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Tag: Arabie saoudite
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LIBYE: Soutien aux masses et à leur révolution ! Aucune confiance dans l’intervention impérialiste !
Face à l’avance rapide des troupes de Kadhafi, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU a été fêtée dans les rues de Benghazi et de Tobrouk. Les puissances coalisées se présentent aujourd’hui en sauveurs de Benghazi. Mais l’intervention militaire va-t-elle véritablement aider la révolution en Libye ?
Par Boris Malarme
La chute des dictateurs Ben Ali et Moubarak a inspiré des millions de jeunes, de travailleurs et de pauvres en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et partout dans le monde. Presque chaque pays de la région est touché par les contestations contre l’absence de libertés démocratiques et contre la misère. Ces victoires ont encouragé les masses en Lybie à suivre la même voie.
Kadhafi et ses anciens amis
L’Italie, la France, l’Espagne et l’Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux de la Libye. Tous sont engagés dans l’offensive militaire (comme la Belgique), à l’exception de l’Allemagne qui vient de décider d’augmenter son engagement militaire en Afghanistan.
En octobre 2010, la Commission Européenne a passé un contrat de 50 millions d’euros sur trois ans, en échange d’efforts visant à empêcher les réfugiés d’arriver en Europe ! La Libye est aussi un grand investisseur en Europe via le fond d’investissements “Libyan investment Authority”. Khadafi est encore actionnaire de la banque UniCrédit, de Fiat, de la Juventus,… La Lybie – douzième producteur mondial de pétrole et première réserve de pétrole d’Afrique – exporte 80% de son pétrole à destination de l’Europe. La panique sur les bourses et la montée du prix du baril, qui a dépassé le seuil des 120$, a illustré que les marchés craignent le développement de la révolution libyenne et la remise en cause des profits que garantissait le régime.
Nombreux sont ceux qui se souviennent de la visite de Kadhafi à l’Elysée, en 2007, quand Sarkozy balayait toute critique avec ses 10 milliards d’euros de contrats commerciaux. L’Espagne a fait de même pour 11 milliards d’euros.
La Belgique n’est pas en reste (141 millions d’euros d’exportation vers le pays en 2008). La Belgique a d’ailleurs été le premier pays à recevoir Kadhafi en 2004, quand la communauté internationale a cessé de l’isoler. Après une entrevue avec la Commission Européenne, la tente du dictateur a été plantée dans les jardins du palais de Val Duchesse, où Kadhafi a été reçu en grande pompe par Guy Verhofstat, Louis Michel et Herman de Croo. Louis Michel avait préparé sa venue en lui rendant visite à Syrte, entouré de patrons belges. Le CDh et Ecolo avaient bien protesté, mais cela ne les a pas empêché de participer au gouvernement Wallon avec le PS et de valider ensemble la livraison d’armes de la FN en Libye.
Après une première rencontre avec Kadhafi en 1989, Robert Urbain, ministre (PS) du Commerce extérieur des gouvernements Martens et Dehaene, a conduit une mission commerciale en Libye en 1991, avec de nombreux industriels et confirmant l’accord commercial général conclu avec la Libye et gelé en 1983. Les investisseurs ont même dégoté un contrat immobilier mégalomane : deux livres vert monumentaux à la gloire du régime…
Les gouvernements successifs connaissaient les crimes et les atrocités commises par le régime de Kadhafi contre les opposants et la population, mais ont maintenu des liens commerciaux étroits. La participation belge à l’intervention n’est qu’hypocrisie, les politiciens qui tendaient encore hier leur main à Kadhafi essayent aujourd’hui de faire oublier leur attitude passée, tout en tentant de sauvegarder les positions commerciales et les profits des entreprises belges.
En Europe et ailleurs, un fort sentiment de sympathie envers ces révolutions est présent parmi la population. Le soutien de nos gouvernements aux régimes dictatoriaux et répressifs à travers tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord a écorné leur image “démocratique”. Après avoir soutenu et armé la dictature de Kadhafi, l’entrée en guerre des puissances de la coalition n’a pas pour objectif de venir au secours des masses libyennes et de leur révolution. Jusqu’ici, elles étaient plutôt enchantées de faire affaire avec le régime de Kadhafi au vu des ressources gazières et pétrolières contrôlées par le régime.
Aujourd’hui, les puissances occidentales tentent d’exploiter la révolution afin de restaurer leur prestige et d’obtenir un régime plus favorable à l’emprise des multinationales sur les richesses du pays, ou au moins de sa partie Est, au vu de la possibilité d’une partition du pays. Comment la présence des Emirats Arabes Unis et du Qatar au sein de la coalition peut-elle effacer le caractère impérialiste de celle-ci, alors que ces deux Etats sont militairement impliqués au côté de la monarchie semi-féodale d’Arabie Saoudite dans la répression de la population du Bahreïn ? Les puissances de la coalition n’ont rien fait contre l’Arabie Saoudite et la Belgique ne remet pas en cause son commerce d’armes avec celle-ci.
Malgré ses efforts depuis une dizaine d’années, le régime de Kadhafi n’est pas un allié suffisamment fiable pour l’impérialisme. Mais Kadhafi n’a jamais été l’allié des masses et des révolutions, comme en témoigne son attitude après la fuite de Ben Ali, qu’il considérait comme une grande perte pour les Tunisiens. En 1971 déjà, Kadhafi s’est rangé du côté de la contre-révolution en livrant le dirigeant du puissant parti communiste du Soudan (un million de membres à l’époque) à la dictature de Nimeiry et en l’aidant à écraser la tentative de coup d’Etat de gauche qui avait fait suite à l’interdiction des forces de gauche. Kadhafi a beau qualifier son régime de ‘‘socialiste et populaire’’, ce dernier n’a jamais rien eu à voir avec le socialisme démocratique. Kadhafi et ses fils ont toujours dirigé la Lybie d’une poigne de fer.
“Non à une intervention étrangère, les libyens peuvent le faire eux-mêmes”
C’est ce qu’on pouvait lire fin février sur une pancarte à Benghazi. Cela exprimait le sentiment qui dominait contre toute intervention impérialiste. Mais le maintien du contrôle de Kadhafi sur l’Ouest (malgré les protestations dans la capitale et les soulèvements à Misrata et Zuwarah) et sa contre-offensive vers l’Est ont provoqué un changement d’attitude. Mais les révolutionnaires qui espèrent que l’intervention les aidera se trompent.
La résolution de l’ONU, la ‘‘no-fly-zone’’ aux commandes de l’OTAN et les bombardements des puissances coalisées vont miner tout le potentiel pour concrétiser les véritables aspirations de la révolution libyenne. De plus, le régime essaye d’exploiter les sentiments anti-impérialistes qui vivent parmi la population. Le maintien du régime de Kadhafi ne s’explique pas seulement par la supériorité de son armement, mais surtout par les faiblesses présentes dans le processus révolutionnaire. Ainsi, l’absence de véritables comités populaires démocratiques sur lesquels se baserait le mouvement révolutionnaire et l’absence d’un programme clair répondant aux aspirations sociales de la majorité de la population a fait défaut. Cela aurait permis de bien plus engager les 2/3 de la population de l’Ouest (au-delà des divisions tribales et régionales), de fractionner l’armée et d’unifier les masses contre Kadhafi.
Le Conseil National de Transition rebelle (CNT) est un conseil autoproclamé, largement composé d’anciens du régime de Kadhafi et d’éléments pro-capitalistes, favorables aux puissances occidentales. Parmi eux ; l’ancien dirigeant du Bureau national de développement économique, que l’on trouve derrière des politiques néolibérales et le processus de privatisations qui a pris son envol à partir de 2003. Cela laisse une relative marge de manœuvre à Kadhafi, qui bénéficie encore d’un certain souvenir de ce qui a pu être fait en termes d’enseignement et de soins de santé grâce aux revenus du pétrole depuis 1969, et qui a récemment fait des concessions en termes de salaires et de pouvoir d’achat sous la pression de la révolte.
C’est ce qui explique que l’envoyé spécial du quotidien Le Monde dans l’Est du pays a témoigné “on ne sent pas parmi la population un enthousiasme phénoménal vis-à-vis du Conseil National de transition.” (23/03/2011) Il affirme aussi que si les Libyens de l’Est étaient à ce moment favorables à un zone d’exclusion aérienne, ils sont fortement opposés à une intervention au sol.
