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  • [Archives] 1989: La chute du Mur de Berlin. Histoire d’une révolution manquée.

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    L’histoire est généralement écrite par les vainqueurs. Aucun hasard, donc, dans le fait que d’innombrables reportages, articles de journaux et livres consacrés aux événements de 1989 soient marqués de l’empreinte de la classe capitaliste régnante.

    Dossier de Tanja Niemeier (texte initialement publié en 2009)

    On parle donc de la fin d’une dictature brutale, de la victoire « de la démocratie et des libertés » ou encore de la réunification d’une nation divisée pendant 40 ans. Inévitablement, il est aussi question du courage de la population de RDA (la République Démocratique Allemande) qui s’est à l’époque soulevée pour mettre fin au régime bureaucratique. La réunification de l’Allemagne sur base capitaliste vient ensuite naturellement couronner la lutte – effectivement courageuse et admirable – du mouvement de masse.

    Mais ce 20e anniversaire survient alors que l’économie capitaliste est en pleine crise. Les conséquences de celle-ci ne sont pas encore sensibles pour chacun, mais une grande partie des travailleurs et des jeunes sont bien conscients que ce sera à eux de payer. La colère monte et la crise de légitimité du système prend de l’ampleur. Mais la version stalinienne du socialisme qui a pris fin il y a une vingtaine d’années a, elle aussi, subi une lourde crise de légitimité. La population désirait plus de démocratie, plus de liberté,… Quelle est dès lors l’alternative? Tant en 1989 qu’en 2009, voilà la question centrale à laquelle il est nécessaire de s’efforcer de répondre.

    «Le socialisme a échoué», «Marx est mort, Jésus vit». Ces déclarations qui ont fait le tour du monde immédiatement après la chute du Mur ont marqué la conscience de la classe ouvrière internationale. La chute du Mur de Berlin symbolise communément la chute du ‘socialisme’ (en réalité le stalinisme). Le globe a été remodelé et la gauche s’est retrouvée réduite à un état de frustration et de démotivation. Le virage à droite déjà en cours au sein de la social-démocratie (les PS et autres partis sociaux-démocrates et travaillistes) et des directions syndicales s’est fortement accentué. Pour tous ceux qui aujourd’hui sont à la recherche d’une alternative économique et idéologique au capitalisme, il est crucial de parvenir à une juste compréhension de ces événements.

    Glasnost et Perestroïka

    Le contexte international est le point de départ à prendre afin de bien comprendre la naissance du mouvement de protestation responsable des développements révolutionnaires en RDA d’octobre 1989 à janvier/février 1990.

    Dans les pays du Bloc de l’Est, l’économie n’était pas organisée selon les principes du marché ‘libre’ mais selon ceux d’une économie planifiée. Les moyens de production n’étaient pas dans les mains du privé et la maximalisation des profits n’était pas l’objectif de la production. Les transports en commun, le logement, l’enseignement, les livres, la nourriture et même les jouets ou encore les fleurs étaient disponible à bas prix. Mais l’économie était bureaucratiquement planifiée et ne connaissait que fort peu de participation et de contrôle de la part des travailleurs et des usagers. Tout était centralement planifié d’en haut. Faute de démocratie, cette planification rigide et bureaucratique a abouti à de nombreuses pénuries (notamment incarnée par des délais de 10 ans pour obtenir une voiture ou de 8 ans pour un téléphone) ainsi que parfois à une mauvaise qualité des produits. Dans les années ’80, la bureaucratie s’était développée au point de constituer un frein total sur l’économie planifiée de la plupart des pays. Les pénuries devenaient de plus en plus alarmantes et le PIB était en perte de vitesse rapide.

    En 1985, Michail Gorbatchev est arrivé au pouvoir en Union Soviétique. Son programme de Glasnost (ouverture) et de Perestroïka (réforme), considéré comme «un nouveau vent frais» par beaucoup de gens, est en fait le premier pas vers la restauration capitaliste. Les illusions sont nombreuses face à ces changements qui surviennent en URSS et face à la tolérance d’une certaine forme de discussion publique qui s’installe, y compris en Allemagne de l’Est.

    Tout d’un coup, des critiques se font ouvertement entendre, aux terrasses des cafés et ailleurs. Elles portent surtout sur le manque de droits démocratiques et l’absence de liberté de circulation. Mais elles révèlent les préoccupations qu’éprouvent les gens face à la situation économique. Les premières petites actions de protestation commencent alors. L’église est souvent au «centre» pour l’opposition, vu son statut spécial. La bureaucratie, en alerte, recourt à la répression.

    Le mécontentement se manifeste

    Au printemps 1989, deux évènements précipitent le mouvement de masse révolutionnaire. Le 2 mai, la Hongrie ouvre sa frontière avec l’Autriche. Pour la première fois depuis longtemps, la possibilité existe de quitter la RDA sans grandes difficultés. D’autre part, le 7 mai, se tiennent les élections communales. Étant donné que de plus en plus de critiques ouvertes sont formulées contre le régime, il est clair pour la population que le soutien réel pour le régime stalinien de RDA est devenu très faible. Quand le résultat des élections est rendu public, c’est la stupéfaction: les 98,77% obtenus par les candidats du gouvernement sont une provocation. La colère est profonde et, le soir même, 1.500 manifestants descendent dans les rues de Berlin-Est.

    L’exaspération monte encore suite à ce qui se passe en Chine. Le 4 juin, les protestations des étudiants et des travailleurs sont écrasées dans un bain de sang Place Tienanmen. Ces événements sont suivis dans le monde entier. En Allemagne de l’Est, ces nouvelles ont un arrière-goût amer: le régime de la RDA approuve la répression. Dans Neue Deutschland, le journal de propagande de la bureaucratie, on peut lire à ce sujet: «elle (la répression] a été une réponse nécessaire face à l’émeute d’une minorité». Un tel scénario semble donc possible en RDA en cas de protestations.

    L’exode – «wir wollen raus»

    En août et septembre 1989, le nombre d’Est-allemands qui décident de fuir la RDA via la Hongrie et la Tchécoslovaquie augmente brusquement. Fin septembre déjà, 25.000 personnes, dont beaucoup de jeunes, ont quitté le pays. En octobre 57.000 autres les suivent et, durant la seule première semaine de novembre, 9.000 personnes quittent la RDA chaque jour. A l’intérieur du mouvement de contestation, des questions surgissent inévitablement : «Que va-t-il se passer si tout le monde part? L’économie va-t-elle s’effondrer du fait du manque de main d’œuvre? Nous ne voulons pas partir. Ce sont nos maisons. Mais nous voulons du changement. Nous voulons que quelque chose arrive.» Mais l’exode n’est pas le seul phénomène à avoir le vent en poupe; la participation aux manifestations suit elle aussi une courbe ascendante.

    La bureaucratie tente encore de tenir bon. Le 1er octobre, les festivités pour les 40 ans de la RDA sont l’occasion pour la bureaucratie de montrer sa puissance avec une grandiose fête autoglorificatrice. A la veille de celle-ci, la répression des manifestations est sévère : 1.300 manifestants sont arrêtés.

    Les premiers désaccords commencent alors à apparaître au sein même du régime. Pour la sixième «manifestation du lundi» à Leipzig, la tension est à son comble. Au minimum 70.000 manifestants sont là, la plus grande mobilisation à ce jour. En face, aucune réaction du régime, aucune répression. Pour le mouvement, c’est une victoire, un signe de faiblesse de la bureaucratie. Sa confiance renouvelée, le mouvement devient alors plus offensif.

    Erich Honecker, Premier ministre de l’époque et porte-parole du régime, en est la première victime. Il est sacrifié par le régime pour tenter de calmer le mouvement. Le 17 octobre, il apprend son licenciement pour «raisons de santé».

    Les manifestations du lundi: «Wir bleiben hier– Wir sind das Volk»

    Mais plutôt que se s’apaiser, le mouvement s’étend et se radicalise. Les slogans principaux deviennent «Nous restons ici» et «Nous sommes le peuple». Les manifestations du lundi continuent à grandir. Le 9 octobre, 70.000 personnes défilent. Elles sont 120.000 le 16, 250.000 le 23 et jusqu’à 300.000 le 30. Sur le plan géographique également, le mouvement est en pleine croissance. Les masses entrent alors sur la scène politique et le régime est victime de divisions internes. Il s’agit là de deux caractéristiques essentielles d’une révolution.

    Aucune revendication ne réclame alors la restauration du capitalisme ou l’unification avec la République Fédérale Allemande. Il est question de plus de démocratie, d’élections libres et de la fin du régime du parti unique du SED (Parti Socialiste Unifié d’Allemagne) qui est bétonné dans la Constitution. A chaque manifestation on peut entendre l’Internationale chantée par les manifestants. Dans une interview accordée à la BBC, Jens Reich, une figure dirigeante du courant d’opposition Nouveau Forum, déclare même : «Selon moi, la RDA peut continuer à exister en tant qu’entité indépendante au sein de l’Europe. Nous sommes un pays socialiste et voulons le rester. Naturellement des réformes et des changements sont nécessaires, mais la réunification allemande n’est pas à l’ordre du jour. Je ne pense pas que ce serait réaliste ou souhaitable.»

    «C’est une manifestation socialiste»

    L’apogée du mouvement révolutionnaire survient le 4 novembre, à Berlin, lors d’une manifestation qui réunit de 500.000 à 1 million de personnes. Là encore, aucun doute n’est possible quant au caractère socialiste du mouvement. S’il est exact que se trouvent pour la première fois des banderoles avec les slogans de «Allemagne, mère patrie», ce sont des cas fort isolés. Par contre, tout au devant du cortège, une banderole déclare: «C’est une manifestation socialiste». Un des orateurs, l’écrivain Stefan Heym, appelle ainsi au développement d’un véritable socialisme, d’un socialisme qui reste fidèle à son nom. D’autres parlent de socialisme à visage humain, terme faisant référence au soulèvement du Printemps de Prague de 1968 contre la bureaucratie stalinienne en Tchécoslovaquie.

    Les orateurs comprennent encore des représentants du SED, dont Gregor Gysi (aujourd’hui à la tête de la formation Die Linke). Ces derniers montrent de la compréhension pour les manifestants et leurs demandes de réformes, mais tentent en même temps de faire accepter le remplacement d’Enrich Honecker par un autre bureaucrate vivement critiqué, Egon Krenz, comme un changement suffisant.

    Personne ne demande de retour au capitalisme. Les banderoles se réfèrent à la révolution socialiste d’octobre 1917 en Russie: «Longue vie à la révolution d’Octobre de 1989», mais aussi et surtout abordent des revendications qui expriment, consciemment ou inconsciemment, le besoin d’une révolution politique: «Non aux privilèges», «Des privilèges pour tous», «Utilisez votre pouvoir – création de conseils ouvriers», «Contre le socialisme de monopole, pour un socialisme démocratique», «Des élections libres. Maintenant!»

    A ce moment, le régime, totalement isolé du reste de la société, est dans l’incapacité de continuer à fonctionner. Le pouvoir est dans la rue. Les mots d’ordre de cette manifestation, à la fois concrets et fermes, peuvent être les premiers pas pour appliquer en pratique un programme de révolution politique. Malheureusement, à la fin de la manifestation, les orateurs se contentent d’appeler les gens à rentrer chez eux et à éviter certaines stations de tram et de métro pour ne pas faire trop de bruit… La manifestation du 4 novembre illustre les forces et les faiblesses de cette révolution. Ce mouvement a été en mesure non seulement de mobiliser les masses, mais aussi de faire vaciller le vieux régime. Les masses ont pu sentir leur propre force. Mais le mouvement a gardé un caractère spontané, sans structure d’organisation. Aucune des principales courants d’opposition n’a mis en avant un programme et une stratégie pour concrétiser ce fameux «socialisme démocratique à visage humain». L’idée de l’auto-organisation des masses pour prendre en main leur vie quotidienne dans leurs entreprises, à l’école, à l’université, dans les quartiers,… reste du domaine de l’abstrait. Là où ont surgi des conseils ou des comités, le manque de coordination est trop important pour parvenir à un fonctionnement national. Aucune véritable structure de pouvoir n’émerge pour remplacer l’ancienne. Les conséquences de cette situation sont lourdes et néfastes pour la révolution.

