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Un siècle d’ANC : de l’espoir à la désillusion
Le 8 janvier 2012, l’ANC a célébré ses 100 ans à Bloemfontein. Pour tirer ses profits du sang, de la sueur et des larmes des exploités, le patronat a réduit à rien la vie de millions de personnes. La classe laborieuse a un jour espéré voir l’ANC mettre fin à ce système inégalitaire. En réalité, ce parti contribue à le perpétuer.
Thamsanqa Dumezweni, Democratic Socialist Movement
Ce jeudi 13 décembre : Meeting sur la situation en Afrique du Sud, en présence d’un orateur de notre parti-frère sud-africain (plus d’infos)
Le Congrès National Africain (ANC) a voulu fêter son centenaire toute l’année 2012 durant, malgré les divisions qui le minent de l’intérieur. Pour ce faire, le parti a demandé à la télévision publique sud-africaine de retracer l’histoire du parti, sa lutte contre le colonialisme blanc et le régime d’apartheid ainsi que son rôle d’initiateur. L’histoire est ainsi falsifiée pour redorer le blason d’un parti en sérieuse perte de crédibilité.
En vérité, la lutte anticolonialiste et anti-apartheid n’a pas seulement précédé l’existence de l’ANC mais, pour la majorité des 100 années d’existence du parti, les luttes n’étaient ni initiées, ni supportées activement par celui-ci. Même après son interdiction en 1960, les luttes les plus importantes se sont déroulées sans le concours de l’ANC, que ce soit le réveil de la lutte des classes lors des émeutes de Durban en 1973, la conscientisation politique de la jeunesse lors des émeutes de Soweto en 1976, la fondation du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU) ou encore les mouvements insurrectionnels des années 1980. Les masses se sont libérées elles-mêmes et, dans ce processus, ont poussé le régime pro-apartheid à légaliser à nouveau l’existence de l’ANC en craignant, malheureusement à tort, que cela allait susciter une lutte de libération nationale et d’émancipation sociale vis-à-vis du diktat de la minorité blanche et de la classe capitaliste.
Les gens se sont cependant rendu compte que l’ANC n’était autre qu’une formation nationaliste petite-bourgeoise qui ne visait pas au renversement du colonialisme et du capitalisme, mais juste à l’obtention d’une certaine reconnaissance pour les élites noires (des ‘‘autochtones civilisés’’, en somme) au sein d’un système capitaliste légèrement modifié. Les cadres de l’ANC ont si désespérément cherché à être assimilés à la classe capitaliste que, dans les années 1950, ils étaient même prêts à faire des concessions sur le principe ‘‘un homme, une voix’’. Lors des négociations pour mettre fin à l’apartheid, Mandela a proposé que les noirs aient accès à un nombre limité de sièges, ce nombre pouvant augmenter par la suite. L’épineux problème de la réappropriation des moyens de production a été balayé.
C’est, en gros, ce qui a été décidé à la CODESA (COnvention for a DEmocratic South-Africa, négociations visant à mettre fin à l’apartheid) en 1991. L’ANC s’engagea à préserver l’existence du capitalisme en échange de quelques concessions. Ces négociations se sont déroulées dans un climat de tension où la classe ouvrière était prête à s’insurger si jamais le principe d’un vote par personne n’était pas respecté. Une entorse à cette revendication était hors de question et aurait complètement discrédité l’ANC. Au final, l’ANC a décidé de pérenniser la dictature du capitalisme tout en s’assurant que les masses ne puissent la renverser via leurs suffrages. Officiellement, l’Afrique du Sud est une démocratie mais en réalité, les secteurs-clés de l’économie restent entre les mains des classes dirigeantes, perpétuant ainsi la dictature des 1%.
L’ANC a été créée par des noirs, pour défendre les droits des noirs en Afrique du Sud mais principalement ceux de l’élite – patrons, cadres ecclésiastiques et autres bourgeois présents au congrès fondateur. Le parti ne s’est aucunement identifié aux luttes menées par les travailleurs, et pas plus à une pensée socialiste ou anticapitaliste. Ce fut pourtant le ciment des luttes depuis le début du XXe siècle. Ce n’est donc pas par hasard que l’ANC a rejeté l’l’Industrial & Commercial Union (ICU – Syndicat de dockers et ouvriers noirs) créé en 1919, et qui avait pour but de lutter contre le pouvoir du capitalisme blanc. L’ANC les a qualifiés de mouvements de roturiers assassins de la monarchie russe ! Cela faisait bien entendu référence à la révolution bolchevique de 1917 – la première et jusqu’à présent unique révolution socialiste victorieuse de l’histoire – qui a inspiré les travailleurs d’Afrique du Sud et d’ailleurs.
Cet antagonisme vis-à-vis de la classe ouvrière persiste à ce jour malgré le fait qu’une alliance avec les syndicats soit toujours de mise : sans cette alliance, impossible pour l’ANC de rester au pouvoir. En fait, l’émergence de syndicats indépendants, qui allait conduire à la création du COSATU, fut vertement critiquée par les cadres exilés du parti. Mais le COSATU a tout de même été reconnu car il était impossible de l’ignorer : rejeter ce géant à la mer aurait été suicidaire.