Les travailleurs et leur syndicat peuvent aider la révolution libyenne en s’opposant à la participation belge dans l’intervention, en bloquant les exportations de la Libye et en gelant les avoirs de la clique de Kadhafi. Mais l’avenir de la révolution libyenne doit se décider en Libye même. Contrairement à la Tunisie et l’Egypte, la classe des travailleurs n’a pas encore joué un rôle indépendant dans la révolution. La création d’un mouvement indépendant des travailleurs, des jeunes et des pauvres est la seule façon d’empêcher le projet impérialiste, d’en finir avec la dictature et d’élever le niveau de vie de la population.
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Libye: Non à l’intervention militaire occidentale !
Victoire à la révolution libyenne! Construisons un mouvement indépendant des travailleurs et des jeunes!
Même si elle a été fêtée avec joie dans les rues de Tobruk et de Benghazi, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de décréter une ”no fly zone”, une zone d’exclusion aérienne, n’a pas été prise dans le but de défendre la révolution libyenne. Les révolutionnaires libyens peuvent penser que cette décision va les aider, mais ils se trompent. Des calculs économiques et politiques se trouvent derrière les décisions des puissances impérialistes, il ne s’agit pas de sauver la révolution contre Kadhafi. Les majeures puissances impérialistes ont décidé d’exploiter la révolution et de tenter de remplacer Kadhafi par un régime plus fiable. L’annonce par le ministre libyen des affaires étrangères d’un cessez-le-feu immédiat a toutefois compliqué la position de l’impérialisme.
Robert Bechert, CIO
Confrontés à une avance rapide des troupes de Kadhafi, nombreux sont ceux à l’Est du pays qui ont considéré que l’idée d’une ”no-fly-zone” serait de nature à les aider, mais ce n’est pas là le chemin pour défendre et étendre la révolution. Malheureusement, le mouvement initial de la révolution vers l’Ouest, où habitent les deux tiers de la population, n’était pas basé sur un mouvement construit sur base de comité populaire et démocratiques capables d’offrir un programme clair afin de gagner le soutien des masses et des soldats du rang, tout en menant une guerre révolutionnaire. Cela a donné à Kadhafi l’opportunité de regrouper ses troupes.
Le soutien croissant pour une ”no-fly-zone” est une inversion du sentiment exprimé sur des affiches en anglais à Benghazi, en février dernier: “No To Foreign Intervention – Libyans Can Do It By Themselves” (”Non à une intervention étrangère, les Libyens peuvent le faire par eux-mêmes”). Cela suivait les merveilleux exemples de Tunisie et d’Égypte, où l’action de masse a totalement miné les régimes totalitaires. Les masses libyennes étaient confiantes que leur élan finirait en victoire. Mais Kadhafi a été capable de maintenir sa poigne sur Tripoli. Cette relative stabilisation du régime et sa contre-offensive ont conduit à un changement dans l’attitude vis-à-vis d’une intervention étrangère, ce qui a permis à la direction largement pro-occidentale du Conseil National Libyen rebelle de passer au-dessus de l’opposition des jeunes à une demande d’aide à l’Ouest.
Cependant, malgré les déclarations du régime de Kadhafi, il n’est pas certain que ses forces relativement petites auraient été capables de lancer un assaut contre Benghazi, la seconde plus grande ville de Libye, avec environ un million de personnes y vivant. Une défense de masse de la ville aurait pu bloquer l’attaque des forces restreintes de Kadhafi. Maintenant, si le cessez-le-feu se maintien et que Kadhafi reste au pouvoir à Tripoli, une scission de fait du pays pourrait se produire, pour retourner à quelque chose de semblable aux entités séparées qui avaient existé avant que l’Italie ne crée la Libye après 1912 et qui a été restauré par la Grande-Bretagne à la fin des années ’40.
Quel que soit l’effet immédiat de la ”no fly zone”, toute confiance placée dans l’ONU ou dans les puissances impérialistes menace de miner les véritables aspirations de la révolution qui a commencé le mois dernier. Les puissances qui ont menacé d’actions militaires ne sont pas amies des masses libyennes. Jusqu’à récemment, ces mêmes puissances étaient plutôt heureuses de faire affaire et de flatter la clique de meurtriers de Kadhafi afin de maintenir un partenariat, très certainement concernant les industries du gaz et du pétrole libyennes. Le jour suivant la décision de l’ONU, le Wall Street Journal (qui appartient à l’empire Murdoch) s’est lamenté que “le partenariat étroit entre les services secrets du dirigeant libyen le Colonnel Muammar Kadhafi et la CIA a été détruit” (18 mars 2011). Le journal disait encore: “selon un fonctionnaire américain âgé” ce ”partenariat” était ”particulièrement productif”.
Maintenant, après avoir perdu d’anciens dictateurs alliés, Moubarak en Égypte et Ben Ali en Tunisie, l’impérialisme essaye de tirer profit du soulèvement populaire en Libye à la fois pour redorer son image “démocratique” et pour aider à installer un régime plus “fiable”, au moins dans une région du pays. Tout comme avant, la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, en raison de sa situation stratégique et de ses réserves de pétrole, est d’une importance majeure pour les puissances impérialistes.
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Cherchez l’opposant le plus sincère au dictateur libyen…
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Cela révèle l’absolue hypocrisie des principales puissances impérialistes, qui ont soutenu des régimes dictatoriaux et répressifs à travers tout le Moyen-Orient depuis des décennies. Au même moment qu’ils décidaient d’une No-Fly-Zone, ces puissances impérialistes n’ont absolument rien fait contre l’Arabie Saoudite et ses alliés et leur répression de la population du Bahreïn. Dans les 12 heures qui ont suivi la décision de l’ONU, les forces armées d’un autre allié régional, le Yemen, ont tués au moins 39 manifestants dans la capitale, Sanaa. L’ONU n’a été capable de prendre sa décision en Libye à cause du soutien de la Ligue Arabe pour une ”no-fly-zone”, mais ces régimes réactionnaires ne disent rien, bien entendu, à propos de la répression au Bahreïn, au Yémen ou dans un autre pays arabe.
Les considérations de Cameron et de Sarkozy pour la Libye sont en partie motivées par leur impopularité dans leur propre pays, avec l’espoir qu’un succès à l’étranger pourraient renforcer leur position. Cameron espère très clairement jouir d’un effet similaire à celui dont a bénéficié Thatcher après sa victoire en 1983 au cours de la Guerre des Malouines (Falklands). Mais Thatcher a pu compter sur une victoire militaire rapide – une opération ”no-fly-zone” ne conduira pas à une même victoire militaire. Sarkozy, après le désastre de sa politique tunisienne qui a entraîné la chute de son ministre des affaires étrangères, a besoin d’un succès pour contrecarrer les sondages actuels, les élections présidentielles de 2012 arrivant à grands pas.
Les zig-zags de Kadhafi
En dépit des récents rapprochements entre les puissances impérialistes et Kadhafi, ce tyran est resté un allié incertain. Au cours de ses 42 années au pouvoir, la politique de Kadhafi est faite de zig-zags, parfois violents. En 1971, il a aidé le dictateur soudanais, Nimeiry, à écraser un coup d’État de gauche qui avait pris place en réaction à l’interdiction de la gauche, y compris du parti communiste soudanais, qui avait un million de membres. Six ans plus tard, Kadhafi a proclamé une "révolution du peuple" et a changé le nom officiel du pays de ”République Arabe Libyenne” en ”Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste”. Malgré le changement de nom et la création de soi-disant “comités révolutionnaires”, il ne s’agissait pas d’un véritable socialisme démocratique où d’un mouvement en cette direction. Les travailleurs et les jeunes de Libye n’ont pas dirigé leur pays. Kadhafi est resté au pouvoir. Cela est d’ailleurs souligné par le rôle incroyablement proéminent que jouent nombre de ses enfants dans le régime.
Depuis 1969 toutefois, sur base des revenus du pétrole et d’une petite population, de grandes améliorations ont eu lieu, particulièrement au niveau de l’enseignement et des soins de santé, ce qui explique pourquoi Kadhafi peut encore jouir d’une certaine base parmi la population. Même si l’opposition est grandissante contre la clique de kadhafi, spécialement parmi les jeunes et la population qui a reçu une instruction, la peur existe face à l’avenir, face à qui pourra le remplacer, de même qu’existe une grande opposition à tout ce qui sent le pouvoir de l’étranger. L’utilisation répandue du vieux drapeaux monarchiste a aliéné ceux qui ne veulent pas d’un retour à l’ancien régime, et Kadhafi a utilisé cela pour justifier ses actes. Porter le vieux drapeaux peut encore être contre-productif pour les Libyens de l’Ouest, parce que l’ancien roi provient de l’Est.
