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Tag: Alexandrie
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Egypte : Protestations massives pour la chute de Morsi
Non à l’intervention des généraux, pour un gouvernement des travailleurs!
Le premier anniversaire du règne du président égyptien Mohammed Morsi a été marqué par des manifestations dont l’ampleur a dépassé celles qui avaient conduit à la chute du dictateur Hosni Moubarak en janvier 2011. Selon des sources des ministères de la Défense et de l’Intérieur, entre 14 et 17 millions de personnes ont manifesté dans tout le pays ce dimanche 30 juin!
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
22 millions de signatures ont été collectées pour une pétition (avec vérification ID) exigeant le départ de Morsi. Il s’agit de plus d’un quart de la population égyptienne, un nombre également supérieur aux 13,2 votes qu’il avait reçu au second tour des élections présidentielles qu’il avait remportées en 2012 ! De grandes foules de manifestants sont restées sur les places du Caire, d’Alexandrie et d’ailleurs toute la nuit durant tandis qu’une nouvelle journée de mobilisation a été convoquée pour le 3 juillet. Les locaux des Frères Musulmans ont aussi été attaqués et des manifestants ont été tués par des tirs à l’intérieur des bâtiments. Ces manifestations gigantesques représentent une nouvelle étape dans la révolution mais, tout comme nous avons pu le constater ces dernières années, l’absence d’un mouvement socialiste conséquent ouvre la voie à la récupération de cette situation par d’autres forces que celles défendant les intérêts des travailleurs et des pauvres.
Les raisons de la colère ressentie contre le régime du gouvernement Morsi dominé par les Frères Musulmans sont nombreuses. Les conducteurs doivent faire des files de jusqu’à 7 heures pour enfin avoir de l’essence, de nombreuses régions connaissent des coupures de courant de plus de dix heures et la valeur de la Livre égyptienne a chuté de 20%, ce qui a fait augmenter les prix bien plus vite que le taux d’inflation officiel qui est maintenant de 8,2% sur base annuelle. Le chômage reste très grand alors que la croissance économique s’est ralentie avec la baisse du tourisme et des investissements étrangers. Le taux d’occupation des Hôtels est de 15% seulement au Caire et est même sous les 5% à Louxor. Seules les installations autour de la Mer Rouge sont réellement en activité.
la politique de Moubarak se poursuit, mais la contestation ne fait que croître
Toute la politique du dictateur déchu a été endossée par le gouvernement Morsi. Des hommes d’affaire accusés de corruption sous le régime de Moubarak ont été relaxés. La Business Development Association, fondée par un dirigeant des Frères Musulmans, Hassan Malek, réunit de proéminents capitalistes afin d’influencer la politique du gouvernement de la même manière que l’avait fait en son temps le fils de Moubarak, Gamal. De nombreuses personnes craignent de voir apparaître un nouvel Etat clientéliste sous la poigne des Frères Musulmans et sont profondément en colère contre les salaires des membres des Frères Musulmans occupant des postes publics (gouverneurs,…) ou aux postes dirigeants de la Fédération syndicale égyptienne. Des journalistes ont été physiquement attaqués pour avoir couvert des manifestations de protestation et certains d’entre eux – connus pour leurs critiques à l’encontre des Frères Musulmans – ont perdu leur emploi dans les médias publics. Des comédiens ont aussi été arrêtés pour avoir ‘‘insulté le président’’. Même les chanteurs et musiciens de l’Opéra du Caire sont entrés en grève en solidarité avec leur directeur après qu’il ait été renvoyé par le Ministre de la Culture en mai.
Selon les données de L’International Development Centre (IDC), les protestations avaient atteint ces derniers temps un niveau continuellement élevé. Au cours de la dernière année du règne de Moubarak, la moyenne était de 176 actions de protestation par mois alors que la moyenne actuelle pour 2013 est de… 1.140 par mois ! Au total, il y a eu 9.427 actions de protestation Durant la première année du mandat présidentiel de Morsi. La moitié de ces actions étaient des protestations ouvrières, avec notamment 1013 grèves et 811 sit-in. Il y a eu 500 manifestations et 150 blocages routiers.
Ceux qui espéraient que la chute de Moubarak allait marquer l’ouverture d’une ère de droits démocratiques en ont été pour leurs frais. Le régime de Morsi a adopté des mesures très répressives. Les travailleurs ne reçoivent pas un traitement identique à celui des hommes d’affaires qui se sont enrichis sous Moubarak… Ainsi, le Ministre de l’Aviation a encore récemment renvoyé quinze travailleurs de l’aéroport du Caire après que ces derniers aient pris part à une grève. Cinq dockers de la société Alexandria Port Containers ont été condamnés à trois ans de prison pour avoir dirigé une grève en octobre 2011. Ils sont toutefois parvenus à faire annuler cette décision en appel. Le 26 juin, Morsi avait annoncé l’adoption de nouvelles mesures destinées à faire face à la ‘‘brutalité’’ et au ‘‘terrorisme’’, notamment contre les barrages routiers. Il s’agissait là d’une menace à peine voilée contre les travailleurs entrant en action pour défendre leur niveau de vie.
Les manifestations du 30 juin
Un nouveau groupe, Tamarod (Rebelle), a été lancé en avril derniers par d’anciens membres de Kefaya, le groupe qui avait organisé des manifestations pour les droits démocratiques sous Moubarak. L’objectif que s’était fixé le nouveau collectif était de parvenir à réunir 15 millions de signatures sur une pétition réclamant la démission de Morsi, un objectif dépassé. Cette pétition est principalement axée sur les questions brûlantes des droits démocratiques et de la situation sociale et économique. Le texte déclare notamment qu’il n’existe aucune justice pour les victimes des forces de sécurité décédées au cours du soulèvement anti-Moubarak, que les ‘‘pauvres n’ont pas de place dans la société’’, que l’économie s’est ‘‘effondrée’’ à tel point que le gouvernement est obligé d’aller ‘‘mendier’’ auprès du FMI et que le régime de Morsi est condamné pour avoir ‘‘suivi les traces des Etats-Unis’’. En quelques semaines, cette campagne de pétition a rassemblé 6.000 volontaires et plus de 100.000 fans sur Facebook. Beaucoup de mouvements politiques d’opposition ont soutenu cette campagne, dont le Mouvement de la Jeunesse du 6 Avril, le Parti de la Constitution libéral, le Parti de l’Alliance Populaire Socialiste et le Parti Egypte Forte, fondé par l’ancienne figure de proue des Frères Musulmans Abdel-Moneim Aboul-Fotouh, qui s’était opposé à Morsi à l’occasion des élections présidentielles.
Leur but est ‘‘d’éviter de reproduire les erreurs de la période écoulée et de poursuivre sur la voie de la révolution du 25 janvier’’, selon le co-fondateur de Tamarod, Mohamed Abdel Aziz. Les organisateurs avaient aussi déclaré avant le 30 juin qu’il ‘‘n’y aura pas de drapeaux ou de banderoles aux manifestations à l’exception de drapeaux égyptiens, de photos de martyrs, à commencer par les martyrs de la révolution du 25 janvier.’’