    La chute du Mur

    La manifestation du 4 novembre est une claire illustration du pouvoir des masses. La reconnaissance officielle de l’opposition et l’annonce d’élections pour le mois de mai 1990 auraient été impossibles à obtenir sans la pression de la manifestation. Le 9 novembre, la population est-allemande arrache la liberté de circuler. Le Mur de Berlin s’effondre.

    Entre le 9 et le 19 novembre, 9 millions de personnes visitent Berlin-Ouest ou l’Allemagne de l’Ouest (soit presque la moitié des habitants de la RDA). Seules 50.000 d’entre elles décident de ne pas rentrer. Un sondage d’opinion montre que 87% des sondés veulent continuer à vivre en RDA.

    Le gouvernement ouest-allemand et l’élite capitaliste ont observé attentivement ces évènements tout au long des derniers mois. Le 22 août, le chancelier CDU de l’époque, Helmut Kohl, affirmait qu’il n’avait aucun intérêt à déstabiliser l’Allemagne de l’Est. Mais, dès novembre, le gouvernement ouest-allemand commence à appuyer l’idée d’une réunification sur base capitaliste. La crainte est grande qu’une mobilisation socialiste de masse à l’Est n’ait également des conséquences sur la conscience de la classe ouvrière occidentale.

    Les Tables Rondes

    Si la bureaucratie de la SED est à ce moment affaiblie et isolée, l’opposition souffre d’irrésolution. Malgré toutes les critiques exprimées contre le régime, le Nouveau Forum déclare: «(…) La manière dont la SED gère les choses n’est pas bonne. Mais le Nouveau Forum n’est pas en mesure de reprendre le gouvernement et, pour cette raison, il est finalement préférable que le gouvernement travaille avec l’opposition»

    C’est ainsi que se constituent les Tables Rondes, une aide apportée au régime au moment où la répulsion de la population à son endroit atteint des sommets. Car la fin de la censure a révélé des faits jusqu’alors tenus secrets, comme le niveau de vie de l’élite bureaucratique et l’ampleur des écoutes et de la surveillance de la Stasi (sécurité d’Etat).

    La revendication «Assez du régime, assez du SED» était certes présente à chaque manifestation. Mais la colère que provoque les révélations sur le style de vie décadent de l’élite bureaucratique change le rôle joué jusque là par la classe ouvrière en tant que force organisée. Jusque là, les manifestations ont lieu principalement le soir et les week-ends. Les travailleurs y sont présents en masse, mais ils considèrent ces actions comme une activité de soirée, après avoir été travailler.

    Cette attitude est l’expression de la conscience des travailleurs. Malgré les critiques, une loyauté ainsi qu’un certain sens des responsabilités existent face à la production économique. Sans propriété privée des moyens de production, les grèves ne peuvent toucher que la population elle-même, et plus particulièrement encore au moment où sévissent des difficultés économiques et une pénurie de main d’œuvre.

    La révélation des énormes moyens gaspillés par l’élite, dont le niveau de vie est comparable à celui d’une classe capitaliste occidentale, est une gifle en plein visage. Les travailleurs passent alors à des actions de grève pour déstabiliser le régime. Des discussions se développent aussi pour la mise en place d’un syndicat démocratique et combatif. Une grève générale est annoncée pour le 11 décembre, mais elle n’aura pas lieu. Tant le gouvernement que l’opposition y sont opposés car une grève générale aurait provoqué un large débat parmi les travailleurs dans tout le pays quant aux différents types de société. L’opportunité existe à ce moment de lancer un début de démocratisation de la planification et de la production. L’absence de direction conséquente assure la victoire du camp capitaliste.

    Le début de la contre-révolution

    L’attitude hésitante du mouvement d’opposition et sa participation aux Tables Rondes avec la SED permet au gouvernement ouest-allemand de Kohl de se profiler comme l’opposant le plus conséquent au régime de la RDA. En conséquence, le nombre de drapeaux allemands aux manifestations augmente, de même que le nombre de voix réclamant la réunification.

    A la Table Ronde de fin novembre, il apparaît que 59.000 des 85.000 personnes employées par la Stasi sont toujours en service et que le système informatique est inutilisable. De grandes manifestations prennent d’assaut les bâtiments de la Stasi, événements qui approfondissent encore la haine contre le régime.

    L’ennemi principal reste toutefois l’élite bureaucratique. Lors des manifestations suivantes, les banderoles s’en prennent au SED, entre-temps rebaptisé PDS (Parti du Socialisme Démocratique): «Parti Des Staliniens», «Parti De la Stasi» ou encore «Privilèges, Domination, Stagnation».

    Afin de calmer les esprits et par peur de la grève générale imminente, les élections sont avancées au 18 mars. Sous la pression d’une très mauvaise situation économique, les groupes d’opposition ne voient pas d’autre alternative que d’introduire dans l’économie des éléments capitalistes. Les élections débouchent sur une victoire inattendue de l’ « Alliance pour l’Allemagne » d’Helmut Kohl. A côté de ses 42,8%, les 16,4% du PDS font pâle figure. Ce résultat, combiné à la propagande ouest-allemande qui fait l’apologie d’une économie de marché sociale, ouvre la voie à la réunification de l’Allemagne sur une base capitaliste le 3 octobre 1990.

    20 ans plus tard, il est clair que pour l’immense majorité des Est-allemands, l’avenir doré tant promis n’est pas arrivé. La classe ouvrière est-allemande garde toujours de bons souvenirs des éléments positifs de l’économie planifiée, même après l’expérience de 20 ans de capitalisme. En septembre 2005, le magazine Der Spiegel a publié un sondage d’opinion très frappant. 73% des Est-allemands interrogés approuvaient la critique du capitalisme de Karl Marx et 66% disaient que «le socialisme est une belle idée qui a été mal appliquée dans le passé».

  • [INTERVIEW] Résistance contre le sexisme et le racisme à Cologne

    cologne_manifNous avons été nombreux à avoir été choqués par les incidents du Nouvel An à Cologne, où des centaines de femmes ont été victimes de harcèlement sexuel. L’extrême droite a tenté de se profiler sur cette question avec le racisme le plus cru. Face à ça, les militants anticapitalistes et socialistes se sont mobilisés en dénonçant aussi bien le sexisme que le racisme. Nous en avons discuté avec Claus Ludwig, membre de Sozialistische Alternative (SAV), notre organisation-sœur allemande.

    Comment réagit la population de Cologne face à ces incidents ?

    ‘‘Tout le monde en parle. Les gens sont choqués que cela puisse arriver. Les médias de l’establishment et des politiciens ont déjà lancé une campagne démagogique visant à davantage limiter les droits des demandeurs d’asile. L’extrême droite a flairé l’opportunité d’accuser les réfugiés. Un raz-de-marée de haine raciste a déferlé sur internet et les réseaux sociaux. Nous en sommes arrivés au point où l’on peut être ouvertement sommé de rentrer ‘‘chez soi’’ dans la queue d’un supermarché tout simplement pour avoir une allure différente.

    ‘‘Le 9 janvier, une manifestation du mouvement raciste Pegida a réuni 1.500 participants, essentiellement des hooligans et des néonazis. Le lendemain, 300 racistes ont parcouru la ville à la recherche d’immigrés, soi-disant pour ‘‘protéger les femmes’’. Ils se sont physiquement attaqués aux migrants et au moins trois personnes d’origine syrienne, pakistanaise et indoue ont été blessées. Les agresseurs comprenaient des néonazis et des hooligans, mais aussi des criminels organisés dont des “Hell’s Angels”, ainsi que des videurs de boîte de nuit.

    ‘‘La police a déclaré qu’on ne pouvait pas faire justice soi-même, mais la question n’est pas là. Les racistes n’étaient pas à la recherche des coupables du Nouvel An. Ils chassaient n’importe qui d’apparence ‘‘étrangère’’. C’était une véritable incitation au pogrom.’’

    Comment réagit la gauche ? Dans quelles manifestations et campagnes est impliqué le SAV?

    ‘‘Durant la première semaine de janvier, il y a eu cinq manifestations auxquelles nous avons pris part. 400 personnes ont manifesté contre un incendie criminel dans un centre de réfugiés. Nous sommes aussi actifs dans l’alliance antifasciste ‘‘Cologne contre la Droite’’ où nous avons proposé d’utiliser le slogan ‘‘Contre la violence sexiste, contre le racisme’’. Ce slogan est paru dans la couverture médiatique de la manifestation à Cologne et dans tous les médias internationaux.

    ‘‘Nous avons écrit le tract de l’alliance pour la manifestation contre Pegida le 9 janvier. Malgré le fait que nous n’avions eu que trois jours pour mobiliser, la manifestation a rassemblé 4.000 antifascistes. Les médias ont minimisé cette mobilisation, certains suggérant ‘‘plus de 1.300 manifestants’’. Un camarade du SAV a figuré parmi les orateurs de la manifestation et nous avons reçu beaucoup de soutien pour notre approche socialiste dans le cadre du combat contre le racisme et le sexisme.

    ‘‘Par ailleurs, il y a aussi eu une manifestation de gauche pour le droit des femmes qui a réuni 300 manifestants, une manifestation ‘‘Les réfugiés syriens disent non à la violence sexuelle’’ et encore d’autres actions. Nous essayons d’élargir la base de l’alliance antifasciste et d’organiser de nouvelles personnes. Nous lions la résistance au sexisme et au racisme à des thèmes sociaux comme la pénurie de logements abordables. Nous tentons de politiquement renforcer le mouvement antifasciste tout en prenant au sérieux la sécurité lors de nos activités. La montée de la violence d’extrême droite nous y force bien.’’

  • Aix-La-Chapelle. Mobilisation anti-PEGIDA

    AntiPegida_02Ce dimanche 13 décembre, quelques membres des Etudiants de Gauche Actifs et du PSL se sont rendus à Aix-La-Chapelle pour y soutenir une mobilisation antifasciste contre le mouvement xénophobe et réactionnaire PEGIDA, qui voulait tenir sa première mobilisation dans cette ville allemande frontalière de la Belgique.

    PEGIDA visait à rassembler 300 personnes, mais moins de la moitié fut au rendez-vous malgré l’aide apportée par PEGIDA-Vlaanderen/Flandre. A leurs slogans racistes se sont opposés les voix de plus de 500 activistes antifascistes essentiellement venus sur base de deux rassemblements, l’un à la gare centrale, l’autre à la gare de l’ouest.

    Plusieurs appels à la tenue de rassemblements anti-PEGIDA en divers endroits du centre-ville avaient été lancés afin d’empêcher le mouvement raciste de s’y réunir. Ce n’est que l’avant-veille de la mobilisation qu’il a été connu que PEGIDA se réunirait en bordure de la ville, au stade Tivoli.

    L’une des initiatives à la base du rassemblement antifasciste est l’Antirassistische Offensive Aachen (Offensive Antiraciste Aix-La-Chapelle) qui regroupe une vingtaine d’organisations parmi lesquelles des jeunesses syndicales ou encore SOLID (branche jeune du parti de gauche Die Linke) et le SAV (Sozialistische Alternative, organisation soeur allemande du PSL). Leur cortège, qui démarrait de la gare de l’ouest a pu compter sur 250 personnes, essentiellement des jeunes. Les prises de parole ont accentué la nécessité d’opposer une alternative sociale au discours de division de PEGIDA.