Mais ces facteurs ne constituent pas une explication complète pour comprendre pourquoi Kadhafi est capable, au moins temporairement, de stabiliser sa position. Alors qu’il y a un soulèvement populaire dans l’Est du pays, Kadhafi a été capable de maintenir sa position à l’Ouest, malgré les protestations à Tripoli et les soulèvements à Misrata, Zuwarah et dans quelques autres endroits.
Le rôle de la classe ouvrière
Contrairement à l’Égypte et à la Tunisie, la classe ouvrière n’a pas joué un rôle indépendant dans la révolution. De plus, de nombreux travailleurs en Libye sont des immigrés qui ont quitté le pays ces dernières semaines.
L’absence d’un élément tel que le syndicat tunisien UGTT (malgré le fait que sa direction nationale est pro-Ben Ali), a compliqué la situation en Libye. Le grand enthousiasme révolutionnaire de la population n’a pas encore eu d’expression organisée. Le ”Conseil National” qui a émergé à Benghazi, très largement un conseil autoproclamé, est une combinaison d’éléments du vieux régime et d’éléments pro-impérialistes. Par exemple, le porte-parole du Conseil, Mahmoud Jibril, l’ancienne tête dirigeante du Bureau national de développement économique de Kadhafi, est décrit par l’ambassadeur américain comme un “interlocuteur sérieux qui a compris la perspective américaine”.
Il est facile pour Kadhafi de présenter ces gens comme une menace pour le niveau de vie des Libyens et comme des agents des puissances étrangères. Cette propagande n’a cependant qu’un effet limité, le niveau de vie de la population étant en train de diminuer, au contraire du chômage (de 10% actuellement), depuis la fin du boom du pétrole dans les années ’80 et depuis le début des privatisations en 2003.
Kadhafi utilise la menace de l’intervention impérialiste pour récupérer du soutien dans le pays, et cela peut avoir un plus grand effet en cas de partition du pays. Combien de temps cela pourra marcher est une autre question. En plus de sa rhétorique anti-impérialiste, Kadhafi a fait des concessions. Chaque famille a reçu l’équivalent de 450 dollars. Certains travailleurs des services publics ont eu 150% d’augmentation de salaire et des taxes sur la nourriture ont été abolies. Mais cela ne répond pas aux revendications de liberté et à la frustration grandissante de la jeunesse libyenne (la moyenne d’âge est de 24 ans dans le pays) contre la corruption du régime.
A travers le monde, des millions de personnes suivent les révolutions dans la région et sont inspirées par elles. Ces évènements ont inspiré des protestations contre les effets de la crise capitaliste dans plusieurs pays. Certains de ceux qui accueillent les événements révolutionnaires de la région peuvent soutenir la ”no-fly-zone”, mais nous affirmons que cela se fait en premier lieu pour défendre les intérêts des puissances impérialistes, ces mêmes puissances qui ne font rien contre la répression dans le Golfe.
Que peut-il être fait pour réellement aider la révolution libyenne? En premier lieu, les syndicats doivent bloquer les exportations de gaz et de pétrole de Libye. Ensuite, les travailleurs dans les banques doivent organiser le gel des finances de Kadhafi.
La ”no-fly-zone” ne va pas automatiquement conduire au renversement de Kadhafi. Comme Saddam Hussein en son temps, le dirigeant libyen pourrait consolider sa position pour un moment dans les parties du pays qu’il contrôle. Comme l’ont montré les expériences de Tunisie et d’Égypte, la clé pour renverser une dictature réside dans un mouvement des travailleurs et des jeunes.
Un programme révolutionnaire
L’avenir de la révolution doit se décider dans le pays lui-même. Cette victoire demande un programme qui peut aller outre les divisions régionales et tribales, et qui soit capable d’unifier la masse de la population contre la clique de Kadhafi et pour un meilleur avenir.
Un programme pour la révolution libyenne qui pourrait véritablement bénéficier à la masse de la population serait basé sur de véritables droits démocratiques: la fin de la corruption et des privilèges, la sauvegarde et le développements de gains sociaux obtenus grâce au pétrole, l’opposition à toute forme de recolonisation et la défense d’une économie démocratiquement contrôlée, sous propriété publique, et d’une planification économique afin d’utiliser les ressources du pays pour le bien des masses.
La création d’un mouvement indépendant des travailleurs, des pauvres et des jeunes pourrait opérer cette transformation réellement révolutionnaire de la société. C’est la seule façon de contrecarrer les plans de l’impérialisme, de mettre fin à la dictature et d’améliorer la vie de la population.
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LES TROUPES BELGES HORS D’AFGHANISTAN!
Lutter contre la guerre, c’est lutter contre le capitalisme !
Neuf années de guerre et d’occupation n’ont apporté ni démocratie ni prospérité à la population afghane. Les troupes de l’OTAN s’embourbent sans cesse plus fortement dans un imbroglio de tensions ethniques et de violence religieuse. C’est une guerre sans issue, et les troupes belges y participent. Le PSL s’oppose à la guerre : ces troupes doivent être retirées. C’est pourquoi nous participerons aux actions prévues lors du sommet européen de la défense qui se tiendra à Gand fin septembre.
Par geert Cool
L’AFGHANISTAN SE DIRIGE VERS UNE NOUVELLE GUERRE CIVILE.
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Fin septembre, un Sommet européen de la Défense aura lieu à Gand. Ce sommet est organisé par le ministre de la ‘Défense’ Peter De Crem, avec l’objectif de renforcer l’idée d’une armée européenne et le processus de militarisation européen. Nous appelons chacun à protester.
En 2003, de nombreuses actions de protestation internationales et massives contre la guerre en Irak ont illustré que cette guerre n’était pas soutenue par de larges couches de la population. Malgré des centaines de milliers de manifestants, cette guerre a tout de même pris place. Le mouvement anti-guerre a occupé les rues, aucune grève de masse ne s’est développée pour paralyser l’effort de guerre.
Aujourd’hui, le mouvement anti-guerre est plus faible et des actions de grève ne sont plus à l’ordre du jour. Il s’agit maintenant de mettre en lumière la façon d’obtenir un tel changement. En protestant et en manifestant, nous pouvons faire preuve de notre solidarité internationale contre la guerre et l’occupation. Nous voulons lier cela à notre lutte pour une alternative socialiste au capitalisme, qui conduit à la guerre et à la misère.
Contre le Sommet Européen de la Défense du 23 et 24 septembre à Gand, une action de protestation est prévue. A cet égard, un appel à été lancé depuis le mouvement pour la paix. Le PSL est également à la base de cet appel. Nous voulons organiser des jeunes et des travailleurs durant l’été pour faire de cette action de protestation un grand succès.
1.460 MILLIARDS DE DOLLARS
En 2008, sur le plan mondial, les dépenses militaires ont totalisé ensemble 1.460 milliards de dollars. C’est 4% de plus qu’2007 et 45% de plus qu’en 1998. Avec le président Bush, les dépenses américaines ont atteint le niveau le plus élevé depuis la deuxième guerre mondiale et ce chiffre continue son envol avec le président Obama (680 milliards d’euros l’an dernier). Les USA représentent quasiment la moitié des dépenses militaires mondiales.
RECONVERSION
Le PSL juge que les milliards ainsi dépensés pourraient bien mieux servir en étant investis dans l’enseignement, l’infrastructure et les soins de santé. Une reconversion de l’industrie de la défense sous contrôle démocratique de la collectivité est une nécessité cruciale pour éviter que les emplois ne disparaissent. La connaissance et la technologie de ce secteur peuvent servir à une production sociale utile.
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Envoyer plus de troupes destinées à mettre fin à la guerre, c’était aussi la tactique de l’Union Soviétique lors de la précédente occupation de l’Afghanistan, de 1979 à 1988. Mais cela n’a ouvert la voie qu’à une nouvelle guerre civile.