Aujourd’hui, avec la trahison des staliniens du Parti Communiste d’Afrique du Sud (SACP), des cadres de l’ANC et des réformistes du COSATU, la classe ouvrière est paralysée face au capital, devant qui ils baissent tous l’échine. L’organisation de la lutte : le plus qui fera la différence
La classe ouvrière devait constituer un seul bloc et résister à son oppression au travers de luttes féroces. Les luttes s’opérant à tous les niveaux sont la preuve que les opprimés peuvent se lever et se battre. L’ANC tente perfidement de canaliser les pauvres, les travailleurs et les jeunes afin qu’ils ne menacent pas l’establishment capitaliste.
Ce n’est pas avec des armes et une guérilla mais bien avec la lutte organisée de la classe ouvrière et de la jeunesse que les capitalistes ont commencé à se faire du souci dans leurs petits crânes. Ce potentiel s’est cristallisé dans les années 1980 avec la naissance du COSATU en 1985.
Les penseurs du capitalisme ont réalisé que le chemin le plus efficace pour endiguer la lutte des masses, c’est de contrôler ses dirigeants, la répression n’était plus suffisante. C’est sur base de ce constat qu’ont commencé les négociations secrètes des représentants du régime capitaliste blanc avec Mandela en prison et Mbeki en exil. L’accord négocié fut concocté de façon à ne produire qu’un ersatz de liberté basé sur le principe du suffrage universel. C’est là l’essence-même de la démocratie bourgeoise, une ‘‘démocratie’’ incapable de résoudre les problèmes de pauvreté, de chômage, d’accès aux soins et à l’éducation pour tous, de logement, d’accès à l’eau, à l’électricité et à des conditions d’hygiène correctes, etc.
Cette démocratie-là ne tient pas compte des pauvres et des travailleurs précaires, mais laisse les capitalistes maximiser leurs profits grâce à la force productive de la classe ouvrière ; jetant les corps meurtris des travailleurs, des pauvres et des jeunes dans l’enfer de la misère.
L’ANC est au pouvoir depuis 18 ans, mais l’exploitation n’a pas disparu
L’ANC a été conçue pour balayer toute différence entre les populations noire et blanche. Aujourd’hui, la distinction demeure pour la grande majorité de la classe ouvrière noire. L’ANC est à la tête d’une société qui, à bien des égards, ressemble au vieux régime de l’apartheid. La disparité entre riches et pauvres est immense et ce n’et pas parce que maintenant il y a aussi des noirs riches qu’il y a égalité.
Le racisme est une arme historique du capitalisme en Afrique du Sud. Lorsque l’ANC est arrivé au pouvoir en 1994, sa direction ne voulait pas renverser le système mais le réformer. Le système capitaliste a été adapté aux nouvelles conditions imposées par les luttes formidables de la classe ouvrière. Mais le racisme demeure un facteur important dans le pays. Le racisme a été supprimé de la loi, mais il continue d’exister dans la vie quotidienne. Les femmes sont encore abusées et violées. La pauvreté absolue frappe de larges couches de la population active.
Seul une Afrique du Sud socialiste démocratique est capable d’offrir une réponse aux attentes des masses. Une révolution socialiste mettrait un terme aux salaires de misère. Le potentiel était déjà grand jadis pour l’arrivée d’une telle révolution. Mais l’histoire nous apprend que la classe ouvrière a besoin d’une direction révolutionnaire pour être en mesure d’aller jusqu’à la victoire.
Tout comme ailleurs, le stalinisme a joué un rôle extrêmement néfaste en Afrique du Sud. Le stalinisme est issu de la dégénérescence de la révolution russe et a conduit à l’affaiblissement des partis révolutionnaires dans le monde entier. De grandes trahisons ont été commises avec la formation d’alliances entre capitalistes et travailleurs. En Afrique du Sud, le cours stalinien a conduit à la fusion de l’ancien Parti Communiste avec l’ANC en 1929. Pour défendre ses intérêts en Union Soviétique, la bureaucratie stalinienne a dans la pratique défendu le régime capitaliste dans le reste du monde.
Au cours de ses 100 ans d’existence, l’ANC a énormément trahi, souvent avec l’assistance du Parti Communiste. Ce parti reste aujourd’hui un éternel coup de poignard dans le dos du mouvement ouvrier.
Renverser le capitalisme
Le capitalisme est en crise. Ce système n’est pas en mesure de permettre à la société de continuer à progresser. La solution consiste à renverser le capitalisme et à le remplacer par un autre, basé sur la domination démocratique de la classe des travailleurs, le socialisme. Cela exige une compréhension consciente des travailleurs, des pauvres et des jeunes du fait qu’un meilleur avenir est possible, mais uniquement grâce au socialisme. Il nous faut des syndicats révolutionnaires, des comités de lutte locaux et des partis politiques basé sur la défense d’un programme socialiste.
Le Mouvement Démocratique Socialiste (DSM) en Afrique du Sud fait partie intégrante de ce combat pour l’instauration du socialisme à travers le monde. En Afrique du Sud, cela signifie de s’opposer à l’ANC, au COSATU et à la direction réformiste et stalinienne du Parti Communiste. Ces organisations disposent encore d’un soutien large, mais leur rôle n’est plus progressiste. Avec patience et détermination, mais convaincrons et donnerons confiance aux travailleurs et aux jeunes pour qu’ils se battent pour un gouvernement des travailleurs.
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MEETING : Après le massacre de Marikana : Solidarité avec la lutte des mineurs !