    Marie, une camarade du SAV, nous explique : “Cela fait des années qu’une crise majeure du logement est en germe. Des logements à faible loyer ont été détruits pour faire place à des logements de luxe, les autorités ont cessé d’investir dans les logements sociaux et on a même vu des étudiants dormir dans des containers! Aujourd’hui, la droite et l’extrême droite affirment que c’est l’afflux de réfugiés qui est à la base de la crise du logement, mais c’est totalement faux! Ils pointent du doigt des boucs émissaires et veulent protéger les promoteurs immobiliers! Pour arracher les racines du développement de PEGIDA, il faut riposter contre le manque de logements et d’emplois, protéger notre sécurité sociale, défendre un enseignement public de qualité et gratuit,… en bref : lutter contre le capitalisme.”

    Le rassemblement s’est terminé par une action de solidarité devant le commissariat de police où avait été emmenés plusieurs manifestants. L’attitude de la police durant l’évènement fut faite de complaisance à l’égard des manifestants de PEGIDA et de répression à l’égard des activistes antifascistes. Marie nous explique encore : “c’est tout à fait typique. Il y a eu en 2015 plus de 800 actes de violence raciste juridiquement considérés comme tels (ce qui signifie que la réalité est bien plus élevée que ce nombre) en Allemagne. Dans ces cas-là, la police met toujours un temps dingue à réagir. Ici, ils accompagnent des racistes à travers la foule des manifestants antiracistes, c’est une provocation et une aide claire au rassemblement PEGIDA.”

    Au discours de division et de haine de PEGIDA, nous opposons la solidarité et la lutte commune contre l’austérité et pour un meilleur avenir pour tous. Le prochain rendez-vous anti-PEGIDA sera ce samedi 9 janvier à Anvers, à 14h, à De Coninckplein.

    Aix-La-Chapelle. Mobilisation anti-PEGIDA

  • Anvers et Aachen. Contre le mouvement raciste Pegida: RESISTANCE!

    Aachen_antifaLe 13 novembre dernier, l’État Islamique a commis une terrible attaque terroriste à Paris qui a fait 129 morts. La colère, la peur et l’indignation sont des sentiments légitimes. Mais avant même de nous être remis de cet acte barbare, l’extrême droite a saisi l’opportunité de diffuser son message de haine. Ce 9 janvier, le mouvement raciste Pegida mènera campagne à Anvers contre les réfugiés, les musulmans et toute personne d’origine étrangère. Avant cela, ce dimanche, Pegida-Liège, après une tentative de lancement ratée le 21 novembre dernier à Liège, participera à un rassemblement organisé par Pegida Rhénanie du Nord-Westphalie à Aix-La-Chapelle (Aachen), en Allemagne. Nous répondons par la solidarité!

    Selon Pegida, ce sont les réfugiés et les musulmans qui sont responsables des atrocités de Paris. Mais ce sont justement eux les plus grandes victimes de la violence fondamentaliste! 78% des décès liés au terrorisme à travers le monde en 2014 sont des personnes qui ont perdu la vie en Irak, au Nigeria, au Pakistan, en Afghanistan et en Syrie. La grande majorité des réfugiés tentent d’ailleurs d’échapper à la terreur et à la situation désespérée qui prévaut dans ces pays.

    A l’instar de l’extrême droite, les idées réactionnaires de l’État Islamique ne peuvent qu’exister sur base du désespoir et de la misère créée et entretenue par le système capitaliste. En Belgique, une partie croissante de la population n’arrive plus à maintenir la tête hors de l’eau. Selon l’OCDE, 19% des jeunes restent chez eux sans la moindre perspective d’avenir. En 2008, ce chiffre n’était «que» de 12,1%. Ces problèmes sont encore plus aigus parmi la population d’origine immigrée.

    Mais ce n’est pas à ces problèmes que veut s’en prendre le mouvement Pegida. Il exige plus de répression et de criminalisation. Le gouvernement fédéral n’a pas attendu leurs «bons conseils» pour organiser la répression jusqu’à l’absurde. Dans le centre commercial de Wijnegem (Anvers), Yassine Boubout, un jeune homme de 18 ans, a été arrêté par la police, maintenu en joue et embarqué sans la moindre explication. Pourquoi? Délit de “sale gueule”.

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    “Contre la haine, la terreur et le racisme – Pas de Pegida à Anvers – La droite nous divise, la lutte pour une alternative sociale nous unit.”

    Pegida appelle à l’intervention militaire étrangère. Comment donc le bombardement d’une région déjà en ruine pourra-t-il stopper l’État Islamique ? Ils ne sont pas clairs là-dessus… Répéter les erreurs de la «guerre contre le terrorisme» qui a suivi le 11 septembre 2001 servira-t-il à quelque chose ? Cela n’a conduit qu’à plus de chaos et de misère tandis que les services de sécurité ont pu procéder à un espionnage intensif de la population.

    S’en prendre au terreau sur lequel peuvent se développer la haine et la barbarie de l’extrême droite et de l’État Islamique, cela signifie de défendre une alternative qui répond aux nécessités sociales et offre à chacun la perspective d’un avenir décent. Cela signifie de lutter contre le capitalisme.

    Luttons ensemble pour une alternative sociale et contre la rhétorique de division de l’extrême droite. Les Étudiants de Gauche Actifs et leurs campagnes antiracistes et anticapitaliste Blokbuster et Résistance Internationale appellent donc à rejoindre les mobilisations de ce dimanche 13 décembre à Aix-La-Chapelle et du 9 janvier à Anvers pour manifester contre la haine, le terrorisme et le racisme et pour une alternative anti-austérité.

    Aix-La-Chapelle : Dimanche 13 décembre. Blocage de Pegida. Nous prendrons le train de 10h04 des Guillemins afin de rejoindre nos camarades allemands du SAV. Infos et RDV : 0485/05.86.39 (Nico)
    Anvers : Samedi 9 janvier. Action contre la haine et la terreur. 15h, De Coninckplein, Anvers

  • Allemagne : Grève illimitée à l’hôpital Charité, un conflit d’importance nationale

    dag4charite1Ce lundi 22 juin, des centaines de travailleurs se sont lancés dans une grève illimitée afin d’exiger plus de personnel à la Charité, le plus grand hôpital universitaire d’Europe, où travaillent un total de 13.000 personnes, dont 4.400 infirmières. Les trois premiers jours ont été marqués par la combattivité, dans une ambiance électrisante. Plus de 600 travailleurs sont jusqu’à présent impliqués dans l’organisation de l’action de grève. 1.000 des 3.000 lits de l’hôpital sont touchés. Les 200 opérations qui sont menées quotidiennement sont annulées. Stephan Gummert, membre du SAV (Sozialistische Alternative, section allemande du CIO) et l’un des meneurs de la grève, a déclaré lors de la manifestation du deuxième jour de la grève: «Depuis hier, je vois à nouveau rire les visages de ceux qui sont en colère à cause des horribles conditions de travail à l’hôpital – et qui comprennent que l’ensemble du système est malade.»

    Par Aron Amm, Socialiste Alternative (section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Des dimensions historiques

    Cette lutte est unique à plus d’un titre. Entre la Seconde Guerre mondiale et 1989, pas une seule grève n’a éclaté dans un hôpital à travers toute l’Allemagne. Cela a changé ces deux dernières années.
    A la Charité il y a vingt ans de cela, un petit groupe d’activistes de gauche, principalement socialistes, ont commencé à construire une section du plus grand syndicat du secteur public (ver.di). Des membres du SAV ont joué un rôle de premier plan dans ce processus de construction. Le développement d’un tel groupe combattif a permis d’organiser des grèves impressionnantes en 2006 et en 2011. Ces luttes et la conquête de quelques améliorations ont contribué à élargir le noyau militant de base et à paver la voie pour ce nouveau conflit.

    Après la lutte de 2011, le groupe de ver.di a demandé aux travailleurs quelles étaient les questions les plus brûlantes qui devaient être traitées – l’écrasante majorité a souligné que la pression au travail était trop forte et qu’il était nécessaire d’employer plus de travailleurs. Une nouvelle lutte a donc été lancée à la Charité il y a deux ans, conduisant à la première grève dans un hôpital en Allemagne exigeant un contrat de négociation collective qui régit le rapport entre infirmières et patients. Sur base de nombreuses discussions, les revendications concrètes sont maintenant: «pas de nuits prestée seul», ainsi que qu’un rapport entre personnel et patient de 1pour 2 dans l’unité de soins intensifs et de 1 pour 5 dans les services de médecine générale, ce qui signifie concrètement 600 nouveaux emplois au total.

    Nationalement, les hôpitaux souffrent d’un déficit de 162.000 emplois en Allemagne. Le syndicat réclame une loi pour réglementer le rapport patients / infirmières. A la Charité, l’opinion générale est qu’il ne faut pas attendre. Trois militants syndicaux de l’hôpital universitaire d’Essen ont visité le piquet de grève à Berlin en soutien et ont déclaré: «Si vous remporté la victoire, vous ouvrez les vannes» en motivant les travailleurs des autres hôpitaux à suivre cet exemple.

    L’autre Allemagne

    Dans l’un des pays les plus riches de la planète, qui est également la puissance économique majeure de la classe des travailleurs est maintenant confrontée au plus grand secteur à bas salaires sur le continent européen, après la Lettonie. Par habitant, plus d’hôpitaux ont été privatisés qu’aux États-Unis. On estime que 40.000 patients et visiteurs contractent annuellement des maladies mortelles dans les hôpitaux.

    Des piquets de grève actifs et vivants

    Chaque matin, au sein des trois principaux sites de l’hôpital de la Charité implantés dans différentes parties de la ville, les grévistes se réunissent en assemblées. Puis, des «piquets volants» visitent toutes les salles et tentent de convaincre davantage de travailleurs de rejoindre la grève et le syndicat. D’autres groupes se dirigent vers les arrêts de transport en commun, le centre-ville et les quartiers pour distribuer des tracts et coller des affiches de soutien à la grève.

    Mardi, une délégation de la Charité a visité un meeting d’un millier de postiers, eux aussi en grève. La compréhension est bien entendu grande, et l’idée était de voir comment coordonner la riposte et s’apporter un soutien à chacun. Mardi après-midi, 2.000 travailleurs de Charité et sympathisants de la lutte ont manifesté dans le centre-ville de Berlin au sein d’un cortège extrêmement combattif et inspirant. Des délégations de postiers, de travailleurs de chez H&M et d’autres secteurs ont encore étaient elles aussi présentes.

    Des réunions de discussion pour les travailleurs (partiellement organisées par des membres du SAV) au sujet de questions comme les «grèves politiques» ont également lieu pendant la grève.

    La démocratie dans la lutte

    Officiellement, sept syndicalistes font partie de la délégation qui se rend aux négociations, tandis que 21 font partie de la commission chargée d’examiner les revendications et les offres possibles des employeurs. Afin d’impliquer le plus de gens possible dans ces discussions, d’énormes efforts sont entrepris pour construire un corps de «conseillers» dans le but que chaque groupe de travailleurs (infirmières, travailleurs administratifs, travailleurs chargés des questions techniques, etc.) soit impliqué. En outre, des réunions sont régulièrement organisées pour que les grévistes puissent discuter et décider des questions clés. La décision a aussi été prise de ne pas suspendre la grève au cours des négociations.

