Tag: Al Gore

  • Quelle alternative à la politique antisociale des Républicrates et des Démoblicains ?

    Pourquoi nous soutenons Nader

    Les USA éliront leur président et leur vice-président(e) en novembre. Les conventions des deux partis traditionnels, les Démocrates et les Républicains, ont fait les joies du monde de l’entreprise, le principal bailleur de fonds des deux campagnes. Tandis que les conventions bruissaient de palabres sur les multiples façons de remplir les poches des capitalistes, les opposants politiques en étaient tenus à l’écart par des robocops.

    Par Wim Cardoen, depuis les USA

    Des images, pas de programme

    Les vrais points de programme affleurent à peine dans les médias, qui fourmillent au contraire d’enquêtes fouillées pour savoir si Obama s’est oui ou non rendu coupable de sexisme. Les Républicains veulent ainsi détourner l’attention de l’opinion publique en noircissant leur adversaire. Et ils n’hésitent pas à appeler Dieu à la rescousse. Sarah Palin aussi annoncé à la plus grande heure d’écoute qu’elle pouvait voir la Russie depuis l’Alaska et que, si sa vue lui faisait défaut, elle pouvait toujours faire appel à la Providence. Car, selon elle, c’est en effet la volonté divine qui l’a conduite à approuver la construction d’un oléoduc à travers l’Alaska.

    La convention démocrate à Denver a recyclé Al Gore. Il est venu à Denver pour donner sa leçon au ban, à l’arrière-ban et au monde : le candidat indépendant Ralph Nader a été la cause des huit années Bush ! Les démocrates affirment défendre des valeurs progressistes et, pour eux, une voix pour des candidats comme Nader est une voix perdue.

    Mais comment peut-on se déclarer progressiste quand on a participé au recul du pouvoir d’achat de l’Américain moyen et soutenu les aventures guerrières des USA dans le monde ? Bill Clinton, qui a taillé sérieusement dans l’Etat-Providence dans les années ’90, a été fortement applaudi. Mais Jimmy Carter, qui fut président démocrate de 1976 à 1980 – l’homme qui avait pourtant fourni des armes et des conseillers au Shah d’Iran et à nombre de régimes militaires en Amérique Latine et donné le feu vert à l’aide américaine aux milices islamistes antisoviétiques en Afghanistan, – s’est vu refuser l’accès au podium pour avoir exprimé récemment des critiques un peu trop aigües sur les pratiques d’Israël dans les Territoires occupés.

    L’espoir d’un changement

    L’Américain moyen a peu d’illusions à se faire quand on passe en revue le programme de Barack Obama, qui a trouvé positif l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan et émis des menaces envers l’Iran.

    Lorsque le Sénat vote sur le financement de la guerre en Irak et en Afghanistan, Obama vote toujours pour. Il veut renforcer l’armée après son élection. Lorsqu’on sait que le budget de la défense américain équivaut déjà quasiment à la somme des dépenses militaires du reste du monde, on peut difficilement considérer Barack Obama comme un pacifiste.

    Les principaux conseillers d’Obama en matière économique – Austan Goolsbee, David Cutler et Jeffrey Liebman – sont trois néolibéraux purs et durs. Goolsbee s’en est pris notamment à Michael Moore dont le film Sicko plaide pour un système national et général de soins de santé. Pour lui, c’est incompatible avec le marché libre. David Cutler, ancien conseiller de Bill Clinton, est lui aussi un partisan du principe du marché libre dans les soins de santé qui sont, pour lui, une manière de faire du profit. Jeffrey Liebman, un ancien de l’époque Clinton défendait déjà la privatisation de la sécurité sociale sous l’Administration Clinton. Quant à Joe Biden, le colistier d’Obama, il est connu sous le sobriquet de Credit Card Joe à cause de ses bons et loyaux services envers le secteur financier.

    S’il y a des différences de programme entre McCain – qui se profile plus à droite – et Obama, il y a surtout beaucoup de points de convergence sur l’essentiel : les deux partis sont soutenus par le big business, partagent la même foi aveugle dans le marché libre, défendent l’impérialisme américain, …

    L’alternative politique – pourquoi nous soutenons Nader

    Y a-t-il une alternative politique à McCain et Obama ? Une alternative qui défende les intérêts des travailleurs et de leurs familles ? Les démocrates redoutent toute tentative de mettre en avant un troisième candidat, à côté du républicain et du démocrate, et ils s’en prennent par conséquent à la campagne de Ralph Nader.

