trump avec sa proposition d’armer les enseignants eux-mĂȘmes, NDT) : ce fait doit absolument ĂȘtre pris en compte par la gauche si elle veut pouvoir formuler une position appropriĂ©e quant Ă la meilleure maniĂšre de combattre l’Ă©pidĂ©mie de violence armĂ©e dans notre sociĂ©tĂ©.
Quelle position adopter suite aux tueries dans les Ă©coles aux Ătats-Unis ? La restriction du port d’arme est-elle la solution Ă la violence des armes ?
(article de 2012)
Le meurtre de 20 Ă©lĂšves de CP1 et de 7 adultes Ă l’Ă©cole primaire de Newtown, Connecticut, en dĂ©cembre 2012 par un jeune homme mentalement dĂ©rangĂ© a rĂ©ouvert le dĂ©bat sur le contrĂŽle des ventes d’armes Ă feu aux Ătats-Unis. C’est ainsi que l’administration Obama a annoncĂ© en janvier 2013 vouloir mettre en place des mesures qui rendraient obligatoire un examen du vĂ©cu pour toute personne dĂ©sireuse d’acheter une arme, l’interdiction de la vente d’armes de guerre du type armes semi-automatiques, et des restrictions sur les chargeurs de plus de 10 balles. Cette proposition de mesures fort limitĂ©es visant Ă restreindre le port d’arme a Ă©tĂ© vertement dĂ©criĂ©e par l’Association nationale des armes Ă feu (NRA), mĂȘme si certains sondages indiquent qu’une part croissante de la population serait en faveur de telles mesures.
NĂ©anmoins, les tentatives de renforcer les lois sur le port d’arme au niveau fĂ©dĂ©ral sont maintenant bel et bien mortes, puisque le projet de loi d’examen du vĂ©cu de l’acheteur d’armes n’a pas pu obtenir les 60 voix requises au SĂ©nat pour Ă©viter l’obstruction â quand bien mĂȘme cela peut sembler Ă©trange dans un pays oĂč cette proposition serait soutenue par prĂšs de 90 % de la population. Il faut cependant insister sur le fait que ce vote et l’abandon temporaire de ce projet de loi ne signifient pas que le dĂ©bat sur le contrĂŽle des armes est terminĂ©. D’autres mesures ont Ă©tĂ© votĂ©es et appliquĂ©es au niveau rĂ©gional, tandis que le dĂ©bat sera forcĂ©ment relancĂ© par les prochaines tueries qui surviendront encore Ă l’avenir puisque cela semble inĂ©vitable Ă l’heure actuelle. Il est Ă©galement clair qu’une importante fraction de la classe dirigeante dĂ©sire, â pour des raisons qui lui sont propres â, mettre au pas le syndicat des armes.
En tant qu’organisation marxiste devenant de plus en plus connue au niveau national et international, il est important que nous puissions adopter une position claire au sein de ce dĂ©bat. Pour ce faire, il nous faut tout d’abord nous pencher sur le contexte historique du « droit Ă se dĂ©fendre par les armes » et des mesures de contrĂŽle sur les armes aux Ătats-Unis et ailleurs dans le monde. Il nous faut analyser les causes complexes qui expliquent l’Ă©norme niveau de violence armĂ©e dans la sociĂ©tĂ© Ă©tats-unienne. Nous devons Ă©galement comprendre les motivations rĂ©elles derriĂšre les arguments des deux camps bourgeois qui s’opposent sur cette question â celui qui veut plus d’armes en circulation et celui qui en veut moins. Ce n’est qu’ensuite que nous pourrons envisager des revendications et des solutions socialistes Ă ce flĂ©au.
L’aspect fondamental de notre questionnement est sans doute de nous poser ces deux questions :
- le fait d’armer une grande partie de la population Ă©tats-unienne, dans le contexte du 21e siĂšcle et au vu de l’idĂ©ologie individualiste rĂ©actionnaire qui promeut cet armement, est-il ou non un avantage pour la classe des travailleurs ?
- Comment rĂ©agir dans une situation oĂč l’Ătat a de plus en plus de pouvoirs, ce qui reprĂ©sente clairement une menace pour toute couche de la sociĂ©tĂ© Ă©tats-unienne qui dĂ©ciderait de s’opposer aux dictats de la classe dirigeante ?
Il est Ă©vident qu’on ne peut trouver une rĂ©ponse Ă ces deux questions hautement complexes en quelques phrases dĂ©sinvoltes.
Le contexte historique
Selon le DeuxiĂšme Amendement de la Constitution des Ătats-Unis, « Une milice bien organisĂ©e Ă©tant nĂ©cessaire pour la sĂ©curitĂ© d’un Ătat libre, il ne sera pas contrevenu au droit du peuple Ă dĂ©tenir et Ă porter des armes ». Le contexte de cet amendement, qui date de l’annĂ©e 1791, Ă©tait celui de la guerre d’indĂ©pendance rĂ©volutionnaire que les Treize Colonies qui allaient ensuite former les Ătats-Unis d’AmĂ©rique ont menĂ©e contre la Grande-Bretagne. Ă l’Ă©poque, les PĂšres fondateurs des Ătats-Unis Ă©taient convaincus que la lutte contre la Couronne britannique n’Ă©tait certainement pas terminĂ©e â comme l’histoire l’a d’ailleurs prouvĂ© plus tard, lorsque les Britanniques ont pris et incendiĂ© la ville de Washington lors de la guerre anglo-amĂ©ricaine de 1812. Il y avait alors une forte opposition Ă l’idĂ©e d’une armĂ©e de mĂ©tier, vu l’expĂ©rience historique de l’Europe et la rĂ©cente expĂ©rience de l’armĂ©e britannique. Les armĂ©es de mĂ©tier Ă©taient correctement identifiĂ©es par les rĂ©volutionnaires amĂ©ricains comme autant d’instruments de rĂ©pression entre les mains des tyrans.
Par consĂ©quent, dans la jeune rĂ©publique amĂ©ricaine, une large couche de la population blanche masculine Ă©tait armĂ©e, principalement pour des raisons militaires. Il n’Ă©tait Ă©videmment pas question pour la classe dirigeante d’autoriser les Noirs, libres ou esclaves, Ă porter des armes. De nombreux Ătats exigeaient des propriĂ©taires d’armes qu’ils se fassent inscrire, et interdisaient le port d’armes dissimulĂ©es (c’est-Ă -dire que toute personne portant une arme devait afficher cette arme en permanence en la portant Ă sa ceinture, on ne pouvait pas la garder cachĂ©e dans la poche de sa veste par exemple).
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale donc, le DeuxiĂšme Amendement et la DĂ©claration des droits dont elle fait partie font bel et bien partie intĂ©grante de l’hĂ©ritage progressiste de la rĂ©volution bourgeoise amĂ©ricaine contre le fĂ©odalisme britannique. Mais au fur et Ă mesure du dĂ©veloppement du capitalisme, la question du contrĂŽle des armes est devenue insĂ©parable de la lutte de classe du Capital contre le Travail, et notamment du dĂ©sir de la classe dirigeante de maintenir soumise la population afro-amĂ©ricaine.
Il y a eu, au cours de l’histoire des Ătats-Unis, de nombreux exemples d’horribles massacres de travailleurs en lutte pour leurs droits. En 1914, durant une grĂšve des mineurs dans le Colorado, 21 hommes, femmes et enfants ont Ă©tĂ© tuĂ©s Ă Ludlow par la milice Ă©tatique armĂ©e de mitrailleuses. En 1937, la police a ouvert le feu Ă Chicago sur une marche pacifique de travailleurs de l’acier et leurs familles : dix travailleurs ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 40 blessĂ©s â tous par des balles tirĂ©es dans leur dos.
D’un autre cĂŽtĂ©, il y a Ă©galement eu de nombreux cas de travailleurs qui se sont armĂ©s pour organiser leur autodĂ©fense face aux attaques de l’Ătat et/ou des badauds engagĂ©s par leurs patrons afin de briser leurs grĂšves. Dans les annĂ©es 1880, le mouvement ouvrier de Chicago (Nord), trĂšs militant (notamment parce qu’il comptait alors de nombreux membres originaires d’Allemagne oĂč le Parti socialiste Ă©tait alors trĂšs fort et combattif), a Ă©tĂ© jusqu’Ă crĂ©er une milice ouvriĂšre. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement de quelque chose relĂ©guĂ© Ă un lointain passĂ©. Encore dans les annĂ©es 1970, certaines grĂšves de mineurs se sont armĂ©es pour organiser leur autodĂ©fense.
De mĂȘme, pendant le grand mouvement pour les droits civiques des annĂ©es 1960, l’organisation des Diacres pour la dĂ©fense et la justice a Ă©tĂ© formĂ©e en Louisiane (Sud) par d’anciens combattants noirs pour protĂ©ger les militants des droits civiques contre les attaques des forces Ă©tatiques et des associations d’extrĂȘme-droite comme le Ku Klux Klan. Cette organisation a Ă©tĂ© trĂšs efficace et a jouĂ© un important rĂŽle auxiliaire pour les mouvements de masse qui Ă©taient au cĆur de la lutte.
Le parti des PanthĂšres noires (BPP, Black Panther Party) pour l’autodĂ©fense a poursuivi cette tradition, mĂȘme si son expĂ©rience a aussi dĂ©montrĂ© les consĂ©quences fatales d’une approche d’« ultragauche » sur cette question. Au dĂ©but, certaines actions menĂ©es par les PanthĂšres noires ont bel et bien permis de dĂ©masquer au grand jour la vĂ©ritable nature de la police, ce qui a donnĂ© le courage Ă de nombreuses personnes de se lever pour rĂ©sister Ă l’Ătat. Sur le plan politique, les PanthĂšres noires avaient gĂ©nĂ©ralement raison d’appeler Ă une rĂ©volution et Ă l’autodĂ©fense et de s’opposer au pacifisme ; elles ont d’ailleurs menĂ© Ă bien des actions dĂ©fensives qui Ă©taient comprises par de plus larges couches (non encore rĂ©volutionnaires) de la communautĂ© noire et de la classe des travailleurs comme des actes concrets de rĂ©sistance contre les attaques violentes des forces racistes.
Cependant, le fait que leurs militants posent en permanence avec leurs armes, mĂȘme si cela pouvait attirer une minoritĂ© de jeunes noirs rĂ©volutionnaires, Ă©tait une grave erreur qui a contribuĂ© Ă isoler les PanthĂšres noires des larges couches de la classe des travailleurs, qui, si elles les considĂ©raient avec sympathie, n’Ă©taient pas prĂȘtes Ă rejoindre une organisation rĂ©volutionnaire explicitement armĂ©e. Tout ceci a facilitĂ© la tĂąche Ă l’Ătat capitaliste qui a pu briser cette organisation en recourant Ă sa mĂȘme violence habituelle.