    Solidarité et soutien public

    Lucy Redler (dirigeante du SAV et porte-parole de la campagne de l’alliance des hôpitaux (“Krankenhausbündnis” en allemand) a commencé son discours lors de la manifestation des grévistes en disant «nous sommes les 99%». Un tabloïde berlinois, le «Berliner Kurier», a rapporté qu’un sondage organisé par leurs soins avait mis en lumière un soutien ou une compréhension de 99% des sondés par rapport aux raisons de la grève. Seul un pour cent s’est dit opposé au mouvement… Les 99% des habitants ne sont très certainement pas favorables à la grève, mais la grande majorité l’est. La société de gestion de la Charité a engagé une agence de publicité pour développer une campagne d’affichage sous le slogan «la grève n’est pas une solution» en imitant la mise en page traditionnelle du syndicat ver.di. Mais il est très difficile de trouver ces affiches ou ces autocollants dans les abords des sites hospitaliers, puisque non seulement les travailleurs mais aussi de nombreux patients les détruisent.

    Il y a deux ans, une alliance («Les Berlinois pour plus de personnel dans les hôpitaux») a été créée pour soutenir la lutte à la Charité, une campagne dans laquelle les membres du SAV ont joué un rôle des plus actifs. Ce vendredi 19 juin, un meeting de 200 personnes a pris place dans les locaux du syndicat du secteur public avec des représentants d’autres hôpitaux mais aussi de Daimler, de Telekom et de nombreux autres lieux de travail et secteurs, qui tous ce sont exprimés en solidarité avec la riposte organisée par le personnel de la Charité.

    Les députés de Die Linke («la gauche», un parti de gauche large à l’intérieur duquel nos camarades du SAV sont impliqués, NDT) ont distribué une déclaration de solidarité avec les grévistes et quelques figures de proue du parti ont visité les piquets de grève. Certaines sections de Die Linke, avec la participation de membres du SAV, ont produit des tracts et des banderoles de solidarité et ont organisé des activités destinées à expliquer l’importance de la lutte dans les quartiers de Berlin. Mais même si les instances dirigeantes de Die Linke à Berlin et au niveau national ont déclaré leur soutien à la grève, elles n’ont pas, jusqu’à présent, utilisé tout le potentiel qui est à leur disposition pour soutenir la lutte.

    Un tournant dans la situation

    Au cours de cette dernière année, la reprise économique généralement anémique en Allemagne a ralenti. Paradoxalement, les problèmes croissants (le manque de demande dans les pays dits «émergents» et la crise de l’euro) ont conduit à une diminution spectaculaire des prix du pétrole et de la valeur de l’euro, ce qui a donné encore un certain coup de pouce à l’économie allemande. Mais l’expérience de l’aggravation des conditions de travail et les augmentations salariales mineures ont alimenté la colère et conduit à une confiance plus élevée parmi une couche de travailleurs pour partir en action.

    Le journal conservateur «Frankfurter Allgemeine Zeitung» appelé ce qui se développe maintenant comme étant une nouvelle «vague de grève». A ce stade, c’est un peu exagéré. Mais avec le débrayage des infirmières des écoles maternelles et des travailleurs sociaux (pour quatre semaines), avec la grève des postiers et celles des conducteurs de train et d’autres secteurs, cette année est déjà celle qui comprend le plus de journées «perdues» en raison d’une grève depuis 1992. Malheureusement, les dirigeants syndicaux ne relient pas ces différents foyers de lutte les uns avec les autres, ce qui est possible et surtout nécessaire.

    Mais l’état d’esprit plus favorable parmi les travailleurs à entrer en conflit en Allemagne va de pair avec une ligne dure adoptée par la classe dirigeante dans de nombreux conflits. Carsten Becker, membre du SAV et porte-parole de du groupe ver.di à la Charité, avait déclaré durant la grève d’avertissement de 48 heures de mai dernier: «Nous n’avons plus de patience, mais nous avons de longue endurance.» Cela pourrait bien être nécessaire dans le conflit qui a éclaté à la Charité.

  • Allemagne : Qu'y a-t-il derrière les manifestations anti-immigrés PEGIDA ?

    Les syndicats et la gauche doivent s’organiser contre le racisme et pour des conditions de vie décentes pour tous !

    Ces dernières semaines, les manifestations ont été croissantes en Allemagne en faveur ou contre Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident, en allemand : Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes, dont l’abréviation est PEGIDA). Ce mouvement a commencé en octobre dernier, dans la ville de Dresde, en Saxe, à l’Est de l’Allemagne. Pegida a gagné de l’élan et ses “manifestations du lundi” hebdomadaires à Dresde sont passées de mobilisations fortes de quelques centaines de personnes (le 20 octobre) à plusieurs milliers juste avant le Nouvel An.

    Wolfram Klein, SAV (section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL)

    Des manifestations similaires ont eu lieu, à bien plus petite échelle, dans d’autres villes du pays, mais il y a surtout eu l’émergence d’une vague de contre-manifestations bien plus puissante avec jusqu’à 35.000 participants.

    Selon les rapports qu’en ont livré les médias allemands, le 12 janvier, un peu plus de 30.000 personnes ont participé à des manifestations Pegida dans diverses villes d’Allemagne alors que défilaient plus de 100.000 manifestants anti-Pegida. Le plus grand rassemblement de Pediga a pris place à Dresde, avec 25.000 personnes, mais à Leipzig, une autre ville saxonne distante de Dresde de 115 km, 4.800 manifestants Pegida ont fait face à 30.000 contre-manifestants.

    Les “manifestations du lundi”

    Les manifestations Pegida ont commencé par une mobilisation essentiellement effectuée via les médias sociaux pour des “manifestations du lundi”, en référence à la tradition de la révolution qui a commencé à l’automne 1989 dans l’Allemagne de l’Est stalinienne. Des “manifestations du lundi” avaient alors commencé à Leipzig, le mouvement devenant ensuite rapidement massif et répandu à travers toute l’Allemagne de l’Est. Ces mobilisations ont joué un grand rôle dans le renversement du régime stalinien. Ce mouvement, qui a commencé comme une révolution politique exigeant des droits démocratiques et opposé à l’élite bureaucratique stalinienne, s’est terminé par la restauration du capitalisme. En 1990, la classe dirigeante allemande a saisi l’occasion pour réunifier le pays sur base du système en vigueur à l’Ouest.

    Depuis lors, cette tradition de protestation a été ravivée à plusieurs reprises. En 1991, des manifestations de masse ont pris place les lundis contre les pertes d’emplois monumentales en Allemagne de l’Est qui accompagnaient la privatisation de l’ancienne économie planifiée. En 2004, des manifestations du lundi ont pris à nouveau leur envol à l’Est du pays (également à l’Ouest, mais de façon plus limitée) contre l’introduction de mesures d’austérité (les fameuses «lois Hartz»). Au printemps 2014 encore, de plus petites « veillées du lundi pour la paix » ont été organisées. Dans de nombreux cas, elles combinaient une opposition à l’attitude agressive de l’impérialisme occidental dans le cadre du conflit ukrainien avec des idées confuses et réactionnaires (théories conspirationnistes, soutien à Poutine, etc.)

    Pegida prétend se situer dans la lignée de cette tradition. Ils utilisent des slogans issus de 1989 (en particulier « Nous sommes le peuple »), mais en y accolant un caractère totalement réactionnaire.

    Lutz Bachmann, le principal organisateur des manifestations Pegida, a un volumineux casier judiciaire qui compile agression, cambriolage, vol, possession de drogues illicites, etc. En 1998, il a fui en Afrique du Sud afin d’éviter une peine de prison, mais a ensuite été expulsé vers l’Allemagne. C’est cet homme qui veut maintenant inciter à la haine contre les étrangers prétendument « criminels ».

    Il explique que son appel à ces manifestation fait suite à son opposition à une manifestation du peuple kurde en octobre 2014. Cette manifestation était une démonstration de solidarité avec la ville syrienne de Kobané, qui résiste à l’Etat Islamique (Daesh). Ce mouvement qui s’affiche anti-islamisation a donc initialement été motivé par la haine contre ceux-là mêmes qui sont les combattants les plus déterminés contre l’islam politique réactionnaire…

    La peur de « l’islamisation » est de toute façon profondément irrationnelle. Seuls 5% environ de la population allemande sont des musulmans. Les démographes parlent d’une hausse de ce chiffre jusqu’à 7% en 2030. En Saxe, on trouve moins d’1% de musulmans. D’autre part, en Allemagne de l’Est, il ne subsiste plus de forte tradition chrétienne. Plus de 75% de la population saxonne ne sont affiliés à aucune religion, selon un recensement de 2011. Il est donc totalement faux d’invoquer la tradition de l’Occident judéo-chrétien comme le fait le porte-parole de Pegida. De plus, une grande partie de la véritable histoire du christianisme organisé en Europe a été marquée par un anti-judaïsme vicieux.

    Mais de telles distorsions de l’Histoire illustrent surtout que Pegida tente d’éviter les étiquettes traditionnelles de l’extrême droite, comme l’antisémitisme. Dans leur liste de revendications initiale, ils affirment être en faveur du droit d’asile pour les personnes persécutées ou fuyant la guerre. Les organisateurs de Pegida prétendent qu’ils sont seulement opposés aux réfugiés économiques, aux criminels et ainsi de suite. Mais tous les rapports de ces manifestations du lundi indiquent clairement que ces allégations ne sont que du camouflage.

    Des petits-bourgeois désespérés et en colère

    Comment expliquer un tel mouvement de masse irrationnel ? Beaucoup de ceux qui protestent à Dresde sont issus de la classe moyenne. Il s’agit typiquement d’un mouvement de la classe moyenne craignant sa déchéance sociale. Au début des années ’90, beaucoup de gens ont perdu leur emploi après la restauration du capitalisme en Allemagne de l’Est. Parmi eux, une certaine couche a essayé de devenir indépendants : artisans, professions libérales, etc. Ils ont travaillé dur pour joindre les deux bouts et ont peur que leur situation économique s’aggrave et qu’ils connaissent la faillite. La situation économique en Allemagne reste meilleure qu’ailleurs en Europe, mais la croissance économique fut très maigre ces dernières années.

    D’autre part, certains peuvent facilement avoir l’impression que l’Allemagne est un îlot de stabilité isolé dans un océan de crise et menacé d’être submergé par les eaux. La crainte du déclin social individuel se combine donc à la crainte du déclin social collectif de l’Allemagne. Pour ceux qui ne considèrent pas que la solution réside dans la lutte de classe et dans la défense d’une alternative socialiste contre la crise du capitalisme, il semble naturel de voir le nationalisme comme un moyen de protéger de l’île « Allemagne » contre les crises qui l’entourent. C’est d’autant plus le cas avec l’utilisation du nationalisme et du racisme par les médias et les politiciens capitalistes dans leur logique de diviser pour régner.

    À la fin des années ’80 et au début des années ’90, une grande campagne de propagande avait pris pour cible les demandeurs d’asile. Et depuis les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans sont dépeints comme étant violents et arriérés. Les tabloïds publient des rapports ridicules au sujet de la déchristianisation et de l’islamisation: des « marchés de Noël » qui seraient renommés « marchés d’Hiver », des chants musulmans qui feraient leur apparition aux messes de Noël et ainsi de suite. Depuis 2010, les médias et les politiciens capitalistes allemands ont également attisé les préjugés contre les «paresseux» du Sud de l’Europe (en particulier contre les Grecs).

    Il y a deux ans, un nouveau parti a été fondé : l’AFD (Alliance pour l’Allemagne). Son caractère est encore flou puisqu’il s’agit d’un nouveau parti, mais on trouve en son sein des tendances populistes de droite et conservatrices. Son thème de campagne initial était la crise de l’euro et la revendication que l’Allemagne quitte la zone euro mais pas l’Union. Depuis lors, l’AFD s’est prononcées sur d’autres questions. Aux élections générales de 2013, l’AFD a raté de peu le seuil des 5% pour faire son entrée au Parlement. Mais depuis lors, des élus ont été obtenus au Parlement européen ainsi qu’aux trois parlements régionaux d’Allemagne de l’Est (notamment en Saxe).