Il faut un parti de masse des travailleurs
Cette approche antiparti est à considérer comme une réflexion des déceptions éprouvées face aux dizaines de partis qui ont émergé après la chute de Moubarak. La plupart de ceux-ci se sont limités à plaider pour l’instauration d’une sorte de démocratie capitaliste tout en laissant les véritables maîtres de l’Égypte en place – les capitalistes et les généraux. L’enthousiasme des dirigeants de ces partis pour l’obtention de postes grassement rémunérés n’a pas inspiré de confiance aux travailleurs et aux pauvres.
D’autre part, certains à gauche (comme les Revolutionnary Socialists) ont semé la confusion en soutenant en juin 2012 la candidature de Morsi contre celle d’Ahmed Shafiq, qui représentant l’aile pro-Moubarak. L’élément le plus crucial dans la situation actuelle est le développement de l’action et de l’organisation indépendantes de la classe des travailleurs et des pauvres. Ces derniers ont besoin de disposer de leur propre parti de masse pour défendre leurs intérêts et leurs droits démocratiques.
Tamarod appelle Morsi à démissionner pour être remplacé par un Premier ministre indépendant pour une durée de six mois qui ‘‘dirigerait un gouvernement technocratique dont la mission principale serait de mettre sur pied un plan économique d’urgence afin de sauver l’économie égyptienne et de développer des politiques de justice sociale.’’ Mais ‘‘sauver l’économie (capitaliste) égyptienne’’ signifie très clairement de lancer plus d’attaques contre les travailleurs et les pauvres avec la suppression des subsides à l’alimentation et de nouvelles privatisations destinées à satisfaire le Fonds Monétaire International. Tout cela est à l’opposé des revendications qui avaient émergé en janvier 2011 et qui étaient basées sur le pain, la liberté et la justice sociale.
Ce dont les travailleurs et les pauvres ont besoin, c’est d’un salaire minimum décent, d’une semaine de travail plus courte (sans perte de salaire et avec embauches compensatoires), d’un logement abordable et de qualité, d’un enseignement gratuit et de qualité, d’un programme de construction d’hôpitaux et d’autres infrastructures, de transports en commun gratuits,… Tout cela créerait une masse d’emplois. Ces revendications socialistes combinées à un programme de défense des droits démocratiques pourraient obtenir un soutien massif pour autant qu’elles soient défendues par un parti des travailleurs construits avec et autour des syndicalistes combatifs.
Sans un tel programme, les dirigeants des Frères Musulmans pourront continuer à s’appuyer sur la couche conservatrice qui existe au sein des masses pauvres, surtout dans les campagnes. Tout comme Erdogan en Turquie a réussi à mobiliser un nombre important de partisans, de grandes manifestations ont eu lieu en soutien à Morsi, avec environ 100.000 personnes au Caire le 21 juin. Peu de rapports font par contre état de mobilisations en sa faveur le dimanche 30 juin. Seul un programme clairement socialiste défendant unilatéralement les intérêts des travailleurs et des pauvres tout en exposant au grand jour les intérêts capitalistes de certains dirigeants de premier plan des Frères Musulmans pourrait diviser la base de soutien du Président Morsi.
Un coup d’Etat militaire ?
Le général Abdul Fattah Al-Sisi, commandant en chef des forces armées et ministre de la Défense a déclaré le 23 juin que l’armée pourrait intervenir afin de prévenir le pays de sombrer dans le ‘‘sombre tunnel de la criminalité, de la trahison, des luttes sectaires et de l’effondrement des institutions d’Etat.”
Ce que les généraux et toute la classe dirigeante craignent le plus, c’est l’action de masse indépendante de la classe ouvrière et de la jeunesse, ce qui pourrait menacer leurs intérêts. En outre, des éléments liés à l’ancien régime de Moubarak cherchent à défendre leurs intérêts propres, de même que l’impérialisme américain. Les généraux ne semblent toutefois pas encore confiants de suivre la voie d’une répression militaire directe. Pour le moment, ils tentent encore de se présenter comme des ‘‘arbitres’’ qui veulent forger un gouvernement ‘‘d’unité nationale’’.
Certains dirigeants de Tamarod suggèrent qu’ils soutiendraient l’armée si elle voulait reprendre le pouvoir en main. Il s’agit d’une position très dangereuse, illustrée notamment par les propos tenus par Mahmoud Badr, un porte-parole de Tamarod, qui a salué la déclaration des chefs militaires en ce sens. De même, la foule réunie place Tahrir aurait applaudi en entendant ces nouvelles, en scandant ‘‘L’armée et le peuple sont main dans la main.’’
Il semble possible que, dans les coulisses, le gouvernement américain ait changé son fusil d’épaule et décidé de plutôt considérer l’armée comme le meilleur moyen de stabiliser le pays et son économie capitaliste. Dix ministres du gouvernement ont démissionné le 1er juillet, suggérant que Morsi pourrait rester plus longtemps. Ce dernier tente d’éloigner les critiques des Frères Musulmans et accuse ses ‘‘anciens collaborateurs’’ du régime déchu de Moubarak. Le 2 juillet, il a rejeté les conditions de l’armée.
A ce stade, la plupart des officiers supérieurs ne veulent pas prendre la responsabilité directe du gouvernement. Cependant, sans aucun doute, certains militaires et membres des forces de sécurité aspirent à reprendre le pouvoir qu’ils ont exercé pendant si longtemps sous le règne de Moubarak. Les forces armées contrôlent des pans entiers de l’économie, des officiers supérieurs ont réussi à faire fortune grâce à ce contrôle. Ils désirent disposer de la stabilité économique et politique tout autant que d’autres hommes d’affaires capitalistes afin de poursuivre à amasser de l’argent.
Il y a dix-huit mois encore, le gouvernement militaire tirait sur les manifestants au Caire. Tout gouvernement – islamique ou laïc, civil ou militaire – basé sur la défense du système capitaliste va s’en prendre aux intérêts de la majorité des Egyptiens.
La menace sectaire
L’absence d’un programme capable de répondre aux besoins quotidiens des masses de la part de Tamarod ou de tout autre parti majeur laisse un vide dangereux dans lequel le poison du sectarisme pourrait exploser.
Les chrétiens coptes se sont sentis menacés par le programme d’islamisation des Frères Musulmans et par les attaques contre des églises. Morsi et les Frères Musulmans se sont alignés sur l’Arabie saoudite réactionnaire et sur les cheikhs du Golfe et soutiennent l’opposition sunnite au régime d’Assad en Syrie. Mais il y a trois millions de musulmans chiites en Egypte. Des extrémistes religieux salafistes s’en sont pris aux chiites, un parlementaire déclarant qu’ils étaient ‘‘plus dangereux que des femmes nues’’ et constituaient une menace pour la sécurité nationale. Dans cette atmosphère sectaire, une foule de 3000 personnes a attaqué des maisons de chiites dans le village de Zawyat Abu Musulam le 23 juin. Quatre hommes avaient été traînés hors de leurs maisons pour être tués.