    Des changements dans les rapports sociaux ne surviennent pas tout seul. La classe des travailleurs n’a pu imposer des acquis qu’à travers des années de lutte. La fête du 1er Mai trouve son origine dans la lutte des travailleurs américains pour la journée des huit heures. La classe ouvrière a pu imposer des acquis sociaux dans les années trente et quarante, non pas en comptant sur les démocrates mais en engageant une lutte dure contre la bourgeoisie. La grève des camionneurs de Minneapolis (1934) en est un bon exemple. Le spectre d’une Amérique rouge a fait trembler l’Administration Roosevelt qui a dû fait des concessions importantes.

    Le mouvement ouvrier américain est sur la défensive depuis des décennies. La régression sociale ne cesse de s’étendre; il est urgent de la stopper et de la faire reculer. Nader n’est pas un socialiste. Son programme n’en contient pas moins beaucoup d’éléments progressistes comme instaurer une caisse générale d’assurance maladie, mettre le holà à l’impérialisme, rétrécir sérieusement l’armée américaine, s’en prendre énergiquement à la criminalité en col blanc, abolir la loi antisyndicale Taft-Hartley, taxer la spéculation en bourse, protéger et renforcer les libertés individuelles qui ont été mises à mal par les démocrates comme par les républicains, rompre avec la tyrannie du bipartisme.

    Une campagne Nader couronnée de succès pourrait être un signal clair : cela démontrerait l’existence d’un soutien plus large aux luttes des salariés et pourrait donner une impulsion à des actions plus offensives.

  • Manifestation pour le climat : 3.500 personnes mobilisées contre le réchauffement

    Ce samedi 8 décembre a connu la première grande manifestation en faveur de la protection de l’environnement en Belgique. Première manifestation, car il faudra bien d’autres mobilisations pour arriver aux réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour seulement « stabiliser » la situation actuelle.

    Nicolas Croes

    Des syndicalistes de la FGTB ou de la CSC, des militants de différents partis politiques et d’organisations non gouvernementales mais aussi de nombreuses familles se sont ainsi réunies dans la capitale – tout comme dans une soixantaine de pays à travers le monde – malgré une pluie fournie et des problèmes de transports lié à un mouvement de grève dans les chemins de fer.

    Le MAS/LSP était également présent avec sa campagne jeune « Résistance Internationale », sous le slogan « La science appartient à tous, la planète aussi » ou encore « Détruire le capitalisme avant qu’il ne détruise la planète », de même que le CAP, le Comité pour une Autre Politique. Cette initiative que nous soutenons et veut promouvoir l’idée d’un nouveau parti des travailleurs face à la seule priorité accordée par les partis traditionnels aux profits des entreprises.

    A l’heure où les discussions sur la crise environnementale sont dominées par des propositions qui servent avant tout à protéger le système actuel, notre délégation combative et dynamique est intervenue pour mettre en avant nos solutions anticapitalistes et socialiste en contribution au débat. Nous avons tenu à exprimer le plus fortement possible l’impasse des solutions prévues dans le cadre du système de production capitaliste avec des slogans comme « C’est pas les éco-taxes qu’il faut payer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !» ou encore « Pollution, pollution, la faute à qui ? Aux patrons ! ». D’autres slogans, mettant notamment en avant l’hypocrisie d’Al Gore sur ce sujet ont aussi retenu beaucoup d’attention.

    Le lendemain de la manifestation, ce dernier a encore clarifier à quel point la logique de profit à court terme du système capitaliste n’est pas un problème… mais même une solution ! L’ancien vice-président américain, estime que les mécanismes de l’économie de marché sont les meilleurs outils pour lutter contre le changement climatique : « Les marchés distribuant plus d’argent en une heure que les gouvernements du monde entier ne le font en un an, nous devons trouver un moyen d’exploiter l’énergie et la vitalité du marché pour aider à réduire les émissions de CO2 ». Pour nous, l’énergie et la vitalité du marché n’est capable que d’exploiter les travailleurs et l’environnement : ce n’est qu’en tirant l’industrie hors du contrôle d’une minorité d’actionnaires et de patrons que nous arriveront à éviter le gaspillage et la pollution causée par la production telle qu’elle est organisée pour l’instant.