    Au cours des onze premiers mois de 2014, en conséquence notamment de la guerre civile en Syrie, le nombre de demandeurs d’asile a augmenté de 55%. En plusieurs endroits, de nouveaux centres d’accueil ont été ouverts. Dans la plupart des cas, des fascistes et autres racistes ont organisé des protestations contre ces nouveaux refuges. Les attaques contre les centres d’accueil pour demandeurs d’asile ont triplé en Saxe durant l’année 2014.

    Un facteur important à considérer est le sentiment de n’être pas représenté au sommet de la société pour les habitants des régions de l’Est. Comme l’a déclaré le président du Conseil des migrations, de nombreux Allemands de l’Est “estiment qu’ils n’ont pas de voix”. La classe dirigeante est massivement d’Allemagne de l’Ouest en dépit du fait que les deux postes officiels les plus élevés dans la structure politique formelle – le président et la chancelière – sont actuellement détenus par des Allemands de l’Est.

    Malheureusement, Die Linke (le parti de gauche), en dépit de sa forte base électorale à l’Est, n’a pas été en mesure de mener des campagnes soutenues offrant des perspectives. C’est une des raisons pour lesquelles les résultats électoraux ont montré que le terrain était fertile pour les idées d’extrême droite à Dresde. Aux élections locales de mai 2014, 18.341 personnes (soit 2,8%) y ont voté pour le parti d’extrême droite NPD, tandis que 46.309 personnes (soit 7%) ont voté pour l’AFD.

    Une des raisons qui expliquent ces idées racistes en Allemagne de l’Est est le faible pourcentage d’immigrés, qui signifie que de nombreux habitants n’ont guère d’expérience personnelle avec des personnes d’origine étrangère. Leur vision des choses est profondément façonnée par les idées racistes propagées par les tabloïds et les autres médias de masse.

    Certains commentateurs pro-establishment sont irrités du fait que les manifestations à Dresde vont au-delà des habituels militants d’extrême droite. Ils affirment que de nombreux manifestants sont issu « du coeur de la société ». C’est vrai. Mais le racisme, la xénophobie et l’islamophobie sont très répandus dans ce « coeur de la société », en particulier chez la classe moyenne.

    Il serait toutefois erroné de considérer la montée de Pegida comme inévitable. Les petits-bourgeois ne sont pas automatiquement des réactionnaires racistes. En réalité, beaucoup parmi ceux qui ont participé aux contre-manifestations vivent dans des circonstances économiques et sociales similaires. Si le mouvement des travailleurs offrait une solution à la crise du capitalisme, il rallierait à lui de larges couches de la classe moyenne. Malheureusement, le niveau de lutte de classe a été faible en Allemagne ces dernières années. Die Linke n’offre pas non plus d’alternative claire.

    En Saxe, Die Linke est dominé par son aile droite. A Dresde, la majorité des conseillers municipaux du parti ont même voté pour la vente des 48.000 logements sociaux de la ville en 2006. Cela a conduit à une scission entre conseillers du parti, mais cela a discrédité Die Linke dans son ensemble. Les forces de gauche et antifascistes auraient pu étouffer le développement de Pegida s’ils avaient mobilisé des contre-manifestations tant que Pegida était encore un petit mouvement. Mais cette occasion a été manquée.

    Ailleurs qu’à Dresde

    Dans le reste de l’Allemagne, les antifascistes ont tirer la leçon de cette erreur. Depuis décembre, plusieurs tentatives d’imiter Pegida dans d’autres endroits ont été faites. Dans la plupart des cas, les organisateurs étaient d’organisations populistes de droite ou d’extrême droite. Ces mobilisations étaient limitées (tout comme les premières manifestation de Pegida à Dresde) mais elles ont directement été contrées par des contre-manifestations. Souvent, des blocages de milliers de personnes ont empêché ces manifestations d’arriver à destination, comme à Cologne et à Berlin le 5 janvier 2015. Les membres d’Alternative Socialsite (SAV, section allemande du CIO) ont dès le début participé à ces manifestations.

    La position adoptée par la classe dirigeante est contradictoire. Elle est intéressée par le maintien de son arme de diviser pour régner et ainsi susciter l’islamophobie et le racisme pour détourner l’attention des vrais problèmes quand elle l’estime nécessaire. Mais, à l’heure actuelle, elle est totalement opposée au développement d’un mouvement raciste comme Pegida, qui peut introduire des éléments d’instabilité et devenir hors de contrôle. Il peut dissuader des touristes étrangers et des travailleurs qualifiés de venir en Allemagne, alors que le capitalisme allemand veut faire face à sa population déclinante. Malgré la récente immigration élevée, la population du pays a tout de même diminué de plus d’un million de personnes depuis 2008. Les employeurs soulignent leur besoin d’importer des travailleurs, même si cela peut encore vite changer dès lors que l’économie allemande entre en récession. Dans une situation où les salaires ont été diminués depuis des années et alors que les loyers s’envolent dans certaines villes tandis que d’autres régions du pays (en particulier à l’Est) souffrent du dépeuplement, les appels des employeurs pour des travailleurs immigrés peuvent donner lieu à un certain ressentiment.

    Les principaux politiciens capitalistes ont peur de perdre des voix au profit de l’AFD si ce parti est renforcée par Pegida. Les médias et les politiciens capitalistes appellent donc à des contre-manifestations contre Pegida (mais pas au blocage de leurs marches). Leur position est contradictoire. D’un côté, ils aident à mobiliser comme pour les 35.000 personnes qui ont manifesté contre Pegida à Dresde le 10 janvier 2015. de l’autre, ils ne sont pas crédibles en attaquant Pegida puisqu’ils participent aux expulsions de demandeurs d’asile et partagent la responsabilité du véritable charnier pour réfugiés qu’est devenue la Mer Méditerranée. Ils divisent les immigrés entre «bons» (les travailleurs qualifiés dont a besoin le capitalisme allemand) et «mauvais» (le reste).

    Lors des manifestations anti-Pediga, les membres du SAV ont dénoncé toute cette hypocrisie. La plupart des appels lors de ces mobilisations sont principalement basé sur le moralisme, sur la tolérance, la diversité,… Ces appels ne peuvent convaincre que des convaincus. Le moralisme est totalement incapable de répondre au sentiment d’insécurité (conséquence des nombreuses crises du capitalisme) et aux préjugés racistes qui se combinent dans les manifestations Pegida. Si le mouvement anti-Pegida n’est pas en mesure de répondre à ces préoccupations réelles, alors une nouvelle crise économique, de nouvelles guerres ou des attaques terroristes comme cela a eu lieu à Paris fourniront de nouvelles recrues à Pegida.

    Après l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo

    Les islamophobes de Pegida affirment que leur action a reçu une justification avec les attaques terroristes de la semaine dernière à Paris. Ils ont annoncé qu’ils allaient utiliser leur manifestation du lundi 12 janvier comme une « marches commémoratives » en hommage aux victimes. Il s’agit d’une nouvelle preuve d’hypocrisie puisque Charlie Hebdo est attaqué par les homologues français de Pegida. En fait, les organisateurs de Pegida et les fanatiques de l’islam politique réactionnaire ont beaucoup en commun. Ils ignorent les antagonismes de classe et propagent à la place l’idée d’un «choc des cultures». Tous deux haïssent la gauche, le mouvement organisé des travailleurs et les droits démocratiques.

    Après les attaques terroristes commises à Paris, les défenseurs des idées du socialisme ont insisté sur la nécessité de défendre le droit et la liberté d’expression. Certains pourraient considérer les blocages contre les manifestations Pegida comme contraires à cette position politique. Mais ces marches ne sont aucunement une application de la liberté d’expression. Au cours de ces dernières semaines, la violence fasciste contre les immigrés et les militants de gauche a augmenté. Les succès de Pegida encouragent cette violence. Les mobilisations visant à décourager cette tendance, y compris par des blocages de masse, sont tout à fait légitimes.

    Les revendications du SAV

    En décembre dernier, le SAV a décidé de placer en priorité de son travail les thèmes de la guerre, des réfugiés et du racisme.

    Après les grandes manifestations anti-Pegida du 5 janvier, nous avons produit une édition spéciale de notre journal avec une série d’arguments contre Pegida et des propositions destinées à aider à la construction du mouvement anti-Pediga. Le racisme n’est pas seulement orienté contre les immigrés, il sert à diviser et affaiblir la classe des travailleurs. Nous appelons les syndicats et Die Linke à organiser une campagne d’information contre le racisme et Pegida avec distribution de tracts sur les lieux de travail et dans les quartiers et organisations de rassemblements de masse et d’une manifestation nationale.

    Nous appelons à une lutte commune des travailleurs allemands et immigrés, avec et sans emploi, pour défendre un enseignement de qualité, une meilleure protection sociale ainsi que l’accès de chacun à de bons logements et à des emplois décents. Nous dénonçons aussi le racisme d’Etat et l’Europe-Forteresse, les exportations d’armes et les déploiements de l’armée allemande à l’étranger. Tout cela culmine à la revendication de la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des banques et des secteurs-clés de l’économie dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée et respectueuse de l’environnement et d’une démocratie socialiste mondiale.

  • Protestation anti-immigrés en Allemagne

    pegida-300x160Dans toute l’Europe occidentale, l’extrême droite a en ce moment les yeux rivés sur l’Allemagne où le groupe anti-immigrés Pegida (Patriotische Europäer Gegen die Islamisierung des Abendlandes, Européens Patriotiques contre l’Islamisation de l’Occident) a réussi à mobiliser 15 000 personnes à Dresde. Ce groupe se présente comme un mouvement citoyen contre l’islamisation, mais il s’agit en fait d’une tentative de mettre en avant l’antipathie envers tous les migrants.

    D’ailleurs les néo-nazis de tous horizons prennent le train en marche. C’est une évolution dangereuse parce que le sol est pavé de violence raciste et de divisions au sein de la population active.

    Les dirigeants de Pegida profitent de la terreur engendrée par l’État Islamique (EI) pour mettre tous les musulmans dans le même sac. Dans le même temps, ce groupe proteste contre les personnes fuyant l’EI et qui débarquent en Allemagne. Le succès relatif de Pegida renforce les néo-nazis et conduit à la violence. C’est ainsi qu’il y a eu notamment un incendie criminel dans un centre pour réfugiés à Vorra, près de Nuremberg.

    Il y a également un mouvement de protestation contre Pegida. Le 15 décembre dernier, il y avait à Dresde, 9000 contre-manifestants et à Munich le 22 décembre, pas moins de 25 000. Il y a aussi eu des manifestations entre autres à Bonn et à Cassel. Là où des groupes émanant de Pegida, habituellement des néo-nazis, organisent des actions locales, ils se heurtent invariablement à des protestations. Mais il n’y a pas de coordination nationale de cette protestation antiraciste et alors que des membres aussi bien des syndicats que du parti Die Linke sont présents, ni la direction du syndicat, ni celle du parti Die Linke ne prend d’initiatives.

    Pourtant, il doit être très clair que tout ce qui divise le mouvement des travailleurs, l’affaiblit également. La firme de distribution Amazon a fait parler d’elle à plusieurs reprises dans les médias ces derniers mois à cause d’actions de grève. À Amazon les travailleurs sont issus d’environ 50 pays différents. Les grévistes d’Amazon ont également bénéficié de l’appui de leurs collègues polonais, une partie des envois passant par ce pays. Si le personnel est divisé, il est plus faible et ne peut pas gagner. Cela vaut pour le personnel d’Amazon, mais tout autant pour l’ensemble du mouvement des travailleurs.