Pour un gouvernement des travailleurs et une démocratie socialiste
Les véritables socialistes et les syndicalistes peuvent construire des mouvements qui permettraient de surmonter les divisions sectaires avec un programme de solidarité de classe contre l’ennemi commun capitaliste, qu’il soit impérialiste ou égyptien.
Les luttes de masse initiées par le début de la révolution en 2011 sont toujours en cours. De nombreux syndicats indépendants ont surgi dans tout le pays. Morsi a lui-même attiré l’attention sur les 4.900 grèves enregistrées au cours de ces 12 derniers mois. Une grève générale peut réunir tous les opprimés de la société et jouir d’un grand soutien de la part de la classe moyenne. Mais une grève générale ne doit pas servir à renverser un dictateur pour qu’il soit remplacé par un autre, qu’il soit général, homme d’affaires ou politicien capitaliste.
Des comités de grève élus démocratiquement et des comités d’action de masse doivent être construits dans chaque grande entreprise et chaque collectivité locale pour discuter de l’élaboration d’un programme et d’un plan d’action orienté vers le renversement révolutionnaire du régime. Ils pourraient être reliés aux niveaux local et national, posant ainsi les bases d’un gouvernement de représentants des travailleurs et des pauvres.
Un appel lancé aux travailleurs de la région pour prendre des mesures similaires contre la pauvreté, le sectarisme et la répression pourrait bénéficier d’un très large écho et aider à construire un mouvement pour le socialisme dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
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Egypte : Le candidat aux présidentielles le plus identifié à la révolution remporte 22% des voix
Le premier tour des élections présidentielles égyptiennes (les 23 et 24 mai dernier) ont placé en tête Mohamed Morsi, le candidat du Parti de la liberté et de la justice (la vitrine politique des Frères Musulmans). Avec ses 25%, il se place un pourcent devant Ahmed Chafik, qui fut le dernier premier ministre du président déchu Hosni Moubarak. La révolution commencée le 25 janvier 2011 fait-elle marche arrière ? Les résultats illustrent au contraire qu’elle peut bien avoir dévié, mais qu’elle ira à nouveau de l’avant. Le gagnant de ces élections est en fait le principal perdant de celles-ci !
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de galles)
Au Caire, à Alexandrie et dans d’autres villes et villages, des manifestations de masse ont suivi l’annonce des résultats. Des centaines de personnes ont notamment pris d’assaut le QG de campagne de Chafiq au Caire afin d’y mettre le feu. Mais ces manifestations de colère n’auraient pas seulement été dirigées contre Chafik, mais également contre le candidat des Frères Musulmans.
Les Frères Musulmans (FM) ont obtenu dix millions de voix (soit 47%) à l’occasion des récentes élections législatives tenues il y a quelques mois à peine. Mais cette fois, Morsi n’a pu compter que sur un peu plus de cinq millions de votes (25%). Il était en fait le second choix des Frères Musulmans pour les représenter, puisque leur premier choix, Khairat al-Chater, a été disqualifié pour cause de condamnation sous le régime Moubarak. Al-Chater est l’un des plus riches hommes d’affaires d’Egypte, ce qui constitue en soi une excellente indication de la vision des choses adoptée par la direction des Frères Musulmans et de ce que doivent en attendre les travailleurs et les pauvres.
Lors des élections législatives, le parti des ultra-conservateurs salafistes, Al-Nour, avait recueilli 24% des voix. Leur candidat, Hazem Abu Ismail, a également été disqualifié pour les présidentielles en raison de la double nationalité américaine de sa mère. Un candidat qui avait fait défection des Frères Musulmans et s’est présenté comme un indépendant en faisant appel aux libéraux laïques, Abdel Moneim Aboul El-Fotouh, a obtenu 18% des voix – beaucoup moins que prévu dans les sondages. Il avait gagné le soutien des salafistes, ce qui lui a probablement fait perdre le soutien d’autres couches qui espéraient de lui qu’il comble le fossé entre les partisans islamistes et laïques de la révolution.
Un autre candidat avait été mis en avant dans les sondages ; l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui a terminé cinquième avec 11% des suffrages. Il était l’un des favoris de l’establishment, avec juste ce qu’il fallait d’opposition pour être en mesure de prétendre soutenir la révolution du 25 janvier. Moussa et Aboul Fotouh étaient considérés comme les deux principaux candidats, jusqu’à un débat télévisé qui semble leur avoir fait perdre du soutien à tous les deux!
La croissance rapide du candidat de gauche
Les deux candidats qui ont fait mieux que prévu ont été Chafiq, un vestige de l’ancien régime, et Hamdine Sabahi. Parmi les principaux candidats, Hamdine Sabahi était le plus identifié à la révolution. Il a reçu 22% des suffrages, c’est-à-dire le double de ce que les sondages laissaient prévoir une semaine plus tôt, arrivant même en tête au Caire, à Alexandrie et à Port Saïd. Aux élections législatives de janvier dernier, son parti de la dignité (Karama) n’avait remporté que 6 des 478 sièges. Sabahi a derrière lui plus de 30 ans d’opposition à l’ancien régime de Moubarak, et a été emprisonné pour cela. Son slogan électoral – ‘‘L’un d’entre nous’’ – reflétait cela, ainsi que ses origines familiales modestes.
Sabahi défendait un programme comprenant l’augmentation du salaire minimum de 700 Livres Egyptiennes (94 euros) à 1200 Livres Egyptiennes (161 euros) par mois, l’instauration d’un salaire maximum, des allocations de chômage pour els jeunes et une subvention minimale de 500 Livres Egyptiennes (67 euros) pour quatre millions de familles pauvres. Il s’est opposé aux mesures d’austérité qui ‘‘ont un effet nocif sur les conditions de vie des citoyens et contribuent à la récession.’’ Il défendait également une forte augmentation de l’utilisation de l’énergie solaire, la création d’une banque d’Etat pour aider les agriculteurs, un enseignement gratuit et l’éradication de l’analphabétisme.
Toutes ces mesures sont bien entendu les bienvenues, mais le programme de Sabahi pour leur mise en œuvre est basé sur l’idée nassérienne d’une ‘‘économie de développement planifiée, en créant un équilibre entre les trois secteurs économiques – public, privé et coopératif.’’
Bien que Nasser ait réussi à quelques années à se maintenir en équilibre entre l’Ouest capitaliste et la Russie stalinienne (en savoir plus), l’actuelle domination mondiale du capitalisme signifie qu’il ne peut y avoir d’équilibre entre les secteurs public et privé. Seule la propriété collective de toutes les grandes entreprises, des banques et des grandes propriétés terriennes est capable de poser les bases d’une ‘‘économie de développement planifiée.’’ Cette planification doit de plus être réalisée sous le contrôle démocratique des travailleurs, des petits commerçants et des petits agriculteurs, plutôt que sous les ordres d’une élite bureaucratique de fonctionnaires et de militaires.