D’importants militants comme Huey Newton et Bobby Seale qui dirigeaient le mouvement ont, bien aprĂšs, admis s’ĂȘtre trompĂ©s. Comme Huey Newton l’Ă©crit dans son livre Le suicide rĂ©volutionnaire : « Nous avons bientĂŽt dĂ©couvert que les armes et les uniformes que nous portions nous mettaient Ă part de la communautĂ©. Nous Ă©tions considĂ©rĂ©s comme un groupe militaire ad hoc, agissant hors du tissu communautaire, trop radical pour en faire partie. Peut-ĂȘtre que la tactique que nous employions Ă l’Ă©poque Ă©tait trop extrĂȘme ; peut-ĂȘtre que nous mettions trop l’accent sur l’action militaire ».
MĂȘme dans une situation ouvertement rĂ©volutionnaire, l’enjeu fondamental n’est pas la mobilisation militaire mais bien la mobilisation politique de la classe des travailleurs et de tous les opprimĂ©s Ă partir d’un appel dĂ©fensif et dĂ©mocratique de rĂ©sister afin de vaincre toute tentative de la part de l’Ă©lite dirigeante, peu nombreuse malgrĂ© ses immenses richesses, de recourir Ă la violence pour soumettre la majoritĂ©. C’est prĂ©cisĂ©ment ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par les bolchĂ©viks en octobre 1917, lors de la rĂ©volution la plus dĂ©mocratique de l’histoire. Les bolchĂ©viks avaient Ă©mis un appel de classe envers les simples soldats de l’armĂ©e de l’empereur, neutralisant du mĂȘme coup les forces de l’ancien Ătat qui ne pouvait plus les employer en tant qu’arme au service de son rĂ©gime autocratique.
Bien entendu, l’histoire est remplie d’exemples nĂ©gatifs, lors desquels la classe des travailleurs a manquĂ© d’une direction suffisamment dĂ©terminĂ©e pour faire face Ă la menace que posait l’ancien rĂ©gime, qui a alors pu librement dĂ©chaĂźner sa violence contre-rĂ©volutionnaire. Les tentatives d’aventuriers qui ont « pris le pouvoir » de façon prĂ©maturĂ©e au nom de la « rĂ©volution » ont elles aussi menĂ© Ă des dĂ©faites sanglantes pour la population.
La classe dirigeante cherche toujours Ă dĂ©crire ses adversaires comme des gens violents. Les marxistes ont justement la tĂąche de dĂ©montrer Ă la masse de la population que la principale source de la violence dans la sociĂ©tĂ© moderne est le capitalisme et la classe capitaliste dominante. Cela est particuliĂšrement vrai aux Ătats-Unis, oĂč la classe dirigeante a pour habitude d’organiser elle-mĂȘme toute une sĂ©rie d’interventions impĂ©rialistes sanglantes partout dans le monde afin de dĂ©fendre le rĂšgne du profit.
C’est dans ce contexte que nous devons envisager le contrĂŽle sur les armes. Les tentatives de restreindre le port d’arme par la population font partie de l’histoire des Ătats-Unis comme des autres sociĂ©tĂ©s capitalistes. En Europe, la classe dirigeante a fait de grands efforts pour dĂ©sarmer les forces rĂ©volutionnaires et prolĂ©tariennes Ă la suite des troubles rĂ©volutionnaires de 1848, et plus tard pour dĂ©sarmer la RĂ©sistance aprĂšs la DeuxiĂšme Guerre mondiale, alors qu’elle avait vaillamment combattu les nazis pendant que les capitalistes avaient pris la fuite ou collaboraient avec l’occupant.
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, quels que soient les prĂ©textes employĂ©s Ă ce moment-lĂ , la plupart des tentatives de contrĂŽle des armes ont Ă©tĂ© au moins en partie motivĂ©es par le dĂ©sir de la classe dirigeante de dĂ©sarmer ses potentiels adversaires, dont le plus important est la classe des travailleurs. C’est ainsi que la Loi Mulford, votĂ©e en Californie en 1967 et dont l’objet Ă©tait d’interdire le port en public d’une arme Ă feu chargĂ©e, Ă©tait une rĂ©ponse directe Ă l’Ă©mergence des PanthĂšres noires. La Loi fĂ©dĂ©rale de 1968 sur le contrĂŽle des armes Ă©tait elle aussi en partie motivĂ©e par la crainte de voir la population noire prendre les armes, surtout aprĂšs les troubles de 1967.
Les marxistes se sont toujours opposĂ©s Ă ces tentatives de la classe capitaliste de s’assurer le monopole des armes et de la violence. Nous nous opposons Ă l’idĂ©e selon laquelle l’Ătat seul devrait ĂȘtre armĂ©, en tant qu’arbitre « neutre » entre les classes. En effet, toute l’expĂ©rience historique montre encore et encore que les forces armĂ©es au service de l’Ătat ne sont pas neutres, mais servent uniquement les intĂ©rĂȘts de la classe dirigeante.
La police, toujours au service du peuple. Ou pas. Comment le dĂ©bat sur le port d’arme a changĂ© de nature
Pendant la plus grande partie du 20e siĂšcle, les mesures visant Ă contrĂŽler les armes au niveau fĂ©dĂ©ral avaient le soutien des DĂ©mocrates comme des RĂ©publicains. Mais aprĂšs la dĂ©faite de l’aile radicale du mouvement des droits civiques, l’effondrement du stalinisme, l’affaiblissement drastique du mouvement ouvrier et de toute vĂ©ritable menace interne au rĂšgne du capitalisme Ă©tasunien, la classe dirigeante a commencĂ© Ă se dĂ©sintĂ©resser de l’idĂ©e de dĂ©sarmer ses adversaires potentiels.
On a pu voir ce revirement dĂšs la prĂ©sidence de Ronald Reagan (au pouvoir de 1981 Ă 1989), avec le dĂ©veloppement de la « Nouvelle Droite », pour qui toute restriction au « droit de porter une arme » Ă©tait une atteinte au DeuxiĂšme Amendement. Cela faisait partie d’une Ă©volution plus gĂ©nĂ©rale du Parti rĂ©publicain, qui amorçait alors son tournant vers une approche plus populiste et plus orientĂ©e vers la religion.
L’enjeu du port d’arme s’est retrouvĂ© liĂ© au populisme de droite et aux discours de « lutte contre la criminalitĂ© » avec des arguments au racisme Ă peine voilĂ© pour mobiliser certaines couches de la classe des travailleurs et de la classe moyenne blanches. L’objectif des RĂ©publicains ce faisant Ă©tait de se doter d’une base Ă©lectorale et politique plus large pour pouvoir en mĂȘme temps rendre plus acceptable leur programme capitaliste nĂ©olibĂ©ral dont le caractĂšre se faisait de plus en plus agressif.
La NRA a vu ses pouvoirs s’accroitre. MalgrĂ© quelques dĂ©convenues comme l’interdiction de la vente de fusils d’assaut entre 1994 et 2004, son influence a continuĂ© Ă s’accroitre. Aux niveaux local et rĂ©gional, elle a connu toute une sĂ©rie de petites victoires en vue de la suppression des restrictions au « droit » de porter des armes dissimulĂ©es. Ainsi, selon David Frum du journal L’Atlantique, « Depuis la tuerie de Newtown, une vingtaine d’Ătats ont Ă©tendu le droit de porter des armes Ă des lieux oĂč elles Ă©taient jusque lĂ interdites : bars, Ă©glises, Ă©coles, universitĂ©s, etc. » MĂȘme si nous ne sommes pas d’avis que ce que les PĂšres fondateurs avaient Ă l’esprit lorsqu’ils ont rĂ©digĂ© la DĂ©claration des droits en 1789 reprĂ©sente forcĂ©ment un argument encore Ă l’heure actuelle, il nous semble toutefois intĂ©ressant de souligner que ces mĂȘmes PĂšres fondateurs n’auraient jamais autorisĂ© le port d’armes dissimulĂ©es dans des bars !
D’oĂč la NRA tire-t-elle donc son importance, quels sont les facteurs Ă l’origine de cette campagne contre les mesures de contrĂŽle sur les armes Ă feu ?
Tout d’abord, il est Ă©vident que la NRA dispose de moyens consĂ©quents. Il s’agit en effet du syndicat d’une industrie incroyablement profitable, dont les ventes en 2012 ont Ă©tĂ© estimĂ©es par le Washington Post Ă 12 milliards de dollars (6000 milliards de FCFA), avec prĂšs d’un milliard de dollars de profits (500 milliards de FCFA). En 2015, ces ventes s’Ă©taient Ă©levĂ©es Ă 13,5 milliards de dollars, tandis que les profits connaissaient une hausse de 50 %, Ă 1,5 milliard de dollars. Ă la suite de la tuerie de Newtown, il a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© que Cerberus Capital, une des plus importantes sociĂ©tĂ©s d’investissement de Wall Street, dĂ©tenait le Groupe « LibertĂ© », qui est le fabricant du fusil utilisĂ© par le tueur lors de ce massacre, le fusil d’assaut Bushmaster 15 (« Maitre de la brousse »). Les fabricants ne sont pas les seuls Ă se faire beaucoup d’argent grĂące Ă la vente des armes : le plus grand revendeur d’armes Ă feu et de munitions aux Ătats-Unis aujourd’hui n’est autre que la chaine de supermarchĂ©s Walmart !
Mais la NRA est aussi poussĂ©e par une idĂ©ologie libertaire de droite qui promeut une version d’individualisme particuliĂšrement rĂ©actionnaire. Ce point de vue se combine avec le mythe selon lequel sans un hĂ©ros, un citoyen armĂ© (et Ă peau blanche bien entendu), la Constitution risque Ă tout moment d’ĂȘtre renversĂ©e pour ĂȘtre remplacĂ©e par une tyrannie.
Certes, il est vrai que l’Ătat a connu un Ă©norme accroissement de ses pouvoirs au cours des derniĂšres annĂ©es, justifiant le renforcement de son arsenal sĂ©curitaire d’abord par sa soi-disant « guerre contre la drogue », puis par sa soi-disant « guerre contre le terrorisme », violant au passage les clauses du QuatriĂšme Amendement de la Constitution destinĂ©es Ă protĂ©ger le citoyen contre toute « fouille ou confiscation dĂ©raisonnable ». Ce n’est pas un hasard si les ventes d’armes sont devenues encore plus importantes depuis qu’Obama a pris le pouvoir en 2008, et se sont encore Ă©levĂ©es aprĂšs que le mĂȘme Obama, suite Ă la tuerie de Newtown, ait annoncĂ© vouloir faire du contrĂŽle des armes une prioritĂ©.
