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  • Élections en Grèce : la campagne de chantage et de peur a (temporairement) fait son travail

    Le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND), a remporté les nouvelles élections de justesse avec 29%, devant SYRIZA (27%). Grâce au bonus (non démocratique) de 50 sièges directement octroyés au vainqueur, la voie est ouverte pour un gouvernement antisocial qui suivra la politique imposée par l’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International. Dans les grandes villes, où Syriza est sorti des urnes comme le plus grand parti, la déception était grande.

    Par notre correspondant à Athènes, Frederik de Groeve

    Malgré les faiblesses contenues dans son programme, la coalition de la gauche radicale Syriza était clair sur le fait que seul un gouvernement de gauche est en mesure d’inverser la spirale négative dans laquelle se trouve la Grèce depuis maintenant plusieurs années. Une victoire de Syriza aurait constitué un signal très fort pour des millions de personnes à travers l’Europe, ces millions de personnes aujourd’hui confrontées à des attaques contre leurs retraites, leur sécurité sociale et tous leurs autres acquis sociaux remportés de haute lutte par les générations précédentes.

    Pour éviter pareille situation, la droite a été aidée par Merkel & Co pour mener une campagne de terreur sans précédent. Le vote pour Syriza a été présenté comme étant un vote contre l’euro et même contre l’Europe en général, entraînant des conséquences dramatiques. Mais Syriza a tout de même obtenu 26,89% des voix, une ‘‘défaite’’ à relativiser face au 29,66% qu’a seulement pu ramasser la droite avec sa campagne de peur. Les conservateurs vont donc pouvoir réaliser un gouvernement d’austérité. Mais ce ne sera pas un gouvernement stable. Le mécontentement est loin de pouvoir disparaître. Syriza doit maintenant utiliser sa progression électorale afin de lutter contre les assainissements et d’offrir un prolongement politique pour les luttes présentes et à venir.

    Comment faire face au chantage et à la peur?

    Alexis Tsipras, le chef de file de Syriza, a omis d’expliquer que la sortie de l’euro arrivera tout de même tôt ou tard, qu’importe quel parti allait l’emporter. Sur ce point, la droite doit être démasquée. Au lieu de cela, Syriza a promis que la Grèce pourrait rester dans la zone euro, une promesse qu’elle ne pourra jamais tenir. Ces positions erronées sont le résultat d’un manque de consultation démocratique et de discussion au sein des rangs de Syriza. La coalition de la gauche radicale est trop tournée vers les élections et a un besoin urgent que ses rangs soient ouverts à toute personne désireuse de construire la résistance active dans les quartiers et les entreprises.

    La campagne électorale a offert une première tentative en ce sens, avec l’organisation de réunions locales dans tout le pays. Maintenant, Syriza doit utiliser sa position d’opposition pour continuer ces rencontres et essayer de créer des alliances actives pour s’engager dans la lutte contre la prochaine vague d’austérité. Grâce aux 71 sièges parlementaires qu’a récoltés Syriza, chaque acte posé par le nouveau gouvernement aura face à lui une opposition féroce. Il s’agit d’un défi pour Syriza et pour toute la gauche parlementaire, qui doit lier sa position parlementaire à la lutte active avec les syndicats et les associations de quartier.

    Le KKE sanctionné pour son attitude sectaire

    Le KKE, le parti stalinien grec qui dispose d’une organisation très puissante, a refusé de collaborer avec Syriza dans ces élections. Même si beaucoup de critiques posées par ce parti sont justes, elles ne représentent en rien des raisons suffisantes pour rester sur la touche. En s’opposant à la construction d’un front contre les partis pro-austérité et en jouant cavalier seul aux élections, le parti communiste grec s’est isolé du mouvement et n’a pas été suivit par ses électeurs. Leur nombre de voix a baissé de moitié pour arriver à environ 4%, ce qui a provoqué une certaine frustration. À la télévision nationale, lors de l’annonce des résultats, un porte-parole du KKE a accusé Syriza d’être un agent de l’impérialisme, soutenu par l’Amérique, et a fustigé les travailleurs grecs de s’être trompés et de tomber dans le piège d’une nouvelle social-démocratie, après l’effondrement du PASOK !

    Avec une approche positive tout en gardant ses propres opinions et critiques, le KKE aurait pu faire la différence en étant l’aile gauche du gouvernement. Son attitude sectaire va maintenant malheureusement coûter cher à la population grecque dans la période à venir. Les travailleurs et leurs familles vont être poussés de plus en plus dans la misère par le gouvernement de Samaras (de la Nouvelle Démocratie). Pour les forces de gauche du monde entier, il s’agit maintenant d’en tirer des leçons…

    L’appauvrissement de la population renforce l’extrême droite

    Bien que le parti d’extrême-droite Aube Dorée ait perdu trois sièges par rapport aux élections de mai, il reste une menace majeure pour la société grecque. Les nouveaux plans d’assainissement et la dégradation des conditions de vie de la communauté grecque pousseront encore plus d’électeurs vers l’extrême droite. La violence prônée par ce parti pourra s’exprimer, leurs militants faisant déjà ouvertement le salut hitlérien, le parti affirmant même ‘‘après les immigrés, les homos dehors!’’ Le gouvernement actuel ne sera pas en mesure de répondre à la confiance croissante envers l’extrême droite, et ce alors que la Grèce devra affronter la terreur, l’angoisse et de nouvelles difficultés.