Le soutien du candidat de l’ancien régime
Chafiq est devenu le candidat qui a reçu le plus de soutien afin de restaurer ‘‘la loi et l’ordre’’ et pour répondre au sentiment sécuritaire de tous ceux qui se sentent menacés par les bouleversements que le pays a connu depuis le 25 janvier 2011. Beaucoup d’entre eux sont de petits commerçants, des négociants et de petits entrepreneurs qui ont perdu leur commerce (notamment dans le tourisme) pendant les troubles. D’autres se sentent fatigués après 16 mois de soulèvements révolutionnaires et contre-révolutionnaires, la classe dirigeante et l’ancien régime semblant encore s’accrocher au pouvoir. Une certaine nostalgie d’un passé apparemment plus calme se développe. Sa campagne a été financée par ce qui reste de l’ancien régime et par les grandes entreprises, qui veulent un président capable de revenir sur les acquis de la révolution.
La minorité chrétienne semble aussi également très fortement voté pour lui pour des raisons similaires ainsi qu’en raison de leurs craintes concernant l’islamisation de l’État et la menace de persécutions. Cependant, les suffrages combinés des deux principaux candidats islamistes, Morsi et Aboul Fotouh, représentent seulement 43% des votes, chiffre qu’il faut comparer aux 72% obtenus par les Frères Musulmans et Al-Nour lors des élections législatives.
Le taux de participation pour le premier tour des élections présidentielles était en baisse, et s’est situé à environ 45%, reflétant ainsi l’opinion largement répandue selon laquelle ces élections ne vont pas changer grand-chose dans la vie de la population. Une certaine déception se développe concernant le parlement. Un électeur d’Al-Nour avait déclaré aux élections de janvier : ‘‘Nous attendons beaucoup de ce parlement. Nous attendons qu’ils répondent à nos besoins et soit capable de résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté, y compris le chômage et la pénurie de gaz.’’ (Ahram, 23/01/12)
Les luttes industrielles
Les deux candidats pour le second tour, Morsi et Chafiq, représentent seulement 49% des voix exprimées au premier tour. La classe ouvrière et la jeunesse radicalisée ne pourront pas voter pour un candidat qui représente les objectifs de la révolution et lutte pour une politique favorable à la classe ouvrière et aux pauvres. Compte tenu de cela, le taux d’abstention pourrait être encore plus élevé au second tour, puisque de nombreux travailleurs et jeunes ne verront aucune raison de voter pour des candidats qui représentent les partis et les forces se dressant sur la voie du changement fondamental, c’est-à-dire un changement social, économique et politique. Les Frères Musulmans pourraient toutefois jouer le rôle de ‘‘moindre mal’’ et ramasser des votes de la classe ouvrière et des jeunes afin d’empêcher l’arrivée au pouvoir de Chafik. D’autres électeurs, en particulier les chrétiens, peuvent voter pour le candidat de l’ère Moubarak par crainte de l’arrivée à la présidence d’une force islamiste. Les vieux amis de Moubarak issu du monde des grandes entreprises feront tout pour que Chafiq l’emporte afin de pouvoir continuer à faire fortune sur la souffrance des pauvres et des travailleurs.
Quelle que soit le vainqueur, la classe ouvrière et les pauvres auront besoin de se battre pour défendre leurs intérêts contre la classe dirigeante. Une victoire de Morsi conduira à la déception des électeurs des Frères Musulmans, en clarifiant que les dirigeants des Frères ne représentent pas de changement réel pour la vie des masses. Par la suite, cela pourrait conduire à de nouveaux gains électoraux pour le parti salafiste Al-Nour si aucune alternative crédible pour les travailleurs n’est construite.
Les travailleurs ont déjà une certaine expérience d’une victoire de l’islma politique de droite. Les conducteurs de bus en grève au mois de mars avaient dû aux briseurs de grève de l’armée, tandis que les députés des Frères Musulmans et les députés salafistes avaient ignoré les revendications des grévistes, comme l’avait expliqué l’un d’eux au journal Egypt Independant le 13 mars dernier. ‘‘Ils ne défendent pas nos droits’’, avait-il ajouté.
Les Frères Musulmans déclarent vouloir construire un gouvernement de coalition avec ‘‘tous les groupes politiques, en particulier les groupes révolutionnaires’’. Un de leurs porte-parole affirme qu’il ‘‘croit en la valeur réelle d’un consensus national.’’
Chaque groupe révolutionnaire rejoignant une coalition dirigée par les Frères Musulmans pour tenir Chafiq à l’écart sera très vite entaché par la politiques antisociale. Sabahi a eu raison de refuser de participer à ces négociations (même si son parti, Karama, a rejoint le parti des Frères Musulmans au sein de ‘‘L’Alliance démocratique’’ pour quelques mois l’an dernier).
Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, il est clair que la société égyptienne reste dans un état extrêmement mouvant. Ni la réaction, ni la révolution n’ont été en mesure de stabiliser leur soutien. Si Shafiq devient le nouveau président, il fera face à une opposition généralisée dès ses débuts au pouvoir, en particulier des travailleurs et des jeunes qui ont mené la lutte révolutionnaire. Après près de six mois de campagne électorale, l’attention commence à se tourner vers d’autres moyens pour améliorer les conditions de vie de la population. Plus grèves sont susceptibles d’arriver, et d’ainsi fournir aux nouveaux syndicats indépendants autant d’occasions de montrer que la solidarité et la lutte peuvent remporter des victoires.
Mais chaque victoire sera systématiquement sous la menace des patrons, y compris le Conseil suprême des forces armées, qui a de grands intérêts économiques. La construction d’un parti politique capable d’unir travailleurs, jeunes et pauvres autour d’un programme d’action destiné à changer la société peut remettre en cause le pouvoir de la classe dirigeante. C’est une des tâches les plus urgentes à l’heure actuelle.
Un gouvernement des travailleurs et des pauvres basé sur la réalisation d’un programme socialiste de nationalisation des grandes entreprises sous le contrôle démocratique des travailleurs pourrait mettre fin à la dictature du capitalisme et à la pauvreté, la répression et l’insécurité qu’il apporte. La lutte pour la démocratie réelle ne peut pas être distincte de la lutte pour le socialisme.
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Retour sur la crise de Suez de 1956
Le 5 novembre 1956, les paras britanniques et français descendent sur Port Saïd, en Égypte, afin de prendre contrôle de l’accès au canal de Suez. Deux mois plutôt, devant une foule enthousiaste, le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait déclaré : ‘‘nous défendrons notre liberté. J’annonce la nationalisation du canal de Suez.’’ Au vu des récents évènements révolutionnaires en Egypte, il est bien entendu utile de revenir sur la crise de Suez et sur le Nassérisme.
Dossier de Dave Carr
La Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis avaient refusé d’accorder à l’Égypte un emprunt pour la construction du barrage d’Assouan, un projet qui avait pour objectif de rendre l’eau disponible toute l’année, d’étendre les surfaces irriguées, d’améliorer la navigation sur le fleuve et de produire de l’électricité. Nasser a répliqué qu’il prendrait les 100 millions de dollars de revenus du canal de Suez afin de financer le projet.