Comme nous l’avons fait remarquer, si le score obtenu par Obama pour sa réélection en 2012 restait Ă©levĂ©, il ne pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme remarquable. Parmi les Ă©lecteurs du Parti rĂ©publicain, une grande partie a Ă©tĂ© influencĂ©e par les fantasmagories de l’extrĂȘme-droite, notamment par l’idĂ©e selon laquelle Obama serait une sorte de tyran pro-musulman communiste et anti-amĂ©ricain. Il semble que les milices de droite et autres groupes d’extrĂȘme-droite connaissent une croissance depuis 2008, mĂȘme si aucun de ces groupes ne dispose encore d’une audience de masse. Le Tea Party a beaucoup jouĂ© dans cette Ă©volution, mĂȘme si lui-mĂȘme a subi un revers Ă partir de 2011.
En rĂ©alitĂ©, la NRA est elle-mĂȘme une des plus grandes organisations de droite dans le pays, disposant d’une base de masse : en 2010, elle affirmait avoir 4,3 millions de membres, 5 millions en 2017. Elle sert aujourd’hui Ă promouvoir les intĂ©rĂȘts de l’industrie de l’armement et Ă mobiliser pour le « droit Ă porter une arme », cet enjeu Ă©tant, tout comme l’immigration et le droit Ă l’avortement, un de ceux que la classe dirigeante utilise afin de diviser la population et de rallier Ă sa cause une section de la population Ă son programme antisocial.
Mais il nous faut ĂȘtre conscients que si de nos jours la NRA et ses soutiens se contentent de promouvoir le droit Ă porter des armes pour des individus sans vĂ©ritablement encourager la formation de milices, dans un futur proche, une importante partie de sa base fortement armĂ©e et entrainĂ©e pourrait facilement ĂȘtre transformĂ©e en une force ouvertement contrerĂ©volutionnaire destinĂ©e Ă terroriser les militants de gauche, les travailleurs en lutte, les personnes de couleur, les immigrĂ©s, les personnes homosexuelles, etc. en tant que force paramilitaire au service de l’Ătat capitaliste.
La violence armĂ©e aux Ătats-Unis aujourd’hui
Il nous faut Ă©galement nous pencher sur les caractĂ©ristiques et causes particuliĂšres du niveau extrĂȘmement Ă©levĂ© de violence armĂ©e dans la sociĂ©tĂ© Ă©tasunienne.
On estime Ă pas moins de 300 millions le nombre d’armes Ă feu dĂ©tenues aux Ătats-Unis par des citoyens qui en sont les propriĂ©taires lĂ©gaux. En 2004, il y a eu dans ce mĂȘme pays un taux de 5,5 homicides pour 100.000 habitants, un nombre trois fois plus Ă©levĂ© qu’au Canada (1,9 homicides par 100.000 habitants par an) ou six fois plus Ă©levĂ© qu’en Allemagne. Pour ne citer que l’association Occuper la NRA, une branche du mouvement Occuper Wall Street, « Les Ătats-Unis reprĂ©sentent Ă peine 5 % de la population mondiale, mais dĂ©tiennent la moitiĂ© de l’ensemble des armes Ă feu en circulation dans le monde, et comptent Ă eux seuls pour 80 % des dĂ©cĂšs par balles des 23 pays les plus riches du monde ».
Il faut cependant reconnaĂźtre que le taux d’homicides a fortement diminuĂ© depuis les annĂ©es 1990. En 2009, le taux d’homicides Ă©tait Ă son niveau le plus bas depuis 1964, la moitiĂ© de son niveau des annĂ©es 1980. MĂȘme si nous pouvons nous fĂ©liciter de cela, le nombre de morts violentes reste ahurissant : 13.000 tuĂ©s par balles pour la seule annĂ©e 2015, sans compter toutes les autres personnes assassinĂ©es au couteau, etc. Au Japon, le nombre de personnes tuĂ©es par balles la mĂȘme annĂ©e Ă©tait de 1.
Le taux d’homicides a pratiquement doublĂ© de 1965 Ă 1980. Ă 1980, il Ă©tait de 10,2 personnes tuĂ©es par 100.000 habitants, avant de diminuer Ă 7,9 tuĂ©s par 100.000 habitants en 1984. Il est de nouveau montĂ© dans les annĂ©es 1991, avec un pic Ă 9,8 tuĂ©s par 100.000 habitants en 1991. De 1992 Ă 2000, le nombre d’homicides avait fortement diminuĂ©, mais il est de nouveau en hausse partout dans le pays et ce, de façon particuliĂšrement dramatique dans certaines villes telles que Chicago. Et bien que les taux d’homicides soient aujourd’hui revenus Ă leur niveau des annĂ©es 1960, le taux de criminalitĂ© violente (qui fait intervenir un grand nombre d’armes) reste Ă un niveau bien plus Ă©levĂ© que ce qu’il Ă©tait il y a 50 ans.
Si l’attention des mĂ©dias se focalise principalement sur des tueries comme celle de l’universitĂ© Virginia Tech Ă Aurora, la violence armĂ©e reste essentiellement concentrĂ©e dans les quartiers pauvres des grandes villes, oĂč la plupart des victimes sont des personnes de couleur et pauvres. L’exemple le plus extrĂȘme est sans doute celui de la Nouvelle-OrlĂ©ans (Sud), oĂč le taux d’homicides en 2004 Ă©tait de 52 personnes tuĂ©es pour 100.000 habitants, soit dix fois la moyenne nationale.
La ville de Chicago a rĂ©cemment connu une forte hausse de la violence armĂ©e. Mais, comme l’a fait remarquer le New York Times, sur plus de 500 personnes tuĂ©es en 2012 Ă Chicago, plus de 400 l’ont Ă©tĂ© dans seulement la moitiĂ© des 23 arrondissements de police de la ville, soit les quartiers Sud et Ouest de la ville.
Les personnes qui s’opposent au contrĂŽle des armes affirment que la forte baisse du taux d’homicides dĂ©montre que le taux de violence n’est pas liĂ© au nombre d’armes en circulation ni Ă la sĂ©vĂ©ritĂ© des rĂ©glementations. D’un autre cĂŽtĂ©, des partisans du contrĂŽle des armes comme l’ancien maire de New York, M. Mike Bloomberg, affirment quant Ă eux que si le nombre d’homicides dans sa ville a atteint son point le plus bas en 50 ans (334 personnes tuĂ©es Ă New York en 2016, contre 2245 en 1989), cela dĂ©montre plutĂŽt l’efficacitĂ© d’une force de police devenue beaucoup plus agressive et des mesures prises pour interdire le port d’arme dans les lieux publics.
En rĂ©alitĂ©, le contrĂŽle des armes est bien plus strict dans la plupart des grands centres villes qu’il ne l’est dans les banlieues et les zones rurales. D’autre part, si la prĂ©sence policiĂšre massive dans les quartiers pauvres a certainement eu un effet, cela s’est fait aux dĂ©pens de la population, contrainte de vivre dans des mini-Ătats policiers oĂč la police oppresse systĂ©matiquement les jeunes hommes, en parallĂšle Ă la construction Ă l’Ă©chelle nationale d’un vĂ©ritable « archipel du goulag » Ă l’amĂ©ricaine.
Mais il y a clairement d’autres raisons pour la baisse du taux d’homicide, dont la fin de l’Ă©pidĂ©mie de crack des annĂ©es 1980. Un facteur plus rĂ©cent a Ă©tĂ© l’amĂ©lioration de la mĂ©decine d’urgence, qui a grandement amĂ©liorĂ© les chances de survie des personnes blessĂ©es par balles. Ă ce propos, nous aimerions citer en long et en large un article du Wall Street Journal en date du 8 dĂ©cembre 2012, qui dĂ©montre bien ce point essentiel : l’Ă©pidĂ©mie de violence est en rĂ©alitĂ© toujours aussi endĂ©mique dans la sociĂ©tĂ© Ă©tats-unienne : « Le nombre d’homicides aux Ătats-Unis diminue depuis vingt ans, mais le pays est toujours aussi violent.”
Les criminologues qui attribuent la baisse du nombre de meurtres au fait que la police serait plus efficace et la population vieillissante pour dĂ©peindre l’image d’une nation de plus en plus calme oublient souvent cette simple donnĂ©e : le nombre de personnes traitĂ©es dans les hĂŽpitaux pour blessures par balles s’est accru de 50 % entre 2001 et 2011. Si les importants progrĂšs qu’a connu la mĂ©decine ces derniĂšres annĂ©es n’explique sans doute pas Ă lui seul la baisse du taux d’homicides, tous les experts s’accordent Ă dire qu’ils jouent nĂ©anmoins un rĂŽle trĂšs important.
Les mĂ©decins urgentistes chargĂ©s de soigner les personnes ayant subi des attaques par balles ou au couteau disent que de plus en plus de gens survivent aujourd’hui Ă leurs blessures en raison de la crĂ©ation de nombreux nouveaux centres hospitaliers de traumatologie spĂ©cialisĂ©s dans le traitement des blessures graves, du recours de plus en plus frĂ©quent Ă des hĂ©licoptĂšres pour amener les patients Ă l’ho?pital, d’une meilleure formation des secouristes, ainsi que de l’expĂ©rience acquise sur les champs de bataille d’Iraq et d’Afghanistan ».
En gros donc, le nombre de blessĂ©s par balles continue Ă augmenter, mais les gens meurent moins facilement de leurs blessures qu’avant. Et la violence est toujours aussi omniprĂ©sente.
Pourquoi la société étasunienne est-elle si violente ?
Il est impossible de mettre en Ă©vidence un seul facteur qui expliquerait Ă lui seul le niveau particuliĂšrement Ă©levĂ© de la violence aux Ătats-Unis. Il est clair que le fait que les Ătats-Unis sont le pays le plus inĂ©galitaire de tous les pays capitalistes « dĂ©veloppĂ©s » doit jouer un rĂŽle majeur. Rappelons au passage que les Ătats-Unis ont un taux de pauvretĂ© plus Ă©levĂ© (17 % en 2002) que les 22 autres pays dĂ©veloppĂ©s membres de l’OCDE. Le taux d’inĂ©galitĂ© contribue en effet directement au sentiment d’aliĂ©nation ressenti par la masse de la population. Mais les Ă©normes inĂ©galitĂ©s des Ătats-Unis sont aussi la consĂ©quence des conditions spĂ©cifiques du dĂ©veloppement du capitalisme Ă©tasunien.