    Les tâches et les responsabilités pour le mouvement ouvrier sont énormes, car il est clair que c’est la seule force dans la société qui peut faire face aux défis immenses auxquels elle est confrontée. C’est seulement en reprenant confiance en ses propres forces et en tirant les leçons des événements dans leur propre pays et dans ceux du sud de l’Europe, que le mouvement ouvrier va trouver un moyen de sortir de cette période de déclin et de misère.

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  • Grèce : La zone euro économiquement et politiquement ébranlée

    Depuis 2008, dix gouvernements ont été renversés par rejet des politiques d’austérité. La Grèce a vécu une série continue de grèves dans le secteur public, de grèves générales, de protestations et d’émeutes. Aujourd’hui, beaucoup de dirigeants européens craignent la possible victoire, le 17 juin, d’un gouvernement grec anti-austérité emmené par Syriza, ce qui pourrait conduire la Grèce à sortir de la zone euro, avec des répercutions incalculables.

    Par Lynn Walsh, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Avant les élections déjà, nous avions assisté à une course folle vers les banques grecques pour y retirer tous le cash ou le transférer vers d’autres pays plus stables de la zone euro. Actuellement, le système bancaire grec est renforcé de 96 milliards d’euros "d’aide de liquidité de secours" de la Banque Centrale grecque, soutenue par la BCE (Banque Centrale Européenne). Mais plus de 75 milliards d’euros ont été retirés des banques grecques depuis décembre 2009. De plus, les dirigeants de l’eurozone craignent le danger d’une "contagion", c’est-à-dire un scénario similaire de fuite de capitaux des banques espagnoles, italiennes, portugaises,…

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    MEETINGS : Pour une alternative à l’austérité en Europe socialiste !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles Mercredi 20 juin, 19h30: Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Reprenons nos Communes’’ avec Paul Murphy (député européen membre du Socialist Party irlandais), Tony Mulhearn (TUSC, Angleterre), Charlotte Balavoine (Front de Gauche, France), Anja Deschoemacker (‘Reprenons nos communes’), Stephen Bouquin (Rood!) et un représentant de Syriza (Grèce). Au Garcia Lorca, 47/49, Rue des Foulons 1000 Bruxelles

    Anvers Jeudi 21 juin, 20h : Meeting avec Erik De Bruyn (Rood!), Tony Mulhearn et un orateur de Syriza. Salle Elcker-Ik (Breughelstraat 31- 33, 2018 Anvers).

    Gand Samedi 23 juin, 18h : Fête de Rood! Dans le bâtiment de la FGTB Ons Huis (Meersenierstraat, Vrijdagmarkt) avec Tony Mulhearn, un orateur de Syriza, Erik De Bruyn et Bart Vandersteene (tête de liste de Rood! à Gand).

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    Il n’y a plus de tabous. Bien que des dirigeants de la zone euro, dont l’Allemande Angela Merkel, proclament qu’ils considèrent la Grèce comme un membre permanent de la zone, des préparatifs prennent place au cas d’un départ de la Grèce. Cela a même été récemment admis par le commissaire européen au commerce, Karel de Gucht : "aujourd’hui il y a, tant dans la Banque Centrale Européenne que dans la Commission Européenne, des services qui s’activent sur des scénarios de secours dans le cas où la Grèce ne s’en charge pas." (International Herald Tribune, 19 mai).

    Certains rapports affirment que des nouveaux billets de drachmes ont déjà commencé à être réimprimés. Les multinationales retirent leurs dépôts des banques grecques et, plus que probablement, il en ira de même avec l’Espagne et les autres systèmes bancaires chancelants. L’euro est aux prises avec une spirale mortelle qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur l’économie capitaliste mondiale. Aucun des dirigeants capitalistes ne désire de désintégration chaotique de la zone euro, mais personne parmi eux ne dispose de politique capable de résoudre la crise.

    Selon des sondages d’opinion, Syriza pourrait émerger des élections du 17 juin comme le plus grand parti. Son leader, Alexis Tsipras, a très correctement décrit la Grèce comme "un enfer social" où les travailleurs et des grandes sections de la classe moyenne ont été soumis à des mesures de rigueur barbares. Tsipras a, correctement à nouveau, rejeté le paquet d’austérité de la Troïka – la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international – et a désavoué le paiement de dettes insupportables, énormément gonflées par des prêts de Troïka pour renflouer les banques.

    Le rejet du paquet ‘d’aide’ de la Troïka, cependant, conduirait à l’expulsion de la Grèce de la zone euro. Sous pression du président américain, Barack Obama, et de François Hollande, récemment élu président de la République française, Angela Merkel a adouci son ton, concédant que l’Allemagne pourrait envisager quelques mesures destinées à stimuler la croissance, bien que rien de précis n’ait été dévoilé à ce sujet. Mais elle a tout de même tenu à clairement spécifier que l’acceptation du paquet d’austérité est la condition préalable à toute nouvelle aide. Pourtant en réalité, de telles mesures de rigueur sauvages excluent l’arrivée d’un rétablissement économique.

