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  • Pologne. Suspension de la décision d’arrêter le haut fourneau d’ArcelorMittal à Cracovie

    Pologne. Suspension de la décision d’arrêter le haut fourneau d’ArcelorMittal à Cracovie

    Par Kacper Pluta, membre d’Alternatywa Socjalistyczna (CIO – Pologne), ouvrier d’ArcelorMittal Poland (AMP) et membre du syndicat NSZZ Pracowników AMP (capacité personnelle)

    Depuis quelques mois, les métallurgistes de la partie matières premières de l’usine cracovienne vivaient dans l’incertitude de l’avenir de leur lieu de travail (voir notre précédent article relatif à ce sujet). Depuis qu’en mai, la direction avait annoncé la fermeture du haut fourneau et de l’aciérie, il y avait un mur de silence – la direction ne donnait aucune information concrète sur l’avenir de l’activité. Alors que la date de fermeture se rapprochait inexorablement, les travailleurs ne savaient pas où ils seraient envoyés travailler (s’ils n’étaient pas mis au chômage), s’il existait des conditions susceptibles d’annuler cette décision et, si oui, lesquelles. Etc. Enfin, à peine un mois avant la fermeture prévue, le lendemain de la manifestation d’ouvriers organisée devant le siège de la direction d’ArcelorMittal Poland (AMP), les médias ont été informés que la société retardait indéfiniment la décision de fermeture.

    Manifestation le 24 juillet

    Pendant plusieurs semaines, les employés d’AMP attendaient que les organisations syndicales agissent contre la fermeture des matières premières. Les lents rouages de la machine syndicale se sont finalement mis en mouvement sous la forme d’une manifestation organisée devant le siège de l’AMP à D?browa Górnicza. Les ouvriers de l’aciérie cracovienne ont pris au sérieux l’appel à se mobiliser, remplissant 17 autobus au départ de l’usine de Cracovie. Environ 1000 personnes ont pris part au piquet, soit près du tiers des travailleurs de Cracovie, alors que c’était un jour de travail et une manifestation hors de la ville. Les usines de métallurgie de Sosnowiec, Ostrowiec wi?tokrzyski ou Cz?stochowa ont apporté leur soutien. Pendant les discours des dirigeants syndicaux (représentant les trois syndicats principaux: NSZZ Pracowników (OPZZ), Solidarno?? et Solidarno?? 80, plus des syndicats locaux plus petits), le refus de la fermeture du haut fourneau et de l’aciérie a été souligné. Dans la manifestation, l’ambiance était à la colère et à la frustration ; les dirigeants syndicaux ont eu du mal à contrôler certains manifestants.

    Nous sommes les otages de l’entreprise

    Le lendemain, la direction d’AMP a annoncé une suspension temporaire de la décision de fermeture du haut fourneau.

    Parmi les ouvriers cependant, l’ambiance n’est pas à la célébration. Malgré le ton de propagande victorieux des déclarations des organisations syndicales, les employés se rendent compte que ce n’est ni leur mobilisation ni la “lutte” des syndicats qui ont été décisifs dans le revirement de l’AMP. Le sentiment dominant est un léger soulagement parce que nous savons où et dans quelles conditions nous travaillerons au cours des prochains mois, mais aussi la frustration que la société utilise le secteur des matières premières de Cracovie en otage dans sa compétition avec le gouvernement polonais.

    Les « conditions du marché », dont la direction parlait en mai, ont-elles soudainement changé ? La politique de l’État a-t-elle changé en termes de prix de l’électricité et d’industries à forte intensité énergétique? La CE a-t-elle donné des garanties à Mittal en ce qui concerne les modifications des taxes d’émission de CO2? Les coûts de fonctionnement du secteur matières premières de Cracovie ont-ils changé (prétendument les plus élevés d’Europe, selon les comptes douteux de l’entreprise)? Ce sont des questions rhétoriques, auxquelles ni les ouvriers ni le public ne reçoivent de réponses. Les métallurgistes de Cracovie sont constamment bombardés de signaux contradictoires et de décisions apparemment illogiques des capitalistes : d’une part, maximisation de la production et investissements importants (rénovation du haut fourneau, investissements écologiques, nouveau laminoir…), de l’autre, gel de l’émbauche, fin de la collaboration avec les sous-traitants, annonce d’une énorme coupe de la production…

    L’avenir du secteur matières premières, mais aussi de la métallurgie en général, reste incertain. Les difficultés économiques invoquées par Mittal pour justifier la fermeture du four n’ont pas disparu: la guerre commerciale et la crise énergétique et climatique se poursuivent. Le propriétaire peut jouer cette carte à tout moment, que ce soit pour liquider l’usine de Cracovie (et pour, par exemple, délocaliser les machines de nouvelles installations) ou – ce qui semble particulièrement probable – pour geler les augmentations de salaire et autres revendications des travailleurs. Les syndicats doivent se concentrer sur ces problèmes. Attiser l’auto-satisfaction ne nous aidera pas à défendre l’usine ni à nous battre pour des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail. Nous avons besoin d’un syndicat militant et démocratique pour ces tâches!