Remarquons d’abord que la sociĂ©tĂ© Ă©tats-unienne a Ă©tĂ© plongĂ©e dans la violence dĂšs sa naissance. Historiquement, les Ătats-Unis ont Ă©tĂ© un pays de pionniers, oĂč la campagne sanglante destinĂ©e Ă arracher leurs terres aux peuples autochtones et qui a durĂ© jusqu’Ă la fin du 19e siĂšcle a impliquĂ© l’armement d’une grande partie de la population.
Plus important encore, il y a l’hĂ©ritage de l’esclavage et la rĂ©pression violente permanente des communautĂ©s afro-amĂ©ricaines, qui perdure encore aujourd’hui. La « guerre contre la drogue » des annĂ©es 1970 n’Ă©tait qu’une tentative de plus de criminaliser et d’opprimer la jeunesse noire, considĂ©rĂ©e par l’Ătat comme la couche la plus radicale de la sociĂ©tĂ©, tout en constituant une stratĂ©gie Ă©lectorale et politique pour entretenir le racisme malgrĂ© la fin officielle de la sĂ©grĂ©gation lĂ©gale, Ă la mĂȘme Ă©poque.
C’est ainsi que les Ătats-Unis sont un des pays qui comptent le plus de prisonniers au monde, ce qui est en soi Ă©galement une importante source de violence, quand des centaines de milliers de consommateurs ou trafiquants de drogues inoffensifs intĂšgrent le monde extrĂȘmement violent de la prison pour un certain nombre d’annĂ©es, avant d’en ressortir en voyant leurs droits de citoyen fortement diminuĂ©s et encore plus socialement aliĂ©nĂ©s qu’ils ne l’Ă©taient avant d’arriver en prison.
Dans certaines localitĂ©s qui comptent parmi les plus dĂ©primĂ©es des Ătats-Unis, on voit une combinaison toxique formĂ©e d’une pauvretĂ© systĂ©matique, d’une aliĂ©nation de masse et d’une fĂ©roce rĂ©pression Ă©tatique. La violence en est la consĂ©quence inĂ©vitable. Le fait qu’il soit si facile de se procurer une arme contribue-t-il Ă cette violence ? Cela ne fait aucun doute, mais il ne s’agit pas de la cause fondamentale.
Et mĂȘme si des petites villes plus aisĂ©es comme Newtown connaissent une dynamique sociale fort diffĂ©rente, il reste indĂ©niable que l’anxiĂ©tĂ© causĂ©e par l’incertitude Ă©conomique et l’aliĂ©nation sociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e est omniprĂ©sente dans la sociĂ©tĂ© Ă©tats-unienne. Et il semble bien que l’aliĂ©nation est encore pire pour les jeunes qui grandissent dans des banlieues rĂ©sidentielles de villas individuelles qui ne comptent aucun espace de rencontre, parc public, etc. C’est ainsi qu’un auteur d’une Ă©tude sur les « fusillades sauvages » aux Ătats-Unis faisait remarquer que « depuis 1970, on n’a connu dans tout le pays qu’un seul cas de fusillade sauvage dans une Ă©cole situĂ©e dans un centre-ville » (The Nation, 19 dĂ©cembre 2012).
Il faut Ă©galement ajouter la forte dĂ©ficience de notre systĂšme de santĂ© mentale, consĂ©quence inĂ©vitable d’un systĂšme de soins de santĂ© oĂč tout est laissĂ© au profit tandis que les budgets des services sociaux et des hĂŽpitaux publics sont systĂ©matiquement rabotĂ©s. Ces facteurs ne font qu’allonger la sĂ©rie des massacres.
L’impĂ©rialisme Ă©tats-unien propage de maniĂšre trĂšs enthousiaste une violence de masse partout dans le monde par ses interventions armĂ©es, ce qui contribue aussi directement Ă la violence aux Ătats-Unis eux-mĂȘmes. Cette politique guerriĂšre, justifiĂ©e par la soi-disant « guerre contre le terrorisme », a directement contribuĂ© Ă la gigantesque expansion de l’appareil d’Ătat. Obama et les autres politiciens capitalistes ont beau appeler à « mettre fin Ă la violence » aux Ătats-Unis, cela ne les empĂȘche curieusement pas d’envoyer des drones bombarder le monde entier, de commettre des assassinats politiques Ă gauche Ă droite et de militariser la police partout dans le pays.
Mais il existe encore d’autres causes indirectes. Comme les marxistes aiment Ă le rĂ©pĂ©ter, la production culturelle d’un pays tend inĂ©vitablement Ă reflĂ©ter le point de vue et les valeurs de la classe dominante dans la sociĂ©tĂ©. Ătant donnĂ© que la classe dirigeante a pour habitude de rĂ©pondre par une violence systĂ©matique Ă toute menace ou ennemi qu’elle croit apercevoir de prĂšs ou de loin, nous ne devons pas ĂȘtre surpris de voir cette mĂȘme tendance Ă la violence systĂ©matique se reflĂ©ter dans les films, dans les jeux vidĂ©o, et mĂȘme dans la musique, oĂč partout est idĂ©alisĂ© ce culte des armes et de la mort.
L’Ă©tat actuel du dĂ©but sur le contrĂŽle des armes â et notre position
AprĂšs des annĂ©es durant lesquelles les mesures de contrĂŽle, surtout au niveau fĂ©dĂ©ral, Ă©taient perçues par les libĂ©raux comme impossibles Ă mettre en Ćuvre en raison de la puissance de la NRA, le dĂ©bat est revenu Ă l’avant-plan Ă la suite de la tuerie de Newtown. C’est alors qu’Obama a dĂ©cidĂ© de faire de cet enjeu un des principaux points du programme de son second mandat, en mĂȘme temps que la rĂ©forme de l’immigration, la rĂ©forme fiscale et le changement climatique.
Dans les mĂ©dias capitalistes, le dĂ©bat sur le contrĂŽle des armes est uniquement reprĂ©sentĂ© par deux camps : d’un cĂŽtĂ© les principaux cadres du Parti dĂ©mocrate, les maires des grandes villes et toute une section de la classe capitaliste qui a dĂ©cidĂ© qu’il est temps de mettre au pas la NRA ; de l’autre, les RĂ©publicains de droite, soutenus par la NRA et qui font tout pour rĂ©sister Ă toute tentative de renforcer le contrĂŽle sur les armes.
Le point de dĂ©part de notre prise de position concernant cet enjeu est notre sympathie avec le dĂ©sir de la plupart de nos concitoyens de voir un terme Ă toute cette violence, et notamment la fin des massacres. Nous rejetons totalement l’idĂ©e de la NRA selon laquelle la solution Ă des tueries comme celle de Newtown serait d’avoir un policier armĂ© dans chaque Ă©cole du pays, et rejetons encore plus l’idĂ©e mise en avant par certaines personnalitĂ©s de droite, dont le prĂ©sident Trump, d’autoriser les enseignants Ă porter des armes en classe (le Dakota du Sud a dĂ©jĂ appliquĂ© une loi en ce sens !). Leur argument est que « pour stopper les mĂ©chants armĂ©s, il faut armer les gentils ». Cela ne va faire qu’entrainer encore plus de violence dans la sociĂ©tĂ©, et non moins.
Bien que nous soyons fermement convaincus du fait que les travailleurs, les minoritĂ©s raciales et les opprimĂ©s doivent avoir le droit de se dĂ©fendre contre la violence des patrons, de l’Ătat et des groupes rĂ©actionnaires, nous estimons que le niveau actuel de violence par balles aux Ătats-Unis reprĂ©sente en rĂ©alitĂ© aujourd’hui un vĂ©ritable obstacle au dĂ©veloppement de la lutte sociale. Tout en dĂ©fendant notre position thĂ©orique d’ordre gĂ©nĂ©ral sur l’Ătat, et sans faire la moindre concession aux libĂ©raux pour qui l’Ătat est un « arbitre neutre », il nous faut examiner cette question de façon concrĂšte, en tenant compte des conditions, du rapport de force et du niveau de conscience actuels.
Peut-on de nos jours affirmer que la large circulation des armes Ă feu aux Ătats-Unis est un facteur contribuant Ă renforcer la position de la classe des travailleurs ? La rĂ©alitĂ© est que non. En fait, la plus grande libĂ©ralisation de l’accĂšs aux armes de ces 30 derniĂšres annĂ©es a coĂŻncidĂ© avec une large offensive de la part de la classe dirigeante contre les droits dĂ©mocratiques, avec le renforcement des pouvoirs rĂ©pressifs de l’Ătat. Les principales forces qui s’opposent au contrĂŽle sur les armes sont aussi celles qui propagent une idĂ©ologie de droite sexiste, raciste et individualiste qui affaiblit la classe des travailleurs.
De plus, c’est justement la menace posĂ©e par toute cette violence, que ce soit le risque quotidien de voir se dĂ©clencher une fusillade dans toute une sĂ©rie de localitĂ©s ou le danger d’une attaque terroriste, qui donne Ă l’Ătat le prĂ©texte tout prĂȘt pour renforcer ses pouvoirs rĂ©pressifs. Cela ne veut cependant pas dire que nous devons nous aligner sur la position des libĂ©raux qui prĂȘchent le contrĂŽle sur les armes et pour qui la circulation des armes est le problĂšme fondamental alors qu’il n’en est qu’un facteur aggravant. Notre tĂąche est d’articuler une position prolĂ©tarienne indĂ©pendante.
Nous rejetons l’argument de la NRA selon lequel les quelques mesures trĂšs limitĂ©es proposĂ©es par Obama pour restreindre la circulation des armes reprĂ©sentent une atteinte au DeuxiĂšme Amendement et au droit Ă porter une arme. Personne Ă l’heure actuelle n’a encore sĂ©rieusement proposĂ© de tenter de dĂ©sarmer la population, ne serait-ce qu’en partie. Les seules zones oĂč on voit la police tenter de dĂ©sarmer la population par la force sont les logements sociaux dans les centres-villes.