Les divisions et le fondamentalisme religieux ne sont pas la conséquence de la “mentalité populaire” ou de la “culture” des Afghans. Ces divisions ont été suscitées au cours de trois siècles de tentative de prise de contrôle du pays par toutes sortes de puissances impérialistes et par l’Union Soviétique. C’est ce “Grand jeu” des grandes puissances qui a renforcé les divisions internes et plongé le pays dans la misère. Le fondamentalisme Taliban, de même que les combattants islamistes Moudjahidins avant cela, a été favorisé et soutenu par les États Unis, l’Arabie Saoudite et le Pakistan dans le cadre de leur lutte contre les occupants soviétiques et afin de renforcer leur influence dans le pays. Obama estime-t-il, à l’instar du gouvernement belge, que l’envoi de troupes supplémentaires mettra fin à des problèmes justement créés ou renforcés par l’impérialisme?
La situation actuelle en Afghanistan contient tous les ingrédients d’une nouvelle reprise des violences. L’infrastructure, l’emploi ou la sécurité sociale n’ont connu aucun investissement.
L’élément déterminant des élections présidentielles de cette année, c’était un compromis entre les chefs de guerre responsables de la mort de dizaines de milliers de victimes dans les années ‘90. C’est sur base du chaos de ce conflit entre chefs de guerre que les Talibans ont pu assurer leur ascension dans la seconde moitié des années ’90 pour instaurer un régime réactionnaire et répressif. Et comme on a récemment (à nouveau) appris que plein de richesses étaient cachées dans le sol afghan, on peut s’attendre à une augmentation des tensions.
Nous sommes favorables au retrait des troupes hors d’Afghanistan. La présence de troupes étrangères est une des causes des énormes problèmes auxquels est confrontée la population afghane. Cela ne fait qu’aggraver la situation. Les troupes de l’OTAN, tout comme jadis les soviétiques, vont se casser les dents. Face au désespoir du fondamentalisme religieux, de la guerre civile et de l’occupation militaire étrangère, la population afghane doit prendre son propre destin en main.
Cela doit aller de pair avec l’organisation de la solidarité internationale et du soutien aux mouvements des travailleurs et des pauvres de l’Afghanistan et du Pakistan voisin, où le mouvement ouvrier est numériquement plus puissant. Aujourd’hui, nous pouvons démontrer notre solidarité internationale en protestant ici aussi contre l’occupation et l’implication des troupes belges. Nous sommes en faveur de la réorientation des dépenses militaires vers la construction d’écoles, de logements, d’infrastructure, etc. sous contrôle démocratique de la population afghane.
SOCIALISME OU BARBARIE
La guerre en Afghanistan est le résultat d’une lutte pour l’accès aux richesses premières, c’est une guerre pour l’influence et le prestige. Il n’y aura pas de paix durable sous le capitalisme, la recherche de moyens pour renforcer une position impérialiste et économique ou l’autre prévaudra toujours. Combattre la guerre signifie lutter contre le capitalisme. Aucune solution intermédiaire n’existe: le choix se limite à “socialisme ou barbarie” (Rosa Luxembourg).
L’offensive néolibérale de ces trente dernières années a affaibli le mouvement ouvrier et aussi gommé son rôle dans l’histoire. Mais le potentiel du mouvement ouvrier soutenu par les paysans pauvres est toujours présent. Le capitalisme a fait de son mieux pour miner ce potentiel, avec le résultat que l’on connaît en Afghanistan. Une action indépendante du mouvement ouvrier et des paysans pauvres est nécessaire et constitue l’unique alternative à la guerre et à la misère.
Ce constat était aussi celui du président pakistanais populiste de gauche Zulfiqar Ali Bhutto à la fin des années ‘70. Il est arrivé au pouvoir par un mouvement de masse révolutionnaire désirant un changement socialiste de société, mais il n’a pas voulu répondre à ces attentes et a été chassé du pouvoir par l’armée. Sa conclusion était la suivante: “Je me trouve actuellement dans la cellule d’un condamné à mort parce que j’ai cherché à parvenir à un compromis entre les deux classes antagonistes: la classe ouvrière et la classe dominante. Aucun compromis n’est possible entre ces deux classes. La lutte de classes ne connaîtra sa fin qu’avec la défaite décisive d’une des deux. Voilà la leçon que je tire de ma situation actuelle.”
Avec la crise économique mondiale, face aux pénuries, la lutte pour se répartir les moyens existants ne fait que s’aggraver. Chaque tentative d’aller contre l’impérialisme sans rompre avec le capitalisme est destinée à l’échec et se heurtera aux limites du système ainsi qu’à la pression des puissances impérialistes. Notre résistance contre la guerre fait partie de notre lutte internationale pour une société socialiste. C’est pourquoi le PSL est organisé sur le plan mondial. Notre organisation soeur pakistanaise (Socialist Movement Pakistan) est, entre autres, impliquée dans la construction d’une fédération syndicale combative comprenant un demi-million de membres. Reconstruire le mouvement ouvrier et renouer avec les traditions de lutte qui existaient avant l’offensive néolibérale de ces trente dernières années est la clef de voûte du changement en faveur des masses afghanes et pakistanaises.
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Soutenez Yahya al Faifi!

Un syndicaliste et dissident Saoudien est menacé d’expulsion en Grande-Bretagne !
Yahya Al Faifi, un syndicaliste très courageux et un socialiste profondément engagé – est menacé d’être expulsé vers la tyrannie en Arabie Saoudite, où les dissidents sont régulièrement torturés et «disparaissent». Le 12 février, il a reçu une lettre qui a rejetté son appel contre le refus de sa demande d’asile. Maintenant, lui et sa famille sont en danger imminent d’être déporté hors de Grande-Bretagne. Demain sera une journée d’action internationale en leur faveur, y compris à Bruxelles, devant l’ambassade britannique.
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Jeudi 19 février: protestation à l’ambassade de Grande-Bretagne à Bruxelles
Rendez-vous à 10h devant l’ambassade, dans les environs de la Place Schuman (metro Maalbeek). L’adresse est la suivante: Rue d’Arlon n°85, 1040 Bruxelles.
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Le mouvement syndical organise une journée d’action pour Yahya ce jeudi 19 février. Un rassemblement se déroulera devant l’entrée du ministère de l’Intérieur, à Londres, à 14h00. Un certain nombre de syndicalistes et de députés seront présents pour sa défense.
Nous invitons les syndicalistes et les socialistes à organiser internationalement des protestations en dehors des ambassades et des consulats britanniques à travers le monde le même jour – et à le faire savoir des médias. Si ce n’est pas possible, toute autre protestation est la bienvenue ce 19 février.
Il est important que toute personnes qui veut participer à ces actions entre en contact avec cette campagne. La meilleure protection que Yahya peut avoir est une démonstration énorme de soutien – et cette aide ne sera utile que connue et rendue publique. (Contact : defendyahyaalfaifi@googlemail.com)
Jusqu’ici, Yahya a le soutien des parlementaires Ann Clwyd et Jeff Cuthbert, de Billy Hayes, le secrétaire général du syndicat des télécommunications ; Marquez Serwotka, secrétaire général des services publics et commerciaux (qui organise la fonction publique) ; Wayne Thomas, secrétaire général du syndicat NUM en Pays de Galles; de la direction de l’union nationale des journalistes de Pays de Galles ; du directeur de l’union des universités du Pays de Galles ; et de beaucoup d’autres syndicats. En 2006, le TUC (Trade union Council) du Pays de Galles avait soutenu une campagne en faveur de Yahya et des droits syndicaux en Arabie Saoudite. Yahya est membre du syndicat des télécommunications en Grande-Bretagne et un membre honoraire de l’union nationale des mineurs.
Chacun peut écrire au ministère de l’Intérieur, tout en nous en envoyant une copie. Tous ceux qui ont une position officielle dans un syndicat en Grande-Bretagne ou internationalement et qui peut donc apporter un soutien à cette campagne est prié de nous faire suivre les détails de sorte que nous puissions ajouter leur nom à la liste des partisans. Cette démonstration publique de soutien est très importante pour persuader le ministre de l’Intérieur de changer sa décision pour ne pas expulser Yahya et sa famille.
Un combattant pour les droits syndicaux en Arabie Saoudite
En Arabie Saoudite, Yahya a travaillé pour BAE Systems. Lorsque la société a annoncé la réduction des salaires des travailleurs saoudiens de 40% en 2002, Yahya a organisé les 2000 travailleurs concernés et les a conduit à jusqu’à la victoire en stoppant net le projet patronal.