    Quelle sortie pour la Grèce?

    Les dirigeants capitalistes européens luttent avec un certain nombre de scénarios : de nouvelles élections en Grèce pourraient (espèrent-ils) amener un gouvernement pro-austérité basé sur les conservateurs de la Nouvelle Démocratie. Ceci pourrait arriver sous l’impact de la campagne conjointe des dirigeants de la Nouvelle Démocratie et du Mouvement Socialiste Panhellénique (Pasok), avec les dirigeants de la zone euro, qui vise à faire de ces élections législatives un référendum concernant la présence de la Grèce dans la zone euro. Angela Merkel a même proposé un référendum dans une conversation téléphonique avec le président grec, Karolos Papoulias. Alors que le rejet des mesures d’austérité est massif, une grande majorité (80%) de la population reste favorable à l’euro. Cela reflète la crainte de la Grèce, un petit pays, d’être isolé à l’extérieur de l’euro et revenant aux conditions économiques qui prévalaient auparavant.

    Cependant, même si un nouveau gouvernement grec accepte les mesures d’austérité, ce ne serait qu’un sursis provisoire car la dette de la Grèce est inviable et les mesures d’austérité provoqueront à nouveau des mouvements sociaux massifs. Il est en tout cas possible que la position de la Grèce dans l’eurozone puisse être sapée avant même ces élections cause d’une panique bancaire. La BCE ne pourra pas indéfiniment supporter l’actuel niveau de soutien. L’écroulement des principales banques grecques rendrait impossible à la Grèce de rester dans la zone Euro.

    La Grèce pourrait être sortie de force de la zone euro dans un proche avenir. Quelques stratèges de la zone euro préconisent une sortie contrôlée, tandis que d’autres craignent une séparation chaotique.

    Une sortie contrôlée exigerait une transition ordonnée de l’euro vers une nouvelle drachme, qui serait échangée à une valeur inférieure. Ceci exigerait toujours que le financement de la Troïka soutienne massivement les banques grecques pour empêcher tout effondrement. Malgré le nouveau rejet de ses dettes, les principales économies de la zone euro devraient prêter appui à la Grèce afin d’empêcher l’effondrement total de la société.

    Réaction en chaine dévastatrice

    Malgré le désarroi des dirigeants européens, cependant, il est plus probable qu’il y aura une sortie complètement chaotique de la Grèce, que ce soit suite à une chute des banque ou à l’élection d’un gouvernement de gauche anti-austérité. Ceci aggraverait la crise bancaire européenne. Beaucoup de banques ont déjà vendu leurs obligations d’État grecques, reprises par la BCE. Mais des banques françaises et allemandes seraient atteintes par un nouveau défaut de payement de la Grèce, qui frapperait ensuite des banques en Grande-Bretagne et dans d’autres pays qui ont des fonds dans ces banques de France, d’Espagne, etc. Il y aurait une réaction en chaîne.

    Une crise majeure de la zone euro, plus intense que quoi que ce soit jusqu’ici, aurait un effet dévastateur sur l’économie européenne et même globale. Des évaluations diverses indiquent que le PIB (le produit intérieur brut) de la zone euro pourrait chuter d’entre 5 % et 10 %. Cela aurait à son tour un impact dévastateur sur des pays comme la Grande-Bretagne et aussi les États-Unis, pour lesquels la zone euro est un marché d’exportation majeur.

    Cette crise l’euro, de plus, prend place dans un contexte de stagnation continue de l’économie mondiale. La récession frappe la zone euro elle-même, avec une croissance très faible uniquement en Allemagne, la plus grande économie. ‘Le rétablissement’ presque indétectable aux États-Unis est hésitant. Les énormes pertes rencontrées récemment par la banque d’investissement JP Morgan Chase, qui a perdu plus de 4 milliards de $ dans l’activité spéculative, illustre la vulnérabilité du secteur financier, indépendamment de la crise de la zone euro. Même l’introduction en bourse de Facebook, annoncé comme un grand succès pour le secteur de la haute technologie, s’est révélée être une déception énorme pour les investisseurs, puisque ses actions sont immédiatement tombées après leur publication. Facebook illustre la fragilité de l’économie.

    Le récent sommet du G8 aux États-Unis a, de plus, de nouveau exposé la faillite des dirigeants capitalistes. Obama, soutenu par Hollande, appelle aux politiques pour promouvoir ‘la croissance et les emplois’. Mais ceux-ci étaient des exhortations vagues, sans mesures concrètes. Merkel a fait quelques concessions verbales à l’idée de promouvoir la croissance, mais a précisé que sa préoccupation première est la mise en œuvre de mesures de rigueur – à l’extérieur de l’Allemagne – malgré le fait que la prolongation de récession partout dans la plupart de l’Europe est déjà assurée.