Mais il ne suffit pas de s’opposer aux tentatives faites par la NRA pour encourager la paranoĂŻa collective. Il nous faut aussi ĂȘtre clairs sur le fait qu’il existe bel et bien des raisons lĂ©gitimes pour lesquelles les citoyens dĂ©sirent porter une arme. Ainsi, dans les zones rurales, les armes sont couramment utilisĂ©es pour la chasse, pour combattre les prĂ©dateurs et pour les loisirs. Cela ne mĂšne pas Ă des niveaux insensĂ©s de violence. De mĂȘme, de nombreux habitants des villes et des banlieues dĂ©sirent porter des armes pour leur protection personnelle. C’est surtout le cas dans les zones oĂč la violence est endĂ©mique. Il ne faut par exemple pas ĂȘtre surpris si de nombreuses femmes cherchent Ă se procurer une arme pour pouvoir se dĂ©fendre. En tant que socialistes, nous ne sommes pas des pacifistes ; nous ne nous opposons donc pas Ă ce que de simples citoyens possĂšdent une arme ou dĂ©sirent en possĂ©der une.
La question que la plupart des gens se posent et Ă laquelle ils veulent une question dĂšs aujourd’hui est en rĂ©alitĂ© celle-ci : « Comment diminuer toute cette violence ? ». Les bourgeois qui nous parlent de contrĂŽle sur les armes n’ont en vrai aucune rĂ©ponse sĂ©rieuse Ă apporter Ă cette question. MĂȘme si toutes les mesures proposĂ©es par l’administration Obama Ă©taient votĂ©es au parlement, toute notre histoire indique que l’industrie de l’armement, un cartel extrĂȘmement puissant, trouvera des maniĂšres de les contourner. C’est ce qui s’est passĂ© aprĂšs la soi-disant « interdiction » de la vente des armes d’assaut en 1994.
L’autre raison fondamentale pour laquelle le camp bourgeois du contrĂŽle sur les armes ne parvient pas Ă trouver une solution Ă la violence est que, comme nous l’avons dĂ©jĂ indiquĂ© plus haut, la principale source de toute la violence dans notre sociĂ©tĂ© est le capitalisme lui-mĂȘme, y compris l’Ătat capitaliste.
Des mesures qui seraient rĂ©ellement destinĂ©es Ă faire baisser le taux de violence incluraient la fin de la « guerre contre la drogue », la dĂ©criminalisation de la plupart des drogues (il faut insister ici sur le fait que « dĂ©criminaliser » ne veut pas dire « autoriser » ; ce que nous entendons par lĂ est que le problĂšme de la drogue devrait ĂȘtre considĂ©rĂ© avant tout comme un problĂšme de santĂ© publique et non comme quelque chose qu’il faut rĂ©gler par la force), la libĂ©ration des centaines de milliers de personnes condamnĂ©es Ă la prison pour faits de drogue alors qu’elles sont parfaitement inoffensives, et le dĂ©mantĂšlement du systĂšme judiciaire criminel, raciste et hypertrophiĂ© en vigueur actuellement. Toutes ces mesures feraient beaucoup plus pour rĂ©duire le niveau de violence dans la sociĂ©tĂ© que toutes les mesures de contrĂŽle sur les armes que l’on peut imaginer.
Nous voulons aussi prendre des mesures sĂ©rieuses contre les Ă©normes profits de l’industrie de l’armement en interdisant la vente d’armes par ces entreprises ou par le gouvernement aux rĂ©gimes de droite du monde entier. Nous voulons aussi la fin des aventures militaires de l’impĂ©rialisme Ă©tats-unien partout dans le monde et une rĂ©duction drastique du budget de l’armĂ©e et du Pentagone. Les ressources ainsi libĂ©rĂ©es pourraient ĂȘtre utilisĂ©es pour crĂ©er des emplois, amĂ©liorer le systĂšme d’enseignement et le systĂšme des soins de santĂ© (y compris pour la santĂ© mentale) et les services sociaux, ce qui contribuerait par la mĂȘme occasion Ă rĂ©duire le taux de violence dans notre pays comme Ă l’Ă©tranger. Enfin, nous sommes pour l’annulation de la loi Patriote et autres lois qui autorisent l’Ătat Ă espionner les citoyens et Ă recourir Ă une violence accrue Ă leur encontre, sans que cela ne contribue d’aucune maniĂšre Ă leur sĂ©curitĂ©.
Un simple programme de crĂ©ation massive d’emplois, un nouveau salaire minimum de 15 $ de l’heure (8000 FCFA) appliquĂ© au niveau national et d’autres mesures sociales comme une vĂ©ritable couverture maladie universelle et l’extension des soins de santĂ© mentale peuvent ĂȘtre d’importantes mesures prises en vue d’obtenir une sociĂ©tĂ© moins violente et plus saine. Nous dĂ©fendons toute mesure capable de rĂ©duire le taux d’inĂ©galitĂ© dans la sociĂ©tĂ© Ă©tats-unienne et destinĂ©e Ă dĂ©manteler le racisme institutionnel. Cependant, nous insistons sur le fait que nous ne pourrons jamais obtenir une sociĂ©tĂ© vĂ©ritablement Ă©galitaire et juste tant que nous ne sortons pas du cadre du capitalisme. Car mĂȘme des rĂ©formes trĂšs modestes se retrouveront rapidement en contradiction avec les limites de ce systĂšme malade et putrĂ©fiĂ©.
Une fois de plus, nous voulons insister sur le fait que ces mesures que nous proposons seraient bien plus efficaces pour rĂ©duire le niveau de violence que n’importe quelle mesure de « contrĂŽle sur les armes », qui rĂ©vĂšlera certainement son inefficacitĂ©. Toutefois, dans le contexte de notre mission qui est de renforcer la lutte des travailleurs pour leurs droits, nous acceptons de dĂ©fendre certaines mesures de contrĂŽle sur les armes telle que l’examen du vĂ©cu de la personne pour les ventes d’armes, l’interdiction de la vente d’armes de guerre semi-automatiques et la rĂ©duction de la taille des chargeurs en vente, dans la mesure oĂč ces mesures pourraient contribuer Ă diminuer le taux de violence, ne serait-ce que de maniĂšre limitĂ©e.
Nous avons cependant des rĂ©serves quant Ă la plupart des propositions d’examen du vĂ©cu. Par exemple, la proposition d’interdire l’achat d’une arme Ă toute personne ayant dĂ©jĂ Ă©tĂ© condamnĂ©e signifie dans la pratique exclure une importante portion de la classe des travailleurs noire â et les Blancs seraient Ă nouveau privilĂ©giĂ©s pour l’obtention d’armes. Il faudrait dĂšs lors au moins envisager la mise en place d’une procĂ©dure d’appel dans le cadre de cet examen du vĂ©cu.
Une fois de plus, Ă aucun moment nous ne voulons dire que les nombreuses personnes dĂ©tentrices d’une arme ou dĂ©sireuses de s’en procurer une n’ont pas une raison lĂ©gitime et bien fondĂ©e pour cela. Cependant, nous ne pensons pas que la situation actuelle soit dans les meilleurs intĂ©rĂȘts de la classe des travailleurs. Ce n’est pas toutes les questions auxquelles on peut simplement rĂ©pondre par « oui » ou par « non ». Notre position recĂšle des contradictions, nous le reconnaissons, mais nous pensons que cela n’est en dĂ©finitive que le reflet de la vie sous le capitalisme, un systĂšme lui-mĂȘme rempli de contradictions insurmontables, et que les contradictions de notre position ne sont rien par rapport Ă celles que nous impose et nous imposera ce systĂšme tant que nous vivrons selon ses lois.
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Non Ă la participation belge Ă la guerre en Syrie!
Les six F-16 belges, qui reprendront leurs frappes en Irak Ă partir du 1er juillet prochain verront leur mandat Ă©largi Ă la Syrie selon l’accord conclu entre les partenaires de la majoritĂ© ce jeudi 12 mai en soirĂ©e. Vous trouverez ci-dessous un article publiĂ© dans l’Ă©dition de mai de Lutte Socialiste consacrĂ© Ă la participation belge Ă la guerre en Syrie.
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DĂ©but mars, le gouvernement amĂ©ricain a officiellement demandĂ© Ă la Belgique de renouveler sa participation Ă lâopĂ©ration de lâOTAN âInherent Resolveâ au Moyen-Orient. Partenaire loyal de lâOTAN, le gouvernement belge acceptera selon toute vraisemblance. AprĂšs une participation de neuf mois aux bombardements en Irak en 2014-2015, les F-16 belges serviront Ă nouveau, y compris en Syrie et peut-ĂȘtre mĂȘme en Libye.
La ââguerre contre le terrorismeââ dure depuis dĂ©jĂ 15 ans, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le nombre de guerres a augmentĂ©, pareil pour les attaques terroristes. Les groupes fondamentalistes religieux tels quâAl-QaĂŻda et Daesh (lâEtat Islamique) sont aujourdâhui plus puissants que jamais. En Afghanistan, les Talibans nâont pas disparu de la scĂšne. En Libye, la destruction est gĂ©nĂ©rale et la guerre civile est maintenant invoquĂ©e pour promouvoir une nouvelle intervention internationale. En Irak, les autoritĂ©s occidentales espĂ©raient parvenir Ă une certaine stabilitĂ© en jouant sur les divisions sectaires. Mais ce fut la guerre et cette derniĂšre a ouvert la voie au rapide essor de lâĂtat islamique parmi les sunnites. Les opĂ©rations militaires nâentrainent que plus de chaos.
MalgrĂ© lâĂ©chec des interventions en Afghanistan, en Irak et en Libye, les mĂȘmes tactiques sont utilisĂ©es en Syrie. La coalition amĂ©ricaine a, en un an, effectuĂ© 8.000 frappes aĂ©riennes sur Daesh en ne gagnant quâĂ peine du terrain. Les bombardements causent dâinĂ©vitables victimes civiles qui alimentent la colĂšre des sunnites au Moyen-Orient contre les Ătats-Unis et aident le recrutement des groupes fondamentalistes religieux.
Toute lâargumentation selon laquelle les interventions occidentales serviraient Ă instaurer la dĂ©mocratie, la paix et les ââvaleurs occidentalesââ est dâune hypocrisie sans nom. La Turquie, alliĂ©e des occidentaux, peut ainsi sans problĂšme livrer une guerre unilatĂ©rale contre le peuple kurde tandis que le prĂ©sident-dictateur Erdogan place les mĂ©dias sous son contrĂŽle. LâArabie saoudite, autre alliĂ© des puissances occidentales, peut exĂ©cuter des prisonniers politiques par pendaison ou interdire aux femmes de conduire. Pourtant, la vision profondĂ©ment conservatrice de lâĂ©lite saoudienne a servi de modĂšle Ă la fois aux Talibans, Ă Al-QaĂŻda et Ă Daesh. Lâestablishment occidental a dĂ©roulĂ© le tapis rouge aux fondamentalistes. En Belgique, la Grande MosquĂ©e de Bruxelles a Ă©tĂ© confiĂ©e par bail Ă lâArabie saoudite : le soutien au fondamentalisme religieux faisait partie du prix Ă payer pour le pĂ©trole saoudien.