Les mineurs sud-africains contre le capitalisme sauvage
UN DIRIGEANT OUVRIER PREND LA PAROLE – TÉMOIGNAGE DE SEBEI MAMET, PRÉSIDENT DE LA COORDINATION NATIONALE DES COMITÉS DE GRÈVE
En août dernier, l’assassinat brutal de 34 mineurs sud-africains a choqué le monde entier et a rappelé à la mémoire de cruels souvenirs du régime d’Apartheid. Cet événement dramatique a révélé que, malgré la fin officielle de l’Apartheid en 1994, le régime en place reste impitoyable et brutal.
Evènement Facebook
La société sud-africaine a véritablement été ébranlée. Les grèves des mineurs et leurs revendications ont pris de l’ampleur et sont devenues des sujets de société. Le mécontentement social y a trouvé un moyen d’expression, il s’est cristallisé. De plus en plus est exigé un changement fondamental tandis que l’élite politique corrompue et leurs amis au sein des syndicats sont rejetés.
L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde. Près d’un quart de la population se couche affamée chaque jour. La grande majorité de la population vit dans de misérables conditions. Mais il existe une infime élite de super-riches qui, alliée aux entreprises occidentales, pille les ressources naturelles.
Depuis l’été, la crédibilité de l’ANC au pouvoir a définitivement été ébranlée. Il partage une même crainte avec les patrons concernant l’arrivée d’un mouvement des travailleurs sud-africains avec des revendications propres. Comme le quotidien britannique The Guardian l’écrivait le 7 septembre : ‘’L’ANC faisait partie de l’esprit noir, de l’âme noire, avec un caractère quasi mystique. Mais maintenant, ils ont perdu leur aura. Le lien a été rompu et cela a été retransmis en direct à la télévision’’. Mais que faire maintenant?
EGA et le PSL sont très fiers d’inviter Mametlwe Sebei – porte-parole de la Coordination Nationale des Comités de Grève – pour quelques réunions publiques en Belgique. Sebei est également membre du Democratic Socalist Movement, organisation-soeur du PSL en Afrique du Sud. Il a pu parler des exigences et aspirations des mineurs sud-africains, et de la population en général, dans les médias nationaux et internationaux.
Venez écouter ce témoignage unique d’un militant sud-africain réellement socialiste au sujet des conditions de vie et de travail dans le pays, de la brutalité du capitalisme et de l’élite sud-africaine, des changements intervenus depuis l’abolition de l’Apartheid en 1994 et enfin des solutions que son mouvement met en avant.
Le Wall Street Journal a cité Sebei le 13 septembre: ‘’L’ANC ne représente plus la classe ouvrière d’Afrique du Sud. Dimanche prochain, nous organisons une grève massive pour faire en sorte que les profits ne priment plus sur le peuple.’’
Mardi 11/12 ANVERS 19H30 MULTATULI ( LANGE VLIERSTRAAT 5 )
Mercredi 12/12 GAND 19H30 GEUZENHUIS ( KANTIENBERG 9 )
Jeudi 13/12 BRUXELLES 19H30 RANDSTAD ( 45 RUE DU JARDINIER, MOLENBEEK )
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A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
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A Noter dans votre agenda
- Me. 21 nov. Bruxelles. 18h, face à l’ambassade irlandaise (Chaussée d’Etterbeek 180, 1040 Bruxelles). Veille et protestation contre la législation anti-avortement irlandaise. Plus d’infos
- Me. 21 nov. Alost. 19h30 Maison du Peuple. Réunion publique
- Je. 22 nov. Gand. Débat-EGA: la fin du néolibéralisme ? Avec des orateurs des deux côtés du débat.
- Ve. 23 nov. Namur. 18h rue de Bruxelles 23. Meeting suivi d’un repas
- Lu. 26 nov. Gand. 17h Botermarkt 1. Protestation contre les Sanctions Administratives CommunalesFacebook-event
- Me. 28 nov. Ixelles. Protestations de la Ligue des Droits de l’Homme contre les Sanctions Administratives Communales. 13h Maison Communale d’Ixelles (Chaussée d’Ixelles168, Bruxelles)
- Me. 28 nov. Anvers. 14h Rooseveltplaats. Protestation contre les assainissements à De Lijn
- 30 nov -2 décembre: Congrès National du PSL
- Ma. 11 déc. Anvers. 19h30 Multatuli (Lange Vlierstraat). Meeting avec un dirigeant des mineurs d’Afrique du Sud
- Me. 12 déc. Gand. 19h30 Geuzenhuis (Kantienberg). Meeting avec un dirigeant des mineurs d’Afrique du Sud
- Jeu. 13 déc. Bruxelles. 19h30 DC Randstad (Rue Jardinier n°45, Molenbeek). Meeting avec un dirigeant des mineurs d’Afrique du Sud
- Sa. 15 déc. Louvain. 15h café Tempo Kessel-Lo. Meeting: Stop à la politique d’austérité européenne et belge. La discussion sera suivie d’un repas.
- 31 Décembre. Bruxelles. Fête de fin d’année du PSL
- 13-14 avril 2013: Socialisme 2013
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Meeting avec un dirigeant des mineurs sud-africains
La mort brutale de 34 mineurs sud-africains en Août dernier a choqué le monde entier. On se serait cru revenus à la période du régime de l’apartheid. Cet événement a de fait révélé que, malgré la fin de l’apartheid en 1994, un régime impitoyable et brutal est au pouvoir. La société sud-africaine a depuis lors été ébranlée, les grèves et les revendications des mineurs se sont développées et quelque chose a été lâché dans la société.