Cette nationalisation a, bien entendu, glacé le sang de l’impérialisme britannique et français. Nasser avait maintenant le contrôle d’un passage stratégique par où défilaient les stocks de pétrole arabe vers l’occident. De plus, il commençait à obtenir de plus en plus de soutien de la part des ouvriers et paysans pauvres dans toute la région. Ces mouvements menaçaient directement les régimes fantoches de différents du Moyen-Orient.
Après 1945, les ouvriers et paysans du monde colonial étaient entrés dans un nouveau stade de leur lutte anti-impérialiste et pour la libération nationale et sociale. Les jours de la domination directe des vieilles puissances coloniales étaient désormais comptés.
Le Premier ministre britannique Anthony Eden avait été encouragé par son gouvernement conservateur pour tenter de remettre le royaume britannique plus fortement en avant sur la scène internationale. Malgré le déclin économique et politique grandissant de l’impérialisme britannique consécutif à la seconde guerre mondiale, Eden pensait que la Grande-Bretagne pouvait jouer un rôle de premier plan dans le cours des grands évènements mondiaux. La classe dirigeante française pensait elle aussi qu’il était possible de redorer le blason de la gloire coloniale du pays. Mais l’approche brutale de l’impérialisme français au cours des guerres coloniales avait conduit à la défaite de la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie, déjà entamée, allait elle-aussi bientôt se solder par une cuisante défaite conduisant au retrait du pays.
Réaction occidentale
‘‘Nous bâtirons ce barrage avec les crânes des 120.000 ouvriers égyptiens qui ont donné leur vie pour la construction du canal’’. Cette déclaration de Nasser avait constitué, pour les ouvriers et les chômeurs des bidonvilles du Caire et d’Alexandrie ainsi que pour la population de la région entière, une attraction énorme.
La réaction de l’occident était prévisible. Tant au Parlement britannique qu’au Parlement français, Nasser a été comparé à Mussolini et Hitler. En Grande –Bretagne, les médias bourgeois et les parlementaires conservateurs n’avaient de cesse de parler de ‘‘Nasser-Hitler’’, tandis que les parlementaires travaillistes ou libéraux demandaient eux-aussi des mesures contre l’Égypte. Le Premier Ministre Eden ne le désirait que trop, et les avoirs du canal de Suez ont été immédiatement gelé dans les banques britanniques. Il s’agissait de presque deux tiers des revenus du canal.
Le dirigeant du Parti Travailliste Hugh Gaitskell a soutenu le gouvernement conservateur auprès des Nations Unies, et a même déclaré qu’une intervention armée n’était pas à exclure contre Nasser. Le Premier Ministre français Guy Mollet promettait lui aussi une sévère riposte.
Le gouvernement britannique a tout d’abord voulu montrer qu’il désirait résoudre la crise de façon diplomatique. Une conférence de 24 pays maritimes a été convoquée à Londres afin de discuter de la ‘‘menace contre la libre navigation internationale’’. Pendant ce temps, l’armée appelait les réservistes, et une grande force navale a commencé à se rassembler.
En réponse, Nasser a lancé un appel pour une grève internationale de solidarité à l’occasion du début de la conférence. Le 16 août, des grèves massives ont donc eu lieu en Libye, en Égypte, en Syrie, en Jordanie et au Liban, ainsi que de plus petites actions de solidarité au Soudan, en Irak, en Tunisie et au Maroc. Partout, les ambassades britanniques et françaises étaient assaillies par des manifestants.
La conspiration
Le président américain Eisenhower, en pleine campagne électorale, a refusé de soutenir toute intervention militaire franco-britannique. L’impérialisme américain était en fait engagé dans un bras de fer avec les impérialismes français et britanniques pour gagner de l’influence dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Le prétexte servant à intervenir en Égypte a été une intervention israélienne armée dans le Sinaï, négociée au préalable avec les gouvernements français et britanniques. Les troupes britanniques et françaises sont ensuite venues s’interposer entre les troupes israéliennes et égyptiennes pour ‘‘protéger’’ le canal de Suez.
Les représentants des gouvernements israéliens, français et britanniques s’étaient réunis secrètement le 24 octobre dans le voisinage de Paris, à Sèvres, et un pacte avait été conclu lors de cette réunion. Le Ministre des Affaires étrangères britannique, Anthony Nutting, a plus tard ouvertement expliqué que l’intervention britannique faisait partie d’une ‘‘conspiration commune avec les Français et les Israélien’’. Les Protocoles de Sèvres stipulaient que ‘‘L’État hébreu attaquera l’Égypte le 29 octobre 1956 dans la soirée et foncera vers le canal de Suez. Profitant de cette agression ‘surprise’, Londres et Paris lanceront le lendemain un ultimatum aux deux belligérants pour qu’ils se retirent de la zone du canal. Si l’Égypte ne se plie pas aux injonctions, les troupes franco-britanniques entreront en action le 31 octobre.’’
Israël a utilisé le prétexte d’attaques transfrontalières de Palestiniens et du fait que le port d’Eilat avait été fermé par Egyptiens, et sont donc passé à l’offensive le 29 octobre. Le lendemain, comme convenu, les Français et les Britanniques lançaient un ultimatum commun pour imposé aux deux pays de se retirer à une quinzaine de kilomètres du canal.
L’Égypte a bien entendu refusé cet ultimatum hypocrite. Les troupes britanniques et françaises sont donc intervenues. Les aéroports égyptiens ont été attaqués et, le 5 novembre, la zone de canal a été envahie. 1.000 Egyptiens, principalement des civils, sont décédés lors de l’invasion de Port Saïd.
La défaite
Le mouvement ouvrier s’est mobilisé contre cette intervention et, à Londres, une grande manifestation s’est tenue à Trafalgar Square. Lorsque les manifestants sont parvenus aux environs de Downing Street, où réside le Premier Ministre, des confrontations avec la police ont eu lieu.
Au même moment, une révolte ouvrière éclatait en Hongrie, contre la dictature stalinienne, et cette révolte a été écrasée par les tanks soviétiques. Le même jour, l’Égypte était envahie.
Les conséquences internationales ont été extrêmes. Les plupart des pays arabes ont rompu leurs relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et la France. Le pipeline britannique de Syrie a été saboté et l’Arabie Saoudite a bloqué les exportations pétrolières destinées à la Grande-Bretagne tandis que les USA exigeaient un retrait d’Égypte. L’Union Soviétique menaçait elle aussi de représailles.
La faiblesse économique et politique de l’impérialisme britannique a été révélé au grand jour à la lumière de ces évènements. Le canal de Suez a été bloqué, des navires coulés. Très vite, l’essence a dû être rationnée en Grande Bretagne. De leur côté, les Etats-Unis ont refusé d’accorder un emprunt au pays, et ont empêché le gouvernement britannique d’en avoir un de la part du FMI. La Livre britannique a chuté, et ses réserves de monnaie étrangères ont rapidement été épuisées.