    Un piège pour la classe ouvrière

    La sortie de la zone Euro ne fournira pas de sortie de crise pour la société grecque. Le rejet de la dette conduira à de nouveaux problèmes. La dévaluation d’une nouvelle monnaie nationale stimulerait des exportations. Cependant, la Grèce n’est pas dans la même situation que l’Argentine en 2001 : l’Argentine pouvait compter sur les exportations de nourriture et d’autres matières premières, stimulées par un peso dévalué, sur fond de la situation mondiale pré-2008. La Grèce n’a pas de telles matières premières et a aussi des industries très faibles. En même temps, la Grèce a été fortement dépendante des importations de carburant, de la nourriture et des biens de consommation, qui deviendraient plus chers par la dévaluation de la monnaie grecque.

    De plus, la crise en Argentine est un avertissement pour la classe ouvrière grecque. La plupart du fardeau de la transition du peso lié au dollar américain vers un peso argentin dévalué a été jeté sur la classe ouvrière et la classe moyenne. Les comptes bancaires ont été gelés et la valeur des dépôts de pesos a été dévaluée. Un chômage massif s’est développé, de même qu’une hausse gigantesque de la pauvreté. C’est seulement après plusieurs années de crise que l’économie a commencé à se remettre, dans des conditions économiques globales plus favorables que celles qui prévalent actuellement.

    Il n’existe pas d’issue favorable à la classe ouvrière grecque au sein du système capitaliste, dans la zone euro ou à l’extérieur. Une économie isolée constituerait tout autant un piège pour les travailleurs que l’acceptation des diktats de la troïka. La situation exige l’adoption de mesures économiques de nature socialiste, sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.

    Si la Grèce quitte la zone euro, ou en est éjectée de force, il est plus que probable que d’autres États membres suivront par la suite. Des banques espagnoles, par exemple, sont au bord de l’insolvabilité. Le gouvernement espagnol a été récemment forcé de nationaliser 40 % de Bankia. D’autres banques en Italie, au Portugal, en Irlande, etc., sont tout aussi chancelantes. Les 700 milliards d’euros du fonds de stabilité européen ne représentent pas assez pour stabiliser le système bancaire de la zone euro.

    La Grèce n’est pas la cause de la crise de la zone euro, mais un de ses symptômes. Toutefois, elle peut aussi agir comme un détonateur, déclenchant une explosion ou peut-être une désintégration plus lente. Ce processus est une expression de la crise organique de la zone euro et de l’Union européenne elle-même.

    Dépasser les limites nationales

    Les dirigeants capitalistes qui ont insisté sur l’introduction d’une devise commune ont soutenu qu’ils consolideraient le marché unique de l’Union Européenne. L’UE a été conçue pour garantir la paix en Europe, la stabilité et la prospérité économique. Les europhiles capitalistes étaient sous l’emprise de l’illusion qu’ils pourraient surmonter les frontières nationales du capitalisme grâce au développement économique. Mais tout s’est métamorphosé en son opposé.

    L’Europe sombre dans la stagnation économique et la monnaie unique a accentué les différences entre les économies nationales plutôt que de provoquer une convergence. Le refus des politiques d’austérité a conduit au développement de forces nationalistes et de tendances d’extrême droite (un exemple étant la croissance du soutient pour Aube Dorée en Grèce). Ces développements confirment notre avis que la classe capitaliste ne peut pas surmonter ses limites nationales : c’est une tâche que seule la classe ouvrière peut remplir, et uniquement sur des bases indépendantes du capitalisme, des bases socialistes.

    Le journal britannique The Independant a récemment eu pour titre: ‘‘Le capitalisme est à un carrefour’’ (le 19 mai). Très correctement, le journal analyse la crise de la zone euro comme étant un des aspects d’une crise globale du système. Cette crise se reflète dans les mouvements massifs de la classe ouvrière qui ont continuellement lieu partout en Europe et ailleurs.

    Il n’y a aucun doute que des millions de travailleurs rejettent l’austérité capitaliste et mettent en doute la viabilité du système. Ce qui est exigé est une alternative claire, une économie socialiste où les secteurs clés de l’économie seraient nationalisés sous le contrôle démocratique des travailleurs, dans le cadre d’une planification démocratiquement élaborée de la production économique, afin que cette dernière soit clairement orientée vers la satisfaction des besoins de tous, dans la perspective internationale de construire une société socialiste mondiale.

  • Grèce : Echec de la formation d’une coalition pro-austérité et nouvelles élections

    Pour un gouvernement de gauche ! Pour une politique anti-austérité, favorable aux travailleurs et socialiste !

    A la suite du séisme politique constitué par les élections du 6 mai dernier, caractérisées par un rejet massif des partis pro-austérité soumis à la ‘Troïka’ (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Union Européenne), les principaux partis ne sont pas parvenus à former un gouvernement de coalition. Les tentatives du président grec de parvenir à un gouvernement ‘d’unité nationale’ ou de constituer un ‘gouvernement de technocrates’ n’ont pas eu plus de succès. De nouvelles élections cruciales se tiendront donc, au plus tard le 17 juin.

    Par Nikos Anastasiades, (Xekinima, CI0-Grèce) et Niall Mulholland, CIO

    Les partisans de Xekinima (section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière) soutiennent fermement la décision du parti de gauche Syriza de refuser de se joindre à un gouvernement composé de partis pro-austérité tels que le parti social-démocrate Pasok et le parti de droite Nouvelle Démocratie.