Le mécontentement social a trouvé une manière de s’exprimer. Un changement fondamental est nécessaire pour rejeter l’élite politique corrompue et leurs amis présents au sein des syndicats. L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde. Près d’un quart de la population se couche chaque soir en ayant faim. La grande majorité de la population connait des conditions de vie terribles. Par contre, une petite élite de riches collabore avec les multinationales occidentales pour piller les ressources naturelles du pays.
La crédibilité de l’ANC a, depuis cet été, totalement volé en éclats. L’ANC éprouve la même peur que celle des patrons face aux revendications du mouvement syndical sud-africain. Comme le quotidien britannique The Guardian l’écrivait le 7 septembre: "L’ANC faisait partie de l’esprit noir, de l’âme noire, il avait un caractère quasi mystique. Maintenant, cette confiance a disparu, volé en morceaux, et cela a été retransmis en direct à la télévision." Mais comment aller plus loin?
EGA et le PSL sont fiers de pouvoir accueillir Mametlwe Sebei – porte-parole de la Coordination nationale des comités de grève – pour quelques meetings publics en Belgique. Sebei est également membre du Democratic Socalist Movement, l’organisation-soeur du PSL en Afrique du Sud. Il a pu défendre dans la presse nationale et internationale les revendications des mineurs d’Afrique du Sud et de la population plus généralement. Venez écouter cet orateur unique, ce représentant de la gauche sud-africaine, au sujet des terribles conditions de vie dans ce pays, de la brutalité du capitalisme et de l’élite sud-africaine, des changements qui se sont produits depuis la fin de l’Apartheid in 1994 et des solutions à mettre en avant pour porter le mouvement jusqu’à la victoire.
La parole à un dirigeant des grévistes : MAMETLWE SEBEI, président de la Coordination nationale des comités de grève
- Mardi 11/12 Anvers 19.30 MULTATULI (LANGE VLIERSTRAAT)
- Mercredi 12/12 Gand 19.30 GEUZENHUIS (KANTIENBERG 9)
- Jeudi 13/12 Bruxelles 19.30 DC RANDSTAD (Rue Jardinier 45 MOLENBEEK)
Manifestation pour l’emploi à Genk
Dimanche dernier, le PSL était présent à la Marche pour l’Avenir à Genk. Nous avons publié différents rapports et reportages-photos ainsi qu’une vidéo de cette manifestation. Nous y avions deux stands, au début et à la fin de la manifestation. Durant le cortège, nous avons formé une délégation avec d’autres camarades de Rood! Sur le parcours, on pouvait aussi trouver des militants avec notre matériel politique. Nous avons vendu 105 exemplaires de notre mensuel. Thomas (Gand) et Baptiste (Wavre) en ont vendu le plus avec chacun 13 numéros, suivis de près par Jan (Anvers) avec 12. En plus de cela, nous avons récolté 270 euros de fonds de lutte avec notre matériel politique, comme nos badges. Emily (Namur) a ainsi récolté 33 euros à elle seule. Elle est suivie par Christian (Louvain) avec 25 euros. Un grand merci à tous les militants qui ont fait un succès de cette intervention du PSL.
14 Novembre : Journée d’action européenne contre l’austérité
Ce 14 novembre, dans notre pays, les actions se sont essentiellement concentrées sur le côté francophone du pays. Ce n’est pas que le mécontentement contre la politique d’austérité s’arrête à la frontière linguistique, mais cette colère doit être mieux organisée pour devenir une résistance active. Nous avons défendu au cours de cette journée la nécessité d’un plan d’action et d’une véritable grève générale européenne. Cette journée d’action était un premier pas coordonné dans cette direction. Il faut continuer.
A Bruxelles, nous avons vendu une cinquantaine d’exemplaires du journal sur la journée, et 45 à Liège. A Namur, nos camarades ont vendu 18 exemplaires, à Charleroi 28 et à La Louvière 13, ce qui fait un total de 154 exemplaires sur la journée.
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Afrique du Sud : Bilan des élections locales de mai 2011
L’ANC garde une large majorité, mais son autorité politique est affaiblie
L’analyse officielle du résultat des élections locales du 18 mai en Afrique du Sud est plutôt ennuyeuse. Bien que les élections aient marqué un développement dans un bien plus grand scrutin pour le plus grand parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), et un léger déclin des voix pour le Congrès national africain (ANC), cela n’est pas en soi une cause de souci pour le parti au pouvoir. L’ANC a, comme d’habitude depuis les premières élections démocratiques en 1994, récolté une écrasante majorité des voix (63%).
Liv Shange, Democratic Socialist Movement, section sud-africaine du CIO
La DA n’est certainement pas en état de rivaliser avec cela, malgré sa percée à 23% (contre 16% lors des dernières élections, en 2006). Cependant, sous la surface, ces élections marquent un important tournant – les mouvements de protestation passifs du passé, tels que l’abstention ou l’apathie pure, ont commencé à se transformer en des tentatives actives d’obtenir une représentation ouvrière indépendante.
Dans un contexte d’intensification des luttes dans les communautés ouvrières pauvres et dans les entreprises, en plus du dégout croissant envers le mode de vie de luxe et de corruption des élites dirigeants, le nombre de candidats indépendants et de nouvelles organisations militantes – la plupart avec une orientation socialiste – s’est élevé à un niveau sans précédent. Plusieurs de ces nouvelles formations ont maintenant obtenu une avancée significative.