    A ce titre, le rôle principal de la lutte pour la protection de l’environnement doit être joué par les travailleurs, qui sont au centre de la production et peuvent donc la bloquer avant de la faire tourner, enfin, en fonction de leurs intérêts, parmi lesquels la défense de leur milieu.

    Autour de notre bloc revendicatif, nos militants ont reçu pas moins de 200 euros de soutien financier, en plus de la vente de près de 150 exemplaires de notre mensuel, l’Alternative Socialiste. L’intérêt porté aux idées que nous défendons a également été illustré par les nombreuses personnes qui ont laissé leurs coordonnées pour entrer en discussion afin de rejoindre notre parti. Vous aussi, n’attendez plus et rejoignez la lutte des révolutionnaires socialistes !

  • Budget en équilibre ? Le gouvernement instrumentalise les taxes écologiques.

    Celui qui attendait un minimum d’originalité du dernier contrôle budgétaire du gouvernement Verhofstadt en a été pour ses frais. L’intérêt grandissant pour les problèmes liés aux changements climatiques n’a été qu’une occasion de ressortir une fois encore le vieux concept d’écotaxes. En d’autres termes : payer plus, mais sous un emballage soi-disant « progressiste ».

    Ce week-end, le gouvernement s’était rendu à Louvain pour une réunion au sommet sur le contrôle budgétaire. Il était déjà certain que le gouvernement chercherait des revenus supplémentaires en jouant sur l’environnement, devenu de la dernière mode chez nos politiciens. Ceux qui avaient déjà surfé sur la vague de la précampagne du probable candidat aux présidentielles américaines Al Gore sont passés aux taxes environnementales.

    Le gouvernement espère trouver 67 millions d’euros avec des impôts sur les emballages (sacs plastique, films fraîcheur, papier aluminium, ustensiles de tables jetables) et 65 millions d’euros avec des impôts sur les voitures polluantes. De plus, des moyens supplémentaires seront octroyés à la lutte antifraudes.

    Une taxe est donc introduite sur les emballages jetables: 3 euros par kilo de sacs plastiques, 2,7 euros par kilo de films fraîcheur, 4,5 euros par kilo d’aluminium et 3,6 euros par kilo de couverts en plastique. Le gouvernement va continuer à évaluer les possibilités de mettre en place une taxe d’emballage généralisée. Si une chose est bien claire, c’est que ceux qui devront mettre la main au portefeuille seront vous et moi.

    Des propositions comme cet impôt sur les emballages sont pour le gouvernement des réponses crédibles à nos préoccupations au sujet de l’environnement. Il semblerait que la règle derrière ce genre de proposition est celle du pollueur-payeur. Pourtant, si tout est fait pour rendre le consommateur responsable de la pollution, le patronat, lui, reçoit (énormes) cadeaux sur (énormes) cadeaux de la part du gouvernement. Qu’il serait peut-être temps de produire autrement pour engager un combat sérieux contre la pollution ne semble pas encore avoir effleuré la tête de nos politiciens.

    Un volet social assez limité

    Le gouvernement a fièrement ajouté un volet social à la révision du budget de l’Etat. Les socialistes flamands ont annoncés vouloir plus d’allocations familiales. Les parents isolés reçoivent maintenant 20 euros supplémentaires par enfant. Bien que ces 20 euros sont les bienvenus, ils sont limités à 62.000 enfants.

    Vers les élections

    Les mesures approuvéeses au conseil des ministres de ce week-end sont loin de pouvoir être qualifiées de spectaculaires. Le gouvernement, clairement, est déjà rentré en campagne électorale et les vraies décisions sont reportées pour l’après-10 juin. Aussi longtemps que la croissance économique restera restreinte, la marge de manoeuvre le sera également. Mais une série de mesures d’austérité peuvent être appliquées sans trop de résistance : il suffit de penser au dernier Accord Interprofessionnel, aux accords ALL-IN ou à l’allongement du temps de travail à AUDI-Forest, l’ancien VW-Forest.

  • Réchauffement climatique: et s’il était déjà trop tard?

    Un capitalisme écologique est-il possible?

    Les grands développements industriels sous le capitalisme se sont appuyés sur l’exploitation de ressources énergétiques non renouvelables, principalement le charbon et le pétrole, libérant quantité de gaz -dont le CO2- qui provoquent ce qui est appelé “réchauffement climatique”.