    Syriza

    Lors de ces élections, Syriza (une coalition de la gauche radicale) est passé de 4,6% à 16,78%, remportant ainsi 52 siège et devenant de ce fait la deuxième force politique du pays, largement sur base de son approche anti-austérité et de son appel à un gouvernement de gauche.

    Lors de la semaine écoulée, les principaux partis politiques ont désespérément tenté de trouver un moyen d’échapper à la tenue de nouvelles élections. La classe dirigeante grecque est désorientée au vu du fait que ses soutiens traditionnels – la Nouvelle Démocratie et le Pasok – ont dramatiquement perdu les élections. Ce résultat est la conséquence directe de leurs mesures d’austérité qui frappent le pays depuis des années, entraînant un flot de misère et de pauvreté, de sans-abris, de chute drastique des conditions de vie et de suicides. Pour la fin de cette année 2012, il est prévu que le Produit Intérieur Brut aura chuté de pas moins de 20% depuis 2008, tandis que le chômage frappera 25% de la population active.

    Les dirigeants de la Nouvelle Démocratie et du Pazok, de même que la plupart des medias, ont très hypocritement blâmé Syriza d’avoir conduit le pays vers de nouvelles élections. Mais le dirigeant de la formation de gauche radicale, Alexis Tsipras, a très correctement rejeté ces accusations en déclarant que l’establishment politique espérait surtout que Syriza devienne complice d’un véritable crime en participant à l’élaboration de nouvelles attaques antisociales.

    L’aversion de ces partis et de l’establishment grec face à la tenue de nouvelles élections démocratiques provient surtout du fait que Syriza menace d’y devenir le plus grand parti en remportant entre 20,5% et 28% (en fonction des sondages). Syriza est ainsi la seule formation politique à voir son soutien croître dans les sondages, alors que tous les autres chutent. La Nouvelle Démocratie devrait obtenir 18,1% des voix et le Pasok seulement 12,2% : les taux les plus bas pour ces deux formations depuis près de 40 ans ! Cela reflète la popularité croissante de l’opposition publique de Syriza à toute nouvelle mesure d’austérité.

    La menace de l’extrême-droite

    Le parti néofasciste Aube Dorée a également remporté un certain succès lors des dernières élections, et est entré au Parlement pour la première fois. Mais nombreux sont ceux qui ont voté pour ce parti afin de “punir les politiciens” et qui peuvent maintenant voir l’étendue du caractère anti-classe ouvrière de ce parti d’extrême-droite. Aube Dorée s’effondre maintenant dans les sondages, sous les 3% selon certains, ce qui signifierait que ce parti n’obtiendrait aucun élu aux nouvelles élections.

    Les travailleurs et leurs familles ne peuvent cependant pas prendre cette menace à la légère. Depuis qu’Aube Dorée a remporté des sièges au Parlement, ses partisans ont attaqués physiquement plusieurs immigrés. Xekhinima appelle à la création de comités antifascistes locaux afin de démocratiquement organiser l’auto-défense de la population. Ces comités doivent concerner les quartiers, les écoles, les universités et les lieux de travail. Si la gauche échoue à offrir une alternative viable et socialiste face à la crise, l’extrême-droite peut obtenir de nouveaux succès et la classe dirigeante grecque (qui a dans le passé déjà recouru à l’imposition d’un régime militaire pour défendre ses intérêts) pourrait également prendre plus de mesures autoritaires afin de s’en prendre au mouvement ouvrier.

    Une sortie de l’eurozone ?

    Les partis patronaux recourent à la menace et disent que la Grèce sera forcée de quitter l’eurozone si de nouvelles élections sont tenues et que Syriza arrive au pouvoir avec sa politique opposée aux coupes d’austérité. Les dirigeants de Syriza affirment vouloir prendre des mesures destinées à augmenter le niveau de vie de la population et à revenir sur les mesures d’austérité tout en maintenant la Grèce à l’intérieur de l’eurozone. Alors que la vaste majorité des Grecs s’opposent au programme d’austérité, ils désirent également rester au sein de l’eurozone. De façon bien compréhensible, ils craignent un avenir qui s’inscrirait sans la monnaie commune.

    Les médias et les politiciens bourgeois ne cessent de prévenir de ce qui arriverait en cas de départ de la zone euro : une chute encore plus dramatique du niveau de vie, la banqueroute financière et une hyperinflation des prix. Sans surprise, un récent sondage d’opinion a mis en avant que 78% des sondés désiraient un gouvernement qui fasse tout son possible pour rester au sein de la zone euro. Mais en même temps, rester dans la camisole de force de l’euro ne promettrait qu’une austérité sans fin aux Grecs, et un nombre croissant d’entre eux exige de quitter la zone.

    Mais malgré la volonté des dirigeants de Syriza de rester dans l’eurozone, même s’ils appliquent leur politique dans un nouveau gouvernement limité à une renégociation ‘radicale’ des conditions de renflouement du pays, ils feront face à une opposition résolue de la part de l’Union Européenne et des capitalistes grecs, ce qui conduirait probablement la Grèce à être éjectée de l’eurozone. La Troïka a indiqué qu’elle était prête à discuter de certaines clauses du renflouement, mais pas des thèmes principaux, ce qui signifie très clairement une poursuite dans l’offensive contre les conditions de vie de la population grecque.