Le résultat final des élections a été publié le 24 mai : l’ANC a reçu 63%, contre 66% lors des dernières élections locales en 2006 et des élections parlementaires de 2009. La DA, qui est un parti néo-libéral dominé par des blancs, a gagné des voix après avoir été rejoint par un autre petit parti (les Démocrates indépendants), et a organisé une campagne intense dans le but de se présenter en tant qu’“opposition officielle”. Malgré ses tentatives désespérées de se débarasser de son étiquette pro-apartheid, voter pour la DA est toujours quelque chose d’impensable pour la plupart des noirs. Cependant, il ne faudrait pas exagérer l’importance des gains de la DA, et en particulier sa capacité à construire sur base de cette progression et sans avoir aucune alternative à offrir à la classe ouvrièr. Le fait que la DA soit parvenue à passer la barre des 20% (avec quelques gains dans des quartiers ouvriers noirs) est surtout important pour l’effet que cela a sur la confiance en soi de l’ANC, et pour la manière dont cela va accélérer le processus qui mènera à démasquer ce parti de droite au regard de ceux qui lui ont aujourd’hui donné des votes de protestation ou qui croient réellement que cela va changer quelque chose.
Dans un climat de polarisation sociale et politique croissante, le taux de participation aux élections a été plus élevé que d’habitude lors des élections locales, en même temps que les petits partis d’opposition ont perdu de leur soutien. La chute la plus abrupte a été celle du Parti Inkatha de la liberté (IFP) – un ancien parti séparatiste zoulou anti-apartheid qui avait une forte base dans la province KwaZulu-Natal – qui a maintenant totalement disparu, avec l’effondrement quasi-total de ses voix lors de ces élections. Le parti ne contrôle plus que deux municipalités dans le KwaZulu-Natal ; la plupart seront maintenant dirigées par des coalitions de l’ANC et du NFP (Parti national pour la liberté, une scission de l’IFP).
L’ANC et ses partenaires de l’Alliance tripartite – le Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP) et le Congrès sud-africain des syndicats (Cosatu, le plus grand syndicat du pays, et historiquement le plus radical) – ont malgré leur victoire été incapable de cacher leur réconfort, tout en proclamant que les voix en leur faveur prouvent la confiance éternelle que placent les gens dans ce parti. Ils se sont au passage sentis obligés d’annoncer des mesures afin d’endiguer la vague de mécontentement croissante contre la gestion des municipalités par l’ANC. Des politiciens vont être “envoyés” dans les “zones à problèmes” afin d’y écouter le peuple. Un nouveau système de redevabilité va être mis en place aussi vite que possible pour les conseils communaux et les maires.
La nervosité de l’ANC est un signe, malgré la large majorité électorale, de la perte d’autorité politique de plus en plus prononcée de ce parti. De prime abord, un regard de plus près par rapport à l’arithmétique des élections révèle en soi le fait que le parti a reçu sa plus petite part des voix depuis 1994 : 63% des 13,6 millions d’électeurs signifie 8,1 million de voix. 23,7 millions de gens sont inscrits en tant qu’électeurs – en d’autres termes, cela signifie que 10 millions de personnes se sont abstenues ; plus du double des gens qui ont voté pour l’ANC. L’ANC a reçu seulement 25%% des voix de l’ensemble de la population inscrite aux registres électoraux.
Pendant la campagne électorale, il semblait que l’aura de “libérateur” de l’ANC (provenant de son passé de lutte contre l’apartheid, NDT), bien que celle-ci continue à être son meilleur atout, avait perdu une grande partie de son pouvoir d’attraction aux yeux des travailleurs. Dans les derniers jours de la campagne électorale, les tentatives de jouer cette carte ont pris une tournure plus brutale et raciale que jamais – par exemple, Nceba Faku, un dirigeant de l’ANC à Port Elizabeth, a dit que ceux qui n’ont pas voté pour l’ANC (ciblant en particulier les blancs) devraient être “jetés à la mer”. De manière générale, toutefois, la campagne a été caractérisée par une revue à la baisse de l’arrogance habituelle de ce parti, et l’adoption d’une approche plus humble, du style « Nous savons qu’il y a des problèmes mais s’il-vous-plait donnez-nous une autre chance de les résoudre ».
Le meurtre par la police du manifestant Andries Tatane le 13 avril, juste devant les caméras de la télévision, a lui aussi contribué à cette approche plus prudente. Andries Tatane, âgé de 33 ans, faisait partie des dirigeants d’une manifestation pour de l’eau propre pour le township de Meqheleng, dans la petite ville de Ficksburg. Il s’est lui-même désigné comme cible de la démonstration de force de la police en remettant en question l’aspersion d’un vieillard au canon à eau. Les coups et balles des huit policiers qui ont battu à mort un Tatane sans défense ont été vus au journal télévisé par des millions de gens le soir même, ce qui a ému le pays tout entier. Cela a contribué, parmi d’assez larges couches de la population, à une plus grande compréhension de quelle classe le gouvernement représente en réalité.