    Finissons-en avec le chantage capitaliste

    ArcelorMittal est le plus grand producteur d’acier au monde. Cela lui confère un pouvoir énorme et la capacité de mettre en échec les gouvernements d’un Etat, voire du continent entier. En Europe, des dizaines de milliers d’emploi dépendent du bon vouloir de cette entreprise. Dans la situation économique mondiale actuelle, la société utilisera bien sûr sa position pour contraindre les gouvernements à mener une politique qui leur est favorable : l’octroi d’un soutien de plusieurs milliards de dollars provenant de fonds publics ou la poursuite d’une politique économique plus protectionniste par les gouvernements européens. Ces mesures serviraient principalement à remplir davantage les caisses des milliardaires. Malheureusement, les représentants des syndicats sont aussi partiellement capables de reprendre ces arguments et de les répéter sans discernement. Au cours du rassemblement, un militant de Solidarno?? a même vanté la politique de la guerre des douanes menée par Trump… Financer des milliardaires avec de nouveaux fiscaux et protéger leurs marchés à l’aide de l’appareil douanier et fiscal de l’Etat ne font que renforcer notre dépendance à l’égard du monde des grandes entreprises. Cela ne signifie pas que nous sommes contre le protectionnisme quelle que soit la situation, mais il faut se demander à quoi il va servir ? Réduire les importations d’acier et accroître le rôle de la production nationale dans la consommation intérieure seraient souhaitables à bien des égards si c’était dans l’intérêt de la société et non des capitalistes : la production sur site réduit les coûts environnementaux liés au transport et permet potentiellement un meilleur contrôle des conditions de production, de son impact environnemental, etc…

    Dans le même temps, nous devrions essayer de lier notre lutte aux ouvriers métallurgistes d’autres pays, en particulier aux travailleurs d’ArcelorMittal en Europe – seule la solidarité internationale peut nous donner la possibilité de résister au dumping salarial et à la mise en concurrence des ouvriers.

    Sauvons la métallurgie

    Comme l’a dit à juste titre un syndicaliste lors de la manifestation: “Ce n’est pas nous qui avons causé cette crise, mais seulement ceux qui dirigent le monde. Ils gagnent de la crise, et nous l’avons dans le… » Transformons cette constatation en un programme concret de sauvetage de la métallurgie dans l’intérêt de ceux qui y travaillent et de la majorité de la société. Alternatywa Socjalistyczna propose de discuter autour des revendications suivantes :

    • Abolition du secret commercial; contrôle des finances par les représentants des travailleurs
    • Renationalisation de la métallurgie sous le contrôle des ouvriers
    • Au lieu de la bourse du carbone, investissements publics massifs dans les énergies propres et la recherche sur la réduction des émissions de CO2
    • Planification économique démocratique au lieu des crises et du chaos du capitalisme

  • Pologne. ArcelorMittal annonce l’abandon de la production à Nowa Huta. Préparons-nous à défendre les emplois!

    La direction du géant mondial de l’acier ArcelorMittal a annoncé par voie de presse ainsi que lors d’une assemblée générale des employés de l’aciérie COS de Cracovie la fermeture temporaire de la partie matières premières de l’aciérie, à compter de septembre, sans annoncer de date de fin. Cela signifie l’extinction du haut fourneau et par conséquent l’arrêt de la production de l’aciérie de conversion et des aciéries COS (coulée continue). Cela concerne 1200 ouvriers sur un total de 4000 a l’acierie de Cracovie.

    Par Kacper Pluta, métallurgiste, Alternatywa Socjalistyczna (section polonaise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    La direction du groupe justifie cela par la crise de surproduction sur le marché de l’acier, par la guerre commerciale dans laquelle les producteurs européens sont perdants et par des coûts de production élevés en Pologne (causés par les prix élevés de l’énergie et les coûts d’émission de CO2).

    L’arrêt de la production entraînera une chute radicale de la demande de main-d’œuvre dans le departement concerne. À l’heure actuelle, aucun plan de licenciement n’a été annoncé. Selon les déclarations préliminaires du responsable, les employés seraient transférés dans d’autres unités (notamment dans l’aciérie de Katowice) ou seront mis au chomage technique (sans qu’un travail ne soit assuré et avec une réduction significative de la paie). Toutefois, des licenciements ont déjà été annoncés chez des sous-traitants, de même qu’une modification du calendrier des investissements prévus. On ne sait pas encore s’il y aura des mises à pied pour les travailleurs intérimaires.

    Beaucoup de travailleurs s’inquiètent de savoir si la production reviendra un jour dans l’usine. Ces craintes sont justifiées au regard de la manière dont ArcelorMittal a déjà fonctionné avec des sites similaires en Europe occidentale, à Liège par exemple. La décision de suspendre la production à Nowa Huta est également critiquée par de nombreux travailleurs en raison des investissements de plusieurs millions d’euros réalisés au cours de ces dernières années – rénovation du haut fourneau, investissements dans la protection de l’environnement, construction d’un nouveau laminoir à chaud (prétendument le plus moderne d’Europe). On soupçonne également que l’entreprise souhaite obtenir des « cadeaux » du gouvernement sous la forme de remises d’impôts spéciales ou d’un tarif particulier pour l’énergie.