    Vincent Devaux

    Les conséquences des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont connues depuis des dizaines d’années. Ainsi aux USA, en 1979, le rapport Charney (du nom du météorologue du M.I.T.), commandé par le gouvernement, concluait déjà "Si les émissions de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, le groupe d’étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables" (1). Ce même rapport prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la surface du globe… mais le capitalisme raisonne à court terme.

    Aujourd’hui on ne peut que constater à quel point ces experts et beaucoup d’autres avaient raison. Il est désormais admis par la grande majorité de la communauté scientifique – et même des politiciens – que le réchauffement climatique est la conséquence des activités de l’être humain et qu’il va entraîner de grands changements capables de remettre en question le bien-être de centaines de millions de personnes.

    Les effets de ce réchauffement sont multiples – réchauffement de l’atmosphère, réchauffement et acidification des océans, fonte des glaces maritimes, retrait des glaciers – et les scientifiques s’affrontent désormais pour donner une estimation de la gravité des effets et de leurs conséquences "secondaires". Dans les milieux scientifiques, on parle beaucoup de ‘rétroaction positive’, ce qui signifie que les conséquences négatives du réchauffement provoquent elles-mêmes d’autres aggravations; un peu comme en économie, les intérêts d’une dette importante amplifient la dette elle-même (l’effet "boule de neige"). Et comme le CO2 persiste des dizaines d’années dans l’atmosphère, le pire est à venir.

    Les conséquences directes pour l’homme sont d’ores et déjà importantes: modifications de la biodiversité, augmentation de maladies comme le paludisme et le choléra, famines, inondations, vagues de chaleur et de sécheresse, avancées de la désertification. Selon les perspectives de l’ONU et le récent Rapport Stern, il pourrait y avoir 50 millions de "réfugiés environnementaux" en 2010 et 200 millions en 2050 (2).

    Une prise de conscience?

    Si on suit l’actualité, on pourrait croire que les politiciens prennent désormais le problème à bras le corps (ils pourraient même le penser eux-mêmes). Le docu-film d’Al Gore, La vérité qui dérange, fait le tour du monde depuis le mois d’octobre. Du 6 au 17 novembre s’est tenue à Nairobi, capitale du Kenya, la 12e Conférence mondiale sur le réchauffement climatique et quelques jours plus tôt est sorti le Rapport Stern (3), du nom de l’ancien économiste de la Banque Mondiale, analysant en termes financiers les conséquences du réchauffement. Stern a évalué l’impact de celui-ci à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050 et prédit que le réchauffement aura un impact comparable à celui des guerres mondiales ou à la crise économique de 1929.

    Toutes ces initiatives, si elles ont le point commun positif de populariser la problématique, ont également un point commun plus inquiétant: elles n’apportent pas de solutions à la hauteur du problème.

    Ainsi le Protocole de Kyoto, censé réduire l’émission de CO2 au niveau international, n’a, malgré ses objectifs limités, été ratifié ni par les USA qui sont le plus grand pollueur de la planète (4), ni par l’Australie. Le Canada – qui a augmenté ses rejets de CO2 de 30 % – parle de se désengager, la Russie ne doit le respect des normes qu’à l’effondrement de son économie après 1991. Beaucoup de pays occidentaux continuent à polluer plus qu’autorisé par Kyoto en "rachetant" des volumes de CO2 aux pays moins industrialisés.

    Les pays les plus pauvres attendent des mécanismes de solidarité de financement des pays riches qui n’arrivent pas (le cas de l’Afrique est flagrant). Les solutions – d’inspiration néo-libérale et néo-coloniale – comme les "quotas de CO2" et les "puits de carbone" sont douteuses et contre-productives. Ainsi le système consistant à faire payer par les pays industrialisés le financement de "plantations industrielles" dans les pays du Sud comme puits de carbone retarde la prise de décisions pour réduire l’émission de CO2 dans ces pays industrialisés; de plus, on ne fait qu’exporter le problème du rejet massif de carbone puisqu’un jour ou l’autre, le carbone accumulé dans ces végétaux sera libéré.