Ceci, naturellement, a nécessité d’organiser un syndicat dans l’usine. 500 personnes avaient assisté au premier meeting – même si les syndicats sont illégaux en Arabie Saoudite – ce qui a illustré la détermination de ces travailleurs. Malheureusement, BAE Systems a renvoyé Yahya.
Yahya a lutté pour récupérer son travail et a porté son cas devant le tribunal. BAE Systems voulait clairement signifier qu’il ne pouvait rien faire et l’entreprise a envoyé à Yahya une lettre officielle qui affirmait que la décision de le licencier venait du gouvernement lui-même.
Tous ces évènements – la victoire des travailleurs, l’établissement du syndicat, le renvoi de Yahya et son combat pour récupérer son emploi – ont reçu une grande couverture médiatique en Arabie Saoudite. Yahya s’est donc vite retrouvé sous surveillance et a reçu des menaces par téléphone de la part du gouvernement. On lui a dit qu’on lui ‘couperait la langue’ s’il ne cessait pas la campagne. Par la suite, il a été averti qu’il valait mieux pour lui de quitter le pays s’il tenait à protéger sa famille. Ce qu’il a fait.
Yahya et sa famille sont arrivés en Grande-Bretagne il y a quatre ans et demi et ils ont demandé l’asile.
Maintenant, le Ministère de l’Intérieur et le juge du Tribunal pour l’Asile et l’Immigration déclarent que – en dépit de la situation effroyable des droits de l’homme en Arabie Saoudite où les dissidents sont régulièrement emprisonnés, torturés et « disparaissent » – Yahya et sa famille ne font face à aucune menace s’ils retournent en Arabie Saoudite. Personne ne peut raisonnablement être d’accord avec cette affirmation.
Un partisan des luttes en Grande-Bretagne
Dès son arrivée en Grande-Bretagne, Yahya a soutenu chaque lutte syndicale. Pendant l’occupations des ferries irlandais en décembre 2005, Yahya s’est non seulement investi dans les piquets de grève organisés, mais il a aussi voulu dormir sur les docks de Pembroke jusqu’à ce que tous travailleurs des Ferries irlandais retrouvent leurs jobs. Il a été également présent aux piquets de grève ouvriers communaux, des travailleurs de l’Agence pour l’emploi et des enseignants.
Ce dont il s’agit ici, c’est du soutien à apporter à un syndicaliste courageux qui n’a pas hésiter à se sacrifier pour la lutte ainsi que du soutien à la lutte pour la construction de syndicats au Moyen-Orient – ce qui est une part importante du combat pour un avenir socialiste au Moyen-Orient et internationalement.
SVP, envoyez vos lettres au ministère britannique de l’Intérieur:
- Home Office, Direct Communications Unit, 2 Marsham Street, London SW1P 4DF
- public.enquiries@homeoffice.gsi.gov.uk
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L’impérialisme américain : affaibli et impopulaire, mais quelle est l’alternative ?
L’impérialisme américain s’embourbe dans les problèmes. La guerre contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak a provoqué plus d’instabilité et de terrorisme. D’autres alliés, comme le Pakistan, sont également touchés par ces convulsions. Aux USA, le moteur économique commence à capoter et on parle de récession. Ce dossier se propose de brosser l’état des lieux de l’impérialisme américain.
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Vers une récession dure? Quelques citations
“Si, en plus, le protectionnisme freine l’arrivage de marchandises bon marché venant d’Asie, nous entrerons bientôt dans une situation de récession économique combinée à une inflation galopante de 5 à 8 % (voire plus), bref à une stagflation. Une telle situation est à l’ordre du jour, mais le calendrier exact est difficile a estimer. Cela peut se produire à tout moment comme cela peut également être reporté. Mais plus ce sera postposé, plus la crise frappera durement, tout comme la désintoxication est plus dure si l’intoxication a été longue. L’effet sur la lutte de classe est difficile à juger. La période précédente de stagflation a provoqué une vague révolutionnaire qui a menacé l’existence du système. Les réserves construites pendant la période d’après- guerre et l’autorité qu’avaient les partis sociaux-démocrates et « communistes » (là où ils avaient une base de masse) ont finalement pu freiner ce mouvement. Mais il suffit de se rappeler les acquis de Mai ’68 – le mouvement de démocratisation de l’enseignement qui n’est toujours pas entièrement détruit – ou la Révolution des Oeillets au Portugal et les diverses révolutions dans les anciennes colonies pour en mesurer l’impact.” (“Stagflation: syndrôme d’une maladie chronique” Alternative Socialiste no 126, novembre 2007, à relire sur les sites socialisme.be ou marxisme.org)
“Les USA n’ont connu que deux récessions ces 25 dernières années qui étaient l’une et l’autre une récession brève et douce. Il y a lieu de penser que la prochaine crise, lorsqu’elle viendra, sera plus grave.” (Wall Street Journal)
“Le marché immobilier américain a connu la crise la plus grave depuis les années septante, avec des baisses de prix de 8% en moyenne depuis le pic de 2005, mais de 40% dans les régions les plus touchées. Le marché part de l’idée que la baisse pourrait continuer jusqu’à 30%. Cela augure de la direction que l’économie américaine pourrait prendre. Avec un taux de chômage record depuis deux ans (5% en décembre) et qui pourrait atteindre les 7% selon certaines estimations, le consommateur américain (qui a longtemps été considéré comme le moteur de la croissance mondiale) pourrait jeter le gant. La consommation des ménages a chuté de 0,4% en décembre. Les ‘experts’ en discutent encore, mais six Américains sur dix jugent que le pays est déjà en récession.” (The Economist du 12 janvier 2008)
[/box]La guerre contre le terrorisme n’est pas une grande réussite. Dès le début de la guerre en Irak en 2003, nous avons publié une brochure écrite par Peter Delsing qui expliquait les tenants et les aboutissants de cette “guerre pour le pétrole”. Cinq ans après, nous avons interrogé Peter sur la situation actuelle de la guerre.
Trente mille soldats supplémentaires ont été envoyés sur place, l’impérialisme américain a-t-il réussi à stabiliser l’Irak après cette augmentation des troupes? Quelle est la situation en Irak même?
“L’invasion en 2003 faisait partie des projets de l’aile néoconservatrice des Républicains. Ces projets existaient depuis longtemps et visaient au remodelage du Moyen-Orient. Les attentats du 11/09 ont fourni le prétexte rêvé à leur mise en oeuvre. Cette guerre devait permettre à Bush et Cie de rétablir leur emprise sur cette région vitale et pétrolifère et aussi de soutenir leur allié local : Israël. Les régimes en Irak et en Iran étaient une cause permanente d’exaspération pour les Etats-Unis. Bush n’aurait jamais envahi l’Irak s’il n’y avait pas eu de pétrole sous son sol. Mais Bush s’est fourvoyé sur la possibilité d’y établir un régime à sa botte.”
“Le gouvernement de Maliki en Irak est assis sur un cimetière social. Chaque jour, des centaines d’adultes et d’enfants meurent des conséquences de l’occupation : le terrorisme, la violence, la misère, le grand banditisme, etc. En réalité, une guerre civile intercommunautaire y fait rage, entre chiites et sunnites ou entre Arabes et Kurdes. L’eau potable, l’électricité et même l’essence font défaut. L’augmentation des troupes a eu pour effet de militariser quasi complètement la ville de Bagdad et n’a fait que déplacer la violence ailleurs. Par exemple, les attentats terroristes se sont récemment multipliés au Kurdistan.
“Ces divisions communautaires que les Américains ont institutionnalisées ne peuvent mener qu’à des conflits de plus en plus aïgus pour la répartition des maigres ressources encore disponibles. La seule alternative viable serait une lutte commune des masses laborieuses et pauvres pour assurer leur propre sécurité et la défense des besoins de base. Cette lutte devrait être liée au respect du droit à l’autodétermination des différentes composantes de l’Irak et enfin à la lutte pour la transformation socialiste de la société.”
Quels sont les effets de cette politique impérialiste sur le reste du Moyen-Orient?
“Parlons d’abord de l’autre aventure impérialiste, celle d’Afghanistan. Un politicien britannique a récemment déclaré qu’on sous-estimait la position délicate du gouvernement de Karzaï. Fin janvier, les USA ont déplacé 2.200 marines vers l’Afghanistan, car la menace d’une offensive des Talibans se précisait dans le sud du pays. Lors du Forum Economique Mondial à Davos, Karzaï a même mis en garde contre “un embrasement du terrorisme” dans la région. Une telle instabilité – que renforcerait encore un possible effondrement de la société au Pakistan – montre bien l’impossibilité de développer ces pays dans le cadre du capitalisme et de l’impérialisme. Les conditions sociales y sont déjà telles qu’une récession mondiale pourrait donner le coup de grâce à plusieurs régimes instables.”