La destruction de la Syrie par des raids aĂ©riens ne mettra pas fin au terrorisme. Bien au contraire. Cela augmentera les risques de propagation du conflit, notamment avec la guerre du rĂ©gime turc dâErdogan contre les Kurdes. Cela menace dâencore approfondir la misĂšre et la barbarie pour la majoritĂ© de la population de la rĂ©gion. La crise des rĂ©fugiĂ©s pourrait devenir encore plus dramatique quâaujourdâhui.
La participation belge Ă la guerre en Syrie rend notre pays en partie responsable de la croissance des violences et des destructions mais aussi de leurs consĂ©quences, comme le terrorisme et les flux de rĂ©fugiĂ©s. Stimuler les investissements dans lâarmement et la DĂ©fense au cours des annĂ©es Ă venir (notamment par lâachat dâavions de combat F35) est un choix politique. Pas dâargent pour la guerre mais pour combattre la misĂšre !
Lâun des rares oĂč les groupes fondamentalistes comme Al-QaĂŻda & Co. ont Ă©tĂ© poussĂ©s dans la dĂ©fensive fut au cours de la vague de rĂ©volutions et de soulĂšvements de masse qui a dĂ©ferlĂ© sur le Moyen-Orient et lâAfrique du Nord en 2011. Ces mouvements sociaux ont clairement illustrĂ© que lâaction des masses pouvait arracher un changement rĂ©el. Ces manifestations de masse ont un grand caractĂšre unificateur qui balaie les frontiĂšres sectaires. En Irak, des manifestations conjointes de sunnites et de chiites ont eu lieu. En Afghanistan, en 2015, des manifestations de masse ont eu lieu pour dĂ©noncer les violences dont sont victimes les Hazaras, une minoritĂ© chiite. Comme nous lâavons vu en Libye, les interventions impĂ©rialistes dans la rĂ©gion visent Ă©galement Ă stopper le dĂ©veloppement des mouvements de masse. Mais il sâagit de la seule façon de lutter efficacement contre Daesh.
Cinq ans aprĂšs le dĂ©but des soulĂšvements de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il faut retrouver le chemin de ces mobilisations et, parallĂšlement, en tirer les enseignements. Faire tomber les dictateurs ne suffit pas, câest tout le systĂšme qui doit ĂȘtre renversĂ©. Cela exige de construire des partis rĂ©volutionnaires armĂ©s dâun programme socialiste de rupture avec le capitalisme.
Dâici Ă ce que de tels mouvements Ă©mergent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous pouvons jouer un rĂŽle en construisant un puissant mouvement anti-guerre. Juste avant le dĂ©but de la guerre en Irak, en 2003, nous avons connu un large mouvement anti-guerre avec des millions de manifestants. La manifestation contre lâachat dâavions de chasse F35 le 24 avril dernier Ă Bruxelles Ă©tait un excellent dĂ©but pour renouer avec cette tradition.ââLe capitalisme porte en lui la guerre comme la nuĂ©e porte lâorageââ dĂ©clarait le socialiste français Jean JaurĂšs avant le dĂ©clenchement de la PremiĂšre Guerre mondiale. Pour parvenir Ă un monde sans guerre, nous devons lutter pour une autre sociĂ©tĂ©.
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Manifestation "Pas d'avions de chasse" Investissons dans notre avenir, pas dans la guerre!
De 1500 Ă 2000 manifestants Ă©taient dans les rues de Bruxelles ce dimanche pour protester contre l’achat de nouveaux avions de chasse par la Belgique. Les organisateurs de cet Ă©vĂ©nement avaient accentuĂ© le caractĂšre antisocial des investissements Ă hauteur de 9 milliards d’euros (notamment les nouveaux avions de chasse) prĂ©vus dans la dĂ©fense. Le coĂ»t d’un seul de ces avions 1 pourrait annuellement crĂ©er 3750 emplois. On pourrait aussi couvrir les frais de construction de 47 Ă©coles.Cette mobilisation a gagnĂ© en importance au dĂ©but de ce mois de mars, lorsque les Ătats-Unis ont officiellement demandĂ© Ă la Belgique dâĂ©tendre en Syrie ses opĂ©rations de raids aĂ©riens menĂ©es en Irak. Mais câest trĂšs prĂ©cisĂ©ment ce type dâintervention sanglante qui a plongĂ© la rĂ©gion dans le chaos et poussĂ© des millions de personnes sur les routes ! Pour rĂ©pondre aux besoins de la population, il nây a pas dâargent. Mais pour participer Ă des aventures guerriĂšres et qui vont alimenter la crise des rĂ©fugiĂ©s et le terrorisme, pas de soucis, pourvu toutefois que les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques des multinationales et lâapprovisionnement en pĂ©trole soient assurĂ©s !
Aperçu de notre délégation :
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A travers le monde, les budgets de la Défense représentent 1766 milliards de dollars
Selon le RĂ©seau des solutions pour le dĂ©veloppement durable des Nations Unies, en finir avec la pauvretĂ© dans le monde reviendrait Ă environ 1.400 milliards de dollars par an. Cette somme ne suffirait par contre pas Ă couvrir lâensemble des dĂ©penses militaires mondiales. Le capitalisme investit dans la guerre et la destruction plutĂŽt que dâassurer Ă chacun de mener une vie dĂ©cente. Cette logique pernicieuse fait partie intĂ©grante du systĂšme.Si les dĂ©penses militaires ont, elles aussi, subi lâimpact de la crise et des Ă©conomies budgĂ©taires en AmĂ©rique du Nord et en Europe ces derniĂšres annĂ©es, elles ont connu une certaine croissance en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Ce sont surtout la Chine, la Russie et lâArabie Saoudite qui ont davantage investi dans leur armement. LâArabie saoudite a ainsi augmentĂ© ses dĂ©penses militaires de prĂšs de 17% en 2014, notamment en raison de lâintervention saoudienne au YĂ©men, oĂč le pays mĂšne une guerre sectaire contre la population chiite voisine. En Europe, lâOTAN appelle maintenant Ă lâaugmentation des budgets de la DĂ©fense.
Les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales belges ont dĂ©cidĂ© dâaccroitre leurs dĂ©penses militaires Ă hauteur de 9,2 milliards dâeuros supplĂ©mentaires entre 2019 et 2030. Il est notamment question dâacheter 34 nouveaux avions de combat F35, ce qui reviendrait Ă environ 150 millions dâeuros par piĂšce, soit plus de 5 milliards dâeuros en tout. Les Ătats-Unis invitent les Ătats membres de lâOTAN Ă acheter de nouveaux avions de combat capables de transporter une nouvelle gĂ©nĂ©ration dâarmes nuclĂ©aires. Ces avions proviennent de la plus grande entreprise dâarmes au monde: Lockheed Martin (3,6 milliards de dollars de bĂ©nĂ©fices en 2014). JusquâĂ 80% des ventes de Lockheed Martin dĂ©pendent du gouvernement amĂ©ricain. Chaque annĂ©e, lâentreprise consacre 14 millions de dollars au lobbying visant Ă lâaugmentation des budgets de la dĂ©fense.Aujourdâhui, beaucoup de recherches technologiques sont destinĂ©es Ă des applications militaires, cette industrie Ă©tant prospĂšre, en pleine croissance, et porteuse de gigantesques profits. Lâampleur toute astronomique des budgets militaires illustre parfaitement que les moyens existent dans cette sociĂ©tĂ©, la maniĂšre de les utiliser est un choix politique. Avec un seul avion de chasse F-35, prĂšs de 300.000 foyers pourraient ĂȘtre fournis en Ă©lectricitĂ© verte, 150 centres de jeunesse ou 47 Ă©coles primaires pourraient ĂȘtre construits, 8.333 emplois créés dans les services publics,…
Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. ââLe capitalisme porte en lui la guerre comme la nuĂ©e porte lâorageââ disait Jean JaurĂšs juste avant le dĂ©clenchement de la PremiĂšre Guerre mondiale. Utiliser les ressources, la main-dâĆuvre et le savoir-faire technologique du secteur de la DĂ©fense afin dâamĂ©liorer les conditions de vie de tous exige de rompre avec le capitalisme. Une sociĂ©tĂ© socialiste oĂč les secteurs clĂ©s de lâĂ©conomie seraient sous contrĂŽle et gestion publiques permettrait de convertir le secteur de lâarmement tout en garantissant le maintien des emplois.
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Pas d'argent pour la guerre mais pour combattre la misĂšre!
Pour rĂ©pondre Ă la crise des rĂ©fugiĂ©s, il faut en finir avec la politique impĂ©rialiste24 avril : Manifestation âPas dâavion de chasseâ –Â 14h BRUXELLES CENTRAL
La mobilisation pour la manifestation du 24 avril prochain contre lâachat de nouveaux avions de chasse par les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales (pour plusieurs milliards dâeuros !) a encore gagnĂ© en importance au dĂ©but de ce mois de mars, lorsque les Ătats-Unis ont officiellement demandĂ© Ă la Belgique dâĂ©tendre en Syrie ses opĂ©rations de raids aĂ©riens menĂ©es en Irak. Mais câest trĂšs prĂ©cisĂ©ment ce type dâintervention sanglante qui a plongĂ© la rĂ©gion dans le chaos et poussĂ© des millions de personnes sur les routes !
LâĂtat belge participe au carrousel impĂ©rialiste
Albert Einstein disait que la dĂ©finition de la folie Ă©tait de reproduire encore et encore la mĂȘme chose en espĂ©rant obtenir un rĂ©sultat diffĂ©rent. Lâobservation sâapplique ici aussi. Les bombardements, les destructions, le dĂ©ploiement de miliaires, les alliances ââpragmatiquesââ conclues avec des seigneurs de guerre et des chefs religieux rĂ©actionnaires locaux, ou encore le recours aux drones de combat ont plongĂ© dans le chaos des pays comme lâAfghanistan et lâIrak.
Ces terres dĂ©vastĂ©es, lâabsence de perspectives et le sentiment dâoccupation sont le terreau idĂ©al pour des âârĂ©sistantsââ auto-proclamĂ©s, aussi rĂ©actionnaires soient-ils. Le quotidien britannique The Guardian a collectĂ© les donnĂ©es de lâassassinat ââciblĂ©ââ via drones de 41 terroristes au Pakistan : 1 147 civils auraient Ă©galement Ă©tĂ© tuĂ©s : dommages collatĂ©raux. Ă quel point faut-il ĂȘtre dĂ©connectĂ© de la rĂ©alitĂ© pour imaginer que cette approche nâalimentera pas la propagande et le recrutement des fondamentalistes religieux ?