    Le nucléaire proposé comme alternative…

    Le protocole de Kyoto est désormais aussi utilisé comme prétexte pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, comme "seule alternative crédible au pétrole". Marc Verwilghen, ministre de l’énergie, s’appuie en cela sur le rapport de la commission "Energie 2030", commandé par ses soins sur les besoins énergétiques en Belgique. Ce rapport estime que "la Belgique devrait (…) garder l’option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales" (5). Ce type de solution serait du goût du président de la Fédération des patrons d’industrie technologique Agoria et du groupe Umicore, Thomas Leysen, à la recherche d’énergie soit-disant bon marché. Ce n’est pourtant là qu’une manière d’échapper à bon compte à la vraie question qui est celle de financer la recherche et le développement d’énergies renouvelables. Car si on ne met actuellement pas de moyens conséquents permettant d’améliorer leur efficacité et ainsi d’assurer leur généralisation, c’est parce que beaucoup de ces moyens partent vers la recherche nucléaire, en dépit notamment des dangers que représentent les déchets nucléaires pour les générations futures.

    Au cours des 20 dernières années, les Etats membres de l’OCDE ont versé 160 milliards de dollars de subventions au secteur nucléaire rien que pour la recherche et le développement, et il faut à cela ajouter le coût du traitement des déchets et la sécurité. De plus, le projet de fusion nucléaire ne serait fonctionnel au plus tôt que dans…50 ans. De nombreuses questions seraient aujourd’hui résolues si l’argent consacré au nucléaire avait été utilisé en vue d’une politique durable pour développer des énergies respectueuses du cadre de vie des gens. Mais une telle orientation paraît douteuse dans la société de marché.

    Hypocrisie et "solutions" à court terme

    Celui qui apparaît actuellement sur les écrans comme le porte-drapeau de la cause environnementale – Al Gore – est à l’image des limites du système: n’avait-il pas – lorsqu’il était le vice-président de Clinton dans les années ’90 – autorisé le déversement de dioxine dans les océans, et conclut l’ALENA (6) qui définit les réglementations sur l’environnement comme des "distorsions de marché" illégales relevant des tribunaux (7)? Pourrait-il appliquer un programme environnemental radical en étant élu avec l’argent du secteur pétrolier? Pour paraphraser le théoricien socialiste allemand Engels (8), parlant du problème de l’hygiène dans les villes industrielles au siècle dernier, et qui vaut également aujourd’hui sur la question de l’énergie: la bourgeoisie n’a qu’une méthode pour résoudre la question de l’environnement à sa manière, c’est de la résoudre de manière que la solution engendre toujours à nouveau la question… La réponse de la bourgeoisie aux problèmes dans le mode de production capitaliste ne les élimine pas mais se contente de… les déplacer!

    Tant qu’une société permettra que les grandes orientations énergétiques soient aux mains d’actionnaires ne pensant qu’en termes de profits immédiats, dans un système basé sur la concurrence à outrance, nous perdrons du temps et nous aggraverons la situation. Les solutions doivent être trouvées afin de résoudre les problèmes environnementaux ET les problèmes sociaux et non pas les uns aux dépens des autres.

    Un processus transformant radicalement la manière d’utiliser l’énergie ne peut émerger que par la prise du contrôle de la société par les travailleurs conscients des problèmes, au travers de mouvements de luttes sociales et environnementales de plus en plus larges. Et cela en remettant le secteur énergétique, y compris les connaissances et des brevets en matière d’énergie durable, sous le contrôle des travailleurs.

    Ces mouvements vont s’amplifier de plus en plus et ils ne seront pas en reste dans les pays du Sud qui sont confrontés de manière plus aiguë au problème. Notre tâche est d’aller vers ces mouvements et d’y intervenir en défendant une solution socialiste. Cela implique de tisser des liens entre les mouvements environnementaux et les mouvements sociaux et de cristalliser ces luttes au sein de larges partis des travailleurs reprenant les revendications environnementales et se donnant les moyens d’abolir le mode de production capitaliste.


    1. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The New Yorker " Dans l’arctique en plein dégel ".
    2. Le Soir, 18-19/11/06, " Une vague de réfugiés environnementaux "
    3. http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
    4. Avec 5 % de la population mondiale, les USA rejettent 25 % du total mondial de CO2
    5. Le Soir, " Le nucléaire resurgit ", jeudi 16 novembre 2006
    6. Accord de Libre-Echange Nord Américain, conclu entre les USA, le Canada et le Mexique
    7. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The Independant , juin 2006
    8. La Question du logement, Friedrich Engels
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