    Pourtant, Syriza ne prépare pas encore ses membres, ses partisans et plus généralement la classe ouvrière face aux conséquences d’une confrontation avec la Troïka, les marchés et la classe dirigeante grecque. De la même manière, Syriza ne tient pas encore compte de la plus que probable féroce campagne qui se déchaînera contre cette formation de gauche radicale dans les médias et du fait des partis bourgeois au cours de la nouvelle campagne électorale.

    Certains dirigeants de Syriza défendent que s’ils forment un nouveau gouvernement, la Troïka devra faire face à son propre bluff, et sera forcée de faire de grandes concessions car les dirigeants de l’Union Européenne sont terrifiés à l’idée d’un défaut de paiement de la Grèce et d’un départ de l’euro. Cela causerait une nouvelle crise financière et une profonde dépression à travers l’Union Européenne, avec la menace que des pays comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande soient également forcés de quitter l’euro. C’est vrai, mais certains dirigeants européens craignent que le pays ne soit sur une pente glissante qui pousse irrésistiblement la Grèce à l’extérieur de l’eurozone, et ils se préparent, de même que les marchés financiers, à faire face à cette éventualité.

    Angela Merkel et le président de la Commission Européenne Jose Manuel Barroso ont ouvertement prévenu que si la Grèce ne respectait pas les engagements pris par les précédents gouvernements, le pays devrait quitter l’euro. Cela peut partiellement être une menace pour forcer l’arrivée d’une coalition d’austérité de même qu’une tentative visant à faire prendre conscience de ce qui peut arriver à chaque pays de l’eurozone qui oserait se dresser contre la Troïka.

    Un gouvernement de gauche

    Dans cette situation, que doit faire la gauche ? Xekinima accueille avec enthousiasme l’appel public de Syriza pour un gouvernement unitaire de gauche. Syriza devrait ouvrir et développer ses structures en tant que large alliance de gauche afin que de nouvelles couches de travailleurs et de jeunes rejoignent l’initiative et puissent démocratiquement décider de la politique du parti. Xekinima soutient l’unité d’action des partis de gauche pour les prochaines élections et appelle à voter pour Syriza.

    Syriza devrait lancer un appel pour redynamiser les actions de masse sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers et pour des syndicats combatifs et démocratiques, avec la tenue d’assemblées de masse aux niveaux local, régional et national afin d’impliquer largement les travailleurs et leurs familles dans les discussions portant sur le programme, les revendications et les tactiques électorales afin de faire massivement campagne pour un gouvernement de gauche et assurer que la pression existe pour que ce gouvernement lutte contre l’austérité et pour les travailleurs.

    Le Parti Communiste (KKE) et Antarsya (la Coopération de la gauche anticapitaliste) ont tous les deux adopté une approche sectaire avant les dernières élections et ont rejeté les propositions unitaires de Syriza, avec en résultat une stagnation de leur soutien électoral. A la surprise de millions de travailleurs, la direction du KKE continue d’ailleurs de refuser la constitution d’un bloc avec Syriza. Sous la pression de leur base, et de la classe ouvrière en général, une partie d’Antarsya a de son côté indiqué qu’elle était prête à travailler avec Syriza. De nombreux membres du KKE parlent eux aussi de faire d’unité. Xekinima enjoint Syriza à lancer un appel clair et conséquent orienté vers la base du KKE et des autres forces de gauche pour constituer un bloc basé sur une plateforme anti-austérité afin de lutter pour un gouvernement de gauche armé d’un programme socialiste.

    Xekinima fera campagne dans ces élections pour un gouvernement de gauche radicale, pour une politique anti-austérité et favorable aux travailleurs avec un programme socialiste destiné à changer de société.

    Un programme pour l’unité d’action de Syriza et du KKE autour de l’opposition à toutes les mesures d’austérité, pour l’annulation de la dette, pour l’expropriation et la mise sous le contrôle public et démocratique des principales banques et industries et pour un renversement socialiste de la société gagnerait un soutien massif parmi la classe ouvrière, la jeunesse et la classe moyenne. Mais une politique favorable aux travailleurs déchainerait les foudres des patrons à travers l’Europe, et ils organiseraient rapidement l’éjection de la Grèce hors de l’eurozone.

    Hors de l’euro, un gouvernement des travailleurs devrait instaurer un programme d’urgence avec un contrôle étatique sur les importations, les exportations ainsi que sur le capital, tout cela étant destiné à prévenir de toute évasion de capitaux organisée par les grands patrons, les actionnaires et les multinationales. Des comités démocratiques devront assurer la distribution de médicaments, de nourriture, d’essence et d’autres denrées vitales pour les travailleurs.

    Un gouvernement des travailleurs en Grèce devra également se lier aux mouvements de lutte des travailleurs dans les autres pays de l’eurozone, et plus particulièrement en Espagne, au Portugal, en Irlande et en Italie afin de rompre la dictature de la Troïka, des patrons, de l’Union Européenne et du capitalisme. Ces pays pourraient constituer une confédération sur une base socialiste et commencer à coordonner leurs économies de façon démocratiquement planifiée, dans le cadre de la lutte pour une confédération socialiste européenne, sur une base volontaire et égalitaire. Cela remporterait un soutien enthousiaste et massif parmi toute la classe ouvrière européenne.