Le gouvernement fĂ©dĂ©ral a pourtant dĂ©cidĂ© de consacrer 9,2 milliards dâeuros dâici 2030 Ă des investissements majeurs dans la DĂ©fense, comme lâachat de 34 nouveaux avions de combat F-35 (on parlait encore jusquâil y a peu de 40), de deux frĂ©gates, de six chasseurs de mines et de six drones. Les dĂ©penses de la DĂ©fense devraient atteindre 1,3 % du produit intĂ©rieur brut en 2030, mais lâOTAN exige dâatteindre le chiffre de 2 %. Lâargent consacrĂ© Ă un seul de ces F-35 permettrait dâengager pas moins de 3 750 enseignants supplĂ©mentaires en Belgique pendant un an ! Merveilleuse illustration des prioritĂ©s des autoritĂ©sâŠ
Pour rĂ©pondre aux besoins de la population, il nây a pas dâargent. Mais pour participer Ă des aventures guerriĂšres et qui vont alimenter la crise des rĂ©fugiĂ©s et le terrorisme, pas de soucis, pourvu toutefois que les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques des multinationales et lâapprovisionnement en pĂ©trole soient assurĂ©s !
Lâennemi de mon ennemi est-il mon ami ?
Les puissances occidentales ont sautĂ© Ă pieds joints dans un vĂ©ritable bourbier. Leur stratĂ©gie pour en sortir est celle du pompier pyromane. Nous nous opposons donc Ă toute forme dâintervention impĂ©rialiste et militaire au Moyen-Orient, ce qui nâimplique cependant pas de sombrer dans le camp de Bachar el-Assad, de la Russie ou de lâIran. Ces rĂ©gimes sâaccordent avec les forces de lâOTAN autour dâun mĂȘme principe : lâexploitation et lâoppression de la population.
Seule la lutte commune des travailleurs et des pauvres de la rĂ©gion par-delĂ les frontiĂšres ethniques, religieuses⊠peut assurer la stabilitĂ© de la rĂ©gion, en arrachant le contrĂŽle des richesses et de lâĂ©conomie des mains de lâĂ©lite pour offrir Ă chacun de bonnes perspectives de vie par le dĂ©veloppement des soins de santĂ©, de lâĂ©ducation, des sciences, … Cela exige que les masses elles-mĂȘmes prennent lâinitiative pour ne pas simplement changer le sommet de la pyramide de lâexploitation capitaliste, mais bel et bien abattre cette derniĂšre dans sa totalitĂ©. Ne plaçons nulle part notre confiance ailleurs que dans lâĂ©nergie de la colĂšre des masses contre la crise, la guerre et la famine !
Câest pourquoi les Ătudiants de Gauche Actifs et le PSL appellent Ă participer en nombre Ă la manifestation du 24 avril pour protester contre lâachat de nouveaux avions de chasse et contre toute aventure impĂ©rialiste mais aussi contre toute la logique sur laquelle repose le rĂšgne des dynasties pĂ©troliĂšres, des Ă©lites corrompues et du monde de Wall Street. Nous ne sommes pas condamnĂ©s Ă subir les rouages de cette sociĂ©tĂ© inĂ©galitaire, rejoignez la lutte pour un autre monde, un monde oĂč le capitalisme aura Ă©tĂ© jetĂ© dans les poubelles de lâHistoire !
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Contre le terrorisme et la haine: que faire?
AprĂšs les terribles attentats de Bruxelles, chacun sâinterroge et sâinquiĂšte. Ne laissons pas cette discussion aux politiciens et mĂ©dias traditionnels. Leur approche repose sur la rĂ©pression, lâislamophobie, la fermeture des frontiĂšres et la guerre. Cette logique est vouĂ©e Ă lâĂ©chec. Et, comme toujours, les intĂ©rĂȘts de la majoritĂ© de la population ne comptent pas.Version PDF en A5 – PSL // Version PDF en A5 – EGA // Version PDF en A3 – EGA // Version PDF en A3 – PSL
La meilleure maniĂšre dâisoler les terroristes et de combattre les conditions qui leurs permettent de disposer dâun soutien, câest de lutter ensemble pour de meilleures conditions de vie pour tous. Parler de sĂ©curitĂ© tout en appliquant une politique dâaustĂ©ritĂ© qui transforme notre pays en cimetiĂšre social, câest de la poudre aux yeux! La jeunesse et le mouvement des travailleurs doivent prendre lâinitiative ! LâĂ©lite au sommet de la sociĂ©tĂ© planque les richesses que nous produisons par notre travail au Luxembourg, en Suisse ou, comme cela a Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©voilĂ©, au Panama. Nous nâavons rien Ă attendre dâelle.
Opposons lâunitĂ© et la solidaritĂ© Ă la politique de diviser pour rĂ©gner. Luttons contre la haine et le terrorisme, mais aussi contre les autoritĂ©s et la politique qui leur permettent de se dĂ©velopper.
- Posez cette affichette bien en vue Ă votre fenĂȘtre, Ă votre voiture,…
- Aux écoles et universités: A Gand, des étudiants du secondaire se sont réunis pour faire des selfies avec cette affichette et ensuite discuter ensemble. Pourquoi ne pas reproduire cet exemple?
- Au boulot: Peut-ĂȘtre avez-vous connu des assemblĂ©es du personnel au cours du plan dâaction de lâautomne 2014 contre le gouvernement Michel ? Pourquoi ne pas en organiser Ă nouveau, ou commencer Ă installer cette tradition, pour discuter de la lutte contre le terrorisme, le racisme, lâaustĂ©ritĂ© et la guerre?Discutez lâidĂ©e de meetings locaux, dâune manifestation nationale massive et de la formation de dĂ©lĂ©gations pour la paix aux activitĂ©s du 1er mai comme premiers pas pour un mouvement contre la terreur, la haine, la pauvretĂ© et la guerre.
DI 24/04 :: MANIFESTATION âPAS DâAVIONS DE CHASSEâ :: 14H00 :: GARE DE BRUXELLES-CENTRALE
DI 17/04 :: MARCHE CONTRE LA TERREUR ET LA PEUR :: 14H00 :: BRUXELLESLes discriminations et les pĂ©nuries sociales sont des facteurs importants dans la radicalisation dâune petite minoritĂ© de jeunes qui deviennent les proies de lâEtat Islamique et dâautres groupes rĂ©actionnaires. Mais aussi lâimpĂ©rialisme et la politique de guerre des puissances capitalistes ainsi que leur soutien sĂ©culaire aux dictatures, notamment au Moyen-Orient.
Nous luttons non seulement contre lâaustĂ©ritĂ© mais aussi contre la participation belge Ă la guerre en Syrie. Il nous faut un mouvement de masse pour une autre sociĂ©tĂ© !
Mobilisons massivement pour cette manifestation dans les quartiers et aux écoles et universités !
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Plusieurs milliards d'euros pour les nouveaux F-35. Comment ça, pas dâargent pour lâenseignement ?
La Belgique va remplacer ses avions de chasse F-16 modernisĂ©s au-delĂ de 2020. Lâheureux Ă©lu serait le chasseur-bombardier F-35 Ă prĂšs de 150 millions dâeuros piĂšce. Le coĂ»t total des 40 avions reviendrait donc Ă 6 milliards dâeuros (depuis la publication de cet article, ce nombre a Ă©tĂ© revu Ă la baisse, NDLR), sans compter lâentretien. Un seul de ces F-35 permettrait dâengager⊠3.750 enseignants supplĂ©mentaires en Belgique pendant un an ! Belle illustration des prioritĂ©s des autoritĂ©sâŠArticle tirĂ© de l’Ă©dition de mars de Lutte Socialiste
Un ââTop Gunââ qui vire en ââHot Shotââ
Le dĂ©veloppement du nouvel avion F-35 est probablement le programme de dĂ©fense le plus dĂ©criĂ© de ce siĂšcle. Lâambition des USA Ă©tait de donner naissance Ă lâavion de combat le plus moderne, le plus polyvalent et le plus meurtrier de tous les temps pour Ă©quiper la grande majoritĂ© des pays occidentaux alliĂ©s des Ătats-Unis. Au final, câest la premiĂšre fois quâun avion de nouvelle gĂ©nĂ©ration sâavĂšre plus lent, moins maniable et dotĂ© de performances infĂ©rieures Ă la plupart des avions quâil devra remplacer, parmi lesquels le fameux F-16, plus vieux de quatre dĂ©cennies.
Un article du site de la RTBF intitulĂ© ââNouvelles tuiles pour lâavion de combat F-35, gouffre financier du Pentagoneââ recensait en septembre dernier divers problĂšmes rencontrĂ©s dans le dĂ©veloppement du F-35 : dĂ©fauts de conception dans son rĂ©servoir de carburant et ses systĂšmes hydrauliques (ce qui augmente la vulnĂ©rabilitĂ© de lâavion face Ă la foudre ou aux tirs ennemis) ; vitesse, capacitĂ© dâaccĂ©lĂ©ration et capacitĂ© de virage insuffisantes ; mauvaise visibilitĂ© et, aux dires de pilotes dâessai, des siĂšges Ă©jectables qui ne fonctionnent pas ! Le casque du pilote (qui revient Ă 357.000 euros piĂšceâŠ) est muni dâun systĂšme sophistiquĂ© qui permet une vision Ă 360 degrĂ©s au pilote. Le petit souci, câest que le systĂšme de reconnaissance a des difficultĂ©s Ă distinguer les alliĂ©s des ennemis… Un autre article publiĂ© sur le site du Vif rapportait les propos suivants tenus par un pilote dâessai : ââDans quelques dĂ©cennies, nous volerons avec un avion qui nous enverra Ă la mort et qui nous coĂ»tera le contrĂŽle de lâespace aĂ©rienââ.
Cerise sur le gĂąteau : un duel a opposĂ© le F-35 en dĂ©veloppement au vieux F-16 lors dâun test en juillet 2015. Câest le F-16 qui lâa emportĂ©. Avec six annĂ©es de retard sur le calendrier initial en 12 ans de dĂ©veloppement, tout porterait Ă croire que câest Charlie Sheen – acteur principal de Hot Shot, la parodie du film de propagande de lâaviation amĂ©ricaine Top Gun – qui est aux commandes du projet. Certains experts estiment quâen suivant la courbe logique de lâavancĂ©e du programme, une pleine capacitĂ© opĂ©rationnelle de lâavion nâarriverait pas avant⊠2030 ! Il sâagit actuellement du programme dâarmement le plus cher de lâhistoire des Ătats-Unis, avec une enveloppe de 395,7 milliards de dollars.