Après six semaines, les troupes britanniques et françaises ont dû quitter l’Egypte, en pleine déroute, de même que les troupes israéliennes. Nasser est apparu comme le grand vainqueur qui avait humilié l’impérialisme. En Grande Bretagne, le Premier Ministre Eden a été brisé politiquement et moralement, et a dû démissionner.
Après la crise de Suez, le processus révolutionnaire dans la région a connu un nouveau dynamisme.
Qu’est ce que le nassérisme?
Nasser est parvenu au pouvoir après un coup d’Etat militaire contre le monarque corrompu Farouk, renversé en 1952. Le Roi Farouk était une marionnette de l’occident, et plus particulièrement de l’impérialisme britannique.
A ce moment, 6% de la population du pays détenait 65% des terres cultivables tandis que 72% de la population devait se contenter de seulement 13% de la terre. Il y avait des millions de paysans sans terre ou de chômeurs, obligés de vivre dans les bidonvilles du Caire et d’Alexandrie. Les occupations de terres et les grèves s sont développées, mais aucune formation politique des travailleurs n’était en mesure de conduire les ouvriers et les paysans dans la lutte pour le pouvoir. Le colonel Nasser a profité de ce vide politique.
Ce dernier a opéré diverses réformes, tout en laissant le capitalisme intact. Il recourait à une rhétorique socialiste afin d’obtenir le soutien des ouvriers, mais n’a en même temps pas hésité à arrêter et à faire fusiller des dirigeants de grève. Il désirait recevoir l’appui des puissances occidentales, mais s’est finalement appuyé sur la bureaucratie soviétique en contrepoids contre l’impérialisme. Cet exercice d’équilibre dans son propre pays et face aux pouvoirs étrangers a assuré qu’il devienne un dictateur avec des caractéristiques de type bonapartiste.
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Egypte : “Nous ne partirons pas tant qu’il ne partira pas!” – Témoignage de la place Tahrir au Caire
A la suite des manifestations massives du 1er février au Caire et à Alexandrie, le Président Hosni Moubarak s’est dit prêt à partir en septembre. Mais les manifestants de la place Tahrir au Caire continuent toutefois leurs actions pour forcer Moubarak à quitter le pouvoir. Hier après-midi, des confrontations dramatiques ont eu lieu, quand des partisans du dictateur ont attaqué les protestataires, y compris avec des armes à feu, montés sur des chevaux et des chameaux. Les forces armées sont restées “neutres”, émettant un ordre de dispersion pour les deux camps. Voici ci-dessous une interview d’un correspondant du CIO présent au Caire.
socialistworld.net
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Actions de solidarités
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- Protestations à l’ambassade égyptienne à Bruxelles (30 janvier)
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Que se passe-t-il au Caire?
“A la place Tahrir et dans les rues avoisinantes, il y a des milliers et des milliers de manifestants. Je n’ai jamais vu quelque chose de semblable. Les manifestations ont commencé très tôt le matin et nous sommes maintenant très tard le soir (le 1er février). Même s’il y a officiellement un couvre-feu, un très grand nombre de personnes reste sur la place. La foule est dense et il est très difficile de se déplacer. Tout le centre-ville est contrôlé par les manifestants et totalement dénué de la présence des forces de police. Il y a toujours de soldats aux alentours, mais ils ne sont pas très visibles. L’ordre est maintenu par des comités de défense dans lesquels sont presents des gens de diverses religions. Ils vérifient les documents des passants, s’assure que rien ne peut être utilisé comme provocation et distribuent des tracts comprenant des instructions sur la manière de se comporter sur la place. Le niveau d’auto-organisation et de discipline est impressionnant. Des centres médicaux et un centre de presse ont aussi été installés, de même que des cantines.
“Un des volontaires m’a dit qu’il avait découvert la présence d’un policier en vérifiant les papiers d’identité (le travail de chacun est inscrit sur les documents d’identité égyptiens). Il l’a livré à l’armée. Il y a visiblement un accord pour procéder de la sorte, même s’il l’on ne sait pas se que fait l’armée des policiers. La police, les “gardiens de l’ordre”, sont interdits aux manifestations, même s’ils ont quitté l’uniforme, parce que les gens pensent qu’ils sont principalement là pour faire des provocations, ce qui pourrait se terminer de façon tragique dans les circonstances actuelles.
“Le manifestation est constituée de groupes autour d’orateurs avec des mégaphones qui crient des slogans ou livrent des informations importantes. Des meetings se déroulent autour des stands de différents partis politiques. Parmi les manifestants, on trouve un grand nombre de jeunes très militants, préparés à aller jusqu’au bout. Beaucoup de femmes participent aussi aux protestations. Tout le monde crie qu’ils ne partiront pas avant que Moubarak s’en aille. Quelqu’un a crié à un moment, probablement un provocateur, que Moubarak avait démissionné, mais il a immédiatement été interrompu par les manifestants qui criaient “Ne croyez pas les rumeurs, que personne ne parte avant que le président ait officiellement démissionné.” Il faut aussi préciser que les slogans ne sont pas orientés que vers une personne, mais contre le régime en lui-même.
“Internet ne fonctionne pas au Caire, et les messages sms ne passent pas, il y a une véritable soif d’informations. Pour l’instant, les téléphones portables fonctionnent. Les autorités ont interdit la diffusion de la chaîne Al-Jazeera. J’ai rencontré le dirigeant du bureau du Caire d’Al-Jazeera, qui vit dans une tente et y coordonne le travail de ses correspondants et des équipes-caméras.
‘‘Alors que je marchais parmi la foule, j’ai fait une rencontre assez surprenante. Quelqu’un, que je ne connaissais pas, m’a appelé de mon nom! Il m’a expliqué que je ne le connaissais pas mais qu’il était ami avec moi sur Facebook! Nous avions visiblement échangé quelques commentaires sur la situation en Egypte. De nombreuses personnes m’ont demandé se que je faisais au Caire et, quand je leur expliquais que je venais spécialement pour soutenir leur lutte, Ils étaient très agréablement surpris. Mais des touristes ont également pris part aux manifestations, j’ai pu entendre des slogans en italien, en espagnol et dans d’autres langues. J’ai aussi rencontré deux Anglais avait une pancarte déclarant, en arabe ; “Moubarak, il est temps de partir, nous avons besoin de prendre une douche!” Il n’y a visiblement plus d’eau dans des hôtels. Parfois, ce sont des Egyptiens eux-mêmes qui écrivent des pancartes et des tracts en anglais, pour que ceux qui regardent les reportages aux télévisions à l’étranger comprennent ce qui se passe. A cause du blocage de l’information, les gens ne savent pas grand chose des protestations à l’étranger en solidarité avec leurs luttes, mais quand de telles informations parviennent aux oreilles des manifestants, elles sont chaudement acclamées.”
Quelles sont les revendications des manifestants? Quels sont leurs slogans?