  • [INTERVIEW] Grèce : Un tremblement de terre politique fait s'effondrer le soutien aux partis pro-austérité

    La gauche a face à elle de grandes opportunités

    Lors des dernières élections grecques, deux tiers des électeurs ont voté contre les partis favorables à la politique d’austérité. Un grand transfert de voix s’est opéré vers la gauche. Le texte ci-dessous reprend une interview réalisée de notre camarade Andros Payiatsos (de la section grecque du CIO ”Xekinima”).

    Par Niall Mulholland

    Que représentent le résultat de ces élections ?

    Les élections parlementaires grecques ont constitué un véritable tremblement de terre politique, une répudiation totale des partis pro-austérité et de la ‘Troïka’ (Fonds Monétaire International, Union Européenne et Banque Centrale Européenne). Ce résultat arrive après des années de mesures d’austérité qui ont entraîné une chute drastique des conditions de vie de la population. A titre d’exemple, 51% de la jeunesse est actuellement sans emploi et la pauvreté atteint une échelle de masse.

    Les partis de la coalition gouvernementale sortante ont subi une diminution massive de leur soutien. Le parti conservateur traditionnel, la Nouvelle Démocratie, est passé de 33% en 2009 à 18,85% (c’est-à-dire 108 parlementaires, en comptant également les 50 sièges de bonus reçus automatiquement par le premier parti selon la loi électorale grecque). Le Pasok, la parti social-démocrate traditionnel, s’est écrasé et est passé de 43,9 % aux dernières élections à 13.18% (41 sièges). Au cours de ces trois dernières décennies, le vote combiné des deux partis “dirigeants” a toujours été compris entre 75% et 85% des suffrages totaux. Le Laos, le petit parti d’extrême-droite qui a rejoint la Nouvelle Démocratie et le Pasok dans la coalition gouvernementale d’austérité de ces derniers mois a quant à lui perdu tous ses députés.

    Les plus grands gains électoraux concernent Syriza (une coalition de la gauche radicale), qui est passé de 4,6% à 16,78% (52 sièges). Le Parti Communiste (le KKE) a obtenu 8,48% (26 députés). La Gauche Démocratique, qui est une scission de droite de Syriza datant de 2010 (mais qui est également opposée aux mesures d’austérité) a reçu 6,1% des voix. Ce déplacement de suffrages vers la gauche illustre le potentiel réellement gigantesque pour une alternative socialiste conséquente face à la crise capitaliste et aux mesures d’austérité.

    Cependant, le parti néofasciste Aube Dorée a obtenu 6,97% en instrumentalisant l’atmosphère anti-austérité. Il s’agit d’un avertissement sérieux pour l’entièreté du mouvement ouvrier. Pour la première fois, ce parti d’extrême-droite entre au Parlement avec pas moins de 21 sièges. Les Grecs Indépendants, une récente scission de droite nationaliste issue de la Nouvelle Démocratie, est également entrée au parlement avec 10,6% (33 sièges).

    Ces élections révèlent une polarisation croissante sur base d’une ligne de fracture gauche-droite. Mais de nombreux travailleurs et jeunes n’ont vu aucune alternative viable dans ce scrutin et ont tout simplement refusé de voter pour un parti. L’abstention a atteint des sommets plus élevés que prévus et a atteint le record de 35%, tandis que les votes blancs et invalides ont atteint les 2,4%.

    Pourquoi Syriza a-t-il obtenu autant de suffrages?

    Syriza a reçu du soutien au cours de ces deux dernières semaines de campagne électorale, principalement en appelant à la constitution d’un ‘gouvernement de gauche’ contre le ‘memorandum’ de la troïka.

    Les partisans de la section grecque du CIO, Xekinima, ont été les pionniers d’un appel à la gauche pour la création d’un ‘front unique’ durant tous ces derniers mois. A la différence des dirigeants de Syriza, Xekinima n’a pas appelé à la ‘renégociation’ des mesures d’austérité, mais pour l’arrivée d’un gouvernement de gauche basé sur un programme qui défend les travailleurs et leurs familles. Cela inclut de renoncer à rembourser la dette, de stopper toutes les attaques antisociales, de nationaliser les principales banques et entreprises sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs, et de lutter pour une Europe socialiste, à l’opposé de cette Union Européenne des patrons, et donc, au final, de rompre avec les diktats de la Troïka et avec le capitalisme en général.

    Les autres principales forces de gauche en Grèce, le Parti Communiste (KKE) et Antarsya (Coopération de gauche anticapitaliste) ont toutes les deux adopté une attitude sectaire et ont rejeté les proposition d’unité de gauche de Syriza. Mais si la gauche avait constitué un bloc électoral, elle aurait très probablement été en mesure de former un gouvernement aujourd’hui ! Avec des millions de travailleurs appelant de leurs vœux l’arrivée d’un gouvernement de gauche opposé aux mesures d’austérité, le KKE et Antarsya ont payé le prix de leur approche sectaire dans les urnes. Leur soutien électoral est resté identique : le KKE a gagné 1% de plus (sous les 19.000 voix) pour atteindre les 8,48% (26 sièges) et Antarsya a fini sa campagne avec 1,19%, sans remporter un seul siège.