Belgique : Y a-t-il un pilote dans lâavion ?
Mais pourquoi donc sâentĂȘter Ă acheter ces appareils ? Le F-35 a la capacitĂ© dâemporter une bombe nuclĂ©aire Ă son bord et la Belgique assume depuis des dĂ©cennies des tĂąches nuclĂ©aires au sein de lâOTAN. La base militaire belge de Kleine-Brogel est lourdement soupçonnĂ©e dâaccueillir des armes nuclĂ©aires amĂ©ricaines, ce qui contreviendrait Ă lâarticle 2 du TraitĂ© sur la non-prolifĂ©ration des armes nuclĂ©aires. Les autoritĂ©s nâont jamais infirmĂ© ou confirmĂ© cette prĂ©sence, mais lâancien ministre de la DĂ©fense Pieter De Crem a admis en 2008 lâexistence dâune capacitĂ© nuclĂ©aire Ă Kleine-Brogel. Cela a depuis Ă©tĂ© confirmĂ© par la publication de cĂąbles diplomatiques sur le site Wikileaks ou par lâexpert de la FĂ©dĂ©ration des scientifiques amĂ©ricains (FAS) Hans Kristensen.
Quâil sâagisse de ces F-35 amĂ©ricains ou de ses concurrents français et autres, nous devons rĂ©solument nous opposer Ă lâachat de nouveaux avions militaires. Alors que le manque de budgets frappe durement lâenseignement et les services publics de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, comment accepter que 6 milliards dâeuros soient investis pour satisfaire les projets de domination du monde par les puissances occidentales ? Le gouvernement a dĂ©cidĂ© que lâarmĂ©e belge prendra part aux opĂ©rations militaires en Syrie – y compris aux bombardements aĂ©riens – et ce, alors que nous constatons aujourdâhui lâimpact dĂ©vastateur de ces interventions impĂ©rialistes en Libye ou encore en Afghanistan, rĂ©alisĂ©es avec lâassistance de la Belgique. De telles interventions militaires reprĂ©sentent un terreau extrĂȘmement fertile pour le terrorisme et le fondamentalisme religieux tout en constituant une cause majeure de la crise migratoire que nous connaissons aujourdâhui.
LâOTAN, Ă lâinstar de lâUnion europĂ©enne, exige que les budgets de la DĂ©fense augmentent en Belgique et chez ses autres Ătats membres. Aujourdâhui comme Ă lâĂ©poque de la guerre froide, lâOTAN (et derriĂšre elle les USA) participe activement Ă la course aux armements. Elle utilise ou nĂ©glige les lĂ©gislations et les accords internationaux quâen fonction de ses intĂ©rĂȘts. Nous nous opposons Ă cette nouvelle course aux armements, mais aussi Ă la prĂ©sence de lâOTAN en Belgique ! En 2003, lâOTAN a par exemple servi dâexcuse pour permettre Ă du matĂ©riel et des militaires amĂ©ricains en partance pour lâIrak de transiter par la Belgique, une intervention qui nâavait pourtant officiellement rien Ă voir avec lâOTAN.
ââLa guerre est la continuation de la politique par dâautres moyensââ disait le stratĂšge militaire Clausewitz. Dans lâactuel contexte de crise Ă©conomique et de dĂ©veloppement des tensions entre grandes puissances, le recourt aux armes ne va que gagner en force, Ă lâinstar de la guerre par procuration que se livrent les puissances occidentales et la Russie en Ukraine par exemple. Sâopposer Ă la guerre nĂ©cessite de sâopposer Ă la course aux armements et aux instruments impĂ©rialistes que sont lâOTAN ou les institutions europĂ©ennes. Mais il nous faut combattre le mal Ă ses racines et Ćuvrer au renversement du systĂšme capitaliste.
24 avril, 14 h, devant la gare de Bruxelles-Central : Manifestation ââPas dâavions de chasseââ Ă lâappel de la plateforme ââPas dâavions de chasseââ
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Vente dâarmes Ă lâArabie saoudite: choisir entre lâĂ©thique et lâemploi?
La rĂ©cente exĂ©cution de 47 prisonniers en Arabie saoudite a relancĂ© la polĂ©mique concernant les ventes dâarmes vers ce pays. Avec ces exĂ©cutions, le rĂ©gime a notamment voulu lancer un message fort Ă la population dont il craint la colĂšre suite aux coupes budgĂ©taires dues Ă la chute des prix du pĂ©trole. Câest aussi lâexpression du mĂ©contentement des dirigeants saoudiens sunnites face au rapprochement de ses alliĂ©s occidentaux avec lâIran chiite, le rival de lâArabie saoudite dans la rĂ©gion avec lequel elle est en conflit au YĂ©men, en Syrie et ailleurs.
Par Boris Malarme
Course Ă lâarmement et marchĂ©s juteux
Interdiction de rassemblement, chasse aux opposants (particuliĂšrement issus de la minoritĂ© chiite), torture, exĂ©cutions,⊠on peut difficilement comprendre que ce pays sâest retrouvĂ© Ă la tĂȘte du groupe consultatif du Conseil des droits de lâhomme des Nations Unies ! La coupable complaisance des puissances occidentales sâexplique bien entendu par les vastes rĂ©serves de pĂ©trole saoudiennes, mais aussi par le rĂŽle de puissance rĂ©gionale alliĂ©e jouĂ© par lâArabie saoudite dans la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts des puissances occidentales au Moyen-Orient, comme lâa encore rappelĂ© rĂ©cemment Paul Magnette. Il est aussi question de trĂšs juteux contrats, la Belgique nâĂ©tant pas en reste. Environ 1.500 entreprises belges commercent avec lâArabie saoudite, les secteurs pharmaceutique et chimique comptant pour un tiers des exportations belges vers ce pays.
LâinstabilitĂ©, les guerres et les conflits sectaires au Moyen-Orient entrainent une course Ă lâarmement qui assure les bonnes affaires des marchands de canons. Câest lĂ -bas que la croissance des budgets de la dĂ©fense est la plus forte : ils reprĂ©sentent aujourdâhui Ă prĂšs un tiers des dĂ©penses publiques. En 2014, lâArabie saoudite est dâailleurs devenue le premier importateur dâarmes au monde (des importations Ă hauteur de 6,4 milliards de dollars). Amnesty International a dĂ©montrĂ© que le stock dâarmes de Daesh (lâEtat islamique) provient des exportations dâarmes en provenance des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et de lâEurope dans la rĂ©gion. Des armes belges vendues au dĂ©funt rĂ©gime de Kadhafi en Lybie sont passĂ©es aux mains dâAl-QaĂŻda au Maghreb islamique (AQMI) et dâautres vendues au Qatar aux mains de Daesh.
Le vice-prĂ©sident exĂ©cutif de la multinationale amĂ©ricaine Lockheed Martin, Bruce Tanner, a dĂ©clarĂ© que sa compagnie envisageait des ââbĂ©nĂ©fices indirectsââ Ă la guerre en Syrie en tablant sur une croissance des ventes dâavions de chasse F-22 et F-35, une nĂ©cessitĂ© Ă ses yeux pour faire face aux avions russes dĂ©jĂ prĂ©sents sur le terrain. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral belge a dâailleurs approuvĂ© peu avant NoĂ«l le Plan stratĂ©gique de la DĂ©fense qui prĂ©voit 9,2 milliards dâinvestissement dâici Ă 2030, dont lâachat de 34 chasseurs-bombardiers et de deux frĂ©gates.
Sacrifier lâemploi Ă lâĂ©thique ?
Tout le dĂ©bat sur les licences dâexportations dâarmes vers lâArabie saoudite est prĂ©sentĂ© comme un choix Ă opĂ©rer entre lâĂ©thique et lâĂ©conomie, dont lâemploi. Pour Geert Bourgeois et le gouvernement de droite flamand, lâoccasion Ă©tait trop belle de jouer sur lâĂ©thique puisque ces licences ne comptaient en 2014 que pour 600.000 euros en Flandre alors quâil sâagissait la mĂȘme annĂ©e de prĂšs de 400 millions dâeuros pour la Wallonie. Le Canada figure Ă©galement en bonne place des partenaires privilĂ©giĂ©s de la Belgique sur ce plan, un contrat de 3,2 milliards dâeuros ayant Ă©tĂ© conclu entre lâentreprise belge CMI Defence et la canadienne General Dynamics pour une durĂ©e de 15 ans. CMI fournit des tourelles de tank au Canada qui Ă son tour les installe sur des chars complets vendus ensuite⊠à lâArabie saoudite ! On est en droit de se demander si ces chars finiront un jour au YĂ©men.
PS, cdH et MR dĂ©fendent ces exportations au nom des 10.000 emplois directs et indirects que compte le secteur en Wallonie. Les MĂ©tallurgistes Wallonie-Bruxelles de la FGTB sâopposent Ă lâidĂ©e dâun embargo wallon portĂ©e par Ecolo pour dĂ©fendre les emplois Ă la FN-Herstal et dans le secteur. Le PTB, empĂȘtrĂ© lui aussi dans la logique de lâĂ©conomie de marchĂ©, dĂ©fend lâembargo Ă condition quâil sâagisse dâune mesure prise au niveau europĂ©en qui sâaccompagne de subsides Ă lâemploi tels que ceux qui ont suivi lâembargo vers la Russie. NaĂŻma Regueras, prĂ©sidente de la CNAPD (Coordination nationale dâaction pour la paix et la dĂ©mocratie), clarifie quant Ă elle quâaucune solution ne peut venir du gouvernement wallon et appelle les syndicats Ă travailler ensemble Ă envisager des pistes pour la reconversion des entreprises wallonnes dâarmement.
La production de ces entreprises peut ĂȘtre convertie en une production socialement utile sur base du savoir-faire tout en dĂ©fendant chaque emploi et en mettant fin au commerce dâarme. Cela nĂ©cessite, contrairement au souhait du gouvernement wallon de privatiser la FN-Herstal, que lâensemble du secteur soit aux mains du public. Cela exige encore un plan de reconversion dĂ©mocratiquement Ă©laborĂ© par le mouvement des travailleurs accompagnĂ© dâinvestissements publics massifs dans les secteurs qui rĂ©pondent aux nĂ©cessitĂ©s sociales. Contre le chaos du marchĂ©, il nous faut une alternative rationnellement et dĂ©mocratiquement planifiĂ©e, ce qui automatiquement impose de construire une sociĂ©tĂ© socialiste dĂ©mocratique.