La violence policière contre les manifestations n’est pas en soi quelque chose de nouveau ; plusieurs manifestants ont été abattus au cours des dernières années. Un délégué du SAMWU (syndicat des travailleurs des administrations communales) avait lui aussi été tué par la police un mois plus tôt lors d’une manifestation des chauffeurs de bus de Tshwane (= nouveau nom de Pretoria, capitale du pays et cinquième plus grande ville avec 2 millions d’habitants, NDT). Après les élections, d’autres manifestants ont encore été abattus par la police, mais bien à l’abri des caméras de télévision cette fois-ci. La répression étatique fait de plus en plus partie d’une tendance générale vers un populisme de droite autoritaire. La police a reçu l’ordre de “tirer pour tuer”, et est entre autres revenue aux grades et à la formation qui étaient en vigueur du temps de l’apartheid.
La manifestation à Meqheleng n’était qu’une des nombreuses actions qui se sont déroulées au cours des mois qui ont précédé les élections, constituant une autre vague de troubles dans ce qui est en réalité un flux général de “protestations concernant la prestation des services” long déjà de plusieurs années – avec des manifestations et parfois de véritables révoltes locales pour de meilleurs services gouvernementaux tels que le logement, l’électricité, l’eau, les égouts ; contre la corruption et les politiciens égoïstes.
L’Afrique du Sud est officiellement le pays le plus inégal du monde. Le pourcent le plus riche de la population possède 70% de l’économie. Les vingt pourcents les plus pauvres en détiennent 1%. Bien que l’Afrique du Sud soit parvenue à éviter les crises bancaires et la crise de la dette d’État qui a frappé d’autres pays pendant la récession économique mondiale toujours en cours, le pays a été fortement frappé par la crise. La production industrielle a chuté de 7% en 2009. Plus d’un million de gens ont perdu leurs emplois entre début 2009 et la mi-2010, s’ajoutant à la masse déjà présente de chomeurs longue durée, faisant passer le taux de chômage à 36% (25% officiellement). Tout comme en ce qui concerne l’économie mondiale dans son ensemble, la récente reprise en Afrique du Sud est faible et limitée. Cette année, on a déjà vu la grève des travailleurs communaux tels que les éboueurs et les chauffeurs de bus ; mais également les positions de plus en plus dures entre les syndicats du métal et des mineurs et leurs employeurs respectifs pourraient vouloir dire que de nouvelles grèves seront bientôt à l’ordre du jour.
La grève des 1,3 millions de travailleurs du secteur public en aout 2010 a été un important tournant dans l’évolution de la manière dont les travailleurs organisés les plus conscients perçoivent le gouvernement ANC de Jacob Zuma. Le président Zuma est arrivé au pouvoir lors des élections générales de 2009 après avoir pris la direction de l’ANC, porté par la quasi révolte du SACP et du Cosatu contre l’ancien président Thabo Mbeki lors de la conférence du parti en décembre 2007. Mais la résistance entêtée du gouvernement Zuma contre les revendications des travailleurs du public, couplée à la dure répression de la grève du public (arrestations de masse, brutalité policière), a porté un coup fatal au mythe de “Zuma, l’ami des travailleurs et des pauvres”.
La pression sur les dirigeants du SACP et du Cosatu, qui avaient guidé leurs membres en troupeau vers le kraal de Zuma, s’est énormément intensifiée dans la période qui a suivi la grève du secteur public. Les divisions au sein du Parti “communiste”, qui fournit au Capital ses ministres les plus fiables dans le gouvernement ANC, deviennent de plus en plus évidentes, comme on l’a vu dans la question des élections. Le SACP ne se présente pas de lui-même aux élections, mais soutient et travaille au sein du parti “progressiste bourgeois” qu’est selon lui l’ANC. Après que les chefs du SACP soient apparemment parvenus à contenir les frustrations de leur base concernant cette question et d’autres, il y a eu plusieurs scissions, avec le départ de groupes qui se sont présentés aux élections par eux-mêmes.
La division entre la direction du SACP et leurs disciples idéologiques du Cosatu devient aussi de plus en plus apparente. En octobre, le Cosatu a organisé une “Conférence de la société civile”, aux côtés de plusieurs mouvements sociaux (comme par exemple la Campagne d’action pour le traitement, qui se bat pour un accès équitable aux soins de santé pour toutes les personnes séropositives). La conférence se présentait comme une tentative d’unir les travailleurs et les pauvres autour d’un nouveau programme politique – et ni l’ANC, ni le SACP n’ont été invités. Cela a provoqué un invraisemblable tollé de la part de la direction de l’ANC, qui a accusé le Cosatu de vouloir effectuer un “changement de régime”.
Un changement de régime et la formation d’un nouveau parti des travailleurs indépendant ne faisait malheureusement pas du tout partie des objectifs des dirigeants du Cosatu. La Conférence de la société civile a été une tentative de relâcher la pression contre toute possibilité d’émergence de véritables efforts de construire une alternative à l’ANC – cette menace étant de plus en plus présente dans l’air. Bien qu’ils soient jusqu’ici en apparence parvenus à éviter ce piège, la conférence a eu à un niveau plus fondamental l’effet opposé, en légitimant l’idée que le mouvement ouvrier pourrait élaborer son propre programme politique sans recourir ni à l’ANC ni à son Alliance.