    Nowa Huta et son industrie ont déjà subi une thérapie de choc par le passé. Lors de la privatisation, l’emploi dans cette usine a chuté de 90% – des réductions de budgets drastiques ont également été requises par l’Union européenne. Au fil des ans, l’emploi a diminué et l’âge moyen des travailleurs en activité a augmenté. Les métallos n’ont été recrutés que très lentement et la plupart en tant qu’intérimaires. Les métallurgistes se voient à nouveau confrontés au spectre de la mort industrielle et de l’effondrement du savoir technique.

    Et ensuite?

    A un stade aussi précoce, il est difficile de planifier exactement la tactique de défense des emplois, alors que la société affirme qu’il n’y aura pas de licenciement et qu’elle a l’intention de continuer de produire de l’acier. Il ne faut pas la croire comme ça. L’évolution future des événements dépendra de plusieurs facteurs, notamment de la situation économique en Europe et dans le monde. Si la crise de surproduction s’avère devenir un gouffre lors de la prochaine vague de crise économique du capitalisme européen, alors nous pourrons oublier les déclarations d’ArcelorMittal. Les syndicats doivent dores et déjà se préparer à se battre pour les emplois. À notre avis, cette lutte sera plus efficace si un front commun engage le plus grand nombre possible de travailleurs – y compris les non syndiqués – sur la base des points suivants:

    1) Les travailleurs doivent avoir accès aux finances du groupe. Nous n’avons aucune raison de croire les déclarations de la direction: l’usine de Cracovie a-t-elle vraiment la production la plus chère du continent? La poursuite de l’exploitation des aciéries de Cracovie a-t-elle vraiment une justification économique et environnementale basée sur le transport des dalles d’acier depuis Katowice, à 80 km, plutôt que depuis COS située à une centaine de mètres? Il est crucial que les travailleurs procèdent à un audit des finances.

    2) La renationalisation des aciéries sous le contrôle des salariés. Si ArcelorMittal n’est pas intéressée par la poursuite de la production et veut gaspiller des centaines de millions d’investissements et d’inestimables ressources humaines sous la forme de travailleurs expérimentés, nous devrions exiger du gouvernement qu’il prenne le contrôle de l’entreprise. Bien sûr, de nombreux travailleurs se méfieraient des bureaucrates du gouvernement / du parti dans la fabrication de l’acier, si celle-ci est guidée par la logique capitaliste, encline au népotisme, à la corruption, etc. Le modèle de gestion auquel nous devrions nous attacher est donc le contrôle des travailleurs sur la production et les divers aspects de l’exploitation. Les travailleurs sont ceux qui connaissent le mieux ses problèmes.

    3) Solidarité interentreprises, interprofessionnelle et internationale! Nous devons unir les équipes de travailleurs des grandes usines d’acier, mais aussi celles qui ne sont pas touchées par les mesures d’ArcelorMittal. Ce sera une tâche difficile. Certains travailleurs de Katowice (D?browa est la ville a cote de Katowice ou se trouve l usine) ou de Zdzieszowice ou même la cokerie de Cracovie respirent avec soulagement au vu du fait que cette turbulence ne les frappe pas pour l’instant. Mais nous devons les convaincre qu’il faut être unis pour faire face aux problèmes d’aujourd’hui à Nowa Huta, ces derniers pourraient devenir leurs problèmes à eux à l’avenir. Il nous faut également renforcer la solidarité avec les autres industries, à l’image de ces nombreuses industries qui ont soutenu la récente grève des enseignants. Il est également nécessaire de renforcer le soutien de la communauté locale de Nowa Huta, etc. Enfin, les problèmes d’ArcelorMittal s’étendent – à l’instar du groupe lui-même – à de nombreux pays. Selon les informations préliminaires, des mesures similaires auraient également lieu dans l’usine espagnole. La direction essayera de monter les travailleurs des différents pays les uns contre les autres. C’est pourquoi nous devons nouer des contacts avec nos collègues à l’échelle internationale.

    La dernière question à traiter est le contexte général de la crise économique et de la crise climatique. Aucun pays n’est une île isolée et la nouvelle vague de crise mondiale aura un impact considérable sur l’économie polonaise – le ralentissement de l’économie allemande entraîne déjà une crise de l’industrie polonaise.

    Le capitalisme se caractérise par des crises récurrentes et les métallurgistes le savent parfaitement, ils ont l’habitude d’entendre parler du « manque de climat propice aux affaires », de « la mauvaise situation du secteur », etc. Le capitalisme n’a pas de solution durable aux crises économiques, tout comme à la crise environnementale. Le système de taxation des émissions de carbone n’améliore pas l’environnement mondial ni ne réduit les émissions de gaz à effet de serre; il ne fait que déplacer le problème d’un pays à l’autre, ce qui génère également des problèmes pour les économies périphériques telles que la Pologne (liées à la hausse des prix de l’énergie).

    Nous devons tenir compte de ces questions lors de l’élaboration de notre stratégie de lutte pour l’emploi. Par conséquent, à côté de la nationalisation sous le contrôle des travailleurs, nous proposons ce qui suit:

    • au lieu du système d’échange de quotas d’émissions (European Emissions Trading System ou EU ETS), il faut des investissements massifs dans des travaux publics utiles, destinés au public et à la demande interne croissante (y compris d’acier); en particulier des investissements dans le développement d’énergies propres,
    • des investissements dans la recherche sur les technologies permettant une production d’acier plus propre et une réduction des émissions de CO2.