    Un nouveau gouvernement peut-il être formé?

    Selon la constitution grecque, la Nouvelle Democratie, en tant que plus grand parti au Parlement, a reçu trois jours pour tenter de constituer un nouveau gouvernement. Mais son dirigeant, Antonis Samaras, a annoncé le lundi, après quelques heures seulement, que son parti avait échoué dans sa tentative de créer un gouvernement de ”salut public”.

    Au vu du verdict anti-austerité des élections, aucun parti ne peut entrer en coalition pour le gouvernement sans au moins appeler à renégocier le ‘memorandum’ avec la Troïka.

    Cette dernière peut bien être préparée à renégocier certains aspects de la politique qu’elle a imposée, mais uniquement avec des concessions mineures. La Troïka n’acceptera pas de voir ses revendications centrales être lancées à la poubelle concernant le repayement de la dette colossale de la Grèce, ce qui ne pourrait se faire qu’au prix d’une plus grande attaque contre le bien-être, les emplois et les conditions de vie de la population. La question de la participation de la Grèce à l’Eurozone et même à l’Union Européenne elle-même serait plus que probablement rapidement mise à l’agenda.

    La politique grecque entre dans des eaux bien troubles. L’invitation à constituer un gouvernement est retombée sur les épaules de Syriza, le second parti du pays. En cas d’échec, l’initiative arrivera ensuite au Pasok, et ensuite, si un nouvel échec survient, au président grec, qui peut essayer de rassembler lui-même une coalition.

    Les forces combinées de Syriza et du KKE, même avec la Gauche Démocratique, ne sont pas suffisantes pour former une majorité gouvernementale. De toute façon, le KKE a refusé de rencontrer Syriza.

    Cette situation peut éventuellement conduire à de nouvelles élections. La classe dirigeante craint également cette éventualité, car Syriza peut devenir le plus grand parti du pays.

    Que doit maintenant faire la gauche?

    Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, a déclaré qu’il voulait constituer une “coalition de gauche” pour rejeter les mesures "barbares" associées à l’accord conclu avec l’UE et le FMI.

    Xekinima (la section du CIO en Grèce) soutien l’appel pour un gouvernement de gauche, mais cela doit alors être une coalition décidée à combattre toutes les mesures d’austérité et l’Europe des patrons, à rejeter le paiement de la dette, à mener une politique favorable aux travailleurs, à ne pas ‘renégocier’ pour des coupes budgétaires ‘plus généreuses’ qui signifierait la poursuite de la dégradation des conditions de vie de la population grecque. La direction de Syriza doit s’opposer à toute coopération avec les partis des patrons, ce qui ne pourrait entraîner que des conséquences désastreuses.

    L’opportunité est maintenant très grande pour Syriza de publiquement défendre un programme pour un gouvernement des travailleurs. Il est vrai que, selon l’arithmétique parlementaire, la gauche n’a pas suffisamment de sièges pour constituer un tel gouvernement. De plus, la direction du KKE a jusqu’à présent refusé de coopérer avec Syriza. Une grande pression doit venir des syndicalistes, des activistes des mouvements sociaux et de la base du KKE et de Syriza afin d’insister pour que les deux partis rejettent le sectarisme et toute politique basée sur une ‘renégociation’ de l’austérité. Les militants du mouvement ouvrier veulent une gauche unitaire véritable, préparée à former une nouveau gouvernement de gauche dans un futur proche.

    Un programme qui unirait Syriza et le KKE autour de l’opposition à toutes les mesures d’austérité et tous les diktats de l’UE, du refut du paiement de la dette et de la nationalisation de toutes les principales banques et entreprises sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs pour un changement socialiste de société gagnerait un soutien très large dans la classe ouvrière, parmi les jeunes et la classe moyenne ruinée. Cela inspirerait en outre une résurgence des actions de masse dans les lieux de travail et parmi les différentes communautés.

    Si tentative est faite de constituer une nouvelle coalition d’austérité, autour du Pasok et de la Nouvelle Démocratie, la gauche et le mouvement ouvrier auront besoin d’organiser une opposition massive, avec des grèves générales et des occupations d’entreprises afin de stopper de telles tentatives, pour lesquelles ils n’ont reçu aucun mandat.

    Les élections du week-end dernier ont rendu parfaitement clair qu’un gouvernement majoritaire de gauche est de l’ordre du possible. Si de nouvelles élections se tiennent en juin, les partis de gauche ont face à eu l’opportunité de remporter une majorité. Cela requiert toutefois de ces partis l’adoption de politiques socialistes. Cela signifie aussi un front unique conséquent de la gauche et du mouvement ouvrier contre la menace néofasciste et l’extrême-droite.

    Si la gauche ne parvient pas à offrir une réelle alternative socialiste, l’extrême-droite pourra partiellement remplir l’espace laissé vacant. La classe dirigeante essayera elle aussi de recourir à plus de mesures autoritaires contre la résistance du mouvement ouvrier afin d’imposer sa politique.

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