La réponse paranoïaque de la direction de l’ANC par rapport à la Conférence de la société civile montre bien quel était l’effroi qu’elle ressentait tout en s’avançant vers les élections de mai. Pour éviter l’importante désintégration de sa base électorale et la possible mobilisation hostile des non-électeurs qu’il craignait certainement, le parti au pouvoir a recouru à des mesures extraordinaires : plutôt que de permettre aux structures de l’ANC d’élire elles-mêmes les candidats du parti au gouvernement local comme d’habitude, le processus a été “démocratiquement” ouvert à la participation de communautés entières. Les non-membres de l’ANC ont ainsi reçu l’opportunité de mettre de côté toute une série de politiciens locaux ANC détestés et corrompus et d’élire les candidats de leur choix au nom du parti. Cette soi-disant démocratisation a été dans les faits un coup d’État bureaucratique au sein de l’ANC, privant les membres du parti de leur droit souverain d’élire les représentants de leur propre organisation. Inévitablement, le coup d’État par en-haut du parti a été dans de nombreux endroits accueilli par des contre-coups de la part des couches et factions inférieures au sein de la bureaucratie du parti, ignorant les choix de leurs communautés et mettant en avant leur propre candidat malgré tout. Partout dans le pays, l’imposition des candidats par les structures de l’ANC a été suivie par de violentes manifestations de masse.
Tandis qu’approchait le jour des élections, la situation devenait si instable que le président Zuma s’est senti obligé d’intervenir avec la promesse que les candidats “imposés par l’ANC” seraient remplacés une fois que les élections seraient terminées. Il n’avait probablement même pas un mandat de la part de son parti pour proclamer cette mesure d’urgence, qui, comme on aurait pu s’y attendre, est aujourd’hui en train d’attiser l’incendie du factionnalisme au sein de l’ANC et de l’Alliance plutôt que de l’éteindre. Par exemple, la première réunion du Conseil municipal dans la ville de Bizana (200 000 habitants, NDT) dans la province du Cap-Est a dû être reportée au 1er juin, après que l’Hôtel de ville ait été bloqué par une foule en colère qui a été jusqu’à lancer une bombe au pétrole. La police a répondu par des tirs de balles en caoutchouc et par l’arrestation de 38 manifestants.
Lors des précédentes élections, la position plus ou moins organisée par les organisations basées sur des communautés ouvrières impliquées dans des protestations de “prestation de services” a été de punir l’ANC en boycottant les élections. Cette position a été clairement résumée dans le slogan de l’organisation des habitants de bidonvilles Abahlali Base Mjondolo Movement : « Pas de terrain, pas de maison – pas de vote ! » À côté des tentatives de forcer l’ANC à accepter les candidats “du peuple”, ces élections ont été marquées par un tournant parmi les communautés en lutte vers une remise en question plus active de l’ANC. Le nombre de candidats indépendants s’est accru de 14% comparé aux élections locales de 2006 (parmi de tels candidats il y a bien sûr certains opportunistes, mais ces candidats représentent pour la plupart des communautés organisées et combatives dans leurs districts respectifs). De plus, près d’un millier de candidats ont été présentés par diverses organisations militantes telles que les “forums de communauté” et autres “associations de résidents préoccupés”. Parmi celles-ci, il y avait aussi quelques organisations à orientation socialiste, y compris des scissions du SACP. Par exemple, le parti Mpumalanga à Moutse, dans la province de Mpumalanga, a été formé deux mois avant les élections sur base d’un véritable effondrement local de l’Alliance tripartite. Ce parti a gagné 12 sièges au conseil municipal, avec le soutien d’environ 11 000 personnes ! (sur environ 200 000 habitants, NDT)
Un exemple qui illustre bien notre propos est celui du quartier de Khutsong dans le township de Merafong, au sud de Johannesburg. Ici, les habitants, organisés dans le Forum pour la démarcation de Merafong, ont organisé un boycott total des élections en 2006 (seule une poignée de votes ont été effectués), en protestation contre le “transfert” de leur township, qui est passé de la province de Gauteng (la province de Pretoria, qui est la plus riche du pays) à la province du Nord-Ouest (la plus pauvre du pays), via le redessinement des frontières provinciales. Cela a au final mené à une victoire – l’ANC a reculé et l’ensemble de Merafong a été incorporé dans la province de Gauteng. C’était une importante victoire symbolique – mais concrètement vide de sens, puisque les besoins de la classe ouvrière continuent à être négligés dans toutes les provinces quelles qu’elles soient. En même temps, le Forum pour la démarcation de Merafong s’est transformé en un Forum pour le développement de Merafong, dont la direction a été largement cooptée par l’ANC. Mais il est ici remarquable de constater que les militants impliqués dans ce mouvement de protestation, qui a été un exemple pour l’ensemble des communautés de toute l’Afrique du Sud, se sont basés sur leur expérience pour créer l’Association civique de Merafong (MCA) afin de poursuivre la lutte, y compris en se présentant aux élections plutôt qu’en les boycottant. La MCA a obtenu un score honorable en récoltant les voix de plus de 600 personnes (sur 200 000 habitants, NDT).