“Leurs revendications concernent clairement des thèmes sociaux et démocratiques: le président doit démissionner, il faut la liberté d’expression, une nouvelle constitution et de nouvelles élections à tous les niveaux. J’ai vu une femme avec une pancarte qui disait “L’armée doit nous défendre – oui. L’armée doit nous diriger – non”. Dans d’autres termes, même si les manifestants traitent chaudement l’armée, ils n’ont aucune envie de la voir prendre le pouvoir.
“Parfois, on peut voir des slogans progressistes, même si les revendications sont un peu confuses, comme “rendez au peuple ce qui lui a été volé”, sans que la manière de réaliser cela soit claire. J’ai vu des slogans comme “Ramenez les salaries au niveau des prix” et “Pour un salaire minimum de 200 dollars”. Mais, en general, on ne voit pas de programme clair ni d’analyse précise. Un autre élément important est la revendication de l’abolition de loi d’urgence, qui est appliqué en Egypte depuis plus de 30 ans et est utilisée pour réprimer les mouvements de la population.
“Partout, on peut sentir que l’atmosphère de révolte continue à croître, il y a une explosion de protestations reflétée de toutes sortes de façons: pancartes, slogans peints sur les murs ou sur le sol, sur les voitures, sur les bus, sur les visages, les vêtements,… On voit aussi de petites pièces de théâtres et toutes sortes de tracts sont distribués, par milliers, tout comme des appels, des déclarations, parfois sans aucune signature, parfois simplement issues d’individus.”
Quelles forces sont-elles impliquées dans les protestations?
“Toutes sortes de forces sont présentes : de gauche, de droite ou islamistes. Les groupes de gauche se limitent à des revendications démocratiques, elles reflètent simplement les revendications des masses. Elles appellent à la démission du président, Moubarak, à de nouvelles élections et à une nouvelle constitution, sans toutefois faire de l’agitation autour d’un programme socialiste.
“Les islamistes des Frères Musulmans ne participant pas vraiment aux protestations. Quand tout cela est apparu, ils ne sont pas intervenus. Maintenant, sous la pression de leur base, ils ont été forces de descendre dans les rues. Mais ils ont une influence quasiment insignifiante sur les slogans, les revendications, et l’atmosphère présente lors des manifestations. Une fois, j’ai vu un groupe de jeunes criant des slogans démocratiques. Une personne a commencé à crier “Allah Akbar”, mais personne dans la foule n’a repris l’appel, il a juste été ignoré. Il a alors essayé de rentrer plus loin dans la foule en continuant à crier, jusqu’à ce que plusieurs personnes lui dissent de rester tranquille. “Allakh Akbar” n’est pas un slogan, cela n’appelle personne à faire quoi que ce soit, cela ne représente aucune revendication ni aucun programme. Mais quand arrive l’heure de la prière et que les prêtres appellent les croyants à prier, une part significative de la manifestation participe. Juste après, les manifestants reprennent les slogans démocratiques. Personne ne crie en faveur de la sharia. Il y a aussi beaucoup de femmes qui participent aux protestations.
“J’ai parlé avec plusieurs coptes (des chrétiens d’Egypte), qui étaient très nombreux aux manifestations. C’est un symptôme important. A la nouvelle année, à Alexandrie, une attaque terroriste à la bombe contre une Eglise Chrétienne a mené à une situation très tendue dans la ville et ailleurs. Les coptes ont organisé des manifestations, ont demandé plus de sécurité, et ont même crié des slogans anti-Islam. Mais maintenant, cette situation a été transformée. Vous pouvez voir comment, en quelques jours, parfois en quelques heures, l’unité du mouvement pour les droits démocratiques et sociaux a unifié les chrétiens et les musulmans. L’unité dans la lutte relègue à l’arrière plan toutes les différences superficielles. J’ai vu des personnes porter un foulard avec un croissant de lune croisé avec une croix, le symbole de l’unité entre coptes et musulmans. Quand l’Eglise, par la voix du vieux patriarche, a publiquement supporté Moubarak, même quelques coptes ont regardé” cela comme une chose positive, en disant que maintenant les chrétiens seraient moins sous l’influence des de leurs représentants et de l’Eglise en tant que symbole d’autorité.
“L’opposition a déjà formé une coalition de différents partis, de gauche, de droite et d’islmaistes. Ils soutiennent les revendications générales des masses, mais demandent aussi que Durant les 6 mois de transition, jusqu’au départ de Moubarak, un gouvernement de ‘salut national’ soit constitué. Durant cette période, ils promettent d’organiser des elections à tous les niveaux, et de faire un nouveau projet de constitution.
“La gauche, en participant à cette coalition, aide dans les faits cette section de la bourgeoisie qui est actuellement maintenue à l’écart du pouvoir par le régime de Moubarak. Les slogans et revendications de cette coalition sont largement distribués et la masse des manifestants ne s’y oppose pas, même si les principales figures dirigeantes sont regardées avec scepticisme. C’est particulièrement le cas de l’ancien dirigeant de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, Mohammed Al-Baradei, qui vient juste de rentrer en Egypte. Mais pour l’instant, personne ne met en avant un programme alternatif, même à gauche.
“Dans le vide politique qui existe actuellement, qui commence déjà à être occupé par la droite, la gauche se doit d’être très active, de distribuer des tracts, de proposer leur alternative propre, et de construire une organisation – même s’il existe des problèmes pratiques pour mettre ses idées sous forme écrite puisque tous les magasins sont fermés.”
Le Comité pour une Internationale Ouvrière appelle:
- Pour des actions de masse de la part des travailleurs, y compris une grève générale, pour le renversement immédiat de Moubarak et de ce régime pourri et brutal.
- Pour l’obtention des droits démocratique immédiatement, avec le droit de se rassembler, de faire grève et de s’organiser dans des syndicats indépendant et démocratiques.
- Pour l’élection de comités démocratiques des masses en lutte, pour se défendre contre la répression d’Etat, dans les lieux de travail, les quartiers, les écoles et les universités, reliées entre eux aux niveau régional et national, pour élargir et organiser la résistance
- Pour des comités de base des policiers et soldats, au côté des masses et purgés des officiers et de la hiérarchie
- Non au sectarisme – Pour l’unité de tous les travailleurs au-delà des lignes religieuses
- Aucune confiance envers un nouveau régime ‘d’unité national’ basé sur les intérêts de la classe dirigeante et de l’impérialisme
- Pour l’élection immédiate et libre vers une assemblée constituante révolutionnaire – Pour un gouvernement de la majorité des travailleurs et des travailleurs ruraux
- Pour un salaire minimum, la garantie d’avoir un travail, un programme massif de construction de logements et de développement de l’enseignement et des soins de santé
- Pour la fin du blocage égyptien de Gaza – Pour l’auto-détermination de la Palestine et pour l’unité des travailleurs et des actions de masse pour renverser les dictateurs de la région
- Pour la nationalisation des grandes compagnies égyptiennes, des banques et des secteurs principaux de l’économie et leur planification démocratique pour satisfaire les besoins des masses et non de l’élite
- Pour une Egypte socialiste et une confédération socialiste de la région, sur une base volontaire et égalitaire
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Egypte : Le régime de Mubarak ébranlé par les plus fortes manifestations depuis 30 années
“La Tunisie est la solution”
Ces manifestations ont pris place le 25 janvier, le Jour de la Police, un jour férié national commémorant la lutte de la police d’Ismailia contre l’occupation britannique en 1952. Aujourd’hui, les forces de police de Mubarak sont directement à l’opposé d’un mouvement de libération! Elles sont utilisées pour réprimer violemment les travailleurs et les jeunes qui veulent manifester leur colère contre une élite corrompue et fabuleusement richissime.