    Une protestation de masse contre Pegida et contre le racisme est nécessaire et il faut aussi que les syndicats mobilisent sur les lieux de travail en organisant des discussions lors des réunions de militants ou entre collègues, et en distribuant des tracts. À Cassel, une discussion sur une variante locale de Pegida a déjà eu lieu, par exemple, lors d’une réunion du personnel chez Volkswagen. Les syndicats doivent également soutenir les réfugiés et lutter avec eux. Il s’agit souvent de personnes qui étaient syndicalement ou politiquement actives dans leur pays d’origine.

    Pegida & Co tirent profit de véritables pénuries en matière de logement, de soins de santé médiocres et des problèmes dans l’enseignement. Cependant, ces problèmes ne sont pas de la responsabilité des immigrés, mais bien de celle des politiciens allemands et des entreprises capitalistes.

    Pour arrêter les protestations contre les immigrés, les contre-actions devraient être de plus grande ampleur et une journée nationale d’action avec une grande manifestation est nécessaire. Cela permettrait également de renforcer les actions locales. Il ne faut pas compter sur les partis établis pour mettre fin au racisme, leur politique renforce les préjugés et la dégradation sociale, laquelle permet ensuite aux divisions de se développer. Une réponse indépendante de la gauche est nécessaire, par laquelle l’opposition au racisme doit être couplée à une lutte unifiée de tous les travailleurs et chômeurs pour des salaires plus élevés, de meilleures conditions de travail, des logements abordables et de bonnes allocations sociales, …

  • Fermeture de l’usine Opel à Bochum – pas de riposte ?

    Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, une usine automobile (celle d’Opel à Bochum, qui appartient à General Motors) est sur le point de fermer en Allemagne. Afin de sauver l’emploi, nous défendons la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs, sous le contrôle des travailleurs, avec par exemple l’instauration d’une semaine de travail de 30 heures sans perte de salaire.

    Stephan Kimmerle, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Au cours de la nuit du 9 au 10 septembre dernier, 150 travailleurs d’Opel, écœurés par les plans de restructuration, sont entrés en grève spontanée après un meeting de 17 heures organisé par leur comité d’entreprise. Durant le meeting, la colère bouillonnante de ces travailleurs qui réclament la garantie de l’avenir de leurs postes, de leurs familles et de leur région était très visible. Cette grève a toutefois subi d’énormes pressions patronales, sans recevoir le soutien du syndicat. C’est ce qui a permis à la direction de parvenir à mettre fin à la grève et d’empêcher son extension aux travailleurs qui arrivaient le matin.

    La région de la Ruhr, déjà appauvrie, souffrira des énormes conséquences de la fermeture d’Opel. Mais la résistance est des plus limitées, en net contraste avec les traditions militantes de cette usine qui a connu nombre de grèves. Parmi elles, une grève spontanée et non-reconnue par le sommet syndical avait éclaté en 2004 et avait duré 6 jours pour protester contre le licenciement de milliers de travailleurs. Une autre, en 2000, avait résisté à la délocalisation et la division des travailleurs.

    Mais cette fois, aucune résistance n’aura été opposée au coup de grâce contre ces 5000 travailleurs (3200 dans l’usine et environ 2000 chez les fournisseurs directs et les sous-traitants sur le site), malgré des traditions combatives.

    En mars 2013, plus de trois quarts des travailleurs de Bochum avaient rejeté un accord proposé par la direction au syndicat IG Metall et au comité d’entreprise. En échange de vagues promesses, les travailleurs devaient accepter de mettre un terme à la production de voitures en 2016, d’être moins bien payés, et d’abandonner les conventions collectives et toute possibilité de promotion. Alors que toutes les usines d’Opel en Allemagne ont été contraintes par le syndicat et le comité d’entreprise à accepter ce plan, les travailleurs de Bochum ont refusé de financer leurs propres funérailles avec des réductions salariales.

    En riposte, la direction de General Motors a annoncé en avril 2013 la fermeture définitive de l’usine pour fin 2014. 5 mois plus tard, rien n’a changé, et aucune piste n’a été avancée pour contre-attaquer.

    Une attaque de la direction en accord avec les syndicats

    Il y a en Europe un surplus de 7 millions de voitures (Financial Times, 1er août 2013). Sur un marché en déclin généralisé, Opel se porte particulièrement mal. Ses parts de marché en Europe de l’Ouest sont passées de 11% en 2011 à 6,8% au premier semestre 2013. Le syndicat allemand IG Metall a déclaré que les usines Opel en Europe fonctionnent à 50% de leurs capacités.

    General Motors a mis fin à la production à Anvers en décembre 2010. Les travailleurs des autres usines ont été menacés et forcés à accepter des conditions de travail et des salaires inférieurs.

    Au centre du problème, la soumission des syndicats et des comités d’entreprise à la ‘‘course vers le fond’’ : un plan de chantage visant à diviser les travailleurs pour assurer la logique de compétitivité et de profits des patrons.

    En mai 2012, le syndicat britannique Unite a accepté des horaires plus lourds, une perte de salaire, plus de flexibilité, et même un relais des équipes le week-end pour faire gagner à la direction le conflit interne sur les futurs modèles et la production. Pour ‘‘sauvegarder’’ les postes à Ellesmere Port près de Liverpool, Unite a même insisté pour qu’en échange de réductions de salaires, la direction promette de ne plus produire le modèle Astra dans plus d’une usine, alors que la production était encore en cours dans deux autres.

    Certains délégués syndicaux d’Ellesmere Port étaient véritablement convaincus qu’il n’existait pas d’alternative à ces concessions. Mais le rôle des représentants syndicaux devrait être d’expliquer clairement la situation et de préparer les travailleurs à de futures batailles. Mais à la place, ils ont causé un effet démoralisateur et démobilisant en faisant de ces concessions une stratégie pour ‘‘sauver’’ l’emploi. En pratique, une couche de dirigeants d’Unite a accepté cette prétendue ‘‘perte inévitable’’ d’emplois et d’usines dans le cadre de la crise capitaliste de la production automobile en Europe.

    En juin 2012, le syndicat IG Metall a accepté de ne pas accorder l’augmentation de 4,3% à laquelle les travailleurs d’Opel avaient droit selon leur contrat. Cela faisait partie du “Deutschland-Plan” (plan pour l’Allemagne) visant à augmenter la compétitivité de l’entreprise face à d’autres entreprises appartenant à General Motors. Ce plan comprenait déjà la fermeture de l’usine de Bochum en 2016. La production de l’Astra, le modèle le plus important pour Opel, sera délocalisé hors d’Allemagne.

    Cependant, la stratégie des concessions ne paie pas. Le ‘‘vainqueur’’ principal (à long terme, il s’agit de toute façon des patrons) semble ne pas être Ellesmere Port, mais bien l’usine polonaise de General Motors à Gliwice. L’année dernière, Ellesmere Port a vu sa production baisser. Les travailleurs ont été contraints à une semaine de 4 jours et la production a cessé durant une semaine.

    Le soutien des dirigeants des comités d’entreprise de Rüsselsheim près de Francfort contre l’usine de Bochum a entraîné l’arrêt de la production de l’Astra et n’a été compensé que par le transfert de la production du modèle Zafira de Bochum à Rüsselsheim. Leur propre avenir est incertain.

    Dans ce jeu du patronat, tous les travailleurs sont perdants, seul leur degré de souffrance change. Les décisions de la direction ont déjà été approuvées de facto par les comités d’entreprise et les syndicats européens.

    Une stratégie pour sauver l’emploi

    Le directeur des comités d’entreprise d’Opel en Allemagne, Wolfgang Schäfer-Klug, a défendu le “Deutschland-Plan’’ et toutes ses concessions pour ‘‘défendre’’ les emplois en Allemagne, tout en critiquant de manière hypocrite le syndicat britannique pour ses concessions.

    Le dirigeant d’IG Metall a même indiqué que les traditions combatives de Bochum ont mené à la fermeture de l’usine. Dans une interview, il a déclaré que ‘‘le radicalisme excessif peut au final remettre le futur d’un site en question.’’ Les patrons de General Motors ont peut-être bien choisi de punir Bochum à cause de son passé rebelle. L’entreprise pense d’ailleurs cesser sa production en Corée du Sud à cause de la force des syndicats et de l’effet des récentes grèves là-bas. Cependant, sans la résistance combative des travailleurs de Bochum, l’usine aurait déjà fermé il y a longtemps ! Il est du devoir des syndicats et des dirigeants comme Wolfgang Schäfer-Klug de défendre ses traditions, pas de les jeter à la poubelle.

    Malgré son argumentaire contre le “Deutschland-Plan’’ et ses encouragements aux travailleurs de Bochum pour qu’ils votent contre, le dirigeant du comité d’entreprise de Bochum, Rainer Einenkel, n’a proposé aucune alternative de lutte. Au contraire, il a appelé à la ‘‘prudence’’, sans faire quoi que ce soit d’autre. Sa stratégie semble être d’espérer renégocier les termes du contrat avec General Motors. Il les appelle à ne pas endommager davantage l’image d’Opel en fermant l’usine de la Ruhr. Il a aussi symboliquement attaqué Opel en justice pour que l’usine ne soit pas fermée.

    Pour une semaine de 30 heures chez General Motors sans perte de salaire!

    Nous avons besoin d’une réelle stratégie pour mettre fin aux plans de la direction et défendre tous les emplois et toutes les usines. Le premier pas, c’est de mobiliser et de contre-attaquer immédiatement. Il faut décréter la grève.

    IG Metall en Allemagne, Unite en Grande-Bretagne, et d’autres syndicats ont le pouvoir d’organiser la résistance. Il faut pousser leur direction vers l’avant. Cependant, les travailleurs de Bochum ne peuvent pas attendre le réveil ou le remplacement de la direction. Il faut un mouvement de la base, qui démarrerait avec une grève et l’envoi de délégués dans d’autres usines pour ouvrir le débat sur la manière de défendre les emplois et les usines. Cela pourrait trouver un écho favorable dans la région de la Ruhr.

    Un tel mouvement a besoin d’une solution pour gagner. A Bochum, les travailleurs peuvent lier leur lutte pour la défense de tous les emplois à la demande du gouvernement fédéral et de l’Etat régional de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie de nationaliser l’usine et d’en arrêter le déclin. Sous le contrôle des travailleurs, une stratégie peut être développée afin d’utiliser l’usine et sa main d’œuvre qualifiée pour produire des bien socialement nécessaires, et pas seulement des voitures.

    Comme General Motors ne désire pas continuer à faire tourner ses usines sans licenciements ou attaques sur les droits des travailleurs, elles devraient être nationalisées sous le contrôle des travailleurs. Un plan d’urgence de production pourrait être décidé pour utiliser les ressources de ces travailleurs talentueux et celles des usines. Là où c’est nécessaire, on pourrait remplacer la production de voitures par la production d’autres biens socialement nécessaires. Ces usines ne seraient alors plus sources de chômage, mais d’apprentissage et d’emplois pour les jeunes.

    General Motors a annoncé de nouveaux profits tout en attaquant les emplois et les conditions de travail des travailleurs. Que General Motors rendent ses comptes publics, et pas que eux d’Opel et Vauxhall ! Que les travailleurs sachent où sont allés les gigantesques profits, les baisses d’impôts et les subsides !

    Pour répandre la lutte, il faut aussi une stratégie pour mettre fin à la politique de division. L’argument principal de la direction, et aussi malheureusement celui des syndicats de droite, c’est la crise de surproduction qui touche l’industrie automobile. C’est la base de la stratégie visant à diviser les travailleurs des différentes usines. En ce moment, les travailleurs de Rüsselsheim, Ellesmere Port ou Gliwice espèrent bénéficier d’une certaine manière de la fermeture de Bochum.