Le Democratic Socialist Movement (DSM), section sud-africaine du Comité pour une Internationale ouvrière, a soutenu lors de ces élections les campagnes du Mouvement Opération Khanyisa (OKM) à Thembelihle et à Soweto dans la banlieue de Johannesburg, ainsi que des candidats indépendants à Soweto et la Coalition verte-socialiste à Durban – tous ces groupes étant basés sur des plateformes combatives et acquis aux principes du droit de révocation, d’absence de privilèges, etc. Avec un total de 4400 voix (y compris les voix de listes de représentation proportionnelle et les voix pour les candidats des quartiers), l’OKM est parvenue à conserver son siège de représentation proportionnelle que le parti détient depuis 2006, et a été le principal rival de l’ANC dans les quartiers dans lesquels il s’est présenté. Le DSM est également en contact avec d’autres organisations qui ont présenté des candidats, comme le récemment formé Mouvement citoyen socialiste (SCM), qui s’est construit sur base des mouvements de protestation virulents des dernières années dans la municipalité de Balfour de la province de Mpumalanga. Le SCM est parvenu à obtenir un peu plus de 9% des voix à Balfour ! Le DSM espère pouvoir construire sur base de ces petits pas en avant et de la hausse de la conscience politique qu’ils représentent en prenant l’initiative de rassembler au cours des prochains mois autant de ces organisations que possible, ensemble avec les syndicats de la base, les jeunes et les étudiants, pour établir une stratégie et concentrer la lutte pour une alternative politique pour la classe ouvrière.
Le nouveau Front démocratique de gauche (DLF), qui a été lancé en janvier 2011 et dans lequel le DSM a participé depuis sa création en 2008, a malheureusement manqué l’opportunité de tenter de rassembler les nombreux mouvements de protestation isolés qui continuent à ébranler les communautés ouvrières pauvres, les entreprises et les institutions éducationnelles. À la suite de l’intervention du DSM, le DLF s’est vu contraint d’affirmer son soutien à des candidats indépendants, socialistes et combatifs lors de ces élections, mais dans la pratique, cela n’a pas été plus loin qu’à quelques déclarations de circonstance dans sa mailing list.
Le potentiel pour un nouveau parti ouvrier a cependant été mis en évidence par les succès de, par exemple, le SCM et le parti Mpumalanga. Bien que les dirigeants syndicaux gardent toujours la plupart des travailleurs organisés enfermés au sein de l’Alliance tripartite, il est évident que les tensions que cela crée en son sein, et en particulier à l’intérieur des syndicats Cosatu, deviennent de plus en plus intenables. Le syndicat des travailleurs communaux SAMWU a menacé de lancer une grève nationale quelques jours à peine avant les élections, après avoir annoncé quelques semaines plus tôt qu’il devenait impossible de convaincre les travailleurs d’aller voter pour l’ANC. Le gouvernement est intervenu avec des promesses, et la grève a été annulée à la dernière minute, mais une fois qu’un tel défi politique a été lancé, il ne peut pas être retiré aussi facilement. Quelles que soient les autres considérations qui ont pu influencer cette pirouette de la part de la direction du SAMWU, cela reflète les tentatives de la part des travailleurs de tester la marge de manœuvre politique au sein de leurs syndicats.
L’Alliance avec l’ANC signifie que les dirigeants du Cosatu œuvrent souvent directement à l’encontre des intérêts de leurs membres, en important dans les entreprises les luttes entre les diverses factions pro-capitalistes de l’ANC, et en transférant leur collaboration de classe politique avec le représentant favori des patrons – l’ANC – sur le plan de la collaboration de classe concrète avec les patrons eux-mêmes. Il est honteux de constater que les dirigeants du Cosatu se trouvent souvent en train de se concentrer sur la construction de relations mutuellement bénéficielles avec les capitalistes plutôt que d’élaborer un programme pour une action de front uni des travailleurs contre tous les représentants du patronat. Le dernier de ces développements, qui est aussi le plus révoltant, a été le licenciement de l’ensemble des 9000 travailleurs de la mine de Karee à Rustenburg par la compagnie Lonmin (le troisième producteur mondial de platine) après que ceux-ci soient partis en grève spontanée – provoquée par la collaboration de leurs propres dirigeants nationaux du Syndicat uni des travailleurs des mines (NUM, la plus grosse centrale du Cosatu) avec la direction de l’entreprise, qui vise à supprimer l’élection démocratique des délégués par les travailleurs. Les travailleurs de Karee ont aussi vu le lien avec l’ANC et ont été chahuter le bureau de vote local le jour des élections en signe de protestation.
Les élections locales de 2011 ont été organisées sur un fond de contradictions de classe croissantes et de fissures dans le mythe selon lequel le gouvernement ANC est l’ami des travailleurs et des pauvres, contradictions qu’elles ont elles-mêmes renforcées. Malgré le soutien et la protection des dirigeants du SACP et du Cosatu, l’ANC se révèle de plus en plus être l’ami du grand patronat et de ses propres comptes en banque – bien loin du changement espéré par de nombreuses personnes lorsque Mbeki a été “révoqué” de la présidence en 2008. Tandis que l’establishment politique célèbre la “maturité” de la jeune démocratie sud-africaine, ce sont dans les faits les illusions de 1994 qui ont mûri en désillusion et confusion, et maintenant de plus en plus en une colère organisée. Une révolte de la base au sein d’une des centrales de Cosatu pourrait être le point tournant dans la recherche d’un nouveau parti capable d’unir les travailleurs en lutte, les jeunes et les chômeurs via un programme socialiste. Le fait que de nouvelles organisations de gauche aient progressé lors de ces élections constitue les premiers pas, bien que petits et dispersés, dans cette direction. Il faut maintenant une force capable d’unir ces organisations de masse et d’élaborer un programme conjoint tout en forgeant les sièges communaux qui ont été gagnés en un fer de lance pointant vers la formation d’un nouveau parti ouvrier socialiste de masse.