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
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Plus d’infos:
- Solidarité avec les masses en révolte en Tunisie! Manifestation jusqu’au consulat de Tunisie à Hong Kong
- La première phase de la révolution a réussi à virer Ben Ali ! Il faut continuer !
- Les tâches urgentes de la révolution tunisienne
- Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !
- Révolte sans précédent en Tunisie
- Message de solidarité de Joe Higgins, député européen du CIO
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Ceux qui ont appelé à manifesté ont directement été inspirés par le magnifique mouvement des masses tunisiennes. On retrouve parmi ces initiateurs le ‘Mouvement de jeunes du 6 avril’ et le groupe facebook ‘Nous sommes tous des Khaled Saeid’, du nom du jeune qui a été tué par la police à Alexandrie en 2010 après avoir dénoncé la corruption qui y règne.
On estime à 15.000 le nombre de personnes qui ont pris part aux mobilisations dans la capitale, Le Caire, avec des départs de différents endroits de la ville convergeant vers la place Tahrir. Des centaines de manifestants ont brisé les cordons de sécurité et ont été rejoints par des passants, y compris des familles avec leurs enfants. Sur les banderoles, on pouvait notamment lire en plusieurs endroits “La Tunisie est la solution”. D’autres appelaient à la chute du régime égyptien et à la démission du Premier Ministre. Des affiches montrant Hosni Mubarak et son fils détesté, Gamal, ont été arrachées avec colère.
Dans un premier temps, la police ne semblait pas trop savoir comment répondre à un tel nombre de protestataires, dépassant très largement les quelques centaines qui participent habituellement à ce genre de mobilisation. Par la suite, ils ont recouru à des cannons à eaux ainsi qu’à des gaz lacrymogènes contre les manifestants, ces derniers chargeant une autopompe et ouvrant la porte du conducteur pour le tirer hors du véhicule. La jeunesse s’est montrée particulièrement brave dans les confrontations avec la police, tenant leurs positions et repoussant la police et de nombreuses occasions.
Des rapports ont également fait état de luttes entre manifestants et forces de police du district du Caire de Mattariya. Quelques 15.000 manifestants ont occupé les rues de Kafr El-Sheikh, dans le nord du pays, 2.000 à al-Mahalla al-Kubra (où une grande grève s’était déroulée en 2006). Plus de manifestants étaient présents à Alexandrie, Dar El-Salam, Boulaq, Maadi, Ard El-Lewa et Imbaba. Au Sinai, la route vers l’aéroport de Al-Goura à Rafah, ainsi que la route de Al-Mahdiya, ont été bloquées avec des voitures et des pneus enflammés. A Suez, deux manifestants ont été tués par la police.
De précédentes protestations initiées par Facebook et des groupes de jeunes le 6 avril 2009 et 2010 avaient reçu des réponses mixtes. La police a habituellement réussi à protéger les centres-villes et à empêcher de grands rassemblements. Les protestations au Caire ne durent habituellement qu’une heure, mais elles se sont poursuivies tard dans la nuit ce 25 janvier, jusqu’à ce que la place soit finalement vidée par la police. Des sites comme Twitter et Bambuser ont été bloqués pour éviter tout partage d’information ou de vidéo.
Opposition
Quelques partis d’opposition ont soutenu l’appel à manifester – les nasséristes, Ayman Nour’s al-Ghad et al-Karama. D’autre, al-Wafd et al-Tagammu, les ex-partis ouvriers, ne l’ont pas fait. Le plus grand groupe d’opposition, les Frères Musulmans, sont apparus très confus sur cette question de soutenir ou non le mouvement. Ses dirigeants ont hésité jusqu’au jour même tandis que les jeunes membres créaient des pages Facebook en soutien des protestations. Un porte parole des Frères Musulmans a déclaré : “Les protestation de la place Tahrir sont spontanément apparues, (…) nous n’avons envoyé personne. Le gouvernement sait exactement qui représente ces manifestations. Nous espérons qu’il accèdera aux demandes du peuple."
L’Eglise Copte (chrétiens d’Egypte) a appelé ses membres à éviter les cortèges de manifestants, trois semaines seulement après que des centaines de chrétiens aient protesté après l’attentat à la bombe d’Alexandrie, et n’ont rencontré que la violence de la police. Un prêtre a déclaré: “La Sainte Bible nous recommande d’obéir à nos Rois et dirigeants; des appels à manifester sont destructifs et nous prions donc pour le salut de l’Egypte.”
Bien entendu, le gouvernement n’a aucune intention d’aller dans le sens des revendications de manifestants pour plus d’emplois, pour un salaire minimum et pour la fin de la corruption, de la répression et des torture de la police. Il pourra éventuellement faire des concessions dans le feu des protestations de masse, mais comme la Tunisie l’a démontré, chaque concession augmentera la confiance des travailleurs et des jeunes pour aller plus loin dans leurs revendications.
La détermination des travailleurs et des jeunes contre le régime marque une nouvelle étape en Egypte. Plus jamais le régime de Mubarak ne sera en état de maintenir sa poigne sur le pays par la peur comme il a pu le faire précédemment. Jusqu’ici, la classe ouvrière égyptienne a à peine fléchi un muscle, mais l’atmosphère dans le pays est déjà électrique.
La tâche la plus urgente actuellement est la formation par les travailleurs de leur propre parti, armé d’un programme socialiste visant à transformer la société. Nous appelons à l’instauration d’un salaire minimum d’au moins 1.200 Livres Egyptiennes (soit l’équivalent de 150 euros); à la garantie pour chacun d’avoir un emploi; au droit de faire grève et de s’organiser dans des syndicats démocratiques et indépendants; à un programme massif de construction de logements, à la garantie de l’accès à l’enseignements et aux soins de santé pour tous, à la fin de la brutalité policière et à des élections libres pour une assemblée constituante démocratique et pour un gouvernement des travailleurs et des travailleurs ruraux. Cela doit être lié à la nationalisation des grandes entreprises, des banques et des grands domaines pour satisfaire les besoins des travailleurs et des pauvres.
L’étincelle de la révolution tunisienne a donné naissance à une flamme qui maintenant s’étend au monde arabe. Les évènements d’Egypte participant à ce processus, et il en ira ainsi jusqu’à ce que tous ces régimes pourris de la région soient renversés et que les ressources de la région seront utilisées pour mettre un terme à la pauvreté et à la répression de ces masses qui ont déjà souffert si longtemps.