    Un premier pas pour mettre fin à cet argument serait une campagne immédiate pour la réduction des heures de travail : pour une semaine de 30 heures sans perte de salaire dans les usines de General Motors (Opel, Vauxhell) en Europe et ailleurs. Cela donnerait un exemple aux travailleurs de l’automobile d’autres entreprises, qui les pousserait à ne pas accepter la surproduction comme un problème, mais à partager la charge de travail et à faire payer les patrons.

    Encore une fois, cela serait bien plus efficace si les directions syndicales faisaient leur travail… Mais sans avoir à les attendre, des visites de délégations de la base dans d’autres usines pourraient élargir le mouvement de protestation. Les militants syndicaux devraient faire campagne pour exiger la fin de la division des travailleurs au sein des syndicats, et défendre les emplois, les conditions de travail et les salaires.

    Cela aidera aussi les travailleurs de Bochum, qui se sentent abandonnés par les collègues des autres usines à cause de la politique des syndicats. Cela mettrait fin à l’isolement et créerait un mouvement de lutte généralisé capable de mobiliser l’énergie nécessaire pour une riposte efficace.

    Il faut une direction combative pour organiser cette lutte unifiée. Cela créerait la base pour mobiliser les travailleurs pour sauvegarder toutes les usines. Les syndicats doivent être transformés en outils combatifs, basés sur la démocratie interne. Ils doivent nouer des liens étroits entre les travailleurs partout en Europe et dans le monde. Un mouvement militant des travailleurs et des syndicats est essentiel afin de lutter pour ces changements, développer de nouveaux liens entre les représentants des travailleurs de différentes usines et de différents pays pour faire tomber les barrières et unir la résistance.

  • Allemagne : Merkel réelue… mais l’avenir reste instable

    Malgré le succès électoral de la coalition CDU/CSU (Union Démocratique Allemande et Union Chrétienne de Bavière) d’Angela Merkel, les élections législatives allemandes du week-end dernier ont été le reflet de l’aliénation de vastes couches de la population vis-à-vis des partis de l’establishment et des institutions de la démocratie capitaliste. Vu l’intensification attendue de la crise de la zone euro et le ralentissement de l’économie mondiale, le nouveau gouvernement sera confronté à une instabilité croissante, et des attaques contre le niveau de vie de la population seront de nouveau à l’agenda.

    Sascha Stanicic, porte-parole de Sozialistische Alternative (CIO-Allemagne)

    La croissance de l’électorat du CDU/CSU ne peut nous faire oublier que la coalition ‘‘noire et jaune’’ CDU/CSU et Parti libéral démocrate (FDP) a été démise de ses fonctions et a perdu 735.000 voix. Le triomphe de Merkel et sa majorité quasi absolue au Bundestag (parlement national) ont occulté ce fait, mais cela aura des conséquences sur les développements à venir en Allemagne.

    Depuis plus de 60 ans, le FDP est vu comme un groupe de pression de capitalistes organisés en parti. Ce parti a toujours été le premier à exiger des attaques contre le niveau de vie et les droits de la classe des travailleurs. Son échec aux élections de 2013 représente un sérieux problème pour la classe capitaliste. C’est la conséquence de l’échec de la propagande des libéraux concernant les pseudos droits civils, une propagande qui a sans cesse eu plus de peine à cacher leur caractère néolibéral. Nombreux sont ceux à avoir accusé le FDP d’être responsable de la polarisation sociale de la société allemande. Lorsqu’il s’est avéré que ce ‘‘petit parti du grand capital’’ n’avait pas réintégré le Bundestag pour la première fois de l’histoire de la République Fédérale Allemande, de nombreuses personnes ont laissé exploser leur joie. Son avenir est incertain. Le parti n’a plus que de faibles représentations dans les parlements et les gouvernements fédéraux. Mais il n’est pas exclu que le FDP s’oriente vers une direction plus nationale-libérale, en comptant subsister en reposant sur le populisme de droite.

    L’augmentation des suffrages accordés à Merkel reflète la relative stabilité économique d’un pays entouré d’Etats qui s’embourbent de plus en plus profondément dans la crise de l’euro. Merkel a également consenti à quelques concessions mineures, comme l’annulation de certains frais lors des consultations médicales. Un commentateur a expliqué à la télévision que ‘‘les Allemands ont voté pour la sécurité.’’ Il est vrai que, dans une certaine mesure, l’augmentation de l’électorat du CDU/CSU reflète le sentiment, partagé par de nombreuses personnes, selon lequel Merkel a empêché le pire dans un contexte de crise économique internationale. Mais elle ne peut pas pour autant compter sur un soutien actif, et encore moins sur de l’euphorie. Quand on parle de questions concrètes, l’orientation politique de la population est différente, ce qui a encore récemment été illustré à Hambourg, où se tenait un référendum le même jour que les élections ; et une petite majorité des habitants a voté ‘‘oui’’ à la renationalisation du réseau électrique local.

    La victoire de Merkel ne constitue jamais qu’un des aspects de ces élections. L’autre, c’est que jamais auparavant une si grosse partie de l’électorat ne sera pas du tout représentée au parlement. Le taux de participation aux élections n’a que marginalement augmenté (70,8% lors des dernières élections fédérales pour 71,5% cette année), ce qui en fait la seconde participation la plus basse depuis 1945. Plus de 15% des votes sont allés à des partis qui n’ont pas atteint les 5% requis pour entrer au parlement. Jamais auparavant si peu de votes (43%) ont suffi pour former un gouvernement : cela ne représente que 30% de l’électorat. Même une ‘‘grande coalition’’ gouvernementale (où le CDU/CSU se retrouverait aux côtés des sociaux-démocrates du SPD) ne représentera qu’une minorité de la population. Plus de 40% des électeurs se sont soit abstenus, soit ont voté pour de petits partis, et ne sont donc pas du tout représentés au Bundestag.

    Ces dernières années, les élections ont suivi un mouvement de balancier, reflet de la volatilité de l’électorat des partis politiques. Les gros succès électoraux, comme ceux du FDP et des Verts dans la passé, sont rapidement oubliés, et la scène électorale reste très changeante.

    ‘Alternative pour l’Allemagne’

    Merkel a réussi à faire l’impasse sur la crise de l’euro pendant sa campagne. Mais le succès du parti ‘‘Alternative pour l’Allemagne’’ (AfD), un parti de droite appelant à l’abolition de l’euro, démontre, avec les potentiels votes de protestation, qu’il s’agit d’un problème important pour une partie de la population. Un problème qui va empirer. Vu la situation, ce fut une erreur de la part de Die Linke (‘‘La Gauche’’) de na pas centrer davantage sa campagne sur le rejet des fonds de sauvetage accordés aux banques.

    Le fait que Die Linke ait perdu des voix au profit de l’AfD doit être considéré comme un avertissement. Même si le futur de l’AfD reste encore à écrire, il se peut que le parti n’en reste pas au stade du phénomène éphémère. L’AfD a occupé une partie de la scène politique, portion qui s’agrandira à mesure que la crise de l’euro se creusera. Le parti a réussi à se construire dans tout le pays, et dispose de moyens financiers conséquents. L’AfD a été suffisamment maligne pour éviter d’endosser une image raciste ou trop radicalement nationaliste tout en parvenant à mobiliser l’électorat d’extrême droite. Le parti a de bonnes chances d’accéder au Parlement européen après les élections de l’année prochaine. Il pourrait aussi se baser sur l’euroscepticisme croissant, qui ne fera que croître, surtout si Die Linke ne formule pas une critique claire, de gauche et internationaliste de la crise de l’euro.

    Les salaires, les conditions de travail et les pensions ont été les sujets les plus importants aux yeux des électeurs. Cela semble paradoxal vu que le CDU/CSU est un parti aux mains des grandes entreprises, qui s’oppose au salaire minimum et qui veut maintenir l’âge de la retraite à 67 ans. Au vu des leaders des principaux partis à la carte, de nombreuses personnes ont conclu que Merkel était la plus capable de prévenir une crise sociale en Allemagne causée par une ‘‘urgence européenne’’. Le manque d’alternative issue du SPD et des Verts y a contribué. Leur tentative de se présenter comme plus à gauche, plus intéressés par les sujets sociaux et la justice, n’a leurré personne. Ce sont ces partis qui sont à la base de l’introduction de ‘‘l’Agenda 2010’’ néolibéral en 2003 et ses nombreuses attaques antisociales, et peu de gens leur ont pardonné. Les résultats des Verts montrent qu’ils sont devenus un parti bourgeois de la classe moyenne. Mais l’importance de sujets comme les salaires, les conditions de travail et les pensions dans la conscience populaire de la classe des travailleurs reflète aussi le potentiel des syndicats et des luttes sociales. C’est pourquoi les fondations du CDU/CSU sont fragiles. Le nouveau gouvernement prévoit de faire des coupes budgétaires et de procéder à des privatisations et, tôt ou tard, l’opinion générale se retournera contre lui.

    Un projet de coalition gouvernementale ?

    Merkel a perdu son partenaire de coalition, le FDP. Ses résultats rendront les négociations avec le SPD ou les Verts plus difficiles. Ces deux partis trembleront à l’idée de finir en tant qu’acteurs minoritaires dans un gouvernement CDU/CSU. L’expérience du SPD dans la ‘‘grande coalition’’ de 2005/2009 a rouvert des blessures qui n’ont pas encore fini de cicatriser. Les leaders du SPD se montrent donc très réticents à cette idée. Mais l’affaiblissement des Verts a rendu moins probable une coalition ‘‘noire et verte’’. Une grande coalition est l’issue la plus probable. Bien sûr, le SPD tentera de faire des concessions, qu’il vendra comme des victoires. Ce pourrait même être l’instauration d’un salaire minimum ou d’autres mesures semblables. Il est peu probable que les négociations échouent et que de nouvelles élections soient organisées car elles pourraient mener à une majorité CDU/CSU.

    Die Linke

    La direction de Die Linke se satisfait des résultats obtenus et met en avant que le parti représente maintenant la troisième plus grande force du pays. Le parti s’est stabilisé et a regagné du soutien depuis l’année dernière et les désastreux sondages d’opinion à son encontre. Les batailles internes se sont momentanément arrêtées mais, surtout, l’arrivée de Bernd Riexinger et de Katja Kipping à la direction du parti ont représenté une orientation plus décidée vers les mouvements sociaux et les luttes syndicales. Cela a motivé une couche de ses militants à s’impliquer davantage. Les slogans clairs sur leurs tracts ont rendu leur campagne très active et ont permis de recruter 500 nouveaux membres durant cette période. Cela prouve que, malgré la situation objective actuelle, il y a toujours un potentiel pour renforcer le parti.

    Mais la perte de 1,4 million d’électeurs par rapport à 2009 (moins encore qu’en 2005), l’échec de Die Linke à s’attirer les votes des abstentionnistes ou des électeurs de l’AfD prouvent que les racines du parti ne sont pas assez ancrées dans les communautés ouvrières. De plus, la crédibilité de Die Linke pâtit de son implication régionale dans des coalitions et de des appels permanents à rejoindre une coalition nationale.

    Die Linke a maintenant face à lui une deuxième chance, mais pourra-t-il saisir les opportunités qui s’ouvrent à lui ? En cas de grande coalition, le SPD sera également directement responsable des coupes budgétaires. Die Linke sera donc en bonne position pour améliorer son image d’opposant au capitalisme. Mais pour se renforcer ainsi, le parti doit devenir un parti combatif et abandonner tout projet de coalition avec les Verts et le SPD. Des conflits internes vont sans doute se développer autour de cette question. L’année prochaine, de nouvelles élections fédérales se tiendront en Allemagne de l’Est, où se trouve la plus grande base de Die Linke. La question d’une alliance avec le SPD se posera à nouveau, et c’est déjà le cas à Brandebourg.