    Les crises, les guerres commerciales et les actions de grandes entreprises comme ArcelorMittal sont inhérentes au capitalisme; l’alternative est une société socialiste, non pas à l’image de la dictature bureaucratique stalinienne, mais une société où l’économie serait planifiée de manière rationnelle et démocratique dans l’intérêt de toute l’humanité.

  • Le patronat à l’attaque contre les prépensions dans l’industrie

    Par Geert Cool

    Lors des négociations pour les conventions collectives de travail (CCT) dans les entreprises, le mécontentement est important face à l’absence d’augmentation salariale. Maintenant, le patronat va encore plus loin avec une offensive sur les prépensions, avec à la clé des grèves remarquables, notamment à Agfa Gevaert à Mortsel et à ArcelorMittal à Gand.

    Agfa

    Agfa Gevaert a réalisé un profit net de 49 millions d’euros en 2013, après des années de pertes. Pour la presse spécialisée, cela est dû à l’abandon du plan d’assurance médicale pour les pensionnés aux Etats-Unis et à d’autres mesures d’austérité. Le manager Reinaudo (qui reçoit lui-même un salaire annuel de 1,8 millions d’euros), veut maintenant aussi sabrer dans les pensions en Europe, et plus spécifiquement au niveau des prépensions.

    Au cours des négociations sur la convention collective, les syndicats avaient proposé une convention zéro, c’est-à-dire une convention avec maintien des acquis sociaux, sans y ajouter de nouveaux. Mais la direction exigeait des concessions de la part des travailleurs concernant l’actuel régime des retraites anticipées. Il était encore possible auparavant de partir en retraite à 56 ans avec un bon supplément à l’allocation payé par Agfa Gevaert. Les exigences patronales portaient sur une réduction sérieuse de ce supplément, une perte d’environ 600 euros par mois pour un pensionné.

    Un ouvrier d’Agfa de 56 ans déclarait dans une interview avec le quotidien De Tijd : ‘‘Nous sommes bien payés, mais cela n’est pas pour ne rien faire. Nous travaillons dans l’obscurité, dans du poison. Je suis payé parce que je peux devenir aveugle à chaque instant. Je travaille depuis mes 19 ans en équipes, j’ai fait ma part pour la société.’’

    Les ouvriers sont partis en grève et ont ensuite rejeté une proposition du médiateur social, à une large majorité. Après deux semaines de grève, une nouvelle proposition est arrivée avec des concessions très limitées de la direction. 56,34% des ouvriers ont voté contre. Le travail a cependant dû reprendre puisqu’il n’y avait pas une majorité des deux tiers. Ces résultats ainsi que la combativité démontrée durant la grève illustrent toutefois que les ouvriers en ont marre. Ils ont dû, des années durant, avaler des augmentations de productivité tout en voyant leurs conquêtes sociales se réduire. Ils refusent de continuer à accepter cette logique.

    ArcelorMittal

    Chez ArcelorMittal à Gand, l’ancien Sidmar, la direction est également arrivée à la table de négociation avec des exigences offensives : une augmentation de 6 mois concernant l’âge de départ en prépension et une réduction du supplément à l’allocation de chômage et à la retraite. De plus, la direction voulait encore limiter les primes à la productivité. Plus de 80% des ouvriers ont voté contre cette proposition à deux reprises.

    Dans les deux cas, la vieille propagande contre la prépension a joué à plein régime : ce ne serait plus acceptable de partir à 56 ou 56,5 ans à un moment où la retraite anticipée est de plus en plus éliminée et puisque nous vivons plus longtemps. Mais en pratique, des travailleurs qui ont bossé en équipe avec parfois des substances dangereuses et un travail physique lourd ne peuvent pas travailler jusqu’à 65 ans ! Doivent-ils travailler jusqu’à tomber raides morts ? Les patrons viendront encore se plaindre de l’augmentation de l’absentéisme pour cause de maladie…

    Il faut instaurer une réduction collective du temps de travail jusqu’à 32 heures par semaine, avec baisse des cadences de travail. Nous défendons aussi le droit à la prépension et l’humanisation du travail en équipe. Les attaques patronales conduisent à des situations intenables, organisons la riposte !

  • Nouveaux mouvements de protestations sur les lignes du froid à ArcelorMittal

    De nombreux arrêts de travail se sont déroulés cette semaine à Liège sur les différents sites de la phase à froid à ArcelorMittal, et plusieurs piquets se prolongeront jusqu’à la fin de la semaine. Pour cause, la négociation finale du plan social que direction et syndicats ont prévu normalement de clôturer le samedi 30 novembre. Pour rappel, c’est le 24 janvier 2013 qu’ArcelorMittal avait annoncé la fermeture de 7 lignes de la phase à froid. Sur les 3053 travailleurs concernés, il n’en restera plus que 845, dont 370 ouvriers. 260 externalisations sont également prévues.

    Par Cécile (Bruxelles)

    Ce mercredi 27 novembre, je me suis rendue sur trois piquets de grève, Flerbatil, Kessales et Flemalle afin de montrer le soutien du PSL avec les grévistes et pour m’informer de la situation.