“Au Moyen-Orient, comme dans les pays du Golfe, il existe une élite riche qui nage littéralement dans les profits pétroliers. De l’autre côté, il y a une population souvent jeune, mais désorientée par la décadence capitaliste. La politique de Bush et de ses marionnettes locales a joué en faveur du fondamentalisme islamique, au Liban avec l’ascension du Hezbollah, à Gaza avec celle du Hamas. La soi-disant initiative de paix de Bush à Annapolis, en novembre de l’année passée, a donné plus de moyens au Fatah en Cisjordanie. Mais Israël continue à y construire des logements pour les colons.”
“En janvier, Bush a aussi fait une tournée dans sept pays arabes. Pour contrecarrer l’influence de l’Iran, il a vendu à l’Arabie Saoudite des bombes à guidage pour une valeur de 123 millions de dollars. Il en a aussi livré gratuitement 10.000 à Israël. D’autres contrats sont prévus pour une valeur totale de 20 milliards de dollars. La région devient une poudrière et l’exemple pakistanais n’a pas servi de leçon.”
Quels seront les effets d’une récession aux USA sur la position de l’impérialisme?
“Le prix du baril de pétrole a chuté légèrement depuis son pic de 10 dollars, mais il oscille toujours à un niveau élevé, entre 85 et 90 dollars. La crise financière actuelle – qui se traduira bientôt par des licenciements de masse, par des fermetures d’entreprises et par de nouvelles attaques sur les salaires et la sécurité sociale – se caractérise par l’éclatement des bulles artificielles qui maintenaient à flot le capitalisme en crise.
“Dans les années 80, dans le sillage de Reagan et de Thatcher, les gouvernements ont relancer les profits en sapant le pouvoir d’achat des salariés et des allocataires sociaux. Ils ont cependant préféré recourir provisoirement à l’emprunt public plutôt que de lancer une offensive encore plus dure contre la classe ouvrière. Dans le cas de Reagan, il s’agissait d’investir dans l’appareil militaire.”
“Au cours des dix dernières années, et surtout depuis la récession en 2001 aux USA, les dirigeants capitalistes ont essayé de différer une crise encore plus profonde en laissant enfler une bulle de crédits à bon marché. C’était le seul moyen pour que la population continue à consommer malgré des revenus qui ne progressaient plus ou même baissaient. C’est ainsi que les salariés se sont mis à dépenser leurs revenus futurs.”
“La bulle du marché immobilier est en train d’éclater aux USA. A l’heure actuelle, les prix n’y ont diminué “que” de 8%. Mais avec quelles conséquences ! Cela a cependant suffi pour que la Bourse américaine recule sérieusement, entraînant derrière elle toutes les Bourses à travers le monde. En Inde, la bourse a chuté de 11% en une journée. Les analystes n’en estiment pas moins que la chute des prix pourrait atteindre les 30%. La bulle d’autres formes de crédits aux USA pourrait produire des effets comparables.
“La bulle du ‘dollar fort’ est déjà en train d’éclater depuis un moment. Si elle devait éclater pour de bon, les exportations européennes auraient du mal à se maintenir et l’économie mondiale pourrait encaisser des chocs plus importants encore. “En outre, on ignore encore l’ampleur de la diffusion des ‘créances douteuses’ qui ont été converties en paquets d’actions. Un géant bancaire américain comme Citigroup a fait ses plus grosses pertes depuis 196 ans ! Un sentiment d’inquiétude, et même de panique, commence à s’installer parmi les dirigeants capitalistes. Il suffit de voir l’intervention énergique de la Federal Reserve (Banque Centrale Américaine) qui a réduit d’un coup ses taux de 0,75%. Les Américains sont endettés jusqu’au cou, mais Bernanke (le président de la FED) les incite à continuer dans cette voie.
“Les remèdes des rebouteux néolibéraux fonctionnent de moins en moins. La classe ouvrière américaine sera appelée à jouer un rôle important dans la construction de nouveaux partis pour les pauvres, les salariés et leurs familles, dans le feu de la lutte pour une autre société, une société socialiste.”
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Accuser l’impérialisme. “La Grande Guerre pour la Civilisation : La Conquête du Moyen-Orient”
Qui donc porte la responsabilité de la catastrophe au Moyen-Orient ? Dans ce livre, le journaliste Robert Fisk tente de retracer tous les événements qui se sont déroulés dans cette région au cours des 30 dernières années.
Revue par Per-Ake Westerlund.
Fisk a connu plus d’aventures que la plupart des héros de films. Parmi les gens qu’il a interviewés en tant que reporter figurent l’Ayatollah Khomeini et Oussama ben Laden, l’un pour le Times, l’autre pour The Independant. Il se trouvait en Iran pendant et après la révolution de 1979. Il a visité plusieurs fois la ligne de front des deux côtés pendant la guerre entre l’Iran et l’Iraq, en 1980-88. Il a accompagné les troupes russes dans les années 80’s jusqu’en Afghanistan, et y a été battu par une foule en colère après les bombardements américains de 2001. Il est arrivé à Bagdad par le dernier avion juste avant que Bush ne lance ses premiers missiles en mars 2003.
Fisk est toujours volontaire pour prendre des risques afin de se faire sa propre opinion sur ce qui se passe réellement. Il a de plus en plus défié la majorité des médias, par sa critique de la guerre d’Iraq et de l’oppression des Palestiniens par l’Etat d’Israël. Par conséquent, ce qu’il écrit vaut toujours la peine d’être lu, et c’est encore plus le cas pour ce livre, qui comprend plus de 1000 pages sur l’histoire récente du Moyen-Orient. Si le point de départ est la propre expérience de l’auteur, le thème n’en est pas moins la responsabilité des puissances occidentales dans la guerre, la souffrance et la dictature dans cette partie du monde. Une de ses conclusions est que « historiquement, il n’y a jamais eu d’implication de l’Occident dans le monde arabe sans que s’ensuive une trahison ».
Fisk écrit que le 11 septembre n’est pas la raison de ce livre, mais plutôt une tentative d’expliquer l’enchaînement des événements qui a mené aux fameux attentats. Comment Oussama ben Laden a-t-il pu remporter tous les sondages de popularité ? D’où vient-il ? La réponse se trouve dans l’histoire. Tout au long du 20ème siècle, les puissances occidentales ont démarré des guerres, occupé des pays, et renversé des régimes au Moyen-Orient, encore et encore. Selon Fisk, tout Arabe raisonnable serait d’accord de dire que les attentats du 11 septembre sont un crime, mais demanderait aussi pourquoi le même mot n’est pas employé lorsqu’on parle des 17 500 civils tués par l’invasion du Liban par Israël en 1982. Alors que les régimes du Moyen-Orient – l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Palestine actuelle de Mahmoud Abbas – sont en excellents termes avec les Etats-Unis, ben Laden et d’autres islamistes ont rappelé aux masses toutes les guerres contre les musulmans dirigées par les USA et Israël. Avec l’échec sur le plan international des partis communistes staliniens et du mouvement social-démocrate à montrer la voie à suivre pour la lutte, c’est la religion qui est apparue comme un facteur politique. C’est le même facteur qui a également été utilisé par des régimes qui se prétendaient comme étant des musulmans authentiques – parmi lesquels le régime de Saddam Hussein des dernières années n’était pas des moindres.
A la suite du 11 septembre, George Walker Bush, avec le soutien des « dirigeants mondiaux », a décidé de bombarder ce pays déjà dévasté qu’était l’Afghanistan. Lorsque ce pays a été envahi par l’Union Soviétique en 1980, cela était le début d’une guerre qui allait durer 16 ans, avec plus d’un million de morts et six millions de réfugiés. Le régime stalinien déclinant de Moscou fut forcé à une retraite en 1988, après une longue guerre contre les « saints guerriers » moudjahiddines, que le président Reagan saluait en tant que « combattants de la liberté ». Parmi eux se trouvait un contingent saoudite, mené par le milliardaire ben Laden, financé et encadré par la CIA, la monarchie saoudite, et le Pakistan. A partir de 1988, le pays sombra dans la guerre civile entre différentes troupes de moudjahiddines, avant la prise du pouvoir par les Talibans en 1966. Les Talibans étaient des enfants de réfugiés afghans vivant dans la misère, élevés dans des écoles islamistes de droite au Pakistan, et armés par les services secrets pakistanais. Les Talibans prirent rapidement le contrôle du pays et établirent un régime islamiste fortement réactionnaire, notoire pour sa répression des femmes, son interdiction de la musique, etc. Oussama ben Laden, en conflit avec les Saoudites et les Américains après la première guerre d’Iraq en 1991, fut accueilli par les Talibans avec tous les honneurs.