    Certains membres de l’aile droite de Die Linke (y compris le leader du groupe parlementaire, Gregor Gysi) ont récemment publié un livre qui explique la position du parti sur le rejet du déploiement de troupes allemandes à l’étranger, car sans laisser tomber cette position, il était impossible d’entrer au gouvernement national. Cette approche est un sujet de discorde potentiel au sein de Die Linke. Gysi est sorti renforcé de la campagne électorale, et il utilisera surement sa performance contre les éléments les plus anticapitalistes du parti, principalement basés en Allemagne de l’Ouest.

    Hessen

    Dans ce contexte, les élections fédérales à Hessen, qui ont eu lieu en même temps que celles du Bundestag, sont importantes. La nouvelle entrée de Die Linke au parlement est très importante pour l’aile gauche du parti. Die Linke est connu pour ses liens étroits avec les mouvements sociaux et syndicaux à Hessen.

    Mais la dirigeante régionale du parti, Janine Wissler (membre du courant Marx21, qui a quitté l’organisation allemande du SWP britannique), dit être prête à certaines conditions à former une coalition gouvernementale avec le SPD et les Verts. Bien qu’elle dise que cette attitude serait destinée à révéler la vraie nature de ces partis, elle donne l’impression que Die Linke est prêt à tout pour entrer au gouvernement. Au lieu de parler de coalitions, la direction de Die Linke à Hessen devrait dire que son succès électoral est surtout celui de mouvements sociaux de résistance, qui doivent être construits et renforcés.

    Die Linke à Hessen, en reconnaissant qu’ils ont une chance de chasser le premier ministre CDU Bouffuer, devrait dire que le parti est prêt à combattre le CDU en rejoignant une minorité gouvernementale SPD-Verts. Mais puisque le SPD et les Verts travaillent dans le cadre du capitalisme et sont prêts pour lancer des attaques contre la classe des travailleurs, Die Linke devrait clairement refuser de signer un contrat de coalition, et à la place voter cas par cas au parlement. Die Linke devrait clairement déclarer qu’il soutiendra toute loi progressiste et se dressera contre toute autre.

    Quelles perspectives ?

    Un jour seulement après les élections, les médias ont sonné l’alerte d’une intensification de la crise de l’euro et d’un effondrement du système financier.

    Les 4 prochaines années en Allemagne ne seront pas semblables aux 3 dernières derrière nous, qui ont connu un redressement économique après une crise majeure. Au lieu de cela, elles seront marquées par une déstabilisation économique croissante et de nouvelles crises.

    Chaque nouveau gouvernement européen sera sous pression pour faire payer à la classe ouvrière le prix de la crise du capitalisme. Die Linke peut se renforcer grâce à un développement des luttes et des mouvements de masses, si le parti les soutient fermement.

  • Allemagne : Merkel sur la route de sa réélection

    Il faut renforcer Die Linke !

    L’Allemagne connaîtra de nouvelles élections législatives le 22 septembre prochain. La chancelière conservatrice Angela Merkel (CDU, chrétiens-démocrates) est bien partie pour être réélue, mais son partenaire de coalition libéral risque de perdre pas mal de plumes. Le parti social-démocrate SPD ne parvient pas à menacer la position électorale de Merkel. A gauche, Die Linke (La Gauche) fait campagne pour limiter la casse électorale depuis les dernières élections. En 2009, ce parti représentait encore 12%, mais il risque de tomber à 7 ou 8%. Le texte ci-dessous est un résumé de la déclaration de notre organisation-sœur allemande, le SAV, qui milite au sein de Die Linke.

    Les loyers et les prix de l’énergie s’envolent et, une fois leur salaire dépensé, beaucoup de gens doivent encore tenir le coup une bonne partie du mois. Alors que les travailleurs, les retraités et les chômeurs payent de plus en plus, les banques ont été sauvées avec l’argent des contribuables et des milliards d’euros ont été consacrés à des projets de prestige comme ‘‘Stuttgart 21’’ (une nouvelle gare et un nouveau réseau ferroviaire) ou l’aéroport de Berlin.

    Beaucoup d’électeurs trouvent que tous les partis se ressemblent et ne comptent donc pas participer au scrutin. Il est vrai que quelque soit la coalition qui sortira des urnes – noire-jaune (chrétiens-démocrates et libéraux) ou rouge-verte (SPD et Verts) – rien ne changera, la politique restera unilatéralement favorable aux riches et aux grandes entreprises. Après tout, il y a dix ans, c’était une coalition socio-démocrates / Verts qui avait appliqué la batterie d’attaques contre nos conditions de travail et nos salaires que constituaient ‘‘l’Agenda 2010’’ et le plan Hartz IV. Ces mêmes partis, prétendument de gauche, ont conduit l’Allemagne à participer à diverses opérations militaires et ont œuvré à la libéralisation accélérée du secteur financier.

    Aujourd’hui, le dirigeant du SPD Peer Steinbrück tente de faire croire qu’il s’est découvert une conscience sociale en parlant de la nécessité de redistribuer les richesses. Si le SPD et les Verts réclament maintenant l’instauration d’un salaire minimum, c’est principalement parce que Die Linke défend cette revendication avec un certain succès, ils ont dû lui emboîter le pas. Mais le SPD, les Verts, les chrétiens-démocrates du CDU/CSU et les libéraux du FDP savent pertinemment que de nouvelles mesures d’économies suivront directement le 22 septembre et s’ajouteront à l’austérité aux niveaux local et régional.

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    Une députée de Die Linke nous rejoint

    “Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de DIE LINKE”

    La députée de Die Linke pour la Basse-Saxe, Heidrun Dittrich, vient de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV), notre organisation-sœur en Allemagne. Cela fait suite à toute une période d’intense collaboration au sein de Die Linke et de son courant de gauche, la “Gauche Anticapitaliste’’. En tant qu’élue de notre organisation, elle ne touche que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié, le reste étant reversé pour soutenir diverses luttes sociales. Elle ne sera hélas pas réélue en septembre puisqu’elle n’est plus candidate, mais elle restera très impliquée dans la construction de Die Linke et du SAV. Voici ci-dessous une version abrégée de sa déclaration d’adhésion.

    Au vu des mouvements de masse qui prennent place sur tous les continents, de l’actuelle absence d’alternative dans l’esprit de nombreuses personnes et de la désillusion face aux partis néolibéraux, la construction de forces socialistes conséquentes est décisive pour montrer une voie de sortie hors de la crise du capitalisme.

    Sans cela, des groupes pro-capitalistes ou mêmes fascistes peuvent instrumentaliser la désillusion existante, des mouvements progressistes peuvent tourner à la guerre civile comme en Syrie ou des militaires peuvent prendre le pouvoir comme en Egypte. De tels développements ne peuvent être prévenus que si la classe ouvrière dispose de forces indépendantes qui luttent pour une alternative à une échelle internationale.

    J’ai été élue au Parlement allemand sur une liste présentée dans l’Etat fédéral de Basse Saxe en 2009. Je suis d’opinion que notre travail parlementaire doit être premièrement et principalement utilisé, comme Rosa Luxemburg l’avait écrit il y a plus de cent ans, afin d’exposer l’hypocrisie des partis bourgeois, de propager notre alternative politique, de diffuser les revendications des mouvements extra-parlementaires et de renforcer la résistance locale. J’ai toujours été opposée à la conception des positions parlementaires considérées comme un but en soi.

    Tout comme les camarades du SAV, je ne pense pas que la crise actuelle est juste une crise des marchés financiers, mais une crise systémique du capitalisme. Cette crise ne pourra pas être résolue par une redistribution des richesses, parce que la force principale au sein du capitalisme est celle de la maximisation du profit. Une solution ne peut être trouvée que dans la socialisation des moyens de production et dans la planification écologique et sociale de l’économie au sein d’une société socialiste. Notre tâche est, à partir des problèmes quotidiens de la population, de montrer une issue socialiste et de construire un pont vers une alternative socialiste.

    Afin de fondamentalement changer les relations sociales, nous devons gagner la majorité de la société. Cela ne saurait être possible qu’en stimulant l’entrée en activité militante pour que de plus en plus de gens rentrent en conflit avec le système. Cela ne se fera pas avec des coalitions parlementaires avec des partis bourgeois comme le SPD et les Verts.

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    Parvenir à un changement nécessite de construire un rapport de force à partir de la base de la société – dans les entreprises, les universités, les écoles et les quartiers. Dans ce cadre, ces élections de septembre revêtent tout de même une certaine importance car elles offrent l’occasion à Die Linke d’être à nouveau – le plus fortement possible – présent au parlement.

    Die Linke : Un parti différent ?

    Contrairement à l’ensemble des partis de l’establishment, Die Linke défend l’homme de la rue, le chômeur et le retraité, et utilise pour ce faire tant sa position au parlement que des actions en dehors des institutions. Ainsi, Die Linke mène une campagne active pour soutenir le personnel du secteur de la distribution qui revendique des salaires plus élevés et une convention collective de travail décente. Dans le secteur des soins de santé, Die Linke défend la revendication de l’augmentation du personnel et appuie les actions menées par le personnel hospitalier (y compris les grèves, comme à l’hôpital de la Charité à Berlin). Les actions de Blockupy contre la dictature des banques (tenues à Francfort le 1er juin dernier aux abords de la Banque Centrale Européenne) ont pu compter sur la présence active de députés de Die Linke, qui eux aussi ont été arrêtés. Le parti s’est opposé à tout plan de sauvetage des banques, a voté contre la participation des troupes allemandes aux interventions impérialistes – les prétendus ‘‘militants de la paix’’ des Verts ne peuvent pas en dire autant. Lors du débat sur l’utilisation de drones (des bombardiers téléguidés) en Afghanistan, Die Linke a défendu le slogan : ‘‘Investir dans l’aide à l’enfance au lieu de la tuer avec des drones.’’

    Die Linke a joué un rôle actif dans la résistance contre les politiques antisociales et a permis de laisser moins d’espace aux forces populistes de droite. Mais tout cela n’est qu’une face du parti de gauche. Certaines forces en son sein veulent rendre le parti plus ‘‘acceptable’’ en vue de collaborer avec le SPD et les Verts. Mais là où Die Linke participe à des coalitions locales, comme dans le Brandebourg, le parti applique la politique d’austérité. A Berlin, dix ans de coalition ‘‘rouge-rouge’’ (SPD/Die Linke) n’ont apporté qu’une succession de mesures antisociales. Certains veulent faire de même au niveau national.

    Die Linke n’est pas un parti homogène, mais c’est le seul parti qui s’oppose à la pensée unique néolibérale. Voter pour Die Linke entraîne le renforcement de la résistance contre les prochaines mesures d’austérité du nouveau gouvernement. Die Linke fourmille de partisans d’une opposition combative, avec une participation active de la base du parti.

    Pourquoi s’engager ?

    La différence ne sera pas faite au Parlement. Il faut frapper les grandes banques et les grosses entreprises là où ça leur fait le plus mal. Le Parlement et le gouvernement ne sont composés que de pantins à leurs ordres, Die Linke doit jouer un rôle actif dans l’organisation de la résistance contre les marionnettistes !

    Il nous faut un puissant mouvement de travailleurs, de chômeurs, de jeunes et de retraités, accompagné d’un parti de masse ayant une orientation socialiste pour que la colère puisse forcer l’arrivée de réels changements et faire plier les super-riches. Un tel parti doit s’élever contre le capitalisme et pour une société socialiste démocratique. Des positions parlementaires peuvent être utilisées à cette fin, mais uniquement comme moyen de renforcer les revendications et les luttes concrètes du mouvement social.

    Sans une réponse anticapitaliste globale, l’infime élite qui est aujourd’hui la seule à avoir son mot à dire continuera sa politique antisociale faite de destruction sociale et environnementale, le tout saupoudré des mensonges nécessaire pour nous la faire avaler.

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