    Un climat d’insécurité dans un contexte de chômage de masse

    C’est d’abord un climat d’insécurité et de crainte quant à l’avenir qui transparaît dans les discussions avec les travailleurs. A Flerbatil, il y a une dizaine de jours, les nouvelles structures de travail avaient été présentées aux travailleurs, ce qui avait provoqué au sein des travailleurs une quarantaine de malaises (1). C’est à ce moment-là que la direction annonçait la suppression de presque la moitié des emplois. Les ouvriers attendent pour l’instant anxieusement lesquels d’entre eux passeront à la trappe. Comme me l’exprime François (2), 51 ans, ouvrier sur le site de Tilleur depuis 10 ans, l’avenir a toujours été incertain à ArcelorMittal. Les ouvriers sont toujours dans la crainte qu’un jour ou l’autre on leur annonce la fermeture de l’usine. Aujourd’hui, cette peur est redoublée par le contexte de crise économique. Comment retrouver du travail ? La reconversion des ouvriers comme François est très difficile car ceux-ci n’ont pas de qualification autre que le boulot qu’ils ont toujours effectué à l’usine mais qui n’existe pas ailleurs. Christophe, délégué syndical FGTB sur le même site, me parle de ce contexte : la plupart des ouvriers du site sont déqualifiés par rapport au marché du travail et en plus, il y a une véritable chasse aux chômeurs qui est mise en place par le gouvernement. Il en résulte une situation plus qu’inquiétante pour les ouvriers et leur famille.

    Que faire ? ‘‘Pourquoi on lutte ?’’

    ‘‘Le monde politique ne reflète plus la société’’ affirme Christophe, ‘‘on ne cesse d’aider les patrons pour qu’ils créent de l’emploi mais ça ne marche pas, il y en a de moins en moins.’’ Les 138 millions que la Région Wallonne va ‘‘prêter’’ à ArcelorMittal pour investir les quelques lignes stratégiques restantes du froid en sont l’exemple même (3). Sur le piquet de Kessales, Marc, autre délégué syndical FGTB, m’explique également qu’ils n’ont aucune confiance dans les solutions que Jean-Claude Marcourt tente d’établir. Celui-ci, après qu’un bureau d’expertise ait prouvé que la sidérurgie liégeoise valait la peine d’être sauvée car elle possédait des outils de qualité, avait proposé un décret d’expropriation temporaire pour trouver un repreneur. Son plan est tombé à l’eau assez rapidement. ‘‘Notre première revendication était le rachat de l’outil, comme ils ont fait avec la FN à Herstal, c’était la seule solution pour sauver les emplois. Mais le plan industriel a été ficelé au mois de juillet, maintenant c’est trop tard pour ça’’, commente Marc.

    C’est sur le troisième piquet à Flémalle qu’Alain, qui travaille depuis 30 ans dans la sidérurgie, donne le même point de vue sur la situation politique et ses conséquences sur le syndicalisme : ‘‘On n’a plus de relai politique, c’est ça le grand problème, ici la structure syndicale de la FGTB est complètement inféodée au PS et à Marcourt, ils essayent de calmer la base.’’ Il m’explique que les piquets de grève actuels sont le résultat d’une pression de la base qui a poussé à mettre en place ces actions à la fois spontanées et organisées. Il m’explique également que ce qui se passe à ArcelorMittal, c’est la faillite du mouvement syndical et de son indépendance. On en conclut tout les deux que l’appel de Daniel Piron à construire une nouvelle alternative de gauche est dans ce contexte très important.

    Dans cette situation très difficile, revient souvent la question de ‘‘pourquoi faire grève, à quoi ça sert ?’’. Véronique, travailleuse à ArcelorMittal et militante très combative, me dit qu’il faut tout le temps expliquer aux travailleurs à quoi sert de lutter : ‘‘on ne lutte plus pour sauvegarder les emplois, c’est finit ça, mais on lutte pour garder nos acquis sociaux. Avec tout l’argent que Lakshmi Mittal s’est mis en poche, on peut bien avoir des plus grosses primes que ça !’’ Alain partage le même avis et ajoute que la lutte, c’est pour affirmer haut et fort qu’un changement politique et social est nécessaire et possible, qu’il faut changer les consciences. Il ajoute : ‘‘chaque jour de lutte est un jour de fête, parce que l’outil nous appartient.’’ La lutte, la grève, permet de mettre les conditions matérielles en place pour faire évoluer les consciences et pour affirmer au gouvernement que, cette politique, on en veut plus.

    Actuellement, le site de Flerbatil repart en grève pour 24h. Certains veulent une grève ‘‘au finish’’. D’autres camarades du PSL ont visité le piquet le mercredi soir (voir photos ci-dessus).


    (1) http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/des-travailleurs-d-arcelormittal-font-un-malaise-apres-la-presentation-des-organigrammes-528275603570ea593db99246

    (2) Tous les noms sont fictifs.

    (3) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1536/Economie/article/detail/1732569/2013/10/31/La-Wallonie-va-preter-138-millions-a-Mittal.dhtml


  • ‘‘Formidable’’ pour eux – ‘‘fort minable’’ pour nous

    ‘‘Tout va bien’’ selon Di Rupo… Qu’il regarde un peu du côté des travailleurs !

    Le discours de rentrée du Premier ministre, dernier discours avant les élections, visait à nous convaincre que ‘‘nous’’ sommes à nouveau sur la bonne voie et que l’action du gouvernement a permis de prévenir le pire. L’offensive avait commencé durant l’été, avec l’énumération de toutes les ‘‘bonnes actions’’ du gouvernement Di Rupo. Les choses vont maintenant plus loin. Sans doute espèrent-ils poursuivre sur cette lancée jusqu’aux élections de mai 2014.