Malgré le caractère du régime taliban, Fisk avait prévenu à quoi allaient mener les bombardements de Bush Jr. L’Alliance du Nord, les troupes au sol alliées de Bush, était elle aussi constituée d’assassins islamistes de droite – bien qu’opposés aux Talibans. Le nouveau président, Hamid Karzai, est un ancien employé d’Unocal, une compagnie pétrolière américaine qui essayait d’obtenir un contrat avec les Talibans au sujet d’un pipeline reliant l’Asie Centrale au Pakistan. Les avertissements de Fisk s’avérèrent rapidement fondés, de sorte qu’aujourd’hui la population locale se retrouve de nouveau piégée dans une guerre entre les troupes menées par les Etats-Unis d’une part, et les nouvelles forces des Talibans de l’autre.
Fisk nous fournit également un important récit des développements en Iran depuis1953, lorsque le Premier Ministre élu, Mohammad Mossadegh, fut renversé après qu’il ait nationalisé les installations de la Compagnie Pétrolière Anglo-iranienne (aujourd’hui devenue British Petroleum – BP). Dans les années 1980’s, Fisk a interviewé un des agents britanniques qui, avec la CIA, avait dirigé le coup d’Etat et installé le régime du Shah et de sa répugnante police secrète, la SAVAK. Le Shah devint un allié de confiance pour l’impérialisme américain en tant que fournisseur de pétrole et soutien militaire. A la base, cependant, le nationalisme iranien et la haine des Etats-Unis n’en furent que renforcés.
La situation finit par exploser lors de la révolution de 1979. Fisk cite Edward Mortimer, un de ses amis reporters, qui avait décrit ce mouvement en tant que « révolution la plus authentique de l’histoire mondiale depuis 1917 ». La principale faiblesse de Fisk est qu’il ne comprend pas le rôle de la classe salariée, bien qu’il insiste sur le fait que « les pauvres des villes » furent la principale force de la révolution. Les slogans et les espoirs des travailleurs et des organisations de gauche pour une « démocratie populaire » entrèrent bientôt en conflit avec les intentions des islamistes et des mollahs. La classe salariée dans le nord de l’Iran avait confisqué la propriété capitaliste, tandis que le régime de Khomeini, basé sur des couches urbaines plus riches, était contre toute forme d’expropriation. Pendant une longue période, la gauche pouvait se rallier un large soutien. Fisk décrit la manière dont un demi-million d’étudiants manifestèrent avec le Fedayin, alors illégal, en novembre 1979. Khomeini dut agir petit à petit pour écraser la gauche et les organisations de la classe salariée. Il exploita au maximum le conflit avec l’impérialisme américain, conduisant les partis communistes pro-Moscou, comme le Tudeh, à soutenir Khomeini jusqu’à ce qu’ils soient démantelés de force en 1983. Même alors, le régime au pouvoir en Russie ne voyait aucun problème à fournir des armes à Téhéran. Des purges massives furent menées pendant la guerre contre l’Iraq, parfois sur base d’informations « anti-communistes » fournies par l’Occident. Au cours de l’année 1983, 60 personnes par jour ont été exécutées, parmi eux de nombreux jeunes.
Lorsque la machine militaire de Saddam attaqua l’Iran en 1980, le sentiment dans les médias et chez les « experts » était que l’Iraq remporterait une victoire rapide. Mais les troupes se retrouvèrent rapidement bloquées sitôt passée la frontière, et l’armée iraqienne commença à envoyer des missiles sur les villes iraniennes, y compris des armes chimiques. Fisk donne des rapports détaillés et émouvants en provenance du front, décrivant les horreurs qui s’y passent et interviewant des enfants soldats, enrôlés pour devenir des martyrs.
Les puissances occidentales ne remirent à aucun moment en cause leur confiance en Saddam – c’est en 1983 que Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la défense aux Etats-Unis, comme en 2003, rendit sa fameuse visite à Saddam – même si certains d’entre eux vendirent des armes à chacun des deux camps tout au long du conflit qui dura huit ans et coûta plus d’un million de vies. Plus de 60 officiers américains opéraient en tant que « conseillers militaires » auprès de Saddam, lequel bénéficiait également des données satellites de Washington. L’Arabie Saoudite paya plus de 25 milliards de dollars pour financer les frais de guerre de Bagdad. Le Koweït et l’Egypte furent eux aussi des mécènes enthousiastes. Même lors de l’Anfal, la terrible guerre que Saddam mena contre les Kurdes en Iraq du Nord, personne en Occident ne protesta. Rien qu’à Halabja, 5000 Kurdes furent tués par des armes chimiques les 17 et 18 mars 1988.
La marine américaine était mobilisée dans le Golfe Persique, afin de menacer l’Iran. Un missile américain fut tiré sur un avion civil iranien qui transportait des passagers civils. L’hypocrisie américaine, cependant, fut révélée à tous lors de l’affaire Iran-Contra, en 1986. Les USA avaient vendu 200 missiles en secret à l’Iran dans l’espoir de pouvoir récupérer des otages américains qui avaient été capturés au Liban par des groupes liés à l’Iran. L’argent obtenu par la vente des armes fut ensuite envoyé aux troupes réactionnaires des Contra, au Nicaragua.
Lorsque Saddam Hussein envahit le Koweït en 1990, il avait rendu visite à l’ambassadeur américain à Bagdad qui lui avait donné l’impression que Washington n’allait pas réagir. Il était toujours l’agent de l’Occident. En juin 1990, le gouvernement britannique avait encore approuvé la vente de nouvel équipement chimique à l’Iraq. Le Koweït avait fait partie de la même province de l’Empire Ottoman que l’Iraq jusqu’en 1889, et avait failli être à nouveau rattaché à l’Iraq en 1958, ce qui avait été empêché par les troupes britanniques.
Mais l’enjeu ici était le pétrole, et les intérêts des autres alliés des Américains. Le régime saoudite invita les troupes américaines dans le plus important des pays islamiques, ce qui eut plus tard d’importantes répercussions. L’escalade qui mena à la guerre se forma sous l’illusion d’une alliance avec le drapeau des Nations-Unies, mais dans la pratique ce fut la plus grosse intervention américaine depuis la retraite humiliante du Vietnam. Mais cette fois-ci, la guerre démarra par un bombardement massif, qui dura 40 jours et 40 nuits, avec 80 000 tonnes d’explosifs, plus que pendant toute la seconde guerre mondiale. Parmi les cibles se trouvaient des ponts, des centrales électriques, et des hôpitaux. Les troupes de Saddam devaient se contenter de rations de survie, et fuirent de panique au moment où l’offensive au sol fut lancée. Entre 100 000 et 200 000 iraqiens furent massacrés par les attaques des avions, tanks et troupes américains.
George Bush père appela alors à une grande insurrection contre Saddam, mais laissa les rébellions kurdes et chiites se faire réprimer ddans le sang. Fisk cite un officier américian disant "mieux vaut le Saddam que nous connaissons" que n’importe quel autre régime dont on serait moins certain. Plus de gens moururent lors de l’étouffement des émeutes qu’au cours de la guerre en elle-même, et deux millions de Kurdes devinrent des réfugiés.
Les mêmes Etats arabes qui, quelques années plus tôt, avaient financé la guerre de Saddam en Iran, payèrent également la nouvelle facture, de 84 milliards de dollars. Et dans les deux années qui suivirent, les Etats-Unis vendirent des armes d’une valeur de 28 milliards de dollars à tous les pays de la région.
Contre cet Iraq à l’infrastructure détruite et à la population appauvrie, les Nations Unies décidèrent d’appliquer toutes sortes de sanctions, qui conduisirent à ce que « 4500 enfants meurent chaque jour », selon Dannis Halliday, représsentant de l’Unicef en octobre 1996. Robert Fisk raconte la manière dont les enfants, victimes de munitions à l’uranium appauvri, souffrent de cancers – un mal dont souffrent également beaucoup de soldats américains. En plein milieu de la crise humanitaire, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne poursuivirent leurs raids de bombardements aériens, notamment le jour du Nouvel An 1999.
Après le 11 septembre et les attaques sur l’Afghanistan, il était clair que Bush, Rumsfeld et leurs conseillers néoconservateurs visaient l’Iraq. Fisk énumère chacun des arguments qu’ils inventèrent pour se justifier, des « armes de destruction massive » aux « connections » avec al-Qaïda. De plus, George W Bush promettait « la démocratie pour tout le monde musulman », un objectif pour lequel il ne consulta que très peu ses amis d’Arabie Saoudite, d’Egypte et du Pakistan. L’appareil de propagande exigea alors que le soutien de l’Occident à Saddam soit oublié. La « guerre contre la terreur », à ce stade, signifiait aussi le soutien à Israël et à la guerre que la Russie menait en Tchétchénie. Les critiques de Fisk firent en sorte qu’il fut montré du doigt en tant que partisan du régime de Saddam.
Cette guerre, que Fisk suivit à partir de Bagdad, signifiait encore plus de bombardements que 12 ans plus tôt. Fisk contraste les missiles dirigés par ordinateur aux hôpitaux sans ordinateurs qu’il visita. Les Etats-Unis lâchaient également des bombes à fragmentation contre les civils, ce qu’Israël a aussi fait par deux fois au Liban.
Fisk demeura à Bagdad après sa « libération », le 9 avril 2003, lorsque le pillage de masse fut entamé. Les troupes américains ne protégeaient que le pétrole et les bâtiments du Ministère de l’Intérieur. A Bagdad, des documents vieux de plusieurs millénaires furent détruits lorsque les généraux américains pénétrèrent dans les palais de Saddam. Les Américains agirent comme le font tous les occupants, écrit Fisk. Les manifestants furent abattus ; Bremer, le consul américain pendant la première année, interdit le journal du dirigeant chiite Moqtada al-Sadr ; des soldats américains paniqués fouillèrent des maisons. Avec les prisons d’Abu Ghraïb et de Guantánamo, les Etats-Unis ont également copié les méthodes de torture chères à Saddam, allant jusqu’à réemployer le même médecin-en-chef. Les USA « quitteront le pays. Mais ils ne peuvent pas quitter le pays… », est le résumé que Fisk nous donne de la crise de l’impérialisme en Iraq, une description qui est toujours exacte aujourd’hui.
Le livre de Robert Fisk contient beaucoup d’action, mais aussi de nombreux sujets d”analyse intéressants. Il écrit au sujet du génocide arménien de 1915 ; de la guerre de libération et de la guerre civile des années 90’s en Algérie ; de la crise de Suez en 1956. Il suit à la trace les producteurs du missile Hellfire utilisé par un hélicoptère Apache israélien qui tua des civils dans une ambulance au Liban. Il dit que le coût d’une année de recherche sur la maladie de Parkinson (qui emporta sa mère) est équivalent à cinq minutes de la dépense mondiale d’armes dans le monde. Il analyse la Jordanie et la Syrie ; il écrit au sujet de son père, qui était un soldat dans la première Guerre Mondiale. Ses critiques massives et bien fondées, toutefois, ne deviennent jamais des critiques du système, du capitalisme ni de l’impérialisme. A chaque fois qu’il parle des attaques militaires britanniques ou américaines, il dit « nous ».
Les travailleurs et les socialistes eu Moyen-Orient et partout dans le monde doivent tirer les conclusions nécessaires de l’histoire de la région et des événements qui s’y déroulent actuellement. La classe salariée, alliée aux pauvres des villes et aux paysans, a besoin d’un parti révolutionnaire et socialiste, capable d’unifier la classe dans la lutte contre le capitalisme, l’impérialisme et la dictature, au-delà des différences religieuses et ethniques.
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L’insoluble conflit tchétchène dégénère en massacre dans une école
Personne n’a oublié les images choquantes du dénouement sanglant de la prise d’otage de Beslan, début septembre dernier. 1.200 enfants, parents et enseignants étaient enfermés dans une école de la république russe d’Ossétie du Nord par un commando pro tchétchène. Les otages ont été privés d’eau et de nourriture par les ravisseurs qui portaient des ceintures d’explosifs. La prise d’otage a pris fin après quelques jours lorsque les troupes russes ont attaqué le bâtiment. 335 personnes sont mortes dans cet assaut dramatique, dont beaucoup restent encore à identifier. L’opinion publique mondiale et plus particulièrement russe en restera très longtemps choquée.
Laurent Grandgaignage
La manière brutale et chaotique employée par l’armée russe nous rappelle évidemment le tragique événement du théâtre de Moscou en 2002. A l’époque, il y eut 700 ou 800 otages d’une cinquantaine de Tchétchène lourdement armés. Les terroristes revendiquaient le retrait des troupes russes de Tchétchènie. L’armée réagit par des gaz toxiques, faisant plus de 120 victimes. Couplée aux récentes attaques contre deux avions et contre une station de métro à Moscou, le drame de Beslan ne peut que réaffirmer l’impasse du conflit tchétchène.
La Tchétchènie opprimée depuis des siècles
Le peuple tchétchène est depuis longtemps opprimé par des forces d’occupations étrangères. En 1830 le tsar Nicolas I envahit le pays. Ce n’est qu’après la Révolution russe de 1917 que le pays reçu le droit à l’autodétermination et, comme beaucoup d’autres républiques de la région, rejoignit librement l’Union soviétique.
Après la contre-révolution stalinienne les nationalités furent à nouveau opprimées et en 1944 la plus grande partie du peuple tchétchène subit la déportation. En 1991 le pays devint indépendant, mais trois ans plus tard Boris Eltsine l’envahit. Face à la résistance, le pays finit par sombrer dans le chaos. La lutte entre différents seigneurs de guerre fit rage, parallèlement à l’extension de l’influence islamiste. En 2000 Poutine ordonna le rétablissement de l’ordre prorusse à Grozny et l’escalade de violence consécutive à la répression militaire a provoqué des centaines de milliers de victimes des deux côtés. En fait, la politique intérieure du président russe est essentiellement préventive: si une région revendiquant l’indépendance parvenait enfin à l’obtenir, d’autres régions risqueraient de s’engager dans la même voie.
L’Occident se tait face à l’occupation russe
Les décennies passées furent donc très dures pour le peuple tchétchène. La répression russe – villes détruites, massacres d’hommes, femmes et enfants – a créé le terreau sur lequel les mouvements réactionnaires et terroristes ont grandi. L’hypocrisie règne quand Poutine présente l’occupation comme une pièce de la stratégie de la "guerre contre le terrorisme international". Les puissances occidentales ne critiquent pas cette guerre car beaucoup d’entre-elles sont impliquées dans cette alliance antiterroriste. De plus, il est important pour l’Europe et l’Amérique du Nord de garder de bonnes relations avec la CEI qui possède un potentiel économique important. La région caucasienne est aujourd’hui très importante au point de vue de la production du pétrole et du gaz. La Russie est le premier exportateur de gaz naturel au monde et le deuxième exportateur de pétrole après l’Arabie Saoudite.
Le capitalisme russe en déclin
La colère du peuple russe face aux attaques terroristes n’est pas seulement dirigée contre les organisations pro Tchétchènes armées mais également contre le président Poutine. Beaucoup l’estiment responsable de la persistance du conflit tchétchène. Le peuple subit les conséquences de ces tensions ethniques et doit en plus endurer les effets de la politique néo libérale du président Poutine.
Les récentes coupes dans la sécurité sociale ont plongé des dizaines de millions de travailleurs russes dans la misère. Depuis la réintégration du capitalisme, la pauvreté et l’inégalité n’a cessé de croître dans le pays. La "guerre contre le terrorisme" est habilement utilisée par Poutine pour détourner l’attention du mécontentement grandissant. En tant que marxistes, nous condamnons non seulement le terrorisme mais également la répression militaire de la Russie. Les marxistes ont pour tâche de construire un mouvement de masse qui uni travailleurs tchétchènes et russes en surmontant les différences nationales, ethniques et religieuses. Ce n’est qu’en luttant ensemble que l’on pourra enfin sortir de cette spirale de violence découlant de la crise capitaliste.