    Edito de l’édition de novembre de Lutte Socialiste, par Els Deschoemacker

    Le grand mérite de cette équipe gouvernementale serait d’avoir terrassé l’atmosphère de crise et d’avoir favorisé un retour progressif de la confiance. L’affirmation a été soutenue par les meilleurs sondages pour les partis au pouvoir depuis les débuts du gouvernement. Di Rupo pourrait maintenant même compter sur l’approbation de 60% des Flamands.

    Et c’est un fait que si on compare notre rentrée politique à celles des Pays-Bas ou de France – où des mesures d’austérité de plusieurs milliards d’euros sont annoncées dans les pensions, les soins de santé,… avec les inquiétudes et l’instabilité que cela comporte -, ce gouvernement a su appliquer un rythme d’austérité plus progressif et éviter une baisse brutale du pouvoir d’achat. La fameuse ‘‘recette belge’’ dont on parle désormais systématiquement est présentée comme une alternative à suivre.

    Cette recette a été concoctée par la nécessité. En effet, le gouvernement Di Rupo ne disposait pas, lors de sa prise de fonction, d’une autorité politique suffisante pour faire autrement, sachant qu’il valait mieux ne pas jeter de l’huile sur le feu de la crise politique et avec la crainte de voir s’éveiller un ennemi beaucoup plus dangereux, sous la forme d’un mouvement ouvrier radical. La sagesse était de ne pas en rajouter.

    Tout a été fait pour dévier l’attention des problèmes réels. Les Diables Rouges et Stromae ont même été récupérés sans vergogne. Tout est soudainement ‘‘formidable’’.

    Mais ces bonnes nouvelles ont un goût très amer en considérant les problèmes sociaux quotidiens qui restent en suspens, et qui n’ont fait que croître sous ce gouvernement. Que ressentent les travailleurs de Ford à Genk ou d’ArcelorMittal, confrontés avec leurs collègues d’autres entreprises à un plongeon dans la misère sociale, au point même de choisir de s’ôter la vie ? Qu’en est-il des habitants de quartiers comme Meulenberg à Houthalen, où aucun emploi n’est disponible pour 27% des jeunes ? La Belgique comprend 110.000 indépendants qui doivent parvenir à joindre les deux bouts avec seulement 833 euros par mois. N’est-ce pas une honte qu’un enfant sur dix naisse dans la pauvreté en Flandre, un sur quatre en Wallonie et, pire encore, quatre sur dix à Bruxelles, soit près de la moitié de tous les enfants ?! ‘‘Fort minable’’? Oui !

    La réalité, c’est que la ‘‘recette belge’’, faite d’austérité plutôt lente, mais régulière et de politique dite de relance basée sur la diminution des coûts de la main-d’œuvre à la suite de la spirale européenne infernale, développe lentement mais sûrement la pauvreté, l’insécurité et le chômage. L’austérité ‘‘douce’’, ce sont des conditions de vie dures.

    Le mouvement des travailleurs ne doit pas se laisser endormir par le chantage selon lequel la seule alternative à ce gouvernement est un autre encore plus à droite avec la N-VA. Il est vrai que cette formule-là ne ferait que diviser davantage la population active et accélérer le rythme des attaques contre nos conquêtes sociales. Nous ne devons pas nous limiter à un choix entre une politique antisociale et une politique très antisociale. La seule solution dans l’intérêt des travailleurs ne peut venir que du camp des travailleurs eux-mêmes. L’initiative de la régionale de la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut appelant au développement d’une riposte de gauche contre cette politique peut activement mobiliser et réunir les différentes tendances de gauche, mais aussi la classe des travailleurs elle-même. Cela mérite tout le soutien possible!

  • ArcelorMittal – Interview d’un délégué syndical : ‘‘Nous n’avions pas les bonnes stratégies’’

    Ce mois d’octobre, cela fera 2 ans déjà qu’ArcelorMittal a annoncé la fermeture de la phase à chaud liégeoise. Plus d’un an plus tard, la fermeture de 7 des 12 lignes de la phase à froid a également été annoncée. Nous en avons discuté avec un délégué de l’entreprise.

    Interview réalisée par Nicolas Croes

    Quel regard portes-tu sur ces deux années ?

    C’est un regard fort amer. Pourquoi? Je pense que nous avons manqué de certaines stratégies à mettre en place. Avec le front commun, que nous avons voulu soutenir le plus possible malgré les divergences, on n’a pas tout essayé. Il fallait y réfléchir quitte même à y passer des journées entières et des nuits blanches.

    Les médias, c’est un bon exemple. Il fallait mettre à mal l’image de Mittal, c’est un personnage qui tient beaucoup à son image de marque, et cela n’a pas été fait. Il tenait à ce qu’on dise de lui qu’il négociait bien, mais comment voulez-vous discuter avec une multinationale qui ne revient sur aucune de ses décisions et qui ne donne aucune garantie fiable ? Il se réfugie derrière le prétexte de la crise, mais elle a bon dos, la crise. Nous avons quand même un taux de rentabilité de 5 à 7%. Mais Mittal, lui, veut un rendement de 15% à 20%, à l’exemple de ce qui existe dans le secteur minier. Il a d’ailleurs beaucoup investi dans ce secteur.

    Mais nous avons surtout raté l’occasion de créer un précédent européen. Avec une solidarité et une cohésion convenable entre les sites des différents pays, il y avait moyen de freiner le tsunami Mittal. Le précédent aurait été créé si les ministres de l’industrie français, luxembourgeois et belge avaient clairement pris position pour les travailleurs.

    La stratégie syndicale a beaucoup reposé sur l’appel à l’aide aux partis politiques traditionnels, et particulièrement à Jean-Claude Marcourt. Une approche qui s’est révélée payante ?

    Jean-Claude Marcourt est le ministre en charge du dossier à la Région Wallonne, mais nous n’avons globalement pas eu l’appui des politiques du gouvernement wallon, du fédéral et de l’Europe ! Le PS n’est pas à gauche, on le sait. Marcourt a beaucoup joué sur l’espoir qu’il donnait aux travailleurs. Il avance en lançant de la poudre aux yeux. Ce gouvernement wallon est inodore, incolore, insipide !

    A la dernière réunion de la Task Force (qui réunissait des représentants syndicaux des métallos, du gouvernement wallon et de divers organismes publics), Marcourt a donné des espoirs qui ont stupéfait. Patrick Remacle, le journaliste de la RTBF qui a réalisé le reportage ‘‘Ni chaud, ni froid’’, était également présent avec nous et nous a dit ce jour-là ‘‘Marcourt s’est considérablement avancé.’’ Mais le fameux repreneur dont il a été question, Qatar Steel, c’était un mirage ! Aucune multinationale ne veut se mettre Mittal à dos.

    Marcourt avait analysé plusieurs schémas et celui qu’il voulait retenir était de garder l’ensemble du bassin avec un haut-fourneau en activité… Après, il n’est plus revenu sur ce schéma qui sauvait pratiquement tous nos emplois. C’est un véritable scandale de nous avoir traité comme ça. Ne sauver que le bassin avec les cinq lignes stratégiques dans le froid, c’est du court terme. Avec les 5 lignes du Froid qui restent, on ne parle que de sauver 845 ‘‘ETP internes’’ (Equivalents temps plein internes). Pourquoi parle-t-on ainsi et pas de CDI ArcelorMittal ? C’est parce qu’il y a des temporaires dans ce diktat de Mittal ! A cela il faut rajouter les emplois qui seraient prévus par la reprise de la cockerie et de l’énergie par le groupe Oxbow Mining LLC. Le discours de la direction d’ArcelorMittal, ce sont des phrases du genre : ‘‘Mettre en place une organisation LEAN et un nouveau fonctionnement permettant à Liège de retrouver une rentabilité positive.’’ Et quoi, ça existe la rentabilité négative ? Quant au LEAN (organisation du travail en structure allégée), ça veut dire une flexibilité et une externalisation à outrance.

    C’est sur ces 845 ETP que Mittal joue beaucoup maintenant afin de faire pression sur les syndicats pour qu’ils acceptent le plan social et industriel ?

    Mittal a joué sur le saucissonnage de notre entreprise avec une grande stratégie. D’abord l’annonce dans le Chaud en prenant l’emploi dans le Froid en otage, puis maintenant avec la fermeture de 7 des 12 lignes du Froid. C’était très tactique de sa part. Si tout avait été annoncé d’un coup, le choc aurait été trop grand, et la riposte aussi !

    Nos hauts dirigeants syndicaux ont eu peur d’actions plus résolues. Faire des manifestations, nous, on veut bien, mais il faut faire des actions intelligentes. Ça commence à bien faire. Nous étions d’accord pour aller au Parlement wallon à Namur, au Parlement européen à Strasbourg, voire même au siège d’ArcelorMittal au Luxembourg (où nous ne sommes finalement pas allés). Mais il ne fallait pas s’arrêter là. A Strasbourg, c’était certain que le comité d’accueil des CRS allait être violent après ce que l’on avait déjà subi à Namur.

    Il fallait aller vers les autres sites de Mittal. C’était ça, aller vraiment au combat. Il fallait mener la guerre à l’intérieur de son groupe, en arrêtant les lignes et en occupant les sites, en faisant des actions en même temps à Sidmar, Florange voire même Brème ou Dunkerque. Mais les délégations syndicales ont refusé d’étendre le conflit dans cette voie. La solidarité entre sites n’a jamais été construite. Chacun tire la couverture à soi, et Mittal sait jouer là-dessus. Mais avec un blocage de Sidmar et de Florange, il y avait moyen de le faire plier. En ayant mené ces actions, comme Mittal a des entreprises dans toute l’Europe, même la presse chinoise aurait parlé de nous ! Nous n’avions pas suffisamment d’experts de qualité en sidérurgie et d’avocats spécialisés pour nous appuyer dans notre combat ! Nous aurions dû nous inspirer du combat des travailleurs de Continental, les Contis, en France !

    Les politiques laissent couler les travailleurs comme à Carsid, à Caterpillar et à Ford-Genk. Pour ne prendre que le cas de la sidérurgie wallonne, nous n’avons plus aujourd’hui de haut-fourneau allumé. Il ne reste plus que ceux de Sidmar à Gand. C’est un véritable scandale.

    Que penses-tu du mot d’ordre de nationalisation des sites ?

    Aujourd’hui, nous payons les politiques menées dans le passé. En Wallonie, nous aurions dû avoir depuis des années une sidérurgie publique wallonne en rassemblant les deux grands bassins de Liège et de Charleroi, avec une stratégie à long terme. Cela signifie une synergie totale entre les deux sites. Nous possédons de grandes infrastructures fluviales, ferroviaires et routières. Nous avons la technologie, un grand savoir faire, nous sommes à la pointe, avec un centre de recherche très calé. Nous aurions pu développer des produits à haute valeur ajoutée dans les secteurs sidérurgiques et métallurgiques. D’ailleurs, Mittal ne veut que prendre tout notre savoir et le développer ailleurs.

    Mais il n’y a pas eu de stratégie industrielle ces trente dernières années, en Wallonie, en Belgique et en Europe. C’est ça le néolibéralisme, c’est violent, c’est une vision à court terme. L’Union Européenne n’a pas d’alternative à la mondialisation, elle n’a aucune volonté de revenir sur cela. La crise actuelle est pourtant révélatrice de l’échec de ce modèle. L’Europe n’a pas de volonté pour le bien-être des travailleurs, elle brade tous nos acquis sociaux sur l’autel de la course au profit. Bien sûr, nous devons commercer avec le monde entier, mais pas sur les bases du capitalisme.

    Je ne suis pas contre l’Europe. Mais on a un euro des spéculateurs et une Union Européenne de la Bourse. Par exemple, les services publics sont détruits par les directives européennes, cela crée d’énormes dégâts sociaux. Nous n’avons pas de bonnes lois de protection sociale, il n’y a même pas de discussions pour un salaire-minimum européen, tout est fait pour démolir les lois sociales existantes. On nous présente le Modèle allemand comme le meilleur, mais je suis content qu’on commence dans les médias à parler des salaires de misère en Allemagne et du nombre incroyable de travailleurs précaires. Ce modèle allemand vit au détriment de tous les autres pays européens et de ses propres travailleurs.

    Selon toi, que faut-il construire aujourd’hui pour renforcer le combat des travailleurs d’ArcelorMittal et d’ailleurs ?

    Nous n’avons pas d’Europe sociale, mais nous n’avons pas non plus d’Europe syndicale. C’est ça qui est triste. C’est le grand virage que nous avons raté à ce niveau là. Ce syndicalisme européen reste à construire mais pour cela il faut des dirigeants syndicaux combatifs au niveau national et européen.

    La question vient aussi de l’alternative politique, on doit construire – en Belgique et dans toute l’Europe – une vraie gauche, avec une vraie politique sociale, en regroupant les organisations de la gauche radicale. On a besoin d’une nouvelle gauche unie dans le combat.


    Le PSL défend, pour sauver l’emploi, la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle démocratique des travailleurs, sans rachat ni indemnité, avec comme première étape en ce sens l’occupation de l’entreprise par les travailleurs.

    Plus d’informations:

  • Nouvelle manifestation des métallos d'ArcelorMittal à Namur

    Ce lundi, quelques centaines de travailleurs d’ArcelorMittal se sont rendus à Namur afin de soutenir leurs représentants à la table de négociation avec des représentants de la direction de la multinationale et du gouvernement wallon.

    En mars dernier, suite à une autre manifestation des métallos, nous avions écrit dans notre rapport : “Nombreux sont ceux qui – en plus du manque de perspective claire pour la poursuite du combat – nous ont parlé de la présence particulièrement limitée à cette action. Le sort de l’acier liégeois concerne pourtant directement des milliers de personnes. L’égoïsme serait-il donc tellement répandu ? N’est-ce pas plutôt l’expression d’une lassitude et d’un découragement après avoir été baladés vers Namur, Strasbourg ou encore Bruxelles ? Depuis le début du conflit, en octobre 2011 déjà, beaucoup se sont sentis comme pris au piège dans un sombre tunnel sans percevoir la moindre lumière au loin, sans échéancier d’action clair, sans débat sur la stratégie à adopter, sans construction effective d’un véritable rapport de force. La lutte peut tenir un moment sur le sens du devoir et la colère, deux éléments qui sont très certainement présents chez les métallos, mais il est maintenant plus que temps de sérieusement organiser la lutte, au risque de voir le noyau dur se retrouver à courte échéance totalement isolé de la majorité des travailleurs.”

    “(…) Si longtemps après le début du combat, tous les travailleurs ont un avis sur la manière dont la lutte a été orientée jusqu’ici. Pourquoi ne pas commencer par organiser des assemblées générales sur les différents sites, en plus petits nombre, afin de laisser la parole aux travailleurs ? Ce serait aussi un excellent moyen de remobiliser les nombreux métallos qui se sont mis sur le bord du chemin.”

    Il nous semble aujourd’hui que ces lignes ont gardé toute leur pertinence.

    • Pour des assemblées générales démocratiques et l’élaboration d’un plan d’action avec l’implication de l’ensemble des travailleurs !
    • Pour l’occupation des sites et leur transformation en centres névralgiques d’une campagne massive pour la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs, et en tant que premier pas en cette direction ! Organiser, mobiliser, occuper et exproprier pour nationaliser !
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